Quels sont les livres que vous relisez?

Bertram a écrit:

A rebours (une dizaine de fois)

J'admire le courage.

je ne le lis pas dans l'ordre... mais ça ne change rien. Les autres livres ne sont pas mal non plus, mais il vaut mieux aimer.

Ah Huysmans je relis aussi très souvent des paragraphes entiers, Dieu que c'est beau !
Par contre A rebours en entier je ne sais pas si je pourrais tant de fois non plus...

Bon alors c'est moi le plus pervers...Zut encore HS !

Bertram a écrit:

je ne le lis pas dans l'ordre... mais ça ne change rien.

C'est-à-dire que le style de Huysmans me met tellement mal à l'aise (pas de façon violente, mais juste un inconfort, comme si j'étais mal assis ) que tant d'opiniâtreté me laisse admiratif.

Je n'aime pas du tout le côté poseur de son écriture, et ce qui m'amuse quand même dans La Cathédrale me répugne vraiment dans A Rebours.

Moi, ce n'est pas son style qui me plaît par dessus tout (il n'est pas le seul à savoir employer les mots rares et bien sonnants), c'est son pessimisme, son comique, sa délectation de la médiocrité et de la laideur. Donc effectivement, j'aime moins l'érudition des derniers romans.

J'avoue que je suis très sensible aussi à certains aspects de son humour... mais le côté ostentatoire me fait un peu trop penser au foyer de Garnier pour que je me sente à mon aise.

Belle comparaison, et d'autant plus drôle que Huysmans détestait et vilipendait ce bâtiment...

Côté relecture, j'ai oublié de mentionner certains recueils poétiques d'Hugo que j'aime inlassablement parcourir et reparcourir :Les Orientales, Les Chatiments, Les Contemplations, La Legende des Siecles.

Plus recemment La Fin de Satan (Nemrod!!! ).

Il est egalement sûr et certain que je relirai les Misérables et L'Homme qui Rit.


Une petite remarque:Les machins, Le trucmuche, La chose...les intitulés des oeuvres hugoliennes ne sont-ils pas symptomatiques d'une certaine propension à la megalomanie? (genre "Les Contemplations elles sont ici et pas ailleurs!!!" )

En ce moment : les fables de La Fontaine

Pas Gone with the wind de Margaret Mitchell ?

arnaud bellemontagne a écrit:

Pas Gone with the wind de Margaret Mitchell ?

Honnêtement, je n'ai jamais lu le livre .

Moi non plus.
David et Francesco l'ont peut être lu...

arnaud bellemontagne a écrit:

Une petite remarque:Les machins, Le trucmuche, La chose...les intitulés des oeuvres hugoliennes ne sont-ils pas symptomatiques d'une certaine propension à la megalomanie? (genre "Les Contemplations elles sont ici et pas ailleurs!!!" )

Pas faux !

Non, j'ai pas lu Mitchell (et je serais étonné, en revanche, que Francesco ne l'ait pas fait !). Dans le registre "littérature féminine qui a fait la fortune du cinéma", je suis en train de lire Pride and Prejudice. C'est pas vertigineux, mais c'est d'un humour plaisant - une posture badine qu'on n'associe réellement pas aux "classiques" (au sens "canoniques") de la fin du XIXe, d'habitude. Etrangement, la traduction française que j'ai ouverte pour choisir en quelle langue je le lisais est tout à fait plate, alors que langue de départ, vérification faite, est tout à fait transcriptible sans aucune forme de difficulté. (De ce fait, ça se lit bien mieux en anglais, finalement...) Dans ce genre d'ouvrage, si on perd les quelques traits d'esprits, on perd tout... J'étais curieux de voir ce que ça contenait, mais je ne suis pas sûr que ce soit le plus judicieux investissement culturel que j'aie jamais fait...

arnaud bellemontagne a écrit:

Une petite remarque:Les machins, Le trucmuche, La chose...les intitulés des oeuvres hugoliennes ne sont-ils pas symptomatiques d'une certaine propension à la megalomanie? (genre "Les Contemplations elles sont ici et pas ailleurs!!!" )

Bof, c'est tout de même issu d'une certaine habitude en ce qui concerne les titres. Les Métamorphoses, Les Confessions (de Saint Machin comme de Jean-Jacques Bidule), etc.... Je serais même tenté de dire que si Hugo avait intitulé son recueil « Contemplations » au lieu de « Les Contemplations », ça aurait été d'une farouche modernité !

Mais ça se retrouve chez tout le monde, quand même. LES Fleurs du mal, comme si le jardin de Charles faisait mieux pousser que les autres. LES Illuminations, alors qu'Arthur n'était quand même pas le seul foncedé de son époque, loin s'en faut.

Et ça remonte à plus loin : LE Banquet. Je pense que Platon, malgré cet intitulé, avait parfaitement conscience que d'autres manuels culinaires allaient lui succéder.

Plus sérieusement, je pense sincèrement que faire un procès en mégalomanie à cet article est un peu capilotracté... D'autant que chez Hugo, il n'est pas besoin d'aller chercher ce genre de petite bête pour démontrer la profonde estime (sans doute méritée) que le bonhomme nourrissait pour lui-même !

Au sommet :

Dostoïevski - Les Frères Karamazov
Dostoïevski - Crime et Châtiment
Dostoïevski - L'Idiot
Kafka - Le Château
Kafka - Le Procès
Kafka - L'Amérique
Céline - Voyage au bout de la nuit
Céline - Mort à Crédit
Kierkegaard - Le Journal du Séducteur

Puis :

Balzac - Illusions Perdues
Balzac - Eugénie Grandet
Flaubert - Madame Bovary
Zweig - Romans et nouvelles, biographies Dostoïevski, Nietzsche, Toltoï, etc.
Laclos - Liaisons Dangereuses

En poésie :

Baudelaire - Les Fleurs du Mal
René Char - Anthologie
Lautréamont - Les Chants de Maldoror

Le livret d'Atys.

Le Dictionnaire Larousse

frere elustaphe a écrit:

Le Seigneur des anneaux, Bilbo le Hobbit etc etc

Parlant de Bilbo le Hobbit, c'est possiblement le film le plus attendu pour 2012. Il sera réalisé par Peter Jackson. Moi en tout cas j'ai hâte de le voir et j'espère que ce sera aussi bon que la trilogie.

Je ne sais si un sujet similaire existe déjà.

quel roman avez vous lu plus d'une fois ?

Pour ma part j'ai lu deux fois le seigneurs des anneaux, une fois ado et une autre fois a la sortie des films sept/huit ans plus tard de P.Jackson pour me replonger dans le modne fantastique de Tolkien afin de savourer tout ces petits détails qui foisonnent.

Puis j'ai relu de Conrad : le coeur des ténèbres, jeunesse, typhon.

Envie de relire : Lord Jim (conrad) Absalon! Absalon! sanctuaire, le bruit et la fureur, les seigneurs de l'instrumentalité.

https://classik.forumactif.com/t4539-quels-sont-les-livres-que-vous-relisez
 

oups !

(la modération pourra supprimer à loisir ce topic-ci alors)

(d'autant que son titre arrache un peu les yeux)

Tous les romans de Michel Houellebecq sauf le dernier. Son essai "HP Lovecraft, contre le monde, contre la vie" je l'ai lu plusieurs fois aussi, et il compte beaucoup pour moi. Ce sont des choses que je pense que je relirai régulièrement toute ma vie. A l'adolescence j'avais arrêté la lecture, jugeant que c'était une activité d'enfant ou de snob, j'ai rencontré qqn que je respectais vraiment qui m'a conseillé de lire "les particules élémentaires", et avec ce livre j'ai compris que la lecture pouvait vraiment être intéressante.

Faulkner : Le bruit et la fureur, tandis que j'agonise, sanctuaire (pour ce dernier c'est juste parce qu'à cette période c'était le seul Faulkner que j'avais sous la main mais il y a nettement mieux). Je pense que Faulkner m'accompagnera tout au long de ma vie.

Tous les tintin, pas mal d'asterix et de tuniques bleues.

Jules Verne: 20000 lieues sous les mers (récemment parce que c'est un livre que j'avais aimé enfant et je voulais voir si ça me plaisait encore, et effectivement c'est bien. J'ai eu le phénomène inverse avec la saga "Dune" de Frank Herbert, au bout de 100 pages je me suis dit que vraiment j'avais changé, cette histoire m'a parue vraiment bêbête). De Jules Verne, j'aimerais relire "les tribulations d'un chinois en Chine" c'est l'histoire d'un homme désespéré qui charge quelqu'un de l'assassiner et suite à cet décision l'homme reprend gout à la vie et ne veut plus mourir, mais il doit échapper à son assassin. J'aimerais aussi relire "Michel Strogoff" c'est un livre d'aventure, il y avait un moment qui m'avait complètement bouleversé enfant, j'avais pleuré, je ne vous raconte pas pour ne pas vous spolier. Dans le genre, un truc qui m'avait fait pleurer que je compte relire, c'est l'assommoir de Zola, lu pour les cours de français au lycée, J'avais vraiment souffert pour Gervaise qui était si courageuse au début, je me souviens avoir été au bord du malaise quand elle supplie "non...pas devant mon fils..."

Les nouvelles de Lovecraft (j'en lis depuis mon enfance, et le hasard à voulu que Michel Houellebecq soit lui aussi fan et lui consacre un essai qui m'avait pas mal reboosté pour le relire, juste au moment où je complexais d'aimer ça alors que ce n'est pas considéré comme de la littérature sérieuse).

Ray Bradbury, les chroniques martiennes. Un très joli livre constitué de petites scènes morales, j'ai prévu de le relire encore très bientôt.



Que j'ai lu une fois et que je voudrais relire :

"l'ethique à Nicomaque" d'Aristote (un livre de philo facile et pas trop perché)

"des souris et des hommes" de steinbeck (je suis étonné que qqn souhaite relire "les raisins de la colère" du même auteur, moi en le lisant une fois j'ai eu l'impression de relire quinze fois le même bouquin qui recommençait toutes les quarantes pages ("ils ne trouvent pas de travail, ils s'en vont ailleurs en chercher, là non plus ils n'en trouvent pas alors ils vont encore ailleurs" bon c'est vrai qu'il y a des gens pour qui c'est le quotidien, mais cette répétition de mêmes évènements sur environ mille pages ça m'avait saoulé, par contre la fin est bien).

"A rebours" d'huysmans.

"L'agression, une histoire naturelle du mal" de Konrad Lorenz, qui parle de l'agressivité à partir de celle existant chez les animaux, ça peut paraitre froid comme ça, mais c'est d'une grande poésie. Ah! le pauvre petit poisson qui se fait acculer petit à petit jour après jour dans les zones où il n'y a pas de nourriture et finit par mourir...Le rat affamé et piétiné dans les égouts qui désespéré pousse un cri sauvage donnant le signe à ses pairs qu'ils sont trop nombreux et les plonge dans une frénésie sanguinaire de quelques secondes dont peu survivront...

Je sais qu'il y a d'autres livres que j'aimerais relire, peut-être que je complèterai plus tard.

Je suis une de ces personnes qui relisent plus qu'elles ne lisent. Je lis tous les jours, mais ne dois découvrir un nouveau livre qu'environ une fois par mois.
La liste des livres que je lis le plus ne se superpose pas forcement a celle des livres que je préfère: il y a pas mal de livres que j'adore mais que je n'ai pas forcement envie de relire souvent, et il y a aussi pas mal de livres que je relis mais que je n'aime pas tant que ça pour ce qu'ils sont (je peux lire car ça me rappelle de bons souvenirs par exemple).

Gagnant : Ulysse de Joyce. Lu relu et re-relu et disséqué, des dizaines de fois, en français et en anglais. C'est aussi le livre que j'ai le plus perdu: 5 fois, dont 4 exemplaires perdus dans des trains  
Pas loin derrière: La recherche du temps perdu, pareil, lu dans l'ordre et dans le désordre un nombre incalculable de fois
Pour Proust et Joyce, j'ai une fâcheuse tendance a aussi lire beaucoup de critique.
Pas en reste : Manuscrit trouve a Saragosse de Potocki


Sont, ou furent, également très lus:

Tout (ou presque) Borges, Rushdie, Mann et Zweig
Huysmans - A rebours
García Márquez - 100 ans de solitude
Woolf - Orlando
Hesse - Le jeu des perles de verre
Capote - In cold blood, other voices other rooms
Faulkner - The sound and the fury, light in august
Monod - Le Hasard et la nécessité
Malory - Le Morte d'Arthur
Melville - Moby Dick
Soljenitsyne - L'archipel du goulag
McCullers - The heart is a lonely hunter, reflections in a golden eye
Lorrain, les nouvelles
Nerval - Aurelia, les filles du feu
Tristan - La geste sepentine, Stephanie Phanistee
Chaucer - canterbury tales
McLiam Wilson - Ripley Bogle
Bertrand - Gaspard de la nuit
Gautier - Emaux et camees, Mlle de Maupin
Baudelaire - Poesies
Mallarme - Poesies
Nodier - la fee aux miettes
Forster - Howards end, Maurice, a room with a view
Hoffmann - Les elixirs du diable, le chat Murr
Segalen - Steles
Maturin - Melmoth the wanderer

J'en oublie surement la moitie...

Qu'est ce qui t'a plu dans "Aurelia" ? Le sujet étant les bouffées délirantes aigues, je me demande ce qui a retenu ton attention là-dedans.

A un moment je voulais écrire un livre sur la psychose, j'avais écrit un texte sur ce qui me paraissait intéressant dans ce témoignage, je vais essayer de le retrouver.

Voilà mon texte, en le relisant je me rends compte que ce n'est pas forcément terrible, mais je crois que ça peut tout de même valoir le coup de le lire.

"Il y a un témoignage que je tiens à signaler, c'est celui de l'écrivain du XIXe siècle Gérard de Nerval. Il n'était pas schizophrène à proprement parler mais dans sa vie il a eu deux passages dans ce qu'on appelle aujourd'hui la "bouffée délirante aigue", ce sont des moments de délire intense. Il les a raconté dans son livre "Aurélia". Ce n'est pas forcément une lecture passionnante, il fait pas mal de poésie un peu précieuse, de grandes réflexions sur l'amour et la religion. Mais il y a des choses intéressantes qui m'ont marqué.
   
D'abord cette phrase que seul quelqu'un qui a une grande maitrise du français pouvait écrire, qui me parait être une excellente description des méditations du délirant : "Toutes les actions de ma vie m'apparaissaient sous leur côté le plus défavorable, et dans l'espèce d'examen de conscience auquel je me livrais, la mémoire me représentait les faits les plus anciens avec une netteté singulière".
   
Le phénomène décrit s'est répété chez moi, il a démarré doucement (avant de m'endormir, un regard qui m'avait paru anodin sur le moment me semble soudain rempli d'un sens noir), s'est amplifié (en repensant à un truc que j'ai dit, je pense que j'ai été complètement ridicule, ça m'arrivera de plus en plus souvent et je commencerai à me dire que tout le monde me méprise ou me hait), jusqu'à devenir complètement fou (d'un coup une synthèse de ma vie s'impose à moi : Je suis un nazi-pédophile que les forces qui gouvernent le monde ont décidé d'éliminer). Des souvenirs reviennent (ou même se créent à partir de rien mais sur le moment je suis persuadé que ça m'est arrivé) et il me semble évident que je suis une ordure.
   
Un autre passage de Nerval qui est intéressant, c'est le récit d'un de ses délires, qui me parait assez typique : Il marche dans la rue et il voit un chiffre sur une maison. Ce chiffre, c'est le même que son âge à l'époque (peut-être 31 ou 32). Sous le chiffre de la maison il y a un vieillard malade. Une interprétation s'impose à lui, c'est que le vieillard sous le chiffres de son âge est un signe envoyé par Dieu pour lui dire qu'il va mourir dans l'année. (un délire rigolo dans le genre qu'un père de schizophrène avait raconté : dans la voiture avec son fils il y a une voiture devant avec marqué "PB" sur la plaque d'immatriculation. Son fils pense que ça veut dire "petite bite" et que ça lui est personnellement destiné).
   
Moi dans mon délire ce ne sera pas Dieu qui sera aux commandes (même si j'y penserai parfois), mais des gens qui ont une technologie pour lire dans mes pensées (au début je penserai juste qu'on devine mes pensées à l'expression de mon visage mais ça s'amplifiera) et qui ont des moyens importants pour m'envoyer des messages, j'ai l'impression d'être dans le film "the truman show", où un homme est filmé 24h/24 pour une émission de télé-réalité depuis sa naissance sans le savoir, et un jour il se rend compte que toute sa vie est scénarisée, que toutes les personnes autour de lui dans la rue sont des acteurs. Plusieurs schizophrènes me diront aussi avoir eu cette impression d'avoir été dans ce film.

   Un autre passage intéressant dans Nerval est le récit du moment où il prend conscience à l'hopital qu'il délire. Un autre malade à un délire mystique proche du sien, mais il le voit de l'extérieur, il relève des choses illogiques et ridicules dans le délire de cet homme, se met à analyser ses propres pensées et se rend compte que de l'extérieur il doit avoir l'air aussi ridicule que l'homme, il décide de s'en sortir. Il m'est arrivé la même expérience à l'hopital, je reparlerai de tout ça en temps voulu."

Ah, merci pour ce témoignage, c'est très intéressant.
Ce qui m'a plu dans Aurélia, c'est un peu ce que tu décris comme t'ayant interpelé.
Je ressens aussi une certaine proximité avec ce qui y est décrit, surtout quand j’étais plus jeune. Toutes les histoires de chiffres, d’interprétations, et pas dans Aurelia mais ailleurs chez Nerval, les histoires de genealogies fictives, ça me parle beaucoup. Je suis toujours un peu a la limite, je sais usuellement faire la part des choses entre mon imagination et la réalité, mais j'ai eu des périodes ou c’était un peu entremêlé (c'est passé vers 20 ans, ou bien en tout cas je sais le gérer a présent). De plus, j'ai eu pendant longtemps en projet un roman dans laquelle une des narrations était celle d'une jeune fille avec des troubles un peu similaires (laissé tomber car mon expression se dégrade du fait de divers problèmes cognitifs).

Fuligo a écrit:

Ah, merci pour ce témoignage, c'est très intéressant.
Ce qui m'a plu dans Aurélia, c'est un peu ce que tu décris comme t'ayant interpelé.
Je ressens aussi une certaine proximité avec ce qui y est décrit, surtout quand j’étais plus jeune. Toutes les histoires de chiffres, d’interprétations, et pas dans Aurelia mais ailleurs chez Nerval, les histoires de genealogies fictives, ça me parle beaucoup. Je suis toujours un peu a la limite, je sais usuellement faire la part des choses entre mon imagination et la réalité, mais j'ai eu des périodes ou c’était un peu entremêlé (c'est passé vers 20 ans, ou bien en tout cas je sais le gérer a présent). De plus, j'ai eu pendant longtemps en projet un roman dans laquelle une des narrations était celle d'une jeune fille avec des troubles un peu similaires (laissé tomber car mon expression se dégrade du fait de divers problèmes cognitifs).

C'est vrai que faire des interprétations des choses ne doit pas arriver qu'aux malades, les mots, les objets, les visages font écho à d'autres choses chez soi et chez les autres. Même les animaux perçoivent des signes qui les font se sentir en sécurité ou monter de l'angoisse. On a des pensées différentes qui s'impsent à nous quand on voit une ferrari passer ou une ambulance, un camion de flic, et c'est normal. La limite n'est pas claire, mais quand on fouille dans les poubelles parce qu'on pense que les poubelles ne sont pas là par hasard et qu'elles vous nous dire quelque chose, c'est que la limite a été franchie.

Tiens d'ailleurs Aurélia est un roman que j’ai lu deux fois. Je l’ai relu l’année dernière. J’ai eu une période ou j’ai beaucoup aimé Nerval, et ce fut mon premier contact avec la littérature hors de l’imaginaire de mon propre chef (peute tre car je suis tombé au bac dessus et que je me suis rétamé). En fait j’aime bien son romantisme. Effectivement, le Aurelia est une énigme, et a ma première lecture de ce récit, je n’avais pas pu le finir tant il m’avait inquiété, d’autant plus quand on sait que Nerval finira pendu a la tour saint jacques peu après la rédaction du récit il me semble.

Ma préférence va pour Sylvie. Je ne sais si j’interprète bien ce texte, mais j’y trouve une grande détresse dans l’interprétation des souvenirs. La façon dont els souvenir s’agencent pour sublimer le passé, et rendre la vie antérieur plus belle que ce qu’elle était réellement vécu au temp présent. Oui il y a un rapport aux temps, aux souvenir et aux souvenir des émotions passées quasiment maladif tant  ils semblent délaver le présent. Sa prose est un peu maniéré, mais quand même. La façon qu’il décrit le paysages de Senlis, Ermenonville… On dirait une sorte d’olympe, de paradis grec… Enfin moi ça me fait cet effet. Les fleurs, les lacs, la lumière, les vestiges. tout semble à sa place de manière trop parfaites dans cette histoire raconté par le prisme de la mémoire.

J'aime cet idée du souvenir qui redéfinit le réel, qui garde le meilleurs et le sublime au risque de rendre le présent plus fade. Cette forme de nostalgie.

Ca me donne envie de lire ses autres oeuvres (j'avais aussi entamé "sylvie", j'avais laissé tomber en cours de route). Je n'avais pas perçu tout ces aspects, j'avais un peu l'impression que c'était des belles phrases qui tournaient à vide, même dans Aurelia.

Mariefran a écrit:

Il y en a trop, je passe mon temps à relire… On va donc dire ceux que j'ai lus au moins 5 fois  
(...)
Un Roi sans divertissement, Jean Giono

Je suis en train de lire ce livre de Giono, suite au message de Mariefran. J'aurais aimé savoir, Mariefran, ce qui dans ce livre t'appelle (ou t'a appelé) au point de le relire plusieurs fois.

Non pas que le livre ne me plaise pas, il y a une atmosphère sombre et étrange assez captivante, mais c'est juste par curiosité, et peut-être afin de réaborder par la suite le livre d'une autre façon que celle de ma première lecture.

Merci

De Giono, j'aime lire et relire Colline, dont l'atmosphère me touche beaucoup...

J'ai une tendresse particulière pour Un roi sans divertissement, oeuvre complexe écrite au sortir de la guerre (et sans nul doute amer reflet de ses ennuis judiciaires injustifiés), qui pour moi annonce les Gommes de Robbe-Grillet, et pour Regain (sans doute à cause du film de Pagnol). J'aime bien aussi le côté stendhalien de Giono, comme dans le Hussard sur le toit. Et puis j'adore la région de Manosque, ceci lui donnant des points supplémentaires au capital sympathie que j'ai pour lui.

J'avais lu Colline alors que j'avais été hospitalisé et qui a dû sans doute participé à ma guérison ; le fait que l'histoire se déroule dans les environs de Manosque me permet de m'évader ponctuellement de la Capitale et de penser à ce sud-est qui m'est cher (j'ai des origines dans le Vaucluse, pas trop loin des Alpes de Haute-Provence...)

arnaud bellemontagne a écrit:

Moi non plus.
David et Francesco l'ont peut être lu...

Des années après ... oui je l'ai lu ! En quatrième. J'ai tellement pleuré à la scène de la mort de Mélanie que je n'ai pas pu rendre le livre à la bibliothèque. Les pages étaient délavées ...

Je ne sais pas si je pourrais le relire aujourd'hui

Que je relis régulièrement et que j'ai encore envie de relire? Un certain nombre de choses, mais avant tout :

Gaston Leroux : Le Fantôme de l'Opéra
Premier livre qui m'a totalement passionné! Et que j'ai bien dû lire une petite dizaine de fois!

Après viennent des séries comme les Rouletabille (Mystère de la Chambre, Parfum de la Dame en Noir, Château Noir, Etranges Noces de Rouletabille...), l'Assassin Royal (Robin Hobb), Traquemort (Robert R. Green), Le Seigneur des Anneaux (Tolkien)... essentiellement donc des livres qui m'embarquent dans un univers et dont je ressors avec une pointe de tristesse quand c'est terminé...



Et que de la grande littérature...

Il y a deux types de livres que je relis:

les vieux Signe de piste, surtout ceux illustrés par Joubert. Pour revivre mon adolescence.

Et les grandes sagas, surtout celles de la première moitié du XXème: Le Don paisible, Les Buddenbrook, Joseph et ses frères, La Montagne magique, À l'est d'Eden, Forsyte Saga, Les Thibault, Les Misérables. Pour y redécouvrir le grand souffle épique qui traverse les époques. Je me rends compte en écrivant ceci que ces romans sont des romans du Temps qui passe et que les personnages y sont plus des fourmis que des géants.

Également re-relus: beaucoup de Faulkner et à peu près tout de Jane Austen. Ah, oui, aussi tous les Harry Potter


Jamais lu: Proust (j'ai essayé, mais bon... ), Troyat, Tolkien (ça aussi j'ai ex=ssayé, mais c'es d'un ennui indescriptible)

je viens de relire pour la 3è fois A la recherche du temps perdu, ce n'était pas le même livre que les deux fois précédentes. Dire pourquoi relève sans doute de trop d'intimité. J'ai surtout été frappé par l'inachèvement et le miracle que ç'aurait pu être s'il avait eu le temps de terminer. Tel quel, ça reste tout de même pour moi l'oeuvre majeure du 20è siècle, même si je n'adhère nullement à ce qui est dit (et relativement mal analysé) de la passion amoureuse. Là je reprends [Jean Santeuil] pour me rendre compte du cheminement, dans une version plus abrupte.

André a écrit:

les vieux Signe de piste, surtout ceux illustrés par Joubert.

"Signé Catherine" ? j'en étais amoureux

André a écrit:

les vieux Signe de piste, surtout ceux illustrés par Joubert. Pour revivre mon adolescence.

Ma mère qui avait fait du scoutisme possédait presque toute la collection (du moins jusque dans les années 50)...
Je me souviens avoir pleuré en lisant le tigre et sa panthère ou la mort d'Eric, mais rigolé avec le club des culottés. Il y a avait aussi la collection rivale chez Casterman (Framboh - Chroniques du sapin vert...). Je viens d'en relire encore récemment.
Et plus tard, j'ai été un grand fan de Bob Morane, là encore illustré pendant une quinzaine d'années par Joubert.

Proust, je ne relis pas, j'ai déjà eu assez de mal à le lire une fois !!

pakontan a écrit:

Tel quel, ça reste tout de même pour moi l'oeuvre majeure du 20è siècle, même si je n'adhère nullement à ce qui est dit (et relativement mal analysé) de la passion amoureuse.

Totalement d'accord.
La vision proustienne de l'amour est si complaisamment saturée de torsions analytiques d'une minutie quasi-policière qu'on est en droit de ce demander si le Narrateur n'est pas amoureux pour pouvoir être jaloux...
Ce qui donne un côté très artificiel à la chose.Ca me conduit à sauter tous les passages qui parlent des chicaneries Swann/Odette et Narrateur/Albertine à chaque relecture.

Etrangement, moi qui ne suis pas un grand lecteur, j'ai de très bons souvenirs de mes lectures de Proust et Balzac. Certes c'est parfois long et ardu, mais il y a des atmosphères, des descriptions, qui me transportent. Ces récits se déroulent également dans des époques et avec une langue qui me parlent.

Par contre Zola, la Fortune des Rougon Macquart, je n'ai jamais réussi à aller au bout. Je ne sais pas précisément pourquoi, trop de personnages pour ma petite tête sans doute.

Sinon j'ai fini "Un Roi Sans Divertissement" ("(...) est un homme plein de misère") de Jean Giono, et je commence ce matin "Cent ans de solitude" de Gabriel Garcia Marquez

Pipus a écrit:

"Un Roi Sans Divertissement" (...) est un homme plein de misère" de Jean Giono

Mais non ! C'est de Pascal

arnaud bellemontagne a écrit:

pakontan a écrit:

Tel quel, ça reste tout de même pour moi l'oeuvre majeure du 20è siècle, même si je n'adhère nullement à ce qui est dit (et relativement mal analysé) de la passion amoureuse.

Totalement d'accord.  
La vision proustienne de l'amour est si complaisamment saturée de torsions analytiques d'une minutie quasi-policière qu'on est en droit de ce demander si le Narrateur n'est pas amoureux pour pouvoir être jaloux...
Ce qui donne un côté très artificiel à la chose.Ca me conduit à sauter tous les passages qui parlent des chicaneries Swann/Odette et Narrateur/Albertine à chaque relecture.

je nuance, les incohérences procèdent de ce que La Prisonnière et la Fugitive sont des brouillons inachevés, et que le changement de personnages qui ont "posé" les différentes versions d'Albertine/Alfred ne sont sont pas fondus dans un individu cohérent. Que l'illusion amoureuse ne dure pas, qu'elle soit motivée par certains obstacles qui poussent à trouver indispensables des personnages laids qui ne survivent pas au suspense de leurs trahisons, soit! c'est qu'en fait l'illusion amoureuse est un thème très secondaire, une infatuation temporaire, et que Proust n'a pas trouvé le règlement définitif parce que son époque ne lui permettait pas de poursuivre dans le miroir déformant de son double, Charlus, sans quoi il aurait écrit -et l'a peut-être fait- 50 nuances de gris avant tout le monde. Que cela soit aujourd'hui livré au public sous la forme d'un mauvais roman de gare n'y change rien. Un siècle avant Proust a établi la bible de toutes les télé-réalités d'aujourd'hui, prises de tête et amours de vacances où tout le monde couche avec tout le monde. En cela il est d'une actualité irréductible, plus encore que dans la critique sociale. Il n'a juste pas eu l'occasion de terminer.

"Ingrid Caven" de Jean-Jacques Schuhl.

 Je n'avais pas du tout accroché la première fois : là, je trouve ce style narratif, fluide et déstructuré séduisant.

 Et puis ça me donne envie de découvrir la filmographie de Fassbinder dont j'ignore presque tout.

 Montfort

Même si je ne lis plus autant qu'avant je ne vais pas faire une liste de livres lus 4 ou 5 fois, mais citer celui que j'ai dû lire 20 fois (minimum)
Umberto Ecco: le nom de la rose.

Il ne te reste plus qu'à relire le nom de l'auteur...

J'ai la même pensée qui me vient quand je pense à Eco ou à Bach : densité de l'écriture. J'avais lu avec plaisir l'Ile du jour d'avant malgré quelques moments de flottement intellectuel, mais j'ai décroché pour le Pendule de Foucault