Menno van DelftClavicorde Christian Gotthelf Hoffmann 1784
Les PartitasJe mets ici la suite des échanges sur Menno Van Delft (et pas dans clavicorde
https://classik.forumactif.com/t4924-clavicorde#1187561 ), parce que j'ai adoré et que ce serait dommage d'en faire une simple affaire de "niche"
(ce qui à la réflexion n'a aucun sens, et fait preuve d'un optimisme démesuré, ou fatuité idem)Le son de cet enregistrement, pour moi parfait et parfaitement artificiel (au sens où
Gould revendiquait le « prima » du fait enregistré sur l’écoute naturelle en concert) pourra rebuter. On peut difficilement imaginer, qu’un clavicorde (sauf si l’on est amoureux des disques de Jocelyne
Cuiller, ce qui est mon cas) puisse offrir une telle vivacité, une telle tension faite de riffs, dynamiques et sèches déflagrations. Cela sert à merveille les ouvertures de ces partitas, leur folie, de Fantasia en Sinfonia ou en Toccata (superbe Toccata de la sixième, ou Ouverture de la quatrième). La question se pose différemment pour les mouvements « cantabile » : le peu d’harmoniques du clavicorde, ou l’absence de legato du piano, dessine une épure à la pointe sèche qui peut de prime abord paraître décevante. Mais, devant la voix frêle qui égrène son chant : comme les contre chants se déploient ; l’on peut réécouter à foison la si merveilleuse « allemande » de la quatrième partita sans jamais se lasser.
L’interprétation de
Menno van Delft va bien au-delà du choix de l’instrument – qui a bien sûr son importance. Cela a plus à faire avec la façon dont Menno van Delft resitue les partitas dans l’optique d’un Bach d’humeur et dans l’humeur de son temps : « Le style galant se développe ici en un art rococo : inventif, capricieux et insaisissable » ; ce qui en fait d’artifice rejoint plutôt l’image d’un Bach si constamment à l’écoute et « ogre » de ce qui aura parcouru son temps. Dans ce rococo, ici revendiqué, ce sont les ponts avec le style « fantasque » qui sont moteurs. Un seul trajet depuis le voyage à Lübeck pour entendre
Buxtehude jusque au premier volet du Clavier-Übung ?
Que le clavicorde, dont Bach était familier et qu’il aimait *, de par ses capacités à rendre si sensible les mouvements de l’âme, en serve de vecteur n’est que justice rendue à ce parcours.
Pour moi, une très très belle interprétation et une superbe mise en valeur de l’instrument.
* Menno van Delft cite Johann Friedrich
Agricola qui rapporte les interprétations de Bach des sonates et partitas pour violon sur clavicorde « y ajoutant autant d'harmonie qu'il le jugeait nécessaire » dans son texte très fécond et instructif (en anglais malheureusement)

PS: En fait le début est sur ce fil avec
Mandryka en ouvreur, comme d'hab
