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| Philippe Boesmans | |
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Auteur | Message |
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DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97942 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Philippe Boesmans Sam 28 Fév 2015 - 2:28 | |
| - Xavier a écrit:
- Je ne connais que Reigen, Julie et Yvonne pour l'instant, et j'aime modérément disons.
Yvonne m'avait poliment ennuyé. Reigen est bien écrit, mais le langage est quand même un peu sévère. Julie, en revanche, ça a beaucoup d'allure, ça se tient très bien dramatiquement (comme le premier acte de Wintermärchen, d'ailleurs, assez ébouriffant… c'est ensuite que ça s'empâte méchamment). Mais Au monde est très différent de tout ça, Boesmans exploite un langage ouvertement tonal (je trouve ça plus lisible que du Escaich, par exemple !), très loin de l'atonalité un peu standard d' Yvonne, où l'on n'était jamais dans l'un ou l'autre… - Citation :
- Pour l'Opéra-Comique, il faudra que tu me donnes les tuyaux...
Quand tu veux. |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97942 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Philippe Boesmans Dim 1 Mar 2015 - 2:34 | |
| Là aussi, voici ce que j'en ai dit un peu plus précisément, après notre conversation : 1. Langage musical À l'opposé du langage postbergien de Reigen (1993, très beau, mais chargé, sombre et abrupt) ou de Julie (2005, son chef-d'œuvre théâtral), loin aussi de l'atonalité lâche de Wintermärchen (1999) ou d 'Yvonne, princesse de Bourgogne (2009), le langage choisi pour Au monde est ouvertement tonal, d'une tonalité certes chargée et élargie, mais finalement plus lisible que celle utilisée par les compositeurs souvent qualifiés de néo-tonals (péjorativement « néo-tonaux »), alors que leurs polarités ne sont pas très évidentes (Escaich, Hersant, Pécou, Connesson, Tanguy, Campo…). Bien sûr, l'arche n'est pas aussi nette que dans une œuvre tonale traditionnelle, mais on sent bien ces flux et reflux de tensions et de détentes, ces motifs mélodiques récurrents (même si c'est difficile à déterminer en une écoute, il m'a semblé percevoir des leitmotive), et même çà et là des épanchements très familiers. Au demeurant, contrairement à ce que j'ai pu lire sous des plumes déçues, la densité musicale reste très forte — on entend bien une filiation avec Poulenc, Britten et Barber, mais enrichie de beaucoup de Berg… Comme si la modernité synthétique de Boesmans avait finalement décanté, pour ne plus conserver que ce qui lui est nécessaire, sans plus chercher à faire contemporain. Et, de ce fait, le langage d 'Au monde me paraît sensiblement moins daté que celui d 'Yvonne, de Reigen ou même de Julie, où l'on sentait la nécessité de s'affilier à une esthétique qui soit d'aujourd'hui. J'aurais très bien pu m'accommoder d'un peu de plus de mélodies (elles ne sont qu'esquissées), mais vu l'équilibre général de l'œuvre, dans laquelle le théâtre et ses répliques à la limite de la taciturnité sont premiers, ce n'était pas nécessaire. L'œuvre s'incrit dans la lignée de ces œuvres de déclamation française où l'orchestre crée les climats tandis que les chanteurs « parlent » (la parole non chantée est d'ailleurs utilisée avec beaucoup d'adresse, pour servir le drame ou l'humour) : Pelléas et Mélisande de Debussy, Dialogues des Carmélites de Poulenc, Le Fou ou Monségur de Landowski, La Reine morte de Daniel-Lesur… 2. Métamorphose Je redoutais beaucoup le livret de Joël Pommerat (auquel Boesmans a contribué), ayant détesté la pièce : sentencieuse sur les méchants riches décadents, quasiment un tract de parti-au-nom-qui-fait-rire, mais avec des prétentions de profondeur un peu irritantes — si l'on veut être profond, on ne peut pas tordre le bras à son spectateur et lui dire quoi penser. Pas dénué de qualités d'écriture et de mise en scène au demeurant, capable de créer des véritables climats, il y aurait du potentiel si l'auteur ne se faisait pas prescripteur. Eh bien, la réduction sous forme de livret a fait des miracles. Largement purgée de son aspect idéologique, beaucoup plus elliptique et énigmatique, le livret m'a un peu évoqué l'ennui qu'éprouvent ceux qui n'adhèrent pas aux sujets de Maeterlinck : on ne peut pas dire qu'on voie où ça va ni à quoi ça sert, mais il y a du climat, incontestablement. Précisément, si le parallèle a été fait avec Pelléas (pour moi, ce serait plutôt avec la déclamation grise et les atmosphères en huis-clos des Dialogues), c'est qu'on y retrouve des refrains (« Elle ne fait rien de ses journées »), et même des bouts de phrase (« À propos… », divers monosyllabes ou changement de sujets brutaux) ou des structures qui ne peuvent être fortuits : - Citation :
- LE MARI DE LA FILLE AÎNÉE
Quel âge as-tu ? LA REMPLAÇANTE DE LA PLUS JEUNE FILLE J'ai hâte d'être vieille. Comme une réponse à la rosserie de Mélisande (« Je commence à avoir froid »). L'hésitation entre le mystère poétique et la parole prosaïque est assez réussie (clairement du côté de Maeterlinck plutôt que de Cocteau ou Claudel), même s'il n'y a pas vraiment de début ni de fin au sujet… Pour finir, la façon dont cette matière se fond dans la musique est très réussie, avec ces bouts de déclamation simple (et totalement intelligible) et ces quelques rares ensembles un peu décalés et amusants, un peu plus lumineux musicalement. - Citation :
- LA REMPLAÇANTE DE LA PLUS JEUNE FILLE, de façon mélancolique
Je suis moi ! LA FILLE AÎNÉE, LA FILLE CADETTE, d'un ton de réconfort forcé Mais oui, mais oui ! Ce n'était donc pas forcément intéressant dramatiquement, mais se prêtait très bien à la mise en musique, et l'ensemble, très réussi, donne envie d'y revenir pour soulever quelques voiles et repérer quelques leitmotive. Ce sera prochainement publié et cela se trouve déjà en ligne (captation vidéo de Bruxelles) Au passage, si tous les opéras contemporains valables étaient joués avec de telles distributions, ça aiderait considérablement… |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97942 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Philippe Boesmans Ven 19 Aoû 2016 - 18:45 | |
| - André a écrit:
Un compositeur moderne qui a la cote, d'après le nombre de productions enregistrées, notamment ses opéras/oeuvres vocales.
Un programme exigeant. - lucien a écrit:
- Boesmans peut avoir, d’après ses opéras récents, une réputation de quasi-néo un peu gris, qu’on imagine presque entre Britten et Adès.
Mais c’est très réducteur. Les œuvres de ce cd sont très représentatives de son style, je trouve : un langage très marqué post-sérialisme, très virtuose avec notamment ces traits vifs aux claviers (claviers qu’il met un peu partout), qui intégère très fortement la consonnance, et qui constitue la plupart du temps des sortes de champs harmoniques. Oui, c'est un entre-deux assez étonnant, dans un langage atonal qui sonne très logique, très directionnel, très tonal, avec beaucoup de restes (et volontiers des emprunts). Ce n'est pas forcément beau (et souvent un peu gris en effet), mais ça sert très bien le théâtre – un peu comme du Britten atonal, la comparaison n'est pas absurde même s'il doit musicalement davantage à Berg. |
| | | / Mélomane chevronné
Nombre de messages : 20537 Date d'inscription : 25/11/2012
| Sujet: Re: Philippe Boesmans Ven 19 Aoû 2016 - 22:06 | |
| alors que les œuvres des années 70 notamment sont très colorées. |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97942 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Philippe Boesmans Ven 19 Aoû 2016 - 23:16 | |
| Oui, j'ai surtout écouté ses opéras (donc à partir des années 90 : Reigen, Wintermärchen, Julie, Yvonne, Au Monde) ; après essai, les concertos sont très différents, beaucoup plus extravertis, moins pudiquement atonals et proches de la bigarrure. J'aime davantage ce langage, clairement. EDIT : Enfin, celui du concerto pour violon, à la fois lyrique et défragmenté, avec des accompagnements qui tiennent parfois du champ sonore indéfini, en effet. (En revanche, le concerto pour piano est, sans être désagréable, assez rébartatif, forcé et gris.) Merci de l'avoir souligné, chouette découverte. |
| | | A Mélomane chevronné
Nombre de messages : 5473 Date d'inscription : 04/02/2013
| Sujet: Re: Philippe Boesmans Dim 21 Aoû 2016 - 22:40 | |
| Ce disque Boesmans a été édité sur Ricercar. Repris dans le coffret de 50 disques de l'OPL, qui contient beaucoup de raretés. |
| | | Roupoil Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2108 Age : 43 Localisation : Pessac Date d'inscription : 22/04/2017
| Sujet: Re: Philippe Boesmans Mar 30 Juin 2020 - 21:24 | |
| Je me suis fait une cure de Boesmans ces derniers temps (ne me demandez pas pourquoi, mais je ne regrette pas). Surtout au niveau des opéras d'ailleurs, puisque le seul CD de musique purement instrumentale que j'ai tenté (celui avec les concertos évoqués plus haut dans ce fil) m'a assez vite fait fuir.
J'ai fait les choses par ordre chronologique, en commençant donc par ses opéras "allemands" (Reigen, Wintermärchen, Julie) de langage assez bergien comme cela a déjà été très bien discuté dans de précédents messages. Ce n'est pas forcément le genre de musique qui m'attire énormément (curieusement, j'adore Wozzeck mais tout ce qui "ressemble à du Berg" beaucoup beaucoup moins), mais c'est quand même très bien fichu et même pour moi ça s'écoute agréablement (des trois j'ai préféré Wintermärchen, l'orchestre de chambre utilisé dans les autres me convainquant moins). Pas de commentaire sur les livrets, je me suis contenté de brefs résumés et même si les paroles sont toujours très compréhensibles, mon allemand n'est pas assez bon pour suivre vraiment en direct.
Mais mon vrai coup de coeur, c'est vraiment Au Monde, avec lequel Boesmans change de langue (c'est chanté en français, comme le titre peut le laisser deviner...) mais surtout fait drastiquement évoluer son style musical vers quelque chose de beaucoup plus tonal et quasiment debussyste (c'est surtout flagrant au niveau des lignes des chanteurs, qui semblent souvent tout droit sorties de Pelleas, effet encore accentué par la teneur de certaines répliques que Maeterlinck n'aurait probablement pas reniées). Eh bien franchement, c'est superbe ! Je n'aurais pas grand chose à ajouter à ce que David en avait dit un peu plus haut, mais en ce qui me concerne, c'est très clairement l'opéra récent qui m'a le plus enthousiasmé jusqu'ici (certes je n'en ai pas écouté des dizaines). Seuls légers bémols : le livret pas forcément palpitant, et une tendance à répéter un peu trop certaines formules musicales dans la deuxième moitié de l'oeuvre. Mais en tout cas j'ai déjà envie de réécouter, et aussi de tenter son dernier opéra en date, Pinocchio, qui semble à l'écoute de quelques extraits dans la droite ligne de Au monde (même équipe, avec à nouveau livret en français de Joël Pommerat). Il n'en a d'ailleurs pas encore été question sur ce fil, quelqu'un l'a-t-il déjà écouté ? |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97942 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Philippe Boesmans Mar 30 Juin 2020 - 22:40 | |
| Non, pas essayé Pinocchio, j'espérais que ça passe un jour en Île-de-France, mais ça n'a fait un (grand) tour qu'en province. Et je n'avais pas vu que c'était sorti en disque, comme de toute façon je boycotte Cyprès (dont le fondateur est l'une des personnes les plus malveillantes et nuisibles que j'aies croisées dans ma vie : pas envie de mettre mes sous là).
Mais j'irai écouter une bande, oui, ça fait très envie par la même équipe.
J'avais trouvé le livret de Pommerat très soutenable, bien adapté aux contraintes et à l'esprit d'un opéra (alors que je trouve insupportable et vraiment pas bon le Pommerat des pièces parlées, en général). |
| | | Prosopopus Mélomaniaque
Nombre de messages : 901 Age : 41 Localisation : Paris Date d'inscription : 21/11/2017
| Sujet: Re: Philippe Boesmans Mar 30 Juin 2020 - 22:59 | |
| Ah bah je viens d'acheter tout un stock de cypres pour avoir les disques de Bartholomée...
Le retour de Roupoil fait effectivement envie et je voulais essayer Boesmans en lien avec ma découverte de Pierre Bartholomée. |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91632 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Philippe Boesmans Mar 30 Juin 2020 - 23:04 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
- Non, pas essayé Pinocchio, j'espérais que ça passe un jour en Île-de-France, mais ça n'a fait un (grand) tour qu'en province. Et je n'avais pas vu que c'était sorti en disque, comme de toute façon je boycotte Cyprès (dont le fondateur est l'une des personnes les plus malveillantes et nuisibles que j'aies croisées dans ma vie : pas envie de mettre mes sous là).
Mais j'irai écouter une bande, oui, ça fait très envie par la même équipe.
Ca a été filmé, peut-être même que c'est encore disponible sur Arte concert. |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97942 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Philippe Boesmans Mar 30 Juin 2020 - 23:19 | |
| Merci ! Tu as essayé ? |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91632 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Philippe Boesmans Mar 30 Juin 2020 - 23:28 | |
| Non pas encore mais j'ai ça de côté. Il y a beaucoup de choses de Boesmans que j'aime bien, mais je reconnais que je ne m'y précipite pas non plus avec enthousiasme…
Donc après vérification: c'est disponible à nouveau le 6/07.
https://www.arte.tv/fr/videos/074650-000-A/pinocchio-de-philippe-boesmans-au-festival-d-aix-en-provence/ |
| | | Roupoil Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2108 Age : 43 Localisation : Pessac Date d'inscription : 22/04/2017
| Sujet: Re: Philippe Boesmans Mer 1 Juil 2020 - 8:35 | |
| Tu as déjà écouté Au Monde ? Ca pourrait peut-être t'enthousiasmer plus que ses opéras précédents. |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Philippe Boesmans Mer 1 Juil 2020 - 13:51 | |
| Du coup, vous m’avez donné l’occasion d’écouter ça, que j’avais podcasté ça sur France Musique il y a longtemps:
• Au monde Frode Olsen (le père), Werner Van Mechelen (le fils aîné), Philippe Sly (Ori), Charlotte Hellekant (la fille aînée), Patricia Petibon (la seconde fille), Fflur Wyn (la plus jeune fille), Yann Beuron (le mari de la fille aînée), Ruth Olaizola (la femme étrangère), Patrick Davin / Orchestre Philharmonique de Radio France Paris, III.2015
Le livret m’a plutôt amusé: on dirait un texte de khâgneux qui aurait très sérieusement bûché les procédés allusifs/élusifs/évasifs et les ambivalences entre poésie et prosaïsme dans le théâtre de Maeterlinck et Tchekhov (les anacoluthes, les phrases suspendues, les répétitions…), mais aurait tenu à y plaquer un vague propos «politique» pour montrer à ses camarades de promo que, non, il n’est pas juste un lettreux-théâtreux enfermé dans sa bulle, que, si, lui aussi a lu Rancière, Bensaïd et Balibar, et que, donc, lui aussi il est au monde.
Musicalement, ça relève d’un tonalité certes très élargie et très enrichie (mais avec un jeu de tensions-détentes, des effets itératifs et une sorte de tentation mélodique qui rendent l’œuvre très intelligible) et d’une esthétique assez épurée, vraiment assez loin du style post-Berg de Reigen (qui par bien des côtés m’avait penser à une sorte de Reimann en plus polarisé: très sombre, très chargé, avec un côté un peu raide) ou des collages polystylistes entés sur une trame atonale flottante de Wintermärchen. Pour ce qui est de la conception d’ensemble, on est vraiment tout à fait dans cette esthétique très XXᵉ, où l’orchestre déploie des sortes de nappes atmosphériques (plutôt dans des camaïeux de gris un peu opulents), tandis que l’écriture vocale se tient dans une espèce de parlando généralisé, sorte synthèse assez souple de déclamation pelléassienne, de conversation en musique britténienne, d’arioso barbérien et de Sprechgesang adouci et intégrant de façon très convaincante des passages parlés.
Toutefois, même si le langage et l’esthétique musicale sont sensiblement différents, ça m’a fait, en gros, le même effet que les autres opéras de Boesmans, qui ne m’ont jamais franchement emballé: c’est bien, c’est même très, très bien, mais ça suscite chez moi plus d’admiration que d’enthousiasme, ce qui est un peu court pour me passionner sur la durée.
Superbe interprétation au demeurant - ça semble a priori préférable à la version discographique (à qualités égales de déclamation et d’engagement, le timbre de Sly est incomparablement plus séduisant que celui de Degout, et, dans ce répertoire, je pense que le Philharmonique de Radio France - manifestement dans une de ses très bonnes soirées - doit avoir plus de transparences, de finesses et de couleurs que l’orchestre de la Monnaie.)
Dernière édition par Benedictus le Mer 1 Juil 2020 - 14:12, édité 10 fois |
| | | Rubato Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14672 Date d'inscription : 21/01/2007
| Sujet: Re: Philippe Boesmans Mer 1 Juil 2020 - 13:56 | |
| Il me semblait avoir parlé de cet opéra ( Au monde). Je me souviens en tout cas d'en avoir mis un extrait dans le quizz "paroles et musique"... |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97942 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Philippe Boesmans Mer 1 Juil 2020 - 21:41 | |
| Oh, ce n'est pas Sly dans le disque ! Quel dommage, charisme rare en effet.
Je n'avais pas été aussi intéressé en l'entendant en retransmission qu'en l'écoutant en salle : théâtralement, ça fonctionnait assez bien. Peut-être pas assez de saillances pour l'écoute seule, mais c'est en tout cas un opéra très… opérant. Une des très belles créations de ces dernières années. |
| | | Rubato Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14672 Date d'inscription : 21/01/2007
| Sujet: Re: Philippe Boesmans Mer 1 Juil 2020 - 21:54 | |
| L'album: Au mondeDistribution: Orchestre Symphonique de la Monnaie/De Munt : Patrick Davin Frode Olsen – Werner van Mechelen – Stéphane Degout – Charlotte Hellekant Patricia Petibon – Fflur Wyn – Yann Beuron – Ruth Olaizola |
| | | Roupoil Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2108 Age : 43 Localisation : Pessac Date d'inscription : 22/04/2017
| Sujet: Re: Philippe Boesmans Jeu 2 Juil 2020 - 10:02 | |
| J'ai donc testé Pinocchio. L'opéra est basé sur une pièce antérieure de Pommerat (je ne sais pas si elle a été adaptée pour l'opéra comme c'était le cas d' Au Monde, ou si elle est reprise telle quelle, mais en tout cas la version purement théâtrale est antérieure de quelques années à l'opéra qui a été créé en 2017), qui est sans surprise une actualisation/modernisation du classique de Collodi. C'est toutefois assez nettement plus sombre (il faut dire que la mise en scène n'aide pas vraiment à ajouter de la gaieté à l'ensemble) et n'est manifestement pas fait dans l'esprit d'un conte pour enfants (après il est possible que j'aie une vision déformée de l'original, j'avoue mieux connaître la version Disney qui pour le coup doit être bien édulcorée ). Je vais être très franc : autant les dialogues en mode "disons des banalités sur un ton pontifiant" ne m'avaient pas trop dérangé dans Au Monde (ça s'adaptait finalement plutôt bien à l'univers décrit), autant là je trouve ça vraiment à côté de la plaque. L'actualisation de l'histoire (relativement intemporelle de toute façon) de pose pas de problèmes, mais ces dialogues écrits dans une langue souvent volontairement triviale (élision quasi permanente des négations, entre autres tics sans intérêt) sont vraiment pénibles. Si le livret surnage tout de même, c'est essentiellement grâce au fond et à la force de la fable de Collodi, mais sûrement pas grâce au travail de Pommerat. Concernant la musique (ce qui reste quand même l'essentiel de mon point de vue !), Boesmans revient à un orchestre de chambre (une vingtaine d'instrumentistes, ça doit être assez proche de l'effectif utilisé pour Julie), agrémenté d'interventions de trois solistes (qui sont carrément présents sur scène à certains moments), un violon tzigane, un saxophone et un accordéon (dont on retrouve les ponctuations caractéristiques qui étaient déjà présentes dans Au Monde), qui permettent à Boesmans d'insérer un ou deux passages de musiques plus "populaires" comme il aime le faire dans ses opéras (les bours de jazz dans Wintermärchen ou les reprise de My Way dans Au Monde). L'orchestre proprement dit est à remarquablement exploité, très coloré, toujours dans la veine très tonalisante de son précédent opéra mais avec peut-être plus de contrastes et de mouvement, même si l'ensemble de la partition est à nouveau très centré sur quelques motifs simples exposés dès l'ouverture de l'oeuvre. Je ne sais pas si on peut vraiment parler de leitmotiv, peut-être plutôt d'une écriture basée sur une sorte de séries de variations sur une cellule mélodique assez basique. En tout cas, ces cellules m'ont semblé encore plus omniprésentes que ce que j'avais déjà constaté pour Au Monde, ce qui engendre quand même une certaine répétitivité au niveau de ce qu'on entend à l'orchestre. Mais bon, quand c'est aussi bien fichu, ça ne dérange pas non plus outre mesure. Je suis donc globalement à nouveau convaincu par cette dernière production, même si elle m'a moins impressionné que Au Monde, probablement en grande partie à cause du texte (mais le traitement orchestral, ne serait-ce qu'à cause des effectifs très différents, est de toute façon assez éloigné). À tenter, surtout bien sûr pour ceux qui comme moi ont particulièrement apprécié Au Monde. |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97942 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Philippe Boesmans Jeu 2 Juil 2020 - 13:44 | |
| Merci pour ce retour circonstancié Roupoil ! (il fait assez bien écho à mes propres préoccupations sur la qualité du texte ou le renouvellement au fil de l'œuvre, deux écueils très fréquents dans l'opéra d'aujourd'hui). Ce n'est pas complètement rassurant, mais aide à situer ses espérances. |
| | | Rafsan Mélomaniaque
Nombre de messages : 1672 Age : 60 Localisation : Brabant wallon Date d'inscription : 22/01/2008
| Sujet: Re: Philippe Boesmans Mar 12 Avr 2022 - 23:04 | |
| Philippe Boesmans est décédé ce dimanche 10 avril 2022. |
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| | | | Philippe Boesmans | |
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