Autour de la musique classique Le but de ce forum est d'être un espace dédié principalement à la musique classique sous toutes ses périodes, mais aussi ouvert à d'autres genres. |
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Auteur | Message |
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Cello Chtchello
Nombre de messages : 5766 Date d'inscription : 03/01/2007
| Sujet: Re: Lectures Ven 26 Nov 2010 - 15:48 | |
| - Percy Bysshe a écrit:
- Erwin Panofsky: La vie et l'art d'Albrecht Dürer
Ca a l'air chouette ça. - Percy Bysshe a écrit:
- Je suis sur le point de commencer le Décaméron de Boccace...
Et ça, c'est merveilleux. |
| | | Percy Bysshe Mélomane chevronné
Nombre de messages : 9940 Date d'inscription : 06/04/2009
| Sujet: Re: Lectures Ven 26 Nov 2010 - 16:38 | |
| - Cello a écrit:
- Percy Bysshe a écrit:
- Erwin Panofsky: La vie et l'art d'Albrecht Dürer
Ca a l'air chouette ça. Ca l'est. (sauf les illustrations, en noir et blanc) - Citation :
- Percy Bysshe a écrit:
- Je suis sur le point de commencer le Décaméron de Boccace...
Et ça, c'est merveilleux. Je vais voir ça. |
| | | Wolferl Lapinophobe
Nombre de messages : 13311 Age : 34 Localisation : Paris Date d'inscription : 27/06/2006
| Sujet: Re: Lectures Sam 27 Nov 2010 - 15:06 | |
| - Percy Bysshe a écrit:
- Hugo y développe tout sa verve rhétorique et la puissance de son inspiration; les images sont fortes, le propos acéré, et Hugo, au-dessus du gouffre de la grandiloquence et du Verbe emphatique, s'exprime avec l'aisance virulente et sans ambages qui est la sienne, ici peut-être plus que n'importe où ailleurs.
Tout cela pour la modique somme de vingt-cinq euros, messieurs-dames, n'hésitez plus ! |
| | | Percy Bysshe Mélomane chevronné
Nombre de messages : 9940 Date d'inscription : 06/04/2009
| Sujet: Re: Lectures Sam 27 Nov 2010 - 15:14 | |
| Vingt-cinq euros? Quelle marge! |
| | | Percy Bysshe Mélomane chevronné
Nombre de messages : 9940 Date d'inscription : 06/04/2009
| Sujet: Re: Lectures Lun 29 Nov 2010 - 23:32 | |
| Je me lis les Ecrits de guerre de Saint-Ex. |
| | | Percy Bysshe Mélomane chevronné
Nombre de messages : 9940 Date d'inscription : 06/04/2009
| Sujet: Re: Lectures Mer 1 Déc 2010 - 21:22 | |
| Ce soir, pour me détendre, j'ai lu La Dame de pique de Pouchkine, superbe! Une sorte de mélange entre la tension irréelle d'un Dostoïevski, les portraits psychologiques tolstoïens et l'ironie finale des nouvelles de Tchekov, le tout en condensé. |
| | | Mariefran Mélomane nécrophile
Nombre de messages : 14259 Age : 63 Localisation : Lille Date d'inscription : 25/02/2008
| Sujet: Re: Lectures Mer 1 Déc 2010 - 21:59 | |
| Bof, je trouve ça moyen, moi. Je le fais de temps à autre avec mes élèves de 4°. |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97901 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Lectures Mer 1 Déc 2010 - 22:04 | |
| Moyen ? Ces caractères à la serpe, c'est remarquable. Et la façon dont Tchaïkovsky le convertit en drame romantique est tout aussi mémorable. |
| | | Mariefran Mélomane nécrophile
Nombre de messages : 14259 Age : 63 Localisation : Lille Date d'inscription : 25/02/2008
| Sujet: Re: Lectures Mer 1 Déc 2010 - 22:06 | |
| Disons que je ne suis guère sensible à la littérature russe, pour vous faire plaisir… |
| | | Pison Futé patate power
Nombre de messages : 27496 Age : 33 Localisation : CAEN, la meilleure ville de toute la Normandie. Date d'inscription : 23/03/2008
| Sujet: Re: Lectures Mer 1 Déc 2010 - 22:11 | |
| - Mariefran a écrit:
- Disons que je ne suis guère sensible à la littérature russe, pour vous faire plaisir…
Au pilori ! |
| | | Mariefran Mélomane nécrophile
Nombre de messages : 14259 Age : 63 Localisation : Lille Date d'inscription : 25/02/2008
| Sujet: Re: Lectures Mer 1 Déc 2010 - 22:13 | |
| Oui, j'adore qu'on me torture. Sans rire, j'ai beaucoup aimé les Russes quand j'avais 20 ans, maintenant… j'aime surtout les musiciens russes. |
| | | calbo Pertusienne
Nombre de messages : 28126 Age : 53 Localisation : Pictavia Date d'inscription : 29/08/2006
| Sujet: Re: Lectures Mer 1 Déc 2010 - 22:14 | |
| Ca compense |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97901 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Lectures Mer 1 Déc 2010 - 23:43 | |
| - Mariefran a écrit:
- Disons que je ne suis guère sensible à la littérature russe, pour vous faire plaisir…
Ah. C'est mal. Et tu lis au moins des littératures hongroises ou serbo-croates, pour ne pas t'attirer mon mépris éternel ? |
| | | Pison Futé patate power
Nombre de messages : 27496 Age : 33 Localisation : CAEN, la meilleure ville de toute la Normandie. Date d'inscription : 23/03/2008
| Sujet: Re: Lectures Mer 1 Déc 2010 - 23:52 | |
| En même temps, elle perdrait quoi ? |
| | | Jorge Caliméro baroqueux
Nombre de messages : 6307 Age : 36 Localisation : Strossburi Date d'inscription : 20/10/2005
| Sujet: Re: Lectures Jeu 2 Déc 2010 - 12:31 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
- Mariefran a écrit:
- Disons que je ne suis guère sensible à la littérature russe, pour vous faire plaisir…
Ah.
C'est mal. Et tu lis au moins des littératures hongroises ou serbo-croates, pour ne pas t'attirer mon mépris éternel ? L'univers de la littérature russe est également un univers dans lequel j'ai du mal à entrer. Ça ne me parle pas, je reste extérieur aux drames qui, généralement, s'y jouent. La philosophie qui transpirent de ces ouvrages ne me touche pas et la façon de traiter les personnages m'est assez peu supportable. N'empêche que je m'obstine à en lire... Alors que je suis sensible à la littérature hongroise et tchèque (la vraie, hein, pas Kundera). On y sent cette droiture et cette nostalgie sobre de ces pays éternellement troublés. |
| | | Ophanin Fer galant
Nombre de messages : 4576 Age : 37 Date d'inscription : 13/12/2008
| Sujet: Re: Lectures Jeu 2 Déc 2010 - 23:16 | |
| - Citation :
- Le ciel d'étain au ciel de cuivre
Succède. La nuit fait un pas. Les choses de l'ombre vont vivre. Les arbres se parlent tout bas.
Le vent, soufflant des empyrées, Fait frissonner dans l'onde, où luit Le drap d'or des claires soirées, Les sombres moires de la nuit.
Puis la nuit fait un pas encore. Tout à l'heure, tout écoutait. Maintenant nul bruit n'ose éclore ; Tout s'enfuit, se cache et se tait.
Tout ce qui vit, existe ou pense, Regarde avec anxiété S'avancer ce sombre silence Dans cette sombre immensité.
C'est l'heure où toute créature Sent distinctement dans les cieux, Dans la grande étendue obscure, Le grand LULLY mystérieux ! (Hector Hugo, "la nuit" dans Tout LULLY)En ce moment, je découvre la poésie hugolienne et c'est très amusant, puissamment inspiré. Je n'avais jamais tenté de lire un seul de ses livres ni recueils, la faute aux cours de Français, peut être.
Dernière édition par Ophanin le Ven 3 Déc 2010 - 11:43, édité 1 fois |
| | | arnaud bellemontagne Gourou-leader
Nombre de messages : 25927 Date d'inscription : 22/01/2010
| Sujet: Re: Lectures Ven 3 Déc 2010 - 11:30 | |
| Marrant que t'en parle parce que ça a été la même chose pour moi. Hugo represente tellement la vitrine générique de la littérature française (un peu comme la Joconde pour "les arts") qu'on croit le connaitre, alors qu'il est une singularité absolue. Je l'ai finalement decouvert il y a peu et ça a été un pur eblouissement. C'est un peu le principe de la lettre volée, il est tellement present qu'il passe inaperçu...comme le papier peint ou les lunettes que l'on a sur le nez. |
| | | Percy Bysshe Mélomane chevronné
Nombre de messages : 9940 Date d'inscription : 06/04/2009
| Sujet: Re: Lectures Ven 3 Déc 2010 - 11:45 | |
| - arnaud bellemontagne a écrit:
- Marrant que t'en parle parce que ça a été la même chose pour moi.
Hugo represente tellement la vitrine générique de la littérature française (un peu comme la Joconde pour "les arts") qu'on croit le connaitre, alors qu'il est une singularité absolue. Oui, enfin il y a connaître le personnage (ou bien avoir vu le film sur Les misérables...), et connaître ses écrits (bien peu de gens en vérité). Cette dualité est la source du problème. |
| | | Ophanin Fer galant
Nombre de messages : 4576 Age : 37 Date d'inscription : 13/12/2008
| Sujet: Re: Lectures Ven 3 Déc 2010 - 11:48 | |
| Le personnage est difficile à rater. On y coupe pas. |
| | | aurele Mélomane chevronné
Nombre de messages : 23541 Age : 33 Date d'inscription : 12/10/2008
| Sujet: Re: Lectures Ven 3 Déc 2010 - 18:08 | |
| Vies Minuscules de Pierre Michon :
Je suis très content que notre professeure de français ait choisi pour son programme de khôlle parmi les trois oeuvres que nous avions, celle-ci. J'ai eu un véritable coup de coeur. En effet, j'ai trouvé l'écriture de Michon magnifique, sensible malgré une dimension grandiloquente. Il y a un recherche au niveau des mots, des images, etc... Le vocabulaire employé n'est pas spécialement simple. Il faut réussir à rentrer dans son univers. La "Vie d'André Dufourneau" et la "Vie d'Antoine Peluchet" qui sont les deux premières ne sont pas les plus passionnantes ou celles que j'ai préféré. Les plus touchantes sont pour moi "Vie d'Eugène et de Clara", "Vie du père Foucault" et "Vie de la petite morte". C"est aussi une oeuvre qui évidemment est liée intimement à la question de la mémoire de part sa dimension autobiographique. La figure du père absent est centrale et la réflexion sur l'écriture est fondamentale. Il y a toute une intertextualité et il faut une certaine culture pour comprendre les références, il faut faire des recherches parfois. Il faut savoir que Michon l'an dernier est tombé à l'oral de l'ENS en français. C'est un auteur qui est donc considéré comme un classique.
Les Mots de Sartre :
C'était l'une des autres oeuvres à lire pour la khôlle. Cela se lit très rapidement car au niveau du style, c'est évidemment beaucoup moins complexe que Michon. La réflexion sur la lecture et l'écriture est intéressante. Après, on est loin de la profondeur de Michon puisque cette oeuvre est centralisée sur le "je" et non sur des vies de "petites gens" gravitant autour de celui-ci. Il y a des images intéressantes et la réflexion de Sartre sur lui-même et sur les personnes qu'il cotoie n'est pas dénuée d'intérêt. Il y a des passages qui font sourire le lecteur lorsqu'il évoque en particulier son rapport à l'écriture lorsqu'il écrivait étant enfant, c'est plaisant. Néanmoins, je ne supporte pas le pédantisme de Sartre. Je le trouve plutôt imbu de lui-même. Il donne une image assez négative de lui dans cette oeuvre. Je pense que c'est voulu. En effet, Sartre manie évidemment l'ironie et a un esprit critique certain. Il fait une sorte de démistification.
Si vous n'allez pas lu ces deux oeuvres, je vous les conseille. Je pense que je ne relirai probablement pas Les Mots ou alors il faudra un motif précis pour que je relise cette oeuvre. En revanche, il est évident que je relirai cette oeuvre de Pierre Michon et je redécouvrirai certainement des choses. |
| | | Mariefran Mélomane nécrophile
Nombre de messages : 14259 Age : 63 Localisation : Lille Date d'inscription : 25/02/2008
| Sujet: Re: Lectures Ven 3 Déc 2010 - 18:12 | |
| - aurele a écrit:
- Cela se lit très rapidement car au niveau du style, c'est évidemment beaucoup moins complexe que Michon. La réflexion sur la lecture et l'écriture est intéressante. Après, on est loin de la profondeur de Michon puisque cette oeuvre est centralisée sur le "je" et non sur des vies de "petites gens" gravitant autour de celui-ci.
Tu n'as sans doute pas bien approfondi ta lecture. Qu'est-ce qui faut pas lire des fois… Vies minuscules, c'est minuscule, à côté des Mots… |
| | | aurele Mélomane chevronné
Nombre de messages : 23541 Age : 33 Date d'inscription : 12/10/2008
| Sujet: Re: Lectures Ven 3 Déc 2010 - 18:18 | |
| - Mariefran a écrit:
- Tu n'as sans doute pas bien approfondi ta lecture. Qu'est-ce qui faut pas lire des fois… Vies minuscules, c'est minuscule, à côté des Mots…
C'est ton point de vue de lectrice ou de professseure de lettres? Honnêtement, Les Mots, c'est une oeuvre autobiographique majeure du XXe siècle, je le reconnais parfaitement. Néanmoins, tant sur le plan stylistique que de ce qui a raconté, cela ne m'a pas accroché plus que cela voire touché. L'enfance de Sartre me laisse totalement indifférent. Tu n'argumentes pas Mariefran pour me dire en quoi Sartre, c'est mieux que Michon. |
| | | Mariefran Mélomane nécrophile
Nombre de messages : 14259 Age : 63 Localisation : Lille Date d'inscription : 25/02/2008
| Sujet: Re: Lectures Ven 3 Déc 2010 - 18:43 | |
| Michon, tout d'abord : écrivaillon fin de siècle très à la mode. A écrit un assez bon livre, Vies minuscules, justement. En ces temps où de mauvaises langues pourraient signer l'arrêt de mort de la littérature française visible, des écrivains comme Michon ou Quignard sont les deux seuls écrivains vivants que les universitaires ont à se mettre sous la dent. Michon, c'est une écriture ultra classique, 3 métaphores reprises inlassablement, une écriture qui ne peut que tourner en rond. Sartre et les Mots. Tiens, c'est marrant, c'est ce bouquin qui assassine la littérature et le mythe de l'écrivain à la Hugo ou à la Balzac. Il ferme l'écriture autobiographique, finissant son livre là où Rousseau avait commencé Les Confessions. Quand tu parles du style des Mots, c'est risible. Dans ce bouquin, chaque mot est pesé et en résonance avec les autres. C'est drôle, en plus, d'une ironie féroce. Les Mots, c'est la mise à nu d'un mythe qui s'appelait Sartre. Sartre écrit son tombeau et c'est bien sûr en toute connaissance de cause. Philosophe, romancier, dramaturge, engagé dans son siècle, un personnage à la Hugo qui signe l'arrêt de mort de la littérature classique. C'est aussi le plus beau livre écrit sur l'amour de la littérature. |
| | | Francoistit Mélomaniaque
Nombre de messages : 917 Age : 31 Date d'inscription : 28/01/2010
| Sujet: Re: Lectures Ven 3 Déc 2010 - 18:55 | |
| Tiens si on parle de roman autobiographique:
"Balzac et la petite tailleuse chinoise" de Dai Sijie: Ca va, pas trop mal, Ecriture assez facile à lire, ca reste assez banal.
Biographie de la Faim d' Amélie Nothomb:
Bien pour le vocabulaire, j'aime assez, mais je suis qu'au début. |
| | | Wagneropathe Mélomaniaque
Nombre de messages : 1476 Age : 33 Localisation : Paris Date d'inscription : 01/06/2010
| Sujet: Re: Lectures Ven 3 Déc 2010 - 18:59 | |
| - Mariefran a écrit:
- aurele a écrit:
- Cela se lit très rapidement car au niveau du style, c'est évidemment beaucoup moins complexe que Michon. La réflexion sur la lecture et l'écriture est intéressante. Après, on est loin de la profondeur de Michon puisque cette oeuvre est centralisée sur le "je" et non sur des vies de "petites gens" gravitant autour de celui-ci.
Tu n'as sans doute pas bien approfondi ta lecture. Qu'est-ce qui faut pas lire des fois… Vies minuscules, c'est minuscule, à côté des Mots… Oui, les Mots pas très profonds je trouvais ça étrange aussi... |
| | | aurele Mélomane chevronné
Nombre de messages : 23541 Age : 33 Date d'inscription : 12/10/2008
| Sujet: Re: Lectures Ven 3 Déc 2010 - 19:08 | |
| - Mariefran a écrit:
- Michon, tout d'abord : écrivaillon fin de siècle très à la mode. A écrit un assez bon livre, Vies minuscules, justement. En ces temps où de mauvaises langues pourraient signer l'arrêt de mort de la littérature française visible, des écrivains comme Michon ou Quignard sont les deux seuls écrivains vivants que les universitaires ont à se mettre sous la dent. Michon, c'est une écriture ultra classique, 3 métaphores reprises inlassablement, une écriture qui ne peut que tourner en rond.
Sartre et les Mots. Tiens, c'est marrant, c'est ce bouquin qui assassine la littérature et le mythe de l'écrivain à la Hugo ou à la Balzac. Il ferme l'écriture autobiographique, finissant son livre là où Rousseau avait commencé Les Confessions. Quand tu parles du style des Mots, c'est risible. Dans ce bouquin, chaque mot est pesé et en résonance avec les autres. C'est drôle, en plus, d'une ironie féroce. Les Mots, c'est la mise à nu d'un mythe qui s'appelait Sartre. Sartre écrit son tombeau et c'est bien sûr en toute connaissance de cause. Philosophe, romancier, dramaturge, engagé dans son siècle, un personnage à la Hugo qui signe l'arrêt de mort de la littérature classique. C'est aussi le plus beau livre écrit sur l'amour de la littérature. C'est très sévère envers Michon mais comme je ne connais pas ses autres oeuvres, je ne peux pas comparer. Comme je l'ai dit, j'ai été touché par certaines de ces vies. Sartre est un écrivain majeur du XXe siècle au même titre que Camus et d'autres évidemment. Je ne connais pas encore son théâtre. De Sartre, je n'avais lu en entier que L'existentialisme est un humanisme qu'on avait étudié en philo en terminale. En revanche, la personnalité de Sartre m'a agacé dans Les Mots. L'an dernier, il y avait au programme en français en khâgne Les Mains sales. Que me conseilles tu de lire de Sartre? |
| | | Mariefran Mélomane nécrophile
Nombre de messages : 14259 Age : 63 Localisation : Lille Date d'inscription : 25/02/2008
| Sujet: Re: Lectures Ven 3 Déc 2010 - 19:13 | |
| Les nouvelles du Mur, La Nausée, Huis clos, les Séquestrés d'Altona, tous les Situations. |
| | | Octavian Glasse les fraises
Nombre de messages : 7333 Age : 41 Localisation : Près du Vieux Port Date d'inscription : 07/05/2008
| Sujet: Re: Lectures Ven 3 Déc 2010 - 20:58 | |
| Mariefran je ne peux pas te laisser dire ça de Michon, surtout à un jeune aussi impressionnable qu'Aurèle. Écrivaillon à la mode ?? Bon d'accord il a une cote immense chez les universitaires (effectivement avec Quignard, quoique les deux n'aient pas des masses de chose en commun... mais pas qu'eux deux non plus, tu es sévère sur la production contemporaine). Bon. Mais en dehors de ça ? En termes d'écrivain à la mode, c'est pas vraiment le rival d'Amélie Nothomb ou de Guillaume Musso. Quant aux "3 métaphores reprises inlassablement, une écriture qui ne peut que tourner en rond", là, permets-moi de te dire que tu es à côté de la plaque ! Je crois comprendre ce que tu veux dire, mais c'est très injuste comme résumé et ça prend les choses par le mauvais bout. L'ambition de l'écriture de Michon, c'est de produire de textes narratifs en prose qui soient comparables à des sonnets : brefs, clos sur eux-mêmes, où tout se tient. Et que tout ça vibre. Vies minuscules, ce n'est pas ce que je préfère de lui, même s'il y a des passages admirables (la "Vie d'Antoine Peluchet", terrible, plusieurs fois que je la relis sans m'en lasser). Sinon, avant qu'Aurèle ne me pose la question, je n'ai pas tout lu de lui, mais je recommanderais en priorité La Grande Beune (dont, je ne saurais trop expliquer pourquoi, j'ai tendance à associer l'atmosphère à celle d' Un balcon en forêt de Gracq...), Mythologies d'hiver, et Les Onze (son grand œuvre ? en tout cas un assez formidable précipité de ses inspirations). Et, pour le côté "utilité khâgneuse" mais pas seulement (aussi pour le plaisir), le recueil d'entretiens paru sous le titre Le roi vient quand il veut (en plus ça a été réédité en Livre de Poche). Tiens, ça me donne envie de me plonger ce soir dans Maîtres et serviteurs qui m'attend depuis un moment. Sur Sartre... bon, je suis heureux pour toi que tu voies autant de choses que ça dans Les Mots, je m'en voudrais de m'opposer à un si bel enthousiasme, mais j'ai quand même du mal à le partager entièrement. Et les titres que je retiendrais de lui ne sont clairement pas les mêmes que les tiens (rien que Huis clos, déjà, une de ses plus mauvaises pièces à mes yeux, alors que de façon générale c'est encore son théâtre que je préfère...). |
| | | Mariefran Mélomane nécrophile
Nombre de messages : 14259 Age : 63 Localisation : Lille Date d'inscription : 25/02/2008
| Sujet: Re: Lectures Ven 3 Déc 2010 - 21:37 | |
| - Octavian a écrit:
- mais je recommanderais en priorité La Grande Beune (dont, je ne saurais trop expliquer pourquoi, j'ai tendance à associer l'atmosphère à celle d'Un balcon en forêt de Gracq...)
Je n'ai pas envie de polémiquer mais précisément, celui-là, c'est, à mes yeux, le faux bon livre par excellence ! Quand je parle des 3 métaphores, c'est à lui que je pense… Je ne sens rien de naturel dans l'écriture, je vois le type écrire chaque mot en pensant faire une belle œuvre… Et ne viens pas me dire que c'est parce qu'il ne se passe rien que je n'aime pas, j'aime beaucoup Nathalie Sarraute. - Citation :
- En termes d'écrivain à la mode, c'est pas vraiment le rival d'Amélie Nothomb ou de Guillaume Musso.
Je n'ai lu qu'un Nothomb et ne connais pas Musso. |
| | | Jorge Caliméro baroqueux
Nombre de messages : 6307 Age : 36 Localisation : Strossburi Date d'inscription : 20/10/2005
| Sujet: Re: Lectures Ven 3 Déc 2010 - 21:44 | |
| Et pour Quignard, vous conseillez quels livres ? |
| | | aurele Mélomane chevronné
Nombre de messages : 23541 Age : 33 Date d'inscription : 12/10/2008
| Sujet: Re: Lectures Ven 3 Déc 2010 - 21:55 | |
| Les passage de Vies minuscules proposé à un candidat de 2010 à l'ENS d'Ulm à l'oral de français était l'incipit. Comme la liste des textes proposés n'est pas exhaustive dans le rapport de jury, il y en a peut être eu d'autres. Je ne sais pas si Quignard a déjà été proposé lors d'un concours en oral de français. |
| | | Mariefran Mélomane nécrophile
Nombre de messages : 14259 Age : 63 Localisation : Lille Date d'inscription : 25/02/2008
| Sujet: Re: Lectures Ven 3 Déc 2010 - 21:59 | |
| Les tablettes de buis d'Apronenia Avitia, Le Salon du Wurtemberg, Carus. Et j'ai beaucoup aimé la couleur de Villa Amalia. |
| | | Octavian Glasse les fraises
Nombre de messages : 7333 Age : 41 Localisation : Près du Vieux Port Date d'inscription : 07/05/2008
| Sujet: Re: Lectures Ven 3 Déc 2010 - 22:44 | |
| - Mariefran a écrit:
- le faux bon livre par excellence ! Quand je parle des 3 métaphores, c'est à lui que je pense… Je ne sens rien de naturel dans l'écriture, je vois le type écrire chaque mot en pensant faire une belle œuvre…
Ah mais je ne pense pas que le naturel fasse partie de ce qui le préoccupe prioritairement !... (En même temps chez un auteur qui cite Salammbô comme un de ses premiers chocs littéraires fondateurs... ) C'est plus complexe que ça, oui il y a un goût chez lui pour le "beau morceau d'écriture", mais en même temps c'est la "belle langue" mais "estropiée", qui trouve sa valeur à être récupérée par les "barbares", les sans-voix. Enfin là je fais du résumé à la serpe, je te conseille vraiment d'aller picorer dans son recueil d'entretiens, c'est non seulement éclairant sur sa propre création, mais ça fait plutôt du bien d'entendre parler de la littérature comme ça (pas seulement de ce qu'il produit ou de son style propre). - Mariefran a écrit:
-
- Citation :
- En termes d'écrivain à la mode, c'est pas vraiment le rival d'Amélie Nothomb ou de Guillaume Musso.
Je n'ai lu qu'un Nothomb et ne connais pas Musso. Je parlais en termes de phénomène médiatique, de "mode". Musso, pour le coup, je l'ai entendu une fois à la radio (c'est depuis que je suis passé à son égard de l'indifférence au mépris légèrement haineux ), le style il a l'air de ne vraiment pas savoir ce que c'est. Ce qui compte pour lui c'est qu'il "traite des grands sujets, comme l'amour, la guerre" et qu'il écrit le français "sans faire de faute, contrairement à certains critiques", à partir de quoi, il ne voit pas en quoi ce qu'il écrit aurait moins de valeur que les œuvres de Hugo ou de Proust. - Jorge a écrit:
- Et pour Quignard, vous conseillez quels livres ?
Tous les matins du monde, La frontière, Terrasse à Rome... et côté "essais" Le sexe et l'effroi, La haine de la musique. Surtout pas Les tablettes de buis... (Pas lu Villa Amalia, mais ça me tenterait.) - aurele a écrit:
- Je ne sais pas si Quignard a déjà été proposé lors d'un concours en oral de français.
Je n'en sais rien non plus, mais ça ne m'étonnerait pas. |
| | | Mariefran Mélomane nécrophile
Nombre de messages : 14259 Age : 63 Localisation : Lille Date d'inscription : 25/02/2008
| Sujet: Re: Lectures Ven 3 Déc 2010 - 22:57 | |
| - Citation :
- mais en même temps c'est la "belle langue" mais "estropiée", qui trouve sa valeur à être récupérée par les "barbares", les sans-voix.
Tu peux m'expliquer, parce qu'à priori, ça me fait doucement marrer ? Tous les matins du monde, c'est quand même gentil comme roman… Formaté grand public. Le Salon du Wurtemberg, ça c'est quand même beaucoup plus intéressant, je trouve. L'as-tu lu ? Les Escaliers de Chambord, c'est bien aussi. |
| | | Jorge Caliméro baroqueux
Nombre de messages : 6307 Age : 36 Localisation : Strossburi Date d'inscription : 20/10/2005
| Sujet: Re: Lectures Ven 3 Déc 2010 - 23:14 | |
| Merci pour vos conseils |
| | | Octavian Glasse les fraises
Nombre de messages : 7333 Age : 41 Localisation : Près du Vieux Port Date d'inscription : 07/05/2008
| Sujet: Re: Lectures Sam 4 Déc 2010 - 0:44 | |
| - Mariefran a écrit:
- Tu peux m'expliquer, parce qu'à priori, ça me fait doucement marrer ?
J'avais prévenu que c'était à la serpe, c'est quand même plusse mieux quand c'est le monsieur qui en parle. En conséquence de quoi j'ai repris et refeuilletté (en partie) Le roi vient quand il veut. Les deux premières citations sont, je pense, les plus importantes - le reste tourne beaucoup autour de la pratique même de l'écriture de Michon, ça concerne surtout Mariefran, moi et peut-être deux ou trois autres pervers et/ou profs traînant par ici et dont je tairai pudiquement les noms. Pour les plus pressés, j'ai grassé quelques formules. J'ai mis à la fin des citations la date de l'entretien repris. - Citation :
- La brièveté est essentielle. J'incline à pense que j'écris des romans courts - densifiés, resserrés, dégraissés - plutôt que des nouvelles. Je rêve d'un roman plus pur que l'autre, le long - "aujourd'hui, je vis fabriquer un petit roman de trente pages", disait Lautréamont. Je suis toujours surpris de l'extension de cette baudruche qu'est le roman, ce fourre-tout encombré de digressions, de dialogues, d'effets de vérités, où l'énonciation se perd [...] Ce que je recherche, c'est peut-être l'épure du roman, son minimum vital, ce qui lui suffit: quelque chose comme ce que fut le sonnet à tout le champ de la poésie, cette petite prison de quatorze vers essentiels en regards d'unités poétiques certes plus souples, plus longues, plus libres - mais grevées d'inessentiel.
Je voudrais que, le livre une fois refermé, l'épure de ce récit minimal soit claire au lecteur, strictement évidente et longuement résonnante comme le sont les rimes d'un sonnet. Cette joie de la totalité embrassée et comprise est évidemment inaccessible au lecteur de roman, dont la lecture entrecoupée a pu durer une semaine, et à qui ne reste, le livre fini, qu'une tonalité générale, un feeling [...] Pour parler franc: le récit bref permet de tenir en main le lecteur, de lui interdire la lecture plurielle, de lui ôter sa liberté et de le charmer au sens fort. S'il joue le jeu, s'il se laisse prendre, il en peut tirer je crois des gratifications plus enivrantes, plus archaïques. Oui, le bref est une sorte de tyrannie. Mais ça l'est aussi pour l'auteur, qui doit être ravi lui-même s'il veut exercer ce charme: le récit bref, qu'on peut préparer pendant des mois, doit être écrit d'un seul tenant, dans l'ivresse et la fièvre, peut-être la grâce, sans retour ni repentir, sur la corde raide. Cette mise en risque ne permet que l'échec (la plupart du temps), ou la merveille d'une cinquantaine de pages retombant sur leurs pieds, comme tissées d'échos, nécessaires. Et la moindre fausse note précipite l'ensemble au panier. Le bref ne se rattrape pas.
(1989) - Citation :
- [Écrire brièvement] Je ne sais pas si c'est une contrainte. J'ai un goût (dangereux, à contrarier sans cesse) pour ce que les Anglais appellent le purple patch, le beau morceau d'écriture, le lambeau de pourpre.
Écrire court va à l'encontre des grandes machines romanesques totalisantes, avec une bonne grosse Weltanschauung bien carrée, à la mode Mitteleuropa ou américaine. Mais je vais trop loin: dans ces grandes machines, il y a aussi de bons livres. L'écrivain se coule dans le moule qu'il peut, et ce n'est pas le genre qui fait le talent. Dans notre temps de prolifération, où toute chose pullule comme le fait le Capital, on peut brandir avec délectation le Rasoir d'Occam, affûté au XIVe siècle: "Il ne faut pas multiplier le nombre des entités au-delà de ce qui est nécessaire." Par-delà ces justifications oiseuses, j'écris court pour garder intacte l'émotion, le tremblement, d'un bout à l'autre. La longueur de corde impartie au fildefériste est brève.
[...]
[Le latin] C'est la langue liturgique, celle des anges - celle par quoi l'indicible se laisse dire, d'autant plus abrupte que, dans les Vies minuscules, elle est entendue par "les croquants limousins, les derniers des hommes, arriérés, obtus, âpres au gain et misérables", comme disait Sartre, c'est-à-dire les Métèques au sens antique, dans leur parfaite brutalité. Ce n'est pas pour elle-même que j'aime la latinité, la langue absolue, mais pour la façon dont elle tombe dans l'oreille et le cœur des Métèques, pour le trou qu'elle y fait, pour la façon dont elle se relance, rebondit et rejaillit parfois plus pure à travers eux. Les Anciens le disaient: les Métèques seuls, s'ils maîtrisent leur bégaiement, savent parler la langue. C'est que, pour être proférée sans mièvrerie, la langue des anges doit forcer le gosier de bêtes, être chantée par les derniers des hommes. C'est cela qui est dit dans la Vie d'Antoine Peluchet, dans la Vie de Georges Bandy, et, bien sûr, dans le Rimbaud. Le Classique n'existe, ne parle et ne règne que s'il y a du Barbare - que s'il est le Barbare déguisé [...] La pellicule d'or de la belle langue est plus pure, plus fragile, plus menacée, donc plus entière, d'être travaillée en dessous par la boue des patois.
[...]
Oui, "je suis illettré", moi aussi, comme mon père Foucault - ou un Métèque lettré, ce qui revient au même. Et c'est pour cela aussi que j'écris, tout platement: pour essayer de me persuader du contraire. Toutes choses restant soigneusement égales, je crois bien comprendre que ce n'était pas seulement par coquetterie si, à la fin, Faulkner disait à ses interviewers: "I'm a farmer." C'était sa vérité: l'œuvre la plus considérable du siècle ne l'avait pas guéri de son illettrisme, ne l'avait pas policé, classicisé. Il a écrit grâce à cela - et avec quel éclat -, mais contre cela, en vain. Lire, écrire: autant de ruses du Barbare pour se faire Classique. Le Barbare croit que le Classique a un secret, un truc (Valéry dit que Degas était paralysé par sa connaissance des maîtres, "sa convoitise des secrets qu'il leur prêtait"); il cherche ce truc dans les livres, puis il écrit lui-même; il fait une œuvre comme dans un rêve; il n'a rien trouvé, il commence même à douter qu'il y ait un truc; et voilà que les Classiques lui disent qu'il est des leurs. C'est ça, la relance de la littérature: un jeu de vessies et de lanternes où on vous dit que vous maître ès lanternes à l'instant où vous commencez à soupçonner qu'il n'y a que des vessies.
(1992) - Citation :
- -Mais vous savez qu'on présente parfois votre travail comme une entreprise de restauration d'une littérature éclatante, qui retrouverait le lustre de la langue et de la rhétorique anciennes, après les prétendus errements des avants-gardes.
- Ce n'est pas une restauration: les écarts de langage sont multiples, la rhétorique est brisée sans cesse. Les langues de Claudel, de Chateaubriand ou de Bossuet me plaisent considérablement, mais il me semble que je les casse. Qu'est-ce que c'est que cette histoire? J'ai beaucoup lu certaines avant-gardes [...] Les avant-gardes nous ont à la fois empêché d'écrire et ont fait, peut-être, que nous n'avons pas écrit n'importe comment. Nous sommes plusieurs à qui elles ont permis d'éviter un relâchement et un retour. Ce sont des lectures qui nous ont permis d'affiner notre goût tout en ne récusant pas pour autant le grand style. [...] Une des raisons peut-être pour lesquelles on veut me faire endosser cet habit réactionnaire, c'est qu'à mes yeux le concept périmé de beauté conserve en art une valeur pertinente.
(1993) - Citation :
- - Vous écrivez très vite ou lentement?
- A la fois très vite et très lentement. Regardez: ce que j'ai écrit tient dans votre sac et j'ai 48 ans. En général, j'attends éperdument le moment où je désirerai suffisamment mon sujet pour pouvoir commencer. Une fois réellement commencé, ça va très bien et très vite. Il y a eu une telle rétention, une telle attente, un tel guet pétrifié, une telle peur que le don d'écrire ne revienne pas, que quand c'est parti, ça se règle en un mois ou deux - en matinées de deux mois... Ça n'est pas aussi simple que ça: il y a des pannes, beaucoup de pannes. Mais le mouvement général est là: attente ou panne, et délivrance. Surgissement.
(1994) - Citation :
- Quand je suis dans une crise d'écriture, à ma table, j'écris dix heures par jour, deux à cinq pages, au crayon pour commencer. Ce sont des pages où certains mots manquent dans un premier temps mais où la rythmique - c'est-à-dire la ponctuation et le nombre de pieds des mots à venir - a d'emblée sa forme définitive. Je travaille et rature beaucoup, oui. Mais une fois pour toutes, jusqu'à ce que les pages me paraissent parfaites. Rien alors ne peut être repris Je les tapes de telle façon que, le lendemain, je n'ai pas la liberté de les corriger mais l'obligation de les poursuivre. Comme si le même geste se perpétuait d'un jour sur l'autre. [...] Les épousailles du rythme et du sens doivent venir d'un coup, tout de suite, très profondément.
(1998) - Citation :
- A mon sens, le roman long, romanesque, sans excipient, puissant sans bavardage, a été mené à son terme au XXe siècle dans des expériences comme celles de Joyce ou Faulkner, ou Beckett, qui y ont mis fin. Ils ont mené le genre à sa dernière perfection. [...]
Mais je généralise trop. Je ne peux répondre qu'en mon nom propre. Oui, mon énergie, ou ma jouissance d'écrire, ne se déploie que dans le bref. Le geste artistique qui me paraît le plus admirable au monde est celui de ces vieux peintres orientaux qui, pendant dix ans, ne font rien, se promènent au bord de l'eau, et qui, tout à coup, en deux minutes et trois coups de pinceaux, font un admirable canard. On est loin du travail de forçats auquel ce temps veut contraindre nos romanciers: un, voire deux livres par an, beaucoup de souffrances et de labeur perdus à chercher des copules. Faire du bref, c'est aussi, idéologiquement, échapper au piège de la production, de la libre entreprise, du marché. [...] Ce que je me demande, et peut-être ce que je demande à la littérature, est que la rédaction d'un texte soit une fabuleuse dépense d'énergie, aveugle mais très consciente, pleurante et riante, limitée dans le temps, comme la copulation.
(2000) - Citation :
- Peu publier n'est pas forcément une preuve d'exigence. Ce peut être aussi une preuve de paresse, ou d'incroyance: je n'écris que quand je crois à la littérature, et je ne crois pas souvent à la littérature.
(2001)
Dernière édition par Octavian le Sam 4 Déc 2010 - 0:46, édité 1 fois |
| | | Octavian Glasse les fraises
Nombre de messages : 7333 Age : 41 Localisation : Près du Vieux Port Date d'inscription : 07/05/2008
| Sujet: Re: Lectures Sam 4 Déc 2010 - 0:44 | |
| Sinon, sur Quignard: Tous les matins du monde est plus "grand public" que d'autres œuvres, mais d'une part ça ne signifie pas forcément que c'est mauvais ; ensuite, ce n'est pas un hapax dans l'œuvre de Quignard, pour ce qui est du fond (on y retrouve pas mal de ses obsessions) comme de la forme ; puis, ça parle quand même d'un sujet qui devrait intéresser très fortement Jorge, et qui nous réunit d'ailleurs tous ici ; et enfin, quand on me demande ce que je conseille en "première lecture", je ne vais pas forcément envoyer les gens direct cash sur le cycle du Dernier Royaume. Donc, voilà, Tous les matins du monde, c'est plutôt bon, mangez-en. Le Salon du Wurtemberg j'avais essayé de le lire il y a longtemps, sans succès, mais bon, j'étais peut-être trop jeune, et puis je n'ai vraiment commencé à "rentrer" dans Quignard qu'assez récemment. Les Escaliers de Chambord, pas lu, mais c'est dans ma bibliothèque (trouvé dans un vide-grenier), ça finira bien par me passer entre les mains. |
| | | Mariefran Mélomane nécrophile
Nombre de messages : 14259 Age : 63 Localisation : Lille Date d'inscription : 25/02/2008
| Sujet: Re: Lectures Sam 4 Déc 2010 - 13:16 | |
| Merci Octavian d'avoir pris la peine de recopier ici toutes ces choses intéressantes. Tu m'as donné envie d'acheter le bouquin ! De toute façon, il me faut laisser décanter tout cela même si j'y retrouve tout de même des choses déjà lues en d'autres termes. |
| | | Morloch Lou ravi
Nombre de messages : 9912 Date d'inscription : 14/10/2006
| Sujet: Re: Lectures Sam 4 Déc 2010 - 13:31 | |
| Les passages, c'est pour donner envie de lire ? Présenté de cette façon, ça fait étalage de banalités narcissiques proférées par quelqu'un d'extrêmement cultivé.
Le Dernier Royaume de Quignard, c'est bien ? Parce que j'ai lu Les escaliers de Chambord et Tous les matins du Monde, et euh bon, et suis resté sur ma faim. Si il a écrit des choses sur lesquelles il ne faut pas "envoyer les gens direct cash", en français, ça veut dire qu'il a écrit des choses intéressantes ?
En ce moment j'alterne des lectures un peu hétéroclites de V.S. Naipaul et de Ian M. Banks (cherchez pas, c'est de la science fiction écossaise haut de gamme, bien fichue, mais tout n'est pas à garder, ce que je découvre à mes dépens en cherchant désespérément à avancer dans un de ses bouquins) |
| | | Mariefran Mélomane nécrophile
Nombre de messages : 14259 Age : 63 Localisation : Lille Date d'inscription : 25/02/2008
| Sujet: Re: Lectures Sam 4 Déc 2010 - 13:48 | |
| - Morloch a écrit:
- Les passages, c'est pour donner envie de lire ? Présenté de cette façon, ça fait étalage de banalités narcissiques proférées par quelqu'un d'extrêmement cultivé.
Pas seulement. J'aime bien cette question autour de la mort du roman, même si sa réponse me laisse dubitative et que je la trouve assez prétentieuse (le sonnet). De toute façon, si je lis ce livre, c'est parce que je m'intéresse à la question du roman.
Dernière édition par Mariefran le Sam 4 Déc 2010 - 13:53, édité 1 fois |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97901 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Lectures Sam 4 Déc 2010 - 13:50 | |
| - Mariefran a écrit:
- sa réponse me laisse [...] assez prétentieuse
Mariefran, il ne faut pas se dévaluer comme ça, tu es parfaitement bien comme tu es. |
| | | Mariefran Mélomane nécrophile
Nombre de messages : 14259 Age : 63 Localisation : Lille Date d'inscription : 25/02/2008
| Sujet: Re: Lectures Sam 4 Déc 2010 - 13:53 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
- Mariefran a écrit:
- sa réponse me laisse [...] assez prétentieuse
Mariefran, il ne faut pas se dévaluer comme ça, tu es parfaitement bien comme tu es. Excellent ! Tu crois qu'il faut que je réécrive la phrase ? |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97901 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Lectures Sam 4 Déc 2010 - 13:54 | |
| Non, non, elle est limpide, c'est juste ta factorisation verbale qui est bizarre. Mais c'est vrai que deux verbes différents, ce serait moche. |
| | | Morloch Lou ravi
Nombre de messages : 9912 Date d'inscription : 14/10/2006
| Sujet: Re: Lectures Sam 4 Déc 2010 - 13:59 | |
| Donc, sa réponse résumée est qu'il faut lire Finnegans Wake, puis les sonnets de Pétrarque, dans l'ordre. Mais il faut lire Pierre Michon, avant, entre les deux, ou après ? |
| | | Mariefran Mélomane nécrophile
Nombre de messages : 14259 Age : 63 Localisation : Lille Date d'inscription : 25/02/2008
| Sujet: Re: Lectures Sam 4 Déc 2010 - 14:00 | |
| - Morloch a écrit:
- Donc, sa réponse résumée est qu'il faut lire Finnegans Wake, puis les sonnets de Pétrarque, dans l'ordre. Mais il faut lire Pierre Michon, avant, entre les deux, ou après ?
Il ne faut pas lire Pierre Michon. C'est prétentieux comme tout. |
| | | Morloch Lou ravi
Nombre de messages : 9912 Date d'inscription : 14/10/2006
| Sujet: Re: Lectures Sam 4 Déc 2010 - 14:22 | |
| Sgnirf, tu as édité ton message et je ne peux plus voir ta fulgurance stylistique avec un seul verbe. Tout ça à cause de l'affreux encore une fois toujours lui |
| | | Mariefran Mélomane nécrophile
Nombre de messages : 14259 Age : 63 Localisation : Lille Date d'inscription : 25/02/2008
| Sujet: Re: Lectures Sam 4 Déc 2010 - 14:26 | |
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| | | Morloch Lou ravi
Nombre de messages : 9912 Date d'inscription : 14/10/2006
| Sujet: Re: Lectures Sam 4 Déc 2010 - 14:33 | |
| c'est une ellipse grammaticale et élégante . Voilà comment écrire les romans de l'avenir. |
| | | Francoistit Mélomaniaque
Nombre de messages : 917 Age : 31 Date d'inscription : 28/01/2010
| Sujet: Re: Lectures Dim 5 Déc 2010 - 19:07 | |
| Je vais commencer le livre de Vincent Humbert: "Je vous demande le droit de mourir", ca promet d'être très émotif.
Personne n'a lu le prix Goncourt de cette année? La carte et le territoire. de Houellebecg? |
| | | Guillaume lapineau huguenot
Nombre de messages : 17530 Age : 31 Localisation : Paris Date d'inscription : 27/06/2006
| Sujet: Re: Lectures Mar 7 Déc 2010 - 17:16 | |
| Je viens de finir 93 de V.H. C'était formidable, ça se lit très très vite sur la fin en fait, tellement on est pris par l'histoire. Et il y a des moments fulgurants. Maintenant, soit je commence les Miz', soit A la recherche du temps perdu. |
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