Autour de la musique classique

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 Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945)

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MessageSujet: Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945)   Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) EmptyJeu 13 Aoû 2009 - 20:56

Célébré de son temps, oublié aujourd'hui, Reznicek est de ces talents solitaires mais rieurs dont le premier XXè siècle a regorgé et qui n'ont plus cours dans notre époque actuelle: plein d'humour, de verve, d'esprit et imbu de culture musicale et de références diverses, il fut aussi un homme maltraité par la vie (il perd sa fille, sa femme, presque sa deuxième femme, les nazis lui font perdre tout crédit, une bombe incendiaire entre dans sa chambre à Berlin début 1945, le brûle au troisième degré ainsi qu'une bonne partie de ses partitions), un homme dont l'autobiographie n'a pas la place la moindre dans sa musique.

Reznicek, ayant grandi et appris la musique dans un milieu éminemment germanique, trouve rapidement son héros: il sera toute sa vie fasciné, obsédé par son collègue Richard Strauss, avec qui il entretient des rapports ambigus (il dirige souvent ses oeuvres, mais ils ne s'apprécient pas beaucoup en privé), qu'il envie, jalouse, adule et déteste, jusqu'à écrire plusieurs pastiches qui lui sont clairement destinés: Schlemihl et Der Sieger sont deux parodies, elles-mêmes diamétralement opposées, de Ein Heldenleben! Reznicek est aussi influencé par Strauss dans son langage même, il lui emprunte de nombreux tics, des tournures mélodiques, parfois des citations textuelles, et surtout un sens de l'orchestre et du symphonisme exceptionnellement affiné. Reznicek écrit donc de la musique lyrique, généreuse, mais qui ne se prend pas du tout au sérieux et doit toujours être entendue comme un jeu, un système de renvois et de références, un bouillon de culture post-romantique hilarant et foncièrement burlesque, ce qui n'exclut pas la sincérité et souvent un certain pessimisme.

Sa seule oeuvre est à être très partiellement passée à la postérité est l'ouverture de son opérette Donna Diana, dont le thème fut utilisé comme l'indicateur d'un jeu télévisé allemand sur la musique ("reconnaissez-vous la mélodie?") dans les années 1970. Pour le reste, poèmes symphoniques, symphonies, musique de chambre, tout est passé à la trappe. Un peu de publicité s'impose!
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joachim
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MessageSujet: Re: Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945)   Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) EmptySam 15 Aoû 2009 - 18:34

Je n'ai écouté que l'ouverture de Donna Diana, à la radio. Je n'y trouve rien d'extraordinaire, il faudrait au moins écouter une symphonie pour se faire une idée du compositeur.
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Mehdi Okr
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MessageSujet: Re: Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945)   Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) EmptyDim 16 Aoû 2009 - 8:28

Tu peux en écouter une sur Musicme.
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franchom
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MessageSujet: Re: Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945)   Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) EmptyDim 16 Aoû 2009 - 9:19

machinade a écrit:
Tu peux en écouter une sur Musicme.

La 2 et la 5 CPO

et sur ce lien quelques extraits d' oeuvres diverses
http://www.vonreznicek.de/index.php?article_id=34

Schemihl est remarquable en effet très proche de Richard Strauss

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Rubato
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MessageSujet: Re: Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945)   Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) EmptyDim 16 Aoû 2009 - 12:11

.


Dernière édition par Rubato le Mar 18 Aoû 2009 - 8:07, édité 1 fois
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joachim
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MessageSujet: Re: Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945)   Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) EmptyDim 16 Aoû 2009 - 12:19

En effet,on trouve les symphonies 2 et 5 sur musicme. Merci pour le tuyau mains

J'écoute en ce moment la symphonie n° 2, c'est du post romantisme, alors que je m'attendais à plus de modernisme (il est mort en 1945). En tout cas, j'aime bien..
Curieux, le début du premier mouvement rappelle la Marseillaise !
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franchom
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MessageSujet: Re: Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945)   Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) EmptyDim 16 Aoû 2009 - 12:27

En effet j'ai été assez surpris. La 5 est très différente


Dernière édition par franchom le Lun 17 Aoû 2009 - 16:19, édité 1 fois
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joachim
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MessageSujet: Re: Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945)   Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) EmptyDim 16 Aoû 2009 - 13:08

franchom a écrit:
En effet j'ai été assez surpris. La 5 est tres différente

En effet, trop décousue, c'est plutôt une sorte de suite de danses (d'où son titre de Tanz-Symphonie), danses qui ne sont pas extraordinaires.

Je préfère de beaucoup la 2ème symphonie !

Pour info, voici un copié-collé d'une courte biographie que j'avais faite sur un autre forum :

Emil Nikolaus von Reznicek est un compositeur et chef d'orchestre autrichien né à Vienne le 4 mai 1860 et mort à Berlin le 2 août 1945.

Il étudie parallèlement le droit et la musique à Graz. Ayant choisi une carrière musicale, il part en 1884 au Conservatoire de Leizig étudier avec Carl Reinecke et Jadassohn, puis est nommé directeur d'opéras dans plusieurs villes d'Allemagne et d'Autriche, avant de devenir Kapellmeister au théâtre de la Cour de Mannheim de 1896 à 1899. Il s'installe à Berlin en 1902, d'abord comme organisateur "d'Orchester-Kammerkonzerte" puis comme professeur de Conservatoire. Après un passage à Varsovie de 1906 à 1909 comme directeur de l'opéra, il retourne à Berlin prendre la direction de l'orchestre de l'opéra comique. De 1920 à 1926, il enseigne à la Hochschule für Musik de Berlin.

Presque oublié de nos jours, son style est assez proche de Richard Strauss. Seule l'ouverture de son opéra Donna Diana est encore interprétée quelquefois.

Son oeuvre comporte 14 opéras, dont, outre Donna Diana, Till Eulenspiegel, Emmerich Fortunat, Ritter Blaubart.
5 symphonies, plusieurs poèmes symphoniques, Sérénade, Concerto pour violon, Ouverture Raskolnikov, de la musique de chambre (dont 3 quatuors à cordes), pièces pour piano....
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MessageSujet: Re: Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945)   Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) EmptyDim 16 Aoû 2009 - 19:12

Concernant les symphonies, c'est en effet plutôt d'un romantisme plutôt tiédasse, mais mon interprétation est opaque. Ce n'est pas tout à fait la même chose pour Donna Diana, qui est plus à rapprocher des pionniers de son temps, même si ça reste un suiveur.
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MessageSujet: Re: Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945)   Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) EmptyJeu 10 Déc 2009 - 21:49

Puisqu'il existe maintenant un sujet "Reznicek", je recolle ici ce commentaire que j'avais fait sur un autre fil.
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Ma première impression, après l'écoute de Ritter Blaubart est excellente. 2 heures d'opéra, et l'on ne s'ennuie pas une seconde. Le sujet est connu, Barbe Bleue. Conte horrifique dont la musique de Reznicek fait ressortir tous les contrastes.

EDIT:aprés plusieurs écoutes.

Une musique très expressive, qui sait se faire inquiétante/effrayante (ce château obscur) dramatique, émouvante, intime (Judith seule avec son luth) tragi-comique (l'épisode avec les deux détrousseurs de cadavres, une sorte d'intermède dans l'opéra, particulièrement réussi, dans lequel la musique ne manque pas d'humour) et un beau finale (Barbe bleue périssant dans les flammes de son château) post-wagnérien.

Un très bel opéra, que je conseille vivement.

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Rundfunk-Sinfonieorchester Berlin: Michail Jurowski
D. Pittman-Jennings – A.Kotchinian – R. Wörle – C. Lindsley – A. Fernandez
V. Sawaley – C. Sabrowski – J. Schmidt – P. Maus
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MessageSujet: Re: Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945)   Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) EmptyMar 30 Juin 2020 - 1:29

E.N. von Reznicek, une vie de zéro ?

Connu en Allemagne et parfois ailleurs pour l’ouverture de Donna Diana, cet attachant compositeur est redécouvert depuis le début des années 2000 grâce à l’infatigable CPO. Outre les ressources discographiques principalement concentrées chez ce label, le lecteur curieux pourra se référer au site https://mwmusikverlag.wordpress.com/category/e-n-von-reznicek/ par le musicologue Michael Whittman, en charge de la publication des œuvres posthumes d’E.N.

J’ai pour cette présentation parcouru toutes les notices de disque en ma possession, le site sus-cité, et Wikipedia pour la bonne bouche. Les sources sont souvent le journal intime d’E.N. lui-même et la biographie rédigée par sa fille Felicitas, Gegen den Strom.



Un peu d’histoire…

Né en 1860 à Vienne. La famille déménage à Graz, études de droit pour faire plaisir à Papa, conservatoire de Leipzig sous la tutelle de Jadassohn et Reinecke. Professorat, direction d’orchestre dans divers pays d’Europe (Zurich, Mayence, Berlin, Prague), le succès foudroyant de Donna Diana en 1894, composition dont il vit. Ses sympathies plutôt à gauche, son intérêt pour les musiques (de) “dégénérés” – de Dukas au jazz – et sa seconde épouse pas au goût des autorités razistes font que sa fin de carrière est assez triste : mise au placard musical, AVC, démence et mort du typhus en 1945.

Sa vie est émaillée de multiples épisodes tragi-comiques : perte de son poste après un esclandre au concert et un duel (il frappa de son sabre un soldat tchèque aviné qui importunait son épouse) ; perte de sa première femme Milka d’une tumeur cérébrale et de deux de leurs trois enfants ; départ de Mannheim où sa réputation est traînée dans la boue car Berta Juillerat-Chasseur, sa future épouse, vit seule mais n’est pas célibataire, et même une fois en règle aux yeux de la loi, cela ne se fait pas de convoler avec une divorcée, fut-elle la belle-sœur de Felix Weingartner ; grave maladie de cette dernière en 1911, ce qui l’accule pratiquement au suicide. Plus tard, les origines juives de Berta invitent à des pressions politiques. Leur fille Felicitas rejoint la résistance et aide le M.I.6 tandis que son plus jeune fils, Emil-Ludwig, rejoint le Parti Nazi et la S.S.



Style

E.N., comme il s’appelle lui-même en développant toute une mystique autour de son monogramme, est une sorte de caméléon musical, fervent partisan de la citation et du pastiche, empilant des éléments a priori disparates dans des œuvres d’une grande séduction. Mendelssohn, Beethoven, Mahler, Strauss (Richard ou la famille de valseurs), Wagner, le jazz, dans ces contextes parfois “sacrilèges”, son humour est ravageur. Son style n’est pas simplement épigonal, ou se contentant de brasser les références, il possède une patte reconnaissable (mahléro-straussienne), et des tics, comme cette virgule bondissante et un peu folle aux vents que j’ai l’impression d’entendre dans toutes ses œuvres, des figures héroïques à l’orchestre qui innervent Ritter Blaubart en particulier (cf. eine seltsame Gesellschaft) ou les figures de l’inquiétude et de l’adversité (Interludium de Ritter Blaubart et l’orgie de Schemihl).

On parle de polystylisme à son égard, même si le terme aura une valeur très différente de ce qu’il représente par exemple pour Schnittke. Également, il ne fait pas que reprendre des formules dans l’air du temps, comme cela semble le cas dans la formidable symphonie en fa mineur de Georg Schumann. Il croque, il cite, il parodie, tout en créant des œuvres personnelles.



Que peut-on écouter d’E.N. ?

S’il a composé pour tous les genres, seule une petite partie du catalogue peut être entendue aujourd’hui. Le Lied, les œuvres chorales, le piano et l’orgue sont les parents pauvres (il n’existe rien ou si peu). Le gros du catalogue et de la parution discographique se concentrent sur le legs symphonique. Serait-ce la faute à un événement rocambolesque de plus dans la vie d’E.N. ? Une bombe incendiaire atterrit en effet dans son appartement à Berlin, qu’il eut la présence d’esprit (?) de jeter par la fenêtre, non sans que nombre de partitions ne soient la proie des flammes.


Dernière édition par Mefistofele le Mar 30 Juin 2020 - 14:38, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945)   Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) EmptyMar 30 Juin 2020 - 1:29

Opéras

4 opéras sur la grosse vingtaine qu’il a composée, et Holofernes a été remonté il y a quelques années, des extraits sont visibles là où vous savez.

Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) Benzin10
Benzin relit le mythe de Circé dans un contexte moderne : un dirigeable s’écrase sur une île mystérieuse où sévit l’hypnotiseuse Gladys, qui « change » ses victimes en animaux, – ainsi Plumcake en perroquet – mais le courageux pilote Ulysses Eisenhart lui résiste (l’histoire complète est encore plus invraisemblable, car inclut un milliardaire, du pétrole, une course…). Véritable pot-pourri qui brasse genres et conventions (tango, fox-trot, opéra, opérette), les mélodies sont hélas bien courtes et le mélange ne prend jamais vraiment.


Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) Donna10
Donna Diana, célèbre pour son ouverture, est un délicieux opéra comique adapté d’El desdén con el desdén d’Agustín Moreto y Cavana. Le titre original dit tout : l’amour triomphe lorsque le dédain de Donna Diana est mâté par celui que lui inflige à contrecœur son silencieux prétendant, Don Cesar. Un seul enregistrement de cette version alternative de La Mégère Apprivoisée. Pas idéal (c’est un live, par un petit orchestre, avec le son qui plafonne vraiment dans le finale et des chanteurs au moins vaillants et pas toujours parfaits), mais c’est le prix à payer pour découvrir ce bijou de fantaisie. Des espagnolades, des fanfares, un tournoi, un bal masqué, une scène nocturne au jardin : vous retrouverez tous les poncifs du genre, et avec le sourire en prime ! Et comme toujours, de superbes interludes orchestraux.


Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) Ritter10
Ritter Blaubart, enfin, reprend le canevas ultra-célèbre du serial-lover barbu. L’originalité scénaristique tient au fait que, après le mariage / clé / porte / « bienvenue dans la collection », Landru séduit Agnès, la sœur de Judith, aux funérailles. Cette dernière se voit conseiller par le serviteur de mettre le feu au château pour ne pas avoir à découvrir la chambre funeste. Le monstre de service, dépeint de manière moderne comme un criminel sexuel, décide alors de confesser ses manies, et Agnès ne pouvant supporter l’énormité de telles horreurs, se jette dans les flammes. Rideau. On imagine aisément que, sur ce canevas, la musique soit ultra-dramatique. Et bonne nouvelle, elle l’est ! Ces dames chantent peu, c’est surtout notre anti-héros éponyme et son serviteur aveugle qui occupent la scène, avec l’orchestre. Car si Benzin n’offrait qu’une portion congrue à la musique, c’est presque l’excès inverse ici, un poème symphonique avec voix. Et quel orchestre ! Les intermèdes sont à tomber et d’une durée appréciable (6 à 9 minutes), pour peu que l’on soit sensible au germanisme enrichi. Même les moments vocaux bénéficient de jolies trouvailles (le cliquetis des armes de Komm’, Hinz!).

Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) Angst10
Die Angst vor der Ehe : opérette. Pas écouté.


Dernière édition par Mefistofele le Mer 1 Juil 2020 - 1:12, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945)   Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) EmptyMar 30 Juin 2020 - 1:29

Musique de chambre et piano

3 danses pour le piano (sur les 4 qui composent la symphonie No. 5) et le quatuor à cordes No. 3* par le Franz Schubert Quartet sont disponibles. J’aime vraiment beaucoup même si ce n’est pas essentiel (ah, l’Allegretto et la phrase sévère du Moderato !). CPO publie ume quasi-intégrale des quatuors par les Minguet d’ici quelques jours. Restez à l’écoute !

*Noté No. 1 sur le disque, il s'agit d'une erreur.

Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) Quarte10


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MessageSujet: Re: Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945)   Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) EmptyMar 30 Juin 2020 - 1:29

Les poèmes orchestraux

Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) Schle10

Schlemihl
Voilà certainement E.N. à son meilleur. Hautement autobiographique, cette offrande musicale fut écrite lorsque la vie de Berta était en péril, espérant que les forces supérieures lui accordent un retour de santé en échange de cette peinture de vie. Outre l’argument que j’ai déjà évoqué ailleurs et qui n’est pas dénué de sel,* on entend musicalement défiler Wagner (Les Maîtres-Chanteurs), Strauss (Don Quichotte), Stravinsky (Petrouchka), Shostakovich (8e et 15e), Liszt (Faust-Symphonie), Beethoven (Pastorale), Mahler (le finale avec texte chanté), qu’il s’agisse d’authentiques citations ou d’impressions, eu égard à certaines impossibilités géographiques et historiques...

*Pour rappel : un homme, présenté de façon plutôt héroïque, se fait piéger par les vices et se retrouve dans une orgie, avec, je cite "une grosse sorcière nue au ventre et à la poitrine qui pendent [...] à califourchon sur une truie" au son de Ach, du lieber Augustin au trombone (la finesse et la légèreté sont des qualités indispensables en musique), un flûtiste fou, un théâtre de marionnettes, un nain bossu et des personnages à la Beardsley.
Il sera sauvé par l'apparition d'une femme, rencontre qui débouchera sur l'arrivée d'un enfant. Naissance difficile (marche funèbre avant), dénouement tragique.
Combats, moqueries et souffrances laisseront place à une apothéose mystique guidée par l'Éternel Féminin, où le Wandrers Nachtlied de Goethe est cité. FIN.

Le nom du poème, plutôt qu’à l’homme sans ombre de Chamisso, renvoie au perdant, et ses divers épisodes (le héros, l’Éternel Féminin, la naissance de l’Enfant, les vices) rappellent clairement Richard Strauss en négatif (Kein Heldenleben et sa suite, la très insuffisante Sinfonia Domestica), et en creux la vie d’E.N. lui-même (cf. la mort figurée de l’aimée qui offre la rédemption).



Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) Sieg10
Der Sieger
Second poème majeur, celui-ci traite du rapport de l’art et du commerce, et la gestion du succès. Malgré les dénégations de Felicitas, difficile de ne pas y voir la mise en scène de la vie « privée » et du rapport à l’argent de Strauss. En effet, un nain au nom de Richard, obsédé par l’or pur, pareil à celui du Rhin, gravit les échelons, puis meurt sans transfiguration.

Premier mouvement qui pastiche la vie de famille, deuxième mouvement en danse autour du veau tour à tour folle et rieuse, déformant le Dies irae à l’envi. Enfin, dans le troisième, mort tour à tour implacable et sardonique. La consolation amère arrive in-extremis, chantée par l’alto et le chœur :

Citation :
Si des biens terrestres t’ont échappé,
N’en sois pas triste, ce n’est rien ;
Et si tu as gagné des biens terrestres,
Ne t’en réjouis pas, ce n’est rien.
Les peines et les joies passent,
Passe à côté du monde, ce n’est rien.

Musicalement, Mahler, Bruckner, Strauss et E.N. lui-même, mais aussi des Anglais : version empesée et sardonique du Mercury de Holst ou criailleries cuivrées pompeuses très elgariennes dans le I, effets de masse et emballement à l’Apprenti Sorcier de Dukas dans le II (j’entends autre chose, mais je n’arrive pas à mettre le doigt dessus, cf. le crescendo à 8:00) !



Frieden – eine Vision
La conclusion de sa trilogie de poèmes était perdue dans les flammes, croyait-on. Une copie a été trouvée aux États-Unis il y a environ trois ans, et peut laisser espérer un enregistrement, pourvu que les moyens soient réunis… Bois et cuivres par 4, orgue, percussions en pagaille, et un chœur, a priori 130 musiciens et 80 chanteurs, pour une durée de 25 minutes : E.N. ne lésinait pas sur les moyens. Inspirée par un cauchemar en décembre 1913 autour de la boucherie des champs de bataille, son message pacifiste (et ses exigences gargantuesques) n’ont pas rendu l’œuvre très populaire une fois achevée courant 1914, ou dans les années qui ont suivi, climat politique oblige.


Dernière édition par Mefistofele le Mar 30 Juin 2020 - 2:01, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945)   Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) EmptyMar 30 Juin 2020 - 1:30

Les variations

Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) Varia10

Thema und Variationen nach dem Gedicht Tragische Geschichte von Adalbert von Chamisso
Suite de variations inspirées de Chamisso, qui devaient se conclure comme Schlemihl et Der Sieger par une citation textuelle, finalement abandonnée mais qui irrigue la partition (un personnage natté qui tourbillonne en espérant changer sans jamais y arriver). En effet, le thème reste globalement reconnaissable, et multiplie les clins d’œils. À E.N. lui-même (Ritter Blaubart), mais aussi à Richard Strauss. Le concept même de variations symphoniques et la subdivision du thème principal en deux fois quatre mesures sont la réponse empreinte d’ironie d’E.N. à un cinglant conseil de son cadet, lorsqu’on le pria de jouer la Traumspielouvertüre dans l’un de ses concerts :

Citation :
Ne m'en veuillez pas : mais ces petites esquisses n'ont vraiment pas leur place au milieu des grandes symphonies […]. Ce que l'on donne en concert doit posséder des formes homogènes, ne serait-ce qu'un tout petit menuet. L’auditeur doit pouvoir saisir quelque chose de concret - ou bien serais-je déjà un vieux philistin ? Je m'en tiendrai donc à l'ouverture de Donna Diana. Dommage que vous n'ayez plus rien écrit d'aussi joli et piquant. Vous devenez horriblement moderne. […] Écrivez donc une douzaine de petits laendler de huit mesures à la Schubert, comme en son temps le Père Brahms me l'avait conseillé avec raison, ou même une suite de bal (des danses modernes) pour orchestre, même si celles du vieux Franz Lachner sont ennuyeuses, car c'est en soi une bonne idée.

Ce bon Richard, toujours de bon conseil, jamais condescendant !


Sinfonische Variationen über Kol Nidrey
Certainement inspirées de son opéra Holofernes, ces variations marquent une nette avancée dans la complexité stylistique et le jeu des citations, avec des variations dans les variations et des métamorphoses ébahissantes. Un spécialiste pense qu’il a voulu se payer Schreker (cf. la parenté de la pièce avec un opéra, comme le Vorspiel zu einem Drama et Die Gezeichneten). Bien plus sombre que les Chamisso, mais avec des passages légers typiques (par exemple, le début de alla marcia), j’en raffole. David lui-même note :
Citation :
Là en revanche, même si on est immédiatement loin du thème d'origine, très séduit par les exploitations mélodiques et rythmiques, la 4 a même un côté Schreker très plaisant (les harmonies, la harpe & le célesta…). Très bonne recommandation !



Ouvertures et suites

Donna Diana-Ouvertüre
Elle a fait la célébrité du compositeur et à juste titre. À connaître absolument, ainsi que…

Eine Lustspiel-Ouvertüre
On n’a eu de cesse de rappeler à E.N. qu’il lui faudrait renouveler le succès de Donna Diana. Hors, en dehors de l’accueil très chaleureux de Schlemihl et de Ritter Blaubart, rien d’aussi fulgurant, alors que cette ouverture écrite dès 1881 et revue en 1896 est aussi bonne voire meilleure que celle de son opéra à succès. Du Rossini germanisé, une vivacité incomparable, on pense aux pièces les plus entraînantes d’Auber et Suppé.

Raskolnikoff Ouvertüre-Fantasie (No. II)
Il existe en réalité 3 pièces sur Crime et Châtiment. Forte signification autobiographique, semblerait-il (les errances, le châtiment, la rédemption par la femme). À la vérité, poème symphonique en 3 parties, assez sombre (on pense parfois à Manfred, en moins bien), mais je peine à être pleinement convaincu. Mon manque d’enthousiasme vous privera d’une analyse plus poussée.

Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) Suites10

Traumspiel-Suite
Arrangement de la plus grande partie (8 pièces sur une dizaine, hors accompagnement du mélodrame, réarrangées en 6 morceaux) de la musique de scène pour le drame de Strindberg. Orchestration rutilante mais non épaisse – car le drame est aussi prévu pour être interprété par 7 instrumentistes et quantité d’effets marquants : les liquidités de In der Fingalshöhle (Mendelssohn funèbre), les volutes et le cristal de Wind und Wellen-Walzer (on pense à la Volière de Saint-Saëns croisée à la Danse arabe de Casse-Noisettes), même si tout n’est pas inspiré ou élégant (le coucou et le violon printannier de Herbst und Frühling sont caricaturaux, mais rachetés par un pathos bienvenu) ; c’est décidément une très belle partition.

Karneval-Suite im alten Stil
Suite de danses baroques intégrant nombre d’effets modernes, elle a été comparée à la suite du même nom ou presque de Reger. Construite sur une alternance de mouvements très courts (moins d’une minute) et plus consistants (de 3 à 5 minutes), cette suite est un régal. Marche festive en guise d’ouverture, introduction hiératique puis fuguée, gigue d’une incroyable légèreté, forlane ombrageuse, passe-pied qui alterne appels chasseurs et figures virevoltantes, aria empreinte de pathos avant de s’éclaircir tout à fait un court instant (la joyeuse cavalcade ne dure pas et la sérénade tragique – et superbe – revient bien vite), et pour conclure une marche gitane, mélange surprenant de pompe dans la rythmique et de trivialité dans l’orchestration.


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MessageSujet: Re: Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945)   Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) EmptyMar 30 Juin 2020 - 1:31

Autres

Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) Cover17

Serenade
Pour orchestre à cordes. Elle est charmante et m’évoque les efforts d’Atterberg dans le domaine. Quelques touches plus uniques, comme le salon du IV et la campagne du V finissent de rendre cette pièce éminemment sympathique, même si certainement pas impérissable.

Concerto pour violon en mi majeur
Tout ce qu’il y a plus attendu dans le genre à commencer par un hommage à Cherubini, et même une citation textuelle de Mendelssohn. Beaucoup de brillant, de virtuosité, mais pas de mélodie marquante. Un concerto pour violon, donc, si on me demande mon avis.

Konzertstück en mi majeur
Plus court, plus virtuose et sans la citation, il s’agit du brouillon du concerto ci-dessus, avec plus de Bruch dedans. Autrement, ibidem, et en moins bien.

Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) Gold10

Je me contenterai de citer les autres pièces du disque dirigé par Marcus Bosch, car elles sont aussi oubliables les unes que les autres : Goldpirol: Idyllische Ouvertüre ; Praeludium und chromatische Fuge für großes Orchester (qui lorgne sur Bruckner ; la version pour orgue est aussi disponible commercialement) ; Nachtstück (Mahler au salon, et non, ce n’est pas d’une tasse à café renversée sur le tapis persan dont il s’agit).

Pareillement, malgré l’importance du personnage de Till Eulenspiegel, dans la culture de l’époque, comme sujet de concurrence entre composeurs et comme reflet d’E.N., je passerai également sur Wie Till Eulenspiegel lebte qui m’a laissé parfaitement de marbre, toujours sur le même disque.


Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) Cover18

Vier Buß- und Betgesänge nach Worten der Heiligen Schrift
J'ai gardé le meilleur pour la fin dans cette section, à savoir les 4 Lieder orchestraux. Véritable hapax dans le catalogue d'E.N., ces 4 pièces pour alto ou basse avec petit orchestre ne sont ni ironiques, ni orchestrées pour des forces titanesques ou d'une durée colossale (cf. la symphonie No. 1 ou Der Sieger). Moins de 12 minutes, formation réduite de cordes accompagnée d'une harpe, d'une flûte et de quelques vents par deux, l'orchestration est aussi aérienne que les textes eux-mêmes, tirés de l'Écclésiastique. Un bijou de retenue, de poésie, à connaître absolument.


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MessageSujet: Re: Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945)   Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) EmptyMar 30 Juin 2020 - 1:32

Les symphonies

Symphonische Suite No. 1
Malgré le nom, cette symphonie de fin d’étuides en trois mouvements sous influence wagnérienne (on pense à Georg Schumann) est marquée plus par ses contrastes atmosphériques que son utilisation de leitmotiv. Le très noir Scherzo est assez mémorable.

Symphonie No. 1 "Tragische"
Malgré le nom, cette monumentale chose n’est ni vraiment une symphonie (mouvements disparates), ni vraiment tragique car écrite suite à un rasage de barbe rajeunissant (être considéré comme vieux dans le tramway à cause de ses favoris blanchis l’avait choqué), et le programme annoncé est assez mensonger. Serait-ce encore une farce, pas très bien ficelée ?
Le monstrueux premier mouvement, de forme sonate, mixe Liszt, Tchaikovsky, Berlioz et Beethoven. Le scherzo qui suit, heureusement plus court, fait penser à ses deux célèbres ouvertures (Donna Diana et Lustspiel), avec un aspect majestueux malgré tout. Le III rêveur, aux accents wagnériens et mahleriens, est assez séduisant, un peu long peut-être… Les indications du finale sont en totale contradiction avec ce que l’on entend : « chaos le plus pur » « paysages apocalyptiques sur lesquels règnent des orages sans fin ». Tout est bien calme, pas d’élan, d’effets orchestraux. Je ne peux hélas décemment pas recommander cette symphonie… Des idées trop courtes pour une durée bien trop longue... Et si ce côté rasoir était la blague en question ?

Symphonie No. 2 "Ironische"
En miroir de sa titanesque No. 1, voici une symphonie courte (25 minutes), aérienne (nomenclature allégée façon symphonie de chambre), résolument souriante et farcie de réminiscences et citations (Prokofiev No. 1, Beethoven, Bruckner, Mahler, Schubert, Brahms).
Charmante, beaucoup de métier, très réputée, mais elle ne me parle pas, je ne saurais hélas la vendre plus.

Symphonie No. 3 "Im alten Stil"
Style ancien en hommage à Schumann et Mendelssohn. Même tournures harmoniques, même orchestre allégé et plutôt cordé. C'est globalement souriant et vif (l'Allegretto final est exemplaire de ce point de vue), mais le manque de mélodie mémorable se fait sentir sur une telle longueur. Deux versions au catalogue, Wright et Beermann, ce dernier avec un meilleur son et plus d'allant.

Symphonie No. 4 "Trauermarsch auf den Tod eines Kommödianten"
Après la "Classique", la "Romantique". Cette fois, E.N. se fait Brahms, qu'il cite d'entrée de jeu (No. 3) et pastiche dans son IV. (No. 4). Considérée comme la plus grande réussite symphonique d'E.N., il faut admettre qu'en terme d'équilibre, d'orchestration, de structure et d'idées, elle est supérieure à ses sœurs. Aussi, le pari de faire du Brahmahler, s'il n'assure pas le succès, assoit au moins une certaine légitimité.
La marche funèbre du II me plaît plus à chaque réécoute, sa côte d'amour ne cesse de croître.
Comme ci-dessus, c'est Wright et Beermann, et toujours avantage à ce dernier.

Symphonie No. 5 "Tanz-Symphonie"
Résolument macabre, elle rappelle les Danses Symphoniques de Rachmaninoff, tant par son ton que son « absence » de structure. Elle est originellement prévue pour être accompagnée d’une mise en scène avec chorégraphie et pantomime, qui firent forte impression à l’époque. La Polonaise initiale est une fête de la dogaresse, bal nocturne vénitien plein d’ombres. Dans la csardas qui suit, la mort est un violoniste muet qui déambule dans le quartier chaud d’une ville portuaire, conjurant moiteur et horreur diffuse. Le ländler lancinant et grotesque, avec sa ritournelle à l’orgue de barbarie figuré, donne à voir un défilé de marionnettes sous l’arbre de mai, toutes vouées à l’anéantissement. Enfin, la folle tarentelle finale est une ville assiégée : la mort bat le tambour tandis qu’un prophète fou se répand en imprécations, et tous périssent dans flammes.
Sans surprise, j’en raffole.


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MessageSujet: Re: Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945)   Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) EmptyMar 30 Juin 2020 - 1:32

Conclusion


Faut-il écouter E.N. ?

Curieuse question après avoir rédigé ce pavé. Dans l'absolu, j'ai envie de dire : pas nécessairement. E.N. n'est ni un génie oublié, ni un homme victime de circonstances historiques (par exemple, trop en avance sur son temps ou fauché en pleine jeunesse). Il n'excelle pas dans la musique pure et, si son écriture est vraiment reconnaissable, il n'a pas non plus un style qui le démarque particulièrement. On reste au fond dans la mouvance straussienne, comme Weinberg est dans le sillage de Shostakovich.
Ceci étant posé, E.N. est un orchestrateur hors pair. Il sait croquer avec gourmandise ses pairs et ses prédecesseurs, et le jeu de piste est savoureux. Sa meilleure musique est d'ailleurs celle à programme : l'officiel, comme les épisodes de Schlemilh ou Der Sieger, et l'officieux, le rébus des citations, mises en abyme, projection des (més)aventures personnelles. C'est à la fois sa force mais également sa grande faiblesse, car sans ces notes ou l'envie de débusquer les clins d'œil, la sensation d'un manque de cohérence est frustrante.

E.N. fut extrêmement important dans mon parcours de mélomane, car il aura été le premier compositeur "confidentiel" que j'aurai rencontré, me faisant réaliser qu'il existait d'autres voies dans le classique que celles qui étaient ultra-balisées, et c'est avec lui que me sera venue l'envie d'explorer ces chemins de traverse.
Également, les claques à répétition que lui aura infligé l'existence, et le fait qu'il n'aura jamais baissé les bras me le rendent particulièrement attachant. Les biographes laissent supposer que son amitié avec Richard Strauss n'était pas dénuée d'une certaine forme de jalousie, lui dont la vie semblait si simple. E.N. répondra avec humour, froid ou absurde, une pointe de perfidie sûrement à tout cela. Est-ce sa religiosité profonde et l'idée que nous sommes sur Terre pour franchir des embûches qui le motive, ou bien parce que l'humour est la politesse du désespoir ? Je ne sais pas, mais en tout cas, cela me parle.


Que tenter ?

On se passe très bien des symphonies. À la rigueur, la No. 5 pour les amateurs de Rachmaninoff, c'est excellent dans le genre. Pour une authentique expérience symphonique, la No. 4 ou la No. 2.
Les poèmes, les variations et la musique de scène constituent le volet orchestral prioritaire. E.N. peut donner libre cours à sa fantaisie sans souci de forme ou presque et s'appuyer sur un programme. Schemilh est la recommendation absolue dans le genre. Der Sieger est intéressant mais peut passer pour un gros machin (ce qu'il est en réalité). Les variations, notamment sur Kol Nidre, sont superbes. Enfin, la Traumspiel-Suite et les danses de la Suite im alten Stil contiennent trop de belles choses pour passer à côté, mais ce n'est pas extrêmement nourrissant non plus.
Le reste du catalogue orchestral est à explorer selon ses goûts. Je suis réfractaire aux concertos pour violon dans l'ensemble, aussi le mi mineur et son brouillon pourraient peut-être plaire aux amateurs du genre. Le disque de Bosch, très méritoire, est par contre un catalogue des reproches que l'on peut faire au compositeur : quel talent d'orfèvre, mais à quoi bon ? Où sont les idées originales, les mélodies, les développements ?

Enfin, Donna Diana et Ritter Blaubart sont à essayer au moins une fois. Si Carmen ou Le Château de Barbe-Bleue sont plus connus et à raison, ces deux partitions méritent mieux que l'oubli absolu dans lequel elles sont tombées. Certes, on sent le primat de l'orchestre sur la voix, mais lorsque c'est si bien écrit, pourquoi se priver ? De même, si j'écoute Schreker, ce n'est pas pour le traitement des lignes chantées.

Les Vier Bet- und Bussgesänge sont une curiosité que je recommande également : orchestration a minima, concision, lignes aériennes et épurées, il n'y a même pas d'habillage orchestral : la voix s'élance en même temps que l'orchestre, et chaque pièce se conclut avec la fin du texte. C'est étrange, cet absence de préambule, d'épilogue, ce primat absolu de la déclamation. Là encore, pas un chef d'œuvre, mais quelque chose de curieusement attachant.

Résumé

À essayer absolument :
Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) Schle10 Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) Varia10 Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) Ritter10
Les variations sont une réussite, et le même disque propose l'irrésistible Lustspiel-Ouvertüre !

À tenter pour approfondir :
Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) Sieg10 Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) Suites10 Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) Cover18 Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) Donna10
Le disque avec la Tragique est là uniquement pour les Lieder !

Parce que je suis pervers mais ça pourrait plaire à d'autres :
Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) Cover19 Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) Beer10
La No. 5 fait partie de mes symphonies préférées, en sachant que ce n'est pas une... et la No. 4 me plaît de plus en plus.


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MessageSujet: Re: Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945)   Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) EmptyMar 30 Juin 2020 - 11:07

Merci pour cette somme !

D'autant plus bienvenue que je n'ai jamais été ébloui par Rez' : les symphonies qui m'ont parues très lisses, assez peu inspirées mélodiquement (mais je ne les ai pas toutes essayées, ton guide sera utile), de même pour les Variations symphoniques. Donna Diana est un peu resté une énigme, également : en quoi est-ce meilleur que le reste de la production contemporaine ?

Mais je vois qu'il faut que je me mette plus sérieusement à Blaubart !

(À propos, puisqu'on écrit 'Reznicek', cela se prononce-t-il 'Reznitchek' en référence à l'arbre généalogique, ou 'Reznitsek' ?)


Mefistofele a écrit:
Raskolnikoff Ouvertüre-Fantasie (No. II)
Il existe en réalité 3 pièces sur Guerre et Paix.

Plutôt Crime & Châtiment, non ?
(C'est pas pour jouer au correcteur, ça permet juste de montrer que j'ai lu attentivement. Fil passionnant, très clair, sans gras, très utile.)
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MessageSujet: Re: Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945)   Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) EmptyMar 30 Juin 2020 - 11:36

Magnifique contribution, merci! (De toute manière, tu ne te moques jamais du lecteur.)

Bon, j'ai déjà noté deux ou trois choses à écouter et je reviendrai en dire un mot (mais ça prendra sans doute un peu de temps.)
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MessageSujet: Re: Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945)   Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) EmptyMar 30 Juin 2020 - 12:19

DavidLeMarrec a écrit:
Merci pour cette somme !  

D'autant plus bienvenue que je n'ai jamais été ébloui par Rez' : les symphonies qui m'ont parues très lisses, assez peu inspirées mélodiquement (mais je ne les ai pas toutes essayées, ton guide sera utile), de même pour les Variations symphoniques. Donna Diana est un peu resté une énigme, également : en quoi est-ce meilleur que le reste de la production contemporaine ?

Mais je vois qu'il faut que je me mette plus sérieusement à Blaubart !

(À propos, puisqu'on écrit 'Reznicek', cela se prononce-t-il 'Reznitchek' en référence à l'arbre généalogique, ou 'Reznitsek' ?)


Mefistofele a écrit:
Raskolnikoff Ouvertüre-Fantasie (No. II)
Il existe en réalité 3 pièces sur Guerre et Paix.

Plutôt Crime & Châtiment, non ?
(C'est pas pour jouer au correcteur, ça permet juste de montrer que j'ai lu attentivement. Fil passionnant, très clair, sans gras, très utile.)

Oui, bien sûr, Crime et Châtiment, quelle bêtise de ma part, j'ai fait la correction.

Pour la prononciation, je ne me souviens pas avoir vu quoi que ce soit... Je regarderai si je trouve quelque chose à ce sujet.

Il me reste à traiter deux symphonies, les quatuors quand ils seront disponibles et à récapituler ce qui vaut vraiment le coup en conclusion (et pourquoi je me suis fendu de cette presentation, non, il n'y a pas de révélation généalogique).

Mais en gros : les symphonies, on s'en passe très bien (sauf la 5, mais parce que j'aime les danses symphoniques). Les poèmes sont à connaître : Schlemilh absolument, Der Sieger pour le rire. Les Lieder orchestraux ne sont pas un chef d'œuvre, mais méritent d'être connus (ne serait-ce que pour l'autre versant, inconnu, du compositeur : bref et concis). Ritter Blaubart est son grand succès avec Donna Diana, à raison. L'un, parce que c'est très impressionnant, l'autre, très enlevé. Mais aucun ne révolutionne l'histoire de la musique.
Le reste, au goût de chacun, mais il y a plein de jolies choses sur l'album de Solyom.

(Et merci pour vos compliments, cela fait chaud au cœur.)
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MessageSujet: Re: Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945)   Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) EmptyMar 30 Juin 2020 - 20:39

Impressionnant travail. Merci beaucoup !
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MessageSujet: Re: Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945)   Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) EmptyMar 30 Juin 2020 - 20:58

Oui, très beau travail. Mais je dois avouer que, cette fois-ci, je risque de rechigner nettement plus à partager les gouts de notre ami Mefistofele, ce que j'ai écouté de Reznicek ne m'ayant jamais vraiment emballé. Je me suis d'ailleurs mis Schlemilh dans les oreilles cet après-midi, et je ne trouve vraiment pas ça renversant. Il faut dire aussi que je n'ai pas fait l'effort de chercher à suivre le discours (via les nombreuses références musicales), et de loin ça ressemble à une suite de citations peu compréhensibles...
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MessageSujet: Re: Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945)   Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) EmptyMar 30 Juin 2020 - 23:17

J'ai fini ma présentation (symphonies complétées et conclusion rédigée), il ne me restera que les quatuors, bientôt disponibles ! Very Happy
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MessageSujet: Re: Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945)   Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) EmptyMer 1 Juil 2020 - 1:03

Je suis en train de découvrir ça. J'en profite pour ajouter que les opéras, est aussi disponible Die Angst vor der Ehe par la Radio de Hambourg (qui fut très active dans la réhabilitation de Schreker, également). Je n'ai pas encore écouté.

Je vais d'abord réécouter Donna Diana (qui ne m'avait pas ébloui) et tester Ritter Blaubart (que je ne crois pas avoir essayé).
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MessageSujet: Re: Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945)   Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) EmptyMer 1 Juil 2020 - 1:09

Oh, je modifie mon message en conséquence, merci !
Pour DD, si tu n'avais pas aimé la première fois, je ne suis pas certain que ce soit la peine de réessayer ? C'est délicieux, mais contrairement à Pelléas, ce n'est pas indispensable ?
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MessageSujet: Re: Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945)   Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) EmptyMer 1 Juil 2020 - 10:07

Donc : réessayé Donna Diana (je ne vois ton message qu'à présent hehe ).
En effet : encéphalogramme plat. J'ai arrêté très vite, il ne se passait rien chez moi. J'entends un truc gentil, mais même pas assez typé pour que je retrouve les influences et collages (ça m'amuserait, mais j'entends pas du tout ça).

Je suis en train d'écouter Ritter Blaubart.

Et là. Shocked

Déclamation acérée, ambiances puissantes, grandes plages orchestrales plus simples que du Strauss (le premier interlude a cependant un vrai côté Rosenkavalier) mais qui ne sont pas du postromantisme répliqué, vraiment quelque chose de personnel dans ces consonances tuilées. J'adore, absolument.

(Et c'est splendidement chanté par Pittmann-Jennings et joué par la Radio de Berlin et Janowski !)

I love you I love you I love you I love you I love you

Merci d'avoir fait ce fil, Mefistofele, ne serait-ce que pour ça !
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MessageSujet: Re: Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945)   Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) EmptyMer 1 Juil 2020 - 11:19

DavidLeMarrec a écrit:

Je suis en train d'écouter Ritter Blaubart.

Et là. Shocked

Déclamation acérée, ambiances puissantes, grandes plages orchestrales plus simples que du Strauss (le premier interlude a cependant un vrai côté Rosenkavalier) mais qui ne sont pas du postromantisme répliqué, vraiment quelque chose de personnel dans ces consonances tuilées. J'adore, absolument.

(Et c'est splendidement chanté par Pittmann-Jennings et joué par la Radio de Berlin et Janowski !)

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J'en ai parlé il y a plus de 12 ans, je l'ai conseillé, mais personne n'a réagi...
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MessageSujet: Re: Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945)   Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) EmptyMer 1 Juil 2020 - 11:37

On ne peut pas écouter tous les excellents conseils de ce forum à la fois… Je tiens une liste de ce que j'ai à écouter… Mais ça peut prendre des années.

Vois ma liste des derniers ajours de ce que je veux écouter, réécouter ou retenter prochainement, tu pourras remarquer que tes conseils figurent en bonne place (je t'en ai mis deux en gras, il doit y en avoir d'autres) :

Spoiler:
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MessageSujet: Re: Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945)   Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) EmptyMer 1 Juil 2020 - 12:18

Tu as du pain sur la planche!! Smile
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MessageSujet: Re: Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945)   Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) EmptyMer 1 Juil 2020 - 13:14

J'aime bien le "tout CPO" Mr. Green
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MessageSujet: Re: Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945)   Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) EmptyMer 1 Juil 2020 - 21:34

Prosopopus a écrit:
J'aime bien le "tout CPO" Mr. Green

C'est un vrai projet ! (Bon, je me dispense des intégrales de corpus homogènes comme les lieder de Loewe ou les quatuors de Donizetti, mais pour le reste, oui, je veux !)

Impossible à la vitesse où ils publient… chaque semaine, on a facilement 4 disques, dont au moins 2 méritent d'être réécoutés souvent. affraid

Non seulement je ne peux pas les rattraper, mais ma vitesse ralentit !
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Rubato
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MessageSujet: Re: Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945)   Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) EmptySam 4 Juil 2020 - 12:36

Mefistofele a écrit:
Musique de chambre et piano

3 danses pour le piano (sur les 4 qui composent la symphonie No. 5) et le quatuor à cordes No. 3* par le Franz Schubert Quartet sont disponibles. J’aime vraiment beaucoup même si ce n’est pas essentiel (ah, l’Allegretto et la phrase sévère du Moderato !). CPO publie ume quasi-intégrale des quatuors par les Minguet d’ici quelques jours. Restez à l’écoute !

*Noté No. 1 sur le disque, il s'agit d'une erreur.

Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) Quarte10

D'abord toutes mes félicitations, Mefisto, pour ce très beau sujet! thumright

Oui, je pense que ces quatuors vont m'intéresser...affaire à suivre. bounce
Il me semble qu'ils sont disponibles d'ailleurs.
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Horatio
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MessageSujet: Re: Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945)   Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) EmptySam 4 Juil 2020 - 17:25

Mefistofele a écrit:
Faut-il écouter E.N. ?

Curieuse question après avoir rédigé ce pavé. Dans l'absolu, j'ai envie de dire : pas nécessairement.

Heureusement que l'on peut s'écarter de temps à autre de nos rôles de vestales de la Musique Classique, et consommer autre chose que des chef-d'œuvres absolus drink

Ta belle présentation m'a donné très envie de découvrir Reznicek. Je débute avec la 5e symphonie Surprised
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Xavier
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MessageSujet: Re: Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945)   Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) EmptySam 4 Juil 2020 - 20:59

Il y a un disque dirigé par Gordon Wright chez Koch Swann, avec les symphonies en ré majeur et fa mineur, mais sans numéro ni opus.

Est-ce que quelqu'un saurait à quelles symphonies cela correspond? (pour que je me repère avec les commentaires de Mefistofele)
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Mefistofele
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MessageSujet: Re: Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945)   Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) EmptySam 4 Juil 2020 - 21:19

Ce sont les No. 3 et 4 (je mentionne le disque dans la section sur les symphonies).

C'est le visuel ci-dessous ?
Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) 00110

Il y a aussi la No. 5 et des extraits de Donna Diana par Manfred Muessauer chez Antes Edition, mais tout est meilleur chez CPO, spécialement cette symphonie.

Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) Enr10

Enfin, pour Rubato, les quatuors sont disponibles à des dates différentes d'un territoire à l'autre. Pour moi, c'est depuis hier seulement. Je vais écouter cela et commenterai bientôt (idem avec les quatuors de Moniuszko version Atma vantés par David ! Voilà pourquoi je ne trouvais pas...).
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MessageSujet: Re: Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945)   Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) EmptySam 4 Juil 2020 - 21:50

Merci!

Donc la 3 en ré majeur et la 4 en fa mineur, si j'ai bien compris.
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MessageSujet: Re: Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945)   Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) EmptySam 4 Juil 2020 - 21:59

Tout à fait. La No. 4 est celle avec la marche funèbre en II., soit la fa mineur.
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MessageSujet: Re: Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945)   Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) EmptyDim 5 Juil 2020 - 14:35

Mefistofele a écrit:
Musique de chambre et piano

3 danses pour le piano (sur les 4 qui composent la symphonie No. 5) et le quatuor à cordes No. 3* par le Franz Schubert Quartet sont disponibles. J’aime vraiment beaucoup même si ce n’est pas essentiel (ah, l’Allegretto et la phrase sévère du Moderato !). CPO publie ume quasi-intégrale des quatuors par les Minguet d’ici quelques jours. Restez à l’écoute !

*Noté No. 1 sur le disque, il s'agit d'une erreur.

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Publié vendredi, donc. C'est vraiment très très bien. Tour à tour dramatique ou tendre, un Reznicek assez riche et exigeant, plutôt Blaubart que Diana (ou que les symphonies).

J'aime beaucoup ça ! Et puis par les Minguet, en plus !
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MessageSujet: Re: Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945)   Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) EmptyDim 5 Juil 2020 - 14:47

Quatuors: c'est commandé! bounce
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MessageSujet: Re: Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945)   Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) EmptyDim 5 Juil 2020 - 15:08

Pareil!
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MessageSujet: Re: Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945)   Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) EmptyDim 5 Juil 2020 - 19:37

Quel succès !

Le dernier quatuor du disque, que j'écoute en revenant du concert du jour (Don Quichotte de Massenet en miniature), est beaucoup plus gentil en revanche ! Surprised
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MessageSujet: Re: Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945)   Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) EmptyDim 5 Juil 2020 - 21:12

Mais gentil comment: expression souriante, retour à Haydn-Schubert, langage simplet?

(Au fait, à propos de compositeurs à accointances straussiennes que je ne connais que de nom, je me demandais si je n'allais pas essayer Max von Schillings - quelqu'un ici a déjà tenté? aurait des recommandations?)
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MessageSujet: Re: Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945)   Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) EmptyDim 5 Juil 2020 - 22:07

J'avais vu passer le nom uniquement en chef d'orchestre, je rajoute à ma liste des personnalités à explorer...
Merci ! Very Happy
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MessageSujet: Re: Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945)   Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) EmptyLun 6 Juil 2020 - 15:14

De rien!… En revanche, désolé:

Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) Reznic10
Schlemihl (Symphonisches Lebensbild) pour ténor et orchestre
Nobuaki Yamamasu (ténor), Michail Jurowski / WDR Sinfonieorchester Köln
Cologne, I.2001
CPO


Confused Je suis péniblement venu à bout de ce Schlemihl

Et aussitôt après, pour comparaison j’ai retenté:

Roupoil a écrit:
Je me suis d'ailleurs mis Schlemilh dans les oreilles cet après-midi, et je ne trouve vraiment pas ça renversant. Il faut dire aussi que je n'ai pas fait l'effort de chercher à suivre le discours (via les nombreuses références musicales), et de loin ça ressemble à une suite de citations peu compréhensibles…

Je suis malheureusement d’accord: l’œuvre dans son ensemble fait l’effet d’un centon passablement décousu, qui semble sacrifier non seulement l’architecture formelle, mais même la fluidité d’écoute à une fastidieuse multiplication de clins-d’œil.

Dans les deux premiers mouvements, on sent une volonté assez explicite de caricature: ça ressemble énormément à un poème symphonique façon Heldenleben, mais dépareillé par la prolifération de références et d’allusions, et constamment parasité d’effets musicaux franchement burlesques à la Scott Bradley (toutes ces cavalcades de xylophone…) - ce qui, sur la durée (une bonne douzaine de minutes, tout de même), finit par devenir franchement fatigant.

Mais dans les trois mouvements suivants, cette dimension-là semble disparaître, comme si la parodie proprement dite s’effaçait au profit du pastiche; or si, à l’oreille, ce n’est pas pénible comme la ribambelle de gags sonores récurrents des I et II, l’œuvre n’en devient pas plus plaisante pour autant: d’abord, parce que Rezniček semble toujours vouloir multiplier les citations, les allusions, les à la manière de …, ce qui rend cet effet «suite de citations peu compréhensibles» dont parle Roupoil; ensuite parce que ce pastiche de Strauss sonne plutôt, musicalement, comme du sous-Strauss: ayant réécouté immédiatement à la suite Heldenleben (dont je suis pourtant très loin de raffoler), force est de constater que, chez Rezniček, la veine mélodique est plus banale, l’orchestration plus convenue (y compris dans les figuralismes: les cloches…), l’harmonie plus stable et traditionnelle, la parodie sonne au total plus sentimentale et pompière que l’original - lequel possède aussi plus de force et d’élan, malgré le disparate citationnel de son matériau.

Du coup, le propos parodique de Rezniček semble finalement manquer sa cible: au final, c’est plutôt Strauss qui sort grandi par l’exercice - y compris, d’ailleurs, sur le versant de l’humour: à la réécoute, et contrairement à ce qu’on dit, Heldenleben ne manque pas d’auto-dérision, et celle-ci est finalement plus fine que la charge de Rezniček (je veux dire par là que Strauss n’a pas besoin de gros soulignements burlesques ni d’une banalisation de son écriture pour s’ironiser.)

Faut-il quand même que je tente les Variations et les Suites, ou bien, si je n’ai pas aimé ce Schlemihl, est-il préférable que je passe directement à Blaubart et aux quatuors?
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MessageSujet: Re: Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945)   Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) EmptyLun 6 Juil 2020 - 15:30

Moi j'ai commencé la 4è symphonie et n'ai pas pu aller au bout… Confused

Je vais tenter le Barbe-Bleue.
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MessageSujet: Re: Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945)   Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) EmptyLun 6 Juil 2020 - 16:07

Benedictus a écrit:

Faut-il quand même que je tente les Variations et les Suites, ou bien, si je n’ai pas aimé ce Schlemihl, est-il préférable que je passe directement à Blaubart et aux quatuors?

Je ne pense pas qu'il y ait aucune forme d'obligation.

Les variations sont très différentes de Schelmilh, je dirais d'y jeter une oreille indépendamment des avis sur les poèmes symphonique. Par contre, tu peux raisonablement t'épargner Der Sieger. hehe

Aucune excuse à présenter, je suis au contraire désolé du temps perdu (et de l'expérience déplaisante).
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MessageSujet: Re: Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945)   Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) EmptyLun 6 Juil 2020 - 16:22

Mefistofele a écrit:
Les variations sont très différentes de Schelmilh, je dirais d'y jeter une oreille indépendamment des avis sur les poèmes symphonique.
Oui, à te lire, c'est assez différent, c'est pour ça que je posais la question.

Mefistofele a écrit:
Par contre, tu peux raisonablement t'épargner Der Sieger. hehe
Très honnêtement, je ne l'avais même pas envisagé... hehe

Mefistofele a écrit:
Je ne pense pas qu'il y ait aucune forme d'obligation.
[...]
je suis au contraire désolé du temps perdu (et de l'expérience déplaisante).
Du tout: c'était à tenter (c'était quand même a priori plutôt dans mon rayon), et je suis assez optimiste quant à Blaubart et aux quatuors.

Mefistofele a écrit:
Aucune excuse à présenter
Disons qu'on aimerait pouvoir répondre avec plus d'enthousiasme, eu égard au temps et au soin que tu as mis à faire cette présentation.
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MessageSujet: Re: Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945)   Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) EmptyLun 6 Juil 2020 - 17:43

Benedictus a écrit:
Mais gentil comment: expression souriante, retour à Haydn-Schubert, langage simplet?

Du romantisme pas très complexe, souriant en effet, mais aussi simple dans ses outils.

Ce n'est pas le cas des autres quatuors, assez sobres mais nettement plus charnus.


Citation :
(Au fait, à propos de compositeurs à accointances straussiennes que je ne connais que de nom, je me demandais si je n'allais pas essayer Max von Schillings - quelqu'un ici a déjà tenté? aurait des recommandations?)

Il y a des versions de ses mélodrames avec de grands noms (Mödl !). Je n'ai pas trouvé ça bouleversant musicalement, mais il faut l'essayer, grand classique en effet.
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MessageSujet: Re: Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945)   Emil Nikolaus von Reznicek (1860-1945) EmptyLun 6 Juil 2020 - 18:40

DavidLeMarrec a écrit:
Il y a des versions de ses mélodrames avec de grands noms (Mödl !)
Voilà, c'est ça qui a attiré mon attention: un Hexenlied avec Martha Mödl en récitante (dans les années 90!)
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