Citations

Non. Faut croire que l'écriture d'un quatuor est ardue!

La dernière citation vient d'une lettre écrite à Émile Zola, qui venait de publier "J'accuse!".

Si ça peut aider à situer le bonhomme...

Donc un dreyfusard, mais pas un progressiste. Je ne vois guère que Dukas et Magnard pour avoir ce profil.

Dernière citation, pas très polie:

La conduite de Colonne me dégoûte fort, et m'étonne un peu. Ce vieux Juif se croyant artiste, c'est un comble !

Benedictus a écrit:

Donc un dreyfusard, mais pas un progressiste. Je ne vois guère que Dukas et Magnard pour avoir ce profil.

Tu peux préciser ? Après la dernière citation sur Colonne, il ne devrait plus y avoir de doute !



EDIT:

Benedictus, tu as mis le doigt sur la bonne réponse, mais il faut faire un choix entre les deux noms que tu proposes. C'est pourquoi j'ai rajouté la citation sur Colonne, que je n'avais pas projeté d'inclure car elle n'est pas flatteuse pour la mémoire de notre bonhomme. Mais elle permet de départager sans l'ombre d'un doute entre les noms proposés.

Oui, Magnard, forcément.

Bravo !

Pour couronner le tout, une dernière citation qui révèle bien le caractère misanthrope du compositeur:

Oh, les malheureux que le hasard a gratifiés de génie et de pauvreté, oh les mufles que le hasard a gratifiés de cupidité et de richesse! (...) Mais dois-je encore vous entretenir de mon odieuse et charognarde personne? (...) Que la vie est stupide, que les hommes sont grotesques ! La mort est heureusement la grande pensée consolante et le saut dans le grand tout doit avoir du charme.

À part la missive à Zola, toutes ces citations proviennent de la correspondance du compositeur avec son ami Joseph-Guy Ropartz. Le tout provient d'un excellent article signé Harry Halbreich.

André a écrit:

Non. Faut croire que l'écriture d'un quatuor est ardue!

… et que le sien est raté.

Tu parles de celui de Fauré ou de Magnard ? Il faudrait que je les réécoute tous les deux. Pour être franc, je n'ai aucun souvenir ni de l'un ni de l'autre. Ils sont là, sur une étagère à attendre bien sagement...

Je ne connais pas celui de Magnard, mais celui de Fauré est un chef d'oeuvre.

Sans doute Magnard, donc. Pourtant Harry Halbreich le porte aux nues. Je vais mettre ça dans mon écoute de la semaine (sur Accord, premier enregistrement mondial fait en 1986 (!!), joué par le quatuor Artis de Vienne).

Voilà, c'est dans la pile !

Celui de Fauré n'est pas forcément ce que j'aime le plus chez lui, mais il est court est dense, vraiment rien à redire.

Magnard est sans doute remarquablement écrit, mais à l'écoute, tout ce qu'on perçoit est l'absence absolue de thèmes mélodiques, l'homogénéité des climats, lalongueur et le caractère assez impénétrable de la forme. Sans doute que c'est exaltant avec la partition (et la culture) sur les genoux, mais même en l'ayant écouté un assez grand nombre de fois (et jusqu'en concert), ça me paraît d'une sophistication inutile, faute de la moindre séduction en échange.
Je veux bien qu'on prenne la musique pour un truc sérieux, mais même Wagner ménage toujours de petites ariettes çà et là…

Oui, je parlais bien de Magnard :

André a écrit:

Sans doute Magnard, donc. Pourtant Harry Halbreich le porte aux nues. Je vais mettre ça dans mon écoute de la semaine (sur Accord, premier enregistrement mondial fait en 1986 (!!), joué par le quatuor Artis de Vienne).

Voilà, c'est dans la pile !

Celui qui chante, prie deux fois.
Saint-Augustin


J’aime vraiment quand un rayon de soleil saute sur le piano, comme pour jouer avec des sons, qui ne sont rien de plus que la lumière résonnante .
Robert Schumann, 1833

Cornélius Cardew

Journal de 1967:
Je compose des systèmes. Les sons et les sons potentiels sont autour de nous tout le temps - ils sont partout. Ce que vous pouvez faire est d’insérer votre construction logique dans cette masse bouillonnante - un système qui permet à une partie de celui-ci de devenir audible. C’est pourquoi c’est une expérience orgiaque d’improviser - au lieu de composer un système pour projeter dans tout ce potentiel chaotique, vous vous mettez simplement là-dedans (vous aussi êtes un système de toutes sortes après tout) et voir quelle action cet acte suicidaire précipite.

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Depuis la guerre, la musique folklorique s’est dissipée et internationalisée (du moins en Europe et en Amérique) au point qu’on peut difficilement l’appeler musique folklorique. Ce destin peut être comparé à l’universalisme pseudo-scientifique héroïque de la musique sérielle au début des années 50; à cette époque, vous étiez très susceptible d’entendre des compositions en série d’un Bulgare, d’un Japonais ou d’un Sud-Africain sur le même programme et d’être pratiquement incapable de faire la différence entre elles. À cette époque, la musique sérielle n’était pas disponible sur disque, de sorte que nous pouvons attribuer l’effet à l’omniprésence de l’idée. Cependant, la mort dans le vide n’est pas une pensée heureuse et autour de 1960 beaucoup de compositeurs réputés battaient une retraite précipitée, prenant avec eux autant de l’idée originale qu’ils ont pu porter. Nono est entré dans la musique politique. Stockhausen dans la grande tradition lyrique. Boulez dans l’impressionnisme et une carrière glorieuse en tant que chef d’orchestre.

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D’Amérique, Christophe Colomb nous ramena syphillis, ou mort par le sexe; il n’y a aucune raison pour que le compliment ne soit pas retourné avec moi-même comme le véhicule humble, sous la forme du sérialisme total - de la Mort par la musique. Dans le cas du sérialisme, le mal a déjà été fait, Schoenberg est porteur de cette culpabilité intolérable.