Opéra de Bordeaux, saison 2008-2009

Je l'ai trouvé ressuscité dans Armide (Agnew, je veux dire), ou alors c'est ma perception d'un soir à l'autre.

Ce sera du chant raffiné, quoi qu'il arrive !

Dans Armide, c'était plus que parfait. Et puis c'est exactement le format adéquat pour Quint, mais nous verrons s'il est suffisamment expressif et sonore pour ces soirs-là. C'est un rôle qu'il a beaucoup pratiqué en tout cas.

http://www.opera-bordeaux.com/saison-0809/detail-spectacle/spectacle/opera/le_tour_decrou/index.html?s=3&cHash=e0dc83864f

LE TOUR D'ÉCROU
BENJAMIN BRITTEN

Citation :

The Turn of the Screw - Opéra en deux actes et un prologue. Livret de Myfanwy Piper, d 'après la nouvelle éponyme de Henry James. Créé le 14 septembre 1954 au Festival de Venise.

Nouvelle production

De cour à jardin: rencontre avec les artistes de la production jeudi 27 novembre à 18h, en partenariat avec Les Amis de l'ONBA, suivie e la projection de l'adaptation cinématographique de la nouvelle de Henry James Les Innocents au centre Jean Vigo à 20 heures (tarif : 4,60 €, tarif réduit : 3,80 €).
Cet opéra est capté par Radio Classique.
Cet opéra est un événement Télérama.
La librairie Mollat soutient cet événement.
Dans le cadre de la programmation du Festival Novart
dans le cadre de la Saison Culturelle Européenne


Direction musicale, Jane Glover - Mise en scène et scénographie, Dominique Pitoiset - Costumes, Nathalie Prats - Lumières, Christophe Pitoiset - Assistant mise en scène, Stephen Taylor

PROLOGUE / PETER QUINT, Paul Agnew - LA GOUVERNANTE, Mireille Delunsch - MILES, Louis-Alexander Désiré - FLORA, Morgane Collomb* - MRS GROSE, Hanna Schaer - MISS JESSEL, Cécile Perrin
Orchestre National Bordeaux Aquitaine
* membre de l'Académie vocale de Paris, Direction Ian Simock

Entendu et vu hier soir. Belle soirée dans l'ensemble. Mais quelques déceptions aussi, Delunsch un peu malade (bronchite) mais pas remplacée par Salminen.
J'y retourne dimanche, j'en parlerai à ce moment-là.
Ah oui, il n'y a pas de mise en scène, ou si peu.

Meier n'est pas libre non plus ?

Elle est aphone depuis longtemps.

Mazette, on ne se refuse rien !

Citation :

Cet opéra est capté par Radio Classique.
Cet opéra est un événement Télérama.
La librairie Mollat soutient cet événement.
Dans le cadre de la programmation du Festival Novart
dans le cadre de la Saison Culturelle Européenne

WoO a écrit:

Mazette, on ne se refuse rien !

Citation :

Cet opéra est capté par Radio Classique.
Cet opéra est un événement Télérama.
La librairie Mollat soutient cet événement.
Dans le cadre de la programmation du Festival Novart
dans le cadre de la Saison Culturelle Européenne

C'est autre chose que l'OP que veux-tu !

La librairie Mollat nous snobe

Pour la plus grande librairie de France il fallait un théâtre majeur.

Finalement revu cette production cette après-midi avec des membres éminents du forum qui avaient fait le déplacement pour l'occasion.
Meilleur prestation globalement pour cette dernière représentation.

Que dire si ce n'est que ce Turn of the Screw reste une oeuvre qui interroge beaucoup, propose une multitude de plans d'interprétation. Très subtil malgré un aspect dynamique lié à une action ramassée et tragique.

En deux mots, une gouvernante (Mireille Delunsch) vient relayer une intendante vieillie (Hanna Schaer) pour s'occuper de deux enfant orphelins de mère et père. Ambiance "Rebecca" ou "Les autres" (pour ceux qui aiment le cinéma.)

Rapidement deux fantômes apparaissent à la gouvernante (Peter Quint interprété par Paul Agnew et son acolyte féminine chantée par Cécile Perrin), deux anciens serviteurs qui ont perverti les enfants. Hallucinations de la gouvernante, fantasmes induits par la puberté naissante du garçon, en tout cas elle va se battre contre la séduction que ressent le garçon pour cet homme mûr. Scabreux mais pas tant que ça. La finesse psychologique du livret ou rien n'est dit et tout suggéré laisse planer beaucoup de doutes et permettent de s'interroger soi-même sur ce qui se joue de la vie intime des personnages au travers de notre propre histoire, de l'enfance...
Ça finit mal bien entendu.

Mise en scène standard sans beaucoup de trouvailles, sans proposer un sens à l'oeuvre. Au moins ça reste respectueux. On dirait que c'est littéral. Beau décor chic des années 50 avec mobilier signé sur scène fauteuil Eames lounge chair [voir ci-dessous] et mobilier Jean Prouvé. Un immense salon donnant par une grande baie vitrée sur un jardin de plain-pied sous la neige. On pense à Huit femmes d'Ozon (pour ceux qui aiment le cinéma).



Le plateau vocal est très beau.
Schaer conserve une très belle voix malgré les années passées et incarne avec tendresse et inquiétude cette intendante qui cherche à ne pas comprendre le danger qui rode (un peu Chrysothémis sur les bords ). Quand elle comprend il est trop tard.
Delunsch est remarquable dans ce rôle qu'elle chante depuis longtemps (aux côté de Schaer d'ailleurs comme à Aix en 2001 je crois). Pas une grande voix mais un timbre toujours aussi dramatique et un engagement saisissant.
Agnew dans le rôle du croque-mitaine façon La nuit des morts vivants de Romero (pour ceux qui aiment le cinéma) semble parfait, très belle voix mais la distance d'avec les protagonistes que lui impose la mise en scène le laisse dans une dimension onirique de laquelle il a peu de chance de nous toucher. Ni vraiment inquiétant ni séduisant comme on souhaiterait. Pareil pour Cécile Perrin, très belle voix peu flattée par la partition qui ne lui réserve pas beaucoup de passages gratifiants et tenue de chemise de nuit en Tergal déchirée et maquillage blafard façon Shelley Winter dans "L'aventure du Poséidon" (pour ceux qui aiment le cinéma)




Un super Miles, le garçon, porté magnifiquement par Louis-Alexander Désiré belle voix souple au léger vibrato, très expressif et qui incarne avec feu et parfois révolte cet enfant torturé par des pulsions qui vont finir par l'engloutir. Une scène incroyable où il doit jouer du piano en doublant visuellement le pianiste de la fosse dans une oeuvre plutôt virtuose. Le clavuer est très exposé et il faut être fin mélomane pour réaliser que ce n'est pas lui qui joue à la perfection. S'il pouvait passer la mue et rester chanteur...

L'orchestre bien en vue du deuxième balcon, très réduit, un quatuor de cordes avec une contrebasse, un pianiste qui passe du piano au célesta, un très bon corniste, flûte, clarinette soprano, basse un hautbois, un percussionniste qui a beaucoup de boulot. Treize personnes sous la direction plutôt inspirée de Jane Glover que je n'avais pas trouvée terrible dans les Noces de 2006.

On a joué les jeunes groupies et Mimi, SChaer et Louis-Alexander on paraphé nos DVD de la version d'Aix (Chez Bel Air Classiques pour ceux qui aiment le cinéma)

J'étais (évidemment) un des membres éminents du forum.

Une très bonne après-midi dans le bel opéra bordelais.

J'avais vu le DVD d'Aix et effectivement l'œuvre en plus d'être inquiétante est un peu troublante ; beaucoup de faits ne sont pas très clairs et cela peu susciter plusieurs "interprétations" toutes autant réjouissantes.
La mienne suite au visionnage du DVD était la vision la moins.... "profonde" disons... une sorte de thriller fantastique inquiétant.

Vartan, tu dis que la mise en scène est standard, sans proposer un sens à l'œuvre, mais tu as quand même dit à l'entr'acte qu'ici, le sens plus poussé, plus psychanalytique était mis en valeur de cette manière.
Et d'ailleurs c'est vrai que c'est très intéressant, que certaines choses non élucidées avec cette interprétation prennent un sens.
A l'écoute d'Aix je m'étais posé des questions sur le sens de l'œuvre (La Nounou est-elle folle sont-ce des fantomes etc...) mais sans jamais être très convaincu je les ai très vite laissé de côté pour la viion "primaire"...
Et quant à l'attirance de Miles pour Quint, je voyais ça plutôt comme une attirance Enfant/Adulte (Viens, Petit, j'ai les même à la Maison) qu'une attirance homosexuelle, tout simplement à cause de l'âge de Miles (je le voyais dans les 7-8 ans).
De toute manière, toutes les interprétations sont réjouissantes, c'est ça qu'est bien.

J'ai bien aimé les décors et la mise en scène, c'était moderne mais très épuré (comme l'oeuvre finalement).

J'ai été touché particulièrement par Mimi qui est vraiment une excellente actrice (pinaillage : mais en comparaison à Aix elle jouait moins en finesse ). Puis par Mrs Grove...
Euh... voilà... Ah oui Louis Alexander ne m'a pas transcendé mais excellent acteur aussi oui, incarné et charismatique, c'est vrai, et le passage de virtuosité pianistique est un bon exemple oui.

Et ma foi la petite formation orchestrale était très bien aussi.

Voilà...

Une très belle après-midi "quoi".

Crapio a écrit:

Vartan, tu dis que la mise en scène est standard, sans proposer un sens à l'œuvre, mais tu as quand même dit à l'entr'acte qu'ici, le sens plus poussé, plus psychanalytique était mis en valeur de cette manière.

Tout à fait mon cher Crapio, tout à fait.

La mise en scène d'Aix tire la pièce vers le conte horrifique, les fantômes qui hantent ce château viennent pervertir les enfants la nuit.
Ici, pas d'orientation particulière à mon avis ce qui laisse le livret libre de résonner en nous-même sans avoir à y coller l'interprétation du metteur en scène. Je crois que le texte devient prépondérant. Mon idée c'est que les pulsions homosexuelles de Miles sont responsables de son renvoi du collège (il a 12-13 ans pour moi, il n'est pas en primaire) et son désir d'un homme mûr (Quint) est condamné et combattu par la gouvernante jusqu'à ce qu'elle soit contrainte de l'étrangler. Ce n'est pas Quint qui tue Miles mais la répression morale de son milieu social. Ici la gouvernante. A plusieurs reprises Miles se révolte, ce n'est pas un petit garçon abusé mais un adolescent qui ne s'en laisse pas compter ce qui effraie littéralement sa préceptrice.

Oui, voilà, merci pour ce résumé de votre interprétation docteur natrav.

L'interprétation de l'affreux natrav est intéressante, probablement dans l'esprit d'Henry James. Mais il avait peut-être une idée inexacte des âges, il est très précis sur les âges dans le roman :

Citation :

The tears were still in her eyes. "Do the gentlemen say so?"

"They go into no particulars. They simply express their regret that it should be impossible to keep him. That can have only one meaning." Mrs. Grose listened with dumb emotion; she forbore to ask me what this meaning might be; so that, presently, to put the thing with some coherence and with the mere aid of her presence to my own mind, I went on: "That he's an injury to the others."

At this, with one of the quick turns of simple folk, she suddenly flamed up. "Master Miles! Him an injury?"

There was such a flood of good faith in it that, though I had not yet seen the child, my very fears made me jump to the absurdity of the idea. I found myself, to meet my friend the better, offering it, on the spot, sarcastically. "To his poor little innocent mates!"

"It's too dreadful," cried Mrs. Grose, "to say such cruel things! Why, he's scarce ten years old."

(Tout le roman ici)

Ce qui laisse planer plus d'un doute sur ce qu'il se passe dans cette demeure. Merci Morloch.

Je suis peut-être HS, mais vu que cela se passe au Grand-théâtre, si je comprends bien... :

Juste pour dire, même s'ils sont très peu nombreux, que je suis jaloux de votre programmation de concerts symphoniques...
Vous avez du Wagner/Messiaen/Koechlin pour votre cloture de saison.

Ah oui ? C'est quand ?
Je vais y aller alors.

Le 11 Juin.

http://www.opera-bordeaux.com/saison-0809/detail-spectacle/spectacle/concert/koechlin_wagner_messiaen/index.html

J'ai peur que les extraits de Tristan ne soit décevant par rapport à Paris.
En peu de concerts, vous arrivez tout de même à balayer toutes les époques, à satisfaire les néophytes qui veulent découvrir de grandes oeuvres et les friands de musiques peu jouées, plusieurs créations aussi...
Dommage pour vous qu'il n'y en ait pas plus.

Vous allez même avoir les Poèmes pour Mi.
Par contre faut se taper du Bruckner après.

Crapio a écrit:

Vous allez même avoir les Poèmes pour Mi.
Par contre faut se taper du Bruckner après.

ouf, ils auraient pu jouer Turangalila à la place!

Merde je saisis pas l'ironie de cette phrase.

Crapio a écrit:

Le 11 Juin.

http://www.opera-bordeaux.com/saison-0809/detail-spectacle/spectacle/concert/koechlin_wagner_messiaen/index.html

J'ai peur que les extraits de Tristan ne soit décevant par rapport à Paris.
En peu de concerts, vous arrivez tout de même à balayer toutes les époques, à satisfaire les néophytes qui veulent découvrir de grandes oeuvres et les friands de musiques peu jouées, plusieurs créations aussi...
Dommage pour vous qu'il n'y en ait pas plus.

Vous allez même avoir les Poèmes pour Mi.
Par contre faut se taper du Bruckner après.

C'est toujours le problème. La saison passée, il y avait du Koechlin vocal, mais c'était aussi couplé avec un tube un peu lourdingue (les Planètes, je crois). C'aurait été du Bruckner, j'aurais sans doute fait le déplacement, mais les Planètes... (et sachant que je ne trouve pas les mélodies orchestrales de Koechlin impérissables...).

Pour les Poèmes pour Mi, de même, c'est génial de les programmer, mais dans la salle où c'est fait, on n'entend vraiment à peu près rien (je n'exagère pas), et puis je n'ai pas forcément de clore une journée de travail par un bon Bruckner, que j'entendrais volontiers dans une belle salle avec un bel orchestre, pendant mes vacances.

Mais je ne comprends pas, c'est joué dans le Grand Théâtre non ? Dans la Grande Salle ? Si c'est le cas il ne devrait pas y avoir de problème pour la portée de la voix face à l'Orchestre

Au passage je critique Bruckner, mais je ne connais que la symphonie 3...
c'est pas bien, oui je sais.

C'est là !

Le Palais des sports, ça ne s'invente pas. ça sert aussi de parking public.

Crapio a écrit:

Mais je ne comprends pas, c'est joué dans le Grand Théâtre non ? Dans la Grande Salle ? Si c'est le cas il ne devrait pas y avoir de problème pour la portée de la voix face à l'Orchestre

Au passage je critique Bruckner, mais je ne connais que la symphonie 3...
c'est pas bien, oui je sais.

C'est la meilleure, tu peux te dispenser du reste.

DavidLeMarrec a écrit:

Crapio a écrit:

Mais je ne comprends pas, c'est joué dans le Grand Théâtre non ? Dans la Grande Salle ? Si c'est le cas il ne devrait pas y avoir de problème pour la portée de la voix face à l'Orchestre

Au passage je critique Bruckner, mais je ne connais que la symphonie 3...
c'est pas bien, oui je sais.

C'est la meilleure, tu peux te dispenser du reste.

Dommage! c'était presque crédible...

Vous avez Tosca avec Catherine Naglestad et Jean Philippe Lafont en Scarpia



(Ah je comprends mieux maintenant le commentaire du sur Naglestad, c'était pour se justifier à l'avance de ne pas y aller et pouvoir ensuite se plaindre avec complaisance de ne rien avoir à Bordeaux )

Non, c'est juste que Rutter, niveau diction, investissement et beauté de la voix, c'est beaucoup mieux. Si j'y vais (pas sûr du tout), j'irai voir Rutter.

Mais c'est sûr qu'avoir le choix entre les deux, c'est du grand luxe !

Uria-Monzon là-dedans, je suis plus que sceptique, par contre, Vers la voûte étoilée, courez-y!!

Alors, Tosca, c'était comment ?

Je vais essayer d'en dire un mot.

Pour Tosca, c'était Naglestad ou Rutter ?

J'avais adoré Catherine Naglestad à Bastille. Mais je ne sais pas si c'était une soirée de routine : c'était grève et du coup, pas de décor. Les chanteurs semblaient mal à l'aise et je crois que ça les a déchainé... Peut-être la mise en danger de la scène vide, la volonté de donner au public ce qu'il attendait... il est possible que j'aie entendu la Naglestad dans la performance de sa vie. En tout cas, j'ai du mal à comprendre le manque d'engagement dont parle David.

Par contre, je ne connais pas Rutter, c'est possible que ce soit plus encore plus intéressant.

Mais de toute façon Naglestad était très bien aussi en Salomé.

Natrav, désespéré, a disparu...

Alors allons-y...

Je ne sais pas ce que donne habituellement une Tosca sur scène, mais j'ai été très impressionné.

Les chanteurs pour faire vite:

Naglestad très très engagée, excellente comédienne, très émouvante et qui n'en rajoute pas des tonnes comme ses collègues de scène. Vocalement très bonne, quelques aigus parfois difficile, mais beau timbre. Un Vissi d'arte 'honnête', mais je m'en fiche. J'ai vraiment senti l'artificialité du truc pour le coup, ça freine net toute l'action, quel dommage de ne pas le couper.
Une voix qui porte beaucoup, limite pénible dans ce théâtre XVII° peu fait pour ces engins vocaux surdimensionnés. Elle m'a bouleversé quand même.

Kim, le ténor. Honnête aussi, un peu-passe partout mais qui se défonce au III. Jusque là on peine à l'entendre franchir l'orchestre.

Un magnifique Scarpia en la personne truculente de Jean-Philippe Laffont.
La voix est loin d'être jeune et elle a besoin de se chauffer pendant le I, mais qui retrouve un vibrato moins accentué au II et saisissant de méchanceté libidineuse.

L'ONBA s'est aussi bien défoncé après un début hésitant aux violons, de superbes cuivres. Belle direction, en tout cas qui m'a permis d'entendre beaucoup de choses, la musique n'est pas noyée dans les cuivres.

Mise en scène terrible.

I: une église noire qui rappellerait une boîte de nuit pour public SM, tout noir, la chapelle où se cache le fugitif est une cage en inox, une grande croix à l'emporte pièce dans le mur du fond, immense, qui laisse voir une fresque à la Bosch en arrière plan.
Tosca entre en wamp latino, lunettes noirs, talons aiguille, étole de zibeline poursuivie par les paparazzi qui flashent. Son nom est en grandes lettres dans le journal.
On est dans les années 30 chez Mussolini ? Mais quand Scarpia entre, c'est Pinochet en personne.
Dans la scène ultime, il se déshabille et laisse voir ses tatouages sataniques. Le superbe tableau renaissance de madone brûle (combustion spontanée et laisse voir le portrait de Tosca à la place). Le fond de la scène s'écarte, le tableau gigantesque du fond est en fait une scène effrayante d'âmes torturées dans les Enfers par des démons verdâtres. Le fond de la scène prend feu également, toute la salle est éclairée, éblouie par ce feu, Scarpia... Il ne lui manque que les cornes. J'ai trouvé ça plein d'humour, une blague.
Enfin j'espère qu'il y avait bien des pompiers dans les coulisses.

Le II: dans une salle close, tous les murs recouverts de ces toiles de monstres, un immense canapé italien rouge. Là on se croirait chez un Dr No. Ne lui manque que le gros persan sur les genoux.
La mes est très dynamique, ça bouge tout le temps, Tosca se défend, elle jette ses bottes à la figures du tyran, son écharpe en tissu lamé...

Le III est étonnant. Seuls deux murs latéraux, noirs et pas de fond de scène ! On voit le mur arrière en pierre du grand théâtre avec ses fenêtres et ses arcades et les coulisses, les portiques qui permettent de supporter les rideaux de fond de scène, tout l'éclairage. Très chouette comme idée Caravadossi arrive en combinaison orange 'Guantanamo style ', les pieds entravés par ces barres qui imposent de marcher à petits pas. La tête enfermée dans un sac. Sinistre !

Spoiler:

Sinon, la réception de l'oeuvre fut très bonne par le public. Les chanteurs visiblement contents. J'ai été scotché, plus que je l'aurais voulu cru.

Natra est perdu.

il est sauvé

Morloch a écrit:

il est possible que j'aie entendu la Naglestad dans la performance de sa vie. En tout cas, j'ai du mal à comprendre le manque d'engagement dont parle David.

J'ai dit ça ? Non, c'est surtout la voix opaque, allemande au mauvais sens du terme, pour reprendre la classification de Segna, et la qualité linguistique (et stylistique dans Gluck...) qui ne m'enchantent pas trop.

Citation :

Par contre, je ne connais pas Rutter, c'est possible que ce soit plus encore plus intéressant.

La voix est beaucoup plus pleine, la langue mieux maîtrisée, c'est un grand format lyrique, superbe.

Elle a un site, juge par toi-même.

http://www.ruttergadd.co.uk/

Il y a potentiellement ensuite une différence d'impact en salle, ça, il faut voir sur pièce, beaucoup de carrières ou de non-carrières s'expliquent immédiatement en salle. (Pas la confidentialité de Pavlo Hunka en revanche, mais c'est une autre histoire...)

natrav a écrit:

Kim, le ténor. Honnête aussi, un peu-passe partout mais qui se défonce au III. Jusque là on peine à l'entendre franchir l'orchestre.

Attention, donne son prénom, il y a plusieurs Kim (et même plus que plusieurs ), et ce n'est pas celui que connaissent les Parisiens en Narraboth.

Oui, l'autre chanteur de Cavaradossi aussi est un petit format, mais plus précis et un brin plus ample et engagé.

Quant à Laffont, j'étais sûr qu'il ferait l'affaire. Il chante toujours avec une voix brute, mais ça marche à chaque fois, c'est tellement intelligent et surtout engagé. En villain de Tarare, c'est génial, même si ce n'est pas très stylé, même les trous de mémoire sont fabuleux.


Ce que tu dis de la mise en scène me fait plutôt peur. Mais je comprends mieux pourquoi ils ont dû faire évacuer la générale à cause de l'alarme incendie.

Morloch a écrit:

il est sauvé

Jugééééééééééééé
SAUVEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEeuuuuuuuuu

Je suis TRES jalouse. Je n'ai pas encore vu une Tosca sur scène !

DavidLeMarrec a écrit:

Quant à Laffont, j'étais sûr qu'il ferait l'affaire. Il chante toujours avec une voix brute, mais ça marche à chaque fois, c'est tellement intelligent et surtout engagé. En villain de Tarare, c'est génial, même si ce n'est pas très stylé, même les trous de mémoire sont fabuleux.

C'est tout à fait ça, irrésistible malgré sa brutalité générale.

Pour la m-e-s, je me doute que tu pourrais trouver ça difficile. Mais c'est assez baroque.

Elvira a écrit:

Morloch a écrit:

il est sauvé

Jugééééééééééééé
SAUVEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEeuuuuuuuuu

Je suis TRES jalouse. Je n'ai pas encore vu une Tosca sur scène !

Un sacré impact

natrav a écrit:

DavidLeMarrec a écrit:

Quant à Laffont, j'étais sûr qu'il ferait l'affaire. Il chante toujours avec une voix brute, mais ça marche à chaque fois, c'est tellement intelligent et surtout engagé. En villain de Tarare, c'est génial, même si ce n'est pas très stylé, même les trous de mémoire sont fabuleux.

C'est tout à fait ça, irrésistible malgré sa brutalité générale.

Pour la m-e-s, je me doute que tu pourrais trouver ça difficile. Mais c'est assez baroque.

Difficile, non (Stuttgart Powa). Mais Scarpia-Pinochet et Saint-Ange-Guantanamo, ça me tente moyennement...

Remarque, ça change des choses littérales habituelles dans l'oeuvre.

Oui, y avait pas de chandelier, ni de crucifix, ni de jupette napoléonienne pour Tosca.

il y a 5 ou 6 ans, je trainais à pied autour des Arènes de Vérone quand je me suis rendu compte qu'à l'intérieur se jouait Tosca. J'ai rarement été aussi frustré de devoir rester dehors. En même temps, je n'ai jamais su si ce fut une réussite sur le plan musical/scénique.

Y a-t-il des Bordelais qui ont vu La périchole fin Février/début Mars?

C'est pas vraiment à l'opéra, mais c'est à Bordeaux.
J'ai assisté à un très beau concert ce soir donné à 100 mètres de chez moi à l'église de Saint-Augustin construite dans le plus pur style romano-gothique du dernier tiers du XIX° siècle... J'y suis passé presque par hasard ne connaissant pas vraiment le programme, même pas pensé à y convier David ou Stanlea (Pierre de Bordeaux n'était pas libre ce soir)

Histoire de brouiller encore les pistes des style, on y a collé un magnifique orgue baroque construit entre 1987 et 1994, copie d'un orgue allemand de la ville de Cappel remontant au XVII°.



Toute la jeunesse bordelaise est là.



Le programme est exclusivement baroque du XVI° et début XVII° italien.
L'ensemble les Festes d'Euterpe a envoyé trois de ses membres dont le patron organiste, le jeune Jean-Miguel Aristizabal (formé par Martine Chappuis, Speith et Beaumont), Céline Destruhaut à la flûte, enceinte jusqu'aux dents (qui fit ses humanités avec Reyne et Marcq) et la belle et virtuose Mathilde Vialle à la viole de gambe.

Concert autour de deux axes, le " pentacorde" Ut ré mi fa sol sur lequel les clavecinistes et organistes italiens développaient leurs contrepoints et variations. Le deuxième axe, lesMi Ut La Ré (évoququant les basses obstinées de cette partie du concert qui proposait la gigantesque Ciaccona de Bernardo Storace ou le Cappricio de Cazzati entre autres.
Du Frescobaldi dans une magnifique et célèbre pièces d'orgue (Cento partite sopra passacaglia), beaucoup de Tarquinio Merula et Diego Ortiz et des plus rares (Rognoni sur un air de Lassus, Uccellini, Bassano sur le même air de Lassus, Castello).

Si l'organiste est parfois un peu raide dans son phrasé, il propose un Frescobaldi cérébral presque inquiétant. L'orgue est superbe et ses registres étonnants comme cette pièce ou son timbre imite parfaitement la flûte ce qui lui a permis d'entamer un duo incroyable avec la flûtiste, on s'y perdait.
La gambiste est remarquable.

J'ai fais quelques mini vidéos si ça vous chante. C'est lourd (120 Mo)

Extr. 1- Francesco Rognoni (1620) Suzanne ung jour (d'après Lassus)
Extr. 2- Girolamo Frescobaldi, Cento partite sopra passacaglia
Extr. 3- Bernardo Storace (1644), Ciaccona

http://www.megaupload.com/?d=GWXVL59E

natrav a écrit:

Alors allons-y...

Je ne sais pas ce que donne habituellement une Tosca sur scène, mais j'ai été très impressionné.

Les chanteurs pour faire vite:

Naglestad très très engagée, excellente comédienne, très émouvante et qui n'en rajoute pas des tonnes comme ses collègues de scène. Vocalement très bonne, quelques aigus parfois difficile, mais beau timbre. Un Vissi d'arte 'honnête', mais je m'en fiche. J'ai vraiment senti l'artificialité du truc pour le coup, ça freine net toute l'action, quel dommage de ne pas le couper.
Une voix qui porte beaucoup, limite pénible dans ce théâtre XVII° peu fait pour ces engins vocaux surdimensionnés. Elle m'a bouleversé quand même.

Kim, le ténor. Honnête aussi, un peu-passe partout mais qui se défonce au III. Jusque là on peine à l'entendre franchir l'orchestre.

Un magnifique Scarpia en la personne truculente de Jean-Philippe Laffont.
La voix est loin d'être jeune et elle a besoin de se chauffer pendant le I, mais qui retrouve un vibrato moins accentué au II et saisissant de méchanceté libidineuse.

L'ONBA s'est aussi bien défoncé après un début hésitant aux violons, de superbes cuivres. Belle direction, en tout cas qui m'a permis d'entendre beaucoup de choses, la musique n'est pas noyée dans les cuivres.

Mise en scène terrible.

I: une église noire qui rappellerait une boîte de nuit pour public SM, tout noir, la chapelle où se cache le fugitif est une cage en inox, une grande croix à l'emporte pièce dans le mur du fond, immense, qui laisse voir une fresque à la Bosch en arrière plan.
Tosca entre en wamp latino, lunettes noirs, talons aiguille, étole de zibeline poursuivie par les paparazzi qui flashent. Son nom est en grandes lettres dans le journal.
On est dans les années 30 chez Mussolini ? Mais quand Scarpia entre, c'est Pinochet en personne.
Dans la scène ultime, il se déshabille et laisse voir ses tatouages sataniques. Le superbe tableau renaissance de madone brûle (combustion spontanée et laisse voir le portrait de Tosca à la place). Le fond de la scène s'écarte, le tableau gigantesque du fond est en fait une scène effrayante d'âmes torturées dans les Enfers par des démons verdâtres. Le fond de la scène prend feu également, toute la salle est éclairée, éblouie par ce feu, Scarpia... Il ne lui manque que les cornes. J'ai trouvé ça plein d'humour, une blague.
Enfin j'espère qu'il y avait bien des pompiers dans les coulisses.

Le II: dans une salle close, tous les murs recouverts de ces toiles de monstres, un immense canapé italien rouge. Là on se croirait chez un Dr No. Ne lui manque que le gros persan sur les genoux.
La mes est très dynamique, ça bouge tout le temps, Tosca se défend, elle jette ses bottes à la figures du tyran, son écharpe en tissu lamé...

Le III est étonnant. Seuls deux murs latéraux, noirs et pas de fond de scène ! On voit le mur arrière en pierre du grand théâtre avec ses fenêtres et ses arcades et les coulisses, les portiques qui permettent de supporter les rideaux de fond de scène, tout l'éclairage. Très chouette comme idée Caravadossi arrive en combinaison orange 'Guantanamo style ', les pieds entravés par ces barres qui imposent de marcher à petits pas. La tête enfermée dans un sac. Sinistre !

Spoiler:

Sinon, la réception de l'oeuvre fut très bonne par le public. Les chanteurs visiblement contents. J'ai été scotché, plus que je l'aurais voulu cru.

Laffont est un phénomène, il m'avait fortement impréssionnée dans La Périchole en Décembre dernier. Sinon, très intéressant compte rendu.

Les concerts d'orgue attirent toujours une faune patibulaire un monde à part.

Un beau programme natravien l'orgue à l'air magnifique.