Ecoute de
Germania, dans la version qui existe en DVD :
Un Ovni, mélange de Wagner et de Puccini vériste, ça se passe en Alllemagne en 1806, dans laquelle de jeunes idéalistes tiennent un journal politique progressiste, et reçoivent minute après minute les nouvelles de l'effondrement de ce qui devrait constituer l'Allemagne dont ils rèvent et de l'abdication des politiques médiocres et sans vision face aux armées de Napoléon et à la police politique de l'Empire. La révolte. La volonté. Le courage. La libre-pensée. Ah, oui, aussi, il y a une histoire d'amour dedans, avec les arrestations politiques et tout. Et une bataille désespérée à la fin.
Je crois que c'est le livret le plus soporifique de l'histoire de l'Opéra. Le sujet pourrait paraître intéressant, il est prétexte à du chant grisâtre vaguement vériste entre personnage ennuyeux, avec des airs wagnériens. Il y en a plein qu'on ne comprend pas qui ils sont quand on comprend, on s'aperçoit que ce n'était pas bien grave de ne pas avoir compris. Pourtant, il semble que cela ait eu un certain succès après sa création en 1902. Caruso a brillé dedans, paraît-il. Enfin, il y a des moments croquignolets, avec l'espèce de Reine de la Nuit qui vient pousser la chansonnette patriotique (et la choriste qui ne parvient pas à se retenir de se marrer dans le grand choeur de la résistance à l'oppresseur, le sabre sur la poitrine). Un ajout de la mise en scène (ou dans le livret ?), une walkyrie se promène sur le champs de bataille ou sont tombés les héros de la liberté allemande.
Ah. Et puis, le héros, quand il meurt, il se lance dans une grande tirade d'espoir politique incroyablement rasoir et lénifiante. C'est atroce les facultés intellectuelles qui déclinent comme ça, au moment ultime. Le cerveau qui n'est plus irrigué, probablement.
La musique elle-même est belle, bien orchestrée, raisonnablement décadente mais quand même très très sage. Franchetti refusait l'évolution de la musique vers la cacophonie, comme il disait, c'est une sorte de manifeste du conservatisme. mais avec la volonté de faire quelque chose de nouveau. Une quadrature du cercle pas évidente à réussir et qui ne m'a pas parue particulièrement réussie.
Mise en scène un peu statique de Kirsten Harms au Deutsche-Oper Berlin, avec tout de même une bonne direction d'acteurs. Très bon plateau vocal, impliqué, Ante Jerkunica, Carlo Ventre, Bruno Caproni, Marku Brück, Lise Lindstrom, Sarah van der Kemp, Arutjun Kotchinian, Harold Wilson.
Peut-être que ces interrogations sur la naissance de l'idée allemande, la démocratie, la liberté de la presse etc... avaient un écho dans l'Europe du début XXème ?