Harnoncourt

Adalbéron a écrit:

mais celle-ci me semble plus monstrueuse (ces grandes voix étranges dans l'esthétique Harnoncourt...), donc plus captivante a priori.

(Et l'anglais de DFD ajoute encore à l'étrangeté un peu hallucinée de la chose.)
Oui, c'est tout à fait ça: Saul par de «vrais» chanteurs baroqueux et un orchestre plus hédoniste, ça ne décolle pas vraiment, ça reste un oratorio XVIIIᵉ assez standard. Alors que là...

Au moins 2 CD sont très avantageux à l'heure actuelle:


1


Le CD des trois dernières symphonies de Mozart est hors de prix.
Celui de Beethoven: abordable. On a un extrait en ligne, l'Allegro final de la Cinquième.

/watch?v=3jO4e6tfapQ

Ravélavélo a écrit:

Spoiler:

Euh... avantageux... comment dire...

Ravélavélo a écrit:

Le CD des trois dernières symphonies de Mozart est hors de prix.

Je viens de le voir à moins de 10 euros sur un célèbre site de vente en ligne.

Possible, oui, mais les prix et les promotions sont différents sur le site canadien.

Je viens de retrouver un Mozart en long-jeu que je vais écouter avec grande attention: les Quatre concertos pour cor avec Hermann Baumann.  
Le genre d'oeuvre qui s'écoute à merveille sur instruments d'époque.

Quelqu'un peut m'expliquer pourquoi, alors que j'ai peu d'appétence pour la période classique et pour Haydn, et alors que j'ai plein de chose en retard à décortiquer, je me retrouve à écouter les symphonies de Haydn par Harnoncourt ?

Satané Benedictus.

Je signale que les symphonies avec le Concentus citées par Benedictus se trouvent d'ailleurs réunies dans un coffret, difficile à dénicher cependant.

Spoiler:

Je reste un peu sur mes premières impressions générales sur la musique de Haydn (j'ai du mal à dépasser l'aspect poudré et galant) mais l'éclat de l'ensemble et les sonorités emportent rapidement l'adhésion.
C'est clairement parmi les plus beaux enregistrements que j'ai écoutés, du détail mais sans rogner sur le souffle de l'ensemble, des attaques franches et claquantes mais sans non plus se laisser aller à trop de sécheresse (là où Harnoncourt est parfois trop radical pour moi dans Beethov), des tutti colorés où chaque pupitre reste bien présent.

Plus on avance dans les symphonies, plus le son est généreux pour embrasser les approfondissements de style de Haydn. Même les nombreuses répétitions ne choquent pas tant l'orchestre arrive à miroiter différemment dans chaque répétition. Grand vraiment.

Prosopopus a écrit:

Satané Benedictus.

Prosopopus a écrit:

Je reste un peu sur mes premières impressions générales sur la musique de Haydn (j'ai du mal à dépasser l'aspect poudré et galant) mais l'éclat de l'ensemble et les sonorités emportent rapidement l'adhésion.
C'est clairement parmi les plus beaux enregistrements que j'ai écoutés, du détail mais sans rogner sur le souffle de l'ensemble, des attaques franches et claquantes mais sans non plus se laisser aller à trop de sécheresse (là où Harnoncourt est parfois trop radical pour moi dans Beethov), des tutti colorés où chaque pupitre reste bien présent.

Plus on avance dans les symphonies, plus le son est généreux pour embrasser les approfondissements de style de Haydn. Même les nombreuses répétitions ne choquent pas tant l'orchestre arrive à miroiter différemment dans chaque répétition. Grand vraiment.

Pour moi, c'est tout bonnement le plus extraordinaire ensemble de gravures de musique orchestrale XVIIIᵉ jamais réalisé (ex æquo avec les Suites de Rameau par Brüggen.)

Et tu n'as pas écouté le cycle des Parisiennes? C'est peut-être encore plus fouillé, abouti et exaltant (celles qui sont réunies dans le coffret que tu montres datent de la fin des années 80 et du début des années 90, si je me souviens bien, alors que les Parisiennes datent de 2001-2002.)

Ah non pas encore écoutées pour l'instant j'ai fait les 6-9, 53, 59, 60 et 69.
Je vais attendre un peu pour les parisiennes, tout du moins pour la 89 parce qu'elle est en complément de programme du concert Ravel (le concerto par Fazil Say, hum...) au TCE de ce jeudi où je vais et j'ai bien peur que la prestation pâtisse d'une écoute prolongée des versions d'Harnoncourt. Mais oui je vais aussi écouter ça (je pense écouter tout ce que tu as conseillé de toutes façons)

HI hi j'ai acheté aussi les suites de Rameau par Bruggen par ta faute. Pour l'instant je suis plus mitigé mais parce que la musique me parle vraiment peu. Etrangement vu que c'est un style me plaisant normalement plus que la période d'Haydn.

La musique de Haydn m'a toujours plu, il y a une évidence mélodique, c'est toujours plaisant et contrasté, mais rapidement je m'ennuie alors que là, l'interprétation apporte tellement de nuances et de couleurs que je passe complètement au dessus de ses considérations et j'oublie au fur et à mesure la fausse idée que j'avais de ces symphonies.

(qui ont bercé mon enfance vu que c'est un des compositeurs préférés de mon père)
(mais qui écoutait ça dans les versions de Christie ou de Pinnock)
(le fou)
(je sens que des non-dits et des ressentiments vont être mis à nu lors des prochains repas familiaux)
(comme dans un film de Desplechin)
( Jamais tu ne m'as fait écouter Haydn comme ça, jamais !
Je te faisais écouter les meilleurs interprètes !
Oh non, la vérité c'est que tu ne m'as jamais aimé)
(tout ça à cause de Benedictus)

J'ai un gros gros faible pour le début de la Hornsignal, avec des cors naturels

Prosopopus a écrit:

Je reste un peu sur mes premières impressions générales sur la musique de Haydn (j'ai du mal à dépasser l'aspect poudré et galant)

Astuce : pour apprécier Haydn à sa juste valeur, il faut vraiment s'intéresser à la forme. Ce sont les jeux de forme qui le rendent intéressant. Si on écoute plutôt les mélodies, les timbres, l'harmonie, on en a vite fait le tour.

Benedictus a écrit:

Pour moi, c'est tout bonnement le plus extraordinaire ensemble de gravures de musique orchestrale XVIIIᵉ jamais réalisé (ex æquo avec les Suites de Rameau par Brüggen.)

Ah, je trouve Fey et Norrington plus aboutis, pour en rester à Haydn. Moins dans le timbre et le drame, davantage dans la structure même, et ça fait une différence considérable sur l'intérêt des œuvres.

(Bien sûr, ces gravures sont excellentissimes, hein, mais quitte à distribuer des palmes absolues, ce ne serait pas Harnoncourt qui les aurait.)

Citation :

( Jamais tu ne m'as fait écouter Haydn comme ça, jamais !
Je te faisais écouter les meilleurs interprètes !
Oh non, la vérité c'est que tu ne m'as jamais aimé)

J'ai beaucoup de mal à parler de Harnoncourt, parce que dans mon panthéon intérieur, il se trouve dans cette sphère où les mots ne suffisent plus tout à fait. Il a quand même eu la fâcheuse manie de transformer notre manière d'entendre et de déranger de façon irrémédiable notre perception des œuvres. Comme tous les pionniers, bien sûr, il n'a pas systématiquement été le meilleur exécutant de ses propres idées. Mais enfin, voilà quand même un esprit proprement génial qui a su toujours être transgressif sans jamais être dogmatique ou ridicule, ce qui en fait déjà une sorte de cas unique. C'était un inactuel, et c'est ce qui lui a fait comprendre la musique autrement.

Pour moi, il est prioritairement ce formidable interprète de Mozart et de Haydn. Ses symphonies de Mozart avec le Concertgebouw, ses deux gravures du Requiem, les symphonies et les oratorios (DHM) de Haydn... Des expériences inoubliables. Le fait de n'avoir pas pu l'entendre en concert restera toujours un regret pour moi.

DavidLeMarrec a écrit:

Ah, je trouve Fey et Norrington plus aboutis, pour en rester à Haydn.

Je ne connais pas Fey, mais Norrington, même si c'est effectivement très équilibré, ce n'est tout de même pas ce qu'il y a de plus exaltant. Mais peut-être ne me suis-je pas assez confronté à l'aspect structurel de la forme symphonique que tu évoques. Y a-t-il un ouvrage que tu conseillerais à ce propos ?

J'ai tenté ici un petit comparatif Fey / Norrington / Harnoncourt dans la Symphonie «La Poule.»

Ravélavélo a écrit:

Robert Schumann
* Symphonies nos. 3 ' Rhénane' & 4
Orchestre de Chambre d'Europe
Nikolaus Harnoncourt
1 CD Teldec, 1994

Belle occasion de m'initier à ces deux symphonies de Schumann.
Interprétation qui me semble tout à fait classique, rien de trop radical.

A signaler qu'en ce moment le coffret Sony (qui a l'air magnifique) est "bradé" (49 euros) :

https://www.jpc.de/jpcng/classic/detail/-/art/harnoncourt-the-complet/hnum/3554438

J'aurai bien craqué parce que je suis faible mais j'ai déjà tellement de trucs à écouter...

Finalement, après écoutes en ligne de certains enregistrements du coffret, j'ai craqué

Je n'ai encore rien écouté mais l'objet en lui-même est magnifique : une grosse boîte cartonnée format 33 tours bien épaisse avec les 61 CDs et 3 DVD en digipacks reprenant et réharmonisant en partie les pochettes (sans envoyer aux oubliettes les labels d'origine, chose rare), tout ça accompagné d'un très beau livre illustré de photos et détaillant le contenu de chaque disque. En prime on a droit à une petite hagiographie fort sympathique du bonhomme en introduction et surtout aux notes et interviews (trilingues : allemand / anglais / français) passionnantes de chacune des notices qui accompagnaient les disques d'origine.

Un must du genre pour les discophiles de mon espèce