Autour de la musique classique Le but de ce forum est d'être un espace dédié principalement à la musique classique sous toutes ses périodes, mais aussi ouvert à d'autres genres. |
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| Sherill Milnes | |
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Auteur | Message |
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Cornélius Mélomaniaque
Nombre de messages : 924 Date d'inscription : 03/08/2010
| Sujet: Re: Sherill Milnes Lun 13 Déc 2010 - 19:31 | |
| Pour moi, Milnes est parfait dans des rôles un peu "aristo" et distants qui mettent en valeur ses qualités de classe, retenue, bon goût. (je l'aime bien en Rodrigo de Don Carlo) Il peut à ce titre donner une sobriété et une subtilité nouvelles à des rôles comme Scarpia ou Iago.
Pour moi, Milnes n'est pas à sa place dans des rôles plus sanguins (La forza del Destino, Gérard d'André Chenier) ou qui exigent de véritables "bêtes de scène", des rôles il est parfois tenté d'en faire trop, pas toujours avec bon goût, pour compenser sa réserve naturelle (Rigoletto avec Rudel, Figaro de Rossini...)
Sinon, c'est clair qu'il a une bonne diction française dans Massenet.
Ses aigus sont parfois d'une justesse étrangement flottante, un peu noyés dans l'incertitude du vibrato.
La filiation vocale et stylistique entre Leonard Warren et lui est pour moi absolument évidente, mais Warren avait une couleur plus sombre et plus de legato (peut-être un peu plus d'accent américain aussi) |
| | | aurele Mélomane chevronné
Nombre de messages : 23541 Age : 33 Date d'inscription : 12/10/2008
| Sujet: Re: Sherill Milnes Lun 13 Déc 2010 - 19:43 | |
| Visiblement, tu ne le connais donc pas dans tous les rôles que j'ai cité. Pour Macbeth, j'ai déjà précisé que je le connais par l'intermédiaire d'un live par exemple et non par la version studio de Muti. Je connais comme toi son Rigoletto dans la version Rudel et un tout petit peu dans la version Bonynge. Il paraît qu'il est beaucoup plus en voix dans la version Bonynge mais je l'avais trouvé très touchant dans la version Rudel. Concernant son Don Carlo dans La Forza del destino, je le connais en partie et je le trouve extraordinaire dans ce rôle dans ce que j'ai pu entendre. C'est certainement l'un des très grands interprètes de ce rôle qui appelle effectivement un tempérament sanguin mais je trouve Milnes superbe vocalement et impliqué sur le plan dramatique. Il faudra que j'écoute le live du Met que j'ai en entier et/ou la version de studio de Levine. |
| | | Cornélius Mélomaniaque
Nombre de messages : 924 Date d'inscription : 03/08/2010
| Sujet: Re: Sherill Milnes Lun 13 Déc 2010 - 21:12 | |
| Macbeth est un bon rôle pour Milnes, c'était aussi un grand rôle de Leonard Warren. Par contre j'ai vraiment du mal avec son Carlo de "la Forza del destino", pour moi, c'est vraiment un rôle de vraie brute bornée, pas un rôle de calculateur froid et sournois comme il essaie de le jouer.
Ses rivaux?
Cappuccilli est très inégal sur le plan expressif suivant les chefs qui le dirigent, capable du génial comme du très banal. Il a une émission vocale qui parait plus naturelle et plus "italienne" que celle de Milnes, mais un timbre un peu trop impersonnel et clair
Bruson, je reconnais toutes les failles que ses détracteurs lui attribuent, mais j'adore!... car il a une qualité rare et non quantifiable qui fait toute la différence: le charisme. Son Posa dans le Don Carlo live d'Abbado est exaltant (sa scène de la prison met le public de la Scala en délire!). Le problème, c'est que beaucoup de ses disques ont été réalisés un peu tard en carrière. Comme Alfredo Kraus, il n'a eu accès aux studios que tardivement.
Nucci a bien le côté "bête de scène" qui met le public en délire et qui fait qu'on pardonne ses défauts.
Zancanaro et Manuguerra, malgré des timbres moins flatteurs ont des qualités de belcantistes très appréciables (phrasé, souffle, legato, nuances)
On oublie trop Gian-Giacomo Guelfi parmi les grands anciens |
| | | aurele Mélomane chevronné
Nombre de messages : 23541 Age : 33 Date d'inscription : 12/10/2008
| Sujet: Re: Sherill Milnes Lun 13 Déc 2010 - 21:15 | |
| - Cornélius a écrit:
- Ses rivaux?
Cappuccilli est très inégal sur le plan expressif suivant les chefs qui le dirigent, capable du génial comme du très banal. Il a une émission vocale qui parait plus naturelle et plus "italienne" que celle de Milnes, mais un timbre un peu trop impersonnel et clair
Bruson, je reconnais toutes les failles que ses détracteurs lui attribuent, mais j'adore!... car il a une qualité rare et non quantifiable qui fait toute la différence: le charisme. Son Posa dans le Don Carlo live d'Abbado est exaltant (sa scène de la prison met le public de la Scala en délire!). Le problème, c'est que beaucoup de ses disques ont été réalisés un peu tard en carrière. Comme Alfredo Kraus, il n'a eu accès aux studios que tardivement.
Nucci a bien le côté "bête de scène" qui met le public en délire et qui fait qu'on pardonne ses défauts.
Zancanaro et Manuguerra, malgré des timbres moins flatteurs ont des qualités de belcantistes très appréciables (phrasé, souffle, legato, nuances)
On oublie trop Gian-Giacomo Guelfi parmi les grands anciens Ce sont des considérations générales sur ces barytons je suppose. |
| | | Guillaume lapineau huguenot
Nombre de messages : 17530 Age : 31 Localisation : Paris Date d'inscription : 27/06/2006
| Sujet: Re: Sherill Milnes Lun 13 Déc 2010 - 21:17 | |
| Pour moi, sur le papier, Zancanaro les bat tous (style, charisme, mots), mais j'ai encore peu d'enregistrements avec lui, alors que j'ai des tonnes de Milnes et de Cappuccilli, que j'aime beaucoup d'ailleurs. |
| | | Cornélius Mélomaniaque
Nombre de messages : 924 Date d'inscription : 03/08/2010
| Sujet: Re: Sherill Milnes Lun 13 Déc 2010 - 21:22 | |
| - Guillaume a écrit:
- Pour moi, sur le papier, Zancanaro les bat tous (style, charisme, mots), mais j'ai encore peu d'enregistrements avec lui, alors que j'ai des tonnes de Milnes et de Cappuccilli, que j'aime beaucoup d'ailleurs.
Je l'avais entendu sur scène dans "I Puritani". Son difficile air du premier acte était exemplaire, et il avait un côté très aristo dans ses manières et sa tenue en scène. |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97938 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Sherill Milnes Lun 13 Déc 2010 - 21:23 | |
| J'évite résolument Milnes aujourd'hui, à cause de son timbre métallique, de son manque d'assise, et surtout de son expression qui reste toujours "en surface" des personnages. Il y a quand même toujours Rigoletto où je le trouve phénoménal (Bonynge), et il est en général excellent en français (Scindia, Hamlet...). Ce que j'aimais énormément chez lui, c'était son aisance (ce qui est pour moi à présent un défaut, tant il "plane" sans tension), et surtout ses allègements qui semblent déplaire à Cornélius, ses aigus allégés et flottants, sa couleur spécifique dans le piano, quand le métal disparaît. Et c'est vrai qu'il est étonnant dans ces choses. Si l'on parle de ses "rivaux", j'aime bien Bruson malgré le côté toujours forcé et vieux du timbre, mais je suis beaucoup plus enthousiaste sur Warren, Sereni et Zancanaro (qui me rendent proprement hystérique, d'un point de vue glotto, et en plus ils incarnent remarquablement !). Et parmi des techniciens moins absolus, j'aime tout autant Savarese jadis et Frontali aujourd'hui. Même Gavanelli a beaucoup de charme, malgré son vibratello et sa justesse... Et je n'aime pas les grands barytons-Verdi les plus aimés que son Bastianini et Cappuccilli : trop uniformément "vocaux", ça manque de mots. Bastianini, j'aime beaucoup la substance vocale, mais ça manque de couleurs, il est toujours à pleine voix (contrairement à Savarese, Sereni, Milnes ou Bruson qui veillent à varier les tons) ; Cappuccilli, c'est différent, c'est dur et très placide, tout le temps. Je suis très loin de les détester, mais je ne les admire pas tant que cela (surtout le second qui m'ennuie tout à fait...). Très proche de Milnes, tu n'as pas cité Merrill avec qui il partage beaucoup de points communs techniques... dont le mauvais goût. Enfin, Giangiacomo Guelfi, je trouve ça très désagréablement engorgé et pas raffiné du tout, je n'aime vraiment pas. |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97938 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Sherill Milnes Lun 13 Déc 2010 - 21:25 | |
| - Cornélius a écrit:
- Guillaume a écrit:
- Pour moi, sur le papier, Zancanaro les bat tous (style, charisme, mots), mais j'ai encore peu d'enregistrements avec lui, alors que j'ai des tonnes de Milnes et de Cappuccilli, que j'aime beaucoup d'ailleurs.
Je l'avais entendu sur scène dans "I Puritani". Son difficile air du premier acte était exemplaire, et il avait un côté très aristo dans ses manières et sa tenue en scène. Oh oui, il est souverain là-dedans... Incroyable comment avec un timbre homogène il parvient à porter énormément de sens, tout en restant dans la perfection vocale. Vraiment l'idéal incarné, à chaque fois que je l'écoute, je déprime en me comparant à lui. Ce qui me console, est qu'il ne chante pas de lied , et je me sens en revanche capable d'égaler DFD. |
| | | Cornélius Mélomaniaque
Nombre de messages : 924 Date d'inscription : 03/08/2010
| Sujet: Re: Sherill Milnes Lun 13 Déc 2010 - 21:41 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
- J'évite résolument Milnes aujourd'hui, à cause de son timbre métallique, de son manque d'assise, et surtout de son expression qui reste toujours "en surface" des personnages. Il y a quand même toujours Rigoletto où je le trouve phénoménal (Bonynge), et il est en général excellent en français (Scindia, Hamlet...).
Ce que j'aimais énormément chez lui, c'était son aisance (ce qui est pour moi à présent un défaut, tant il "plane" sans tension), et surtout ses allègements qui semblent déplaire à Cornélius, ses aigus allégés et flottants, sa couleur spécifique dans le piano, quand le métal disparaît. Et c'est vrai qu'il est étonnant dans ces choses.
C'est vrai que c'est exactement ce que je n'aime pas chez lui. Parmi les autres noms que tu cites, Sereni aurait pu être un des meilleurs s'il n'avait pas été aussi incertain au niveau justesse. (Dans l'enregistrement studio d'Ernani, il perturbe même le violoncelle solo qui dialogue avec lui dans son grand air), mais quelle belle voix, quel legato et quels aigus! Dans les mêmes couleurs claires, quelqu'un que j'ai entendu très souvent en scène et qui récoltait régulièrement des triomphes, alors que les discophiles le boudent un peu, c'est Vincente Sardinero. Je ne trouve pas trop de points communs techniques entre Merril et Milnes. Robert Merril, c'est la preuve que la plus belle voix du monde ne suffit pas, si le chant est inhabité. Ugo Savarèse pour moi c'est à ranger au bétisier ou au musée des horreurs. G-G Guelfi, c'était un calibre héroïque, un peu brut de décoffrage mais appréciable dans certains emplois ou certains vastes lieux. |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97938 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Sherill Milnes Lun 13 Déc 2010 - 22:05 | |
| - Cornélius a écrit:
- C'est vrai que c'est exactement ce que je n'aime pas chez lui.
Tu es circonscrit et cerné ! - Citation :
- Parmi les autres noms que tu cites, Sereni aurait pu être un des meilleurs s'il n'avait pas été aussi incertain au niveau justesse. (Dans l'enregistrement studio d'Ernani, il perturbe même le violoncelle solo qui dialogue avec lui dans son grand air), mais quelle belle voix, quel legato et quels aigus!
- Citation :
- Dans les mêmes couleurs claires, quelqu'un que j'ai entendu très souvent en scène et qui récoltait régulièrement des triomphes, alors que les discophiles le boudent un peu, c'est Vincente Sardinero.
Le fameux qui se retrouve toujours crédité à la place de Sarabia. Les discophiles ne le boudent pas, il est juste assez peu présent dans les disques couramment distribués. Cela dit, c'est vrai que la voix sonne un peu limitée, presque étriquée, au disque. - Citation :
- Je ne trouve pas trop de points communs techniques entre Merril et Milnes.
Les couleurs sont les mêmes ! C'est trop bien construit pour pouvoir détailler, mais il me semble évident que pour produire les mêmes choses, il faut bien exécuter les choses un peu similairement. Et il n'est pas absurde qu'ils descendent de la même école (quelques points communs, plus timbraux que techniques, avec Tucker également...). Ensuite, les soubassements ne sont pas identiques, puisque le second n'a pas l'assise et les résonances graves du premier. - Citation :
- Robert Merril, c'est la preuve que la plus belle voix du monde ne suffit pas, si le chant est inhabité.
Ce n'est pas froid ou absent, Merrill : quelques excès, pas toujours frémissant, mais généralement bien plus concerné que Cappuccilli ou même Bastianini ! - Citation :
- Ugo Savarèse pour moi c'est à ranger au bétisier ou au musée des horreurs.
Je m'en doute, je suis un peu seul à aimer. Je ne vois pas ce que tu peux reprocher à son Luna. Mais j'avoue aimer jusqu'à son Germont chez Santini (qui est techniquement plus... douteux). - Citation :
- G-G Guelfi, c'était un calibre héroïque, un peu brut de décoffrage mais appréciable dans certains emplois ou certains vastes lieux.
Peut-être qu'il faisait du bruit, oui. Mais c'est pas trop ma préoccupation. |
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| | | | Sherill Milnes | |
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