Véronique Gens

Ah ben pour ce soir, pas possible... mais oui, c'est pas tout près l'OC!

Citation :

La passacaille [d'Armide de LULLY] est un autre extrait musical sans grand intérêt, correctement dirigé là encore mais je préfère l'accompagnement des airs car on sent que Rousset et son ensemble veulent créer du drame et on entend la complicité entre la chanteuse et l'orchestre.

Euh, tu te rends compte de ce que tu dis ? La passacaille d'Armide, où le temps devient espace, où la volupté est porté à son point d'aboutissement, le plus beau divertissement de tout l'opéra baroque peut-être (avec ceux d'Atys)

Oui, sur les extraits musicaux sans intérêt, là Aurèle a un peu abusé.

Je préfère la musique de Rameau à ce que je connais de celle de Lully (Atys essentiellement, extraits d'Armide, un tout petit peu Thésée dans un live avec Von Otter dirigé par Haïm mais je n'avais pas entendu en entier). Je suis moins sensible que vous au répertoire baroque français.

aurele a écrit:

Je préfère la musique de Rameau à ce que je connais de celle de Lully (Atys essentiellement, extraits d'Armide, un tout petit peu Thésée dans un live avec Von Otter dirigé par Haïm mais je n'avais pas entendu en entier). Je suis moins sensible que vous au répertoire baroque français.

Oui, mais tu ne connais Atys que par le studio très tiède de Christie, tu n'as pas été transfiguré par Villégier, tu n'as pas vu l'Armide d'Oustrac, bref ça me semble un peu faible pour juger de LULLY et a fortiori du baroque français. Bellérophon pourrait beaucoup te plaire aussi. Et puis Callirhoé, évidemment.

Aurèle a quand même plus de prédispositions pour Rameau et Leclair que pour LULLY et Campra, je crois.

Il devrait peut-être essayer Médée de Charpentier et Callirhoé, ça pourrait le convertir en effet.

Médée, c'est déjà fait.

Et avec quels résultats ? Et effectivement, Callirhoé un indispensable, mais ça ne le dispense pas de courir et de voler à Atys lorsqu'il paraîtra lundi. Surtout que objectivement, c'est un des plus grands spectacles jamais donnés sur Terre avec le Ring de Chéreau et les Huguenots de Minkowski.

aurele a écrit:

Médée, c'est déjà fait.

J'te conseille plutôt Don Quichotte chez la duchesse, de Boismortier

Guillaume a écrit:

Et avec quels résultats ? Et effectivement, Callirhoé un indispensable, mais ça ne le dispense pas de courir et de voler à Atys lorsqu'il paraîtra lundi. Surtout que objectivement, c'est un des plus grands spectacles jamais donnés sur Terre avec le Ring de Chéreau et les Huguenots de Minkowski.

Ach ja mein fuhrer

Guillaume a écrit:

Surtout que objectivement,

lol

Citation :

c'est un des plus grands spectacles jamais donnés sur Terre avec le Ring de Chéreau et les Huguenots de Minkowski.

Ok pour Atys, un sommet en son genre, mais le Ring de Chéreau et les Huguenots de Py (pour les extraits que j'en ai vus) ne me paraissent pas des horizons indépassables...

J'avais fait un compte-rendu sur la version Christie de Médée et j'avais dû parler de l'oeuvre aussi. C'est à vous de chercher.

Ino a écrit:

aurele a écrit:

Médée, c'est déjà fait.

J'te conseille plutôt Don Quichotte chez la duchesse, de Boismortier

Excellente recommandation bien sûr, typiquement l'oeuvre qui ne peut manquer de conquérir personne sauf Xavier , mais le but était de conseiller Aurèle sur le versant pré-ramiste.

DavidLeMarrec a écrit:

Ino a écrit:

aurele a écrit:

Médée, c'est déjà fait.

J'te conseille plutôt Don Quichotte chez la duchesse, de Boismortier

Excellente recommandation bien sûr, typiquement l'oeuvre qui ne peut manquer de conquérir personne sauf Xavier , mais le but était de conseiller Aurèle sur le versant pré-ramiste.

J'avoue, j'ai voulu taper dans ce qui lui plairait probablement Parce qu'il faut aussi développer ses goûts pour déjà présents, et aussi parce que je me sens très païen vis-à-vis de la tragédie lyrique des origines, surtout quand tu passes derrière hehe

Ah moi j'ai vraiment du mal avec les 75% de divertissements qui composent les opéras de Rameau... où est le grand récitatif LULLYste ? Ca reste très bien en tant que tel, mais face à LULLY...

Pour être franc, j'ai hésité à inclure DQ dans mes propositions, avant de l'ôter pour la raison que je t'indiquais, précisément parce que je suis sûr que ça lui plaira, de même que Scylla devrait fonctionner parfaitement.

Guillaume a écrit:

Ah moi j'ai vraiment du mal avec les 75% de divertissements qui composent les opéras de Rameau... où est le grand récitatif LULLYste ? Ca reste très bien en tant que tel, mais face à LULLY...

Tu as du mal avec les très nombreuses danses? Parce que nombre de divertissements jouissent d'une écriture musicale fantastique et si riche! Rameau, c'est la musique d'abord, Lully, c'est le texte d'abord.

Guillaume a écrit:

Ah moi j'ai vraiment du mal avec les 75% de divertissements qui composent les opéras de Rameau... où est le grand récitatif LULLYste ? Ca reste très bien en tant que tel, mais face à LULLY...

Le ressort n'est pas du tout le même, sauf dans les premiers Rameau : Castor et Dardanus essentiellement, parce que même Hippolyte est très galant - même si moins italien que ses périodes suivantes....

Le charme de Rameau est plus essentiellement musical. Même dans Castor d'ailleurs, la mélodie de "Tristes apprêts" ou le tourbillon de "Tombez dans l'esclavage" créent la valeur ajoutée, bien plus que les récitatifs.

Il faut avoir un fort tropisme de catégorie 5 pour aimer LULLY (ou alors aimer très fort la musique niaise ).

Ino a écrit:

Guillaume a écrit:

Ah moi j'ai vraiment du mal avec les 75% de divertissements qui composent les opéras de Rameau... où est le grand récitatif LULLYste ? Ca reste très bien en tant que tel, mais face à LULLY...

Tu as du mal avec les très nombreuses danses? Parce que nombre de divertissements jouissent d'une écriture musicale fantastique et si riche! Rameau, c'est la musique d'abord, Lully, c'est le texte d'abord.

Voilà, tout est dit en moins de mots.

DavidLeMarrec a écrit:

Ino a écrit:

Guillaume a écrit:

Ah moi j'ai vraiment du mal avec les 75% de divertissements qui composent les opéras de Rameau... où est le grand récitatif LULLYste ? Ca reste très bien en tant que tel, mais face à LULLY...

Tu as du mal avec les très nombreuses danses? Parce que nombre de divertissements jouissent d'une écriture musicale fantastique et si riche! Rameau, c'est la musique d'abord, Lully, c'est le texte d'abord.

Voilà, tout est dit en moins de mots.

Ce qui explique que Guillaume le littéraire et moi le zycos ne soyons pas sur la même longueur d'ondes, d'ailleurs hehe

Ino a écrit:

Ce qui explique que Guillaume le littéraire et moi le zycos ne soyons pas sur la même longueur d'ondes, d'ailleurs hehe

Oui, enfin, ça n'explique pas non plus tous les trucs que tu peux écouter.

Ni les siens d'ailleurs, mais je ne vais pas critiquer, on a les mêmes.

DavidLeMarrec a écrit:

Ino a écrit:

Ce qui explique que Guillaume le littéraire et moi le zycos ne soyons pas sur la même longueur d'ondes, d'ailleurs hehe

Oui, enfin, ça n'explique pas non plus tous les trucs que tu peux écouter.

Ni les siens d'ailleurs, mais je ne vais pas critiquer, on a les mêmes.

MMh simple curiosité, tu fais allusion à quoi?

Rien du tout, rien.

Un indice tout de même : il y a de la voix dedans.

DavidLeMarrec a écrit:

Rien du tout, rien.

Un indice tout de même : il y a de la voix dedans.

Rhaaaaaaaaaaa tu me connaîtrais que tu ne changerais rien pour m'agacer!

Sérieux, une piste?

Bellini?

Ino a écrit:

Sérieux, une piste?

Xavier va dire, non sans raison, que c'est du flood, je m'arrête là.

Citation :

Bellini?

Oh, il reste bien pire dans tes rayonnages. Et puis j'adore Bellini, je ne vais pas me moquer.

Je vais même revenir dans le sujet en disant que lors de la rencontre avec V.Gens ce soir, elle était en forme et pleine de ce charme discret qui la caractérise, qu'elle a notamment jeté des parterres de fleurs entiers à Magloire, qu'elle en a ras le pompon des rôles aigus (hence le programme de T3), et surtout qu'elle a refusé tout de suite de participer à la Cléopâtre de Massenet à Salzbourg en 2012, jugeant la partition de son personnage bcp trop aigue. Méga intox du côté du festival, donc.

Mince alors pour Cléopâtre. On aurait eu une distribution quasiment exclusivement française. Après, je ne connais que l'air du rôle titre "J'ai versé le poison" très grave. Je ne connais pas le rôle d'Octavie. J'espère que la remplaçante sera bonne car avec Gens, on aurait eu déjà l'assurance d'une excellente diction. J'ai peur néanmoins que cela ne soit pas diffusé à la radio. Il n'y aura sans doute pas un enregistrement au disque, à moins d'un miracle.

Ino a écrit:

Je vais même revenir dans le sujet en disant que lors de la rencontre avec V.Gens ce soir, elle était en forme et pleine de ce charme discret qui la caractérise, qu'elle a notamment jeté des parterres de fleurs entiers à Magloire, qu'elle en a ras le pompon des rôles aigus (hence le programme de T3), et surtout qu'elle a refusé tout de suite de participer à la Cléopâtre de Massenet à Salzbourg en 2012, jugeant la partition de son personnage bcp trop aigue. Méga intox du côté du festival, donc.

C'est bien dommage qu'elle se plaigne des rôles aigus, parce qu'elle est quand même bien meilleure en Elisabeth de Valois qu'en Fidès.

Mais cela dit, le programme de T3 n'est pas aigu, finalement, essentiellement des choses centrales, en dehors de l'air d'Elisabeth qui est très tendu par moment - mais ça ne se sent pas chez elle.

De toute façon, il faut l'encourager à chanter Fidès, le Prophète est le moins donné de la Grande Trilogie, il faut absolument que cela soit redonné.

(c'est bien, j'ai l'impression de ne pas DU TOUT passer pour l'autoritaire de service sur ce fil ce soir )

Guillaume a écrit:

De toute façon, il faut l'encourager à chanter Fidès, le Prophète est le moins donné de la Grande Trilogie, il faut absolument que cela soit redonné.

(c'est bien, j'ai l'impression de ne pas DU TOUT passer pour l'autoritaire de service sur ce fil ce soir )

Il faut dire que je l'ai signifié de manière si subtile que ça pourrait passer inaperçu

Guillaume a écrit:

De toute façon, il faut l'encourager à chanter Fidès, le Prophète est le moins donné de la Grande Trilogie, il faut absolument que cela soit redonné.

(c'est bien, j'ai l'impression de ne pas DU TOUT passer pour l'autoritaire de service sur ce fil ce soir )

Fidès, avec un orchestre de quarante musiciens, alors, parce que même si elle est habituée à chanter dans des tessitures basses, un volume d'orchestre XIXe dans un rôle de mezzo profond, c'est quand même risqué sur la durée. D'ailleurs même si elle s'en tire très bien, la voix est bien plus terne dans ses deux airs de mezzo.

http://www.forumopera.com/index.php?mact=News,cntnt01,detail,0&cntnt01articleid=3093&cntnt01detailtemplate=gabarit_detail_breves&cntnt01dateformat=%25d-%25m-%25Y&cntnt01lang=fr_FR&cntnt01returnid=20

Il s'agit d'un concept intitulé "Opera Box" dans lequel on propose à la personne interviewée des alternatives. C'est à elle de choisir. On y apprend des choses dont on se moque totalement et d'autres guère nouvelles si on a déjà entendu Gens en interview.

Thé ou café, moi je suis super content appris qu'elle préfère le thé. Géant

Y'a qqes éléments intéressants (déjà dits lors de la rencontre récente, d'ailleurs), et une réponse aux remarques de David sur sa tessiture

Ino a écrit:

Y'a qqes éléments intéressants (déjà dits lors de la rencontre récente, d'ailleurs), et une réponse aux remarques de David sur sa tessiture

D'autres éléments intéressants, ici : http://toutelaculture.com/2012/03/interviewveroniquegens/.

Elle va être Agathe dans Der Freischütz en janvier 2013 et pour une date en avril (20) au Staatsoper Unter den Linden à Berlin dans une production de Nikolaus Lehnhoff. Le chef sera Julien Salemkour. C'est une prise de rôle à ma connaissance pour elle.
http://www.staatsoperberlin.de/de_DE/repertoire/863635

aurele a écrit:

Elle va être Agathe dans Der Freischütz en janvier 2013 et pour une date en avril (20) au Staatsoper Unter den Linden à Berlin dans une production de Nikolaus Lehnhoff. Le chef sera Julien Salemkour. C'est une prise de rôle à ma connaissance pour elle.
http://www.staatsoperberlin.de/de_DE/repertoire/863635

Depuis le temps que je dis qu'elle est faite pour Weber, Spohr, Marschner, les wagnériennes blondes, etc.
(J'ai longtemps rêvé d'une Leonore alla Schwarzkopf, tout en paillons de lumière !)

A paraître, chez Ondine, un disque regroupant les Nuits d'été, Herminie et Shéhérazade ; si les deux premiers sont bien connus (enregistrés, entendus souvent en concert), le cycle de Ravel est une relative "nouveauté". Dans laquelle Gens peut avoir beaucoup à dire :

http://www.amazon.fr/Hector-Berlioz-Maurice-Ver%C3%B3nique-Gens/dp/B007S02NQY/ref=sr_1_1?s=music&ie=UTF8&qid=1335879034&sr=1-1

bAlexb a écrit:

A paraître, chez Ondine, un disque regroupant les Nuits d'été, Herminie et Shéhérazade ; si les deux premiers sont bien connus (enregistrés, entendus souvent en concert), le cycle de Ravel est une relative "nouveauté". Dans laquelle Gens peut avoir beaucoup à dire :

http://www.amazon.fr/Hector-Berlioz-Maurice-Ver%C3%B3nique-Gens/dp/B007S02NQY/ref=sr_1_1?s=music&ie=UTF8&qid=1335879034&sr=1-1

J'ai écouté ce disque en streaming sur spotify et je le recommande chaudement. Berlioz est un compositeur qui lui convient à merveille, surtout depuis que la voix a gagné dans le medium et le grave. Herminie a été une découverte, on retrouve les qualités de ses disques "Tragédiennes". Elle a le verbe éclatant, elle a des accents mêlant à la fois tendresse, horreur, tristesse, fureur. Les couleurs de sa voix sont superbes. On sent qu'elle ressent le texte au plus profond de ses entrailles. Ses "Nuits d'été" sont très différentes de celles avec Langrée, ce que l'on perd en lumière, en vocalité pure, on le gagne en expressivité, en sensibilité, en densité du timbre. Les deux versions sont très belles mais dans celle-ci, elle m'a touché beaucoup plus. Dans "Shéhérazade", le timbre avec ses reflets mordorés est en parfaite adéquation avec l'oeuvre, elle est investie là encore sur le plan du texte. Je précise que je ne connais pas la version de Crespin avec Ansermet mais celles de Lott avec Jordan et celle de Kozena avec Rattle. C'est ma préférée des trois, à cause du timbre, de l'expressivité. John Axelrod offre à Gens un écrin magnifique avec l'Orchestre des pays de la Loire qui est magnifiquement dirigé, on est tout de suite plongé dans l'ambiance de chaque oeuvre. Dans "Herminie", on est vraiment dans un drame, la direction est vivante, puissante.
J'ai écouté sa "Mort de Cléopâtre" sous la direction de Langrée et je pense qu'à l'époque, la voix manquait de chair dans le medium et le grave, l'aigu est par ailleurs un peu trop tendu, comme c'est le cas dans "Herminie" mais on retrouve sa sensibilité, son engagement.
J'adore Gens dans ce répertoire, elle confirme son statut de grande interprète de celui-ci. Je trouve que c'est la voix de soprano française la plus belle parmi les sopranos d'aujourd'hui et c'est une de nos artistes les plus intéressantes. Je rêve d'un doublé Cassandre/Didon même si en Cassandre, c'est Antonacci qui domine la scène internationale. Elle pourrait faire comme Crespin, dans une salle avec une bonne acoustique et un chef attentif. Je pense à Gardiner dont je ne connais pas Les Troyens en entier. Je doute que Rousset dirige un jour cette partition, ou alors ce sera avec un autre orchestre que les Talents lyriques même s'il aime la musique de Berlioz. Les airs dans "Tragédiennes 2" et "Tragédiennes 3" sont prometteurs si elle veut chanter un jour l'un ou l'autre des rôles voire les deux même si ce n'est pas dans la même soirée. Je rêve d'une Maréchale, d'une Sieglinde bien soutenue par un chef et dans une salle adaptée, d'une Elsa, d'une Elisabeth mais je ne connais pas l'allemand de Gens. Je rêve pour le répertoire français d'Elisabeth de Valois, l'une des plus grandes réussites de "Tragédiennes 3".

Je ne peux qu'approuver et remettre, ici, ce que je t'ai déjà posté en mp :

Gens, c'est une de mes "chéries" et depuis longtemps ; je l'ai pas mal entendue en concert, de Lully à Léhar. J'ai le souvenir de "Nuits" moites, moirées, ambrées, portées par des couleurs infinies et un phrasé brillant, à Nice il y a quelques années.
Je veux acheter cet album, évidemment. Ne serait-ce que pour retrouver Herminie, qu'elle a chantée en concert (j'ai un live, quelque part, d'une noblesse, d'une honnêteté de la ligne sans esbroufe ni effets de manche !) et qui est l'exact complément de sa Cléopâtre (entendue en concert, aussi, avec un Harding survolté).
Shéhérazade, c'est l'adoubement après les "Nuits" et Bilitis ? Cette manière de tenir haut le flambeau tombé des mains de Crespin et que personne n'a jamais réellement ramassé (à peine soulevé, à mon sens) ! Là, j'attends Gens avec tout son luxe sonore, le glamour capiteux d'un timbre qui n'en finit plus de conquérir des arrondis et des angles sublimes (et des fissures, légères, des craquelures, des frisures de la surface vocale qui ne le sont pas moins).
Immense chanteuse française, c'est vraie ; mais toute destinée à d'autres défis, après son Eva. Freischütz est annoncé ; j'aurais aimé Donna Anna mais je crois qu'elle n'y a, même, seulement jamais pensé. Et je rêve d'Elsa, d'Elisabeth, d'une Leonore. De tous ces beaux rôles blonds dont elle a tout l'or dans la voix, hic et nunc !
Elle récolte sans doute les fruits d'une carrière intransigeante et sans (besoin de) paillettes : à la fois l'économie et le désintérêt d'une partie du public qui sont des symptômes communs (dans tous les sens du terme).
Tu as raison pour Cassandre/Didon. Je me souviens de l'avoir vue un peu en... points de suspension quand je lui ai dit, un jour, qu'elle était pour moi la Berma de Proust, à l'issue d'un concert (moment furtif comme elle doit en vivre tellement) ! Le port, la droiture, la régularité, etc. Tout ce qui peut faire en scène et en musique une immense berliozienne (la hauteur de l'accent), une verdienne (même en italien) statuaire, etc.
C'est une musicienne fine, une femme intelligente, qui connait ses ressources et jusqu'où elle peut aller dans le galbe, le fond et la forme. Il suffit, enfin, d'écouter sa "Fairest isle" de Purcell, sa Didon du même, son Isabelle d'Aragon de Saint-Saëns pour comprendre quelle justesse de sentiment (sa Contessa avec Minko, à Aix, d'une beauté formelle à couper le souffle) elle sait mettre à tout ce qu'elle fait !

aurele a écrit:

3e fois que j'écoute ce disque en entier. Je l'adore!!!

Avec Gens qui a, à la fois la séduction formelle d'un timbre à l'accroche immédiate (grain, couleur), et qui réunit les avantages d'une lecture extrêmement "consciente" (d'elle-même et de ses entours), je vois difficilement comment on peut faire autrement .
J'imagine que certains auraient tôt fait de me le dire ...

L'orchestre sonne correctement ? En salle c'était loin d'être satisfaisant, par contre Gens était superbe.

J'ai réécouté hier son disque "Nuits d'étoile" qui est une vraie merveille, avec un très bel accompagnement de Roger Vignoles. Les Poulenc en dehors des "Chemins de l'amour" me passionnent moins. Les Fauré et le Debussy sont habités, remarquables sur le plan de la diction, de la simplicité également.
J'ai écouté un peu ses Canteloube, c'est très joli mais c'est une musique vite lassante.

aurele a écrit:

J'ai écouté un peu ses Canteloube, c'est très joli mais c'est une musique vite lassante.

Avec les diaprures incroyables qu'y mettent Casadesus et Baudo ? Avec cette voix-ci, en liberté totale ? Je ne vois que Von Stade pour avoir donné des choses aussi abouties, musicales/musiciennes, gavées de couleurs, etc. (Von Stade, en live, dans Canteloube, aujourd'hui encore c'est une éruption dans un boudoir, quelque chose qui t'attrape au tripes, d'une séduction presque érotique ; ce que Gens, poétesse lumineuse renouvelle, à sa manière avec un luxe épais, moite notamment dans le vol. 2 avec Baudo, cf. le Triptyque, absolument... absolu !).

J'ai notamment écouté "Bailero" qui est le chant d'auvergne que je connais le mieux et quelques autres du premier volume avec Cassadesus. La voix de Gens est une merveille et j'entends bien ce que tu dis mais cela reste pour moi de la musique "sympathique" mais lassante sur la longueur malgré le chef et Gens.

J’ai écouté avec attention son cd de mélodies françaises "Nuit d’étoiles" (Fauré, Debussy, Poulenc) et mon impression est mitigée. Si, à mon avis, elle est très bien dans les Debussy, par contre, les Fauré et Poulenc sont moins réussis. J’aime beaucoup son très beau timbre de voix. Mais, dans les Fauré, le souffle est un peu court sur les fins de phrases et la diction n’est pas parfaite (il faut dire que chanter Fauré est épouvantablement difficile). L’interprétation manque d’expression. C’est un peu trop évanescent. Or pour chanter Fauré, il faut de l’"expressivité" à mon gout. Le piano est dans la même configuration et le duo donne une interprétation qui manque de relief. Je trouve également que les tempi sont un peu trop rapides. Les Debussy, quant à eux, passent super bien. Le "recitando" de ses mélodies lui sied très bien. Tout est à sa place est c’est très convaincant. On retombe, malheureusement, avec les Poulenc, dans les "travers" entendus dans les mélodies de Fauré. La prise de son est belle et la balance voix/piano est parfaite.

Je donne une cote de 3,5/5 à ce CD.

J’ai vu qu’elle avait enregistré un "Don Giovanni". Je vais l’écouter pour voir comme elle s’en sort dans l’opéra.

Je ne connaissais pas du tout cette chanteuse et je suis vraiment charmé par son aisance vocale et la beauté de son timbre.

Merci pour cet avis. Ce côté evanescent dans Fauré me convient parfaitement, notamment pour "Après un rêve". Poulenc m'emmerde, sauf "Les chemins de l'amour" qu'elle chante très bien, sans l'esprit de Felicity Lott néanmoins. Je suis d'accord pour les Debussy que j'apprécie beaucoup. Content que tu aimes le timbre. Tu peux fouiner dans les "Tragédiennes", les Mozart effectivement (j'ai entendu un peu sa Contessa et sa Fiordiligi avec Jacobs notamment, la deuxième est intéressante, très belle Donna Elvira cette saison dans la captation radio de l'ONP malgré un chef très décevant), écouter son dernier disque Berlioz-Ravel et sa première version des "Nuits d'été" pour sentir l'évolution.

Philippe VLB a écrit:

J’ai vu qu’elle avait enregistré un "Don Giovanni". Je vais l’écouter pour voir comme elle s’en sort dans l’opéra.

Et pas seulement ! En tout cas plusieurs Don Gio' (Jacobs, Malgoire mais aussi en dvd). C'est une des chanteuses qui a été beaucoup enregistrées sous différents labels (Erato, Archiv) ; souvent, dès le tout début de sa carrière dans le répertoire baroque (Rameau, Purcell, Lully, etc.). Depuis elle a été enregistrée plus largement (justement cet album de mélodies, deux albums Canteloube avec, entre autres, un sublime "Triptyque", ses fameuses "Tragédiennes", deux fois "Les Nuits d'été", "Shéhérazade") ; mais pas forcément au plus prêt de son répertoire (Eva des Maîtres chanteurs de Nuremberg, Mélisande).
C'est une de ces chanteuses "profondes" (certains diront/diraient : intellectuelles) dont on suit avec plaisir l'évolution, avec toutes les belles rousseurs que la voix a prise avec le temps. Elle est, aujourd'hui, dans son plus bel épanouissement...

bAlexb a écrit:

Philippe VLB a écrit:

J’ai vu qu’elle avait enregistré un "Don Giovanni". Je vais l’écouter pour voir comme elle s’en sort dans l’opéra.

Et pas seulement ! En tout cas plusieurs Don Gio' (Jacobs, Malgoire mais aussi en dvd). C'est une des chanteuses qui a été beaucoup enregistrées sous différents labels (Erato, Archiv) ; souvent, dès le tout début de sa carrière dans le répertoire baroque (Rameau, Purcell, Lully, etc.). Depuis elle a été enregistrée plus largement (justement cet album de mélodies, deux albums Canteloube avec, entre autres, un sublime "Triptyque", ses fameuses "Tragédiennes", deux fois "Les Nuits d'été", "Shéhérazade") ; mais pas forcément au plus prêt de son répertoire (Eva des Maîtres chanteurs de Nuremberg, Mélisande).
C'est une de ces chanteuses "profondes" (certains diront/diraient : intellectuelles) dont on suit avec plaisir l'évolution, avec toutes les belles rousseurs que la voix a prise avec le temps. Elle est, aujourd'hui, dans son plus bel épanouissement...

Je ne savais pas qu'elle avait fait Don Gio' avec Jacobs. Je ne connais pas sa Mélisande, n'étant pas client de cet opéra à cause du livret, ni son Eva, un Wagner long. En tout cas, je suis d'accord avec ce que tu dis sur le "plus bel épanouissement" et l'etoffement de sa voix si c'est ce que tu entends par "rousseurs" qui sert à caractériser son timbre.

aurele a écrit:

Je ne savais pas qu'elle avait fait Don Gio' avec Jacobs. Je ne connais pas sa Mélisande, n'étant pas client de cet opéra à cause du livret, ni son Eva, un Wagner long. En tout cas, je suis d'accord avec ce que tu dis sur le "plus bel épanouissement" et l'etoffement de sa voix si c'est ce que tu entends par "rousseurs" qui sert à caractériser son timbre.

C'est normal, elle ne l'a pas fait ! Je pensais Harding et j'ai écrit Jacobs à cause des deux autres opéras de la "trilogie" ! Ce qu'on peut écrire comme conneries !
Faut dire qu'après Fiordiligi, j'ai tellement rêvé de son Anna...