Frank Bridge (1879-1941)

Non, non, c'est très bien Morning Heroes, avec des moments franchement pompiers, et d'autres plus audacieux, assez étranges. Il faut juste faire le tri.

Je plaisantais, parce que ça va totalement à rebours du Bliss esthète que je te décrivais. À côté, les plus grosses machines de RVW font figure d'agréables maquettes.

Bon d'accord, Melo, si tu le prends comme ça   : pourrais-tu me conseiller une ou deux versions prioritaires ?

DavidLeMarrec a écrit:

À côté, les plus grosses machines de RVW font figure d'agréables maquettes.

  Même la Sea Symphony ?

Mélomaniac a écrit:

 Comme si le goût de david valait le mien...

Ce qui est rassurant, c'est que Cololi aurait pu écrire ça.

Golisande a écrit:

DavidLeMarrec a écrit:

À côté, les plus grosses machines de RVW font figure d'agréables maquettes.

  Même la Sea Symphony ?

En comparaison avec l'attirail et le ton de la symphonie-oratorio de Bliss, la Sea Symphony est la petite sœur des Songs of Travel.

Ah. Je n'imagine pas trop, en fait (déjà que la Sea symphony m'a souvent fait penser à la 8e de Mahler)...

Humm, je m'aperçois que les albums que j'allais recommander ont déserté le catalogue.

Je n'ai jamais entendu ces trois disques, mais sous réserve de leur qualité interprétative ces programmes sont intéressants :


=> celui-là qui regroupe le Concerto pour violoncelle et la Music for strings

http://www.amazon.fr/Concerto-pour-violoncelle-Arthur-Bliss/dp/B00000147T


=> Celui-là avec Miracle in the Gorbals, Things to come. Le bien-nommé Discourse est plus rhétorique mais se laisse écouter :

http://www.amazon.fr/Miracle-Gorbals-Bliss-Arthur/dp/B00000IX6N


=> Je connais des extraits de Christopher Columbus, sympa. Ici dirigé par un bon chef (Adriano) qui se spécialise dans les répertoires rares et les musiques de film :  

http://www.amazon.fr/Christopher-Columbus-Arthur-Bliss/dp/B002QEXBYU


=> Pour Morning Heroes, j'ai cette très bonne version, cependant couplée avec un War Requiem pas très exaltant :

http://www.amazon.fr/Britten-Requiem-Bliss-Morning-Heroes/dp/B000XNLQRU

Golisande a écrit:

Ah. Je n'imagine pas trop, en fait (déjà que la Sea symphony m'a souvent fait penser à la 8e de Mahler)...

Si tu veux, c'est un peu la Huitième de Mahler avec le style discontinu et sentencieux du War Requiem. Très particulier.

Il y a des sections que je trouve presque grotesques, et d'autres très personnelles et audacieuses. À écouter de toute façon.

Mélomaniac a écrit:

=> Pour Morning Heroes, j'ai cette très bonne version, cepedant couplée avec un War Requiem pas très exaltant :

http://www.amazon.fr/Britten-Requiem-Bliss-Morning-Heroes/dp/B000XNLQRU

Oui, bonne version. Mais celle du War Requiem est très bien aussi, même s'il y a plus engagé.

Bon, c'est parti pour Groves (je me fous du Britten de Rattle, ça m'embête seulement un peu de lui avoir donné des sous...).

Eh beh les amis, c'est pas tous les jours que je ferai ce genre de choses, mais là je suis intrigué... (Au fait je réécoute la Colour Symphony, là, et Purple ne me dit pas plus que ça - même si c'est toujours anglais donc sympathique).

Golisande a écrit:

Donc, pour faire la synthèse entre vous deux, j'en reste à Colour Symphony ?  (En plus c'est beaucoup plus facile à trouver)

Oui, sans oublier la pastorale "Lie strewn the white flocks" (la version dirigée par Wyn Morris est envoûtante, elle surclasse largement Hickox)

Spoiler:

Tous les Bridge de Hickox ont été réunis en boîte "économique" (en argent et en place sur les rayonnages, si j'avais su !   ), ça vaut vraiment le coup !

WoO a écrit:

sans oublier la pastorale "Lie strewn the white flocks" (la version dirigée par Wyn Morris est envoûtante, elle surclasse largement Hickox)

Spoiler:

Trop cher pour moi...    Assez de bêtises comme ça pour aujourd'hui....   

Mélomaniac a écrit:

 Arrête de troller, tu pourrais détourner Golisande de ce chef d'oeuvre !

En matière de mauvais goût, que dirais-tu alors de Welcome to  the Queen ou Ceremonial Prelude ? Même moi j'admets que là c'est too much... 

Mais David est le champion du trollage  . En fait il nous bat tous à ce jeu là  

DavidLeMarrec, aujourd'hui, a écrit:

Mélomaniac a écrit:

La cantate Morning Heroes !

Juste après que je vante le goût équilibré et supérieur de Bliss. Merci Mélomaniac !

  Pour couper court à toute mauvaise foi :

DavidLeMarrec, in playlist le 15 décembre 2013, a écrit:

=> Bliss - Morning Heroes - Groves   

 

DavidLeMarrec a écrit:

(Je n'en entends pas du tout les couleurs, au passage. )

Moi non plus...   

 Faut être synesthésiste...

Ou avoir de l'imagination.

Ses" orchestral songs"  entre lied et musicals, sont très séduisants.

Mélomaniac a écrit:

 Faut être synesthésiste...

Ou avoir de l'imagination.

Euh, je voulais dire que je n'entends pas les couleurs des titres ; ça marche déjà beaucoup mieux avec les deux Barbe-Bleue, et avec Aura de Miles Davis...
(Et en même temps je ne trouve pas non plus cette symphonie très colorée tout court...)

Mélomaniac a écrit:

DavidLeMarrec, aujourd'hui, a écrit:

Mélomaniac a écrit:

:oLa cantate Morning Heroes !

Juste après que je vante le goût équilibré et supérieur de Bliss. Merci Mélomaniac !

  Pour couper court à toute mauvaise foi :

DavidLeMarrec, in playlist le 15 décembre 2013, a écrit:

=> Bliss - Morning Heroes - Groves   

 

Dans la notation de Xavier, ça ne fait pas beaucoup.

Je n'ai jamais dit que je n'aimais pas. Seulement que ça contredisait radicalement l'image que j'avais donnée de Bliss. Mais c'est une œuvre très intéressante qu'il faut assurément découvrir.

Juste en passant — et histoire de reparler un peu de Bridge  : Enter Spring et There Is a Willow Grows aslant a Brook sont vraiment des œuvres précieuses pour moi...
Au fait, je trouve très frappante l'évolution du style du compositeur entre Mid of the night (1904) / Isabella (1907) - dont le langage est parfaitement romantique/fin XIXe - et ces œuvres des années 1920 ; il est d'ailleurs surprenant que son œuvre la plus connue soit The Sea (qui relève encore très nettement de la première manière), alors que le premier des Two Poems - et, à un moindre degré, Summer, Dance Poem et Lament - sont déjà bien plus intéressants et personnels... (C'est un peu comme si la Suite bergamasque éclipsait complètement Estampes, Images et Préludes.)

Tus a écrit:

Eh bé, Phantasm, rhapsody for piano & orchestra, c'est pas de la merde non plus...
Etonnant comme cette oeuvre est d'une langueur scriabinienne. D'ailleurs, les harmonies du piano rappellent l'univers érotique du compositeur russe lui-même. L'orchestre accompagne sans trop d'éclat, de façon méditative et dégoulinante, dans un climat rêveur plutôt halluciné. Je fais bien d'écouter ça maintenant, c'est une musique de nuit, sans longueurs (24 minutes tout de même), d'un charme indéniable, d'une puissance étonnante. Beaucoup moins baveux et plus décoiffant que le reste de Bridge.

Oui il y a du Scriabine là-dedans, mais en nettement plus bavard, en fait ça me fait encore plus penser au 2è concerto de Schulhoff sur certains passages.
En tout cas c'est chouette. (mais pas majeur)

Golisande a écrit:

Juste en passant — et histoire de reparler un peu de Bridge  : Enter Spring et There Is a Willow Grows aslant a Brook sont vraiment des œuvres précieuses pour moi...

Ah oui, j'ai été assez scotché par There is a willow grows aslant a Brook, notamment toute la fin avec ces harmonies assez sombres, que j'ai déjà pas mal entendues chez d'autres sans que je puisse dire exactement de qui elles viennent. (en fait on pourrait assimiler ça à certains accords de Ravel, mais avec l'orchestration et tout le reste, ça ne sonne pas du tout Ravel)

À partir du moment où l'on accepte les lourdeurs wagnériennes ou les tics mozartiens (et ceux de beaucoup d'autres compositeurs majeurs), je pense qu'on peut dire que Enter spring est un (petit) chef-d'œuvre...
... Largement plus que la plupart des poèmes symphoniques de Liszt ou de Strauss, en tout cas...

Il faudrait que je réécoute ça, mais avec Liszt et Strauss comme mètre-étalons, oui, bien possible qu'on puisse parler de chef-d'œuvre.

C'est vraiment beaucoup mieux que Liszt et Strauss (pour moi)... Et presque mieux que Scriabine ou La mer de Claude (mais là je sens que Xavier ne va pas être d'accord )...

Je relis ça et je me fais un peu peur... surtout en ce qui concerne La Mer : je n'aime pas énormément cette œuvre, mais je ne mettrais tout de même pas Bridge au-dessus - bien que j'aie sans doute plus de plaisir à l'écouter... (Et c'est valable aussi pour Scriabine, du coup, qui est incontestablement plus puissant que Bridge (et n'importe quel compositeur anglais)...)

J'ai réécouté hier soir : c'est vrai que c'est dense, du Debussy mais aussi des choses plus tardives y passent, de loin l'œuvre la plus audacieuse de Bridge !

J'aime beaucoup.

La seule chose qui pourrait éventuellement me lasser, c'est la fin (même si j'aime bien le côté "péplum" dans la musique britiche).

Edit : je le réécoute encore (c'est un des morceaux que j'ai le plus écoutés ces trois dernières années), et ce qui me frappe est le côté caméléon dans le meilleur sens du terme : les influences/ressemblances (Debussy, Scriabine, Ravel, Berg, Stravinsky pour ne citer que les plus connus) sont à la fois repérables - ce qui rend cette musique familière, pas particulièrement "originale" tout en restant constamment inspirée, sans baisse de tension et jamais vulgaire - et fondues dans un creuset très cohérent, comme s'il s'était approprié tous ces langages singulier sans avoir besoin de les transformer.
En bref, je trouve ça à la fois rassurant (si on a l'habitude de la musique symphonique de la première moitié du XXe), gratifiant dès la première écoute, et relativement inépuisable...

Je réécoute le premiers des Two Poems for Orchestra (mon troisième chouchou bridgien), et je ne peux que louer l'élégance quasi-minimalisme de ce parfait petit bibelot  - plutôt à l'antipode d'Enter Spring, mais avec la même sensualité harmonique très personnelle.

Je réécoute pour la xième fois (je ne m'en lasse vraiment pas) Isabella : pour moi qui suis assez imperméable à The Sea, ce poème symphonique représente une sorte d'idéal de postromantisme à la fois exigeant et très facile d'accès (au moins au même niveau que Tod und Verklärung de Strauss (Sud, sors de mon corps)...

Frank Bridge (1879 - 1941), Sonate pour piano, H.160 (1921 - 1924)
Interprété par Ashley Wass

"Les caractéristiques du style tardif de Bridge sont préfigurées dans la sonate. Il y a dissonance découlant de l’harmonie bi-tonale et intensément chromatique; La structure de la phrase diffère de la douceur de sa musique antérieure, reflétant l’harmonie plus complexe, avec des phrases musicales équilibrées remplacées par des phrases de longueurs variées; Enfin, il y a une alternance rapide de changements d’humeur et d’intensité. Ce qui se manifeste également tout au long est une maîtrise technique dans sa maîtrise de la structure formelle globale et dans son écriture pour l’instrument. "YT

Très belle et unique sonate de Bridge.J'en avais parlé,il y a longtemps et je ne saurais,pas mieux , en ajouter, côté technique et musical .Il y a d'ailleurs un long développement sur cette sonate ,tiré de Naxos, sur le site YT.
Tout ce que je peux dire, c'est que l'interprète est très bon.

Frank Bridge, Enter Spring,
C'est très beau, j'aime beaucoup le début un peu Debussyste et moderniste, à la fin ça semble plutôt tendre vers les pièce pastoraliste de Vaughan Williams mais sans atteindre le même degré d'inspiration que les meilleures œuvres de VW dans cette veine (la 3e, Flos Campi que j'aime beaucoup), ça reste très chouette mais j'aime un peu moins.

Phantasm là j'aime sans aucune réserve par contre, pour le coup c'est la veine moderniste qui semble primer et j'aime beaucoup entre l'orchestre et le piano qui n'ait jamais étouffé et qui reste le centre de la pièce (même quand ça pétarade un peu). Je ne sais pas si c'est majeur, mais c'est très beau!

Violin Sonata, H. 183: I. Allegro energico · Frank Bridge · Charles Libove · Nina Lugovoy …


Très belle sonate pour violon et piano, de Bridge,par deux excellents interprètes Charles Libove et sa femme Nina Lugovoy .Un ancien enregistrement ,mais qui tient ses promesses.C'est fou, ce que les interprètes américains  se sont intérèssés à la musique européenne des années 20 et 30 et même celle d'avant.On ne compte plus le nombre,de versions de la 1ère sonate pour violon et piano de Fauré ,enregistrées.Sans parler de Ravel et de Debussy et d'autres.Bon,on va pas s'en plaindre.La sonate est en trois mouvements, et elle est passionnante.
Pour l'écouter/
www.youtube.com/watch?V=v7strvRYLM4

Réécoute de Enter spring : c'est absolument génial...

(Édit : je réécoute le (longuissime) mouvement final de Eine Herbstsymphonie de Joseph Marx juste après avoir reréécouté Enter Spring de Bridge (les saisons, tout ça, bref  ), et si le J. Marx est encore plus "dense" et "foisonnant" – trop, précisément, à mon goût –, je suis assez frappé par l'écart d'inspiration entre les deux œuvres : J. Marx veut tout dire, mais finalement ne fait (presque) que rabâcher indéfiniment les mêmes formules avec des moyens pléthoriques et clairement indigestes, alors que chez Bridge tout semble couler de source sans (presque, là encore) une seule note en trop...)

Frank Bridge « Sonate pour piano »
1.- Lento ma non troppo. Andante ben moderato. Allegro energico. 00:00 2.- Andante ben moderato. 13:38 3.- Lento. Allegro ma non troppo. 22:04
Eric Parkin, piano.

Binns m'a fait un peu découvrir l'univers de Bridge, avec sa version personnelle de cette belle sonate.Mais la vision de Eric Parkin est assez lyrique et non négligeable.Très interessante même.

Pour l'écouter / https://youtu.be/2L976WEDXRU?si=kj0v0_p7OOfJ0OfR

J'ai un peu le même problème avec Bridge qu'avec Dukas : je passe complètement à côté de certaines œuvres, en particulier leurs sonates respectives pour piano qui me laissent totalement de marbre, alors que j'en adore quelques autres (assez peu dans les deux cas)...