Inge Borkh

Peut-être conviendrez-vous avec moi que le timbre de la voix d'Inge Borkh est l'une des choses les plus laides qui existent au disque classique. Même Astrid Varnay ou Renée Fleming peuvent aller se rhabiller.

Et pourtant...

Je ne le connais pas dans beaucoup d'enregistrements : une teinturière en entier, des extraits d'Elektra, Salome et Turandot.

Je l'ai découverte avec la FROSCH de Munich de 1964, sous la direction de Keilberth. Quelle émotion!!! Elle est la teinturière même pour l'éternité. Son duo avec DFD au début du IIIe acte m'arrache les larmes... A-t-on jamais entendu repentir et souffrance plus sincères ? Tourment intérieur plus dévorant ? Elle réussit une incarnation que je ne verrai jamais en scène...

Cette voix me saisit à la gorge... je l'écoute en ce moment dans In questa regia, je me sens transporté par ce miracle empaqueté dans ses cordes vocales. C'est elle! - C'est la déesse!

Il faut absolument que je me procure une des deux Elektra de Mitropoulos. Quelle animalité... cette Elektra rampe dans sa cour obscure les yeux injectés de sang, criant vengeance à en faire trembler les murs d'horreur. Je serais de Klytemnestra, je soupçonnerais quelque chose... elle ne parle pas comme un docteur...

J'ai lu sur Wikipedia qu'elle a chanté Sieglinde, Hélène l'égyptienne et - oh miracle - Lady Macbeth et Medea (on ne dirait pas comme ça, mais j'écoute aussi de l'opéra italien). Peut-être Borkh pourrait-elle concurrencer l'éternelle Callas dans l'opéra de Cherubini... j'en frémis d'avance. Quant à la scène de somnambulisme de la reine devenue folle, j'adorerais écouter ça

Quels sont vos avis, avant que je ne commette un achat inconsidéré ?

--- --- ---

Allez, je vais faire ma petite promenade pour méditer là-dessus et échapper au rap de mon voisin.

Yohan Nicolas a écrit:

Peut-être conviendrez-vous avec moi que le timbre de la voix d'Inge Borkh est l'une des choses les plus laides qui existent au disque classique. Même Astrid Varnay ou Renée Fleming peuvent aller se rhabiller.

Ah non ! La voix de Borkh est très large et dense, un peu hurlarde peut-être, mais assez belle, j'y entends de beaux verts un peu sauvages.

Par rapport au vert violacé aigre de Varnay ou à la crème tournée de Fleming...

Citation :

Je l'ai découverte avec la FROSCH de Munich de 1964, sous la direction de Keilberth. Quelle émotion!!! Elle est la teinturière même pour l'éternité. Son duo avec DFD au début du IIIe acte m'arrache les larmes... A-t-on jamais entendu repentir et souffrance plus sincères ? Tourment intérieur plus dévorant ? Elle réussit une incarnation que je ne verrai jamais en scène...

C'est vrai qu'elle pousse très loin la maîtrise de ce rôle impossible. Elle me touche beaucoup aussi, dans un rôle pourtant peu valorisant.

Citation :

Il faut absolument que je me procure une des deux Elektra de Mitropoulos. Quelle animalité... cette Elektra rampe dans sa cour obscure les yeux injectés de sang, criant vengeance à en faire trembler les murs d'horreur. Je serais de Klytemnestra, je soupçonnerais quelque chose... elle ne parle pas comme un docteur...

Ah oui, elle est un peu énervée en Elektra. Prends Mitro 57, en plus la voix est assez bien captée et assez claire, elle est très nette pour son format.

Je partage les mêmes impressions (une fois n'est pas coutume) pour Inge Borkh, une des chanteuses les plus fascinantes que je connaisse.

Dommage qu'elle n'ait pas enregistré plus.

Je suis allé jusqu'à acheter les extraits de son Amélia en allemand, mais cela n'apporte rien de spécial à la discographie; par contre je n'ai pas osé Oedipus Rex...

Citation :

Dommage qu'elle n'ait pas enregistré plus.

C'est le moins qu'on puisse dire

Sinon, je viens de voir sa Médée sur un site marchand bien connu, à 3,99€. Est-ce recommandable ? Comment est la prise de son, si vous connaissez ? La distribution crève l'écran en plus de ça : Borkh, Suthaus, S. Wagner, Streich... c'est plus qu'il n'en faut pour être heureux

Mais bien entendu, ce n'est ni sur Musicme, ni sur Youtube

Son Elektra de Strauss avec Bohm est une référence

Une référence moyenne. (je parle du disque Böhm dans sa globalité)

Xavier a écrit:

Une référence moyenne. (je parle du disque Böhm dans sa globalité)

les goûts et les couleurs

comme certains qui trouvent Tchaikovsky vulgaire - tiens çà veut dire quoi vulgaire en musique classique ?

Dans l'ordre j'ai découvert l'oeuvre avec Solti mais impossibilité de l'écouter d'une traite en entier, puis avec Böhm, formidable sauf les passages avec Madeira : je la supporte mais je n'accroche pas!
Par contre le reste est superbe pour moi, surtout les échanges Borkh/DFD mais dans les extraits avec Reiner elle est très bien aussi!

Citation :

Par contre le reste est superbe pour moi, surtout les échanges Borkh/DFD mais dans les extraits avec Reiner elle est très bien aussi!

Ah oui, elle est excellente! Le monologue est agressif, Inge Borkh convainc parfaitement par son engagement sauvage! Elle est complètement sur la même longueur d'onde que Reiner. Par contre le final d'Elektra est gâché par Francis Yeend.
J'ai moins accroché les extraits de Salome, il me semble que la voix de Borkh est moins adaptée au rôle : une voix plus ronde, plus tendre lui convient mieux.

Yohan Nicolas a écrit:

Citation :

Par contre le reste est superbe pour moi, surtout les échanges Borkh/DFD mais dans les extraits avec Reiner elle est très bien aussi!

Ah oui, elle est excellente! Le monologue est agressif, Inge Borkh convainc parfaitement par son engagement sauvage! Elle est complètement sur la même longueur d'onde que Reiner. Par contre le final d'Elektra est gâché par Francis Yeend.
J'ai moins accroché les extraits de Salome, il me semble que la voix de Borkh est moins adaptée au rôle : une voix plus ronde, plus tendre lui convient mieux.

Même avis sur Yeend et sur Borkh en Salomé!
La voix était déjà un peu trop lourde, trop Elektra, mieux vaut l'écouter face à Lorenz où elle avait encore un petit vibrato très rapide qui allégeait sa voix : c'est plus convaincant et intéressant même si ce n'est toujours pas ma Salomé idéale.