Wagner - La Tétralogie (DVD) (2)

DavidLeMarrec a écrit:

Non, c'est bien mobile sur scène… mais il est très marqué par la commedia dell'arte et tous les univers de théâtre bouffon et codifié (marionnettes, clowns…). Et il y a souvent des trouvailles et du climat. Je ne dis pas que ce soit toujours convaincant, mais il y a en général un vrai travail de revitalisation du théâtre qui me paraît toujours digne d'être vu.

Polyeucte a écrit:

Pauvre Judith Németh... ça me fait mal au coeur. Elle m'avait tellement impressionné en Vénus

On n'a pas l'âge de ses artères quand on chante Wagner, c'est sûr…

Oui, moi je trouve qu'on a assez envie d'en voir plus. Siegfried qui raconte le rocher en jouant du violon sur son bras avec son sabre-laser, ça m'assez séduit.

Le LA a l'air intéressant aussi, on le voit comment?

Donc Achim Freyer a fait visiblement deux mises en scène complètement différentes du Ring si on se fie aux vidéos.

Vu le prix du coffret DVD, je suppose que personne n'a vu le Ring de Mannheim. J'ai entendu Dan Ettinger l'été dernier à Salzburg dans Le Nozze di Figaro et j'avais bien aimé globalement sa direction mais Mozart n'est pas Wagner. Le concept des clowns est déroutant en tout cas.

Quelqu'un sait si il existe des captations vidéos du Ring de Hambourg, dirigé par Simone Young et mis en scène par Claus Guth? Il y a des CDs, mais je trouve dommage de rater le travail de Guth, qui m'a l'air, comme d'habitude, diablement intelligent et sensible.

Je viens de m'offrir le Ring de Mannheim, juste vu le Rheingold pour l'instant, qui me plait fort. Ca n'est pas tant un concept de "clown" que de comedia dell'arte, de théâtre médiéval... il y a quelque chose de très rétro dans cette approche, qui fonctionne avec des signalétiques intenses et simples, avec des personnages sans visage (surtout Wotan, quelle terreur). Inventivité et simplicité sont au rendez-vous, ce serait comme un spectacle de rue monstrueux, avec ses tringles, ses masques, son heaume de prestidigateur, et cet anneau qui n'est qu'un grosse main lumineuse. Direction d'acteurs prend un tout autre sens, c'est plutôt comme au cirque. Dans la quatrième scène, les dieux maintiennent, aux quatre coins de la scène, un Alberich en longe, comme un cheval sauvage. Mais le cheval sauvage est un authentique dictateur à moustache hitlérienne, dont la transformation en dragon au tableau précédent nous a montré le terrifiant potentiel. Mais ce potentiel amuse et fascine Wotan bien plus qu'il ne l'effraie. Mime en clown triste oppressé est aussi parfaitement déchirant.

La qualité sonore et musicale est une grosse surprise, qui s'explique en partie par le fait que les chanteurs portent visiblement des micros. Impossible de savoir comment c'était en salle (quelqu'un y était?) mais là, c'est superbe de lisibilité, de justesse, d'absence d'emphase inutile. Pas de vertiges sonores Karajano-Levinien certes, mais pour moi la démonstration qu'il vaut mieux le travail fouillé d'un orchestre fort honnête que la représentation de gala d'une phalange internationale (j'y inclus chanteurs et orchestres).

Si il y a des partants pour voir la suite, ça risque de prendre un peu de temps vu mon niveau de travail, mais ce serait sympa d'en profiter à plusieurs (à Paris 11ème donc).

Il y a un article ici: http://www.resmusica.com/2016/12/07/le-ring-reve-dachim-freyer/

Sous-titres allemands seulement, c'est bien précisé partout.

http://www.prestoclassical.co.uk/r/C%2BMajor/742808

Parution de Die Walküre donné à Salzburg en 2017 lors du Festival de Pâques, dans le même décor que la production célèbre de Karajan cinquante ans plus tôt.
J'avais entendu la captation audio à la radio autrichienne. La distribution dans l'ensemble était de qualité, la direction de Thielemann ne m'avait pas emballé. Je trouvais que cela manquait de nuances, que c'était très lisse et j'avais trouvé la chevauchée assez désagréable.
Kowaljow qui était déjà le Wotan de Barenboim à La Scala dans ce volet du Ring était un Wotan efficace, convaincant mais pas un des plus intéressants que j'ai eu l'occasion d'entendre à ce jour.
Seiffert avec sa voix abîmée, son vibrato important, malgré sa science du chant wagnérien était sans doute le chanteur le plus contestable dans cette distribution.
Harteros m'avait bluffé, même si j'avais été moins convaincu par son troisième acte.
Kampe offrait une belle interprétation sur le plan strictement vocal mais n'atteignait pas l'émotion d'autres Brünnhilde, notamment dans l'Annonce de la Mort ou les duos avec Wotan.
Zeppenfeld était très satisfaisant en Hunding.
Mayer que j'avais entendue à Bayreuth en salle en 2015 en Brangäne ne m'avait pas séduit plus que cela en Fricka, même si cela restait très correcte.

Je pense que je me passerai de l'achat, malgré Harteros et Kampe. Malheureusement, je n'ai pas de copie audio pour la Sieglinde de Harteros.

Je tenais juste à donner l'information et redire ce que j'en avais pensé à la simple écoute, puisque je suis quasiment certain que je ne l'avais pas fait sur ce forum.

J'avais trouvé Seiffert plus que correct pour ma part! (à cet âge-là, la plupart des ténors wagnériens ont la voix bien plus abîmée que ça)

Polyeucte a écrit:

Une nouvelle tétralogie en DVD... enregistrée en 2013 à Mannheim...

Citation :

Bande annonce : https://www.youtube.com/watch?v=2SXgzqPfoqg

DAS RHEINGOLD
Wotan - Thomas Jesatko
Donner - Thomas Berau
Froh - Juhan Tralla
Loge - Jürgen Müller
Alberich - Karsten Mewes
Mime - Uwe Eikötter
Fasolt - Sung Ha
Fafner - Andreas Hörl
Fricka - Edna Prochnik
Freia - Iris Kupke
Erda / Floßhilde - Simone Schröder
Woglinde - Katharina Göres
Wellgunde - Anne-Theresa Møller

DIE WALKÜRE
Siegmund - Endrik Wottrich
Hunding - Manfred Hemm
Wotan - Thomas Jesatko
Sieglinde - Heike Wessels
Brünnhilde - Judith Németh
Fricka / Schwertleite - Edna Prochnik
Helmwige - Cornelia Ptassek
Gerhilde - Ludmila Slepneva
Ortlinde - Iris Kupke
Waltraute - Marie-Belle Sandis
Siegrune - Astrid Kessler
Rossweiße - Anne-Theresa Møller
Grimgerde - Viola Zimmermann

SIEGFRIED
Brünnhilde - Judith Németh
Erda - Edna Prochnik
Waldvogel - Katharina Göres
Siegfried - Jürgen Müller
Mime - Uwe Eikötter
Alberich - Karsten Mewes
Fafner - Sung Ha
Wanderer - Thomas Jesatko

GÖTTERDÄMMERUNG
Siegfried - Jürgen Müller
Gunther - Thomas Berau
Hagen - Christoph Stephinger
Alberich - Karsten Mewes
Brünnhilde - Judith Németh
Gutrune - Cornelia Ptassek
Waltraute / Norn 1 - Edna Prochnik
Wellgunde / Norn 2 - Viola Zimmermann
Norn 3 - Iris Kupke
Woglinde - Katharina Göres
Floßhilde - Simone Schröder

Mannheim National Theatre Chorus and Orchestra
Dan Ettinger, conductor

Achim Freyer, stage director, set, costume and lighting designer

Recorded live in June–July 2013

Etrange distribution en tout cas... Thomas Jesatko qui était diabolique en Klingsor à Bayreuth devient Wotan... et Judith Nemeth qui chantait Venus il y a bien des années toujours à Bayreuth nous devient Brünnhilde...

Commandé ce Ring qui sera mon 5e en DVD. La chronique dans l'ASO Le Ring nouveaux regards même si Németh est le point faible m'a titillé et convaincu de l'acheter.

Je n'ai vu que l'Or du Rhin, ça ne m'a pas du tout envie de continuer…
Je pense qu'il y a vraiment mieux à voir en DVD, à commencer par Barenboïm/Kupfer, Levine, Schonwandt, Haenchen, Boulez et Mehta.

Xavier a écrit:

Je n'ai vu que l'Or du Rhin, ça ne m'a pas du tout envie de continuer…
Je pense qu'il y a vraiment mieux à voir en DVD, à commencer par Barenboïm/Kupfer, Levine, Schonwandt, Haenchen, Boulez et Mehta.

J'ai vu les deux premiers volets de Barenboim / Kupfer. Vu et écouté Levine / Schenk, Schonwandt / Kasper Holten et Boulez / Chéreau puisque cela fait partie de trois versions que j'ai. La 4e version que j'ai depuis peu est De Billy / Kupfer (version de Berlin de sa production). Non je suis curieux de ce Ring filmé à Mannheim, notamment pour la direction de Ettinger et cette mise en scène singulière.

aurele a écrit:

Non je suis curieux de ce Ring filmé à Mannheim, notamment pour la direction de Ettinger et cette mise en scène singulière.

Je comprends, moi aussi j'étais curieux de ça, mais pour un DVD, quand tu n'accroches pas à la mise en scène, difficile d'aller au bout...

Je comprends bien sûr Xavier. La production Mehta / Fura del Baus est disponible notamment sur youtube.

Xavier a écrit:

Je n'ai vu que l'Or du Rhin, ça ne m'a pas du tout envie de continuer…

J'ai reçu mon coffret la semaine dernière et j'ai vu ce Das Rheingold.

Personnellement, j'ai plutôt bien apprécié cette production de Achim Freyer qui s'occupe des décors, costumes, de la mise en scène et du "lichtkonzept". Les maquillages comme des mimes et personnages de cirque des personnages ne m'ont pas dérangé, chaque personnage est affublé d'accessoires quasiment, certains sont doublés par des figurants, d'autres par des figurines miniatures, notamment Wotan. La technique est bien utilisée : vidéo, suspension des Filles du Rhin dans la scène I même si on perd il est vrai le contact plus direct avec Alberich, lumières. Je suis curieux de voir la poursuite de la dramaturgie de ce Ring.

La direction de Dan Ettinger est plutôt remarquable selon moi, d'une grande lisibilité, les tempi sont appropriés.

La distribution est de qualité et très équilibrée.

Thomas Jesatko est un bon Wotan, avec une belle voix de baryton-basse. Je verrai ce que cela donne dans les deux autres volets dans lesquels il chante.
Karsten Mewes manque un peu d'impact sur le plan vocal pour moi en Alberich, il m'a laissé un peu de marbre, je ne l'ai pas trouvé assez noir. Sa malédiction de la quatrième scène est trop plate, fade.
Edna Prochnik est une bonne Fricka, j'ai entendu des félures dans son interprétation. Le timbre n'a pas de signature particulière mais c'est prometteur pour le reste de ses présences dans ce Ring dans les trois volets qui suivront.
Jürgen Muller est un Loge très bon diseur et c'est un ténor très intéressant. Il sera Siegfried et je suis curieux de voir ce que cela donnera dans ce rôle très différent.
Sung Ha et Andreas Hörl sont de solides Fasolt et Fafner.
Uwe Eikötter est un Mime convaincant et ce rôle est surtout davantage intéressant et payant dans Siegfried donc c'est dans ce volet que je l'attends au tournant.
Iris Kupke a une jolie voix en Freia.
Thomas Berau et Juhan Tralla sont de convaincants Donner et Froh.
Simone Schröder qui est à la fois Erda et Flosshilde est efficace dans ses deux rôles.
Katharina Göres et Anne-Theresa Møller complètent d'une belle manière le trio des Filles du Rhin, respectivement en Woglinde et Wellgunde.

Quand on a vu comme moi le Ring de Copenhague, Boulez-Chéreau, les deux premiers volets de Kupfer Bayreuth avant de voir Kupfer Liceu donc Kupfer Berlin en somme que je possède, Levine-Schenk notamment, ce premier volet apporte quelque chose que j'ai trouvé intéressant. Après, on accroche ou pas bien sûr à l'optique des personnages grimés de cette façon avec des accessoires sur leur costume, parfois leur tête d'ailleurs.

A paraître en novembre:

Vu sur Marquee TV.

Très dispensable...

Stemme / Jovanovich / Paterson, ça devrait au minimum ne pas être trop mal chanté.

(Dispensable, toutes les versions du Ring le sont, vu la quantité d'offre de qualité !)

Et quel est le parti pris de Herheim ?

Il y a des extraits sur Youtube, ça permet de se faire une idée.

DavidLeMarrec a écrit:

Et quel est le parti pris de Herheim ?

Une mise en scène qui adopte comme idée principale de parodier Wagner et son œuvre par une distanciation burlesque, notamment sur l'influence qu'une telle œuvre aura dans l'histoire, une marotte d'Herheim depuis son Parsifal à Bayreuth.
Tout commence par le son d'un Piano, et l'on verra tous les instruments de l'orchestre illustrer la musique wagnérienne comme vecteur d'idéologie, certains des personnages porteront même sur eux les partitions de Wagner...S'ensuit un amalgame d'idées et de clichés à la morale douteuse, mélangeant migrants, valises de déportés, grosses cuirasses et casques ailés de Walkyrie...
Parmi les personnages, on a des clowns, un Joker, et Mime en Wagner...pour un résultat très kitsch, parfois à la limite du vulgaire.

Merci.

Voir Wagner en Mime, ça fait très envie, j'avoue. (Le burlesque aussi.)

Xavier a écrit:

A paraître en novembre:

Je serais curieux de ce nouveau Ring personnellement mais j'espère que ce ne sera pas édité qu'en blu-ray car je n'ai pas de lecteur adapté et ne compte pas investir dedans.

aurele a écrit:

Je serais curieux de ce nouveau Ring personnellement mais j'espère que ce ne sera pas édité qu'en blu-ray car je n'ai pas de lecteur adapté et ne compte pas investir dedans.

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aurele a écrit:

Je serais curieux de ce nouveau Ring personnellement mais j'espère que ce ne sera pas édité qu'en blu-ray car je n'ai pas de lecteur adapté et ne compte pas investir dedans.

Il y aura aussi un DVD, je n'ai jamais vu de parution d'opéra qui ne sorte qu'en Blu-ray jusqu'à présent.

J'ai fini cette version Runnicles/Herheim, et je dois dire que si j'ai été davantage conquis par Siegfried, je suis globalement assez, voire très déçu de la mise en scène de Stefan Herheim et de sa perpétuelle distanciation.
La femme de ménage qui débarque sur les dernières notes du Crépuscule une fois la scène vide, ça m'a vraiment achevé.
Evidemment il y aurait beaucoup à en dire et je ne dirais pas que tout est à jeter, mais je n'ai pas le coeur à trop m'y attarder.
En tout cas je doute fortement d'y revenir.

Pour ce qui est de l'orchestre et de la direction de Runnicles, ce n'est pas mauvais, mais pas particulièrement marquant ni tellement enthousiasmant.
Je trouve aussi que la prise de son n'est pas extraordinaire.

Au niveau de la distribution, très peu de points faibles, mais davantage de points forts, en tête le Loge extraordinaire de Thomas Blondelle, d'une précision, d'une musicalité, et d'une force de caractérisation absolument fantastiques. Sans trop chercher, je me demande vraiment si j'ai déjà entendu mieux, pas sûr.
Le Siegfried de Clay Hilley est également remarquable, des Siegfried aussi bien chantés, il n'y en a pas si souvent, la voix est belle, c'est bien dit, bien incarné, précis, musical, nuancé, jamais forcé, et sa silhouette très empâtée pourrait être gênante mais sert le propos d'Herheim. Après, voir des Siegfried petits gros un peu ridicules, ce n'est pas comme si c'était la première fois.
Mais en tout cas vocalement, c'est vraiment très chouette.
Sinon j'ai été un peu contrarié par les changements de chanteurs pour les rôles d'Alberich et Wotan, mais tous sont bons.
J'ai trouvé le Hagen de Pesendorfer manquant un peu de mordant.
Stemme encore tout à fait correcte, faisant les efforts de musicalité possibles malgré l'usure de la voix et le vibrato proéminent (ce n'est vraiment pas gracieux), ce n'est pas franchement ma came mais ça passe.
Bien aimé la Waltraute de Damerau.
Et de très très bons jumeaux avec Teige et Jovanovich.

Xavier a écrit:

Au niveau de la distribution, très peu de points faibles, mais davantage de points forts, en tête le Loge extraordinaire de Thomas Blondelle, d'une précision, d'une musicalité, et d'une force de caractérisation absolument fantastiques. Sans trop chercher, je me demande vraiment si j'ai déjà entendu mieux, pas sûr.

Vu en scène cette saison dans Der Schatzgräber de Schreker… tout est incroyable chez lui, la voix, l'abandon, l'incarnation…

Il a chanté aussi Parsifal et plein de trucs du même acabit. La voix est trop petite pour Bastille, mais je m'étonne tout de même qu'on n'entende pas davantage parler de lui un peu partout, c'est vraiment un des chanteurs marquants de notre temps.

(@Xavier)Dommage pour les deux premiers paragraphes, sinon j'aurais peut-être été tenté — il y a bien longtemps que je ne suis pas fait un Ringounet en DVD (et en live n'en parlons même pas), mais si c'est pour voir une mise en scène qui essaie en permanence d'éjecter le spectateur le plus loin possible de la musique (et que celle-ci n'est même pas servie de façon exceptionnelle en plus), ce sera non.

Ça me fait penser qu'il y a tout de même un très gros problème avec ce que peut représenter Wagner hors d'un point de vue strictement musical (mais il se trouve que sa musique est, de très très loin, ce qui est le moins bien connu chez lui et le moins facilement connaissable pour le grand public), et du coup pas moyen d'avoir des mises en scène qui ne soient pas systématiquement du 492ème degré avec des clins d'œil appuyés en permanence, pour ne surtout pas risquer que l'on puisse croire un seul instant que le metteur en scène est dupe de je ne sais pas vraiment quoi en fait... Enfin c'est une vieille histoire, mais quelque chose me dit que ça n'est pas près de changer...

Je ne crois pas que ce soit directement lié aux opinions de Wagner : ces metteurs en scène (et ces maisons) font ça tout le temps pour Mozart, pour Verdi…

C'est une façon de se réapproprier la richesse de l'œuvre dans des problématiques plus actuelles grâce à la composante théâtrale… mais il est rare que ce soit une pensée aboutie, hélas. Des propositions de transpositions réussies comme le Parsifal de Herheim ou le Wozzeck de Bieito, on n'en a pas tous les jours…

DavidLeMarrec a écrit:

Je ne crois pas que ce soit directement lié aux opinions de Wagner : ces metteurs en scène (et ces maisons) font ça tout le temps pour Mozart, pour Verdi…

J'ai tout de même l'impression que le problème est bien plus sérieux et profond dans le cas de Wagner... (Je me trompe peut-être, mais tout de même je ne pense pas )

Oui, le problème est plus profond, mais je ne crois pas que ce soit ce qui motive initialement ces relectures, c'est ça que je veux dire : les autres subissent la même chose.

Qu'ensuite représenter Wagner littéralement puisse choquer, je ne sais pas. À part les Nibelungen qui sont effectivement des caricatures peu plaisantes, je ne vois pas trop ce qui littéralement peu choquer (l'amour Sieglinde-Siegmund, certes, mais ça entre dans le cadre du conte et d'ailleurs les mises en scène transposées n'éludent pas cette question).

Je ne dirais même pas que le problème réside dans le fait de ne pas choquer, il me semble que les producteurs et les metteurs en scène sont tout simplement gênés aux entournures dès qu'il s'agit de Wagner (et sans doute plus que jamais aujourd'hui où son nom est récupéré de manière dégueulasse par un groupuscule de tarés sanguinaires), et se sentent en quelque sorte tenus à une posture de dérision ou de ricanement sous cape, un peu comme s'ils s'excusaient d'y toucher ou ne pouvaient le faire qu'avec des gants conceptuels...
(Dans le même ordre d'idées, j'ai récemment entendu la Marche funèbre de Siegfried comme musique de fond / d'illustration d'un documentaire radiophonique sur Josef Mengele – sur une prestigieuse radio de service public, France Culture pour ne pas la nommer, sur l'antenne de laquelle on n'entend pour ainsi dire jamais une note de Wagner, et même assez rarement de la musique classique... Bien que je n'aime pas particulièrement cette marche funèbre, je dois dire que ce genre de choses me met un peu en rogne...)

Pour ça c'est sûr, l'Ouverture du Vaisseau est quasiment la bande son officielle de tous les documentaires sur l'Allemagne nazie…

Mais je n'ai pas l'impression qu'il y ait une différence de traitement ; j'ai même l'impression que les musiciens ont une sorte de posture « le génie musical au-dessus de tout » qui tend à gommer même ce qui, dans le texte de Wagner, peut mettre mal à l'aise. Vraiment pas l'impression qu'il y ait une gêne particulière, il subit vraiment le même sort que les autres opéras transposés.

DavidLeMarrec a écrit:

Mais je n'ai pas l'impression qu'il y ait une différence de traitement ; j'ai même l'impression que les musiciens ont une sorte de posture « le génie musical au-dessus de tout » qui tend à gommer même ce qui, dans le texte de Wagner, peut mettre mal à l'aise.

Les musiciens oui, mais là je parlais des metteurs en scène et des producteurs (qui n'ont d'ailleurs souvent pas une connaissance extrêmement approfondie de la musique...).