Bon, puisque grâce à WoO je suis retombé en pleine admiration de Preobrazhenskaya, je me permet de vous la présenter en mettant ici un petit texte que j'avais écrit il y a à peu près un an... suite à l'écoute de 4 CD de cette mezzo russe...
Sophia Petrovna Preobrazhenskaya : 1904-1966Son nom est clairement attaché à la ville de Leningrad, où elle est née et passa la quasi-totalité de sa carrière.
Elle naît dans une famille composée principalement de musiciens et de religieux. Son père, diplômé du conservatoire de Saint Petersbourg en tant que compositeur, était un chanteur d'église, mais aussi un talentueux violoncelliste, violoniste et pianiste. Sa mère chanta dans sa jeunesse dans le fameux chœur d'Alexander Archangelsky et son oncle chanta régulièrement les premiers rôles de ténors dramatique et héroïque sur la scène du Bolshoï. La sœur de Sophia, Maria était accompagnatrice au Mariinsky. Sophia baigna donc toute petite dans une atmosphère où la musique était reine!
A l'âge de 11 ans, elle entre pour la première fois dans le Mariinsky et elle fût, selon ses propres mots, "empoisonnée par l'opéra". A l'âge de 14 ans, elle connaissait et pouvait chanter nombre d'opéras, pour tous les personnages, du début à la fin! Elle fut particulièrement marquée par Chaliapin par exemple : sa voix et ses interprétations la marquèrent!
Ivan Yershov fut son mentor dans ses années de formations, années qui ne servirent que moyennement à former sa voix, étant donné qu'elle était naturellement posée. Il lui appris à être aussi une actrice qui chante! Elle avait donc tout pour elle : une très bonne oreille musicale, une bonne mémoire et une voix naturellement belle, possédant une étendue plus grande que deux octaves, avec un timbre continu, sans rupture.
Durant cette période, elle se maria aussi et eu déjà deux enfants.
Elle fit ses débuts sur scène à Saint Petersbourg, dans le rôle d'Amnéris le 20 janvier 1928. Elle arriva, Sana avoir peu faire de répétition avec orchestre, n'ayant fait que répéter le rôle avec le chef au piano, Ivan Yershov : "Quelques phrases de la future Amneris étaient suffisantes pour moi pour réaliser le phénomène vocal qui se trouvant devant moi. J'étais frappé par l'étrange, unique et pénétrante beauté de la voix, sa puissance et son élasticité, son souffle, son intonation et son rythme parfait." Ces débuts furent un immense succès. Elle gagna une indiscutable reconnaissance du public et des critiques, tout aussi bien que de ces collègues. Elle obtint donc la place de première mezzo-soprano du Marrinsky.
C'est aussi en 1928 qu'avec la troupe des jeunes du Conservatoire Opera Studio, elle alla participer au Festival de Salzbourg. Les témoins de l'époque rapportent : "L'attention du cercle des musiciens était concentrée principalement sur Preobrazhenskaya qui chantait le rôle de Kashtcheevna de
Kashtchey the Immortal de Rimsky, mais aussi des concerts. Une nuée d'impresarios courraient après elle pour lui offrir des contrats splendides. Elle, malgré cela, sortant tout juste du Conservatoire et ayant été acceptée à l'Academy Opera House, refusa poliment les offres. En fait, dans son journal, elle écrivait : Je resterais pour toujours dan ce théâtre. Et elle tiendra parole."
Quelques mois après ces débuts triomphants, elle aborde quatre autres rôles : Marfa de
Khovanshchina, Pauline de
La Dame de Pique, Urbain des
Huguenots et Octavian du
Chevalier à la RoseParmi les autres rôles importants qu'elle chanta dans ce théâtre, on peut noter Azucena, Fricka du
Rheingold, Waltraute dans
Götterdämmerung,... Mais il y a aussi bien sûr le Comtesse de la
Dame de Pique, ainsi que
La Pucelle d'Orléans, Marfa de
Khovanshchina, Marina de
Boris Godounov, Lioubacha de
La Fiancée du Tsar, Kontchakovna du
Prince Igor, Dalila de
Samson et DalilaC'est après la guerre qu'elle aborda le rôle de ses rêves : Jeanne dans
La Pucelle d'Orléans. Dans ce rôle, elle trouve un juste personnage à la hauteur de son tempérament scénique et vocal!
De 1947 et 1953, elle partage son temps entre le Théâtre et l'enseignement au Conservatoire de Leningrad.
Après avoir célébré ses 30 ans de carrière, elle se retira de la scène du théâtre, mais continua à chanter dans des concerts après avoir abordé 37 rôles parmi les plus marquants des les répertoires russes et occidentaux.
Elle participa aussi à de nombreuses créations soviétiques. Pour elle, ces créations devaient avoir un souffle héroïque, et elle publia en 1937 un article dans le Worker and Theatre : "Le Style Héroïque dans l'Opéra". Elle faisait appel dans cet article aux compositeurs russes pour qu'ils s'imprègnent des compositions de leurs aînés.
Elle conserva toujours un regard critique sur ce qu'elle pouvait faire et ne pas faire, que ce soit du point de vue vocal, mais aussi scénique. Son apparence n'était pas banale, avec sa figure impressionnante, austère, presque masculine et elle choisit son répertoire en fonction de cela, préférant les figures tragiques, héroïque ou pleines de vie. Une chose montrant bien son soucie d'exactitude est le fait qu'elle ne chanta jamais
Carmen sur scène, rôle en or pour une mezzo.
Son approche des concerts était la même. Elle cherchait toujours à changer ses programmes de concerts. Du coup, chacune de ses apparitions était un événement de très grande importance qui marquait fortement les auditeurs. Ils se souviendront longtemps de ses participations dans les
Requiem de Mozart et Verdi, dans les
Passions de Bach, les Oratorios de Händel, ma
Messa Solemnis de Beethoven, le rôle d'
Orfeo dans l'œuvre de Monteverdi… Elle était toujours très attendue lors des concerts vocaux et symphoniques, sous la direction de chefs tels que Albert Coates, Oscar Fried, Otto Klemperer, Ernest Ansermet, Fritz Stiedry, Nikolay Golovanov, Evgeny Mravinsky, Kurt Sanderling ou Alexander Gauk.
Comme beaucoup de chanteurs russes, Preobrazhenskaya aimait particulièrement les chansons et les romances russes. Sa façon d'appliquer son style, ses sentiments et son sens artistique à ces morceaux rendait fascinantes ces pages et à ce titre, ces mélodies prenaient une grande place dans son répertoire.
Très régulièrement, Preobrazhenskaya chantait ces mélodies durant les 900 jours du siège de Leningrad, donnant plus de 1500 concerts partout dans la ville, que ce soit dans des centres de mobilisation ou des hôpitaux. Elle chantait, accompagnée d'une guitare, ces mélodies magnifiques, et cela quel que soit le temps ou l'endroit. C'est en partie pour cette raison que ses concitoyens, mais aussi des étrangers, l'appellent
La Voix Chantante de Leningrad. Elle reçut différentes décorations, comme celles de
Mère de la Patrie, l'
Ordre de l'Etoile Rouge, la médaille
Pour la défense de Leningrad, ainsi que
Pour le Vaillant participant à la grande guerre patriotique, et puis aussi celle de l'
Exemplaire Travailleur pour la Santé Publique en tant que donneuse de sang dans l'un des hôpitaux de la ville.
Elle participa aussi à la représentation de
La Dame de Pique lors de la libération de la ville. Galina Vishnevskaya se souvient de ce moment :
"Le blocus n'était pas encor entièrement levé, mais les habitants de Leningrad, souffrant encore d'une terrible famine et des rigueurs de cet affreux hiver, ne s'en précipitèrent pas moins à l'opéra. Emmitouflés dans leurs manteaux et bonnets de fourrure, ils écoutèrent religieusement la splendide œuvre de Tchaïkovsky. Et les chanteurs n'étaient pas moins héroïques que leur public. Leurs noms se sont gravés pour la vie dans ma mémoire. Sorotchinski chantait Hermann, Kouznetsova interprétait Lisa, Préobrajenskaïa la comtesse, Merjanova Paule et Skopa-Rodionova Prilépa. Je revois encore cet Hermann émacié; Lisa, maigre, bleue, squelettique, ses épaules nues couvertes d'une épaisse couche de poudre blanche; et la grande Sofia Préobrajenskaïa dans le plein épanouissement de son talent.
Lorsqu'ils chantaient, on voyait de la buée devant leur bouche, tant l'air était froid."
Galina, chez Fayard, autobiographie de Galina VishnevskayaLe chant de Preobrazhenskaya dans le domaine des concerts est à mettre en parallèle de sa façon d'avoir construit sa carrière opératique : beaucoup de rigueur.
Les plus grands chefs qui donnèrent des concerts avec elle furent marqués par son "exceptionnel talent musical" (Otto Klemperer), la considérant comme "un phénomène dans le milieu artistique" (Albert Coates), "la meilleure voix d'Europe" (Fritz Stiedry) et considéraient qu'apparaître au côté d'une si grande artiste était un honneur.
Preobrazhenskaya n'aimait pas participer à des concerts où on pouvait trouver deux ou trois très grands succès, afin de remporter un triomphe. Elle voulait toujours faire très attention à ses choix et les sujets de ce qu'elle chantait, aimant notamment chanter les œuvres des grands compositeurs comme Monteverdi, Purcell, Händel ou Bach, emmenant l'auditeur dans son univers, présentant des trésors de la culture musicale.
En plus de l'aspect purement musical, il y avait aussi l'aspect religieux. En ces temps où l'église et les actes de foi étaient proscrits, chanter des œuvres sacrées étaient le seul moment ou la religiosité de Preobrazhenskaya pouvait de révéler. Pour elle, la religion était très importante et ainsi, elle pouvait parler à son Dieu.
Preobrazhenskaya était donc une artiste hors du commun, particulièrement rigoureuse, ne donnant jamais dans la facilité. Elle avait reçu beaucoup de dons et une éducation musicale hors du commun. Mais elle fit tout pour améliorer sa façon de chanter; pour donner vie à des personnages et à des mélodies, pour placer son art du chant le plus haut possible.
Pour elle, chanter était une façon de vivre, comme le montre son attitude lors du siège de Leningrad.
Ses incarnations de Marfa, de Jeanne ou de la Comtesse sont rentrées dans l'histoire et sont les témoignages d'une chanteuse d'exception. Heureusement que l'on peut les écouter encore de nos jours.
Parmi les autres témoignages vocaux, on trouve les 4 CD
Georg Friedrich Handel (1685-1759)
1. Aria “Dignare”du “Dettinden Te Deum”
Johann Sebastian Bach (1685-1750)
2. Aria “Wie furchtsam wankten meine Schritte” Cantate BWV33
3. Aria “Widerstehe doch der Sunde” Cantate BWV54
4. Aria “Komm, suber Tod, komm, sel’ge Ruh!”, BWV478
5. Aria “Es ist nun aus mit meinem Leben”, BWV457
6. Aria “Ich will doch wohl Rosen brechen” Cantate BWV86
Georg Friedrich Handel (1685-1759)
7. Aria Ruggiero extrait de “Alcina”
8. Recitatif et Aria d'Almirena extrait de “Rinaldo”
9. Recitatif et aria de Serse 'Ombra mai fu" extrait de “Serse”
10. Aria de Tolomeo extrait de “Tolomeo”
11. Recitatif et aria de l'oratorio “L’Allegro, il Penseroso ed il Moderato”
Henry Purcell (1659-1695)
12. Recitatif et aria Dido extrait de “Dido and Aeneas”
Dans le premier volume, on trouve Preobrazhenskaya dans les compositeurs anciens qu'elle adorait, et dans le domaine religieux qui lui plaisait à chanter lors de ses concerts. Dans ses Händel, on trouve d'une part un extrait du Te Deum et de l'autre des ais d'opéras ou d'oratorio. Les vocalises ne sont pas son point fort, mais on trouve une telle noblesse, un tel ton dramatique dans ces pages que l'on ne peut qu'être ébloui. Dans Bach, elle est royale dans ces cantates, donnant libre court à sa passion et à sa religion. Enfin, l'air de Didon de Purcell est un model de tenue royale et de grande tragédienne.
J'ai écouté il y a peu Ferrier dans ce répertoire… et j'y trouve beaucoup de points communs… Un timbre somptueux, une interprétation d'une très haute tenue et pleine de noblesse, et dans les deux cas une artiste de génie!
1.
Alexander Varlamov. Do you Sigh? (Golovatchev)
2.
Ottone Duetsch. I Won"t Tell Anybody (Koltsov)
3.
Alexander Gurilyov. Heart-Toy (Guber)
4.
Alexei Verstovsky, The Old Husband (Pushkin)
5.
Alexander Dargomyzhsky. We Parted Proudly (Kurochkin)
6. I"m in Love, Beautiful Maiden (Yasikov)
7. I Still Love Him (Zhadovskaya)
8. An Eastern Romance (Pushkin)
9.
Modest Mussorgsky. Why, Tell Me, Girl of my Heart (verses by the anonymous author)
10.
Peter Tchaikovsky. Or Mother Gave Birth to Me (Mickiewicz, Russian text by Mei), Op.27 No.5
11. You Don"t Like Me (E.R.), Op.63 No.3
12. Night (Rathaus), Op.73 No.2
13. Only You Alone (Christen, Russian text by Pleshcheyev), Op.57 No.6
14. Mad Nights (Apukhtin), Op.60 No.6
15. To Forget so Soon (Apukhtin) (1870)
16. The Lights Have Gone Out in the Rooms (E.R.), Op.63 No.5
17.
Nikolai Rimsky-Korsakov. You"re Enchanted by a Rose, Nightingale (Koltsov), Op.2 No.2
18. Not the Wind, Blowing from on High (Tolstoy), Op.43 No.2 "
19. The Flying Ridge of Clouds is Thinning (Pushkin), Op.42 No.3
20.
Mikhail Ippolitiv-lvanov. What a Quiet Night (Soloviyov)
21.
Sergei Rachmaninov. In the Silence of a Night of Mystery (Phet), Op.4 No.3
22. Oh No, I Beg You, Don"t Go (Merezhkovsky), Op.4 No.1
23. I"m Waiting for You (Davidova), Op.14 No.1
24.
Edward Grieg. The Heart of a Poet (Andersen, Russian text by Yefremenkov), Op.5 No.2
25.
Ludwig van Beethoven. My Faithful Johnny (arrangement of Scottish song)
26. Dearest of All was Jimmy (arrangement of Scottish song)
Alexander Varlamov1. I Pity You (Anonymous)
2. Do You Sigh? (G. Golovachev)
3. Don"t Scold Me, My Dear (A. Rasorenov)
Alexander Gurilyov4. Fortune Telling (A. A.)
5. Guess, My Dear (Anonymous)
6. I Remember a Glance (Anonymous)
7.
Pyotr Bulakhov. Your Silken Curls (Anonymous)
8.
Alexander Dyubiuk. Many Fine Fellows (Anonymous)
9.
Alexander Dargomyzhsky. Without Mind, Without Reason (A. Koltsov)
10.
Modest Mussorgsky. Jewish Song (L. Mei)
11.
Alexander Borodin. In People"s Homes (N. Nekrasov)
12.
Modest Mussorgsky. Why, Tell Me, Girl of my Heart (verses by the anonymous author)
13.
Alexander Glazunov. Eastern Romance (A. Pushkin)
Nikolai Rimsky-Korsakov14. The West Sinks in the Pale Pink Distance (A. Tolstoy), Op. 39, No. 2
15. Not the Wind, Blowing from on High (A. Tolstoy), Op.43 No.2
16. Oh, If You Could (A. Tolstoy), Op. 39, No. 1
17. Of What in the Quiet of Nights (A. Maikov), Op. 40, No. 3
Pyotr Tchaikovsky18. The Lights Have Gone Out in the Rooms (K. R.), Op. 63 No.5
19. So What? (Anonymous), Op. 16, No. 5
20. At First I Didn"t Love You (K. R.), Op. 63, No. 1
21.
Mikhail Ippolitov-lvanov. What a Quiet Night (V. Soloviyov)
22.
Boris Sheremetev. I Loved You Once (A. Pushkin)
Dans les deux volumes suivants, on a un mélange de diverses mélodies russes. On passe de mélodies de Rachmaninov, Tchaikovsky ou Dargomyzhsky, mais aussi de compositeurs plus rares et plus récents. Dans tous les cas, on a l'attention à la mélodie, la vie apportée à chaque mot, et la grande interprète. A ces mélodies russes s'ajoutent des mélodies de Grieg et Beethoven, elles aussi royalement rendues.
Giuseppe VERDI. "Don Carlos"
1. Air d'Eboli "O don fatale"
Camille SAINT-SAENS. "Samson et Dalila"
2. Air de Dalila "Samson, recherchant ma presence"
3. Air de Dalila "Mon coeur s"ouvre a ta voix"
Giuseppe VERDI. "Aida"
4. Scène et duo Amnéris/Aïda "Fu la sorte dell"armi"
Giuseppe VERDI. "II Trovatore"
5. Chant d'Azucena "Stride la vampa!"
6. Scène de la prison : duo Azucena/Manrico puis trio avec Leonora
Nikolai RIMSKY-KORSAKOV. "The Snow-Maiden"
7. Troisième chanson de Lell
Nikolai RIMSKY-KORSAKOV. "Sadko"
8. Lamentation de Luybava
Pyotr TCHAIKOVSKY. "Maseppa"
9. Duo Maria/Lyubov
Modest MUSSORGSKY. "Khovanshchina"
10. Scène de divination de Marfa
11. Chanson de Marfa
Pyotr TCHAIKOVSKY. "The Queen of Spades"
12. Chanson de la Comtesse "Je crains de lui parler la nuit"
Et enfin, le quatrième, consacré à l'opéra. Je ne la connaissais que dans le répertoire russe… et bien dans le répertoire occidental, elle est au même niveau d'investissement que dans l'opéra russe. Son Eboli est incendiaire, royale et poignante, nous offrant un "O don fatale" magnifique. Dalila est un rôle en or pour elle, faisant briller son timbre magique sur les longues phrases. Ses deux airs, montrent les deux facettes de la femme… Revendiquant son pouvoir dans le premier, descendant avec facilité dans des graves de toute beauté, et d'une intensité et d'une autorité splendide. Dans le deuxième air, elle se fait douce, aimable, sensuelle… Si elle n'a pas le timbre d'une jeune fille sensuelle, elle arrondit sa voix, lui donnant une rondeur qui ne peut que faire fondre tout Samson!
Par la suite, la scène entre Aïda et Amnéris… le rôle des débuts de Sophya nous la montre dans toute sa splendeur! Autorité souveraine et port royal… elle donne tout à cette Amnéris, sa personnalité se fond totalement avec cette princesse, qui ne devient pas une harpie, mais une femme qui fait tout pour obtenir ce qui lui ait dû. L'Aïda qui l'accompagne est très correcte.
Ensuite, on trouve Azucena, autre grand rôle… Son Stride la Vampa sonne étrangement au début à cause de la langue, mais on est encore dans un rôle superbement campé, et ce aussi dans le duo et le trio de la prison.
Les airs russes qui suivent sont tout aussi beaux. La chanson de Lel de Snegourochka nous la montre joyeuse et enlevée…
Par la suite, la lamentation de Lyubava de Sadko est une vraie splendeur… On est loin devant ce qu'on peut entendre dans l'enregistrement où figure Nelepp par exemple… le timbre, la personnalité, cette tristesse… le tout avec sa voix longue et souple.
Le duo de Maria et Lyubov de Mazeppa est encore une fois incarnée avec panache, la voix glorieuse… et une Maria tout à fait à la hauteur!
Puis, on revient à Marfa… La scène d'invocation de 1960 est un petit peu tardive en comparaison avec son enregistrement intégral de 1946. L'incarnation est toujours aussi phénoménale, d'une dimension prophétique qui sublime les petites teintes sombres que l'on trouve dans le timbre et les aigus qui peuvent se trouver un peu durcis… par contre, la chanson de Marfa de 1937 un vrai bonheur… la voix est d'une beauté pas possible et cette chanson est comme murmurée, pleine de nostalgie, avec des graves plus légers que lors de l'intégrale de 46…
Enfin, un rôle magistral… l'air de la Comtesse… cette grande figure est à la dimension de la grande artiste. Pleine de noblesse et d'un charme quelque peut sur-année, elle nous chantonne la chanson comme dans un rêve et dans un français impeccable… Cet air est comme un adieu de la grande Sophya…
On va peut-être me dire que je suis en admiration béate, et c'est un peu vrai, mais toujours est-il que ces quatre disques montrent le très large répertoire de cette mezzo qui n'aura jamais percé en occident et que l'on ne peut entendre facilement que dans 3 rôles russes : Marfa, Jeanne et la Comtesse… Mais la résumer à ce répertoire et à ces trois rôles est très réducteur. Elle s'impose à l'écoute de ces disques comme une mezzo très complète, que ce soit dans les airs religieux ou les mélodies, ou encore dans le répertoire occidental.
Au niveau intégrales, on peut trouver
Et aussi une Dame de Pique en film, avec la voix de Preobrazhenskaya en Comtesse...
Voilà! Et j'ai d'autres photos, mais je ne retrouve plus les liens...
Mais si vous voulez, on doit trouver quelques petites choses sur le Tube habituel... le tout est d'essayer les bonnes orthographes :
preobrazhenskaya
preobrajenskaya
...