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| | Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 | |
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Auteur | Message |
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Pan Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3461 Date d'inscription : 24/12/2006
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Dim 21 Mar 2010 - 18:55 | |
| - Utnapishtim a écrit:
- Je serais curieux de savoir, si une ou plusieurs se sont retrouvées dans les 4 top 10 des présélectionneurs.
Non, aucune. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Dim 21 Mar 2010 - 19:27 | |
| Voici mes quelques commentaires. Je suis un peu déçu par cette première poule, où une seule version entraîne mon adhésion (et encore, pas complètement). Les places vont être très chères dans au moins une des autres poules. Sinon, vous trouverez un peu plus loin, dans le coin au fond à gauche, du bois, de l'essence et un briquet si besoin est... - Spoiler:
Version 1.1 Une interprétation qui se signale par des nuances et contrastes minimisés et par un important déficit de caractérisation et de personnalité. C'est assez scrupuleux, mais passe-partout, avec une sonorité qui n'est pas sans intérêt, mais internationale (comme s'il s'agissait de ne heurter personne, on délivre un produit à l'exportation). Par exemple, les innombrables indications de caractère de la partition ne se traduisent pas, à l'écoute, par un grand relief (le grandioso est quelconque, le cantando espressivo ne chante pas, le marcato sardonique n'a pratiquement pas d'intensité ni de rugosité, le pesante n'a aucun poids vertical, aucune racine tellurique, on se demande où est l'embrasement du incalzando, etc.) et ne sont pas suffisamment mises en lumière. Au dolce con grazia, on constate que ce déficit s'accompagne d'un certain prosaïsme dans les phrasés. Les phrasés n'accompagnent pas les lignes de chant vers leur but, leur destin ou leur néant. Les notes sous les indications de phrasés s'écoulent dans un espace indifférent. Et ce n'est pas dans cette version que le fugato de l'allegro energico prendra tout son sel. Somme toute, il y a très peu de différenciation entre les différentes pages de l'œuvre. Cela se laisse écouter, mais je me trouve frustré d'une grande part du caractère d'exception de cette œuvre. Probablement groupe 3, peut-être groupe 2.
- Spoiler:
Version 1.2 De plus belles nuances et un meilleur travail sur la sonorité que dans la version 1, mais dès le marcato de l'allegro energico, on remarque une certaine tendance aux pauses (à la pose ?), aux chichis. Par la suite, le marcato abandonne heureusement ce presque arrêt sur les premières croches et y gagne même une relative urgence. Dans cette interprétation, la meilleure expression -- du moins, la nuance d'expressivité la mieux observée -- est celle du grandioso et surtout du pesante, mais comme le lyrisme laisse beaucoup à désirer (j'y reviendrai) cela donne à toute la vision un côté sombre et rembruni qui n'est pas sans intérêt mais reste assez univoque. Ce pianiste n'a guère qu'une seule sonorité (bronzée, marbrée), mais elle est très belle. Dommage qu'il n'y en ait qu'une. Dans les premiers passages lyriques (le dolce con grazia, le cantando espressivo), les phrasés sont presque égrenés, bien peu lyriques justement. Les notes d'une même phrase s'y suivent, indifférentes les unes aux autres, dans une trop grande articulation qui vire souvent au doctoral. C'est une tendance que l'andante sostenuto ne fera que confirmer. Un chant fatal, alourdi même dans les moments les plus doux. D'un point de vue technique, les trilles sont exécutés de manière discutable, avec de nombreux petits défauts et ratés. Le trille qui devrait n'être que timbre et lumière en pâtit sensiblement. À nouveau, le fugato n'a pas beaucoup de caractère, certains paroxysmes sont (volontairement ?) érodés. Tout cela est seulement un petit cran au-dessus de la version 1. Groupe 2.
- Spoiler:
Version 1.3 De prime abord, une version techniquement très impressionnante où les nuances mais surtout les accentuations et les traits de virtuosité sont généralement très bien exécutés. Il faut souligner aussi un très bon contrepoint dans l'allegro energico (en présélection, cette version était parmi mes cinq préférées, de ce point de vue particulier). Ce pianiste se trouve parfaitement à son aise dans les aspects intellectuels ou spéculatifs. Malheureusement, le choc de la première audition s'émousse vite lors des écoutes suivantes. On s'aperçoit progressivement que le pianiste joue la partition mais qu'il se refuse à interpréter l'œuvre, à lui donner une ou plusieurs lignes directrices ou clefs de voûte qui orienteraient le parcours ou qui donneraient corps à une idée poétique. Cela donne paradoxalement une interprétation écrasante du point de vue technique (et dont le travail arachnéen doit être souligné), mais poétiquement et structurellement diffuse, où l'on ne ressent aucune option d'interprète. Quelques exemples. La première page, si mystérieuse ? Ici indifférente et jouée raide. Toutes les nuances ne sont pas correctes dans ce lento assai, qui s'écoule sans mystère, déjà tout baigné de la lumière du jour. Le soufflet crescendo des mesures 2 et 5, au lieu de culminer à la fin de la mesure comme indiqué, s'arrête sur la dissonance, comme pour la souligner. Aucun mystère ici et le caractère essentiel des sept premières mesures est gâché. La dernière page, si inquiète voire angoissée ? Ici indifférente, sans fenêtre ouverte sur un ailleurs désiré autant que redouté. Sinon, on note tout de même quelques effets bien appuyés par de petites pauses, un marcato sans méchanceté aucune, un pesante sans beaucoup de poids vertical, un grandioso qui ne se démarque en rien du tissu dans lequel il reste plongé. Le lyrisme de l'œuvre, si divers pourtant (onirique, éthéré, élégiaque, éperdu, morbide souvent) passe pour l'essentiel à la trappe. C'est toujours le même lyrisme tatillon, lyrisme de l'instant sans but, du temps sans flèche. Au total, rares sont les nuances ou les indications de caractère (pesante, grandioso, dolce con grazia, cantando espressivo, etc.) qui soient reconnaissables à l'écoute sans partition. Une version déferlante de savant méticuleux et satisfait de l'air aseptisé de son laboratoire. Probablement groupe 2, peut-être groupe 1.
- Spoiler:
Version 1.4 Une sonorité pianistique plus ciselée (parfois un peu cassante), mais aussi beaucoup plus diversifiée que dans la version 3. Ce qui frappe le plus, c'est le beau travail sur les transitions, qui voient les différents paramètres de l'interprétation varier de concert, soumis à la réalisation d'une idée poétique (nuances, toucher, phrasés, grain, couleurs, textures). Le premier exemple est le beau portique, ouvragé d'une agogique déjà sensible, qui conduit au grandioso et à sa royale sonorité d'or. Contrairement à la version 3, on remarque un sens du discours, une idée poétique qui prend forme patiemment. Par exemple, et pour la première fois, l'incalzando précède bien, par son caractère, le crescendo qui ne survient que trois ou quatre mesures plus tard. D'une manière générale, l'interprète est assez remarquable dans le lyrisme habité (et même parfois hanté), mais on perçoit aussi, dans certains crescendos tourmentés, une volonté et un désir tendus vers ailleurs. À mon avis, l'interprète n'évite pas l'écueil de l'académisme dans le fugato de l'allegro energico qui arrive un peu sans crier gare et sans grande homogénéité. Sa nécessité n'est guère évidente. Quelques autres aspects mitigent un peu l'enthousiasme (lyrisme somme toute souvent timide et caractérisation des aspects maléfiques qui devrait être plus poussée pour rééquilibrer l'ensemble), mais nous tenons la première interprétation habitée d'une vision et le premier interprète désireux de la porter. Groupe 1.
- Spoiler:
Version 1.5 Que dire, sinon que c'est pour moi une grande déception. J'avais beaucoup aimé l'allegro energico des présélections, et il est vrai que l'interprète s'y montre nettement plus sobre qu'ailleurs dans la sonate et que c'est un pianiste qui s'est souvent montré souverain dans la touffeur du contrepoint (romantique ou autre). Mais au total, comment expliquer cette volonté de surprendre, d'écraser, de surenchérir ? Dans toutes les nuances comprises entre le forte et le triple forte, cette sonorité pianistique métallique est si souvent caverneuse et glauque que l'on en vient à se demander si l'instrument lui-même n'a pas été traficoté ad hoc. Les passages lyriques sont démembrés, désarticulés. On y fait un sort impitoyable aux phrasés. Ils ne sont pas même morbides (ce qui aurait été parfois nécessaire et aurait pu fonder une vision noire de l'œuvre), mais carrément malsains. Les déferlements virtuoses sont souvent le prétexte à une surenchère d'effets, par exemple dans les notes doublées à l'octave et les accents ventripotents (taille XXL). La mise en place est d'ailleurs souvent perfectible. Au total, j'en retiens une vision très puissamment projetée, mais qui se résume à un chapelet de poses ou de postures. Pour moi, c'est le parangon d'une personnalité pianistique énorme projetant une vision poétique détestable d'une œuvre. Probablement groupe 3, peut-être groupe 2.
- Spoiler:
Version 1.6 C'est un peu la situation inverse de celle qui prévaut pour la version 5. J'avais été très peu enthousiaste à l'écoute de son fugato de l'allegro energico des présélections, et voici une vision qui s'établit dans la durée et qui reste fort bien menée, malgré une sonorité pianistique assez fruste et parfois dure (en tout cas boisée, très près des marteaux), ce qui a priori ne permet guère le rêve. Une vision intéressante projetée par une personnalité artistique beaucoup moins hypertrophiée. Avec des moyens pianistiques, un instrument et/ou une technique d'enregistrement qui sont ce qu'ils sont, la plupart des indications de caractère sont bien interprétées, avec une vision globale qui se tient. Ce n'est pas encore l'enthousiasme, car il reste beaucoup à redire. Par exemple, les récitatifs ritenuto ed appassionato après les passages fff pesante et fortissimo sont joués quasi piano, en tout cas pas forte. Du point de vue du caractère du passage, ritenuto ne s'oppose pourtant pas à appassionato, au contraire ! Ici, ce n'est ni l'un ni l'autre, juste mièvre. Mais l'andante sostenuto qui suit est très beau, avec de fait un sentiment très intérieur dit avec grande simplicité. Version d'introspection, donc. Cela n'empêche que le caractère des passages énergiques le cède vraiment beaucoup à celui des pages de lyrisme. Même replacé dans son contexte, le fugato trahit une faiblesse très sensible dans le traitement des lignes de contrepoint. J'ai beaucoup hésité, pour la seconde place, entre cette version et la version 3. Probablement groupe 1, peut-être groupe 2.
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| | | Jorge Caliméro baroqueux
Nombre de messages : 6307 Age : 35 Localisation : Strossburi Date d'inscription : 20/10/2005
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Lun 22 Mar 2010 - 0:38 | |
| - Utnapishtim a écrit:
- Quelques brefs commentaires :
- Spoiler:
Sans hésiter je place les versions 3 & 4 en tête. Je n'aime pas du tout la version 5. C'est laid et les choix interprétatifs ne me conviennent pas. Restait à choisir une autre version à écarter ; j'aime assez les versions 1,2 & 6, mais j'ai tout de même choisi la 6, mais franchement c'est bien parce qu'il faut en écarter deux.
Presque tout pareil ! - Spoiler:
J'adore la 3 et la 4, surtout la 3. La 5 est hideuse alors que la 2 est un peu chichiteuse. 1 et 6 assez neutres, j'aime parfois, parfois pas
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| | | Mariefran Mélomane nécrophile
Nombre de messages : 14259 Age : 62 Localisation : Lille Date d'inscription : 25/02/2008
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Lun 22 Mar 2010 - 22:53 | |
| - Spoiler:
Je suis d'accord avec Scherzian, rien ici d' essentiel. Aucune des six versions ne m'a vraiment convaincue… aucune ne se laisse réécouter aisément, accumulant, au contraire, les griefs au fur et à mesure des auditions. Ainsi, la 4 qui m'avait d'abord beaucoup plu en première audition me plaisait déjà beaucoup moins lors de la seconde Elle demeure toutefois ma préférée. En 2, j'ai placé la première version, que j'ai trouvée "classe", solennelle, mais qui m'a énervée dans son dernier tiers. Après vient la 6 - que j'ai hésité à mettre en deuxième position, mais j'avoue m'être laissée influencer par Natrav… Je suis en train de la réécouter en ce moment et voilà que je regrette mon vote… Elle méritait la seconde place. J'ai ensuite laissé sa chance à la deuxième, que j'ai trouvé assez poétique même si cette lecture ne me convainc guère. Les deux dernières, la 5 que j'ai trouvé brutale, avec un pathos appuyé, et la 3 ostentatoire, sans vision. Du beau piano mais qui m'ennuie. Produit trop léché ? Une poule un peu décevante. Pas de vision bouleversante de l'œuvre… et qui montre qu'il ne suffit pas d'être un grand pianiste pour jouer la sonate de Liszt !
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| | | antrav Papa pingouin
Nombre de messages : 37304 Date d'inscription : 08/12/2005
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Lun 22 Mar 2010 - 23:15 | |
| J'ai oublié comment il fallait répartir ces 6 versions ? Les classer ? Indiquer sa ou ses préférées... ? Help ! |
| | | Percy Bysshe Mélomane chevronné
Nombre de messages : 9940 Date d'inscription : 06/04/2009
| | | | Utnapištim Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3330 Age : 60 Localisation : Le vendredi soir à Pleyel. Date d'inscription : 13/09/2009
| | | | antrav Papa pingouin
Nombre de messages : 37304 Date d'inscription : 08/12/2005
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Lun 22 Mar 2010 - 23:16 | |
| Merci ! Facile. |
| | | Percy Bysshe Mélomane chevronné
Nombre de messages : 9940 Date d'inscription : 06/04/2009
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Lun 22 Mar 2010 - 23:25 | |
| - Spoiler:
"Rien d'essentiel"... Comme ça y va... J'ai quasiment fait mon choix. La No.3, mesdames et messieurs, nous sert ce qu'est l'essence de la Sonate en si mineur. Au-delà de la subjectivité, l'interprète ( ) nous livre une interprétation que je qualifie d'objective. Je suis un peu déçu de l'avoir reconnu si facilement (il a suffit d'un piqué), mais je l'écoute tellement aussi cette sonate. Je n'ai pas reconnu les autres interprètes, et le No.4 m'a drôlement bien plu pour l'engagement qu'il met dans son interprétation. La No.1 et la No.2 sont bof, et bien peu réfléchies.
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| | | Utnapištim Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3330 Age : 60 Localisation : Le vendredi soir à Pleyel. Date d'inscription : 13/09/2009
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Lun 22 Mar 2010 - 23:35 | |
| - Wolfgang a écrit:
- Spoiler:
" Rien d'essentiel"... Comme ça y va...J'ai quasiment fait mon choix. La No.3, mesdames et messieurs, nous sert ce qu'est l'essence de la Sonate en si mineur. Au-delà de la subjectivité, l'interprète ( ) nous livre une interprétation que je qualifie d'objective. Je suis un peu déçu de l'avoir reconnu si facilement (il a suffit d'un piqué), mais je l'écoute tellement aussi cette sonate. Je n'ai pas reconnu les autres interprètes, et le No.4 m'a drôlement bien plu pour l'engagement qu'il met dans son interprétation. La No.1 et la No.2 sont bof, et bien peu réfléchies.
- Spoiler:
En effet je me demande ce que seront les versions essentielles. Nous sommes 3 à privilégier la 3 & la 4 ; cette dernière faisant presque l'unanimité.
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| | | antrav Papa pingouin
Nombre de messages : 37304 Date d'inscription : 08/12/2005
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Lun 22 Mar 2010 - 23:53 | |
| Je n'aime pas habituellement les versions qui me prennent aux tripes dans cette oeuvre qui risque facilement de tourner au grand guignol. - Spoiler:
1° place - Pourtant c'est la version 4 qui a ma préférence, elle est passionnée mais sans ostentation excessive, mordante, pesante et sombre. 2° place - La 1 en 2° mais j'ai hésité pour la première place. Impériale et très maîtrisée voire un peu froide. Mais elle laisse la place à sa propre rêverie, à sa façon de l'investir sans être forcé de recevoir le pathos de l'interprète. 6° place - Pour les versions pourries, j'ai envie de donner le pompon à la version 3 qui joue les croque-mitaines. A force de tirer vers le noir ça en devient caricatural, j'ai l'impression que c'est la BO d'un mauvais film d'horreur de la Hammer. Dracula à Budapest. 5° place - Difficile d'attribuer cette place précisément. La 2 et la 5 m'ont franchement déplu. La 2 pour ce jeu décousu qui ne me raconte rien, impression que la partition n'est pas maîtrisée techniquement, tout est envoyé sans vision de l'oeuvre. La 5 est sèche, cassante, jouée par un (ou une) bucheron. Disons la 5 pour la 5° place. 3° place - La version 6 est belle, ample, un souffle retenu mais à la forte intériorité qui m'évoque la version 1, j'ai hésité à la sélectionner. 4° place - Disons donc la version 2, maladroite. Peut mieux faire.
J'ai eu du mal à ces écoutes, c'est une oeuvre lourde et copieuse qui nécessite trop de concentration pour bien juger. Je n'ai pas eu le temps d'écouter toutes ces versions avec la partoche comme ça le mériterait. |
| | | Mariefran Mélomane nécrophile
Nombre de messages : 14259 Age : 62 Localisation : Lille Date d'inscription : 25/02/2008
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Lun 22 Mar 2010 - 23:53 | |
| - Wolfgang a écrit:
- Spoiler:
"Rien d'essentiel"... Comme ça y va... J'ai La No.3, mesdames et messieurs, nous sert ce qu'est l'essence de la Sonate en si mineur. Au-delà de la subjectivité, l'interprète ( ) nous livre une interprétation que je qualifie d'objective.
- Spoiler:
L'objectivité, ça m'emmerde surtout l'objectivité du subjectif que nous conjuguerons au subjonctif
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| | | antrav Papa pingouin
Nombre de messages : 37304 Date d'inscription : 08/12/2005
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Lun 22 Mar 2010 - 23:59 | |
| - Mariefran a écrit:
- Spoiler:
Je suis d'accord avec Scherzian, rien ici d' essentiel. Aucune des six versions ne m'a vraiment convaincue… aucune ne se laisse réécouter aisément, accumulant, au contraire, les griefs au fur et à mesure des auditions. Ainsi, la 4 qui m'avait d'abord beaucoup plu en première audition me plaisait déjà beaucoup moins lors de la seconde Elle demeure toutefois ma préférée. En 2, j'ai placé la première version, que j'ai trouvée "classe", solennelle, mais qui m'a énervée dans son dernier tiers. Après vient la 6 - que j'ai hésité à mettre en deuxième position, mais j'avoue m'être laissée influencer par Natrav… Je suis en train de la réécouter en ce moment et voilà que je regrette mon vote… Elle méritait la seconde place. J'ai ensuite laissé sa chance à la deuxième, que j'ai trouvé assez poétique même si cette lecture ne me convainc guère. Les deux dernières, la 5 que j'ai trouvé brutale, avec un pathos appuyé, et la 3 ostentatoire, sans vision. Du beau piano mais qui m'ennuie. Produit trop léché ? Une poule un peu décevante. Pas de vision bouleversante de l'œuvre… et qui montre qu'il ne suffit pas d'être un grand pianiste pour jouer la sonate de Liszt !
Si je lis bien on a exactement le même classement. |
| | | Mariefran Mélomane nécrophile
Nombre de messages : 14259 Age : 62 Localisation : Lille Date d'inscription : 25/02/2008
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Mar 23 Mar 2010 - 0:00 | |
| Tu lis bien |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Mar 23 Mar 2010 - 0:49 | |
| - Wolfgang a écrit:
- Spoiler:
[...] Au-delà de la subjectivité, l'interprète ( ) nous livre une interprétation que je qualifie d'objective. [...]
- Spoiler:
La musique est un art de la scène, tout comme le théâtre (les anglophones parleraient d'un performing art). La musique exige donc un interprète, lequel, comme n'importe quel être humain, n'est rien d'autre que subjectivité. Ce n'est donc pas au-delà de la subjectivité que se trouve l'objectivité, mais infiniment en deçà. L'objectivité, c'est simplement la lecture rationnelle du texte de la pièce de théâtre ou de la partition de l'œuvre de musique. C'est le degré zéro de l'interprétation. Si une interprétation semble objective ou rationnelle, si elle donne l'impression de « laisser la musique s'exprimer d'elle-même », c'est qu'elle a échoué dans son entreprise à s'emparer de l'œuvre. En réalité, les interprètes « objectifs » n'existent même pas, et ce sous deux rapports. Premièrement, leur soi-disant objectivité n'est qu'une forme (infiniment faible) de subjectivité, et leur interprétation n'existe pas devant les visions essentielles de l'œuvre. Deuxièmement, il est humainement impossible de ne pas être subjectif au moins dans une certaine mesure (à moins d'être un fichier MIDI ou une machine à coudre). Considérer l'objectivité comme un idéal à atteindre, cela revient à châtrer l'humain de ce qu'il a de plus essentiel.
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| | | Pan Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3461 Date d'inscription : 24/12/2006
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Mar 23 Mar 2010 - 0:59 | |
| Une remarque concernant les fichiers MIDI. Ils sont de deux sortes : ceux qui jouent la partition brute, on peut alors parler de musique d'ordinateur, et ceux qui servent de moyen d'enregistrement à des musiciens humains, l'ordinateur ne servant alors qu'à produire le son, mais pas l'interprétation, comme sur un synthétiseur. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Mar 23 Mar 2010 - 1:08 | |
| Oui, c'est vrai. Mea magna culpa. Disons seulement qu'une fois le fichier MIDI enregistré, l'ordinateur peut le rejouer autant de fois que l'on veut sans y apporter la moindre modification, ce qu'aucun interprète humain ne pourrait réaliser (quelle que soit sa maîtrise de l'instrument). |
| | | Pan Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3461 Date d'inscription : 24/12/2006
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Mar 23 Mar 2010 - 1:11 | |
| - Scherzian a écrit:
- Disons seulement qu'une fois le fichier MIDI enregistré, l'ordinateur peut le rejouer autant de fois que l'on veut sans y apporter la moindre modification
C'est la même chose avec un disque, non ? |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Mar 23 Mar 2010 - 1:25 | |
| Oui, c'est la même chose avec un disque. Je tentais maladroitement de dire que le pathos de l'objectivité me semble exiger de l'humain qu'il tende asymptotiquement vers le fichier MIDI au premier des deux sens que tu as cités.
Mais c'est effectivement la même chose avec un disque. Cela relativise beaucoup l'importance que l'on peut leur accorder. C'est pour cela que je préfère les disques enregistrés d'une traite en présence d'un public. Ces disques restent désespérément incapables de dire autre chose, mais au moins on est sûr qu'ils sont un reflet de quelque chose qui a existé, qui a occupé un ensemble connexe de l'espace-temps, qui a été partagé par une communauté. Mais cela reste comme une photographie de plus en plus jaunie de quelque chose de révolu. |
| | | Pan Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3461 Date d'inscription : 24/12/2006
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Mar 23 Mar 2010 - 2:27 | |
| Ta vision de l'œuvre d'art m'inspire cette image : l'œuvre du compositeur est comme une plante dont les interprétations successives seraient les fleurs. Qu'en penses-tu ? |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Mar 23 Mar 2010 - 10:50 | |
| Ce qu'il y a de plus séduisant dans cette image, c'est son aspect organique. L'essence, le fluide irrigateur indispensable, c'est l'œuvre, c'est-à-dire l'idée ou les idées poétiques que le compositeur a créées et dont la partition s'efforce d'être la représentation graphique la plus précise et complète possible. Chaque interprète se laisse nourrir de cette essence, la plus importante part de son travail est d'y trouver ce qu'il y a de nécessaire, ses pierres angulaires, ses clefs de voûte qui aspirent et justifient chaque moment, chaque aspect de l'œuvre d'une manière téléologique. Arrivée à maturité, l'interprétation bourgeonne dans l'acte, interprète face à un public ou devant un microphone. Chaque parfum épanché nous semble (« nous » étant mis pour les mélomanes, les auditeurs) à chaque fois frais et nouveau, alors que nous avons pourtant déjà vécu bien des printemps. Il y a des lignes merveilleuses par Heinrich Neuhaus à ce propos, ce que j'ai écrit n'en est qu'une paraphrase. Merci Pan pour cette image ! |
| | | Pan Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3461 Date d'inscription : 24/12/2006
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Mar 23 Mar 2010 - 15:05 | |
| Par cette métaphore, j'ai aussi voulu traduire le caractère éphémère des interprétations, qu'il m'avait semblé comprendre dans tes propos, par rapport à la permanence de l'œuvre écrite. |
| | | Morloch Lou ravi
Nombre de messages : 9912 Date d'inscription : 14/10/2006
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Mar 23 Mar 2010 - 15:31 | |
| - Spoiler:
bon, je me suis décidé, car il faut bien se décider, mes deux versions préférées seront 4 et 6, mes versions moins appréciées seront 1 et 2
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| | | Pan Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3461 Date d'inscription : 24/12/2006
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Ven 26 Mar 2010 - 12:06 | |
| Résultats pour la première poule
QUALIFIÉS :
* 1ère place : 4 * 2ème place : 6
ÉLIMINÉS (entre parenthèses, le numéro de la version lors des présélections) :
* 3ème place : 3 (1) Zimerman * 4ème place : 1 (3) Wang * 5ème place : 2 (26) Barenboim * 6ème place : 5 (15) Horowitz
Il y avait donc deux versions de Vladimir Horowitz. Celle de 1932, éliminée lors des préselections et celle de 1976 dans cette poule. À noter que Yuja Wang était arrivée en tête à l'issue des présélections avec trois participants sur quatre qui l'avaient placé dans leurs dix préférés et un dans ses douze intermédiaires. |
| | | Utnapištim Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3330 Age : 60 Localisation : Le vendredi soir à Pleyel. Date d'inscription : 13/09/2009
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Ven 26 Mar 2010 - 12:41 | |
| On en élimine donc 4 d'un coup ! Je suis désolé de la disparition de la 3. |
| | | antrav Papa pingouin
Nombre de messages : 37304 Date d'inscription : 08/12/2005
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Ven 26 Mar 2010 - 14:13 | |
| Très bien pour la 3, c'est Wang qui manque. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Ven 26 Mar 2010 - 14:35 | |
| - Pan a écrit:
- Par cette métaphore, j'ai aussi voulu traduire le caractère éphémère des interprétations, qu'il m'avait semblé comprendre dans tes propos, par rapport à la permanence de l'œuvre écrite.
Oui, c'est vrai aussi. Les interprétations sont éphémères (bien que certaines, surtout en studio, semblent s'efforcer à dépasser leur nature), mais nous avons toujours la chance d'un prochain printemps. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Ven 26 Mar 2010 - 14:47 | |
| Je suis un des responsables de l'élimination de Wang et Horowitz. Deux qualifiés sur six, c'est vraiment très sévère (mais Pan nous avait prévenus). Tenant compte du niveau moyen de la poule 1, je trouve que Zimerman aurait pu être qualifié également. J'espère que mes hésitations entre la version 6 (que j'avais placée en bas de mon groupe de tête) et cette version 3 (en haut de mon groupe intermédiaire) ne lui auront pas coûté trop cher... |
| | | Mariefran Mélomane nécrophile
Nombre de messages : 14259 Age : 62 Localisation : Lille Date d'inscription : 25/02/2008
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Ven 26 Mar 2010 - 18:04 | |
| Horowitz, la version avec laquelle j'ai appris ma sonate… et que j'ai placé dernière ! Comme quoi, les goûts évoluent… Ecouté déjà 4 versions de la deuxième poule. - Spoiler:
Il y a une de mes versions de chevet…
|
| | | Pan Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3461 Date d'inscription : 24/12/2006
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Ven 26 Mar 2010 - 18:16 | |
| Pour les curieux. - Spoiler:
|
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Ven 26 Mar 2010 - 19:04 | |
| La poule n° 2 est d'un niveau proprement hallucinant. Il y a au strict minimum trois et probablement quatre versions essentielles parmi les six. Et seulement deux que j'ai reconnues ! Quand bien même nous arrêterions-nous ici (ce qui serait ridicule, bien sûr), ton écoute comparée serait déjà un très grand succès, Pan. En tout cas, je te remercie pour ce que tu nous fais découvrir. |
| | | Mariefran Mélomane nécrophile
Nombre de messages : 14259 Age : 62 Localisation : Lille Date d'inscription : 25/02/2008
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Ven 26 Mar 2010 - 20:13 | |
| Moi, j'en ai reconnu trois. Dont une que je déteste cordialement |
| | | Utnapištim Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3330 Age : 60 Localisation : Le vendredi soir à Pleyel. Date d'inscription : 13/09/2009
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Ven 26 Mar 2010 - 20:13 | |
| J'aimerais bien écouter la suite, mais que c'est looooooooooooong à télécharger ; après 2h je n'en suis qu'à 20% ! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Ven 26 Mar 2010 - 20:31 | |
| - Utnapishtim a écrit:
- J'aimerais bien écouter la suite, mais que c'est looooooooooooong à télécharger ; après 2h je n'en suis qu'à 20% !
De mon côté, cela téléchargeait à peu près à 65~75 kO/s. Peut-être que le serveur de Pan doit servir plusieurs clients en même temps ? En tout cas, même avec une connexion à Internet antédiluvienne comme la mienne, cela devrait aller un peu plus vite... La bonne nouvelle : les FLAC de la poule 2 ne demandent aucune manipulation préalable. - Mariefran a écrit:
- Moi, j'en ai reconnu trois. Dont une que je déteste cordialement
Ah, mais je n'ai rien dit des deux versions que je trouve inessentielles (et que je n'ai pas reconnues). Du moment que tu aimes la Suisse et la Russie, pas de problème ! |
| | | Mariefran Mélomane nécrophile
Nombre de messages : 14259 Age : 62 Localisation : Lille Date d'inscription : 25/02/2008
| | | | Invité Invité
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Ven 26 Mar 2010 - 20:36 | |
| |
| | | Pan Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3461 Date d'inscription : 24/12/2006
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Ven 26 Mar 2010 - 22:18 | |
| - Scherzian a écrit:
- La bonne nouvelle : les FLAC de la poule 2 ne demandent aucune manipulation préalable.
J'ai changé de logiciel pour encoder en FLAC. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Sam 27 Mar 2010 - 12:21 | |
| Voici mon commentaire pour la version 1 de la poule 2. - Spoiler:
Version 2.1 Une introduction lento assai quasi parfaite, des accords sur sol vraiment sotto voce, des dissonances légèrement soulignées mais nimbées d'une aura sonore mystérieuse, un decrescendo pas trop rapide aux mesures n°3 et n°6. Un formidable lever de rideau, mais on pourrait aimer plus de variété pour qu'il y ait un vrai discours (de ce point de vue, cette interprétation est inférieure à celle de la version 5). L'allegro energico est remarquable de sauvagerie contrôlée, très marqué et bien dans la nuance forte (sans excès). Une agogique remarquable aussi. Les marcato qui suivent devraient selon moi être plus sardoniques pour l'équilibre et le relief. Quelques problèmes techniques dans le sempre staccato ed energico assai (et d'autres beaucoup plus loin dans le fugato de l'allegro energico), mais compréhensibles étant donné la prise de risques en public. Le pesante impose une humeur sombre, ombrageuse, et à mille lieues de toute ostentation spectaculaire. Un immense crescendo conduit au grandioso auquel le musicien ne donne pas de couleur pianistique particulière, mais une agogique admirable et très volontaire. Le premier épisode lyrique, dolce con grazia, annonce ce qui sera confirmé partout par la suite : un lyrisme très subtil, au cantabile simple et profond, des phrasés magnifiques et habités, sur des tempos souvent très modérés. Du coup, le a tempo est fabuleux. À nouveau, le cantando espressivo est délié, très simple et profond, dans une belle sonorité pianistique. Un art des transitions confondant, une plasticité et une élasticité du temps musical admirables ne cessent de soulever et de projeter l'œuvre. L'incalzando, toujours joué piano comme noté, est littéralement embrasé, aspiré par ce dont il constitue les prémices : le crescendo, le strepito, le stringendo, le marcatissimo. Une manière très russe de jouer les alternances fff pesante/recitativo et fortissimo/recitativo. Ces deux récitatifs pourraient être plus passionnés et déployés, mais le pesante est très réussi. L'andante sostenuto, sur un tempo très lent et cette fois avec une agogique très restreinte, est chanté magnifiquement, avec grande simplicité et intériorité, et de superbes phrasés. Après l'onirisme quasi parfait mais peu déployé de ce passage, comme volontairement secret, le con passione renouvelle l'art de la transition, cette agogique volontaire. Dans la page qui précède le fugato de l'allegro energico, le raffinement et la pureté de gemme des phrasés atteignent un niveau incantatoire, quasi surnaturel. La plus belle transition imaginable. Quant au fugato lui-même, s'il est bien emmené, il me laisse un peu sur ma faim. Les phrasés se font moins solaires, le contrepoint n'est pas accusé de la splendide façon que l'on entendra dans la version 4, l'energico n'est guère marqué, un énorme pain n'arrange rien et le marcato est à nouveau peu significatif. Heureusement, dès le più mosso on retrouve cet art irrésistible de la transition, cette agogique impérieuse. La « nuance » senza slentare qui teinte le cantando espressivo est bouleversante. Les phrasés splendides s'animent progressivement de part et d'autre de la strette -- d'abord poco animato, puis con strepito, ensuite stringendo molto -- pour conduire au presto et au prestissimo fuocoso assai du climax. Après un silence sans fin et lourd de sens et de musique, le bel andante résonne une dernière fois dans sa simplicité dénudée. La dernière page, pourtant admirable de bout en bout, manque un peu du délié et de l'angoisse qui font le prix de la version 5.
Cette version 1, qui aurait annihilé tout ce que nous avons entendu dans la poule 1, ce n'est pas sans un pincement au cœur que je ne la placerai que troisième. Elle n'a pas l'ascendant formel et organique (ni la maîtrise écrasante) de la prodigieuse version 4. Elle n'a pas non plus la poésie polysémique de la version 5, son clair-obscur dévorant, sa liberté (bien qu'elle l'emporte sur celle-ci du point de vue de la maîtrise -- et nous pouvons bien comparer de ce point de vue ces deux versions, réalisées toutes deux en public). C'est probablement injuste de la ranger si bas, mais ce sont les règles très sévères qui veulent cela. En tout cas, pour moi, cette première version est une découverte inoubliable. Groupe 2.
|
| | | Mariefran Mélomane nécrophile
Nombre de messages : 14259 Age : 62 Localisation : Lille Date d'inscription : 25/02/2008
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Sam 27 Mar 2010 - 13:37 | |
| La teneur de cette poule 2 est telle que ça va être un vrai dilemme… J'aime beaucoup 4 versions. |
| | | Utnapištim Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3330 Age : 60 Localisation : Le vendredi soir à Pleyel. Date d'inscription : 13/09/2009
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Sam 27 Mar 2010 - 18:11 | |
| - Mariefran a écrit:
- La teneur de cette poule 2 est telle que ça va être un vrai dilemme… J'aime beaucoup 4 versions.
Moi aussi j'en aime bien 4 ! J'ai réussi à télécharger les fichiers pendant la nuit ! Alors : - Spoiler:
La 1, j'adoooooooooooore, vraiment formibable, tout ce que j'aime. Ensuite pour choisir la 2e j'ai hésité entre 2, 4 & 5. A la réécoute c'est tout de même la 4 qui l'emporte. 2 et 5 sont tout de même très bien. Je suis loin de détester les versions 3 & 6 mais elles ne font pas le poid à côté des autres à mon avis.
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| | | Mariefran Mélomane nécrophile
Nombre de messages : 14259 Age : 62 Localisation : Lille Date d'inscription : 25/02/2008
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Sam 27 Mar 2010 - 19:20 | |
| C'est fou ce que c'est allé vite, cette deuxième poule ! - Spoiler:
Il y a la 5 - visionnaire. Une histoire de vie et de mort, une angoisse déchirante, une sensibilité à fleur de peau… Une lecture métaphysique. Un de mes pianistes préférés. Ecoutez le faire l'amour au piano, on n'en sort pas indemne. Tout n'est pas parfait mais c'est vivant, habité, sans cesse sur le fil du rasoir, une grâce suspendue. Il y a la 4. Le Suisse. J'ai dit du mal d'elle quand j'étais accro à Grinberg (je le suis toujours, mais j'ai pris un peu plus de distance ). C'est une bien belle version, mais elle ne me convainc toujours pas absolument. Je l'aime beaucoup mais elle ne me sort pas de moi comme la 5 le fait. L'expression est mauvaise d'ailleurs. Au contraire, nous ne nous rencontrons pas durablement. Il y a la 1. Découverte, je pense. Quelle claque ! J'ai hâte de savoir qui joue… La 3… Qu'est-ce que je l'ai écoutée, pendant ma découverte de ce pianiste totalement atypique ! Pathos, sentiments excessifs, on adore ou on déteste, je pense. Tout est hyperbolisé. Il paraît qu'en concert il s'écroulait en larmes après l'avoir jouée. La 6. J'aime beaucoup aussi. Mais il manque la métaphysique, n'est-ce pas ? La 2 m'a laissée parfaitement froide. Scherzian va hurler mais ce sera 5/1 - 4/6 - 3/2
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| | | Octavian Glasse les fraises
Nombre de messages : 7333 Age : 40 Localisation : Près du Vieux Port Date d'inscription : 07/05/2008
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Sam 27 Mar 2010 - 19:31 | |
| - Mariefran a écrit:
- Ecoutez le faire l'amour au piano, on n'en sort pas indemne.
Les lisztiens sont des gens bizarres. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Sam 27 Mar 2010 - 21:01 | |
| Mariefran, Utnapishtim, comme je vous envie ! Je veux dire que nos trois avis ne sont pas sans points communs, loin de là, mais que je me débats encore avec l'ordre de mes trois derniers (mes trois premiers ont été fixés très vite). Et je me débats encore plus pour mes commentaires relatifs aux deux versions que je place au sommet. Encore heureux que Pan nous a laissé une semaine... @ Mariefran : Il n'y a vraiment pas de raison que je hurle, comme tu dis, au contraire. Je suis déjà très heureux de lire qu'une rencontre (même épisodique) a pu avoir lieu au pied oriental du Weisshorn. - Octavian a écrit:
- Les lisztiens sont des gens bizarres.
Eh bien pas forcément. En fait, Mariefran a utilisé une image puissante mais très exacte de ce que l'on ressent en écoutant un des pianistes de cette poule. Pour ma part, je dirais que son art est si intime, si direct, si étranger à toute strate de sophistication, que l'image d'un acte d'amour s'impose d'elle-même. Le pianiste en question disait d'ailleurs : « je suis meilleur lorsque je suis sur scène, car sur scène j'aime le monde entier. » |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Sam 27 Mar 2010 - 22:21 | |
| Mon commentaire pour la version 5 de la poule 2. - Spoiler:
Version 2.5 Du quasi-néant qui précède la création de ce monde sonore (le lento assai initial) à l'angoisse inextinguible qui ronge son créateur (la dernière page), voici pour moi l'expression non virtuose la plus accomplie du lyrisme de la forme inventée par Liszt. Ce qui me bouleverse le plus dans cette interprétation, c'est bien ce lyrisme polysémique : sa nuit est dévorée de lumière, son soleil porte presque toujours les discrets stigmates de sa propre morbidité. Chez cet interprète, jamais le lyrisme n'abdique, pas même dans les déferlements, les pires déchaînements de virtuosité. Et le tout incarné dans la plus merveilleuse sonorité pianistique que nous ayons entendue jusqu'ici. Quelle que soit la nuance, l'intensité ou l'attaque des notes, la sonorité demeure d'une beauté surnaturelle, le lieu où s'incarne la vision poétique.
Lento assai. Les trois groupes de deux accords sur sol (mesures n°1, n°4 et n°7) sont dans un rapport de très léger crescendo du premier groupe au deuxième, puis de decrescendo sensiblement plus marqué du deuxième groupe au dernier (avec un dernier sol presque pianissimo). Ils constituent la grande arche du lever de rideau et l'écrin des mesures n°2-3 et n°5-6. Le crescendo/decrescendo des mesures n°2-3 n'est presque pas marqué, la dissonance sol/fa bécarre reste très douce, nimbée. En dépit du phrasé très plein, l'interprète parvient à introduire un léger marcato annonciateur de la suite. Le crescendo/decrescendo des mesures n°5-6, en revanche, est plus marqué, de même que la dissonance sol/fa dièse qui est plus accusée. Mais le decrescendo en mesure n°6 est plus profond que son homologue en mesure n°3. De même, le très léger marcato de la mesure n°3 disparaît quasiment en mesure n°6. Ce sont ces variations infimes du jeu qui font le prix de cette interprétation : des mesures n°1-3 aux mesures n°4-6, le temps s'est déjà écoulé en nous et l'on ne se baigne pas deux fois dans le même fleuve. La mesure n°7 perd toute force, préparant l'allegro energico par un contraste pianissimo/forte (plutôt que piano/fortissimo qui aurait été incohérent à l'échelle de la sonate).
Allegro energico. Splendide agogique qui souligne la dissymétrie entre les lignes ascendantes en croches et les lignes descendantes en triolets de croches. Le premier motif marcato, sardonique à souhait, s'éteint pourtant sans presque aucun accent sur do dièse. Le deuxième, deux mesures plus loin, légèrement moins marcato, monte en revanche crescendo jusqu'à l'accent sur ré dièse. L'agitato prend d'abord tout son temps, menaçant, avant le (più) crescendo : admirable transition. Le rinforzando, d'une violence réelle mais très contenue, renforce l'agitato lacéré du motif sardonique toujours marcato. Quel malheur que la prise de son défaillante nous prive en partie du premier grand climax de l'œuvre (après le premier déferlement d'octaves). Le sempre staccato ed energico assai, par son rinforzando, conduit de manière très naturelle au pesante auquel le pianiste donne une couleur et surtout une texture uniques : l'être s'efforce de s'arracher à sa condition de matière, de glaise. Le (molto) crescendo puis le marcatissimo conduisent alors implacablement au grandioso, à sa sonorité d'or et de sang. Ici, une agogique impériale, dans un tempo de base très modéré, incarne admirablement le caractère de cette page. (En fait, quelqu'un qui ne saurait pas lire une partition pourrait replacer, à l'écoute de cette interprétation, toutes les indications de caractère sur la partition avec une sûreté de funambule.) Les feux s'éteignent progressivement pour le dolce con grazia.
En l'espace de quelques lignes, deux formes de lyrisme sont offertes. Au dolce con grazia, un lyrisme tout intérieur, avec des nuances aux confins du silence, des phrasés qui abolissent les barres de mesures. Au cantando espressivo, ce lyrisme incandescent et incantatoire, à la frontière entre le chanté et le parlé, pour lequel ce pianiste semble être né et qui constitue le cœur de toute sa poétique : c'est un lyrisme délié, libre de toute contingence, dont l'intensité justifie toutes les couleurs, toutes les textures et une agogique particulièrement audacieuse. C'est un lyrisme qui pénètre la chair pour en faire l'esprit, ou l'effleure afin de la faire tressaillir.
C'est un poco crescendo singulièrement agitato (et dont le geste est soutenu d'une belle voix de baryton) qui nous amène au cœur des alternances entre le lyrisme, les déchaînements et les récitatifs. Ce pianiste possède un sens des tensions et des détentes digne de Furtwängler, doublé d'un art d'illuminer les textures (ici par un trille, là par la pertinence oratoire d'un récitatif ad libitum) et de mettre en exergue les contre-chants (on ne sera à pareille fête qu'avec l'interprète de la version 4). Bel incalzando, mais fabuleux con strepito (quelle main gauche tragique et enfiévrée !). Les passages fff pesante et fortissimo renouent avec cette texture alourdie si humaine dans sa condition matérielle que l'on n'a de cesse de surmonter. Ils sont superbement contredits par les récitatifs clamés forte avec une agogique très audacieuse, encore une fois.
Les marcato et l'energico cèdent progressivement place à l'andante sostenuto. Sa première phrase est intériorité, presque un choral où chaque voix intérieure soutient les autres et est soutenue par elles. Dès la seconde phrase, la coloration revient et s'épanouit dans le dolcissimo con intimo sentimento du quasi adagio, où l'on retrouve cette qualité très particulière de la sonorité, qui tient plus du parlé que du chanté, du poète que de l'artiste. Le thème du grandioso revient mezzo forte avec, au con passione, une agogique très différente de celle de la version 1, mais bouleversante : une volonté de vaincre, de se surmonter, de surpasser sa condition. La dernière page avant le fugato n'est que jeu sur les couleurs et les textures, nocturne irradié de lumière.
L'allegro energico, du moins dans ses quarante ou quarante-cinq premières mesures, n'est malheureusement pas sans de nombreux problèmes techniques et montre aussi un art du contrepoint contestable. Restent l'audace et la beauté insolente des phrasés et de la sonorité. Par la suite, le fugato est beaucoup mieux conduit, sardonique et volontaire, aspiré par le più mosso (sans toutefois égaler ici la version 4 et ses décisions de tempos). L'imbrication des thèmes de l'œuvre est fabuleuse : chacun y reçoit sa couleur propre, sa texture. Le premier climax, dans les déferlements d'octaves precipitato, exacerbe l'exaspération du thème sardonique. Pour moi, la transition immense vers le grand climax de l'œuvre, le grandioso fff au début de l'avant-dernière page, est fascinante comme l'océan : l'animato dans la touffeur polyphonique, la strette impitoyable, le strepito mordant et tragique à la main gauche, le stringendo, le presto. Au prestissimo, sous le déferlement des octaves à une main, l'autre lance des fusées de feu.
Si l'on a pu dire que maintes pages de Bach expriment l'angoisse de la créature, l'interprète, pour clore cette trajectoire, impose ici l'image poétique de l'angoisse du créateur. Dès la neuvième mesure d'un allegro moderato déjà très sombre, le pianiste noie son jeu dans un miroitement évanescent de timbres et de lumières déclinantes. Les deux gammes descendantes (pour lesquelles il réussit même à imposer un léger caractère marcato) conduisent à une méditation en accords sur cinq mesures dont l'intensité décline en même temps que sa ligne et son phrasé s'élèvent comme par magie. Le dernier si grave, joué comme la croche qu'il est, me semble écrasé d'angoisse. Cette vision poétique me semble unique dans tout ce que nous avons entendu jusqu'ici. Au niveau technique, cette version n'est certes pas supérieure à la version 1 (ce serait plutôt franchement l'inverse), mais pour sa poésie lunaire, son incarnation intransigeante, son appropriation du texte... Groupe 1.
|
| | | Mehdi Okr Mélomaniaque
Nombre de messages : 1703 Date d'inscription : 04/02/2009
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Sam 27 Mar 2010 - 22:39 | |
| - Scherzian a écrit:
Ce qui me bouleverse le plus dans cette interprétation, c'est bien ce lyrisme polysémique : sa nuit est dévorée de lumière, son soleil porte presque toujours les discrets stigmates de sa propre morbidité.
Bel incalzando, mais fabuleux con strepito (quelle main gauche tragique et enfiévrée !). Les passages fff pesante et fortissimo renouent avec cette texture alourdie si humaine dans sa condition matérielle que l'on n'a de cesse de surmonter. Ils sont superbement contredits par les récitatifs clamés forte avec une agogique très audacieuse, encore une fois.
Je suis admiratif qu'on puisse écrire des choses comme ça (auxquelles je ne comprends malheureusement pas grand chose) sur de la musique. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Sam 27 Mar 2010 - 23:35 | |
| Merci, mais j'écris surtout sous la dictée de celui qui inspire cela. Il y a aussi un vers de Supervielle pour le verbe dévorer et le chant de Kathleen Ferrier pour le rapport de la lumière à la nuit. (Dans mon cas, c'est aussi un peu une seconde nature, ce rapport-là, puisque je fais un peu d'astronomie en amateur.) Le lyrisme nocturne rongé de lumière, c'est très frappant chez ce pianiste. Par exemple, il y a une des études posthumes de Schumann sauvées par Brahms et parfois réintégrées aux Études symphoniques opus 13 : c'est tellement évident qu'il n'y a vraiment besoin de rien d'autre que d'écouter pour voir. Sinon le reste, c'est juste des indications de caractère tirées de la partition... il ne te manque que l'interprétation en question ! |
| | | Christophe Mélomaniaque
Nombre de messages : 1597 Age : 58 Localisation : Haute savoie Date d'inscription : 29/06/2007
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Dim 28 Mar 2010 - 16:37 | |
| Bonjour, Je ne peux que confirmer ce qui a été dit précédemment : cette poule contient des merveilles ... au moins 4, et donc très difficile de faire un choix, pour la deuxième place en tout cas, car je n'ai pas hésité une seconde pour la première place : - Spoiler:
Versions retenues : n° 1 et 6 Versions éliminées : n° 3 et 5 Mariefran, je me trompe peut-être, mais je ne suis pas sûr que la version 1 te soit inconnue
Christophe |
| | | Pan Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3461 Date d'inscription : 24/12/2006
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Dim 28 Mar 2010 - 17:58 | |
| - Spoiler:
- Christophe a écrit:
- Mariefran, je me trompe peut-être, mais je ne suis pas sûr que la version 1 te soit inconnue
Il me semble aussi l'avoir entendu parler de ce pianiste sur le fil de la sonate, mais c'est peut-être d'une autre version de ce pianiste...
|
| | | Mariefran Mélomane nécrophile
Nombre de messages : 14259 Age : 62 Localisation : Lille Date d'inscription : 25/02/2008
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Dim 28 Mar 2010 - 22:48 | |
| Vous avez raison, je connais cette version, mais ne l'ai pas réécoutée depuis des mois… - Spoiler:
Richter à Aldeburgh en 1966 !
J'en connaissais 4/6…
|
| | | Guillaume lapineau huguenot
Nombre de messages : 17530 Age : 30 Localisation : Paris Date d'inscription : 27/06/2006
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Dim 28 Mar 2010 - 23:22 | |
| Ce fil est effrayant... Comment faites vous pour reconnaître un enregistrement précis ou même un pianiste à l'aveugle ??? A moins de tics particuliers, du style Glenn Gould, ça doit être trés difficile... |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 | |
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| | | | Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 | |
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