Thierry Pécou (1965- )

On a déjà dû en parler quelque part... mais il n'avait pas encore de fil dédié. Sur la suggestion d'Alexandreg, voilà qui est chose faite, à l'occasion de la diffusion sur France Musique de la retransmission de l'opéra L'amour coupable, créé il y a quelques semaines à l'Opéra de Rouen.

En ce qui me concerne je n'avais jamais entendu une note de Pécou avant ce soir, bien que plusieurs de ses œuvres aient déjà eu les honneurs du disque. C'est notamment chez Harmonia Mundi qu'il semble avoir pris dernièrement ses quartiers discographiques, le label a publié en 2008 son concerto pour piano L'oiseau innumérable (2006) et cette année encore un autre enregistrement comprenant Symphonie du jaguar (2003, pour ensemble et voix) et La vague de pierre (2007, pour grand orchestre).

En ce qui concerne L'amour coupable, adaptation de La mère coupable qui clôt sur le mode dramatique la "trilogie de Figaro", ma découverte ne s'est pas déroulée dans d'excellentes conditions car j'ai dû par la force des choses rater un bon tiers de l'œuvre... et pour le reste j'ai un problème d'oreille en ce moment. Disons juste que j'ai été intéressé par le projet, et "ferré" par l'ouverture, dans un langage très contemporain... mais intégrant des micro-citations de l'ouverture des Nozze di Figaro de Mozart. On retrouve d'ailleurs le même procédé à d'autres moments de l'œuvre, avec des échos de refrains révolutionnaires. L'écriture vocale m'a semblé très "lisible" même si pas extrêmement belle. Pour ce que j'ai entendu, de façon générale je n'ai pas été vraiment enthousiasmé, mais en tout cas intéressé, et grâce au site internet de France Musique (œuvre disponible un mois à la réécoute) j'espère bien me replonger dans cet opéra dès que je pourrai le faire dans de meilleures conditions. J'espère sincèrement pouvoir réviser plus positivement mon jugement alors.

Je vais remettre dans ce fil le commentaire que j'avais fait le lendemain de la troisième représentation.

Citation :

Je suis allé voir l'amour coupable de Pécou hier soir.
J'ai vraiment adoré (j'ai envie de le réentendre tout de suite mais je ne pense pas que l'on aie le cd rapidement). Les chanteurs étaient exceptionnels (surtout Marzorati et Crossley-Mercer). Très bon jeu de scène de Marzorati.
Green a pas mal retravaillé la pièce de Beaumarchais (qui n'est quand même pas géniale) et a transposé la scène pendant la Terreur (ce qui permet de donner un côté un peu glauque par moment).
Au niveau de l'orchestre, la partition est vraiment très riche. C'est coloré et rythmiquement très exaltant (avec Pécou on pouvait s'y attendre). Et si on a bien intégré la musique du 1er XXe, c'était très accessible. Globalement bonne performance de l'orchestre (même si parfois les cuivres semblaient un peu à la peine).
Le traitement des voix peut paraître un peu simpliste mais en tout cas est très efficace, car il respecte la prosodie française, n'est pas trop lyrique (c'est aussi bien comme ça), et donc permet de comprendre tout ce qui se dit sans livret (et puis la diction des chanteurs était vraiment parfaite).
Il y a juste eu un sextuor où il était vraiment impossible de comprendre ce qui se disait (mais j'ai lu la notice de Pécou après le concert et apparemment c'était voulu).
Accueil moyennement chaleureux du public (mais connaissant les goûts de la plupart de ces personnes, c'est vraiment pas une surprise).
Si vous avez des reprises près de chez vous, courez-y.

Pour ce qui est du clin d'oeil à Mozart Pécou en parle un peu dans la notice qui était distribuée le soir de la distribution.
http://fr.calameo.com/read/000151857235a501100b2
Il a aussi respecté les codes concernant l'ouverture puisqu'il y présente les motifs qui seront utilisés dans le finale.
Il y a quelques effets pour lesquels la spatialisation est très importante (par exemple lors des choeurs révolutionnaires les membres du choeur étaient disséminés dans toute la salle).

A noter que l'opéra peut encore être écouté sur le site de France Musique

Il faut vraiment que je trouve le moyen de le repiquer à la main.

DavidLeMarrec a écrit:

Il faut vraiment que je trouve le moyen de le repiquer à la main.

Il faut utiliser Internet explorer. Tu cliques pour écouter le concert. Tu peux ensuite stopper l'écoute pendant que le fichier se charge dans le cache (tu vois le pourcentage en bas). Une fois les 100% atteint, tu cliques sur la barre "Outils" --> "Option Internet". Tu cliques sur le bouton "Paramètre" dans l'onglet "Général" zone "Historique de Navigation". Tu cliques ensuite sur "Afficher les fichiers". Tu tries les fichiers par date (colonne "Dernière Modification"). Tu vas alors trouver un fichier nommé "concert-soir_20100505-128k.mp3". Tu cliques droit dessus et sur copier. Tu peux ensuite le coller n'importe où sur ton disque dur. C'est valable pour toutes les émissions en libre écoute pendant 1 mois (seul le nom du fichier change bien entendu).

[Cela ne fonctionne pas avec Mozilla - Une fois les 100% atteint Mozilla converti le fichier dans un format sqlite d'une taille plus petite]

Je n'ai jamais entendu la musique de ce compositeur qu'on dit proche d'un Florentz pour la flamboyance et les couleurs.

Un disque à me conseiller?

C'est moins maîtrisé et "romantique" que Florentz, il y a quelque chose de plus échevelé et dispersé, que je trouve plus sympathique : moins de crème.

Pour ma part :

1.
Laissez faire au voyage
chez Integral Classic
(Pur enchantement.)

2.
Symphonie du Jaguar
chez Harmonia Mundi
(Le couplage avec Vague de pierre est en revanche très décevant.)

Si tu veux du chatoyant, tu devrais aussi essayer Nunes, même si Nachtmusik II ne doit pas être facile à trouver, ainsi que Fedele et certains Mantovani...

Merci!

arnaud bellemontagne a écrit:

Je n'ai jamais entendu la musique de ce compositeur qu'on dit proche d'un Florentz pour la flamboyance et les couleurs.

Un disque à me conseiller?

Pour moi ça n'a vraiment rien à voir dans tout ce que j'ai pu écouté, mais à chaque fois je dois être tombé sur les mauvaises oeuvres...

Le langage n'a rien à voir. En revanche les chatoyances exotiques, le goût du voyage, si, je le retrouve.

Ah tiens, longtemps que je ne l'ai plus écouté celui-là !
J'aime beaucoup le concerto pour piano "l'Oiseau Innumérable", vous le connaissez ?

La symphonie du jaguar c'est vraiment grand, chatoyant, personnel, singulier, c'est l'oeuvre contemporaine vers laquelle je reviens le plus souvent, la seule qui a la même place pour moi que les grandes oeuvres de mendelssohn et beethoven. Malheureusement c'est un disque harmonia mundi donc on ne le trouve pas en écoute sur le net, toutefois il y a une version abrégée "breves du jaguar" qu'on trouve sur le disque "temps ix jaguar" en écoute sur qobuz. Je suis content que David aime et je serais curieux d'avoir l'avis des fans de contemporain comme Xavier et Siegmund.

Orquoy (2012)  , Chango , Marcha de la Humanidad    orchestre de france
Pécou revisite les musiques d'amérique du sud & centrale ,comme la  Symphonie du Jaguar  . J'aime bien .
Rien à voir avec Florentz , à part le goût d'exotisme . Florentz , que j'adore ,est très sage il écrit une musique française comme Dutilleux , plus colorée et avec des touches de musiques africaines .
Pécou , sonne plus comme un compositeur  sud-américain (revueltuas,villa-lobos,ginistera ) moderne .

Pour ma part, je viens de découvrir Thierry Pécou par cet album, le dernier paru chez Harmonia Mundi semble-t-il, et c'est une belle découverte!

Les pièces sont variées, d'un "concerto-carnaval" pour piano, flûte, saxophone, violoncelle et 5 percussions à une pièce pour flûte solo.

Dans chacune, l'inspiration est l'Amérique du Sud, mais sans que ce soit platement exotique. On dirait plutôt qu'il veut retrouver quelque chose d'archaïque et de primordial, un peu comme le Stravinsky du Sacre avec les traditions païennes russes.

Bref, c'est de la musique à la fois savante et accessible, (très) cérébrale et (un peu) sensuelle, et qui mélange aussi tonalité et atonalité.

Si certains sont en mesure de m'expliquer sa démarche musicale et son approche de la composition, je suis preneur!

La technique précise échappe à mes compétences, jamais ouvert ses partitions hors de son hommage à Rameau. J'y entends de l'atonalité très polarisée, pas exactement du discours tonal donc, mais avec des logiques comparables de tension / détente.

Si tu as aimé ça, la Symphonie du Jaguar se trouve aisément au disque, et est particulièrement chatoyante, avec les mêmes qualités d'exotisme pas du tout cartepostalisé.