Autour de la musique classique

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 BEBOP...

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MELMOTH
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MessageSujet: BEBOP...   BEBOP... EmptyDim 27 Juin 2010 - 20:29

Bon...
Vu l'état de moribonderie profonde des forums musique (classique et jazz), Je M'en vas vous raconter (en plusieurs épisodes) l'extraordinaire histoire du BEBOP...

Philippe Carles disait :«BeBop : onomatopée dérivée d'une figure de batterie servant à désigner un style musical né vers 1944 à New York.»

À l'endroit de ce terme, "le bebop", on a bien aussi parlé de ce genre vocal mis en honneur après 1925 par Louis ARMSTRONG, le SCAT. D'ailleurs, ce terme figurait déjà dans quelques vieilles cires de la fin des années 1920, du début des années 1930 (Four or five times par les McKinney's Cotton Pickers...Ou bien I'see a mugin, par Stuff SMITH, Mezz MEZZROW et le Quintette du Hot Club de France)...
Quant à elle, la définition ci-dessus, qui possède le mérite de la concision, nous mène sans trop en avoir l'air, comme en toute innocence, à l'orée d'un monde nouveau (mais pas d'un "autre monde"). Un nouveau monde aux forts parfums, ironiques, désespérés, parfois vénéneux, concoctés lentement et sûrement par les vieilles taupes conjuguées de la révolte en marche et de la nécessité intrinsèque au jazz lui-même...Un nouveau monde issu d'un ancien qui, près de 40 ans plus tard, ne semblera pas avoir pris la moindre ride, parce que heureusement, la révolte est toujours là !...La nécessité aussi !...

ÉVOLUTION - RÉVOLUTION

Pour beaucoup révolution pure et dure (lesquels n'avaient assurément pas tort !), le bop représenta pour d'autres (et parfois c'étaient les mêmes !), le résultat d'une évolution interne du jazz, elle-même déterminée pour une bonne part par les contextes sociaux, politiques et historiques dans lequel celui-ci se développait.
Ainsi (un exemple), Boris VIAN (pour qui le bop était une réalité mouvante et multiforme), put-il, dans l'une de ses nombreuses "revues de presse" (n'oublions pas qu'il était aussi journaliste au magazine "Jazz Hot entre autres), à l'endroit d'un adversaire du bop aussi obtus qu'irréductible, et qui prétendait que «il est impossible qu'une évolution soit soudaine et rompe brûtalement avec le passé, comme ça été le cas avec le bop», répondre : «C'est manifestement faux ; on sait bien qu'on trouve rigoureusement tous les intermédiaires entre King OLIVER et Dizzie GILLESPIE, pour ne citer que ces deux-là, ou même entre Buddy BOLDEN et Miles DAVIS.»

Évolution ?...Révolution ?...Deux points de vue apparemment inconciliables, mais en fin de compte complémentaires. Le bebop, de toute évidence, n'a pas surgi ex-nihilo !...N'a pas fondu comme un virus sur les pauvres "vrais jazzmen" !...Ainsi qu'a tendu à le faire croire, voici une trentaine d'années, la métaphysique malsaine imaginée par des adversaires acharnés...Pour qui le noir était toujours un bon noir...À condition qu'il ne sorte pas des pauvres schémas douillets dans lesquels on l'avait une fois pour toutes emprisonné...
Pour eux, un ouvrier est toujours un "bon ouvrier", n'est-ce pas...Du moment qu'il n'est ni gréviste ni syndiqué !...Le bop est donc le fruit mûr et juteux d'un certain nombre de découvertes antérieures (qui ne furent du reste pas toujours appréhendées comme des découvertes en leur temps et demeurèrent éparses et embryonnaires). Et cependant le bebop, aussi, marqua une sorte de franche cassure, affirmée et révendiquée par ses inventeurs...

Là chère Philosophie, dans son infinie sagesse (!), a longtemps enseigné que la liberté sortait toujours de la nécessité (ça, ce n'est pas de Moi !)...Que celle-ci ne se concevait jamais que dans son rapport à celle-là....Liberté en actes, le bop ne peut exister que dans la reprise, la compréhension de ce qui l'a précédé, et son dépassement.
Si on préfère, le bebop est une musique libre, révolutionnaire, parcequ'il est la /résultante d'un long cheminement, de toute une tradition qu'il assume et réalise en dépassant cette putain de Philosophie. Simple question d'éclairage, voilà tout. VIAN - toujours lui - attaché à affirmer l'existence des maillons intermédiaires, pouvait sans se contredire se moquer de la conception linéaire de l'évolution !...

[Fin du premier épisode, Mes gueux (Victor®)]...

«...Saluons le chorus de GILLESPIE dans Algo Bueno : il tient, par la filière habituelle, du neveu de Pépin-le-Bref qui l'avait retrouvé sur une fresque étrusqueimportée 8000 ans avant l'Ère chrétienne par l'Empereur du Mexique à la demande de sa grand-mère qui se souveneait de l'avoir entendu etc..»...
Issu d'une tradition, venant naturellement s'inscrire dans la logique de cette dernière, le bebop est simple évolution. Mais conscient qu'il est de son existence, affirmant celle-ci farouchement, conscient de ne pouvoir être réduit à l'un des éléments hérités ou même à la somme de ceux-ci, le bebop, par l'acte libre de volonté de ses créateurs à se proclamer autre (acte sans cesse réaffirmé, aussi bien dans la musique elle-même que dans xhaque circonstance de la vie - acte visant donc, non seulement à remettre en cause une simple forme ou une esthétique, mais également les fondements même de la société qui les a engendrées), le bebop est révolution. Les réactionnaires qui ne l'aimaient pas, au fond, n'avaient pas tort : ce n'est pas seulement une musique qu'ils prétendaient apprécier que le bebop remettait en cause...C'est eux-même !...

REPÈRES ÉVENTUELS

Le jazz, dès ses débuts, fut une sorte d'éthique. Le bebop, nouvelle étape de ce même jazz aux heures troubles de l'immédiat après-guerre se fixa pour but, non de le remplacer par la sienne propre, mais de la reprendre en main, de la réactiver, de la redéfinir et de la préciser...Les boppers sont bien les héritiers du jazz, mais ils ne sont plus tout à fait comme leurs aînés...Nombre des anciens, cependant, avant eux, avaient commencé la campagne de salubrité que les successeurs reprendront sur une vaste échelle.
Jean Louis GINIBRE disait : «On pouvait croire (dans les années 30) la musique négro-américaine sortie du ghetto. En fait, cette situation était le produit d'un authentique malentendu. C'est dans la mesure où le grand public le confondait avec autre chose que le jazz avait droit de cité. Autant dire qu'au sein de la société américaine, il n'était qu'un h^te clandestin. Par ailleurs, un nombre croissant de musiciens s'inquiétait de voir le jazz se laisser prendre au jeu de sa nouvelle respectabilité et s'embourgeoiser».

Les découvertes, le plus souvent isolées, des grands et petits maîtres, si elles suscitaient déjà l'enthousiasme, l'admiration de très jeunes "Turcs", ne sollicitaient que modérément le public (quelques amateurs et critiques chevronnés exceptés). Néanmoins, peu à peu, un courant se créa, d'abord souterrain puis à l'air libre, qui se mit à redéfinir les règles du jeu...à repousser les limites...à intégrer dans son discours en cours de constitition les diverses découvertes, leur conférant ainsi leur sens et leur cohérence...

Bon...La suite plus tard...Pas sûr d'ailleurs que vous suivez tous, là...Est-ce que vous Me lisez seulement ?!...
Jeposelaquestion©...

À la suite des gravures de ces précurseurs (il y en eut d'ailleurs bien d'autres !), il faudrait se pencher en particulier sur quelques uns des premiers enregistrements de Mon Pote GILLESPIE, l'un des chefs de file du mouvement : King Porter Stomp, son premier solo, enregistré en 1937, dans l'orchestre de Teddy HILL, et When Lights are low, une des cires les plus illustres réalisées par un des nombreux petits groupes que réunissait alors pour le studio Lionel HAMPTON. Outre Dizzy, celui-ci comptait trois ténors : HAWKINS, WEBSTER et BERRY (excusez du peu !), et Benny CARTER à l'alto, avec Charlie CHRITIAN à la guitare...Pfffttt...Le rêve, quoi !...

Tout ceci naturellement afin de mesurer la distance entre l'"avant" et l'"après", afin de marquer le passage...Car il faut encore et toujours préciser que, loin de rejeter ces dangereux iconoclastes complètement dingos, très nombreux furens les "grands" du jazz "classique" à les nourrir dans leur sein et à les accepter dans leurs formations respectives !...
Ainsi, deux des maîtres de Kansas City, Harlan LEONARD (qui se souvient encore de lui...Jeposelaquestion©) et Count BASIE (là, Jeneposepluslaquestion©), demandèrent-ils au jeune pianiste et arrangeur Tad DAMERON d'orchestrer pour eux quelques thèmes (par ex. Good Bait, Dameron Stomp).
Quant à Jess STONE...Andy KIRK...ELLINGTON...Cootie WILLIAMS...HAWKINS...Benny CARTER...ARMSTRONG...Earl HINES...Billy ECKSTINE...Cab CALLOWAY...Benny GOODMAN...Fletcher HENDERSON...Pour ne citer qu'eux, ils virent, de 1935 à 1945, défiler chez eux la fine fleur du jazz à venir !...

Avec Lester YOUNG comme figure de proue incontestable...Avec à sa tête le génie d'un Charlie PARKER, originaire lui aussi de Kansas city, il est évident que le mouvement bop ne pouvait manquer de devoir énormément à la musique si particulière pratiquée dans cette ville - une musique qui donnait au blues et aux "riffs", ces petites phrases mélodico-rythmiques génératrices d'abord de swing destinées à accompagner le soliste, mais qui ensuite furent jouées pour elles-mêmes, leur importance optimale. Pourtant, ce fut bien à New-York (et plus précisément à Harlem, ça va de soi) que tout s'élabora réellement. Dans des tas de petites boîtes bien cachées, totalement inconnues des hommes du jour et de la rue, mais célébrissimes par et pour les musicos, appréciées de quelques rares initiés (Ah !...La célèbre et mythique comtesse *Pannonica de Koenigswarter *, chre qui en particulier Thelonius et Charlie finirent leur triste carrière)...Nuit après nuit...le travail "régulier" terminé, les gens du renouveau se rencontrèrent, se reconnurent, se trouvèrent...et trouvèrent !...
Les deux moins oubliés de ces laboratoires furent le MONROE's Uptown House et le MINTON's Playhouse, dont le gérant n'était autre que Teddy HILL, l'ancien employeur de GILLESPIE...
C'est dans un de ces hauts lieux que fut enregistré sur un sale et méchant magnétophone à fil le fabuleux Cherokee d'un PARKER déjaà parfaitement maître de sa musique, quelques 4 années avant le définitif Koko...
Parfois (à peu près tous les soirs !), un de ceux dont la réputation était déjà solidement établie, un de ceux qui n'était plus un "chercheur", fasait un tour, jetait un coup d'oreille, et se mêlait à une Jamm Session...
Le fameux batteur de La Nouvelle Orléans Zutty SINGLETON habitait en face du Minton's et il était un habitué...
Les exclusives ne concernaient que les musiciens de merde. Tout exprès pour ces cons, les féroces gardiens du "sanctuaire", les Joe GUY...Idrees SULIEMAN...Benny HARRIS...GILLESPIE...Sonny STITT et autres Kenny CLARKE et Thelonius MONK, avaient mis au point tout un répertoire de thèmes effroyablement difficiles, réputés injouables (!), tel que, par exemple, Epistrophy (de Mon Maître Thelonius)...Souvent d'ailleurs, ces morceaux n'étaient que des démarquages, des transpositions harmoniques, de thèmes célèbres et rabachés, rendus méconnaissables !...Le très vieux Whispering devint aunsi Groovin' High...Tad DAMERON retira Hot House, la composition de Cole PORTER What is the Thing call Love. Bien sûr, les boppers composaient aussi abondemment, ou bien se ruaient à l'assaut des "scies" (All the Things you are etc.) sans même se donner la peine de les retitrer...Ce répertoire, nouveau, qu'il le veuille ou pas, constitua la base même l'aire d'nvol et le terrain d'attérissage de la musique bop.
En 1944/45, GILLESPIE et PARKER confièrent au phonographe (qui n'avait bien entendu rien à voir avec Ma chaîne de plus de 50 patates, n'est-ce pas), soit sous leurs noms, soit en compagnie du vibraphoniste Red NORVO, quelques témoignages encore quelque peu hybrides. Enfin, avec deux gravures entrées dans la légende, Hot House et Salt Peanuts, le 11 mai 1945 fut considéré comme le premier jour officiel du calendrier bop !

Bon...J'ai un coup de fatigue, là...La seule idée de devoir déménager en août Mes 22 000 CD et 2000 vinyles Me fait flipper...Pour sûr...
Suite au prochain numéro, donc...

DÉFINITIONS

Tout le monde, ou presque, s'accorde pour reconnaître que c'est d'abord sur le plan rythmique que l'effet "bop" commença à porter ses fruits...
GILLESPIE attribua à Kenny CLARKE la paternité de l'éclatement de la section rythmaique. Ce dernier (surnommé "Klock" !), fortement influencé par Sydney CATLETT, apprit à subdiviser chaque temps de la mesure par des ponctuations sur la caisse claire, les toms ou la grosse caisse. Les 4 membres acquirent ainsi leur propre indépendance. Seules la cymbale et la contrebasse continuèrent à marquer la pulsation régulière, tandis que les autres accessoires de la panoplie du percussionniste, ainsi que le piano, s'accordèrent la liberté. De son côté, la section rythmique parfaitement régulière de l'époque "swing" (telle qu'on peut l'apprécier entre autres dans le When Lights are Low de L.HAMTON) se substitua la polyrythmie.
Nompbreux furent les percussionnistes qui, à partir de 1942/43, suivirent la leçon : Shadow WILSON...Gus JOHNSON...Joe HARRIS...Shelly MANNE et surtout Art BLAKEY et Max ROACH, le plus moderne, étonnant, et ce jusqu'à son camardage en 2007.
Cette mutation de la section rythmique ne pouvait que satisfaire les mélodistes à la recherche d'autre chose, n'est-ce pas...Ceux-ci, lancés et poussés, ne purent à leur tourque se jeter dans des impros souvent très virtuoses, à la fois heurtées, sinueuses, bien propre à remettre en question le matériau existant, tant sur le plan mélodique que sur le plan harmonique. Il s'ensuivit des transcriptions d'une folle audace, ironiques même (la gravité, dans le bop, ne viendra que bien après...l'ironie !) et fort belles, en vérité (puisque Je vous l'assertionne, bande de nazes !)...Ces éclatantes réussites firent que le mouvement bebop prit en peu de mois une ampleur incroyable. Il s'en trouva, certes, pour ne considérer tout ça que comme une mode passagère plus ou moins lucrative, mais la grande majorité, jeunes musicos passionnés, anciens intéressés et curieux, amateurs intrigués, ne s'y trompa point. Les grands orchestres de l'époque "swing" triomphante avaient receuilli les inventeurs. Certains ne les avaient accepté que comme solistes, sans chercher à exploiter leurs découvertes. D'autres, au contraire, avaient fini par se laisser influencer par les bizareries de ces entreprenants jeunes gens.
En 1946, GILLESPIE, après s'être séparé de PARKER (on se doute bien pourquoi !) et avoir monté son propre petit groupe, fonda enfin LE grand orchestre bop. Un fabuleux big band au swing souverain (Oop-pop-a-da...Twoo Bass Hit...Good Bait...Et bien d'autres thèmes), dans les rangs duquel passèrent paratiquement tous les boppers de la première heure (et dont sirtit le fameux Modern Jazz Quartet...Un merveilleux big band qui annonçait "tout plein de choses à venir" (Things to Come !)...Mais il n'a pas hélas eu assez de temps, et il y en a encore un paquet que J'attends toujours, nom de dieu/MELMOTH...

Pour ce qui est de la technique proprement dite, Je Me permets de céder la place au grand Lucien MALSON, dans son Histoire du Jazz : «Les accords de sixte et de quinte augmentée du style "mainstream" tendent à disparaître. Les accords de mineure septième précèdent désormais presque toujours ceux de dominante. Les musiciens font un vaste emploi de la quinte diminuée - cette quinte diminuée chère à WAGNER et qui, dans l'art européen, a ébranlé le système tonal.
Les thèmes, exposés à l'unisson, connaissent alors des réharmonisations audacieuses. L'un des principaux traits du nouveau langage consiste en particulier en un refus de la couleur et du dessin tellement banal des airs à succès. En outre, le blues retrouve, grâce à lui, la prévalence que les grands bonshommes de l'ère du "middle jazz" ne lui avaient pas toujours reconnue».

J'ajoute à ce brillant exposé que l'un des traits les plus caractéristiques et originaux du mouvement bop, qui contribua à donner à la musique de jazz une couleur très différente, fut d'intégrer à son discours certains aspects de la musique latino-américaine. Il ne s'agissait pas seulement d'exotisme...Il était question avant tout d'affirmer la solidarité de tous les représentants du peuple noir exilé en Amérique, au nord comme au sud...

Crevé, Je suis...
@ plus, en quelque sorte...

LES BEAUX JOURS DU BOP...

Si on peut proposer un catalogue relativement bien fourni de l'oeuvre de GILLESPIE aux différentes époques de sa carrière, d'autres sont malheureusement moins accessibles, qui ont, le plus souvent, enregistré pour de petites (et bien souvent éphémères) maisons de disques. C'est le cas, parmi les trompettistes, du très curieux Fats NAVARRO, qui camarda, ce con, à l'âge stupide de26 balais, après avoir bossé entre autres avec Andy KIRK, Billy EKSTINE, Charlie PARKER et autres Tad DAMERON ou Bud POWELL...Style souvent particulier, unique, moins acrobatique que celui de GILLESPIE...Alors qu'avec Max ROACH et Jay jay JOHNSON, il fit partie du groupe régulier de Coleman HAWKINS (qui fut un de ceux qui soutint le plus fréquemment, et toute sa longue vie, tous les jeunes jazzeux)...

C'est aussi le cas du jeune Miles DAVIS, qui n'allait pas tarder à s'attacher à la création d'un nouveau genre hérité du bebop, mais à qui la firme RCA ne fit malheureusement guère appel, si ce n'est à l'occasion de la réunion en janvier 1949, des vainqueurs du referendum des lecteurs de la revue Metronome. Passionnante confrontation qui mit face aux boppers (Dizzy...Fats...Jay Jay...Charlie) des suiveurs occasionnels (Charlie VENTURA...Ernie CACERES) ; des gens aux conceptions déjà sensiblement différentes (Miles), et des musiciens appartenant à une école unique en son genre, qui ne dut son existence qu'au bop mais ne produisit à proprement parler jamais de boppers véritables (Lennie TRISTANO...Buddy de FRANCO...Billy BAUER)...

Quant à PARKER (1920-1955...Le médecin qui l'autopsia dit que son foie était celui d'un mec d'au moins 50 bgalais !) , un des 5 ou 10 génies de toute l'histoire du jazz, il n'ey guère lui non plus l'occasion de confier sa musique somnanbulique et sublimissime (bien que J'aie mis beaucoup de temps à le comprendre et l'admirer et l'aimer) à, en particulier, la cire des disques RCA...Ses gravures-manifeste du 11 mai 1945, avec GILLESPIE, n'ont à Ma connaissance pas été rééditées...Il faudra donc se contenter de ses enregistrements gravés à l'occasion de cette fameuse réunion des Metronome All Stars. (Overtime...Victory Ball)...Mébon©...On trouve de superbes versions de Cherokee (1942, "live")...Thème qui, plus tard, fut retitré en Koko...Et Lady be Good (première séance officielle de PARKER !), joué à la radio pour un contingent de l'orchestre de Jay McSHANN...Et même si, dans les choses anciennes l'influence de Lester YOUNG se fait encore sentir, le phrasé si particulier, l'invention diabolique sont déjà bien là, noim de dieu/MELMOTH...Pour nous faire donner à Martial SOLAL (que pour Ma Part Je n'apprécie guère !), lequel estimait qu'alors le seul vrai bopper était CHARLIE PARKER...

Ayons une pensée émue pour celui qui est depuis toujours Mon Maître en Musique pour piano...Je veus bien entendu parler de Thelonius MONK...Lire en particulier à son sujet l'excellent opus du non moins excellent écrivain qu'est Laurent de Wilde)...
L'autre grand nom du piano bop fut évidemment le superbe Bud Powell (l'ai écouté toute la journée !...Putain...Que c'est beau !)...Sa meilleure période se situe dans les années 1949-1950...Mais, en 1956-57, il enregistra pour RCA, alors que déjà il avait pris soin de s'enfermer dans son propre monde d'où il ne sortait que de plus en plus rarement, deux très émouvants albums en trio. [En particulier, deux de ses thèmes préférés (n'oublions pas qu'il fut aussi un très grand compositeur) : Shaw Nuff et Oblivion, d'une inoubliable et grave beauté...

Bien entendu, bien d'autres figure moins célèbres du bop en ses forces vives pourraient être évoquées : Idrees SULIEMAN...Ben WEBSTER (le disque où il joue en duo avec HAWKINS est un de ceux que J'écoute le plus souvent !)...James MOODY (que J'ai vu à Nice arriver sur scène, Petrucciani dans les bras !) et Cecil PAYNE (chez GILLESPIE)...Le vibraphoniste Milt JACKSON (futur membre du M.J.Q.)...Hank JONES, qui vient de clamser, ce con...John LEWIS...Argone THORNTON...Le guitariste John COLLINS...les fabuleus bassistes Ray BROWN (encore un de Mes Maîtres, çui-là) et Oscar PETITFORD...Et enfin les "drummers" Max ROACH (le plus grand des batteurs boppers ?...Jeposelaquestion©), Kenny CLARKE, Joe HARRIS et l'immense Shelly MANNE (que J'ai eu le bonheur d'entendre en boite de jazz une bonne dizaine de fois)...
Bref...Ce genre de panorama musical ne se décrit pas...il S ÉCOUTE !...

Ä vos cassettes, donc...
Et probablement à deux mains...Si Je n'ai pas camardé cette nuit d'une crise cardiaque...Ce qui M'éviterait au moins un déménagement dont Je crains le pire...

QUELQUES ANCIENS S'Y METTENT !...

Accueillis ici et là durant leurs études en université, les boppers furent, on s'en doute, loin de faire l'unanimité chez lzs anciens toujours sur la brêche. Louis ARMSTRONG...Johnny HODGES...Teddy WILSON...Tommy & Jimmy DORSEY...Fletcher HENDERSON et autre Lionel HAMPTON entre autres - bien que tous, ou presque, par leurs propres découvertes, leurs indéniables inventions, aient, à un moment ou un autre déterminé, précipité la révolution bop - firent, dans les années qui suivirent son éclosion des déclarations (à ne pas prendre d'ailleurs au pied de la lettre, et de relire entre les lignes) fra&cassantes, dures, parfois désabusées, voire violentes ! Dans le même temps, certains de leurs pairs, secoués par l'explosion, cherchèrent à comprendre, firent des retours sur eux-même et, en fin de compte, accueillirent (pas toujours d'une façon trop désintéressée !) les jeunes Turcs...À moins que tout bêtement ils ne choisissent de se mettre à leur école !...

Roy ELDRIDGE, Lester YOUNG, leurs mentors, éprouvèrent à l'endroit des boppers une certaine gêne, comme de la méfiance, mais sans toutefois se répandre en flots d'imprécations. HAWKINS (Mon Maître en ténor !), qui ne chercha jamais à se fairre bopper, eut malgré tout presque toujours à ses côtés, après 1942, au moins un représentant du mouvement, ce qui est tout à son honneur...À leur contact, il épura encore son jeu, et, par la suite, il arriva que certains à qui il avait naguère mis le pied à l'étrier, l'invitassent à jouer avec eux (MONK, ROACH !). Et il n'eut jamais l'air déplacé, dans ces circonstances (D'ailleurs, comme Miles DAVIS, c'est probablement un des rares jazzmen qui soient parvenus à s'adapter, toute leur vie durant, à l'évolution du jazz).

Moins original que le Bean, par ailleurs bon arrangeur, ayant, avant Don BYAS tenté de définir un équilibre entre "HAWK" et Lester, Albert Bud JOHNSON (hélas fort méconnu) fut l'un des vétérans saxophonistes que le bop révolutionna le plus. On le trouva en effet aux côtés de GILLESPIE...NAVARRO...ECKSTINE...AULD...AMMONS. Bud JOHNSON, somme toute, a bien mérité de figurer parmi les pionniers du bop aux saxos alto et ténor...Près de James MOODY...Sonny STITT...Dexter GORDON...Wardel GRAY...Bien plus, en tout cas, que Flip PHILLIPS ou Charlie VENTURA, que l'aventure tenta fort modérément, mais qui passèrent assez vite à autre chose (devant payer mieux !). À noter cependant que VENTURA s'entoura de boppers blancs, tels que Red RODNEY ou Urbie GREEN.
Benny CARTER, Lucky THOMSON et Ben WEBSTER furent naturellement, en fouineurs qu'ils étaient, fort intrigués ! Eux aussi, parfois réunis avec PARKER et d'autres en séances d'enregistrements hybrides, visiblement conçues pour épater le néophyte (!), entre les années 1943-50, firent sa place à la jeunesse montante, engageant SULLIEMAN...GILLESPIE...THORNTON...MARMAROSA...HEFTI...

Bon...Je M'en va écouter la "Verklärte Nacht" de Mon ami SCHÖNBERG...Un véritable chef d'oeuvre, Je vous dis...Mais que les rockeux et autres jazzmen ne connaissent forcément pas, ces cons...

...ET LES JEUNES SUIVENT...

Les boppers eurent naturellement leurs admirateurs, leurs épigones, souvent non dépourvus eux-même de talent.
Flip PHILLIPS et VENTURA, que J'ai déjà cités précédemment, furent un temps des épigones non dépourvus de talent. Plus jeunes et plus talentueux toutefois fut et reste Phil WOODS, véritable fanatique de PARKER (comme d'ailleurs à peu près tous les saxos alto des années 50 !).
Sonny STITT, contemporain de Charlie, n'eut lui guère de chance, qui fut trop longtemps considéré comme un simple disciple (quand ce ne fut pas, purement et simplement, un plagiaire). Il a pourtant, quand on lui en a fourni l'occasion, eu bien des choses personnelles à raconter (cf. Wee, au Festival de Newport en 1964)...

Oscar PETERSON, tout comme Eroll GARNER, se plaît à jouer les cavaliers seuls. Mais le bop n'a pas pu ne pas marquer son jeu (plus que celui de GARNER)...Témoin, par exemple, son Ooop-Bop-Sh'Bam, datant de 1949 (RCA). Et on endirait autant de bien des pianistes, fondalement originaux, mais que déterminèrent, au final (comme disent les NPC) MONK et POWELL...

LE BEBOP ET LES JOURS...

Baroque en diable...attrape-grincheux, le bebop, comme tout mouvement authentiquement révolutionnaire - comme, par exemple, le Surréalisme - eut rapidement tendance à se scinder. L'esprit de la révolte toujours en éveil, son expression, sa forme, allèrent comme il se doit en se modifiant. Si, au fond, malgré l'âge, le GILLESPIE des années 80 ressemble beaucoup à celui des années 45, l'ensemble de la démarche n'a pas été long à se particulariser, à éclater.
Ainsi, J'ai déjà évoqué l'attitude d'un Miles DAVIS prompt, en demeurant fidèle à l'esprit, à modifier l'esthétique. Ce qu'on a appelé le COOL est donc, dès 1948, au prochain tournant de l'évolution du jazz bop...
Parralèlement, et en même temps, dans cette suite logique des événements, les années 50 verront se dessiner, sur la côte ouest des É-U, un mouvement qui, fidèle à la leçon de Lester YOUNG et du bebop, aura tendance à calmer les ardeurs guerrières de ce dernier. [NB : Si J'ai le courage et le temps, Je vous parlerai un jour du JAZZ WEST COAST...mais Je Me demande si, en fin de compte, vous le mériterez, bande de ploucs]...
En attendant, sous la houlette du curieux pianiste Lennie TRISTANO (Bon dieu/MELMOTH...Ce que Je l'aime, çuilà !), toujours sous l'influence conjuguée de Lester et du bop, une école à la recherche de son indépendance et de son identité avait vu le jour, principalement composée de musiciens blancs (TRISTANO...KONITZ...MARSH...BAUER...SAFRANSKI)...qui ont déjà été signalés à l'occasion de la rencontre des Metronome all Stars de 1949. À leur propos on pourrait parler d'un autre tendance COOL ; mais ce serait selon Moi trop simplifier, et commettre une injustice.
On pourrait également évoquer le fameux TROISIÈME COURANT (Third Stream) puisque TRISTANO, féru de musique contemporaine (est-il besoin de rappeler que de très nombreux boppers connaissaient sur le bout des ongles leurs Bach...Ravel...Debussy, et autres Bartok ou Stravinsky ?...Jeposelaquestion©) tenta d'élaborer un jazz très "cultivé", où «sensibilité et intellectualité étaient inextricablement mêlées» (Louis GINIBRE). À de jeu, il ne serait pas difficile d'voquer les ambitions du vieux "jazz symphonique", dans les années 20, ou encore ne parler que d'épiphénomène.
L'histoire des FRères de la côte ouest est réservée à d'autres publications (flemme de vous les donner, ô vous qui ne Me lisaient que d'un derrière distrait)...
Le plus brillant compagnon d'armes de l'ami Miles DAVIS, l'altiste LEE KONITZ - le seul, aux jours héroïques, à vouloer jouer autrement que PARKER sans pour autant le réfuter - sera l'invité, sur un thème bopisant, de musiciens romains en 1968. Tout ceci a surgi non pas après le bop (puisque ce dernier existe toujours, et encore pour longtemps, selon Moi), mais simultanément, au coeur même du courant principal...

Bon...Je M'en vas écouter Tristan & Iseult...De Mon ami Wagner...Et bien entendu dans LA version "de référence", celle de Furtwängler en 1952...

BOP...suite & fin...

Très vite aussi ont surgi les autres. Ceux qui, anarchiste de gauche ou de droite, avaient des âmes de déviationistes. Miles DAVIS, bien sûr, mais aussi des mecs farpaitement opposés, comme John LEWIS (pendant des années maître d'oeuvre du fameux MJQ)...et Sonny ROLLINS.
Le premier, passionné de musiques européennes (mais dans un sens différent de TRISTANO), est véritablement le grand homme du troisième courant...Qui tenta toutes les conciliations. Ses expériances diverses avec les Européens, le choix de son répertoire en sont autant de preuves. Détails, cependant : LEWIS n'a rien d'un traître ! Son affirmation que la Musique est UNE, son refus des classifications, restent intégralement fidèles à l'esprit révolutionnaire du bebop. - exprimé par d'autres moyens, voilà tout.
Sonny ROLLINS, très jeune encore à l'époque du bop triomphant, joua la carte du styliste. Styliste véhément au profil de bison, qui ne voulut jamais suivre la "politique" d'une seule école - même si celle du bop) lui paraissait hautement recommandable ! - et préféra puiser là où bon lui semblait, non pour copier servilement (pas son genre, à ce génie), mais pour bâtir un édifice neuf (qu'il remit d'ailleurs fréquemment en question, restant à de nombreuses reprises silencieux pendant des années)...
Ainsi, HAWKINS, MONK et PARKER servirent-ils à construire un style parmi les plus originaux qui soient (Now's the Time...Round about Midnight...Dont Je dois bien avoir, pour ce dernier standard, pas loin de 200 versions dans MMD), et qui fournirent d'excellentes illustrations.

Et puis très vite aussi ont surgi les bâtisseurs de mondes. Ceux qui, à l'instar de Jelly ROLL MORTON ou Duke ELLINGTON dans le passé surent construire, à partir de la syntaxe du bop, le monde qu'ils portaient en eux, l'extirper - non sans souffrances -, le placer en face d'eux pour l'admirer, le juger, le faire admirer. Ceux-là, sans eux, leur musique est quasiment injouable !...
MONK, forcément...Mais aussi l'immenssissime Charlie MINGUS. Contrebassiste, arrangeur, compositeur, profond admirateur d'ELLINGTON et de PARKER (avec qui il a joué), MINGUS a trouvé des harmonies neuves, des sonorités inédites, mêlé et dépassé les influences de tous bords. La musique de MINGUS, comme celle de MONK, n'est jamais tout à fait bebop, jamais tout à fait autre chose !...

Et puis le bebop, de son côté, au travers de toutes ses modifications, au travers de l'aventure du FREE JAZZ (encore une de ses suites logiques, bien que devenu assez rapidement une véritable impasse) a continué...Retrouvant de temps à autre les accents de jadis, refusant de s'embourgeoiser, des jeunes musiciens cherchèrent à lui rendre sa splendeur. Bien que moins âpre que l'ancienne, leur musique reçut dans les années 50 le nom de HARD BOP.
Clifford BROWN et Sonny ROLLINS s'y rallièrent. Mais plus passionnés encore furent certains continuateurs désirant retremper le bop aux sources même de la musique noire. Leur jazz/SOULFUL/ s'est de suite voulu message. Le pianiste Horace SILVER (dans Mon panthéon des pianistes de jazz), et, surtout, les JAZZ MESSENGERS du batteur Art Blakey furent et restent les plus illustres représentant du genre (mais il y en eut beaucoup d'autres !...Vous n'avez qu'à chercher, bande de feignasses)...

Et puis, au-delà des hommages tardifs que rendent les survivants à leurs grands disparus, d'autres sont venus pour continuer et transformer, des deux côtés de l'Atlantique. Dès la fin de la seconde guerre mondiale, un peu partout en Europe, voire au Japon, de jeunes jazzmen ont vu le bebop changer radicalemnt leur conception de la musique et du monde. Regrettons en particulier le guitariste René THOMAS et le saxophoniste Bobby JASPAR...

L'épopée du bebop, pas plus que celle du jazz tout entier, ne saurait se réduire à quelques notes éparses, à quelques lignes explicatives, comme celles que Je Me suis fait chier à écrire...
Enfant de son temps et d'une certaine réalité complexe, en prise directe sur ceux-ci, réalité à part entière, le bebop possède la même complexité, la même nature.
La critique (le critique est comme un eunnuque : il parle de choses sans pouvoir les faire...) est impuissante qui ne peut que décrire d'une manière figée le mouvent, disséquer le vivant pour ne répéter que des constantes, de l'inerte.
Le mieux est encore, pour parvenir à connaître, de se laisser prendre au jeu, et d'AIMER AVANT TOUT [le jazz et le bop en particulier, TOUTES les BONNES musiques (et dieu/MELMOTH savent s'il y en a !)].
Il se peut qu'aujourd'hui le bebop ne soit plus guère qu'un instant d'une histoire plus longue. Mais si l'e"xpression a eu tendance à ce réifier et raréfier ces dernières 30 années, l'ESPRIT lui est toujours là, intact, vivant...

LE JAZZ CONTINUE...


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