Martti Talvela

Cette basse finlandaise dans le peu que je connais de son répertoire au disque est remarquable par la beauté de la voix, l'autorité naturelle que dégage de cette dernière, la profondeur de sa voix dans le grave.
Il est né en 1935 à Hiitola et est mort à Juva en 1989.
Dans le peu que j'ai pu voir en vidéo (un peu son Osmin sous la direction de Böhm), il avait une présence incroyable renforcée par sa carrure imposante (+ de 2 mètres et 150 kilos paraît il).
C'est un Pimène très touchant, profond par le timbre en particulier dans la version de studio de Karajan de 1970 de Boris Godunov.
Il a beaucoup chanté Boris aussi. Il existe un enregistrement de studio sous la direction de Jerzy Semkow publié par EMI.
Parmi ses autres rôles du répertoire russe : Dosifey dans Khovanshchina et Gremin.
C'est un interprète majeur du répertoire wagnérien également. Je le connais pour le moment un peu en Hunding par le biais de la version de Karajan mais je réécouterai prochainement en entier cette version de Die Walküre. Je connais en entier son Fasolt dans le Ring de studio de Karajan et il est remarquable évidemment, avec une dimension humaine plaisante, il est assez touchant dans ce rôle de géant naïf et pas aussi cruel que son frère. C'est un peu un géant débonnaire d'une certaine manière, soumis à son frère. Talvela rend bien tous ces aspects.
J'aimerais bien connaître en particulier son Hagen, il existe un live sous la direction de Solti de Covent Garden de 1970.
Il a enregistré deux fois en studio Daland : versions Klemperer et Solti.
Il a été le Roi Marke pendant plusieurs années à Bayreuth pour Böhm et est dans l'enregistrement bien connu de 1966 évidemment publié chez DGG.
Il a chanté également Titurel (live Bayreuth 1962 Kna publié officiellement chez Philips) et Gurnemanz dans Parsifal (2 lives non officiels dont un du Met de 1979 sous la direction de Levine)
Il a été également le Landgraf dans Tannhäuser et le Roi Henri dans Lohengrin.
Il est évidemment célèbre aussi pour le rôle de Sarastro. Je le connais un peu dans la version Solti I mais je l'ai entendu en entier dans ce rôle dans la version de studio de Levine. C'est évidemment sublime, poétique aussi, pas agressif du tout. C'est chanté à la perfection.
J'ai vu que certaines personnes considèrent son Commandeur comme le meilleur de la discographie. Je pense privilégier pour avoir une distribution globalement remarquable le live de Karajan de Salzburg de 1968 : Ghiaurov, Janowitz, Zylis-Gara, Kraus, Freni, Panerai (Masetto et non Leporello). Je ne sais pas comment est Geraint Evans en Leporello et ce chanteur ne m'a pas marqué dans le seul enregistrement que je connais de lui, son Falstaff sous la direction de Solti.
J'ai aussi l'intention de découvrir son Osmin évidemment.
Il a chanté également du répertoire italien avec Verdi : Il Grande Inquisitore (notamment dans la version de Solti de studio), Filippo II (cela peut être intéressant à entendre, j'ai repéré deux lives mais ils n'ont pas été publiés officiellement), Padre Guardiano (j'ai un live, il faudra que je réécoute pour en dire plus), Zaccaria (en allemand), Sparafucile (version bien connue de Bonynge) et Jacopo Fiesco.
Pour le répertoire allemand, il a interprété également Fernando dans Fidelio sous la direction de Böhm (version de studio de 1969 et film de 1970).
Il a chanté en allemand et en anglais le rôle de Kecal dans La Fiancée vendue de Smetana et dans sa langue natale en studio le rôle de Paavo Ruotsalainen de l'opéra Viimeiset kiusaukset (The Last Temptations).
Signalez moi si j'ai oublié des rôles.
Il me reste donc encore à découvrir ce chanteur dans beaucoup de rôles.

Grand chanteur, je trouve. Ce qu'on pourrait lui reprocher, c'est sa nasalité, et c'est pour moi ce qui fait que son Inquisiteur est moyen sans plus.

Et je le trouve un peu meilleur en Fasolt chez Böhm que chez Karajan, surtout qu'il est mieux apparié avec Böhme qu'avec Ridderbusch, dont on rêve du Fasolt.

Voici pour tout ce qui n'est pas opératique :

(différents lieder and songs)

Guillaume a écrit:

Grand chanteur, je trouve. Ce qu'on pourrait lui reprocher, c'est sa nasalité, et c'est pour moi ce qui fait que son Inquisiteur est moyen sans plus.

Et je le trouve un peu meilleur en Fasolt chez Böhm que chez Karajan, surtout qu'il est mieux apparié avec Böhme qu'avec Ridderbusch, dont on rêve du Fasolt.

Tu connais évidemment son Marke je suppose. Tu le connais dans quels autres rôles sinon?

Une de mes basses préférées: alliage parfait de puissance, de tendresse, de musicalité et de lyrisme.

Je l'adore en Roi Marke, en Fasolt, en Hunding, en Boris...

arnaud bellemontagne a écrit:

Une de mes basses préférées: alliage parfait de puissance, de tendresse, de musicalité et de lyrisme.

Sous son aspect colosse et imposant donc par le physique mais aussi par la voix évidemment, il est un interprète effectivement d'une grande sensibilité. Je suis tout à fait d'accord avec toutes les caractéristiques auxquels tu l'associes.

Ce que je possède :

- Deuxième homme en armes (Flûte de Böhm)
- Fasolt (Böhm)
- Marke (Böhm)
- Don Fernando (Böhm)
- les Saisons de Haydn (...Böhm)

Mais, puisque Arnaud fait référence à ses basses préférées, je ne le mettrai pas dans les tous premiers, mais plutôt juste après.

Guillaume a écrit:

Ce que je possède :

- Deuxième homme en armes (Flûte de Böhm)
- Fasolt (Böhm)
- Marke (Böhm)
- Don Fernando (Böhm)
- les Saisons de Haydn (...Böhm)

Mais, puisque Arnaud fait référence à ses basses préférées, je ne le mettrai pas dans les tous premiers, mais plutôt juste après.

Il faudra bien que je connaisse son Marke évidemment même si je me tiens éloigné pour le moment de la version Böhm à cause de Nilsson. Je devrai passer par-dessus cela. Au pire, j'écouterai déjà le Monologue de Marke. Je ne connais pas du tout Les Saisons de Haydn. L'enregistrement de Böhm fait très envie malgré Schreier dont je n'aime pas trop la voix.

J'ai son Hagen (enregistrement rarissime ... je sais pas si il est sorti un jour dans le commerce avec Solti en 70)

J'adore son Inquisiteur, et dans les rôles wagnériens il est parfait.

aurele a écrit:

J'ai aussi l'intention de découvrir son Osmin évidemment.

Il y est superbe (version Solti), plutôt vers la fin de carrière mais ce n'en est que mieux au disque, car bien plus théâtral.

Je n'arrive pas à être en admiration devant cette voix. Oui,c 'est impressionnant, puissant, grave, posé... tout ce qu'on veut... Mais dans certains rôles, il reste justement sur ses acquis, sans vraiment aller profondément dans le rôle.

Pimène n'en pâtit pas bien sûr, chroniqueur extérieur et impassible, mais son Boris par exemple est vraiment léger question fêlure et humanité...
Idem pour son Gurnemanz par exemple... pas vraiment passionnant.

J'ai une impression de trop de propreté souvent. Ses Chants de Danses de la Mort en sont un bon exemple... où est la démesure?

Donc dans certains personnages un peu monolithiques, oui, mais sinon, j'accroche pas vraiment.

Polyeucte a écrit:

Je n'arrive pas à être en admiration devant cette voix. Oui,c 'est impressionnant, puissant, grave, posé... tout ce qu'on veut... Mais dans certains rôles, il reste justement sur ses acquis, sans vraiment aller profondément dans le rôle.

Pimène n'en pâtit pas bien sûr, chroniqueur extérieur et impassible, mais son Boris par exemple est vraiment léger question fêlure et humanité...
Idem pour son Gurnemanz par exemple... pas vraiment passionnant.

J'ai une impression de trop de propreté souvent. Ses Chants de Danses de la Mort en sont un bon exemple... où est la démesure?

Donc dans certains personnages un peu monolithiques, oui, mais sinon, j'accroche pas vraiment.

Pas faux, par exemple son Sarastro... mais en Osmin, il a laissé le granit se fendre!

Polyeucte a écrit:

Je n'arrive pas à être en admiration devant cette voix. Oui,c 'est impressionnant, puissant, grave, posé... tout ce qu'on veut... Mais dans certains rôles, il reste justement sur ses acquis, sans vraiment aller profondément dans le rôle.

Pimène n'en pâtit pas bien sûr, chroniqueur extérieur et impassible, mais son Boris par exemple est vraiment léger question fêlure et humanité...
Idem pour son Gurnemanz par exemple... pas vraiment passionnant.

J'ai une impression de trop de propreté souvent. Ses Chants de Danses de la Mort en sont un bon exemple... où est la démesure?

Donc dans certains personnages un peu monolithiques, oui, mais sinon, j'accroche pas vraiment.

Sauf que tu aimes Ghiaurov

Cololi a écrit:

Sauf que tu aimes Ghiaurov

Et? Le rapport?

Ah, j'oubliais que Ghiaurov a été taxé de glotte uniquement, donc forcément, on ne doit rien ressentir en l'écoutant!

Entre le Boris de Ghiaurov et celui de Talvela, je prend toute suite celui de Ghiaurov!

Voici ce que Christophe Capacci dit dans le Guide des opéras de Wagner du Roi Marke de Talvela. Il parle de "déception de taille". Pour lui, son roi Marke est un "Fafner fourvoyé en Cornouailles".
Cette formule est lapidaire, il ne justifie rien. J'aimerais donc avoir vos avis.

Mon avis :

1° : acheter ceci (de toute façon c'est indispensable)


2° : ouvrir la boîte

3° : prendre le CD2

4° : track 10

5° : écouter

Il te manque la dernière étape : rigoler du commentaire de Ch. Capacci.

Guillaume a écrit:

Mon avis :

1° : acheter ceci (de toute façon c'est indispensable)


2° : ouvrir la boîte

3° : prendre le CD2

4° : track 10

5° : écouter

Je pense aussi que je vais le comparer à d'autres chanteurs dans le monologue : Moll, Ridderbusch (que j'ai dans la version de studio de Karajan), Matti Salminen, René Pape. Malheureusement, pour tous ces Marke, ce n'est pas par des lives que je les ai déjà entendu (sauf pour Salminen avec le Tristan de La Scala de 2007). Cela risque de fausser mon jugement même si Deutsche Grammophon a fait un mélange de plusieurs soirées dans cet enregistrement de Tristan und Isolde par Böhm et que cela a été très probablement retravaillé au niveau du son, de la technique.

DavidLeMarrec a écrit:

Il te manque la dernière étape : rigoler du commentaire de Ch. Capacci.

La formule en plus est extrêmement lapidaire.

Citation :

Cela risque de fausser mon jugement même si Deutsche Grammophon a fait un mélange de plusieurs soirées dans cet enregistrement de Tristan und Isolde par Böhm et que cela a été très probablement retravaillé au niveau du son, de la technique.

Légende urbaine, probablement, parce que moi, j'entends une seule soirée.

Il faudrait vérifier dans le livret. Quelqu'un a le disque The Originals ?

J'ai le coffret Philips ancienne version, il est juste indiqué "enregistré au festival de Bayreuth en 1966"...

Xavier a écrit:

J'ai le coffret Philips ancienne version, il est juste indiqué "enregistré au festival de Bayreuth en 1966"...

Il y a deux éditions de ce Tristan und Isolde de 1966 : l'une publiée par Frequenz qui correspond à la seule soirée du 4 août et celle publiée par Deutsche Grammophon qui est un mélange de plusieurs soirées d'après le Guide des opéras de Wagner.

Guillaume a écrit:

Citation :

Cela risque de fausser mon jugement même si Deutsche Grammophon a fait un mélange de plusieurs soirées dans cet enregistrement de Tristan und Isolde par Böhm et que cela a été très probablement retravaillé au niveau du son, de la technique.

Légende urbaine, probablement, parce que moi, j'entends une seule soirée.

Il faudrait vérifier dans le livret. Quelqu'un a le disque The Originals ?

J'ai toujours lu que c'était sur plusieurs soirées. Mais je n'étais pas dans la salle de montage.

Est-ce que certains d'entre vous ont vu son Boris aux Chorégies d'Orange en 1985? La mise en scène était de Nicola Joël et le chef était Thomas Fulton. Merci d'avance pour vos témoignages.

Je viens d'entendre sur France Musique dans le cadre de la Soirée lyrique son interprétation du monologue de Filippo II qu'il a enregistré en 1972 sous la direction de Jussi Jalas qui dirigeait l'Orchestre symphonique de la radio finlandaise. Il y a une distanciation dans son interprétation mais il donne un poids incroyable aux mots cependant. Ce n'est pas forcément bouleversant mais cela m'a tout de même ému. La voix est vraiment magnifique, très profonde évidemment.
Après ce monologue a été diffusé un monologue de Boris du IIe acte, le monologue dans la version de 1972 qui précède la scène du perroquet commençant par "Dostig ia vycheï vlasti" sous la direction de Leif Segerstam tiré d'un live de 1982 en concert. Segerstram dirigeait le même orchestre que Jalas.
C'est évidemment émouvant encore une fois grâce aux inflexions et couleurs de sa voix. Voici de quel disque c'est extrait : http://www.fuga.fi/levyt/fuga9260.html

Je relance ce topic car je vais bientôt pouvoir réentendre son Sarastro ailleurs que chez Levine et entendre son Osmin en entier puisque je vais recevoir le coffret Solti des opéras de Mozart.

J'aimerais beaucoup l'entendre en Gurnemanz. J'aurais tendance à privilégier si je mets la main dessus le live du Met de 1979 avec Vickers et Ludwig dirigé par Levine (pas accès au streaming du Met car cela doit y être, peux pas avec ma connexion de merde) ou le live d'Orange de la même année dirigé par Sawallisch avec Kollo et Rysanek notamment, bien que cela soit plus difficilement trouvable à ma connaissance.

Je viens de l'entendre dans Les Saisons d'Haydn (Bohm)

Vraiment ma basse préférée et de loin, une voix colorée par une touche de nasalité qui lui donne une patine reconnaissable entre mille.  

Ah beh alors faut l'écouter en Sarastro, en Sparafucile et en grand Inquisiteur !

Et Pimène élève Cololi!!
(mieux vaut par contre éviter son Boris, pas vraiment passionnant et plutôt moyennement entouré )

Et Gurnemanz, dans une optique brutale assez inhabituelle.

DavidLeMarrec a écrit:

Et Gurnemanz, dans une optique brutale assez inhabituelle.

C'est bien son côté brutal qui m'embête beaucoup avec son Gurnemanz...
J'aime les Gurnemanz un peu paternels... bourrus mais au final ayant bon coeur!

DavidLeMarrec a écrit:

Et Gurnemanz, dans une optique brutale assez inhabituelle.

Ah oui, un Talvela uniment brutal ça doit faire bizarre.   

Polyeucte a écrit:

Et Pimène élève Cololi!!
(mieux vaut par contre éviter son Boris, pas vraiment passionnant et plutôt moyennement entouré ?)

Je le connais   

Cololi a écrit:

Polyeucte a écrit:

Et Pimène élève Cololi!!
(mieux vaut par contre éviter son Boris, pas vraiment passionnant et plutôt moyennement entouré ?)

Je le connais   

Son Boris? ou son Pimène?
(il y a aussi un Dossifey qui traine de Londres il me semble! )

EDIT : en fait, son Dossifey de Londres existe, mais il y a aussi Hambourg avec Christa Ludwig en Marfa! )

Polyeucte a écrit:

Cololi a écrit:

Polyeucte a écrit:

Et Pimène élève Cololi!!
(mieux vaut par contre éviter son Boris, pas vraiment passionnant et plutôt moyennement entouré ?)

Je le connais   

Son Boris? ou son Pimène?
(il y a aussi un Dossifey qui traine de Londres il me semble! )

Pimène puisque c'est lui chez Karajan.

Cololi a écrit:

Pimène puisque c'est lui chez Karajan.

Ah je ne me souvenais plus que tu avais écouté ce Boris là!

Polyeucte a écrit:

Cololi a écrit:

Pimène puisque c'est lui chez Karajan.

Ah je ne me souvenais plus que tu avais écouté ce Boris là!

Si sur tes conseils. Abbado est plus russe, plus sec, plus rapide, moins épais, mais bon j'aime les deux versions.

Cololi a écrit:

Si sur tes conseils. Abbado est plus russe, plus sec, plus rapide, moins épais, mais bon j'aime les deux versions.

De toute façon je suis toujours de bon conseil!

Je me suis promis de réécouter ce Boris ... mais après ces ****************** de partiels de *******.

Un regret: le seul témoignage visiblement officiel que l'on est de son Commandeur est dans la version Bohm I.
J'aurais en effet préféré une version avec une autre distribution, mais cependant s'il ne devait y avoir qu'une seule pour se procurer cet enregistrement, c'est bien pour Martti en Commandeur.

Rien que d'avoir écouter sur YouTube la scéne finale du repas...c'est d'une force!!!!!!!!
Talvela est vraiment LE Commandeur de sa génération!