Reçu en début de semaine :
Wagner à l'opéra ou en dvd, c'est à dire en image : il faudrait toujours commencer par là.
J'ai un coffret du
Ring par Karajan, bien jauni, patiné et émoussé aux coins par l'usage (plus une ébouriffante Barenboïm dématérialisée que je dois à un membre ami. Grâce lui soit rendue!).
Mais j'étais aveugle et presque sourd.
Aujourd'hui je vois et comprends.
Je vais sûrement confondre et mêler dans mon jugement toutes les beautés : musique, texte, scénario, chanteurs, scénographie, décors, popcorn et civilité des ouvreuses...
Mais quelle claque mes ailleuls !
Je n'ai lu qu'en diagonale ce fil consacré à cette mouture du
Ring. Les considérations et vos préférences me sont stratosphériques. Moqueurs, tatillons, spécialistes, spécieux, précieux, coupeurs de chevaux en quatre et glotophiles, chère engeance que je lis, coi. Et, sans reprendre la rêche bure de mon humble incurie maniéreuse (sic) qu'un des membres m'avait reproché, vous êtes de toute manière plus avancés que moi qui pouvez comparer les innombrables versions que vous avez vues.
Pour moi, c'est une première :
Et j'ai bien kiffé !
Et j'ai surtout compris des préoccupations et les enjeux de personnages qui m'avaient complètement échappées au disque seul avec le livret sur les genoux.
J'ai apprécié la Musique, par d'autres prismes :
Autant dans mes écoutes au disque je suivais assidument les arias en espérant vitement le passage "symphonique" pour reposer mes yeux, réfléchir à ce qui avait été dit et goûter la musique sans la littérature...
Autant avec le dvd, c'est le contraire : les moments musicaux et les ouvertures m'impatientent et j'attends qu'on poursuive l'histoire.
Pour ce qui est de la direction, j'ai entendu des
Rings plus suaves, plus profonds, plus wagnériens (ou l'idée que je m'en fait!). Mais Boulez, tant décrié, ne me dérange pas du tout car c'est une expérience totalement nouvelle pour moi à laquelle il participe.
C'est à dire que je découvre visuellement le
Ring par Wagner/Boulez/Chéreau.
C'est probablement le symptôme du bleu...
Et même si je peux me targuer d'avoir entendu mieux...
Quoiqu'il en soit : Un grand moment.
Restent les interprètes ....
Là aussi, vos mots comptent triple contre ma sensation.
Mais j'ai trouvé
Loge (Heinz Zednik) superbement délabré et délictueusement délicieux.
Alberich (Hermann Becht) libidineux et avare : avide quoi qu'il en soit.
Wotan (Donald McIntyre), puissant repu et dérangé dans sa digestion du monde, rattrapé par ses promesses à l'heure de la sièste.
Fricka (Hanna Schwarz) qui déboule, dramatique emmerdeuse, à l'heure de la sieste.
Hunding (Matti Salminen) la présence assise, ancrée dans le sol, de la possession.(
je crois que Salminen pourrait me chanter le bottin, je l'écouterai le fusil dans le pantalon !).
.
Siegmung (Peter Hofmann) et
Sieglinde (Jeannine Altmeyer).
La Walkyrie.Deux Actes d'éblouissement.
Un duo d'amour de deux actes entrecoupé d'une sordide scène de ménage.
Il y a un magnétisme qui émane de ces deux chanteurs !
Comme ils chantent !
Comme ils jouent !
Comment ils le vivent tout cela !
Et je ne sais pas si c'est une hallucination collective ou si elle m'est intime :
Comme ils se ressemblent, ces jumeaux incestueux !
Reste
Brünnhilde (Gwyneth Jones). J'avais l'image d'un Tank à la tourelle mobile.
Je préfère cette enfant gâtée (mais finalement battue) à qui son père a appris un hymne guerrier, une comptine super irritante et qu'elle lui recrache à la face juste avant l'arrivée de sa belle-mère furax. Beau moment humoristique !
Autrement,
Brünnhilde ; la confiance et le bonheur aveugle, le chagrin, le doute, la compassion/envie, la désobéissance, la peur et le courage assumé!
Gwyneth Jones est bouleversante.
Ah !
Et merci
Frère Alifie,
Pour tout !