Tchaïkovsky : symphonie n°2

WoO a écrit:

Cololi a écrit:

Tchaikovsky a un côté occidental qui le rend supportable

Pas du tout russophobe en effet...

Et même qu' omettre tout le reste de mon message, est très honnête comme procédé

La formule est quand même révélatrice et se suffit à elle seule. Ce ne sont pas deux compositeurs internationaux et une concession prononcée du bout des lèvres qui changeront grand chose sur le fond. C'est le côté occidental qui rend Tchaïkovsky "supportable" voire "parfois génial", je sais lire. Tu n'es pas le seul à le penser (c'est même une chose extrêmement répandue) mais ce n'est pas grave, chacun est libre d'écouter avec des préjugés.

Cololi a écrit:

Ah ok au temps pour moi.

J'ai écouté la 6° en cloture de la saison à Bordeaux, et je me suis dit : franchement dommage que Tchaikovsky avec une telle inspiration ne soit pas plus délicat.

Je comprends assez ce que tu veux dire et je te conseille d'aller voir du côté des opéras Iolanta en concert par l'orchestre du Capitole et Sokhiev, c'était une musique d'une beauté et d'une délicatesse hallucinantes ! J'en ai même pleuré après un crescendo bouleversant (l'air d'Ibn-Hakia)

WoO a écrit:

La formule est quand même révélatrice et se suffit à elle seule. Ce ne sont pas deux compositeurs internationaux et une concession prononcée du bout des lèvres qui changeront grand chose sur le fond. C'est le côté occidental qui rend Tchaïkovsky "supportable" voire "parfois génial", je sais lire. Tu n'es pas le seul à le penser (c'est même une chose extrêmement répandue) mais ce n'est pas grave, chacun est libre d'écouter avec des préjugés.

Ah tiens, moi, c'est tout le message qui me fait bondir. En somme, on n'a rien à dire sur untel ou une telle chose parce qu'on l'adore.

Enfin bref, je ne vois pas l'intérêt de discuter avec quelqu'un dans ce cas-là.

Bon, j'ai joué le jeu, et même plus que ça puisque j'ai écouté cette symphonie en entier !

Et je dois dire que ça m'a bien plu. Pourtant ça partait mal, le premier mouvement est sans doute celui auquel j'ai le moins accroché : le grandiloquent ne me dérange pas trop quand c'est fait avec mesure, ici j'ai vite trouvé que ça tombait dans le lourdingue, malgré un début plutôt sympa. J'y retrouve ce traitement thématique à la Beethoven qui me fatigue.
Un deuxième mouvement nettement plus inspiré je trouve, joli thème, plus "délicat".
Le Moderato assai en revanche est franchement pompeux mais me plait beaucoup, il y a harmoniquement des choses très intéressantes au début, et puis le thème final est magnifique.
Globalement, ça manque un peu de nuances, de finesse pour moi (surtout dans l'orchestration en effet) mais j'écoute ça avec assez de plaisir, ce qui n'était pas gagné d'avance.

Wolferl a écrit:

Pourtant ça partait mal, le premier mouvement est sans doute celui auquel j'ai le moins accroché : le grandiloquent ne me dérange pas trop quand c'est fait avec mesure,

Contradictio in terminis ?

C'est vrai... Disons que le grandiloquent ne me dérange pas cinq minutes, et peut même me plaire, mais je sature rapidement.

J'ai écouté cette symphonie dans la version proposée. Je ne m'étais jamais vraiment penché sur les trois 1ères symphonies.

Le I. comporte beaucoup des caractéristiques de l'écriture orchestrale de Tchaïkovsky avec ces dialogues incessant entre les cordes et les bois.

Globalement c'est plus simple de construction que les 3 dernières symphonies. On retrouve beaucoup moins les grandes ruptures de tempo et de caractère. Dans cette 2e symphonie l'architecture globale est beaucoup plus claire, plus classique aussi.

Mais j'aime beaucoup cette 2e, les thèmes sont souvent assez simples mais très efficaces pour peu que l'on veuille bien les prendre au premier degré et s'y abandonner (d'ailleurs je crois que cela vaut pour toute la musique de Tchaïkovsky).

Si l'écriture massive peut être reprochée, c'est quand même très bien orchestré, les pupitres sont tous sollicités (et pas juste pour faire des pompes ou doubler les violons).

L'interprétation de Svetlanov est probablement ce qui se fait de mieux. Les timbres des orchestres russes permettent de mieux dégager les plans et la qualité technique des instrumentistes n'est pas prise en défaut. Et puis Svetlanov a parfaitement compris comment exprimer les sentiments sincères de cette œuvre, évitant le sentimentalisme déplacé de Karajan (même si ce dernier réussit un peu mieux les 3 1ères symphonies que les suivantes).

J'ai enfin écouté le premier mouvement, et je dois dire que j'ai beaucoup aimé, je vais écouter le reste de la symphonie. C'est assez sombre et imposant mais c'est bien des fois un peu de lourdeur, ça change du baroque

Merci Elvira pour ce fil impeccablement présenté.

Je suis justement en train d'écouter cette symphonie (je suis parti pour l'intégrale Jansons, je crois, maintenant que j'ai trouvé qui me comblait ). Contrairement à beaucoup d'entre vous, sans doute, je l'ai découverte avant la Première et la Quatrième, sensiblement en même temps que la Sixième.


Je partage un peu l'avis d'Octavian sur son côté peu évident thématiquement, sa structure un peu emberlificotée qui donne l'impression que de quelque chose d'un peu abstrait si les chefs n'exploitent pas pleinement les jeux de timbres.

Parce qu'il y a de superbes choses à faire dans les mouvements centraux, avec des bois en folie (on est presque dans l'Oiseau de Feu !), des thèmes bondissants qu'on peut lire comme féériques ou second degré... Quand c'est bien joué, je suis très client. (C'est pour ça qu'écouter des orchestres nordiques n'est pas un mauvais investissement ici...)


Quant au débat sur la délicatesse, c'est vraiment une question, pardon de ce relativisme, de point de vue. On peut trouver Tchaïkovsky délicat parce qu'il emploie beaucoup de bois et manifeste des émotions tendres, ou au contraire grossier parce qu'il badigeonne ses compositions avec son âme malade, et des moyens postromantiques qui aiment une forme, pas de démesure, mais disons de totalité.
Personnellement, comme je l'aime énormément, je le sens plutôt comme les premiers, mais le second ressenti ne me paraît pas farfelu du tout.

En ce qui concerne la refonte : la version originale est plus saillante dans les mouvements extrêmes. En revanche, pour les parties centrales, le raffinement extrême des timbres fait que je recommanderais plutôt la seconde mouture, moins spectaculaire en effet.