Autour de la musique classique

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 Umberto Giordano

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MessageSujet: Umberto Giordano   Umberto Giordano EmptyMer 28 Juil 2010 - 22:09

Umberto Giordano est né à Foggia dans les Pouilles le 28 août 1867. Il est entré au Conservatoire de Naples contre l'avis de ses parents en 1882. Son père voulait qu'il soit chimiste comme lui. En 1989, il a présenté son premier opéra Marina au concours de l'éditeur Sanzogno. C'est Mascagni qui remporta le concours avec Cavalleria Rusticana. Sanzogno lui commanda par la suite un nouvel ouvrage du nom de Mala vita, opéra décrivant la vie d'une prostituée napolitaine. Cela fait scandale évidemment. L'opéra a été créé à Rome en 1982 et a fait scandale. En Autriche et en Allemagne, cet opéra eut une certaine popularité. Il a modifié le titre en le renommant Il Voto qu'il fit représenter à Milan en 1897. Par la suite, il composa un opéra en deux actes Regina Diaz qui représenté à Naples le 21 février 1894 n'eut pas de succès. Andrea Chénier, son opéra le plus célèbre fut créé à Milan le 28 mars 1896. Alberto Franchetti céda le livret à Giordano et Pietro Mascagni sut vaincre les résistances de Sanzogno. Grâce à cet opéra, il fut considéré comme un des plus illustres représentants de la "jeune école" italienne. Il a composé en 1989 Fedora pour la cantatrice Gemma Bellincioni d'après le drame de Victorien Sardou. Ce fut un succès même s'il n'atteignit pas la même poupularité qu'Andréa Chénier. Fedora fut représenté à Milan le 17 novembre 1898. Un autre opéra fut créé le 19 décembre 1903 à Milan, Siberia. En 1905, ce fut un succès au Théâtre Sarah-Bernhardt. Fauré fut enthousiaste. L'opéra fut repris mais en français en 1911 au Palais Garnier et le succès fut confirmé. L'opéra fut révisé et donné dans sa nouvelle version le 25 décembre 1927 à La Scala de Milan. L'opéra suivant Marcella qui fut créé au Teatro Lirico de Milano le 9 novembre 1907 fut un échec. Ce fut le cas également pour l'opéra suivant Mese Mariano reprenté à Palerme le 17 mars 1910. Il fallut attendre Madame Sans-Gêne créé au Met le 25 janvier 1915 avec Geraldine Farrar dans le rôle titre et Arturo Toscanini à la direction pour que Giordano puisse retrouver les faveurs du public. L'opérette Giove a Pompei composé en collaboration avec Alberto Franchetti fut un échec lors de la création le 5 juillet 1921 à Rome. Le poème dramatique La cena delle beffe créé à La Scala le 20 décembre 1924 annonçait un renouveau stylistique mais ce fut sans lendemain et son dernier opéra Il re créé à Milan le 12 janvier 1929 tomba rapidement dans l'oubli. Avec ce dernier opéra, Giordano avait rompu avec le vérisme dont il était un des représentants importants. Il a composé également des pièces orchestrales, de la musique de chambre et un ballet L'astro magico créé en 1928. Il avait un intérêt important pour tout ce qui concerne les techniques d'enregistrements. Il est mort à Milan le 12 novembre 1948.
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MessageSujet: Re: Umberto Giordano   Umberto Giordano EmptyMer 28 Juil 2010 - 23:07

Fedora est un mélodramme en trois actes sur un livret d'Arturo Colautti qui est également le librettiste d'Adriana Lecouvreur de Cilea. L'opéra fut créé au Teatro Lirico Internazionale de Milan le 17 novembre 1889.
Voici un résumé de l'intrigue :

Acte I :

Fedora Romanov est une princesse et une riche veuve russe. Elle est promise en mariage au comte Vladimir Andreïevitch. Elle est très amoureuse de lui. Les domestiques du comte attendent son retour et l'absence de celui-ci ne les étonne pas. En effet, c'est la veille du mariage et ils pensent qu'il en profite en s'offrant une dernière soirée de débauche. La princesse est impatiente de le retrouver. L'officier de police Grech et Monsieur de Siriex, attaché d'ambassade français arrivent avec le comte qui est mortellement blessé. Grech soupçonne que c'est un meurtre et ses soupçons sont confirmés par le récit de Cirillo qui accompagnant le comte au club de tir a vu un homme s'enfuir. Grech et Monsieur de Siriex arrivant sur le lieu de la tragédie ont suivi les traces de sang sur la neige jusqu'à un pavillon où ils trouvèrent le comte agonisant. La vieille, le comte s'était vu remettre une lettre de la part d'une vieille femme à qui appartient justement le pavillon. La lettre a disparu du tirroir dans lequel elle était rangé. Elle a été volée par un étranger venu rendre visite au comte pendant son absence et qui est parti immédiatement. Grech pense que l'assassinat est un coup des nihilistes. Fedora jure vengeance. Le visiteur du matin est identifié par un domestique. Il s'agit du comte Loris Ipanov qui habite de l'autre côté de la rue. Grech et ses hommes vont fouiller la demeure mais elle est vide. Le comte meurt et Fedora s'effondre près de sa dépouille.


Acte II :

Fedora est dans sa résidence parisienne. Elle donne un bal. La comtesse Olga Soukarev présente aux invités un pianiste polonais du nom de Boleslao Lazinski, "neveu et successeur de Chopin". Elle veut qu'il soit le héros de la soirée. Fedora n'est pas seule. En effet, elle est avec Loris Ipanov qui est amoureux d'elle. Elle l'avait traqué puis séduit pour recueillir une confession et se venger. Fedora est finalement tombé amoureuse. Siriex qui est devenu secrétaire d'Etat aux affaires étrangères est présent et il est supris de la voir en compagnie d'Ipanov. De Siriex fait la cour à Olga en vantant les mérites de la femme russe. Loris déclare sa flamme à Fédora qui fait l'indifférente. Lorsque Lazinski exerce ses talents pianistiques, elle arrache à Loris la confession. C'est effectivement lui le meurtrier de Vladimir. Elle lui demande des explications qu'il jure de lui donner quand il reviendra. Fedora apprend par Siriex un attentat nihiliste contre le tsar. Elle confie alors une lettre à Grech dans laquelle elle accuse Loris et son frère Valeriano d'avoir assassiné son fiancé pour des raisons politiques. Grech lui promet de se saisir de Loris et de l'emmener en Russie à la fin de la réception. Loris revient et Fedora finit par apprendre l'horrible vérité. Vladimir son fiancé aimait une autre femme, l'épouse de Loris, Wanda. Loris donne une lettre d'amour à Fedora du comte à Wanda (la fameuse lettre volée). Loris raconte comment Vladimir est mort. Loris a attendu les amants, a menacé Wanda. Pour la défendre, Vladimir a tiré sur Loris qui a répliqué. Loris a touché mortellement Vladimir. Loris dit à Fedora qu'il a laissé sa vieille mère en Russie. Fedora veut protéger Loris et l'entraîne dans son alcôve.

Acte III :

Fedora et Loris sont dans le chalet suisse de la princesse et filent le parfait amour. La comtesse Olga y séjourne également. Celle-ci ne croit plus à l'amour suite à l'échec de sa relation avec Lazinski. Loris doit aller à la poste chercher des lettres qu'il attend. De Siriex arrive. Il dit à Olga que Lazinski était très probablement un espion pour le compte de l'Okhrana. Il propose à Olga de partir faire une promenade. C'est une diversion pour pouvoir parler en toute tranquilité avec Fedora. C'est pour lui donner des nouvelles importantes qu'il est là et pas pour voir Olga. Il lui apprend que Valeriano s'est noyé en prison et que la mère de Loris et Valeriano est morte de chagrin dès qu'elle l'a appris. Fedora est horrifiée et se sent horriblement coupable. Loris revient. Il reçoit un billet de son ami parisien, le docteur Borov qui l'informe qu'il est grâcié. Le bonheur et de courte durée. Il y a une lettre envoyée plus tôt qui lui annonce que ses proches son mort et que la responsable est une dame russe qui vit à Paris. Fedora est dans un état d'extrême angoisse. Elle sait que ce n'est qu'une question de temps pour que Loris apprenne qu'elle est la coupable. Elle insiste pour défendre cette dame russe et petit à petit laisse très fortement entendre qu'elle est la coupable. Loris la maudit. Fedora avale un poison qu'elle avait sur elle depuis le 1er acte. Loris demande à Borov de la sauver. Fedora refuse. Loris lui pardonne et elle meurt dans ses bras.


Je trouve que le livret n'est pas parfait. En effet, le fait que Lazinski soit un espion arrive d'on ne sait où. Cela n'apporte rien à l'intrigue principale tout comme l'amourette entre Olga et De Siriex. Comme pour Il Trovatore, beaucoup d'élements de l'intrigue sont révélés par des récits. Cela n'est pas forcément un problème en soi car cela respecte une forme de bienséance. Il y a beaucoup de personnages secondaires qui n'ont aucune consistance sur le plan dramatique. Olga et De Siriex servent simplement à rendre l'action moins tragique. Loris a de très belles choses à chanter (son air "Amor ti vieta" au IIe acte, les duos avec Fedora en particulier) mais le personnage est encore plus inconsistant que Mario Cavaradossi. Le seul personnage qui quasiment toujours présent sur scène (pas au tout début du Ier acte mais elle arrive très vite) et qui est le plus fort dramatiquement est évidemment celui de l'héroine. Il faut une tragédienne pour incarner ce rôle. La pièce de Sardou avait été créé par une grande tragédienne : Sarah Bernhardt. Giordano a destiné le rôle a une tragédienne qui s'appelle Gemma Bellincioni. Le personnage de Fedora est bouleversant car elle est rendue aveugle par l'amour qu'elle porte à Vladimir. Elle n'est pas du tout mauvaise et fait du mal par ignorance. Elle est par ailleurs très croyante et demande au IIIe acte à Dieu de protéger Loris et de ne pas lui pardonner ses péchés. Les confrontations Fedora-Loris sont très prenantes, très dramatiques.
Cet opéra est dans la pure tradition du vérisme. En effet, il y a un travail sur les couleurs locales, notamment sur la couleur locale russe au Ier acte et la couleur locale suisse au IIIe acte avec le petit chanteur savoyard.
Giordano a un sens de la mélodie remarquable. Il y a énormément de lyrisme dans cet opéra et de splendeurs orchestrales. On peut citer le très beau prélude qui ouvre l'opéra, l'air "Amor ti vieta", l'intermezzo du IIe acte, l'accompagnement lors du final de l'opéra. C'est une musique d'une grande inspiration, finesse. L'utilisation du piano au IIe acte est une originalité intéressante par ailleurs.
J'ai adoré cet opéra malgré quelques réserves qui sont pour la plupart les mêmes que celles de Piotr Kaminski dans son ouvrage Mille et un opéras. Pour le résumé de l'intrigue, j'ai utilisé l'ouvrage de Kaminski en modifiant la formulation en partie et en ajoutant quelques éléments par rapport à Kaminski.
J'espère que cette présentation vous donnera envie de découvrir cet opéra ou de le réévaluer si vous ne l'aimez pas beaucoup voire pas du tout.
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MessageSujet: Re: Umberto Giordano   Umberto Giordano EmptyJeu 29 Juil 2010 - 1:07

Merci Aurèle pour ce fil. Wink Tes considérations sont tout à fait intéresantes, n'hésite pas à recommencer pour d'autres oeuvres.


Livret

Je ne partage pas ton opinion pour le livret, qui est à mon avis l'un des plus remarquables de tout l'opéra italien.

aurele a écrit:
Je trouve que le livret n'est pas parfait.
1) En effet, le fait que Lazinski soit un espion arrive d'on ne sait où. Cela n'apporte rien à l'intrigue principale tout comme l'amourette entre Olga et De Siriex.
2) Comme pour Il Trovatore, beaucoup d'élements de l'intrigue sont révélés par des récits. Cela n'est pas forcément un problème en soi car cela respecte une forme de bienséance.
3) Il y a beaucoup de personnages secondaires qui n'ont aucune consistance sur le plan dramatique.
Giordano emprunte ici, à défaut de l'esthétique musicale, la structure d'une conversation en musique, surtout à l'acte II qui est clairement le sommet de la partition.

Il est donc nécessaire de disposer de personnages à peine esquissés, mais dont on dispose de bribes de passé, comme dans un salon. C'est aussi le rôle des récits, d'autant plus que le drame se fonde aussi sur la confusion des âmes qui n'ont pas forcément les clefs de leurs passés réciproques.

C'est une tragédie qui doit beaucoup à la seule parole, on est plus proche du film hollywoodien des années 40 que de l'opéra verdien ou puccinien dégoulinant de sang.
Le dernier acte, qui essaie de renouer avec cette tradition, est d'ailleurs sensiblement moins réussi.


Citation :
Il faut une tragédienne pour incarner ce rôle.
Je n'en suis pas convaincu, un mode plus léger peut aussi être fécond.


Vérisme ?

Citation :
Cet opéra est dans la pure tradition du vérisme. En effet, il y a un travail sur les couleurs locales, notamment sur la couleur locale russe au Ier acte et la couleur locale suisse au IIIe acte avec le petit chanteur savoyard.
Je ne suis pas très convaincu de cela. Oui, c'est incontestablement du vérisme musical, dans le sens où sa grammaire est la même que celles de Mascagni, Catalani, Cilea ou les oeuvres les plus célèbres de Leoncavallo. Néanmoins, sur le sujet, c'est un vérime très embourgeoisé, esthétisé. C'est plus l'atmosphère que le déroulement logique et implacable de la situation sociale qui prime.

C'est un écho de vérisme, sans doute, mais pas forcément du vrai vérisme au sens littéraire (et je ne parle même pas de Chénier et Lecouvreur qui sont en réalité des fresques historiques...).


Langue musicale

Citation :
Giordano a un sens de la mélodie remarquable. Il y a énormément de lyrisme dans cet opéra et de splendeurs orchestrales.
Oui, c'est typiquement le langage du vérisme musical : beaucoup de lyrisme, et dans le même temps des dialogues au besoin hachés, hâtifs, comme dans la vraie vie.

Citation :
L'utilisation du piano au IIe acte est une originalité intéressante par ailleurs.
Effectivement, c'est rien dit comme ça, mais c'est impressionnant en contexte : on se met nous aussi au concert. Dans la version Gavazzeni, c'est en plus le célèbre soliste Thibaudet qui a été embauché, il me semble, accentuant encore ce spectaculaire-là.
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MessageSujet: Re: Umberto Giordano   Umberto Giordano EmptyJeu 29 Juil 2010 - 1:12

DavidLeMarrec a écrit:
Citation :
L'utilisation du piano au IIe acte est une originalité intéressante par ailleurs.
Effectivement, c'est rien dit comme ça, mais c'est impressionnant en contexte : on se met nous aussi au concert. Dans la version Gavazzeni, c'est en plus le célèbre soliste Thibaudet qui a été embauché, il me semble, accentuant encore ce spectaculaire-là.

Tu confonds avec la version du Met avec les mêmes Freni et Domingo. Le chef est Roberto Abbado. Là, c'est un illustre inconnu qui n'a même pas de discographie semble-t-il. Le pianiste est un certain Arnold Bosman.
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MessageSujet: Re: Umberto Giordano   Umberto Giordano EmptyJeu 29 Juil 2010 - 1:17

aurele a écrit:
Là, c'est un illustre inconnu qui n'a même pas de discographie semble-t-il. Le pianiste est un certain Arnold Bosman.
Possiblement le pianiste de l'orchestre. Mr. Green Pour jouer un nocturnet, de toute façon...
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MessageSujet: Re: Umberto Giordano   Umberto Giordano EmptyJeu 29 Juil 2010 - 1:23

DavidLeMarrec a écrit:



Livret

Je ne partage pas ton opinion pour le livret, qui est à mon avis l'un des plus remarquables de tout l'opéra italien.

aurele a écrit:
Je trouve que le livret n'est pas parfait.
1) En effet, le fait que Lazinski soit un espion arrive d'on ne sait où. Cela n'apporte rien à l'intrigue principale tout comme l'amourette entre Olga et De Siriex.
2) Comme pour Il Trovatore, beaucoup d'élements de l'intrigue sont révélés par des récits. Cela n'est pas forcément un problème en soi car cela respecte une forme de bienséance.
3) Il y a beaucoup de personnages secondaires qui n'ont aucune consistance sur le plan dramatique.
Giordano emprunte ici, à défaut de l'esthétique musicale, la structure d'une conversation en musique, surtout à l'acte II qui est clairement le sommet de la partition.

Il est donc nécessaire de disposer de personnages à peine esquissés, mais dont on dispose de bribes de passé, comme dans un salon. C'est aussi le rôle des récits, d'autant plus que le drame se fonde aussi sur la confusion des âmes qui n'ont pas forcément les clefs de leurs passés réciproques.

C'est une tragédie qui doit beaucoup à la seule parole, on est plus proche du film hollywoodien des années 40 que de l'opéra verdien ou puccinien dégoulinant de sang.
Le dernier acte, qui essaie de renouer avec cette tradition, est d'ailleurs sensiblement moins réussi.

Merci pour tes impressions. Je suis d'accord avec toi pour dire que le IIe acte est le sommet de la partition. Au IIIe acte, il y a tout de même la confrontation Fedora/Loris lorsque celle-ci se défend elle-même et la mort de Fedora qui sont deux passages merveilleux. Le premier est électrisant et le second me bouleverse.
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MessageSujet: Re: Umberto Giordano   Umberto Giordano EmptyJeu 29 Juil 2010 - 1:24

J'aime pas beaucoup ce troisième acte, mais c'est lié à nos sensibilités respectives : c'est proche du Puccini de la Bohème et de Manon Lescaut, par exemple, typiquement ce que je n'aime pas beaucoup.
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MessageSujet: Re: Umberto Giordano   Umberto Giordano EmptyJeu 29 Juil 2010 - 1:26

DavidLeMarrec a écrit:
J'aime pas beaucoup ce troisième acte, mais c'est lié à nos sensibilités respectives : c'est proche du Puccini de la Bohème et de Manon Lescaut, par exemple, typiquement ce que je n'aime pas beaucoup.

Je ne l'ai pas dit mais j'ai eu les larmes qui me sont venus à la fin de l'opéra, c'est aussi très probablement dû à la version que j'ai vu. Je donnerai mes impressions dans le topic discographique.


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MessageSujet: Re: Umberto Giordano   Umberto Giordano EmptyJeu 29 Juil 2010 - 9:24

"C'est une tragédie qui doit beaucoup à la seule parole, on est plus proche du film hollywoodien des années 40 que de l'opéra verdien ou puccinien dégoulinant de sang."

Ca je veux bien voir si ça se peut se développer Question Question Question
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MessageSujet: Re: Umberto Giordano   Umberto Giordano EmptyJeu 29 Juil 2010 - 9:53

Merci pour cette présentation... J'avais beaucoup aimé cet opéra. mais en même temps, je ne l'ai pas écouté bien souvent. Toujours est-il que sa construction est très bien faite je trouve, s'articulant autour du personnage principal, le destin se jouant d'elle, le menant jusqu'au bonheur (vengeance + amour) avant de la précipiter en enfer.
Musicalement, ça me fait plus penser à Adrienne Lecouvreur qu'à Andréa Chénier pour rester dans le même style : c'est moins "spectaculaire" que ce dernier. L'atmosphère de la noblesse russe est rendue avec bonheur, cette sophistication dans le deuxième acte par exemple donne bien une idée de ce que devait être ce genre de bal.
La seule réserve viendrait de la Suisse... on sait que c'est en Suisse, pas besoin de nous le faire entendre en musique! hehe


Question vocal pour Fedora, je dois dire que je n'ai pas de comparaison étant donné que je n'y connais que Freni. Mais j'imagine plus une voix à la Olivero qu'une Tebaldi par exemple : en gros une voix assez claire, mais très expressive, avec ce petit quelque chose de noble.

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MessageSujet: Re: Umberto Giordano   Umberto Giordano EmptyJeu 29 Juil 2010 - 14:13

Puisque j'ai été gentiment sollicité par MP, je dis un mot très bref sur Andrea Chénier (1896).

C'est un opéra historique, classé comme vériste à cause de l'aspect concret de son intrigue et surtout de son langage musical, qui est celui de l'école postverdienne, avec ses grosses poussées de lyrisme, ses foules spectaculaires, ses dialogues rapides, disposés en touffes peu mélodiques.

L'argument repose évidemment sur la destinée des derniers jours du poète Chénier, avec ce goût un peu absurde qu'on eu de plus en plus les compositeurs d'opéra, à partir de cette époque, dans la représentation de vies artistiques (qui, la plupart du temps, se prêtent très mal à une mise en intrigue dramatique).
Pour Giordano, c'est ici l'occasion de représenter toute une époque en une vaste fresque, depuis les salons brillants de la noblesse déclinante jusqu'aux fusillades de rue.

L'opéra recourt à des gabarits vocaux assez importants, où la vaillance est nécessaire, une sorte de chant italien au carré. Les épanchements très mélodiques et lyriques alternent avec des babillages rapides sur fond de musique légère, exactement comme dans Adriana Lecouvreur (1902, d'après Scribe et Legouvé) de Cilea.

--

Plus personnellement, je trouve la machine plus démonstrative que réellement touchante, je n'y rencontre pas de thèmes réellement bouleversants, ni d'originalité particulière. Lecouvreur, dans le même goût, m'est beaucoup plus sympathique.
C'est d'ailleurs l'impression qu'on a aussi pour Fedora, celle d'une musique parfaitement maîtrisée, mais sans originalité ni génie réellement hors du commun.

On est très loin en tout cas de ce que peut faire le Leoncavallo le plus inspiré (I Medici, dans le genre historique, c'est vraiment d'un autre tonneau, c'est plus du d'Indy ou du Fauré que du pur postverdisirupeux !).

En somme une oeuvre intéressante, mais qui ne me paraît pas du tout prioritaire, indépendamment de sa célébrité, dans le panorama italien de l'époque.
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MessageSujet: Re: Umberto Giordano   Umberto Giordano EmptyJeu 29 Juil 2010 - 14:35

DavidLeMarrec a écrit:

... L'opéra recourt à des gabarits vocaux assez importants, où la vaillance est nécessaire, une sorte de chant italien au carré. Les épanchements très mélodiques et lyriques alternent avec des babillages rapides sur fond de musique légère, exactement comme dans Adriana Lecouvreur (1902, d'après Scribe et Legouvé) de Cilea.

...Plus personnellement, je trouve la machine plus démonstrative que réellement touchante, je n'y rencontre pas de thèmes réellement bouleversants, ni d'originalité particulière. Lecouvreur, dans le même goût, m'est beaucoup plus sympathique. En somme une oeuvre intéressante, mais qui ne me paraît pas du tout prioritaire, indépendamment de sa célébrité, dans le panorama italien de l'époque.

J'ai vu deux fois cette oeuvre sur scène ... sans grande passion, je dois avouer mais sans être vraiment dérangée non plus alors que - Leoncavallo exepté - les compositeurs veristes sont loin d'être ma tasse de thé.
Maintenant, si on a de bons interprètes (tant vocaux que dramatiques), il est malgré tout possible de passer un bon moment en salle mais je ne sais pas si je me lancerais dans une écoute au CD.
J'aime assez bien le personnage de Gerard dans cet opéra.
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MessageSujet: Re: Umberto Giordano   Umberto Giordano EmptyJeu 29 Juil 2010 - 14:49

Et quoi de Leoncavallo exactement ? Very Happy
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MessageSujet: Re: Umberto Giordano   Umberto Giordano EmptyJeu 29 Juil 2010 - 14:56

Jusqu'il y a peu, je ne connaissais que Pagliacci que j'ai toujours beaucoup aimé pour l'intensité de ses personnages ainsi que sa très belle musique. Je viens de découvrir I Medici et je suis tombée sous le charme ! C'est une oeuvre assez inégale mais j'aime vraiment beaucoup et je l'ai écouté en boucle au début ; aujourd'hui, je l'écoute encore souvent avec autant de plaisir.
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DavidLeMarrec
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MessageSujet: Re: Umberto Giordano   Umberto Giordano EmptyJeu 29 Juil 2010 - 15:18

J'aime beaucoup ces deux-là moi aussi, vraiment au faîte de la production de l'époque. J'aime beaucoup moins son Edipo tout en force, en revanche.
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MessageSujet: Re: Umberto Giordano   Umberto Giordano EmptyDim 1 Aoû 2010 - 22:04

Je vous propose pour l'écoute de la semaine un passage du 3e acte de Fedora : le duo final entre Loris et Fedora menant à la mort de l'héroine.
Ce sont les pistes 5 à 8 du CD2 : http://www.musicme.com/#/Mario-Rossi/albums/Fedora-0085365756441.html

Pour le livret, il se trouve sur odb-opera. Je suis désolé de ne pas pouvoir vous proposer mieux que cette version. Vous n'aurez pas le détail orchestral de Gavazzeni et vous aurez sur le plan vocal tous les tics vocaux véristes, une Caniglia faisant mémère et un ténor qui pleure, qui n'a pas de timbre rééllement quand il s'énerve. Désolé d'avance.
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MessageSujet: Re: Umberto Giordano   Umberto Giordano EmptyLun 2 Aoû 2010 - 18:58

Merci Aurele pour cette présentation
Finalement j' ai ressorti mon cd acheté il ya bien des années encore plastifié lol
Une vieille version de 1950 avec Maria Caniglia
Je viens d ' écouter l ' acte I
Sublime prélude comme savent en faire les compositeurs dit " véristes" de l' époque .
Une écriture soignée , c ' est une question de goût mais j' ai franchement beaucoup de mal avec cette esthétique .
vers l ' acte II
Originale scène avec un piano et reminiscence du prélude , toujours difficile pour moi
Acte III J ' apprécie l' émouvant final


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Ericc
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MessageSujet: Re: Umberto Giordano   Umberto Giordano EmptyLun 2 Aoû 2010 - 19:23

aurele a écrit:
Je vous propose pour l'écoute de la semaine un passage du 3e acte de Fedora : le duo final entre Loris et Fedora menant à la mort de l'héroine.
Ce sont les pistes 5 à 8 du CD2 : http://www.musicme.com/#/Mario-Rossi/albums/Fedora-0085365756441.html

Pour le livret, il se trouve sur odb-opera. Je suis désolé de ne pas pouvoir vous proposer mieux que cette version. Vous n'aurez pas le détail orchestral de Gavazzeni et vous aurez sur le plan vocal tous les tics vocaux véristes, une Caniglia faisant mémère et un ténor qui pleure, qui n'a pas de timbre rééllement quand il s'énerve. Désolé d'avance.

Ecoute la confrontation Carreras -Marton dans la scène finale ...
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MessageSujet: Re: Umberto Giordano   Umberto Giordano EmptyLun 23 Aoû 2010 - 11:41

Andrea Chénier est un opéra très beau. Il y a de superbes airs, en particulier ceux pour Chénier. "La mamma morta" me touche toujours mais en dehors de cela, le personnage de Maddalena m'est indifférent. "Son la vecchia Madelon" est un passage qui est poignant. L'Acte IV malgré le très beau duo final qui reste conventionnel par ailleurs est moins intéressant que les autres. Carlo Gérard est peut être le personnage le plus intéressant de cet opéra. C'est un opéra que je réécouterai avec plaisir.
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MessageSujet: Re: Umberto Giordano   Umberto Giordano EmptyLun 23 Aoû 2010 - 11:54

... contrairement à Pelléas et aux Huguenots, donc. Sad
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MessageSujet: Re: Umberto Giordano   Umberto Giordano EmptyLun 23 Aoû 2010 - 11:55

DavidLeMarrec a écrit:
... contrairement à Pelléas et aux Huguenots, donc. Sad

Je n'ai jamais dit que je n'écouterai plus ces deux opéras.
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MessageSujet: Re: Umberto Giordano   Umberto Giordano EmptyLun 23 Aoû 2010 - 11:59

Bien sûr, mais tu n'avais pas l'air aussi convaincu, tu disais en particulier que tu étais peu touché.

C'est pas un reproche, hein, il est évident qu'on a des sensibilités différentes et ça se voit d'ailleurs très bien dans les sujets où nous traînons et notre façon d'aborder les répertoires.

Si tu as aimé Chénier et Fedora, dans le même genre des conversations rapides et des airs très lyriques, il y a bien sûr Adrienne Lecouvreur, que je ne suis pas sûr que tu aies écoutée en entier. Après, il y a d'autres trucs sympas, mais un peu diférents, et surtout moins incontournables niveau célébrité.

Pour info, dans l'opéra italien de l'époque, j'adore Cassandra de Gnecchi et I Medici de Leoncavallo. bounce
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MessageSujet: Re: Umberto Giordano   Umberto Giordano EmptyLun 23 Aoû 2010 - 12:01

DavidLeMarrec a écrit:
Bien sûr, mais tu n'avais pas l'air aussi convaincu, tu disais en particulier que tu étais peu touché.

C'est pas un reproche, hein, il est évident qu'on a des sensibilités différentes et ça se voit d'ailleurs très bien dans les sujets où nous traînons et notre façon d'aborder les répertoires.

Si tu as aimé Chénier et Fedora, dans le même genre des conversations rapides et des airs très lyriques, il y a bien sûr Adrienne Lecouvreur, que je ne suis pas sûr que tu aies écoutée en entier. Après, il y a d'autres trucs sympas, mais un peu diférents, et surtout moins incontournables niveau célébrité.

Pour info, dans l'opéra italien de l'époque, j'adore Cassandra de Gnecchi et I Medici de Leoncavallo. bounce

J'ai écouté justement Adriana Lecouvreur en entier. J'ai un enregistement live avec Caballé, Domingo et Coster dans un coffret consacré à Domingo.
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MessageSujet: Re: Umberto Giordano   Umberto Giordano EmptyLun 23 Aoû 2010 - 12:04

Et tu as aussi le sentiment de cette parenté et de ces différentes ?
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MessageSujet: Re: Umberto Giordano   Umberto Giordano EmptyLun 23 Aoû 2010 - 12:07

DavidLeMarrec a écrit:
Et tu as aussi le sentiment de cette parenté et de ces différentes ?

Adriana Lecouvreur se rapproche effectivement de ces deux opéras de Giordano. Je le trouve même plus proche de Fedora que d'Andrea Chénier.
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MessageSujet: Re: Umberto Giordano   Umberto Giordano EmptyLun 23 Aoû 2010 - 12:27

Possible, à quel titre tu sens le rapprochement plus intense ? J'aurais dit l'inverse, spontanément (à cause des conversations rapides qui ouvrent les oeuvres et des gros thèmes lyriques, moins présents dans Fedora avant le dernier acte), mais comme j'aime plus les deux que tu rapproches, ça m'intéresse !
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MessageSujet: Re: Umberto Giordano   Umberto Giordano EmptyLun 23 Aoû 2010 - 12:51

DavidLeMarrec a écrit:
Possible, à quel titre tu sens le rapprochement plus intense ? J'aurais dit l'inverse, spontanément (à cause des conversations rapides qui ouvrent les oeuvres et des gros thèmes lyriques, moins présents dans Fedora avant le dernier acte), mais comme j'aime plus les deux que tu rapproches, ça m'intéresse !

Je rapproche Adriana Lecouvreur de Fedora pour l'atmosphère qui se dégage des deux oeuvres. Ce n'est pas un rapprochement strictement musical. Tu as tout à fait raison quand tu rapproches sur le plan musical Andrea Chénier d'Adriana Lecouvreur.
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MessageSujet: Re: Umberto Giordano   Umberto Giordano EmptyLun 23 Aoû 2010 - 13:14

Je parlais aussi d'atmosphère, en l'occurrence, c'est pourquoi je suis curieux. Tu pourrais préciser ce qui te paraît plus commun dans l'atmosphère ? Very Happy
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MessageSujet: Re: Umberto Giordano   Umberto Giordano EmptyLun 23 Aoû 2010 - 13:17

DavidLeMarrec a écrit:
Je parlais aussi d'atmosphère, en l'occurrence, c'est pourquoi je suis curieux. Tu pourrais préciser ce qui te paraît plus commun dans l'atmosphère ? Very Happy

Je trouve que l'aspect sociétal est plus marqué dans Fedora et Adriana Lecouvreur que dans Andrea Chénier. Andrea Chénier est plus axé sur la Révolution française. Il n'y a que le premier acte qui se passe chez les Coigny.
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MessageSujet: Re: Umberto Giordano   Umberto Giordano EmptyLun 23 Aoû 2010 - 13:25

A priori comme ça justement j'ai l'impression avec Adriana Lecouvreur comme avec Fedora d'un tissu musical plus serré et plus opaque, plus continu, plus cohérent, alors qu'avec Andréa Chénier j'ai davantage le sentiment justement de quelque chose de conversationnel coupée par des moments très lyriques pour ne pas dire pompiers (bizarrement je n'entends rien de lourd ou d'insistant dans Adriana Lecouvreur, sauf peut être cet air pour ténor que je n'aime pas beaucoup). Avec Francesca da Rimini Fedora et Adriana sont un peu mon trio gagnant de la période. Peut-être aussi pour la couleur plus féminine et quelque chose d'un peu morbide qui fait de la mort une délivrance et non pas une apothéose.

Cela dit plus j'y pense et pour le coup mieux je vois aussi les rapprochements de structure que tu fais avec Andrea Chénier.

J'écris tout ça en écoutant du Vierne ... lol!

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MessageSujet: Re: Umberto Giordano   Umberto Giordano EmptyLun 23 Aoû 2010 - 13:27

@ Aurèle :

Ah oui, ok, vraiment une parenté dans la thématique du livret. Oui, c'est vrai, mais on pourrait aussi rapprocher le côté "grande aristocratie" de Chénier et Lecouvreur (pour les dates en revanche, ça cadre très bien).

Je pensais plutôt à l'atmosphère de conversation agitée entrecoupée de lyrisme, donc disons plus le caractère que la thématique, d'où notre divergence. mains
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MessageSujet: Re: Umberto Giordano   Umberto Giordano EmptyLun 23 Aoû 2010 - 13:31

[quote="Grégoire de la Tour"](bizarrement je n'entends rien de lourd ou d'insistant dans Adriana Lecouvreur,|/quote]
Même le motif de la Princesse de Bouillon ? Surprised C'est ce qui m'a agacé d'ailleurs. On dirait une mauvaise parodie du motif agité de Leonora dans la Force du Destin.

Citation :
J'écris tout ça en écoutant du Vierne ... lol!
Je t'en prie, n'hésite pas à harmoniser écoute et propos. Cool
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MessageSujet: Re: Umberto Giordano   Umberto Giordano EmptyLun 23 Aoû 2010 - 13:39

Oui la Princesse de Bouillon c'est post-verdien en diable et pas léger, léger ... mais j'ai le sentiment de quelque chose de très romantique en fait (et j'aime bien ça ici) et pas de naturaliste, alors que les emportements mascagniens de Chénier ... c'est autre chose.

Cela dit je rentre dans quelque chose de subjectif et de peu mesurable parce qu'au fond (sur l'alternance conversation violente et moments lyriques) tu as parfaitement raison quant à la parenté des deux oeuvres. Disons que le hiatus me semble moins violent et la partition de Cilea plus inspirée au moment où on passe de l'un à l'autre. Mais j'aurais du mal à argumenter musicalement cette impression.
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MessageSujet: Re: Umberto Giordano   Umberto Giordano EmptyLun 23 Aoû 2010 - 13:40

Grégoire de la Tour a écrit:
Oui la Princesse de Bouillon c'est post-verdien en diable et pas léger, léger ... mais j'ai le sentiment de quelque chose de très romantique en fait (et j'aime bien ça ici) et pas de naturaliste, alors que les emportements mascagniens de Chénier ... c'est autre chose.
Oui, tout à fait.

Citation :
Disons que le hiatus me semble moins violent et la partition de Cilea plus inspirée au moment où on passe de l'un à l'autre. Mais j'aurais du mal à argumenter musicalement cette impression.
Tu n'en as même pas besoin puisqu'en l'occurrence, je suis d'accord. Mr. Green
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MessageSujet: Re: Umberto Giordano   Umberto Giordano EmptySam 6 Déc 2014 - 19:43

Smile Pour Andrea Chénier, y a quand même beaucoup de versions en CD.

Quelles sont les 2-3 versions qui vous apparaissent prioritaires ?






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MessageSujet: Re: Umberto Giordano   Umberto Giordano EmptySam 6 Déc 2014 - 23:58

Mélomaniac a écrit:
Smile Pour Andrea Chénier, y a quand même beaucoup de versions en CD.

Quelles sont les 2-3 versions qui vous apparaissent prioritaires ?

Umberto Giordano Callas_Chenier
Callas, Del Monaco, Votto, en direct à La Scala

Umberto Giordano 3733184
Tebaldi, Corelli, Matacic, en direct à Vienne

Umberto Giordano 0002894254072_600
Studio...

En gros je tourne sur ces trois là, avec une préférence pour la dernière pour la qualité technique et l'affrontement/fusion de deux voix qui vont si bien ensembles : Tebaldi et Del Monaco, dans le duo final c'est immense
/watch?v=RgeLJabuAx4

Matacic et Votto sont en direct (1960 et 1955) dans des prises de son pas parfaites : lointaine pour les voix dans le premier cas et pas très nette pour Votto...
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MessageSujet: Re: Umberto Giordano   Umberto Giordano EmptyDim 7 Déc 2014 - 9:23

Ah la la ! Dur dur ; globalement, je dirais spontanément comme Poly'.
Mais avec quelques petites hésitations : je garderais Votto/Callas mais, pouvant du coup me dispenser d'un autre Del Monaco, j'éliminerais le studio avec Tebaldi et je conserverais effectivement Matacic ou alors Basile à la RAI avec Soler et Savarese (Tebaldi gloriosissime : http://www.amazon.fr/Andrea-Chenier-Giordano/dp/B0000695US/ref=sr_1_1?s=music&ie=UTF8&qid=1417940348&sr=1-1&keywords=tebaldi+chenier+soler ) ; je reste très fidèle au studio de Santini pour Corelli/Stella/Sereni (lui, trop sous-estimé à mon avis, cf. son formidable Germont avec Callas/Ghione), http://www.prestoclassical.co.uk/r/EMI/5598122 ; et le profil "poète" appelle, à mon avis, pour être complet, de se frotter à l'incarnation suprême de Bergonzi (ici avec Gulin/Milnes sous la baguette urgente de Guadagno, http://www.amazon.fr/Umberto-Giordano-Georgette-Philharmonic-Orchestra/dp/B007R3C7KO/ref=sr_1_18?s=music&ie=UTF8&qid=1417940482&sr=1-18&keywords=bergonzi+chenier ).
Ceci restant une de mes poires pour la soif : /watch?v=PQ4aiuX3L8E (en regrettant de ne pas en avoir plus Sad ) !
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MessageSujet: Re: Umberto Giordano   Umberto Giordano EmptyDim 7 Déc 2014 - 13:18

Je ne suis vraiment pas un fanatique de l'œuvre, Mascagni n'est pas Leoncavallo ni Cilea, on n'y trouvera pas les mêmes raffinements. Les moments archaïsants, par exemple, sont assez sommaires, et la veine mélodique, pour un opéra essentiellement glottophile, est vraiment banale, pour ne pas dire pauvre. Livret médiocre également.
S'il n'y avait pas ces grandes voix qui s'y sont succédées, on ne jouerait plus ça.

Parmi les post-verdiens, je te conseille d'écouter La Gioconda de Ponchielli, La Lorelei de Catalani, I Medici de Leoncavallo, L'Amico Fritz de Mascagni, Francesca da Rimini de Zandonai, Adriana Lecouvreur de Cilea, L'amore di tre re de Montemezzi (ces deux derniers devraient te plaire particulièrement) et plus loin, bien sûr, Volo di notte de Dallapiccola…

Chez les « véristes », Wally et Chénier me paraissent clairement des seconds choix, malgré leur notoriété.

--

Après, pour les versions de Chénier, il n'y en a pas tant, malgré les distributions hallucinantes (et essentiellement avec des gens que j'aime), qui me plaisent. Il faut dire que la musique se fond assez mal dans les personnages (la petite Maddalena qui aboie, le poète qui bombe le torse comme un reître, le méchant d'opérette qui devient gentil…), donc il est difficile de convaincre.

Je suis très tenté par la version Basile 52 (Tebaldi, Soler, Savarese), que je n'ai pas trouvée à ce jour (c'est libre de droits et ils sont tous morts, alors je voulais éviter de l'acheter Mr. Green ), parce qu'elle contient trois chouchous personnels, dont deux qui ont cumulé peu de témoignages intégraux.

Sinon, dans celles que j'ai écoutées, j'ai seulement trois références qui ne me frustrent pas.

Guadagno 70 (Gulín, Bergonzi, Milnes), plus délicate que les autres, tout le monde chante avec une certaine élégance. Certes à pleine voix, mais sans trompetter comme la plupart des versions — et je te prie de croire que lorsque les voix ne sont que moyennes, ça fait mal. Mr. Green

Et puis les deux studios les plus célèbres :

Gavazzeni 57 (Tebaldi, Del Monaco, Bastianini), très investie, avec des voix d'airain superbes.

Santini 64 (Stella, Corelli, Sereni). Même s'il faut aimer le degulinando sempre de Corelli, ça fonctionne assez bien ici, et il n'y a pas trop d'effets véristes. Santini n'est pas aussi intéressant que les deux autres, mais ça se tient bien, et surtout il y a Stella et Sereni (pour moi les deux meilleurs dans leurs rôles).
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MessageSujet: Re: Umberto Giordano   Umberto Giordano EmptyLun 8 Déc 2014 - 21:06

Smile Merci pour les conseils alternatifs dans le répertoire italien -je suis évidemment preneur.
J'avais déjà commandé Lecouvreur (par Levine chez RCA), m'en vais regarder les autres pistes.

Pour Chénier, je pense opter pour Gavazzeni (Decca), et peut-être aussi pour une version scaligère que vous n'avez pas citée mais dont j'ai lu grand bien dans un Guide : De Fabritiis (1941, réédition Emi, avec Beniamino Gigli), c'est bon ça ?





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MessageSujet: Re: Umberto Giordano   Umberto Giordano EmptyLun 8 Déc 2014 - 22:16

Mélomaniac a écrit:
J'avais déjà commandé Lecouvreur (par Levine chez RCA), m'en vais regarder les autres pistes.
Oh, Levine, c'est dommage, ça manque vraiment de grâce… et les moments plus primesautiers sont chantés avec beaucoup de sérieux. (Si jamais tu collectionnes, va vers Capuana ensuite.)


Citation :
De Fabritiis (1941, réédition Emi, avec Beniamino Gigli), c'est bon ça ?

Difficile de te dire, moi je n'aime pas Gigli (à la fois aigrelet, couvert de partout et sans relief verbal). C'est clairement son meilleur rôle, à mon avis, ça le met très bien en valeur (le côté stratosphérique intouchable). Mais on entend mal l'orchestre, quand même, et le moins qu'on puisse dire est que ce n'est pas très ardent.
Enfin, si c'est cette version Gigli que j'ai écoutée, je ne suis plus sûr, mais en principe il n'y en a pas des milliers.
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