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| | Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 | |
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Auteur | Message |
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Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91303 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| | | | Pison Futé patate power
Nombre de messages : 27496 Age : 33 Localisation : CAEN, la meilleure ville de toute la Normandie. Date d'inscription : 23/03/2008
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Dim 28 Mar 2010 - 23:24 | |
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| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97763 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Dim 28 Mar 2010 - 23:32 | |
| Parce qu'ils ont déjà écouté plusieurs fois l'enregistrement. Sinon, à moins de jeux très typés, c'est effectivement plus difficile qu'identifier un timbre de voix ou de violoncelle. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Lun 29 Mar 2010 - 9:38 | |
| Je ne pense pas que cela soit la raison. Pour cette seconde poule de l'écoute comparée, je n'ai reconnu à coup sûr que deux interprètes (versions n°4 et n°5). Pour la version n°1, l'identification de l'interprète était particulièrement évidente même sans la connaître, ce qui était mon cas (jeu très délié, très russe, phrasés et lyrisme inimitables, très simples et très intérieurs, sonorité pianistique fabuleuse du ppp au fff, et surtout ascendant spirituel et formel fascinant). Cela ne pouvait être que lui. Pour la version n°2, je suis moins sûr de moi, mais j'ai quelques petites idées (une vision fort intéressante, mais faite d'intentions plus que de réalisation, une approche latine fondée sur le chant). Puisque l'identité de la version n°2 n'a pas encore été évoquée, je mets mon hypothèse sous spoiler. - Spoiler:
J'ai pensé à Alfred Cortot. Peut-être à Clifford Curzon, mais je ne pense pas que Curzon soit capable d'une telle vision, à moins d'une très belle surprise pour moi.
Les deux seules interprétations pour lesquelles je n'ai aucune idée sont les versions qui ont le moins de caractère (n°6) ou dont la vision est carrément insupportable (n°3). Au total, si l'on excepte les versions que l'on connaît déjà, c'est la puissance de la vision projetée et la qualité du jeu pianistique qui permet de reconnaître l'interprète ou de limiter fortement le champ des possibles. Les grands interprètes sont très différents d'eux-mêmes en fonction de l'œuvre jouée ; le seul fil conducteur qui reste est la puissance de leur vision et la qualité de leur jeu ( modulo quelques accidents de parcours éventuels dans le cas d'une interprétation en public, mais cela ne gâche jamais le plaisir ni la possibilité d'identifier les pianistes possibles). |
| | | Mariefran Mélomane nécrophile
Nombre de messages : 14259 Age : 62 Localisation : Lille Date d'inscription : 25/02/2008
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Lun 29 Mar 2010 - 13:11 | |
| Tu es trop fort ! - Spoiler:
Je viens de vérifier, c'est bien Cortot le 13/09/1929 ! Je ne l'ai écoutée qu'une seule fois, sans enthousiasme, exactement comme cette semaine.
@ Guillaume, ne t'inquiète pas, les surdoués de type Scherzian sont rarissimes… J'avais reconnu 3 versions parce que je les avais beaucoup écoutées récemment - sauf la 3, mais qui est tellement caractéristique qu'on ne risque pas de l'oublier ! Sinon, je suis un âne - - Spoiler:
quoique, Richter, je m'en doutais un peu… jouer aussi bien en live, il n'y a pas 36 pianistes capables de le faire…
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Lun 29 Mar 2010 - 13:17 | |
| Mon commentaire pour la version 4 de la poule 2. - Spoiler:
Version 2.4 La version prométhéenne par excellence. Au total des deux premières poules, cette interprétation est, juste devant la version n°5 de cette poule n°2, celle qui me fascine le plus. Ce n'est certes pas une vision de poète (de ce point de vue, elle est dépassée par la version n°5, justement), mais ce n'est pas pour autant une version d'architecte, d'intellectuel. Elle représente l'équilibre idéal entre les exigences en apparence contradictoires imposées par l'œuvre : exigences de la grande forme par rapport à la densité des instants, de la structure par rapport aux textures, du contrepoint et de toutes les formes « canoniques » par rapport aux jeux de forces d'une forme inventée, de l'aspiration à la généralité ou à l'universalité par rapport à l'individualité ou la singularité. Et inversement ! D'un point de vue purement technique, cet interprète est aussi le seul, parmi les douze déjà écoutés, à pouvoir assumer toutes les exigences pianistiques de l'œuvre. C'est une interprétation de possédé et de démiurge, qui tient autant du visionnaire que du maître.
Le lento assai n'est qu'une ombre menaçante et informe, un timbre d'avant la création du monde ; l'allegro energico est une lumière explosive quasi cosmique, très précise et tranchante, dont le premier thème est énoncé avec une force péremptoire et le second (marcato) avec une noirceur satanique implacable. Dès la mesure n°18, le pianiste offre ce qui sera une des vertus cardinales de son jeu : un art de propulser la matière musicale vers l'avant, vers l'ailleurs, avec des choix de tempos, des ruptures de tempos, un rubato et une agogique extraordinairement audacieux et irrésistibles. Les transitions sont autant travaillées en profondeur, burinées, qu'en apparence improvisées ; un bel exemple est la gradation des trois ou quatre pages qui conduisent au grandioso, lui-même étant détaillé de manière aussi subtile que puissante. Toute la section qui conduit aux immenses oppositions entre le fff pesante (puis le fortissimo) et les grands récitatifs passionnés est un miracle de vision et de maîtrise. L'andante sostenuto, s'il n'a pas la poésie dévorante de la version n°5, n'en est pas moins puissamment personnel. Tout au plus peut-on regretter que l'hégémonie de l'instant masque parfois légèrement l'immensité des phrasés. À nouveau un art de la transition bouleversant au « grandioso » (en réalité noté mezzo forte suivi de forte con passione). Le fugato de l'extrait des présélections (allegro energico) est selon moi sans rival. L'interprète utilise cette forme antique afin d'y insuffler une signification d'une modernité étonnante. Chaque thème y est énoncé avec aplomb et énergie, et l'enchevêtrement des voix polyphoniques (archaïsme) incarne une lutte de titans (modernité) sans pitié et menée sans faiblesse aucune. Toujours dans cet extrait, les neuf mesures qui précèdent le più mosso sont proprement géniales, le stringendo audacieux du tempo répond au crescendo de l'intensité et à l'agitato du caractère. C'est bouleversant, visionnaire, intraitable, implacable. Le più mosso ne fait que renchérir, avant l'orgasme et la reprise de souffle du precipitato, du ritenuto et du retour du grandioso. J'aime aussi beaucoup l'admirable nocturne qui suit. Mais que dire de l'animation dévorante qui précède la strette, son quasi presto et le con strepito (qui n'est pas très loin de valoir celui de la version n°5) ? Quoi qu'il en soit, le presto et le prestissimo fuocoso assai qui induisent le gigantesque climax (« grandioso ») de l'œuvre sont à nouveau sans aucun rival, de même que le tremolando (en crescendo) où le pianiste trouve des sonorités orchestrales jouissives. Un andante sostenuto très lent, mais qui puise encore sa force dans ce sommet orgiaque, amène un allegro moderato fortement assombri ; les lumières et les feux s'éteignent, le temps s'engourdit et se fige. Cycle parfait, les dernières mesures expriment la même énigme que les premières. Liszt ! Groupe 1.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Lun 29 Mar 2010 - 15:19 | |
| Mon commentaire pour la version 2 de la poule 2. - Spoiler:
Version 2.2 À la première écoute, j'avais beaucoup apprécié cette version. À la réécoute, force est de constater que la frontière entre le génie (c'est-à-dire les versions n°4, n°5 et n°1) et l'artisanat (au sens non péjoratif du terme, cette version n°2) est indiscutablement franchie. Je conserve à cette interprétation toute mon affection, mais peut-être en partie pour des raisons « humaines, trop humaines ». Elle est plus faite d'intentions (très souvent admirables) que de réalisation et de projection. Un peu comme si les muscles et les doigts peinaient à suivre un esprit qui commande et les intuitions du cœur. Mais ces intuitions me touchent beaucoup, c'est seulement que leurs traductions dans l'acte sont très souvent imparfaites (la plupart du temps par précipitation) et parfois carrément ratées.
Sa place dans mon groupe n°2, celui des versions intermédiaires, est donc acquise, d'autant que cette version n°2 reste infiniment préférable au n'importe quoi de la version n°3 et à l'incompétence de la version n°6. Groupe 2.
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| | | Mariefran Mélomane nécrophile
Nombre de messages : 14259 Age : 62 Localisation : Lille Date d'inscription : 25/02/2008
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Lun 29 Mar 2010 - 16:12 | |
| - Scherzian a écrit:
- Spoiler:
Version 2.2 d'autant que cette version n°2 reste infiniment préférable au n'importe quoi de la version n°3 et à l'incompétence de la version n°6. Groupe 2.
- Spoiler:
L'incompétence de la version 6 ? J'attends avec impatience ton commentaire car je ne l'ai pas ressentie ainsi. J'y ai trouvé une force, une énergie qui m'ont beaucoup plu. Ceci dit, je le répète, je suis incapable de lire la partition, je n'ai pas non plus beaucoup d'oreille, ce sont de cruels handicaps. Je passe necessairement à côté des critères qui sont les tiens pour juger une interprétation. La mienne ne peut être que de l'ordre de l'intuition, totalement irrationnelle. Entendons-nous, j'ai écouté suffisamment de musique pour avoir formé mon oreille à certaines esthétiques qui me font reconnaître, intuitivement donc, la valeur de telle ou telle version, j'en ai parfaitement conscience et c'est pour cette raison que je ne complexe pas de mes préférences ! Pour autant, je t'avoue être terrorisée à l'idée du sort que tu reserveras à mon autre version fétiche... Même si je sais que c'est ma version préférée parmi les dizaines que j'ai écoutées !
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| | | Christophe Mélomaniaque
Nombre de messages : 1597 Age : 58 Localisation : Haute savoie Date d'inscription : 29/06/2007
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Lun 29 Mar 2010 - 16:17 | |
| Je te rassure, Mariefran, - Spoiler:
j'ai moi aussi beaucoup aimé la version n° 6, au point de la retenir ... mais je suis comme toi, niveau compétences musicales ... je laisse parler mon coeur et mes émotions et qu'importe le respect ou non de la partition, puisque je ne peux pas le vérifier
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Lun 29 Mar 2010 - 18:18 | |
| - Spoiler:
« Incompétence » dans le sens d'une incapacité quasi totale à projeter les indications de caractère de la partition : le marcato du thème sardonique (j'ai trouvé à son sujet une expression désopilante dont je ne suis pas peu fier ), le pesante, l' incalzando, le con strepito, etc. Incapacité aussi à varier la texture du son en fonction du passage joué : c'est un peu toujours la même huile grasse, le lyrisme ne peut s'y déployer. Je n'aime pas non plus du tout son rubato très convenu. Comme vous le voyez, il s'agit surtout de défauts de caractère. Il y a aussi plusieurs défauts quant à la lettre (des traits savonnés, des accents qui débordent, des doigts qui traînent), mais comme ce n'est pas ce qui m'intéresse je ne m'y suis pas attardé.
- Mariefran a écrit:
- Spoiler:
Pour autant, je t'avoue être terrorisée à l'idée du sort que tu reserveras à mon autre version fétiche...
- Spoiler:
M'enfin donc... Alors que c'est moi qui tremble devant l'étendue et la profondeur du territoire musical qui est le tien ? Bon, alors pour te dire les très brefs commentaires que j'avais notés à la fin des présélections : Meilleure version = n°08. « Orgasmique. La perfection absolue (lettre, nuances, accents, tempos, contrepoint, textures). » Deuxième version = n°20. « Bien sûr, plusieurs accrocs. Mais quelle fougue, quelle énergie ! Très belle courbe croissante. » Troisième version = n°29. « Très grande version, très sombre, angoissée, tragique. Peur panique, héroïsme, le feu partout. » C'est clair qu'avec tout cela, MG est très mal partie. La seule chose qui m'inquiète, c'est que je ne voudrais pas que toute la sonate soit comme ce fugato, c'est un peu ce que je reproche à plusieurs de ses LvB, quelque chose de trop univoque, avec parfois des fulgurances qui retombent sans avoir enfanté. Oh, au petit jeu des présélections, VS était arrivé sixième. Si je n'avais fait attention qu'à la technique et à la lettre, il aurait été parmi les derniers.
@ Christophe : - Spoiler:
Nous laissons tous parler notre cœur et nos émotions, même ceux qui prétendent à l'objectivité. Quant à la partition, depuis que Liszt y a mis son point final, l'œuvre ne lui appartient plus. La partition n'est qu'un ensemble de signes graphiques conventionnels et très limités qui s'efforcent d'indiquer à l'interprète l'idée ou les idées poétiques de l'œuvre, ses lignes de force, sa clef de voûte. Il y aura probablement un consensus pour dire que les interprétations ne sont pas l'œuvre, mais mon argument c'est de dire que la partition elle-même n'est pas l'œuvre non plus, pour la même raison que le texte d'une pièce de théâtre n'est pas la pièce elle-même. Idem aussi pour le texte d'un poème, bien sûr.
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| | | Mariefran Mélomane nécrophile
Nombre de messages : 14259 Age : 62 Localisation : Lille Date d'inscription : 25/02/2008
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Lun 29 Mar 2010 - 18:44 | |
| @ Scherzian - Spoiler:
Tu as reconnu Grinberg (n°29) en trois minutes alors que tu ne connais pas sa sonate ? C'est proprement hallucinant… A propos de ses Beethoven, je me suis bien gardée de te répondre dans le fil des sonates. Son opus 106 et le 111 sont visionnaires. Mais je reconnais comme juste ta critique, c'est souvent très univoque (pourtant quelle inspiration dans le mouvement lent de la Hammerklavier !), mais dans un sens où nous nous rencontrons à la perfection. Histoire de peau - ou d'âme Les pianophiles sont aussi fous que les glottophiles, nous en sommes la preuve
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Lun 29 Mar 2010 - 19:39 | |
| @ Mariefran - Spoiler:
Je n'ai pas reconnu Grinberg au sens déterministe. Il se trouve que dans mes trois préférées des présélections (et encore, une des trois m'était connue), il y en avait une dont le caractère obsessionnel avait allumé deux ou trois lumières sur mon tableau de bord. Depuis, nous connaissons douze des vingt-quatre qui n'ont pas été éliminées, et j'étais certain (ne serait-ce qu'en souvenir du fugato de l'extrait) que cette version-là n'était pas sortie. Dans ton post précédent, tu as vendu la mèche et confirmé que Grinberg n'était pas sortie non plus. Hop, un petit tour sur mon tableau de bord (où l'on trouve encore de très nombreuses versions incompatibles avec ce que je sais d'elle). Il n'en restait plus que trois. Une que j'avais aimée malgré une vilaine sonorité de piano ; elle ne pouvait donc pas être russe. Une autre que j'ai eu plus de mal à rejeter, mais dont la subtilité (d'ailleurs peut-être hors de propos, il faudra l'écouter) ne me semblait pas -- pace Mariefran -- compatible avec MG. C'était un peu du Master Mind, si tu veux...
- Mariefran a écrit:
- Spoiler:
[...] Les pianophiles sont aussi fous que les glottophiles [...]
- Spoiler:
Étant donné ce que je sais (ou crois savoir) de la définition forumesque de la glottophilie, j'ai une envie irrésistible de t'administrer une bonne petite !
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Lun 29 Mar 2010 - 21:56 | |
| Mon commentaire pour la version 3 de la poule 2. - Spoiler:
Version 2.3 Deux sol d'un ridicule achevé, des nuances foireuses dans l'énoncé des gammes descendantes, autant de variété que si le pianiste était branché sur un rhéostat... Le « ton » est malheureusement donné. Des agitato léthargiques, des marcato sans aucun caractère, un grandioso qui se contente de faire du bruit (avec de petites pauses horripilantes dans les rythmes pointés). Le lyrisme est poseur, prétentieux. Nous sommes en plein dans le domaine de l'arbitraire, de la spéculation pour faire profond. Ce que l'on ne possède pas par nature, on tente de l'acquérir par construction. Dans les deux grands récitatifs appassionato, qui sont pourtant marqués forte, ce pianiste joue à peu près piano la première fois et presque pianissimo la seconde ; ne peut-il donc pas comprendre que la retenue et la passion des récitatifs ne s'opposent nullement au fff pesante et au fortissimo, mais qu'elles s'en nourrissent ? Avant l'allegro energico, le lyrisme est torpillé par des indications de caractère qui ne sont jamais respectées ; le dolcissimo (mesure n°19 avant l'allegro energico) par exemple est risible (notamment au niveau des textures). Le fugato de l'extrait est un ratage complet : tour à tour ennuyeux et assourdissant, avec une sonorité pianistique épouvantable dans les forte, cela sent l'effort et les chichis. Au moins la sélection nous a-t-elle caché l'horreur du più mosso. Le dernier nocturne est peut-être vaguement meilleur (plus sobre en tout cas), mais le climax est atroce : la plus laide sonorité entendue jusqu'à présent (à égalité avec Horowitz II). La sonate s'achève comme elle a commencé, avec prétention. Dire que cela a duré trente-quatre minutes... Groupe 3.
Mon commentaire pour la version 6 de la poule 2. - Spoiler:
Version 2.6 Un bon exemple de la manière dont il ne faut pas jouer cette sonate. La sonorité de ce pianiste est uniment grasse, huileuse, opaque. J'y ai cherché en vain une trace de lumière. Dès l'allegro energico, toute la réserve de puissance est atteinte, ce qui est selon moi une aberration (quid des fortissimo et des fff à venir ?). Le deuxième thème (satanique) est joué forte, mais non marcato. Dans l'agitato, certains traits sont savonnés. Les marcato des mesures n°33, n°35, n°37 et n°39 ont un certain relief, mais pas du tout le caractère qu'il faut : imagine-t-on Satan en tutu ?! Qu'est-ce que c'est que cette pause (pose, posture ?) au sommet du sempre staccato ed energico assai ? Et cette batterie clinquante à la main droite lors du pesante ? Je trouve que le grandioso pâtit beaucoup de ce rapport d'intensité « inversé » que j'ai noté à l'allegro energico : soit ce dernier n'est pas forte, soit le grandioso n'est pas fortissimo. En tout cas, il n'y a rien de grandiose ici. Et je déteste au dernier degré l'effet agogique foireux à la main droite à la fin de la mesure n°8 de ce même grandioso. (En fait, je pense que c'est même carrément faux au niveau de la métrique.) En outre, le lyrisme que dispense cette version est franchement pénible, dépourvu de phrasé, englué dans une sonorité générique qui ne parvient pas à s'alléger, à s'illuminer. À la mesure n°3 du a tempo qui suit le dolce con grazia, un accent déborde complètement (problème de concentration ?). Encore un problème de doigts au pire moment dans le cantando espressivo (arabesques à la main gauche aux mesures n°3 et, dans une moindre mesure, n°7). Le fff de la mesure n°216 est beaucoup plus faible que le fortissimo de la mesure n°206. Le rubato est convenu, prévisible ; je veux bien admettre qu'il l'utilise pour souligner la beauté d'un contre-chant à la main gauche, mais c'est tellement téléphoné qu'il ne fait que le rendre trivial. Les marques de caractère sont toujours minimisées (incalzando sautillant et insupportable, con strepito qui fait du bruit pour effrayer, etc.). À la page suivante, au milieu du stringendo et du marcatissimo, plusieurs petites pauses frustrantes, notamment au sff. C'est à enrager, mais voici encore un interprète qui ne comprend rien aux alternances fff pesante, récitatif, fortissimo, récitatif. Les récitatifs sont notés ritenuto ed appassionato, mais ces indications de caractère ne sont nullement incompatibles avec la nuance [f]forte[/i] prescrite (à la MG et à la MD !). Les récitatifs tirent leur force passionnée des lignes qui les précèdent ; ici, en fait de récitatif forte, nous avons une petite voix malingre à mi-chemin entre pianissimo et ppp. Je n'y reviens pas, le lyrisme andante sostenuto est selon moi raté, avec ses phrasés balourds et prosaïques. Dans le deuxième allegro energico, les nuances et accentuations sont discutables et il y a aussi quelques accidents. Mais je ne ressens aucune lutte particulière entre les thèmes imbriqués en contrepoint ; c'est très horizontal sans dimension verticale. Au più mosso, la sonorité grasse vire à la caricature. Il y a carrément un rallentendo massif sur les premiers octaves du fortissimo precipitato, tu parles d'un precipitato... On retrouve au « grandioso » suivant la même agogique foireuse que précédemment, même si le passage est beaucoup mieux exécuté ici. N'empêche que cela vire un peu à l'effet. La stretta quasi presto est assez risible, sautillante et moqueuse mais sans élan ; le presto et le prestissimo fuocoso assai amènent (avec des variations de tempo qui me donnent la nausée) un climax « grandioso » tonitruant, fff en rut. On nous sert encore une fois le lyrisme pesant de l'andante sostenuto. Mais la dernière page réserve encore des surprises : plusieurs nuances arbitraires et un dernier si grave qui est tenu dans le point d'orgue alors que ce dernier porte sur le silence sur lequel cette note s'ouvre. Bon, allez. Dehors. Groupe 3.
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| | | Utnapištim Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3330 Age : 60 Localisation : Le vendredi soir à Pleyel. Date d'inscription : 13/09/2009
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Lun 29 Mar 2010 - 22:42 | |
| - Scherzian a écrit:
- Mon commentaire pour la version 3 de la poule 2.
- Spoiler:
Version 2.3 Deux sol d'un ridicule achevé, des nuances foireuses dans l'énoncé des gammes descendantes, autant de variété que si le pianiste était branché sur un rhéostat... Le « ton » est malheureusement donné. Des agitato léthargiques, des marcato sans aucun caractère, un grandioso qui se contente de faire du bruit (avec de petites pauses horripilantes dans les rythmes pointés). Le lyrisme est poseur, prétentieux. Nous sommes en plein dans le domaine de l'arbitraire, de la spéculation pour faire profond. Ce que l'on ne possède pas par nature, on tente de l'acquérir par construction. Dans les deux grands récitatifs appassionato, qui sont pourtant marqués forte, ce pianiste joue à peu près piano la première fois et presque pianissimo la seconde ; ne peut-il donc pas comprendre que la retenue et la passion des récitatifs ne s'opposent nullement au fff pesante et au fortissimo, mais qu'elles s'en nourrissent ? Avant l'allegro energico, le lyrisme est torpillé par des indications de caractère qui ne sont jamais respectées ; le dolcissimo (mesure n°19 avant l'allegro energico) par exemple est risible (notamment au niveau des textures). Le fugato de l'extrait est un ratage complet : tour à tour ennuyeux et assourdissant, avec une sonorité pianistique épouvantable dans les forte, cela sent l'effort et les chichis. Au moins la sélection nous a-t-elle caché l'horreur du più mosso. Le dernier nocturne est peut-être vaguement meilleur (plus sobre en tout cas), mais le climax est atroce : la plus laide sonorité entendue jusqu'à présent (à égalité avec Horowitz II). La sonate s'achève comme elle a commencé, avec prétention. Dire que cela a duré trente-quatre minutes... Groupe 3.
Mon commentaire pour la version 6 de la poule 2.
- Spoiler:
Version 2.6 Un bon exemple de la manière dont il ne faut pas jouer cette sonate. La sonorité de ce pianiste est uniment grasse, huileuse, opaque. J'y ai cherché en vain une trace de lumière. Dès l'allegro energico, toute la réserve de puissance est atteinte, ce qui est selon moi une aberration (quid des fortissimo et des fff à venir ?). Le deuxième thème (satanique) est joué forte, mais non marcato. Dans l'agitato, certains traits sont savonnés. Les marcato des mesures n°33, n°35, n°37 et n°39 ont un certain relief, mais pas du tout le caractère qu'il faut : imagine-t-on Satan en tutu ?! Qu'est-ce que c'est que cette pause (pose, posture ?) au sommet du sempre staccato ed energico assai ? Et cette batterie clinquante à la main droite lors du pesante ? Je trouve que le grandioso pâtit beaucoup de ce rapport d'intensité « inversé » que j'ai noté à l'allegro energico : soit ce dernier n'est pas forte, soit le grandioso n'est pas fortissimo. En tout cas, il n'y a rien de grandiose ici. Et je déteste au dernier degré l'effet agogique foireux à la main droite à la fin de la mesure n°8 de ce même grandioso. (En fait, je pense que c'est même carrément faux au niveau de la métrique.) En outre, le lyrisme que dispense cette version est franchement pénible, dépourvu de phrasé, englué dans une sonorité générique qui ne parvient pas à s'alléger, à s'illuminer. À la mesure n°3 du a tempo qui suit le dolce con grazia, un accent déborde complètement (problème de concentration ?). Encore un problème de doigts au pire moment dans le cantando espressivo (arabesques à la main gauche aux mesures n°3 et, dans une moindre mesure, n°7). Le fff de la mesure n°216 est beaucoup plus faible que le fortissimo de la mesure n°206. Le rubato est convenu, prévisible ; je veux bien admettre qu'il l'utilise pour souligner la beauté d'un contre-chant à la main gauche, mais c'est tellement téléphoné qu'il ne fait que le rendre trivial. Les marques de caractère sont toujours minimisées (incalzando sautillant et insupportable, con strepito qui fait du bruit pour effrayer, etc.). À la page suivante, au milieu du stringendo et du marcatissimo, plusieurs petites pauses frustrantes, notamment au sff. C'est à enrager, mais voici encore un interprète qui ne comprend rien aux alternances fff pesante, récitatif, fortissimo, récitatif. Les récitatifs sont notés ritenuto ed appassionato, mais ces indications de caractère ne sont nullement incompatibles avec la nuance [f]forte[/i] prescrite (à la MG et à la MD !). Les récitatifs tirent leur force passionnée des lignes qui les précèdent ; ici, en fait de récitatif forte, nous avons une petite voix malingre à mi-chemin entre pianissimo et ppp. Je n'y reviens pas, le lyrisme andante sostenuto est selon moi raté, avec ses phrasés balourds et prosaïques. Dans le deuxième allegro energico, les nuances et accentuations sont discutables et il y a aussi quelques accidents. Mais je ne ressens aucune lutte particulière entre les thèmes imbriqués en contrepoint ; c'est très horizontal sans dimension verticale. Au più mosso, la sonorité grasse vire à la caricature. Il y a carrément un rallentendo massif sur les premiers octaves du fortissimo precipitato, tu parles d'un precipitato... On retrouve au « grandioso » suivant la même agogique foireuse que précédemment, même si le passage est beaucoup mieux exécuté ici. N'empêche que cela vire un peu à l'effet. La stretta quasi presto est assez risible, sautillante et moqueuse mais sans élan ; le presto et le prestissimo fuocoso assai amènent (avec des variations de tempo qui me donnent la nausée) un climax « grandioso » tonitruant, fff en rut. On nous sert encore une fois le lyrisme pesant de l'andante sostenuto. Mais la dernière page réserve encore des surprises : plusieurs nuances arbitraires et un dernier si grave qui est tenu dans le point d'orgue alors que ce dernier porte sur le silence sur lequel cette note s'ouvre. Bon, allez. Dehors. Groupe 3.
- Spoiler:
Je suis moins sévère, mais tout de même, ce sont également à mon avis les moins bonnes versions de cette poule, les 4 autres étant excellentes et la 1 pour moi idéale.
Dernière édition par Utnapishtim le Mar 30 Mar 2010 - 13:10, édité 2 fois |
| | | Pan Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3461 Date d'inscription : 24/12/2006
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Mar 30 Mar 2010 - 7:55 | |
| Est-ce que tout le monde a reçu mon message pour la poule 2 ? Il me reste des messages dans ma boîte d'envoi, vérifiez que votre boîte n'est pas pleine... |
| | | Utnapištim Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3330 Age : 60 Localisation : Le vendredi soir à Pleyel. Date d'inscription : 13/09/2009
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Mar 30 Mar 2010 - 13:08 | |
| - Pan a écrit:
- Est-ce que tout le monde a reçu mon message pour la poule 2 ? Il me reste des messages dans ma boîte d'envoi, vérifiez que votre boîte n'est pas pleine...
J'ai reçu mon message vendredi. Il n'y en a eu qu'un seul sur la poule 2 ? |
| | | Pan Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3461 Date d'inscription : 24/12/2006
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Mar 30 Mar 2010 - 16:56 | |
| Oui, mais ceux de Jorge, Guillaume, adriaticoboy et Beirgla sont toujours dans ma boîte d'envoi. Je pense que leur boîte doit être pleine. |
| | | Morloch Lou ravi
Nombre de messages : 9912 Date d'inscription : 14/10/2006
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Mer 31 Mar 2010 - 16:45 | |
| je viens enfin de réussir à télécharger la chose (désolé connexion instable...) |
| | | Utnapištim Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3330 Age : 60 Localisation : Le vendredi soir à Pleyel. Date d'inscription : 13/09/2009
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Mer 31 Mar 2010 - 16:51 | |
| - Pan a écrit:
- Oui, mais ceux de Jorge, Guillaume, adriaticoboy et Beirgla sont toujours dans ma boîte d'envoi. Je pense que leur boîte doit être pleine.
J'ai bien peur qu'une ralonge de temps ne soit nécéssaire.... |
| | | Pan Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3461 Date d'inscription : 24/12/2006
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Mer 31 Mar 2010 - 17:01 | |
| - Utnapishtim a écrit:
- Pan a écrit:
- Oui, mais ceux de Jorge, Guillaume, adriaticoboy et Beirgla sont toujours dans ma boîte d'envoi. Je pense que leur boîte doit être pleine.
J'ai bien peur qu'une ralonge de temps ne soit nécéssaire.... D'un autre côté, ils n'avaient pas participé à la poule 1, alors participeront-ils à la poule 2... |
| | | Utnapištim Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3330 Age : 60 Localisation : Le vendredi soir à Pleyel. Date d'inscription : 13/09/2009
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Mer 31 Mar 2010 - 17:58 | |
| - Pan a écrit:
- Utnapishtim a écrit:
- Pan a écrit:
- Oui, mais ceux de Jorge, Guillaume, adriaticoboy et Beirgla sont toujours dans ma boîte d'envoi. Je pense que leur boîte doit être pleine.
J'ai bien peur qu'une ralonge de temps ne soit nécéssaire.... D'un autre côté, ils n'avaient pas participé à la poule 1, alors participeront-ils à la poule 2... Jorge n'a pas participé ? |
| | | Pan Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3461 Date d'inscription : 24/12/2006
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Mer 31 Mar 2010 - 21:26 | |
| Ah si, tu as raison. Il faudrait donc qu'il me dise rapidement s'il a reçu le message. |
| | | Jorge Caliméro baroqueux
Nombre de messages : 6307 Age : 35 Localisation : Strossburi Date d'inscription : 20/10/2005
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Mer 31 Mar 2010 - 21:36 | |
| J'étais à l'étranger...
Je peux te répondre demain soir ?
(le temps de télécharger l'archive) |
| | | Pan Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3461 Date d'inscription : 24/12/2006
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Mer 31 Mar 2010 - 21:50 | |
| - Jorge a écrit:
- J'étais à l'étranger...
Tiens, le message n'est plus dans ma boîte d'envoi. Tu as fait le ménage dans ta messagerie ? - Citation :
- Je peux te répondre demain soir ?
(le temps de télécharger l'archive) Oui, sans problème. |
| | | Jorge Caliméro baroqueux
Nombre de messages : 6307 Age : 35 Localisation : Strossburi Date d'inscription : 20/10/2005
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Mer 31 Mar 2010 - 21:51 | |
| |
| | | Pan Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3461 Date d'inscription : 24/12/2006
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Mer 31 Mar 2010 - 21:57 | |
| Ce que je ne comprends pas c'est pourquoi il est resté dans ma boîte d'envoi jusqu'à hier. Je ne pense pas que les messages reste dans la boîte d'envoi jusqu'à ce qu'ils soient lus... |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91303 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Mer 31 Mar 2010 - 21:59 | |
| - Pan a écrit:
- Ce que je ne comprends pas c'est pourquoi il est resté dans ma boîte d'envoi jusqu'à hier. Je ne pense pas que les messages reste dans la boîte d'envoi jusqu'à ce qu'ils soient lus...
Ben si justement. |
| | | Pan Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3461 Date d'inscription : 24/12/2006
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Ven 2 Avr 2010 - 6:47 | |
| C'est normalement aujourd'hui que se termine la poule 2. Est-ce que certain ont besoin d'un délai supplémentaire, notamment Morloch qui avait eu du mal pour le téléchargement ? |
| | | Jorge Caliméro baroqueux
Nombre de messages : 6307 Age : 35 Localisation : Strossburi Date d'inscription : 20/10/2005
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Ven 2 Avr 2010 - 13:42 | |
| - Pan a écrit:
- C'est normalement aujourd'hui que se termine la poule 2. Est-ce que certain ont besoin d'un délai supplémentaire, notamment Morloch qui avait eu du mal pour le téléchargement ?
A ce propos, moi, il me faut au minimum 5 heures pour télécharger l'archive... C'est normal ou pas ? |
| | | Christophe Mélomaniaque
Nombre de messages : 1597 Age : 58 Localisation : Haute savoie Date d'inscription : 29/06/2007
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Ven 2 Avr 2010 - 13:56 | |
| Bonjour, Moi, cela me prend environ 2 heures, ce que je trouve déjà très (trop ?) long. Est-il nécessaire d'envoyer des fichiers au format FLAC plutôt que MP3 ? Christophe |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91303 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Ven 2 Avr 2010 - 14:00 | |
| En plus, je l'ai déjà demandé, déjà qu'il n'est pas forcément légal de s'envoyer des extraits en MP3, en plus ces extraits devraient être bien compressés (en 128 par exemple) pour ne pas s'apparenter à de la copie illégale... Tout ça engage ma responsabilité, je le rappelle. |
| | | Jorge Caliméro baroqueux
Nombre de messages : 6307 Age : 35 Localisation : Strossburi Date d'inscription : 20/10/2005
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Ven 2 Avr 2010 - 14:11 | |
| - Xavier a écrit:
- En plus, je l'ai déjà demandé, déjà qu'il n'est pas forcément légal de s'envoyer des extraits en MP3, en plus ces extraits devraient être bien compressés (en 128 par exemple) pour ne pas s'apparenter à de la copie illégale...
Tout ça engage ma responsabilité, je le rappelle. Oui, pour toutes ces raisons, il serait assez judicieux de compresser davantage en mp3 (160 plutôt) |
| | | antrav Papa pingouin
Nombre de messages : 37304 Date d'inscription : 08/12/2005
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Sam 3 Avr 2010 - 23:19 | |
| Quelques précisions sur mes choix - Spoiler:
1: Carrée, assise, physique, passionnée mais sans excès. Parfaite 2: Pas émouvante pour un sou et pourtant tout est là, les phrasés, le rubato, l'intonation, mais aucune énergie, pas de souffle. Etrange, sous neuroleptique. 3: Trop c'est trop mais c'est sacrément original, une personnalité qui séduit, un vrai feu d'articice mais je ne pourrais pas l'écouter une deuxième fois. 4: Belle version un peu raide, sévère malgré la grande liberté du pianiste. De beaux détails mais pas entièrement convaincante. 5: Classique, pas beaucoup d'originalité, mais une rêverie qui laisse beaucoup de place à l'auditeur pour construire sa sonate. 6: Précipitation, imprécision, tension palpable qui a sans doute crispé le pianiste. Peut sans doute mieux faire.
A féliciter: 1 et 5 A punir: 6 et 2
|
| | | Pan Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3461 Date d'inscription : 24/12/2006
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Dim 4 Avr 2010 - 10:39 | |
| Résultats pour la deuxième pouleQUALIFIÉS : * 1ère place : 1 * 2ème place : 5 ÉLIMINÉS (entre parenthèses, le numéro de la version lors des présélections) : * 3ème place : 4 (8 ) Levy * 4ème place : 6 (6) Anievas * 5ème place : 2 (27) Cortot * 6ème place : 3 (13) Pogorelich Pour les curieux. - Spoiler:
Dernière édition par Pan le Mer 7 Avr 2010 - 11:06, édité 1 fois |
| | | Jorge Caliméro baroqueux
Nombre de messages : 6307 Age : 35 Localisation : Strossburi Date d'inscription : 20/10/2005
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Dim 4 Avr 2010 - 12:27 | |
| Je suis content que le 1 soit qualifié malgré tout. Mais l'élimination de Pogorelich Déjà que vous m'avez éliminé Zimmermann et Wang Sinon, j'adore tes statistiques |
| | | Christophe Mélomaniaque
Nombre de messages : 1597 Age : 58 Localisation : Haute savoie Date d'inscription : 29/06/2007
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Dim 4 Avr 2010 - 13:14 | |
| Bonjour, Je n'apparais pas dans tes stats, celà voudrait-il dire que tu n'as pas pris en compte mon vote ? (page 10, 4 messages avant la fin de la page) J'avais voté pour la 1 et la 6, et je ne sais pas si cela va changer quelque chose au résultat final ? Christophe |
| | | Wolferl Lapinophobe
Nombre de messages : 13311 Age : 33 Localisation : Paris Date d'inscription : 27/06/2006
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Dim 4 Avr 2010 - 13:22 | |
| - Pan a écrit:
- Pour les curieux.
- Spoiler:
Où l'on peut voir que Jorge n'aime décidément rien comme les autres. |
| | | Jorge Caliméro baroqueux
Nombre de messages : 6307 Age : 35 Localisation : Strossburi Date d'inscription : 20/10/2005
| | | | Jorge Caliméro baroqueux
Nombre de messages : 6307 Age : 35 Localisation : Strossburi Date d'inscription : 20/10/2005
| | | | Utnapištim Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3330 Age : 60 Localisation : Le vendredi soir à Pleyel. Date d'inscription : 13/09/2009
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Dim 4 Avr 2010 - 13:49 | |
| J'ai réécouté les versions de cette poule, et je ne change pas d'avis. La 1 est au top mais je regrette la disparition de Levy car pour moi il est vraiment au-dessus de la 5 : un piano incroyable, et une justesse de ton. La 5 est très bien mais pour moi ça n'a pas la même cohérence que la 4. La 2 est bien je ne trouve pas ça froid du tout. La 3 et la 6 je ne suis pas allé au bout, à quoi bon à côté des 4 autres. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Dim 4 Avr 2010 - 14:10 | |
| C'est clair que dans cette poule, avec la 1, la 4 et la 5, il n'y aura pas de place pour tout le monde. Pour ma part, je place la 4 et la 5 (dans cet ordre) au-dessus. La 1 n'a ni la poésie, ni le lyrisme dévorant, ni l'intimité bouleversante de la 5. Elle n'a pas non plus la maîtrise technique, ni la domination spirituelle, ni le contrepoint hallucinant (une révélation pour moi) de la 4. Mais je viens d'acheter, pas plus tard que hier après-midi, cette version 1 tant je la trouve fabuleuse (je ne connaissais pas cette version par ce pianiste). Il n'y a aucune honte à terminer troisième d'une sélection aussi drastique. Pour ceux qui voudraient en savoir plus à propos d'Ernst Levy, il s'agit du disque suivant paru chez Marston Records en 1998 (épuisé mais réédité sous la forme d'un CD-R chez Mainly Opera en Australie, à préférer aux rares copies du CD audio de Marston Records que l'on trouve à des prix indécents sur la Marketplace d'Amazon ; le lien de l'éditeur est http://www.marstonrecords.com et celui du (double) disque d'Ernst Levy est http://www.marstonrecords.com/levy/levy_tracks.htm) : EDIT : le lien de Mainly Opera est http://www.mainlyopera.com/custom/marston. |
| | | Utnapištim Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3330 Age : 60 Localisation : Le vendredi soir à Pleyel. Date d'inscription : 13/09/2009
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Dim 4 Avr 2010 - 19:38 | |
| Merci pour ces info sur Levy. Un pianiste que je ne connaissais pas. Sinon, j'ai écouté la poule 3 et encore une fois pas de version que je n'aime franchement pas. En fait pour le moment à part Horowitz... Après une première écoute il y a trois versions que j'aime beaucoup, et il va falloir en sacrifier une. Je réécoute tout ça demain. |
| | | Utnapištim Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3330 Age : 60 Localisation : Le vendredi soir à Pleyel. Date d'inscription : 13/09/2009
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Lun 5 Avr 2010 - 15:38 | |
| J'ai fini par me décider : - Spoiler:
Je garde 1 & 5 toutes deux superbes. Donc je n'ai pas sélectionné dans le 1e groupe la 6 & la 2, pourtant j'ai hésité, car elles ont de grandes qualités. Je laisse les 3 & 4, pourtant elles sont loin d'être mauvaises.
|
| | | Morloch Lou ravi
Nombre de messages : 9912 Date d'inscription : 14/10/2006
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Lun 5 Avr 2010 - 17:02 | |
| je sui désolé, je n'ai pas eu le temps de venir voter pour la poule 2 j vais essayer de venir participer au groupe 3. Pour la poule 2, j'approuve des deux mains le choix des versions 1 et 5, deux version que j'ai énormément écoutées, au rayon des russes allumés... la poule 1, j'ai sans doute eu tort de voter comme je l'ai fait, après avoir suggéré Yuja Wang dans la liste, que je pensais une outsideuse intéressante. Enfin, de toutes façons, elle ne serait sans doute pas allée au bout, vu les personnalités ahurissantes de la liste... |
| | | Christophe Mélomaniaque
Nombre de messages : 1597 Age : 58 Localisation : Haute savoie Date d'inscription : 29/06/2007
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Mar 6 Avr 2010 - 20:43 | |
| Bonsoir, Encore une poule très difficile. Une version retenue immédiatement, mais pour la 2ème, ça a été bien plus dur. Quant aux 2 à éliminer ... misère ! Enfin bref, j'ai fini par me décider, et ce coup-ci, j'ai bien envoyé ma réponse par MP à Pan - Spoiler:
Versions retenues : 1 et 6
Versions éliminées : 2 et 3
A plus, Christophe |
| | | Pan Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3461 Date d'inscription : 24/12/2006
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Mer 7 Avr 2010 - 11:07 | |
| J'ai édité les résultats de la poule 2 pour prendre en compte ton vote. Ça ne change pas foncièrement les choses. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Mer 7 Avr 2010 - 19:55 | |
| Je pensais naïvement pouvoir prendre un peu de repos après la poule n°2 si intense et fascinante. Eh bien, pas du tout. Pan, crois-tu que tu puisses attendre jusqu'à samedi prochain au soir avant que je te transmette mon vote et quelques commentaires ? (Je vois que plusieurs participants ont déjà tout écouté, voté et commenté, et ça me fait vivre un grand moment de solitude...) Quoi qu'il en soit, depuis ma découverte de l'Anneau de Wagner, je ne pense pas qu'il y ait une autre musique qui a ainsi occupé tout mon temps et mes pensées sur une aussi longue période. |
| | | Pan Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3461 Date d'inscription : 24/12/2006
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Mer 7 Avr 2010 - 21:29 | |
| - Scherzian a écrit:
- Pan, crois-tu que tu puisses attendre jusqu'à samedi prochain au soir avant que je te transmette mon vote et quelques commentaires ?
Bien sûr, la poule à commencé dimanche et vous avez toujours une semaine. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Mer 7 Avr 2010 - 22:36 | |
| - Pan a écrit:
- Bien sûr, la poule à commencé dimanche et vous avez toujours une semaine.
Ah oui, de fait, j'avais toujours ton message dans ma boîte de réception et j'aurais donc pu y retrouver la date de début de la poule n°3. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Ecoute comparée - Liszt : sonate en si mineur, S. 178 Sam 10 Avr 2010 - 14:00 | |
| Mes commentaires pour la poule n°3. - Spoiler:
Version 3.1 Une version très virtuose, emmenée à des tempos en général plutôt rapides, mais que je trouve un peu prosaïque et parfois plate dans les passages lyriques. Par rapport à l'extrait des présélections, le miracle ne s'est pas produit et certains choix de nuances et d'accents continuent de me laisser perplexe. Tout commence pourtant bien, sotto voce avec de belles nuances, justement, dans le lento assai. L'allegro energico reste fort bon, avec un premier thème énergique et un second assez marqué. Mais il y a trop peu de caractérisation, de personnification sonore de ces deux « acteurs musicaux ». Le temps avance tout droit sans se poser de question (les marcato suivants, pourtant associés à l'indication agitato, restent quand même un peu placides). Onze mesures avant le premier déferlement d'octaves, les passages de la main gauche sont presque anonymes. En revanche, dans ce premier assaut des octaves, la gradation sonore est très bien conduite (d'abord fortissimo, puis rinforzando, enfin fff). Je trouve que cela se gâte dans les trois lignes pesante qui précèdent le grandioso. Cela n'est guère pesante, justement, et les belles phrases lyriques (sur le thème de la gamme descendante) en clef de sol à la main gauche restent prosaïques. C'est dommage, car ce sont elles qui amènent le grandioso, lequel sonne d'ailleurs comme une sorte d'anti-apothéose. Du point de vue de la sonorité, rien ne permettrait de deviner qu'il y a ici une telle indication de caractère. Selon moi, on descend encore d'un cran au dolce con grazia, sans grâce ni inspiration particulière (et bonne chance pour détecter le poco rallentando et le molto ritenuto avant l'a tempo). Le cantando espressivo, droit (sans être raide pour autant), me laisse froid. Au moment du poco crescendo... agitato, la plupart des indications de nuances sont inversées, ce que je trouve frustrant. Cela s'améliore beaucoup dans les pages qui précèdent l'incalzando. On dirait qu'il s'agit d'un pianiste tellement à son aise dans la virtuosité (sans tapage) que cela comble son approche de la sonate. (Il y a quand même un accent qui déborde sur fa dièse à la mesure n°6 de l'[/i]incalzando[/i].) Mais les trémolos sff puis marcatissimo sont excellents dans l'optique de la jubilation virtuose. Les silences ne sont pas respectés dans le fff pesante et dans le fortissimo qui suit, et je ne pense pas que l'on puisse dire que les récitatifs sont attaqués forte. L'andante sostenuto file droit et l'on fait fi d'indications comme dolcissimo con intimo sentimento. La transition mezzo forte puis con passione est plutôt abrupte. C'est tout ou rien, et ici tout est donné d'emblée. Dans le fugato de l'allegro energico, la première partie, un peu terne, n'évite pas l'écueil de l'académisme, jusqu'à ce que, à partir de la mesure n°40, tout s'emballe sans crier gare. À nouveau, la transition vers le più mosso est presque anonyme. Le dernier cantando espressivo renoue avec le lyrisme prosaïque et je regrette que le nocturne des deux pages avant la strette soit ainsi liquidé. Sinon, la stretta quasi presto et le climax (presto, puis prestissimo fuocoso assai, enfin fff) renouent avec la pyrotechnie virtuose (dépourvue d'ostentation) qui constitue selon moi le meilleur aspect de cette interprétation. Car le dernier andante sostenuto, tout droit, n'éveille pas d'émotion, pas plus que la dernière page. Une version qui procède par fulgurances, sans trop se soucier des transitions et en faisant pour l'essentiel l'impasse sur le lyrisme. Probablement groupe 2, peut-être groupe 1.
- Spoiler:
Version 3.2 Une version attachante, souvent enfiévrée, qui pousse le pianiste au bout (et parfois au-delà, il faut le reconnaître) de lui-même et rend mieux justice que dans la version n°1 au caractère protéiforme de la sonate. J'espère que la sonorité pianistique parfois vilaine ne lui coûtera pas trop cher (ce n'est pas une question d'enregistrement, c'est friable et cassant, parfois crispé sans pour autant devenir crispant). L'introduction lento assai mise plus sur les dissonances que sur le mystère du lever de rideau (cf. les nuances en decrescendo dès la dissonance, sans le crescendo sur les mesures n°2 et n°5). L'allegro energico est certes énergique et bien caractérisé, mais le pianiste n'évite pas des duretés dans le son produit. L'agitato s'accompagne d'une instabilité qui ne constitue pas un contresens, loin de là. La transition (pesante, puis avec ces gammes descendantes de plus en plus intenses en clef de sol à la main gauche) vers le grandioso est réussie, mais en fait de grandioso nous avons ici plutôt un fuocoso, tant le tempo est rapide et la sonorité à nouveau cassante. La fébrilité ambiante s'apaise pour le dolce con grazia et le cantando espressivo avec un très beau rubato. Fabuleux crescendo molto avant les blocs des mesures n°206-209. Idem pour l'incalzando et le con strepito (qui montre quand même des limites techniques et devient un peu brouillon et désordonné). Planant au-dessus d'une main gauche implacable dans son marcatissimo, le trémolo sff de la main droite est quand même pénible à écouter, avec une sonorité détimbrée et boisée. Le fff pesante doit tout à la rigueur rythmique intraitable du pianiste (le respect des silences) et peu à sa sonorité, mais il reste formidable (il en va presque de même du fortissimo qui suit). Les récitatifs intermédiaires sont bons, sans plus (pas assez de ritenuto ed appassionato à mon goût). La transition vers l'andante sostenuto, marquée forte puis diminuendo et ritenuto, reste quand même agressive dans les phrasés raides à la main droite. L'andante sostenuto montre un beau lyrisme, surtout lorsqu'il se pare de la nuance dolcissimo con intimo sentimento. J'aime beaucoup l'énergie, la volonté qui se soulève progressivement du mezzo forte au forte con passione, même si ce n'est pas irréprochable sur le plan technique. Les sonorités s'éteignent pour la transition vers l'allegro energico (il y a ici un vrai perdendosi), mais je trouve le rubato trop appuyé à la fin des grands phrasés (sempre) ppp, ce qui enlève de leur simplicité. Pour le fugato de l'extrait des présélections, il y a bien sûr des accrocs, mais de la fougue et beaucoup d'énergie, une belle courbe croissante. Le più mosso redevient très sec et boisé, mais on peut aussi être emporté par les gerbes qui montent du grave du clavier, le crépitement du stringendo, le jusqu'au-boutisme du fortissimo precipitato. Nous sommes quand même loin des meilleures interprétations dans le nocturne cantando espressivo qui précède la strette. Le presto est d'abord prudent puis désespéré, et l'on entend un raccord éditorial entre celui-ci et le prestissimo fuocoso assai, ce qui n'est pas bon signe. Le tremolando à la fin du climax est rendu pénible par une sonorité pianistique écrasée, très près des marteaux. Ces aspects techniques discutables oblitèrent quand même l'énergie et la probité de l'artiste. L'andante sostenuto qui suit et surtout la dernière page traduisent une inquiétude (voire une angoisse) qui donne une belle cohérence à cette interprétation en fin de compte prenante mais non sans défauts (surtout en ce qui concerne la qualité de production sonore). Probablement groupe 1, peut-être groupe 2.
- Spoiler:
Version 3.3 L'introduction lento assai respecte la lettre (piano sotto voce, légère accentuation des dissonances et grand respect des nuances aux mesures n°2-3 et n°5-6), mais ne l'interprète pas, ne la projette pas. Les grands sauts de la première mesure de l'allegro energico sont énergiques, mais ils se montrent aussi précautionneux et prémédités. Il est possible que je me fasse excommunier, mais pour moi cela passe mal. C'est une version qui se limite à une réflexion sur la structure de la sonate (ce qui est bien sûr une étape nécessaire et indispensable à l'étude de l'œuvre, mais insuffisante à sa projection) et qui semble se refuser à la vivre. La coquetterie rythmique sur les quatre premières croches du thème forte marcato à la main gauche (mesures n°7 et n°9 de l'allegro energico) semble incongrue dans le contexte cérébral de cette version. D'ailleurs, après le sempre forte ed agitato (qui n'est guère agité), ce même thème marcato redevient à peu près anonyme. Dans la première grande cascade d'octaves (mesures n°56 et surtout suivantes), cela devient ennuyeux et empesé. Au sempre staccato ed energico assai, c'est un peu la danse de l'ours aux pieds de plomb. Le pesante est seulement lourd, avec deux vilains la bécarre écrasés dans le grave. Les quatre gammes descendantes en clef de sol à la main gauche sont jouées toutes pareilles, sans érection, sans phrasé, dans une diction hachée. Le pianiste ne donne pas de couleur, pas de texture particulière à un grandioso léthargique. On dirait que chaque note doit être arrachée dans la peine, que chaque accord croule sous le poids immémorial de la métaphysique. Le dolce con grazia trahit le lyrisme ampoulé que l'on retrouvera dans chaque épisode lent, des phrasés hachés, des notes ou des accords qui s'égrènent dans un temps musical épais. À la mesure n°4 d'un cantando espressivo assez pédestre, le pianiste égrène note par note la montée chromatique qui est pourtant notée staccato sous un signe de liaison, ce qui indique au contraire un accent expressif à jouer rubato (toujours legato mais un peu ritenuto). Le raffinement des nuances est minimal, il y a une seule nuance pianissimo, une seule nuance piano, etc., et peu entre deux « états quantiques » adjacents. Les indications crescendo-rinforzando ne sont pas observées et l'on impose un rallentendo entre le più rinforzando et le stringendo. Ce sont là des pauses scolastiques qui entravent le flux naturel de la musique. L'incalzando et le con strepito sont appliqués et minutieux, mais ils sentent l'effort. Les dernières mesures marcatissimo avant le retour du premier thème de l'allegro energico sont à nouveau affublées d'un rallentendo (j'aurais tendance à dire merci, mais nous aurions entendu ce retour sans cela). Les contrastes fff pesante-récitatif et fortissimo-récitatif sont retranscrits de manière fidèle, mais un peu comme une radiographie. Toujours la fantaisie rythmique sur les quatre premières croches staccato du second thème. L'andante sostenuto me laisse froid (dépourvu de poésie, alourdi d'un épais rubato, et toujours ce phrasé constitué de notes égrenées et parfois de lignes brisées par des accents disproportionnés). D'une manière générale, les indications de caractère lyrique (dolce con grazia, cantando, espressivo, etc.) sont minimisées voire omises. Dans le fugato de l'extrait, la lutte contrapuntique de géants, à laquelle se livrent les deux thèmes principaux et la gamme descendante, est rendue de manière abstraite et minimale. Il n'y a guère de croissance énergétique, d'arêtes vives. Nous sommes loin du génie visionnaire de Levy. Dans le più mosso, la sonorité pianistique se fait opulente à la main gauche sous des batteries nébuleuses à la main droite. Cela s'améliore à la page suivante (gammes descendantes impérieuses à la main gauche), mais le stringendo et même le fortissimo precipitato restent comme appesantis. Le nocturne de deux pages qui commence au cantando espressivo joue la carte du beau son policé et de la cérémonie plutôt que l'aventure de la poésie et du lyrisme lunaire. Dommage. Je n'aime pas non plus beaucoup la strette, presque sautillante, et moins encore le forte con strepito, peu significatif. Le climax de l'œuvre (presto puis prestissimo fuocoso assai) n'appelle pas de commentaire particulier, il est ici joué de manière assez banale. Dès la première phrase de l'andante sostenuto, le phrasé est rompu par une accentuation incompréhensible de la ligne supérieure sur fa dièse, si et sol dièse (mesure n°2). Au total, une version doctorale où, à force de vouloir insister sur tout, on finit par ne plus insister sur rien du tout. Probablement groupe 2, peut-être groupe 3.
- Spoiler:
Version 3.4 Dosage des nuances intelligent, notable dès le lento assai (au tempo ample) et l'allegro energico (forte comme indiqué). Le deuxième thème sardonique pourrait quand même être plus caractérisé lorsqu'il n'est pas à découvert mais incrusté dans le tissu polyphonique. Le premier déferlement d'octaves est bon, prenant, mais le pesante n'évite pas les outrances (on y entend même des graves caverneux et glauques qui rappellent de loin un Horowitz II de sinistre mémoire). La main gauche manque un peu d'élan pour la transition vers un grandioso sans beaucoup de relief. Le dolce con grazia est joli, mais guère profond ni élégiaque. Je ne comprends pas les nuances et accentuations démesurées à la main gauche aux mesures n°3 et n°5-8 du a tempo. Dans le cas de la mesure n°5, on a même un forte avec sforzando alors que cette mesure est notée sempre piano. Joli cantando espressivo. De manière générale, j'aime bien les transitions et leurs gradations, mais beaucoup moins ce vers quoi elles conduisent. Les phrasés, le lyrisme, sont souvent conventionnels (parfois appuyés, parfois anodins). Les récitatifs et le tissu massif dans lequel ils s'imbriquent alternent des outrances (alla Horowitz II) et une trop grande prudence (ou trop peu de passion). Le tempo de l'andante sostenuto est très ample, mais les phrasés tiennent le coup. Ce n'est sûrement pas sostenuto. Je trouve le dolcissimo con intimo sentimento mièvre. Belle transition perdendosi vers l'allegro energico de l'extrait. Difficile de cacher ma déception globale, mais je continue à aimer son fugato qui pourrait être mieux caractérisé (plus marcato), mais dont le contrepoint est très bien mené. On retrouve les outrances dans le più mosso. Beau stringendo, mais precipitato un peu brouillon. Encore une belle transition, mais un nocturne cantando espressivo convenu et sans émotion. La culmination est parfois outrancière, virtuosité qui tourne un peu à vide (strette, presto et prestissimo fuocoso assai) et fff qui oublie de culminer. Le dernier andante sostenuto est à nouveau bien lent et n'aide pas à dégager une cohérence globale que cette version peine à trouver (et ne semble d'ailleurs pas chercher). Une dernière remarque : pour une version récente enregistrée en public, j'ai quand même noté plusieurs raccords éditoriaux un peu suspects. Probablement groupe 3, peut-être groupe 2.
- Spoiler:
Version 3.5 Pour l'interprète de cette version, la sonate en si mineur est une immense tragédie, une nuit qui n'aura pas de fin et qui est connue comme telle dès le départ. Mais une nuit qui est aussi l'écrin d'une cosmogonie. Parmi les dix-huit versions entendues jusqu'ici, elle est une des rares à se nourrir d'une idée poétique aussi cohérente et à parvenir à l'exprimer avec autant de concentration.
Dans le lento assai, aux mesures n°2 et n°5, les dissonances ne sont pas même accentuées, ce sont deux obscurités menaçantes (sotto voce) et fatales. Les deux thèmes principaux de l'allegro energico sont personnalisés avec puissance et noirceur. C'est tout aussi abrupt (intraitable) que l'énoncé des thèmes de la fugue pour quatuor à cordes opus 133 de Beethoven. L'art des transitions est admirable. Bien que les tempos soient en général plutôt rapides, c'est une version qui se donne le temps de respirer (ou de menacer). C'est frappant aux mesures n°18 et suivantes (agitato instable). Excellent sempre forte ed agitato, avec des marcato bien appuyés. Le più rinforzando qui suit est formidable, avec des accents impitoyables. La gradation des nuances est aussi remarquable : le premier vrai fff arrive bel et bien au milieu du premier déferlement d'octaves, préparé d'un rinforzando et suivi d'un sempre staccato ed energico assai. À nouveau une transition fabuleuse vers le grandioso : d'abord une texture encore assombrie pour le pesante, ensuite une main gauche qui, à quatre reprises et en clef de sol, cherche sans cesse à surmonter l'oppression. Je ressens donc le grandioso comme une brève libération. Malgré son tempo très rapide, l'interprète lui donne une texture inédite, faite d'un scintillement minéral à la ligne de soprano et d'un granit sombre aux autres voix. Le dolce con grazia adopte une tout autre lumière, même si les stigmates sont toujours bien présents dans la diction et certains phrasés. Je regrette un peu que le molto ritenuto ne soit pas plus marqué (du coup, il n'y a guère de a tempo deux mesures plus loin). La première véritable lumière de cette sonate, une lumière presque sans partage, intervient au cantando espressivo, chant très simple et délié sur un accompagnement piano. Mais que ce soleil est bref. Fulgurant crescendo molto dans le récitatif ad libitum de la mesure n°204, où la scène bascule. La page suivante est de folie (rinforzando mordant, cataclysme au stringendo). Un phrasé méditatif à la main gauche passe comme un songe (quelle manière d'insister en n'insistant justement pas). Un incalzando qui manque un peu de relief est sauvé par un con strepito intraitable. Les trémolos de la main droite ne sont qu'un timbre par dessus l'énergie désespérée d'une main gauche qui martèle son marcatissimo.
Les imbrications fff pesante-récitatif et fortissimo-récitatif sont très originales et je m'y arrête un peu. Le fff pesante est massif, péremptoire, violent. Le premier récitatif est en demi-teinte, rapide, réservé. Le fortissimo, bien plus proche de forte d'ailleurs, est sombre et très réservé. Le second récitatif est joué pleinement forte, très passionné, comme aspiré par le sempre forte qui suit. Ainsi, l'unification de tout ce passage est poussée à un degré inouï, tout en suivant une idée directrice très ferme. Les mesures suivantes sont à nouveau très originales, et pour les mêmes raisons (nuances poussées à l'extrême, premier forte marcato très rentré, intérieur et menaçant, traînée pensive sur le long crescendo évasif, second forte marcato en poussée de fièvre, enfin energico visionnaire, très sauvage). Dans tout ce passage, une agogique audacieuse justifiée par l'intensité du phrasé (le meilleur exemple : le decrescendo du phrasé de trois mesures sur le motif marcato obsessionnel à la main gauche).
L'andante sostenuto est un des plus beaux, d'une simplicité nue. Les indications de caractère (dolcissimo con intimo sentimento) s'y incarnent par une couleur fine, de la lumière et une agogique délicieuse. Le thème du grandioso revient nuitamment puis avec passion : une superbe transition en deux vagues successives où les rapports de couleurs et de textures sont fascinants. Une transition aux feux éteints (un peu rapide quand même au perdendosi) conduit à l'allegro energico fugué. L'interprète nous en donne une très grande version, très sombre et angoissée. La conduite des voix est implacable, son agogique impérieuse (les triolets ascendants de croches staccato sont fouettés, bien plus rapides que des triolets de croches). C'est tragique et héroïque à la fois, on y ressent simultanément la peur panique et l'incendie. Le più mosso sévère et âpre est pris à un tempo finalement assez mesuré, ce qui permet une transition en forme de transe (stringendo puis precipitato) pour le retour du thème grandioso. C'est la nuit sans lune ni étoile pour le nocturne commençant à cantando espressivo senza slentare, éclat minéral. La transition vers le climax de l'œuvre est enfiévrée. Quant au climax lui-même, s'il est très bien conduit, il n'incarne pas au même degré, je trouve, l'idée de surpassement métaphysique, la volonté de puissance de la version de Levy. Il n'est pas non plus aussi bouleversant (les accents, les phrasés, la qualité d'une sonorité pianistique saturée d'humanité) que celui (plus imparfait) de la version classée seconde de la poule n°2. C'est ici la vision d'un démiurge, peut-être aussi d'un chirurgien de l'âme. L'interprète donne ensuite un tempo rapide au dernier andante sostenuto et l'on n'y reprend son souffle que de manière progressive. Il est rare qu'une telle transition, déclinante après le zénith de création, soit si finement ressentie et exprimée. D'ailleurs, l'allegro moderato et le lento assai retrouvent, dans leurs couleurs pianistiques, le nadir d'angoisse qui précédait l'acte. Groupe 1.
- Spoiler:
Version 3.6 Voici une version qui m'a fait penser à une interprétation de concours bien plus qu'à une vision de récital. On sent l'interprète crispé sur la lettre, il en oublie de respirer, de vivre. Afin de ne mécontenter personne, les indications de caractère sont minimisées, comme si l'on cherchait à atteindre un dénominateur commun sur le plan de la poésie, tout en maximisant la rigueur métrique de la mise en place. Je trouve aussi que la sonorité pianistique reste internationale (sans éviter quelques duretés), autre fléau des concours. Il n'y a pas grand-chose à reprocher (une écoute attentive avec la partition révèle quand même des erreurs lorsqu'une note est indiquée staccato et sous un signe de liaison), mais il n'y a rien à louer. Comme les indications de caractère, les nuances et les accentuations sont pâles, sans relief. La virtuosité n'est jamais transcendée (elle n'est certes pas non plus ostentatoire). Le lyrisme reste conventionnel, parfois scolaire, et de nombreux phrasés sont récités sans âme ni esprit, de manière mécanique. C'est en vain que j'y ai cherché une idée poétique, une ligne directrice (je ne parvenais à me concentrer sur cette version qu'avec la partition en main). Son meilleur moment reste le fugato de l'extrait. Probablement groupe 3, peut-être groupe 2.
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