Grand Théâtre de Genève - 2010-2011

La nouvelle saison a été annoncée... voilà tout ce que je sais pour l'instant :

Le Grand Théâtre dévoile sa nouvelle saison

Citation :

(...)
Le Barbier de Séville (Rossini), Elektra (Strauss), La Veuve joyeuse (Léhar), Les Puritains (Bellini), Orphée et Eurydice (Gluck), Punch and Judy (Harrison Birtwistle), Les Vêpres siciliennes (Verdi), et L’Amour des trois oranges (Prokofiev) occupent la partie lyrique. (...)

Restent les récitals avec la mezzo Jennifer Larmore, le baryton José van Dam, la soprano Anne Schwanewilms et sa consœur Anna Caterina Antonacci. (...)

Enfin, une «Petite Flûte» réduite à 90 minutes sera proposée avec l’orchestre du Collège dirigé par Philippe Béran. (...)

E-LE-KTRA !

Mais bon, à part ça et les 3 oranges, pour moi c'est pas giga-excitant...

Il faut voir ce que chante Schwanewilms, mais c'est une grande chanteuse!

Les Vêpres, si c'est en français, c'est un petit événément !

Sinon, oui, c'est décevant par rapport aux autres saisons jadis plus variées de Genève. C'est très équilibré, mais à coups de tubes...

D'accord avec David, si c'est la version française des Vêpres c'est à marquer d'une pierre blanche; sinon en effet pas mal de tubes.

M'étonnerait que ce soit la VF, ce n'est mentionné nulle part...

Dommage

Ben si, en fait, les Vêpres seront en français!

L'Amour des Trois Oranges sera dirigé par Mikhail Pletnev et Elektra sera dirigé par Stefan Soltesz (??) avec... Eva Marton (!) en Klytemnestre et...Jeanne-Michèle Charbonneau en Elektra (c'était l'Isolde massive dans le Tristan de Py/Jordan il y a quelques années... mouaipf).

Marton c'est une vieille wagnérienne elle finie en Clytemnestre comme les autres avant elle : Mödl, Varnay, Rysanek et même ... il faut bien le dire ... Meier.

Cololi a écrit:

Marton c'est une vieille wagnérienne elle finie en Clytemnestre comme les autres avant elle : Mödl, Varnay, Rysanek et même ... il faut bien le dire ... Meier.

Meier a enregistré Clytemnestre avec Sinopoli bien avant d'être finie!!

Marton est hyper hullulante depuis 15 ans au moins, Charbonnet en Elektra ça va être vraiment atroce, prépare les boules quies Swarm.

Un des éléments qui m'intéressent dans cette saison pas très originale (mais ça n'a jamais été le cas, il faut dire) est l'Orphée et Eurydice confié à l'immense chorégraphe Mats Ek (et créé à Stockholm avec AS von Otter). De là à dire que je ferai le voyage, vu le prix des places... et la complexité du trajet Lorraine-Genève...

Swarm a écrit:

Ben si, en fait, les Vêpres seront en français!

Trop bien surtout qu'on l'aura avec l'Orchestre de la Suisse Romande et le Chœur du Grand Théâtre qui sont quand assez bons.
Voilà qui vaut toutes les raretés du monde si cela se concrétise par des représentations efficaces.

Le chef d'orchestre sera Yves Abel, ça le fait!
Mise en scène de Christof Loy ??

Et voilà la distribution :

Guy de Montfort - Tassis Christoyannis
Comte de Vaudemont - Christophe Fel
Thibault - Hubert Francis
Hélène - Malin Byström
Ninetta - Clémence Tilquin
Henri - Fernando Portari
Jean de Procida - Balint Szabo
Danieli - Fabrice Farina
Manfredo - Vladimir Iiev
Sire de Béthune (non attribué)
Robert (non attribué)
Jeune Sicilienne (non attribué)

La distribution est très internationale d'où quelques craintes pour la prononciation... Christoyannis était Pyrrhus dans Andromaque de Grétry et ne m'avait pas spécialement emballé même si c'était plus qu'honorable!!
Sinon, hors Fel, je ne connais pas.

Rameau a écrit:

Un des éléments qui m'intéressent dans cette saison pas très originale (mais ça n'a jamais été le cas, il faut dire) est l'Orphée et Eurydice confié à l'immense chorégraphe Mats Ek (et créé à Stockholm avec AS von Otter). De là à dire que je ferai le voyage, vu le prix des places... et la complexité du trajet Lorraine-Genève...

Effectivement, ils ont mis le paquet sur Orphée...

Moander a écrit:

Le chef d'orchestre sera Yves Abel, ça le fait!

Pour du Verdi, c'est étonnant, il a plus l'habitude de flatter les moirures ou la légèreté. mais ce ne peut pas être mauvais en effet, surtout avec ce qu'est devenue cet orchestre, et ces extraordinaires choeurs (hors nordiques, les plus beaux attachés à un Opéra, à mon avis).

Citation :

Guy de Montfort - Tassis Christoyannis
Comte de Vaudemont - Christophe Fel
Thibault - Hubert Francis
Hélène - Malin Byström
Ninetta - Clémence Tilquin
Henri - Fernando Portari
Jean de Procida - Balint Szabo
Danieli - Fabrice Farina
Manfredo - Vladimir Iiev
Sire de Béthune (non attribué)
Robert (non attribué)
Jeune Sicilienne (non attribué)

La distribution est très internationale d'où quelques craintes pour la prononciation... Christoyannis était Pyrrhus dans Andromaque de Grétry et ne m'avait pas spécialement emballé même si c'était plus qu'honorable!!
Sinon, hors Fel, je ne connais pas.

Christoyannis était un peu vaillant et sombre pour du Grétry, peut-être, mais diction parfaite (juste un petit accent), en Montfort ce sera parfait, il a toute l'autorité et le cantabile pour ça.

Fel, une grande valeur sûr des voix graves du répertoire français (mais c'est un tout petit rôle).

Pour les autres :
- Malin Byström était l'Anna de Jacobs. Voix assez ample dans sa couleur, mais sans doute dotée d'un impact limité (assez engorgée). Je n'adore pas, mais c'est amplement valeureux.
- Fernando Portari, c'est une voix italienne pas très ample, assez nasale, légèrement mixée. Un lyrique relativement léger, parfait pour Donizetti (il a chanté Anna Bolena avec Devia), mais qui risque souffrir pour Verdi. Cela dit, s'il chante ça avec l'allègement de Vanzo, ce peut être très beau.
- Bálint Szabó, j'ai un peu plus peur : voix sonore, avec un grain un peu gros, impressionnante sans nul doute, mais avec un accent pas très bien dégrossi en italien qui me fait redouter pour le français (plus délicat, avec plus de sons à maîtriser).


Pas forcément la distribution du siècle, mais ce peut fort bien fonctionner.

Je vais peut-être pas reprendre d'abonnement l'an prochain donc si vous avez des conseils sur ce qu'il ne faut absolument pas manquer...

Je pensais en tout cas aller voir Elektra (malgré la distribution, j'ai très envie de le voir sur scène pour la 1ère fois), les Vêpres Siciliennes et et Les 3 Oranges... pour le reste, est-ce que ça vaut la peine à votre avis?

IL BARBIERE DI SIVIGLIA
Gioacchino Rossini

ELEKTRA
Richard Strauss

DIE LUSTIGE WITWE
Franz Lehár

I PURITANI
Vincenzo Bellini

ORPHEE ET EURYDICE
Christoph-Willibald Gluck

PUNCH AND JUDY
Harrison Birtwistle

LES VEPRES SICILIENNES
Giuseppe Verdi

L'AMOUR DES TROIS ORANGES
Sergueï Prokofiev

Le programme complet est là :
http://www.geneveopera.ch/fr/calendrier/2010/

Birtwistle, ça pourrait te plaire.

(Le reste... mouais. De toute façon ça passe tous les ans tout ça. )

DavidLeMarrec a écrit:

Birtwistle, ça pourrait te plaire.

(Le reste... mouais. De toute façon ça passe tous les ans tout ça. )

Disons que je connais mal (voire pas du tout) les "grands classiques"... donc c'est aussi l'occasion de les connaître. Sauf que si je ne prépare pas la soirée (écoute attentive avec livret), ça s'en va et ça revient...

Ca dépend ce que tu es prêt à encaisser.

Gluck, c'est du classique, de la grande déclamation assez rigide (mais très dramatique) sur instruments anciens, avec des danses dans l'intervalle.

Rossini, c'est de la pyrotechnie vocale, avec une histoire amusante ici. C'est mignon, mais musicalement, ça n'est pas forcément consistant.

Les Puritains, c'est très beau, mais fondé uniquement sur le charme de la mélodie et des atmosphères, de la musique très simple.

La Veuve Joyeuse, c'est à moitié dialogué (en allemand ici), entrecoupé d'ariettes de type opérette. C'est sympathique, mais très léger.

Voilà, donc dans tout ça, vu le degré de simplicité musicale, j'ai des doutes sur le fait que ça te plaise. Maintenant, si tu veux essayer, c'est super.


C'aurait été du Monteverdi ou même du Thomas, je me serais dit qu'à la limite il pouvait y avoir une corde sensible qui vibre. Mais là, pas sûr du tout.
Le plus simple est d'aller écouter rien qu'un extrait sur MusicMe ou YouTube de chaque et voir si tu peux soutenir ce style.

Merci David, j'ai déjà commencé à aller écouter sur internet, mais tes remarques m'aident bien. Visiblement je vais m'en tenir à Strauss/Verdi/Prokofiev! Déjà ce soir La Calisto (Cavalli) j'ai pas tenu plus d'un acte.

Pour Marton, voilà ce qui t'attend Swarm, c'est quand même raide: https://www.youtube.com/watch?v=LhEcXeh4xJk&feature=related

Le vibrato est énorme. J'ose imaginer ce que cela peut donner en 2010. Cependant, c'est très touchant. Une voix pétée pour Clytemnestre, cela ne pose pas tellement de problèmes.

Aïe!!!

Xavier a écrit:

Pour Marton, voilà ce qui t'attend Swarm, c'est quand même raide: https://www.youtube.com/watch?v=LhEcXeh4xJk&feature=related

aurele a écrit:

Le vibrato est énorme. J'ose imaginer ce que cela peut donner en 2010. Cependant, c'est très touchant. Une voix pétée pour Clytemnestre, cela ne pose pas tellement de problèmes.

Pour une fois, on peut vraiment dire qu'elle n'a pas la voix du rôle.

Les commentaires de fans hongrois signalent deux choses :
- qu'on aurait toujours chanté les berceuses ainsi en Hongrie (il y en a qui ont apparemment consommé du Sass à leu insu ) ;
- qu'elle serait convalescente de son accident (pas le coude de Pons, mais celui de Tristan au début des années 2000). Ca fait un peu long quand même pour se remettre, et surtout ça cadre très bien avec l'évolution de sa voix...

J'aime beaucoup Marton jusqu'à assez tard (magnifique récital Schönberg / Zemlinsky / Schreker en 98), mais là, j'avoue que ça excède le raisonnable...

DavidLeMarrec a écrit:

Les commentaires de fans hongrois signalent deux choses :
- qu'on aurait toujours chanté les berceuses ainsi en Hongrie (il y en a qui ont apparemment consommé du Sass à leu insu ) ;
- qu'elle serait convalescente de son accident (pas le coude de Pons, mais celui de Tristan au début des années 2000). Ca fait un peu long quand même pour se remettre, et surtout ça cadre très bien avec l'évolution de sa voix...

Et surtout tu peux écouter son Ortrud de 2004 également sur Youtube et ce n'est pas tellement différent.

DavidLeMarrec a écrit:

J'aime beaucoup Marton jusqu'à assez tard (magnifique récital Schönberg / Zemlinsky / Schreker en 98), mais là, j'avoue que ça excède le raisonnable...

Ca me semble frappé de bon sens. Là ... je n'oserai écouter (peur des cauchemars ... de finalement jamais ne m'en remettre)

Ca ressemble presque à Natalia de Andrade du coup... ça fait vraiment peur, et je me demande comment on peut encore l'engager.

Ceci dit, je pense qu'il ne faut pas se priver d'aller Elektra malgré sa présence, Klytemnestre n'est pas le rôle le plus présent tout de même. (ça serait plus embêtant qu'elle chante Elektra )

Xavier a écrit:

Ca ressemble presque à Natalia de Andrade du coup... ça fait vraiment peur, et je me demande comment on peut encore l'engager.

En l'occurrence, c'était un divertissement pour la télévision hongroise. A Genève, ça s'explique moins.

Mais c'est la tradition, de donner leur place aux vieilles gloires (et après on s'étonnera de la rareté des contraltos, si leurs débouchés sont pris par les sopranes déclinantes...).

J'ai vu pour ma part Helga Dernesch en Grand-mère dans Jenufa en 2008. Je dis bien : j'ai vu...

DavidLeMarrec a écrit:

- qu'elle serait convalescente de son accident (pas le coude de Pons, mais celui de Tristan au début des années 2000). Ca fait un peu long quand même pour se remettre, et surtout ça cadre très bien avec l'évolution de sa voix...

Elle a chanté le rôle d'Isolde en entier?

C'est quoi cette histoire d'accident?

Swarm a écrit:

C'est quoi cette histoire d'accident?

Je n'ai pas de détails, mais tout le monde l'évoque. Ca aurait été assez grave ET aurait compromis sa possibilité de chanter. Est-ce vocal ou plus physique ?

En revanche, sur sa mâchoire fracassée par Pons dans Tosca (eh oui, même dans les mises en scène de Zeffirelli, on risque sa vie...), j'ai tous les détails que tu voudras, la position dans laquelle elle a chanté, l'annonce exacte de son retrait, etc.

DavidLeMarrec a écrit:

Je n'ai pas de détails, mais tout le monde l'évoque. Ca aurait été assez grave ET aurait compromis sa possibilité de chanter. Est-ce vocal ou plus physique ?

Chantait elle Isolde en entier? Je suppose que tu ne le sais pas.

Elle a chanté Isolde sur scène, oui, si c'est ta question.

Xavier a écrit:

Elle a chanté Isolde sur scène, oui, si c'est ta question.

Je ne savais pas que Marton avait chanté Isolde sur scène. Elle n'a fait que le Liebestod au disque. Sais tu s'il existe une captation?

aurele a écrit:

DavidLeMarrec a écrit:

Je n'ai pas de détails, mais tout le monde l'évoque. Ca aurait été assez grave ET aurait compromis sa possibilité de chanter. Est-ce vocal ou plus physique ?

Chantait elle Isolde en entier? Je suppose que tu ne le sais pas.

Si tu parles de 2000-2001, il est probable qu'à cette date ce soit plutôt Brangäne...

Mais elle a dû chanter la plupart des Wagner de maturité, non, à part Eva peut-être ?

DavidLeMarrec a écrit:

aurele a écrit:

DavidLeMarrec a écrit:

Je n'ai pas de détails, mais tout le monde l'évoque. Ca aurait été assez grave ET aurait compromis sa possibilité de chanter. Est-ce vocal ou plus physique ?

Chantait elle Isolde en entier? Je suppose que tu ne le sais pas.

Si tu parles de 2000-2001, il est probable qu'à cette date ce soit plutôt Brangäne...

Non non, c'était Isolde.

http://musicontempo.free.fr/picro.mp3

Rameau a écrit:

J'ai vu pour ma part Helga Dernesch en Grand-mère dans Jenufa en 2008. Je dis bien : j'ai vu...

Etrange, ce procès qu'on fait aux "vieilles" gloires (mais une vieille gloire, ça reste... une gloire, justement !). Des Schlemm (je pense à sa Begbick chez Cappriccio ou à sa Sorcière de Hänsel und Gretel pour Solti), des Mödl, des Varnay ont pu donner, dans leur 2e, 3e carrière des vendanges tardives merveilleuses de ton, etc.

J'ai entendu Silja dans Makropoulos et Jenufa, Gorr dans La Vida breve, Jones cet été dans Herodias, Armstrong dans Alice in Wonderland et, par-delà l'usure des moyens, j'ai eu le sentiment d'une vraie rencontre, de réelles propositions dans la vision des rôles (dans leur gloablité et dans le détail), etc.

aurele a écrit:

Le vibrato est énorme. J'ose imaginer ce que cela peut donner en 2010. Cependant, c'est très touchant. Une voix pétée pour Clytemnestre, cela ne pose pas tellement de problèmes.

Moi je pense que Klytämnestra comme Herodias peuvent se prêter à des visions parfaitement opposées, chacune pouvant être d'une égale efficacité (une voix jeune ou une voix burinée). Je me disais, hier soir, lors du concert de Larmore au GTG (concert sublime, d'ailleurs) qu'après sa récente Fricka, j'aimerais l'entendre dans les reines straussiennes "déliquescentes" (affaire de plastique physique et vocale).

Nonobstant ça, Marton était réellement convaincante dans cette Elektra. Même si la voix a besoin d'un gros tour de chauffe la présence était sidérante, parfaitement assumée et, par moment, réellement plus marquante que celle de Charbonnet. Marton ce n'est plus une voix (encore que... La fin de la scène était assez effrayante de métier), c'est une stature, une projection dès le medium et une onde tellurique dès que les moyens se ramassent. Et les mots ! Les mots d'Hoffmansthal étaient détaillés avec une morbidité consommée, comme un bon met bien apprêté explose en bouche !

Avec la Chrysotemnis de Sunnegardh, c'est le souvenir que je garderai de cette Elektra (comme j'ai gardé, profondément inscrit au creux de mes tripes celle de Jones, par exemple).

Hors-sujet mais quelqu'un a prévu d'aller entendre la Klytämnestra de Podles à Nice ?

Si j'en crois le programme du récital d'hier soir, Larmore devrait chanter Lady Macbeth au GTG dans une mise en scène de Loy.

Je l'ai déjà publié sur un autre forum ; j'espère qu'on ne m'en voudra pas... Mais l'artiste le vaut bien !


Larmore en récital hier soir.

"L'amour badine": tout un programme. Programme habilement composé ; plutôt saupoudré(Ives, Bernstein, Nin, etc.), d'ailleurs, avec un beau versantfrançais. Versant ? Un adret baigné d'une belle lumière automnale, àl'aune de la voix de la mezzo, ambrée, légèrement vibrante, quis'est départie de ses sons dans les joues... et d'une partie de saprojection, peut-être aussi.

Classe folle, ligne sculpturale,intensément graphique, jusque dans les légères ondulations "scéniques"d'une Carmen d'un charme fou qui n'appuie rien, effleure, cisèle,détaille, etc. jusqu'à l'embrasement ("Les tringles...").

Laprononciation est délicieuse, très légèrement maniérée (mais est-cevoulu ?) à l'anglo-saxonne ; à la manière de ce que propose Lott, parexemple (cf. les 3 Debussy, dont un "Beau soir" d'une légèreté de tonscomme une brume de Corot).

Très belle Shéhérazade de Ravel (notamment la "Flûte enchantée" et un "Bel indifférent" d'un lyrisme moite) ; sublime "Absent" de Gounod ( legato d'une onctuosité folle ) ; très sensible nostalgie des Memories de Ives.

Plus d'une heure et demi d'un programme gourmand et généreux ; fin en apothéose avec des Bernstein (West side story) fébriles et un "Art is calling for me" (vous connaissiez, vous ?) à se damner d'humour et d'aplomb !

Bref,une sensation de maîtrise confortable chez une artiste par ailleursparfaitement naturelle dans un programme fait pour le public ! Elle estpas belle, la vie ?

bAlexb a écrit:

Je l'ai déjà publié sur un autre forum ; j'espère qu'on ne m'en voudra pas... Mais l'artiste le vaut bien !

Je ne vois pas pourquoi cela poserait problème et pourquoi on pourrait t'en vouloir. Merci pour ton compte-rendu.

Bonjour à tous,

Quelqu'un d'entre vous assistera-t-il à ce concert ?
Si oui, pourions-nous avoir un petit CR ?
Merci d'avance, Julienne

Julienne a écrit:

Bonjour à tous,

Quelqu'un d'entre vous assistera-t-il à ce concert ?
Si oui, pourions-nous avoir un petit CR ?
Merci d'avance, Julienne

J'y vais oui ; apparemment le GTG a dû faire face à une demande peu commune, l'obligeant à ouvrir l'amphithéâtre habituellement fermé pour les récitals ! Je ne résisterai sans doute pas à l'appel du CR ...

Merci beaucoup pour le CR, ne résistez surtout pas !
Je pense que les adieux de JVD à l'opéra ont navré beaucoup d'admirateurs dont je suis, d'où une affluence accrue; c'est trés bien ! je ne peux malheureusement pas me rendre à ce concert, ni aux représentations de La veuve joyeuse, à mon trés grand regret; donc tous mes remerciements par avance pour vos impressions sur ce récital
Julienne

Julienne a écrit:

Merci beaucoup pour le CR, ne résistez surtout pas !
Je pense que les adieux de JVD à l'opéra ont navré beaucoup d'admirateurs dont je suis, d'où une affluence accrue; c'est trés bien ! je ne peux malheureusement pas me rendre à ce concert, ni aux représentations de La veuve joyeuse, à mon trés grand regret; donc tous mes remerciements par avance pour vos impressions sur ce récital
Julienne

C'est navrant, mais il fait bien. Sa voix est désormais très abimée : l'âge et 50 ans de carrière sans s'économiser en sont la raison. Il a su s'arrêter au bon moment.

Cololi a écrit:

Julienne a écrit:

Merci beaucoup pour le CR, ne résistez surtout pas !
Je pense que les adieux de JVD à l'opéra ont navré beaucoup d'admirateurs dont je suis, d'où une affluence accrue; c'est trés bien ! je ne peux malheureusement pas me rendre à ce concert, ni aux représentations de La veuve joyeuse, à mon trés grand regret; donc tous mes remerciements par avance pour vos impressions sur ce récital
Julienne

C'est navrant, mais il fait bien. Sa voix est désormais très abimée : l'âge et 50 ans de carrière sans s'économiser en sont la raison. Il a su s'arrêter au bon moment.

C'est très variable en fait. Enfin, en tous cas, il y a quelques temps encore, c'était très variable selon les soirées. La voix peut encore très bien sonner un jour, et être en mauvaise forme le lendemain.
Par exemple :

watch?v=eWMTcuB6TTA

Très curieux d'avoir un CR sur ce récital, et j'aimerais beaucoup, beaucoup le réentendre dans un récital à Paris ou en région parisienne, une dernière fois.

Cololi a écrit:

Julienne a écrit:

Merci beaucoup pour le CR, ne résistez surtout pas !
Je pense que les adieux de JVD à l'opéra ont navré beaucoup d'admirateurs dont je suis, d'où une affluence accrue; c'est trés bien ! je ne peux malheureusement pas me rendre à ce concert, ni aux représentations de La veuve joyeuse, à mon trés grand regret; donc tous mes remerciements par avance pour vos impressions sur ce récital
Julienne

C'est navrant, mais il fait bien. Sa voix est désormais très abimée : l'âge et 50 ans de carrière sans s'économiser en sont la raison. Il a su s'arrêter au bon moment.

Bien sûr, Van Dam a l'âge qu'il a ; et également la carrière qui va avec (ce qui n'est pas totalement anodin, à mon sens ) !

CR du concert d'hier. Et une anecdote pour commencer : selon la dame à côté de moi, les quatre pires concerts qu'elle ait entendus ont été donnés par Berganza, Carreras, Caballe et Raimondi. A quelle époque, l'histoire ne le dit pas !

Van Dam est sanglé dans un bel ensemble très strict avec veste 3/4 qui allonge sa silhouette ; présence irradiante dès qu'il se cale dans le creux du piano (accompagnement sublime, mouvant et émouvant de Pikulski).

Sensible bouquet de Fauré pour commencer ; Duparc suit avec, notamment une Invitation et une Phydilé incantatoires ; Debussy (Fêtes galantes II) passe avec tendresse ; suivent Ibert (géniales Chansons de Don Quichotte avec, notamment, une Mort bouleversante) et Poulenc (Bestiaire et Chansons Gaillardes).

La voix sonne large, légèrement rocailleuse (quelques scories, particulièrement sur le Nocturne et la Mandoline de Fauré) mais bien timbrée (sauf dans les extrêmes aigus suspendus de la Mort d'Ibert, par exemple). Un peu d'air balaye l'ensemble de la tessiture ; le creux reste confortable (Duparc en profite comme aucun) et la palette dynamique sait exciter les extrêmes (Phydilé) pour emplir avec naturel (c'est peut-être ça, l'enseignement que je tire de la soirée) le vaisseau du GTG. Sans doute l'artiste est-il fatigué ; paradoxalement il le semble plus en début qu'en fin de programme.

Le diseur, surtout, est majuscule ; unique, à mon sens, à l'heure actuelle à cumuler cette présence vocale encore mordante, ce timbre poétique et cet art du dire, jamais redondant avec le son ; puissamment complémentaire, en fait. Cela vaut, particulièrement, pour des Poulenc magnifiques où affleurent la nostalgie (La carpe), l'amour, l'humour (mais d'une finesse extrême, légèrement distanciée dans les Chansons gaillardes).

Le public, soulevé (il a fallu ouvrir exceptionnellement l'amphithéâtre, traditionnellement fermé pour les récitals), s'accroche à "son" chanteur (27 rôles au GTG depuis 1967 !). Deux bis à la clef : Chanson de la Puce et Sérénade de la Damnation. Là, l'instrument paraît éreinté (surtout pour la Puce) mais le mot rayonne, trucule, succule ! Magnifique...

Indubitablement un grand artiste qui a encore beaucoup à dire et à faire entendre !

Pas tout à fait au Grand Théâtre... mais le Victoria Hall est à une rue à peine !

Concert du Nouvel An de l'Orchestre de la Suisse Romande avec Anja Harteros. Airs et ouvertures de Verdi, Rossini, Mascagni, Cilea, Puccini :

http://www.osr.ch/page.asp?pageid=72

La Veuve Joyeuse au GTG samedi soir.

Les spéculations allaient bon train dans les couloirs du théâtre à propos de la mise en scène de Loy. Le "théâtreux" iconoclaste allait-il défigurer le chef-d'oeuvre de la mémoire collective comme il avait donné de sérieux coups de boutoir à la Donna de la saison dernière ? Pour être sincère, j'ai trouvé que la production fonctionnait très bien. Avec, d'abord l'idée assez ingénieuse de faire de l'ambassade du Pontevedro une espèce de Tour de Babel où alterne allemand (ce n'est que justice), français (ça se justifie dans l'action) et l'anglais (puisque le baron Zeta a épousé, dans la production, l'Américaine Larmore). Dialogues et couplets mélangent les langues, ce qui donne un singulier relief au(x) mot(s) et renouvelle en permanence l'intérêt en variant les couleurs !

Le plateau paraît décuplé dans un dispositif très années 50 façon Lloyd Wright avec son riche appareil de marbre et son escalier magnifique à la manière du meilleur Hollywood ! Enfin le metteur en scène joue d'un humour tout en second degré, multipliant à la fois les mouvements et les clins d'oeil jusqu'à l'horreur organisé d'un bal, au I frôlant le "burlesque" (burlesque consommé, à la manière Amalric, dans une scène des Grisettes absolument dantesque et hilarante dans son décalage). De chacun, enfin, il fait de vraies présences ; avec une mention particulière au maître de cérémonie Van Dam    et au Njegus surréaliste de Silvia Fenz!

Quelques tripatouillages plutôt bien venu, finalement : un extrait de "One touch of Venus" pour Larmore dans la fête du II (abattage, chic, glamour) et le déplacement de Vilja à la fin du II, lorsque Glawari, restée seule, se noie dans la nostalgie de ses amours éternellement ratées. Bien venu !

Mühlbach fouette un orchestre juteux et savoureux ; avec alanguissements, rubato et tout ce qui fait la bonne opérette bien drivée !

Côté plateau, le champagne coule à flot. A la petite réserve d'un Camille (Bernard Richter) au naturel charmant et charmeur mais qui coince vite dans les aigus, sans le moelleux légèrement fade qui va au personnage (Gedda !). Van Dam est succulent même s'il parle plus qu'il ne chante ; la métamorphose du récitaliste d'il y a quinze jours est pantagruélique de vis comica ! Sa chère et tendre est une Larmore délurée à l'extrême mais aussi (c'est plus rare, cf. Köth, Loose, Steffek et même Bonney) riche de timbre, à la fois sombre et intensément brillant, sublime de féminité et fofolle en diable ! Danilo (Johannes Martin Kränzle) témoigne d'une voix immense (proportions, projection) à l'aigu absolument ensorceleur, tout en lumière malgré quelques accrochages dans le rythme de son air d'entrée. Mais "Lippen Schweigen" rattrape tout avec son charme à se damner. Charmante, Annette Dasch l'est indubitablement ! Plastique à en crever, présence de meneuse de revue, timbre opalescent qui n'est pas sans rappeler, par bouffées, la Schwarzkopf de la version Ackermann, elle emporte et le plateau et la salle dans un tourbillon de glamour et d'émotions !

Un spectacle de fin d'année à la fois théâtral, musical, qui distille la bonne humeur ; contrat (très) largement rempli !

Content que tu ais passé une excellente soirée. Merci pour ce compte-rendu intéressant.