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| Mikolaus K. CIURLIONIS | |
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Invité Invité
| Sujet: Mikolaus K. CIURLIONIS Sam 26 Juil 2008 - 15:46 | |
| Quelques réflexions issues du fil Playlist pour commencer: - Citation :
- DavidLeMarrec a écrit:
- sud273 a écrit:
- La Mer de Ciurlionis une peinture à la fois naïve, romantique et moderne d'un compositeur rare et peu joué
... et avec quelque raison : aussi bien sa musique que ses peintures, ça reste un peu aimable. Du Tchaïkovsky légèrement actualisé... un très grand peintre à mon avis, voir la série de la Création du monde qui dépasse tout ce que le surréalistes ont pu faire, bien longtemps après. Sa musique a un charme particulier, entre Glazounov et Scriabine (pour la musique de piano). Comme Debussy c'est un symboliste... en aussi destructuré, mais en plus aimable.
- DavidLeMarrec a écrit:
- sud273 a écrit:
- un très grand peintre à mon avis, voir la série de la Création du monde qui dépasse tout ce que le surréalistes ont pu faire, bien longtemps après.
Bien longtemps après eux, c'est bien ce que tu veux dire !
- Citation :
- Sa musique a un charme particulier, entre Glazounov et Scriabine (pour la musique de piano). Comme Debussy c'est un symboliste... en aussi destructuré, mais en plus aimable.
Ce n'est pas symboliste du tout, c'est du bon vieux poème symphonique romantique, qui n'a pas beaucoup évolué. Comme je présume qu'il ne lit pas les forums francophones, je me permettrai alors de dire que ça me paraît du bon travail d'amateur plus que du génie...
Mais c'est sympa à écouter, ça change, c'est vrai qu'on ne le joue jamais.
- sud273 a écrit:
- DavidLeMarrec a écrit:
Bien longtemps après eux, c'est bien ce que tu veux dire ! Non, non, Ciurlionis est mort en 1911, à l'age de 35 ans, il a arrêté de peindre en 1909 - Citation :
Ce n'est pas symboliste du tout, c'est du bon vieux poème symphonique romantique, qui n'a pas beaucoup évolué. Comme je présume qu'il ne lit pas les forums francophones, je me permettrai alors de dire que ça me paraît du bon travail d'amateur plus que du génie...
je n'ai pas non plus prétendu qu'il y avait du génie dans sa musique, ce n'est pas Glière c'est sûr, et puis il n'a pas eu le temps ni vraiment de précédent en Lithuanie. Il y a pourtant des tournures harmoniques assez uniques dans cette musique, à cause peut-être de son manque d'éducation, mais ça vaut bien n'importe quel Castillon ou Bréville.
- DavidLeMarrec a écrit:
- sud273 a écrit:
- DavidLeMarrec a écrit:
Bien longtemps après eux, c'est bien ce que tu veux dire ! Non, non, Ciurlionis est mort en 1911, à l'age de 35 ans, il a arrêté de peindre en 1909 Ah tiens, c'est amusant, j'étais persuadé qu'il était mort dans la seconde moitié du vingtième... Ca atténue ma sévérité injuste, du coup...
- Citation :
- je n'ai pas non plus prétendu qu'il y avait du génie dans sa musique, ce n'est pas Glière c'est sûr
- Citation :
- l y a pourtant des tournures harmoniques assez uniques dans cette musique, à cause peut-être de son manque d'éducation, mais ça vaut bien n'importe quel Castillon ou Bréville.
Bréville me parle plus, mais en l'occurrence, c'est vraiment affaire de goûts. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Mikolaus K. CIURLIONIS Sam 26 Juil 2008 - 15:47 | |
| J’ai découvert Ciurlionis vers l’âge de quinze ans, par un disque acheté à Londres, un vinyl Melodya dont l’étiquette mentionne 4,40 Livres, qui comportait en complément de programme de la 2ème symphonie de Balakirev, le court poeme symphonique « Dans la forêt », dans une version abrégée, par le philarmonique lithuanien sous la direction de Jonas Domarkas. J’ai souvent écouté cette œuvre, en me disant que je n’entendrai probablement jamais une note de plus de Ciurlionis, ignoré à l’époque par toutes les histoires et dictionnaires de la musique. Mais, trente ans plus tard, internet aidant, le nom et les œuvres de Ciurlionis commencent à faire surface.
La pochette arrière du disque mentionnait une production de 200 œuvres pour piano, trois pièces d’orchestre, (une ouverture et deux poèmes symphoniques) des harmonisations de chansons traditionnelles et un vaste De profundis pour chœur et orchestre dont je n’ai toujours pas trouvé trace. On faisait allusion brièvement au fait que Ciurlionis était aussi peintre. J’étais à peu près certain de ne jamais voir non plus la moindre reproduction d’un de ses tableaux. Comme Van Gogh, Ciurlionis ne vendit rien durant sa brêve existence, et tout son œuvre peint se trouve pratiquement regroupé au même endroit, à Kaunas en Lithuanie.
Né près de Varsovie, en 1875, à Varena (aujourd’hui en Ukraine) Mikolaus Konstantinas était le dernier d’une famille de 9 enfants, dont le père, organiste se fixa à Druskininkai en 1878. On dit qu’il jouait d’oreille dès l’âge de trois ans, déchiffrait à vue à 7, et donna ses premiers concerts en tant que flûtiste à 10. De 1894 à 1899 Ciurlionis étudia au conservatoire de Varsovie, avant de parfaire son éducation musicale à Leipzig. De cette période polonaise datent ses compositions pour piano, deux sonates, et une partie des 400 préludes. Le De Profundis est son œuvre de fin d’étude. A Leipzig il composa le quatuor en ut mineur, mais le rigorisme de Reinecke (alors directeur de l’institution) le poussa à mettre l’œuvre de coté sans composer de finale. Les trois mouvements durent pourtant joués au conservatoire. Il s’en dégage une sorte de romantisme nostalgique, et si la composition n’aboutit pas, on peut remarquer un art certain dans l’indépendance des voix. Malheureusement les contraintes professorales ont sans doute finit par gâcher le bel élan qui animait le premier mouvement. Ce ne serait pas la première carrière gâchée par Reinecke, qui fit tout pour maintenir son collègue Jadassohn dans l’anonymat. En 1900-1901, Ciurlonis compose sa seule œuvre célèbre, le poème symphonique « Dans la forêt ». L’œuvre montre des quelités certaines d’orchestration, le maniement habile de thèmes de toute beauté. Ce qu’on prend pour des maladresses harmoniques est à mon avis la volonté d’inclure des tournures purement lithuaniennes dans le traitement de cette thématique. La façon se rapproche des post-romantiques allemands, on y entend des échos (ou des presciences) de Richard Strauss, quelques échos de Glière, même si le thème et l’évocation peuvent être comparés avec ce que produit Glazounov quelques années auparavant.
En 1902, de retour à Varsovie, Cirulionis fréquente un atelier de peinture : il est rebuté par la pratique du dessin académique, mais prit d’une fièvre qui ne s’éteindra que quelques mois avant sa mort, puisqu’en l’espace de 7 ans, il peint plus de 300 tableaux, la plupart organisés dans des « séries » à connotation musicales (sonate du soleil, sonate du printemps, symphonie funèbre). Tout seul dans son coin, il invente une voie singulière entre symbolisme, surréalisme, expressionnisme et décadentisme. Sa production fait penser parfois à Moreau, Böcklin, parfois aux impressionistes, parfois à Klee ou Kandinsky. Plus que n’importe quel autre, Ciurlionis questionne les liens entre les arts visuels et la musique, le tout dans un rapport à une recherche philosophique et parfois mystique qui évoque forcément Scriabine ou Langaard.
Il n’abandonne pas la musique, ses activités de professeur sont même son unique moyen de subsistance : il dirige bénévolement une chorale lithuanienne, voyage à Munich et Dresde, ne cesse d’élargir son horizon, tandis qu’il médite la composition de son second poème symphonique, La Mer. Rentré à Vilnius en 1907, il continue à donner des concerts. En 1909, il se marie, continue à voyager notamment en Russie pour diverses expositions. Quoique soutenu par de nombreux artistes lithuaniens et moscovites, il vit dans une extrême pauvreté, continue à peindre sans relâche jusqu’à ce que la maladie (tuberculose probablement) et la dépression l’obligent à gagner le sanatarium de Pustelnik, où il meurt en avril 1911.
La Mer sera créé en 1936, à l’occasion du 25ème anniversaire de sa mort.
Aujourd’hui Ciurlionis est redevenu une figure symbolique de la Lithuanie, il est considéré comme le fondateur de l’école picturale et musicale de ce petit pays à nouveau indépendant. Dans son œuvre on retrouve la mélancolie si particulière des poèmes d’Oscar Vincelsas de Lubisz-Milosz, l’annonce de cette fin du monde qui précède les bouleversements de la première guerre mondiale et de la révolution, tels qu’on les voit si bien évoqués dans le roman de Yourcenar, Le Coup de Grâce. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Mikolaus K. CIURLIONIS Sam 26 Juil 2008 - 15:54 | |
| Pour en savoir plus, la page anglaise de Wikipedia qui permet de voir quelques uns des tableaux http://en.wikipedia.org/wiki/Mikalojus_Konstantinas_%C4%8Ciurlionis tous issus du site (en anglais et lithuanien) http://ciurlionis.licejus.lt/index_en.html qui en présente plus de 160, ainsi que quelques extraits de l'oeuvre musicale Dernier panneau de la série "la Crétion du monde" Panneau central du tryptique "Rex" |
| | | joachim Mélomaniaque
Nombre de messages : 1232 Age : 78 Localisation : Nord (avesnois/thiérache) Date d'inscription : 02/03/2006
| Sujet: Re: Mikolaus K. CIURLIONIS Dim 27 Juil 2008 - 18:30 | |
| Un compositeur peintre, ou un peintre compositeur, il est vrai que ce n'est pas courant...
De Ciurlionis, je n'ai pas entendu grand chose : ses deux poèmes symphoniques : La Forêt, et La Mer, et les variations sur un thème lithuanien pour cordes.
C'est peu pour se faire vraiment une idée, mais j'ai bien aimé ces oeuvres. |
| | | WoO Surintendant
Nombre de messages : 14349 Date d'inscription : 14/04/2007
| Sujet: Re: Mikolaus K. CIURLIONIS Dim 30 Mai 2010 - 21:50 | |
| J'aime énormément ce compositeur-peintre et j'enrage qu'il n'ait pas plus composé pour l'orchestre J'aime absolument tout ce que j'ai écouté chez lui. Je n'ai écouté qu'une seule fois le quatuor à cordes dans sa version originale mais il m'a fait une très bonne impression : c'est du beau romantisme, de la musique inspirée et très accessible. Les oeuvres pour orchestres semblent prolonger Glazounov et tendre vers Scriabine, mais sans tourner en rond comme parfois le premier et sans les effluves malsaines du second. On pense un peu à Richard Strauss aussi. Les amateurs de post-romantisme ne peuvent qu'aimer. Au niveau de la discographie des oeuvres pour orchestre on a vite fait le tour : un disque Marco Polo dirigé par Juozas Domarkas (Dans la Forêt, La Mer, Préludes pour orchestre à cordes) et un disque Saison Russe épuisé (La Mer et Dans la Forêt dirigés par Fedoseyev et le quatuor à cordes interprété par le Quatuor de Vilnius). Svetlanov a aussi enregistré La Mer (couplée avec celles de Debussy et Glazounov) mais je n'ai malheureusement pas écouté ce disque. Ses oeuvres pour piano sont intéressantes aussi. Il montre une prédilection certaine pour le mode mineur, ce qui n'est pas pour me déplaire. Une intégrale en 5 volumes existe chez Celestial Harmonies. Sinon Muza Rubackyté a aussi enregistré deux disques chez Marco Polo. Elle a superbement retranscrit le quatuor à cordes pour piano. |
| | | Zeno Mélomane chevronné
Nombre de messages : 4648 Localisation : Yvelines Date d'inscription : 05/04/2008
| Sujet: Re: Mikolaus K. CIURLIONIS Dim 30 Mai 2010 - 21:56 | |
| Cette intégrale m'intéressait bigrement. J'adore ce compositeur. |
| | | joachim Mélomaniaque
Nombre de messages : 1232 Age : 78 Localisation : Nord (avesnois/thiérache) Date d'inscription : 02/03/2006
| Sujet: Re: Mikolaus K. CIURLIONIS Mer 9 Juin 2010 - 15:44 | |
| Son oeuvre comporte principalement des pièces pour piano et des mèlodies, mais on y trouve également :
De Profundis, cantate pour choeur et orchestre (1899) Miske (La Forêt), poème symphonique (1901) Quatuor à cordes (1902) Kestutis, ouverture (1905) Jüra (La Mer), poème symphonique (1907)
d'autres pièces pour quatuor à cordes (fugues, chorals, variations sur un air lithuanien...) et pour orgue.
Depuis mon dernier post, j'ai écouté quelques uns de ses préludes, et aussi quelques choeurs. Pour moi, rien de très extraordinaire. Ses chefs d'oeuvres - du moins ce que j'ai écouté - ce sont ses deux poèmes symphoniques, la Forêt et la Mer, les variations sur un thème lithuanien et le quatuor à cordes. Son catalogue comporte aussi un De Profundis et une ouverture, Kestutis, que j'aimerais bien écouter. |
| | | Christophe Mélomaniaque
Nombre de messages : 1597 Age : 58 Localisation : Haute savoie Date d'inscription : 29/06/2007
| Sujet: Re: Mikolaus K. CIURLIONIS Mar 14 Sep 2010 - 14:43 | |
| Bonjour à tous, Un sympathique forumeur qui suit mes pérégrinations pianistiques et stylistiques m'a gentiment aiguillé vers ce compositeur, et plus précisément vers cette intégrale : The complete piano music : J'ai donc écouté les 29 extraits proposés et je ne suis plus très loin de craquer pour l'achat de ce disque, malgré seulement 30 secondes par extraits et un ordinateur au son pourri !!! Si quelqu'un pour me pousser définitivement à l'eau, ou au contraire, me retenir sur la rive de la raison, merci de se manifester rapidement et avec arguments à la clé !!! Cordialement, Christophe (environ 100 euros dans le panier d'aujourd'hui - Help, faites quelque chose - Pleaaaaassssseeeee !!! ) |
| | | WoO Surintendant
Nombre de messages : 14349 Date d'inscription : 14/04/2007
| Sujet: Re: Mikolaus K. CIURLIONIS Mar 14 Sep 2010 - 15:26 | |
| Si tu aimes la musique pour piano romantique cette musique est faite pour toi. Déjà, pour te consoler, dis-toi que ce coffret contient 5 disques assez difficiles à se procurer (il me semble qu'ils ne sont pas tous sur Amazon...) et que chacun coûte au minimum 15 euros à l'unité... Donc en achetant l'intégrale tu fais en réalité de substancielles économies ! CQFD Le coffret est luxueusement présenté par ailleurs : 5 boîtiers cristal protégés par une boîte en carton rigide (rien à voir avec CPO) dont un côté est ajouré. Les livrets possèdent des textes de présentation intéressants et sont émaillés de photos miniatures en couleurs des oeuvres de Ciurlionis. Les textes sont uniquement en anglais ou bilingue anglais/allemand par contre. Le commentaire sur les oeuvres est plutôt succint : il s'agit plus de brosser les grandes tendances et de délimiter des périodes. Ciurlionis appréciait tout particulièrement les miniatures et son oeuvre pour piano est constituée d'une myriades de préludes, canons, fugues, nocturnes, quelques variations et suites de danses. De très rares pièces portent un titre : "automne", "pater noster", "berceuse lithuanienne", "mirage". Il n'a composé qu'une seule sonate, en Fa Majeur, qui dure 22 minutes. Il montre une prédilection toute particulière pour le mode mineur (plus de 80% des pièces environ). Ces oeuvres sont des raretés (Muza Rubackyté a aussi enregistré deux très beaux disques chez Marco Polo) et sont ici superbement interprétés par deux pianistes. Nikolas Lahusen pour les trois premiers volumes et Rokaz Zubovas pour les deux derniers. Nikolas Lahusen est malheureusement décédé en 2005 à l'âge de 45 ans et n'a pu achever l'intégrale qu'il avait entamé en 2000. On trouve de rares vidéos des oeuvres pour piano sur Youtube : Nocturne en do dièse mineur : /watch?v=j85D4TsPR1w Fugue et Prélude en si bémol mineur : /watch?v=QKoLTDV8WSs |
| | | Christophe Mélomaniaque
Nombre de messages : 1597 Age : 58 Localisation : Haute savoie Date d'inscription : 29/06/2007
| Sujet: Re: Mikolaus K. CIURLIONIS Mar 14 Sep 2010 - 15:51 | |
| Tu ferais un sacré bon vendeur, toi !!!
Allez, adjugé !
Sinon, au passage :
Ciarlionis/Amazon
Mais j'ai bien peur que ce dernier exemplaire ne vienne de tomber dans mon escarcelle.
That's all folks ! |
| | | WoO Surintendant
Nombre de messages : 14349 Date d'inscription : 14/04/2007
| Sujet: Re: Mikolaus K. CIURLIONIS Mar 14 Sep 2010 - 16:07 | |
| - Christophe a écrit:
- Tu ferais un sacré bon vendeur, toi !!!
Allez, adjugé !
Sinon, au passage :
Ciarlionis/Amazon
Mais j'ai bien peur que ce dernier exemplaire ne vienne de tomber dans mon escarcelle.
That's all folks ! Visiblement tu as fauché le dernier C'est une bonne nouvelle en tout cas, à l'époque on ne trouvait l'intégrale que sur JPC |
| | | JerMu Mélomaniaque
Nombre de messages : 559 Localisation : F Date d'inscription : 22/01/2011
| Sujet: Re: Mikolaus K. CIURLIONIS Ven 11 Nov 2011 - 20:54 | |
| Je découvre la musique de Mikalojus Čiurlionis… c’est beaauuu Dans la forêt, j'aime ! Jūra aussi (Par contre ses peintures… ça ne me parle pas beaucoup.) |
| | | WoO Surintendant
Nombre de messages : 14349 Date d'inscription : 14/04/2007
| Sujet: Re: Mikolaus K. CIURLIONIS Ven 11 Nov 2011 - 23:14 | |
| Voilà qui fait plaisir à lire |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Mikolaus K. CIURLIONIS Dim 9 Juil 2017 - 14:57 | |
| • Œuvres pour piano, vol. 1 et 2Mūza Rubackytė (piano) Heidelberg, IV.1993 NaxosPeu à rajouter au passionnant dossier de Sud - si ce n’est que j’ai vraiment beaucoup aimé ces œuvres pour piano. Stylistiquement, c’est assez personnel, et ça l’est même de plus en plus. Dans les premières œuvres pour piano (soit, sur le premier disque, la Sonate et les pièces courtes, en gros jusqu’aux Préludes VL 184 à 188), on a l’impression que Čiurlionis est d’abord très marqué par Chopin, mais l’harmonie «frotte» un peu plus que dans le modèle - défaut de science harmonique ou utilisation délibérée de modes traditionnels? toujours est-il que ce n’est pas pour me déplaire. Et puis, progressivement, ces harmonies un peu contre-intuitives semblent devenir de plus en plus structurantes dans les œuvres plus tardives, où l’on sent une vraie recherche en ce sens, avec des atmosphères un peu mystérieuses - on pense souvent aux premiers essais de Scriabine ou de Szymanowsky, et surtout au Janáček du premier cahier du Sentier broussailleux. Et puis, dans la dernière partie de l’œuvre (tout le second volume, sauf la transcription du quatuor), cela devient de plus en plus spéculatif, avec des harmonies de plus en plus étranges, davantage de silences... Les deux pièces à titres ( Pater Noster et Automne), les trois pièces sur un même thème, toute la série des Préludes tardifs et la Fugue) ont vraiment une espèce de bizarrerie à la Langgaard (avec les mêmes quasi-naïvetés), qui rejoint d’ailleurs l’univers de sa peinture. On en tire vraiment le sentiment que si Čiurlionis n’avait pas arrêté de composer si jeune (ou s’il avait vécu et repris la composition), il aurait pu devenir une de ces grandes figures comme celles auxquelles je l’ai comparé. Du coup, je vais aller écouter ses œuvres pour quatuor et celles pour orchestre. |
| | | Eusèbe Mélomaniaque
Nombre de messages : 1599 Age : 48 Localisation : Paris/ Lille Date d'inscription : 23/09/2014
| Sujet: Re: Mikolaus K. CIURLIONIS Lun 10 Juil 2017 - 16:39 | |
| Le nom même de ce compositeur m'est inconnu. Ce que tu en dis, Benedictus, me tente beaucoup côté piano, et évidemment quatuor. Je reviendrai par ici lorsque j'aurai pu écouter cela tranquillement. |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Mikolaus K. CIURLIONIS Lun 10 Juil 2017 - 16:59 | |
| Je crois qu'il est en fait plus connu (enfin connu...) comme peintre: il y avait d'ailleurs eu une exposition à Orsay. Mais je pense que ça pourrait te plaire, en effet. |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97907 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Mikolaus K. CIURLIONIS Mar 11 Juil 2017 - 3:52 | |
| Moui, à peu près pareil j'ai l'impression : une figure incontournable quand on parle de Lithuanie ; mais assez peu célèbre à l'échelle du continent.
J'entends exactement ce que tu dis dans le mélange entre du Chopin tardif et du Szymanowski primitif… mais je n'ai jamais perçu le supplément de personnalité que tu dis. Tu as des pièces à conseiller en particulier ? |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Mikolaus K. CIURLIONIS Mar 11 Juil 2017 - 9:41 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
- une figure incontournable quand on parle de Lithuanie
En effet, et quand on voit ses tableau, on se demande si lui aussi n'a pas un peu forcé sur le h. - DavidLeMarrec a écrit:
- J'entends exactement ce que tu dis dans le mélange entre du Chopin tardif et du Szymanowski primitif… mais je n'ai jamais perçu le supplément de personnalité que tu dis. Tu as des pièces à conseiller en particulier ?
Non, je trouve que c'est plutôt l'évolution du langage qui fait ressortir, sinon un «supplément de personnalité», du moins un itinéraire singulier. Pas sûr que ce soit tellement pour toi, de toute manière: écriture trop «simple» et climat pas assez «positif». |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97907 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Mikolaus K. CIURLIONIS Mar 11 Juil 2017 - 12:02 | |
| - Benedictus a écrit:
- En effet, et quand on voit ses tableau, on se demande si lui aussi n'a pas un peu forcé sur le h.
L'ivresse des graphies archaïques semble moins épouvantable à endurer, manifestement. e - Citation :
- Pas sûr que ce soit tellement pour toi, de toute manière: écriture trop «simple» et climat pas assez «positif».
Je vois ce que tu veux dire, qui est en général très opérant chez moi (rapport densité / positivité), mais je n'ai pas senti ça ici… Plutôt du romantisme / modernisme mélancolique standard. Bon, après, les grands compositeurs lithuaniens… musicalement, c'est plutôt par-delà la frontière Nord que ça se passe. |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Mikolaus K. CIURLIONIS Sam 9 Mai 2020 - 18:49 | |
| • La Mer¹, Dans la forêt, poèmes symphoniques. Kęstutis, ouvertureModestas Pitrėnas / Orchestre Symphonique National de Lituanie, Evelina Staniulytė (orgue)¹ Vilnius, IV & X.2019 OndineDu très beau postromantisme assez direct et généreux - une veine mélodique expansive, de belles modulations franches, une orchestration opulente et souvent assez imaginative (beaucoup de très beaux contrechants, aux vents notamment)… Pour le langage, on est quelque part du côté du Strauss des premiers poèmes symphoniques ou du Mahler de la période Wunderhorn, avec souvent des couleurs un peu plus russes. Ce n’est pas particulièrement novateur (moins que les dates - de 1900 à 1907 - et surtout l’œuvre picturale ultérieure de Čiurlionis pourraient le laisser imaginer), mais vraiment très bien écrit. Il existait déjà de belles versions des deux poèmes symphoniques par Juozas Domarkas et le même orchestre (Northern Flowers, 2000): Domarkas proposait quelque chose de plus «dramatique», sombre et contrasté (avec un orchestre capté de manière plus frontale) - chez Pitrėnas, l’approche ne manque pas d’élan mais a quelque chose de plus hédoniste et contemplatif, semble moins soucieux d’expression mais davantage d’articulation et de détail. |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97907 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Mikolaus K. CIURLIONIS Dim 10 Mai 2020 - 10:16 | |
| Je suis étonné que ça te plaise, tant ça reste gentil – je suis curieux de savoir si tu pourrais supporter la Deuxième de Dubra (le degré au-dessus, quelque part entre Čurlionis et… Kancheli), à présent. Mais oui, musique bien écrite avec un beau métier, qui ne cherche pas la surprise et développe des atmosphères lyriques avec un certain bonheur. Ce n'est juste du postromantisme standard, il y a une certaine personnalité, à défaut d'être totalement saisissant. (Je me demande ce que ça fait à la réécoute.) |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Mikolaus K. CIURLIONIS Dim 10 Mai 2020 - 11:57 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
- Je suis étonné que ça te plaise, tant ça reste gentil
Je n'ai pas dit que ça détrônait les symphonies de Schmidt ou le Notturno de Schoeck, non plus. Mais oui, ça me plait: c'est un peu à la marge de mon cœur de répertoire, mais je ne vois pas pourquoi je me devrais me forcer à ne pas aimer du postromantisme gentil du moment qu'il est aussi bien fait (ça vaut aussi bien pour Weingartner, par exemple.) Dans le cas de Čiurlionis, il faut ajouter à cela que je m'étais beaucoup intéressé à son œuvre picturale, il y a longtemps (en fait, quand l'exposition à Orsay avait eu lieu, ça faisait plusieurs années que je m'y intéressais) - et là, pour le coup, une œuvre très, très singulière. |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97907 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Mikolaus K. CIURLIONIS Dim 10 Mai 2020 - 12:49 | |
| Bien sûr, bien sûr, il ne faut jamais sous-estimer le LULLYste qui sommeille en toi. J'ai l'impression moi aussi qu'il a une place plus éminente comme peintre auprès des connaisseurs – je ne le suis pas assez pour mesurer sa singularité, mais c'est en tout cas beaucoup plus expressif, flou, sombre que son œuvre musicale, beaucoup plus directe, avec assez peu d'arrières-plans. |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Mikolaus K. CIURLIONIS Dim 10 Mai 2020 - 15:01 | |
| En effet, comme peintre, il est vraiment d’une très grande singularité. Il part de choses qui s’apparentent clairement à un certain symbolisme tardif, mais ça dévie très vite vers un imaginaire visuel très bizarre, avec des formes qui s’approchent de choses qui ne seront tentées qu’ailleurs et bien après (ça fait penser un peu à Michaux et à l’art informel, ou à certains surréalistes tchèques), dans un mélange de quasi-abstraction sophistiquée et de figuration naïve. (En fait, l’équivalent sonore qui me vient en tête quand je regarde certaines peintures de Čiurlionis, c’est plutôt du Scriabine ou du Langgaard.) Il fait dire aussi que, chronologiquement, son œuvre graphique se déploie pour l’essentiel après sa période de plus intense composition musicale - comme si un mode d'expression se substituait chez lui à un autre, ou en prenait la relève. Mais le cas est d'autant plus singulier qu’en tant que peintre, il recourra fréquemment à des modes d’organisation formelle relevant explicitement de la musique, notamment lorsqu’il peint des séries ou des polyptyques. Il a ainsi peint une série de sept «Sonates» divisées en «mouvements», par exemple la première: • Sonate I, «Sonate du soleil» (Saulės sonata), 1907:I. Allegro (tempera sur papier, 63 × 59,5 cm) - II. Andante (tempera sur papier, 63,2 × 58,4 cm) - III. Scherzo (tempera sur papier, 63 × 59,5 cm) - IV. Finale (tempera sur papier, 63 × 59,5 cm) ou encore des diptyques comme celui-c: • Prélude et Fugue, 1908:I. Prélude (tempera sur papier, 62 × 73 cm) - II. Fugue (tempera sur papier, 62 × 73 cm) Quand on pense que tout cela, c'est fait par un tout jeune homme (Čiurlionis meurt en 1911 à 35 ans) en Lituanie, c'est-à-dire quand même dans une marge de l'Europe, sur un laps de temps très court dans les toutes premières années du XXᵉ (son œuvre musicale, c'est 1896-1909, son œuvre picturale 1903-1909 et il cesse de produire dans les deux dernières de sa vie), sa singularité prend même un tour tout à fait fascinant, je trouve. |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97907 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Mikolaus K. CIURLIONIS Dim 10 Mai 2020 - 17:01 | |
| Oui, tu as raison de souligner que pour la date et le lieu, c'est tout de même assez avancé (même musicalement).
Je me suis toujours demandé pourquoi il n'avait pas tenté (à ma connaissance) la double expression simultanée peinture-musique (spectacle avec ses décors, tableau explicité par une composition, etc.). Tu as rencontré de ces choses dans son catalogue ? Ou bien des réexploitations picturales de pièces déjà composées ? |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Mikolaus K. CIURLIONIS Dim 10 Mai 2020 - 18:07 | |
| Sous réserve (il faudrait que je retrouve le catalogue de l'expo d'Orsay pour vérifier), c'est apparement ce vers quoi pointent ses derniers travaux inachevés, en 1909: d'une part, il y a effectivement un projet d'opéra, Jūratė (donc potentiellement un genre de Gesamtkunstwerk); et d'autre part, il préparait un nouveau poème symphonique qui devait s'intituler La Création du monde (Pasaulio sutvėrimas), comme son cycle de 13 tableaux de 1905 ( cf. infra) et aurait donc pu constituer une sorte d'explicitation ou de réexploitation musicale de ses peintures. - La Création du monde:
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| Sujet: Re: Mikolaus K. CIURLIONIS | |
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