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| Schumann - Etudes symphoniques op.13 | |
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+10vinteix KID A Mandryka Théo B keane Mohirei Xavier Richard DavidLeMarrec Hippolyte 14 participants | Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: Schumann - Etudes symphoniques op.13 Jeu 16 Sep 2010 - 20:20 | |
| Un des plus grands cycles de piano de Schumann. C'est un cycle de variations, comme son nom ne l'indique pas. Par contre, comme son nom l'indique, on a affaire à une écriture symphonique avec une multitude de plans et d'accords. Il y a un thème, 9 variations et un Finale, auxquels on ajoute parfois 5 variations posthumes beaucoup plus introspectives. Une version me semble incontournable C'est un live de 1984 absolument superlatif. Dès l'énoncé du thème l'intensité et la concentration sont énormes (ce premier trille ) et ensuite tout s'enchaîne avec cohérence (ce qui n'est pas simple avec des variations aux caractères si contrastés). La qualité de timbre de Guilels fait merveille dans cette écriture plutôt chargée. |
| | | Hippolyte Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3084 Localisation : Paris Date d'inscription : 28/12/2008
| Sujet: Re: Schumann - Etudes symphoniques op.13 Jeu 16 Sep 2010 - 20:28 | |
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| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97942 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Schumann - Etudes symphoniques op.13 Jeu 16 Sep 2010 - 20:34 | |
| Il est intéressant de remarquer que le final si spectaculaire n'est pas très difficile digitalement, avis aux pianistes de niveau moyen qui ont envie de s'amuser.
Sinon, j'ai écouté un certain nombre de versions très convaincantes récemment, dont il faudrait que je retrouve les références (pas forcément des pianistes très célèbres), mais je peux tout de suite mettre en garde contre la version Naxos et contre Brendel, les deux sont d'une sècheresse assez difficile (en plus le disque Naxos appartient à cette période où les pianistes étaient plus ou moins des tâcherons qui cachetonnaient et où leur captation du piano était très métallique). |
| | | Richard Mélomaniaque
Nombre de messages : 1279 Age : 51 Date d'inscription : 23/01/2007
| Sujet: Re: Schumann - Etudes symphoniques op.13 Jeu 16 Sep 2010 - 21:36 | |
| - alexandreg a écrit:
Une version me semble incontournable
Ca se trouve facilement ce disque ? |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Schumann - Etudes symphoniques op.13 Jeu 16 Sep 2010 - 21:38 | |
| Oui, et pour pas cher http://www.amazon.fr/Emil-Guilels-concert-Japon-mars/dp/B000Q7ZEEY |
| | | Richard Mélomaniaque
Nombre de messages : 1279 Age : 51 Date d'inscription : 23/01/2007
| Sujet: Re: Schumann - Etudes symphoniques op.13 Jeu 16 Sep 2010 - 21:41 | |
| - alexandreg a écrit:
- Oui, et pour pas cher
http://www.amazon.fr/Emil-Guilels-concert-Japon-mars/dp/B000Q7ZEEY Alors ça. J'ai regardé sur Amazon et je n'ai pas trouvé. Merci ! Bon, personnellement, j'aime beaucoup Arrau là dedans, mais je ne connais que lui, Pollini et Nat. Mais c'est une des oeuvres qui m'a fait aimer le piano. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Schumann - Etudes symphoniques op.13 Jeu 16 Sep 2010 - 21:55 | |
| Ce serait peut-être intéressant de préciser, parmi les versions que vous connaissez et aimez, celles qui introduisent tout ou partie des cinq Variations posthumes (sauvées par Brahms) dans le tissu des Études symphoniques, et selon quel ordre. Les deux interprétations que j'aime le plus, parmi celles que je connais, sont celles de Sviatoslav Richter (prise officielle à Salzbourg en septembre 1971, disponible chez Melodiya/JVC, Olympia et Melodiya/Eurodisc, mais il existe quatre autres interprétations que je ne connais en revanche pas) et surtout de Vladimir Sofronitsky (enregistrement en public à Moscou le 18 novembre 1959, disponible chez Denon, Classound et éventuellement Arlecchino [ce dernier éditeur cité seulement pour mémoire]). Richter joue les cinq Variations posthumes (dans leur ordre de publication) après l'Étude n°5 (Variation n°4). Le cas de Sofronitsky est plus complexe, puisqu'il joue : - la Variation posthume n°1 après l'Étude n°1 (Variation n°1),
- la Variation posthume n°4 après l'Étude n°5 (Variation n°4),
- les Variations posthumes n°2 et n°5 (dans cet ordre) après l'Étude n°7 (Variation n°6).
Sofronitsky ne joue donc pas la Variation posthume n°3. J'y vais de mes deux petites photographies de pochettes sous spoiler. - Spoiler:
Dernière édition par Scherzian le Jeu 16 Sep 2010 - 23:34, édité 3 fois (Raison : Mise des deux images sur une seule ligne et sous spoiler.) |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91628 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Schumann - Etudes symphoniques op.13 Jeu 16 Sep 2010 - 21:56 | |
| - Scherzian a écrit:
- Ce serait peut-être intéressant de préciser, parmi les versions que vous connaissez et aimez, celles qui introduisent tout ou partie des cinq Variations posthumes (sauvées par Brahms) dans le tissu des Études symphoniques, et selon quel ordre.
Ah oui ça c'est toujours le bordel, notamment pour suivre avec la partition. On ne trouve pas deux versions identiques. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Schumann - Etudes symphoniques op.13 Jeu 16 Sep 2010 - 21:57 | |
| Pour Guilels c'est très simple, il ne joue pas les variations posthumes. |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91628 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Schumann - Etudes symphoniques op.13 Jeu 16 Sep 2010 - 21:59 | |
| Dommage, il y en a certaines qui sont parmi les plus belles du corpus je trouve. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Schumann - Etudes symphoniques op.13 Jeu 16 Sep 2010 - 22:10 | |
| - Xavier a écrit:
- Scherzian a écrit:
- Ce serait peut-être intéressant de préciser, parmi les versions que vous connaissez et aimez, celles qui introduisent tout ou partie des cinq Variations posthumes (sauvées par Brahms) dans le tissu des Études symphoniques, et selon quel ordre.
Ah oui ça c'est toujours le bordel, notamment pour suivre avec la partition. On ne trouve pas deux versions identiques. D'autant que certains ordres (d'insertion des Variations posthumes dans les Études opus 13) ruinent la progression d'ensemble de l'œuvre d'une marche lente et méditative à une marche triomphale et pas très différente (dans l'esprit) de la Marche des Davidsbündler du Carnaval. Comme Alexandre l'a indiqué, les Variations posthumes sont plus méditatives, alors oui à l'insertion d'Eusebius dans une œuvre de Florestan, mais pas n'importe comment... Ceci dit, je crois que parmi les versions récentes, donc probablement plus philologiques (*), on trouve plus souvent des interprètes qui jouent l'opus 13 seul, sans aucune Variation posthume. (*) L'adjectif philologique n'est pas forcément laudatif sous ma plume. |
| | | Hippolyte Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3084 Localisation : Paris Date d'inscription : 28/12/2008
| Sujet: Re: Schumann - Etudes symphoniques op.13 Jeu 16 Sep 2010 - 22:19 | |
| - Scherzian a écrit:
- Le cas de Sofronitsky est plus complexe, puisqu'il joue :
- la Variation posthume n°1 après l'Étude n°1 (Variation n°1),
- la Variation posthume n°4 après l'Étude n°5 (Variation n°4),
- les Variations posthumes n°2 et n°5 (dans cet ordre) après l'Étude n°7 (Variation n°6).
Sofronitsky ne joue donc pas la Variation posthume n°3. Arrau, dans son enregistrement studio de 1970, adopte le même ordre que Sofronitsky, si ce n'est qu'il joue la Variation posthume n° 3, qu'il place après l'Etude n° 9. Tandis que dans son live de 1976 à Prague (chez APR), l'ordre est tout autre : - la Var. posth n° 1 après l'Etude n° 1 - la Var. posth n° 2 après l'Etude n° 6 - les Var. posth. n° 3 & 4 après l'Etude n° 7 - la Var. posth. n° 5 après l'Etude n° 8 |
| | | Mohirei Mélomaniaque
Nombre de messages : 542 Date d'inscription : 06/04/2007
| Sujet: Re: Schumann - Etudes symphoniques op.13 Jeu 16 Sep 2010 - 22:34 | |
| Bonsoir, dans cette oeuvre, je reste fidèle à Géza Anda. C'est une de ses grandes réussites. Le jeu de ce pianiste fait toujours merveille dans Schumann Pour les Variations posthumes : - Variation II posth. après l'Etude VI (Var. V); - Variation V posth. après l'Etude VIII (Var. VII). Dernièrement, j'ai reçu le CD de Maria Grinberg consacré à Schumann (DENON). Je n'ai pas encore eu le temps de bien l'écouter mais pour les Variations posthumes, c'est : - Variation IV posth. après l'Etude II (Var. II). |
| | | keane Mélomaniaque
Nombre de messages : 553 Date d'inscription : 10/02/2010
| Sujet: Re: Schumann - Etudes symphoniques op.13 Ven 17 Sep 2010 - 13:30 | |
| Une nette préfèrence, en ce qui me concerne, pour Nelson freire (concert de l'INA) et Pogorelich qui saisissent bien l'esprit fantasque de cette musique. Malheureusement, ni l'un ni l'autre ne jouent les variations posthumes que j'adore. C'est pourquoi, j'ai aussi Eric le Sage qui lui, les jouent et dont l'intégrale en cours est l'une des meilleures surprises de la discographie et surtout Alfred Cortot (coffret Andante) qui se vautre allègrement dans le finale, ne joue pas les reprises mais intégre toutes les variations posthumes. Et là, en terme d'imagination sonore mise au service d'une poésie inouie, je n'ai jamais trouvé mieux. |
| | | Théo B Mélomane averti
Nombre de messages : 446 Age : 40 Date d'inscription : 06/09/2010
| Sujet: Re: Schumann - Etudes symphoniques op.13 Ven 17 Sep 2010 - 14:28 | |
| C'est moi aussi Cortot que j'écoute en priorité après Gilels, lequel est tout à fait hors-concours à mon sens (par ordre de préférence, Yokohama montré ci-dessus, Locarno puis Tokyo et enfin Moscou en DVD). Puis Cherkassky, d'abord le live à Carnegie Hall (Decca) ensuite le studio (Nimbus). J'ai été pour ma part déçu par Anda et Nat. Il y a une version assez "marginale", de S. François, qui vaut le détour pour certaines fulgurances... J'aime bien Pollini car il joue la version alternative du finale, avec le retour central du thème qui est varié. Il y a une fort belle version du tout jeune Berezovsky, un disque rare enregistré durant ou en marge du concours Tchaikovsky (juin 90) : sans posthume, très sobre et noble à la fois.
Puisqu'on parle des posthumes, il y a une chose que je n'ai jamais entendue au disque et qui est une des possibilités indiquées par Schumann dans l'autographe : l'enchassement de la 5e var. posthume à la 10e étude (c'est-à-dire entre la barre de reprise de l'étude et sa 2e moitié). Je peux vous garantir que l'effet obtenu est extraordinaire.
Je ne l'ai entendu qu'en concert, par Lise de la Salle (qui par ailleurs joue comme Pollini le finale alternatif). Un très grand souvenir, de loin les plus belles Etudes que j'ai entendues en concert ( j'ai entendu Le Sage, Nadzhafvoa/Klinton, Smirnov, Yuja Wang, Matsuev, Rashkovskiy, Prats... je dois en oublier). J'ai aussi écouté une bande de concert de LDLS encore supérieure. Je recommande vivement d'aller écouter ses ES au TCE en janvier... |
| | | Richard Mélomaniaque
Nombre de messages : 1279 Age : 51 Date d'inscription : 23/01/2007
| Sujet: Re: Schumann - Etudes symphoniques op.13 Dim 19 Sep 2010 - 10:34 | |
| - keane a écrit:
- Une nette préfèrence, en ce qui me concerne, pour Nelson freire (concert de l'INA)
Merci de me rappeler que j'ai ce disque !!! Je réecoute Arrau en ce moment. Quel dommage quand même de se passer des variations posthumes, en fait, c'est ce que je trouve de plus beau avec le thème principal. Que pensez vous de l'enregistrement de Pollini ? |
| | | Hippolyte Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3084 Localisation : Paris Date d'inscription : 28/12/2008
| Sujet: Re: Schumann - Etudes symphoniques op.13 Dim 19 Sep 2010 - 10:53 | |
| - Richard a écrit:
Je réecoute Arrau en ce moment. Quel dommage quand même de se passer des variations posthumes, en fait, c'est ce que je trouve de plus beau avec le thème principal. Mais Arrau les joue, justement. |
| | | Richard Mélomaniaque
Nombre de messages : 1279 Age : 51 Date d'inscription : 23/01/2007
| Sujet: Re: Schumann - Etudes symphoniques op.13 Dim 19 Sep 2010 - 11:29 | |
| - Hippolyte a écrit:
- Richard a écrit:
Je réecoute Arrau en ce moment. Quel dommage quand même de se passer des variations posthumes, en fait, c'est ce que je trouve de plus beau avec le thème principal. Mais Arrau les joue, justement. Oui, pardon, je parlais en fait de Freire, ma phrase est mal construite. |
| | | Mandryka Mélomaniaque
Nombre de messages : 931 Date d'inscription : 03/04/2010
| Sujet: Re: Schumann - Etudes symphoniques op.13 Mar 21 Sep 2010 - 9:46 | |
| Les enregistrements que j’aime sont ceux de Ernst Levy; Guilels (Tokyo); Weissenberg; Arrau (live à Prague) et les deux de Cortot (particulièrement le second,). Et peut-être VVS – mais je suis pas sûr – il faut que je réécoute Je trouve que ces interprétations sont cohérentes, personnelles intenses, concentrées. Le Schumann de Arrau est plutôt provocant – comme son Beethoven. Je me demande s’il y a les fans. Moi. j’aime son DBT, son Op 17 live, ses Etudes live, son Faschingsschwank aus Wien.
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| | | KID A Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2912 Date d'inscription : 04/05/2007
| Sujet: Re: Schumann - Etudes symphoniques op.13 Ven 24 Sep 2010 - 1:48 | |
| Sur le live de Gilels que j'écoute ence moment même: ça ne me plaît absolument pas, mais au moins je ne suis pas surpris. Je retrouve ce jeu terne, sans surprise, pour ainsi dire sans charme. Toutes les variations sont jouées sur le même plan, avec ce tempo modéré et une droiture assomante... A aucun moment je n'ai senti l'esprit capricieux et fantasque de ces merveilleuses pages... |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Schumann - Etudes symphoniques op.13 Ven 24 Sep 2010 - 19:09 | |
| J'ai réécouté cette semaine la version Locarno des Études symphoniques opus 13 par Emil Gilels (disponible sur le CD Ermitage ERM 163-2, édité en 1995). Je ne connais pas l'interprétation enregistrée au Japon et qui est, semble-t-il, supérieure à celle-ci, mais à moins d'un changement interprétatif radical et fondamental entre Locarno et Yokohama, la vision de cette œuvre projetée par Emil Gilels n'est à mon avis pas essentielle.
En fait, cette écoute m'a rappelé pourquoi j'admire très souvent si fort ce pianiste, mais en quoi le musicien lui-même ne me touche en général pas. Du point de vue technique, c'est fabuleux (il n'est même pas nécessaire ici d'invoquer les aléas naturels et les circonstances d'un enregistrement en récital forcément imparfait -- et, de toute manière, je préfère pour ma part presque toujours les enregistrements en direct à ceux effectués en studio, sauf les studios réalisés dans les conditions du direct). Je comprends et partage d'ailleurs la fascination qu'exerce un tel piano. Les articulations, l'intonation et le timbre sont splendides, solaires. Il y a une manière très russe de brasser le clavier en délicatesse (le respect des nuances et de leurs rapports, à quelques curieuses exceptions près) et en profondeur (la plénitude du timbre quelle que soit la nuance). Ici, le son est l'œuvre. Il n'y a aucune trace de sophistication, mais au contraire une belle franchise et assez de naturel et de simplicité.
Les tempos choisis sont à peu près tous très modérés. Normalement, une telle approche pourrait favoriser le lyrisme inquiet et mouvant d'une telle œuvre (Thème, Variation I, Variation II et bien sûr Variation IX). Mais ici, la raideur du temps musical, que je trouve beaucoup trop soumis au temps du métronome, dessert le déploiement du lyrisme. Seule reste à mon avis une lenteur engourdie qu'il est alors difficile de rattacher à la virtuosité pourtant manifeste du pianiste. Dans les nombreuses Études et Variations rapides, je demeure largement frustré par une telle approche uniment spacieuse voire appesantie. Frustration qui redouble encore face à un respect total des reprises (ce qui n'est pas toujours nécessaire, à mon avis) auxquelles le pianiste ne donne souvent aucune variation particulière (de rythme, de couleur, de respiration, d'élan) par rapport à l'énoncé. En fait de reprises, j'entends surtout ici des redites qui jugulent la fièvre et la passion des Études et Variations rapides.
Le Thème est très recueilli et intérieur, mais je note quand même des accents disproportionnés à la mesure n°14, mal amenés en tout cas par le crescendo (MG) de la mesure n°12 et par celui (aux deux mains) de la mesure n°13. C'est dommage, car je trouve remarquable la gradation des nuances durant la première moitié du thème (les huit premières mesures). Je ne pense pas que l'on puisse dire que c'est joué andante, mais plutôt largo, même si c'est une option qui peut se défendre pour ce qui concerne le thème.
Pas de commentaire particulier pour la Variation I, même si le staccato m'y semble plus pesant que mordant. Après tout, si c'est déjà più vivo, cela ne l'est encore que un poco, et je trouve que cette Variation I est réussie dans son optique implicite et mystérieuse. La reprise, ici, présente même plusieurs petites variations bienvenues par rapport à l'énoncé. Mais je trouve que l'on tombe de haut dans la Variation II. C'est dès ici que l'on sent les limites d'une interprétation aux tempos uniment lents. La Variation II est pourtant surchargée d'indications de caractère qui demandent de l'expression et que la ligne de chant (soprano) soit jouée marcato, de même que le thème à la ligne de basse. Ici, je trouve que le chant et le thème (surtout le thème, peut-être) sont occultés par la texture touffue et saturée du registre médian. Je ne ressens presque aucune expression, bien peu de marcato et surtout encore moins d'élan.
L'Étude III est très étrange, du moins dans l'énoncé de sa première partie : l'accompagnement (MD), au staccato splendide, occulte complètement la ligne de chant (MG) dont les phrasés immenses et superbes passent ainsi à la trappe. À la reprise de cette première partie, sans étancher pour autant la frustration, le pianiste donne un peu plus de présence et de plus belles nuances au chant. Mais la seconde partie de cette Étude III n'a toujours pas assez d'élan (bien qu'elle soit toujours marquée vivace). Je pense que le responsable de cette langueur est le faible crescendo (MD) qui aurait dû conduire, par deux fois, à un sforzando plein de vitalité. Las !
Malgré la minutie de sa mise en place, de ses accentuations et de son sforzando, je ne vois pas comment sauver la Variation III que je trouve raide, sans esprit, sans véritable vigueur, sans flamme, sans humour, sans humeur. C'est plus la danse de l'ours qu'autre chose...
Dans la Variation IV, c'est le même problème : je regrette à nouveau que cela soit si peu alerte (vivacissimo), si peu enjoué et rieur (scherzando). Il devrait y avoir ici, à mon avis, un amour de la vie, une joie de vivre qui rassemble ses forces avant la véritable déclaration de guerre des deux variations suivantes. En tout cas, je n'entends ici aucune vivacité particulière, c'est toujours la même ligne directrice que précédemment et à l'extérieur de laquelle on ne s'aventure pas...
... Et je serai sans pitié pour la Variation V et la Variation VI. On devrait avoir ici un agitato belliqueux, joué avec une grande bravoure (Variation V), suivi d'un allegro molto toujours brillant (Variation VI), une véritable déclaration de guerre, comme je l'ai dit plus haut. Le temps musical reste au contraire figé sur le pendule, empesé et appesanti au possible. Gilels a probablement raison d'observer les reprises de la Variation V, sauf qu'ici la reprise est jouée comme la copie carbone de l'énoncé, ce qui n'arrange rien. Impossible en outre d'entendre l'accentuation agogique impérieuse « en quinconce » (MG puis MD) dans les trois dernières mesures de la seconde partie de la Variation V. En revanche, je ne suis pas certain que ce soit une bonne idée de respecter les reprises de la Variation VI -- en tout cas la reprise de la seconde partie, puisque celle-ci devrait s'achever sur un gigantesque crescendo de six (!) mesures entières. Mais Gilels interrompt ce crescendo une bonne mesure trop tôt et l'assortit d'un ritenuto très appuyé. Comment ne pas être frustré lorsque ces deux paramètres (nuance et rythme) s'éteignent de concert, en contradiction avec l'esprit vindicatif de cette page ?
La Variation VII est une de celles qui résistent le mieux à ce traitement au ralenti. Elle y gagne un mystère palpable, malgré la minutie un peu tatillonne de sa mise en place. Je note cependant que l'accentuation agogique est souvent inversée entre la croche staccato dans le grave et la noire sforzando dans l'aigu à la main gauche (aux mesures n°9 et n°18).
Si l'Étude IX résiste elle aussi assez bien (je ne lui trouve cependant pas assez de relief, cela évolue pourtant entre pianissimo et fortissimo), la Variation VIII renoue avec la léthargie que j'entends dans la Variation V et dans la Variation VI. Dans la première partie, le forte reste assez timoré (probablement pour donner plus de relief aux nombreuses indications sforzando qui suivent). Dans la seconde partie, et surtout aux mesures n°5 et n°6 de celle-ci, la main gauche me semble anesthésiée et je n'entends pas ce grondement rageur sous le rythme énergique de la main droite.
Pour le dernier repos de la Variation IX, le choix d'un tempo modéré convient à nouveau mieux et le jeu quasi a due est beau, mené avec subtilité (les phrasés) et relief (les accentuations), et assez émouvant. Pour ma part, je trouve que l'élasticité rythmique y reste trop modeste, trop fidèle aux mouvements du pendule, trop peu sujette aux phrasés et aux épanouissements lyriques.
De triomphe dans l'allegro brillante du Finale, point. Je trouve toujours aussi peu de relief dans le jeu, un tempo de base si modéré qu'il semble prudent, une liberté rythmique en berne. S'y ajoutent plusieurs phrasés prosaïques (par exemple quand Schumann abandonne momentanément ses rythmes pointés obsessionnels pour une descente [MD] et montée [MG] en accords staccato en croches). Prosaïsme aussi dans la péroraison (disons les dix-huit dernières mesures) du Finale qui se contente de hausser le ton sans exprimer de passion, de triomphe ou de destin surmonté. Les cinq ou six dernières mesures sont expédiées voire liquidées : étrange conception, après les douze mesures notées sempre fortissimo...
Au total, une interprétation que je trouve bien décevante. Le pianiste possède l'œuvre, mais je ne le ressens pas possédé par elle. J'ai aussi réécouté l'interprétation de Sviatoslav Richter dont j'ai parlé plus haut dans ce fil. Elle est plus en accord avec ce que j'attends de l'œuvre, mais c'est aussi une petite déception. Ô Vovochka, pourquoi faut-il que vous m'ayez gâché tous les autres ? |
| | | Théo B Mélomane averti
Nombre de messages : 446 Age : 40 Date d'inscription : 06/09/2010
| Sujet: Re: Schumann - Etudes symphoniques op.13 Ven 24 Sep 2010 - 19:26 | |
| Encore faut-il entendre, et donc attendre, du triomphe dans le finale, plutôt qu'un chant d'amour désespéré par exemple - ce que personnellement j'entends et attends. De même peut-on ou non attendre de façon générale une dimension fantasque dans les études, ce qui n'est pas mon cas. Cela ne vaut pas pour Schumann en général, mais à mon sens les Etudes se démarquent assez nettement de presque tout le reste de la production, en particulier des pages les plus représentatives d'une manière à laquelle on tend à réduire Schumann à cause de tout une série de clichés, disons, littéraires : les Davids, l'Humoreske, Carnaval.
Alors que les Etudes, avec leur caractère obsessionnel et grandiose, fait à mon avis partie, de façon encore plus marquée, de ces oeuvres plus sombres et puissamment structurées de Schumann, justement celles que Gilels a le mieux joué (1e Sonate et Nachtstücke).
C'est pourquoi il me faut des attitudes contraires pour avoir un Schumann "complet", à mon avis, les Etudes et Nachtstücke de Gilels, mais les Kreisleriana, Concert sans Orchestre ou Humoreske d'Horowitz ou les Davids de Gieseking. |
| | | KID A Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2912 Date d'inscription : 04/05/2007
| Sujet: Re: Schumann - Etudes symphoniques op.13 Sam 25 Sep 2010 - 0:16 | |
| Il y a tout de même une marge entre l'absence de fantaisie de Gilels et l'attitude fantasque qu'on attends souvent (pas forcément à juste titre, je suis d'accord) dans le piano de Schumann...
Sinon, parmi les interprétations toutes récentes, je trouve le live de Yuja Wang à Vernier assez captivant: http://liveweb.arte.tv/fr/video/Yuja_Wang_interprete_Liszt__Schumann__Scriabine_et_Prokofiev_au_Verbier_Festival/ |
| | | Théo B Mélomane averti
Nombre de messages : 446 Age : 40 Date d'inscription : 06/09/2010
| Sujet: Re: Schumann - Etudes symphoniques op.13 Sam 25 Sep 2010 - 7:38 | |
| Je l'ai entendue les jouer en vrai, pianistiquement c'était honorable (sans plus), sans prosaïsme mais sans aucune force de conduite non plus, aucune décision, une impression de fragilité assez lassante. Elle était manifestement dépassée - comme le sont en général les interprètes qui sautent la plupart des reprises.... |
| | | Mandryka Mélomaniaque
Nombre de messages : 931 Date d'inscription : 03/04/2010
| Sujet: Re: Schumann - Etudes symphoniques op.13 Dim 19 Déc 2010 - 18:49 | |
| - Scherzian a écrit:
J'ai réécouté cette semaine la version Locarno des Études symphoniques opus 13 par Emil Gilels . . . Ô Vovochka, pourquoi faut-il que vous m'ayez gâché tous les autres ?
Malheureusement je commence à être d’accord avec toi , particulièrement en ce qui concerne le linge de chante de l'étude 3, et la léthargie générale, le manque de joie de vivre. Est ce que tu connais mes deux préférés – Pogorelich (DG) et Cortot 1955? |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Schumann - Etudes symphoniques op.13 Lun 20 Déc 2010 - 21:18 | |
| - Mandryka a écrit:
- Est ce que tu connais mes deux préférés – Pogorelich (DG) et Cortot 1955?
Je connais l'enregistrement DG de Pogorelich (en couplage notamment avec une sonate opus 111 de Beethoven que je persiste à trouver très intéressante, en dépit d'un début plutôt bizarroïde) et je l'apprécie en général beaucoup, mais moins la variation VII (le tempo très retenu, même s'il donne énormément de relief, de contraste et de mordant) et le finale (certains phrasés piqués et certaines accentuations ; en fait, ce finale joué ainsi revêt un aspect primesautier que je trouve un peu incongru). C'est enthousiasmant, sans doute clairement du côté très individuel qui souligne les changements d'humeurs de l'œuvre. Je ne connais pas l'enregistrement de Cortot en 1955, mais je vénère celui de mars 1929 en couplage avec le Carnaval et les Kreisleriana chez Philips (GPoC). |
| | | vinteix Mélomane averti
Nombre de messages : 395 Age : 55 Localisation : Japon Date d'inscription : 27/10/2006
| Sujet: Re: Schumann - Etudes symphoniques op.13 Jeu 23 Déc 2010 - 12:43 | |
| Quid de la version de M. PERAHIA ? |
| | | shushu Mélomaniaque
Nombre de messages : 1589 Localisation : Pays des ombres mais je connais un passage Date d'inscription : 15/05/2011
| Sujet: Re: Schumann - Etudes symphoniques op.13 Jeu 11 Aoû 2011 - 17:22 | |
| "Bizarrement", j'aime bien la version de Vlado Perlemuter chez Nimbus. Je dis "bizarrement" car ses limitations techniques sont nombreuses comme pour nombre de ses disques sur le tard, mais il compense par une subtilité déconcertainte dans la recherche de la pâte symphonique, dans le legato. Une version à ne pas mésestimer à mon avis, mieux que ses Kreisleriana sur le même CD.
J'ai aussi Arrau live à Prague 1976 (APR), déjà cité plus haut, mais la dernière fois que je l'ai écouté, ce n'est pas passé, et peut-être par la faute du son médiocre de ce CD avec mes réglages actuels. En réglant bien les égaliseurs et tout spécifiquement pour ce disque, ça serait pas mal (j'ai déjà apprécié en d'autres occasions)
Dernière édition par shushu le Jeu 11 Aoû 2011 - 21:00, édité 1 fois |
| | | shushu Mélomaniaque
Nombre de messages : 1589 Localisation : Pays des ombres mais je connais un passage Date d'inscription : 15/05/2011
| Sujet: Re: Schumann - Etudes symphoniques op.13 Jeu 11 Aoû 2011 - 19:23 | |
| Je suis en train de réécouter Arrau live 1976 à Prague (disque APR, Appian Publications & Recordings intitulé "Claudio Arrau in concert 1").
Ca passe mieux que la dernière fois où c'était mal passé (coup de fatigue?).
Je le trouve en forme, véhément et éloquent, et il ne se perd pas dans le son comme les amateurs de ses Debussy pourraient le craindre, plutôt dans l'harmonie qu'il rend charnue à plaisir, et le contre-chant. |
| | | oBlazeo Mélomaniaque
Nombre de messages : 533 Age : 56 Localisation : Meuse Date d'inscription : 13/02/2012
| Sujet: Re: Schumann - Etudes symphoniques op.13 Mer 22 Fév 2012 - 19:16 | |
| Hummm hemmm (ma pauvre gorge). Pour moi il n'y a qu'une seule version, celle d'Ashkenazy... |
| | | adriaticoboy Mélomane chevronné
Nombre de messages : 7173 Date d'inscription : 17/08/2005
| Sujet: Re: Schumann - Etudes symphoniques op.13 Jeu 23 Fév 2012 - 15:22 | |
| - oBlazeo a écrit:
- Hummm hemmm (ma pauvre gorge).
Pour moi il n'y a qu'une seule version, celle d'Ashkenazy... Tu connais beaucoup d'autres versions ? |
| | | oBlazeo Mélomaniaque
Nombre de messages : 533 Age : 56 Localisation : Meuse Date d'inscription : 13/02/2012
| Sujet: Re: Schumann - Etudes symphoniques op.13 Jeu 23 Fév 2012 - 16:15 | |
| - adriaticoboy a écrit:
- oBlazeo a écrit:
- Hummm hemmm (ma pauvre gorge).
Pour moi il n'y a qu'une seule version, celle d'Ashkenazy... Tu connais beaucoup d'autres versions ? Benn au moins celle D'Arrau (et je n'ai pas dit que je ne l'aimais pas, loin de là)... |
| | | Forlane Mélomane du dimanche
Nombre de messages : 22 Date d'inscription : 10/08/2013
| Sujet: Re: Schumann - Etudes symphoniques op.13 Dim 11 Aoû 2013 - 9:09 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
- Il est intéressant de remarquer que le final si spectaculaire n'est pas très difficile digitalement, avis aux pianistes de niveau moyen qui ont envie de s'amuser.
Sinon, j'ai écouté un certain nombre de versions très convaincantes récemment, dont il faudrait que je retrouve les références (pas forcément des pianistes très célèbres), mais je peux tout de suite mettre en garde contre la version Naxos et contre Brendel, les deux sont d'une sècheresse assez difficile (en plus le disque Naxos appartient à cette période où les pianistes étaient plus ou moins des tâcherons qui cachetonnaient et où leur captation du piano était très métallique). Le finale est très difficile pour les pianistes, pour avoir cette netteté dans les accords. J'en ai vu plus d'un se planter en concert. Je suis d'accord avec vous, Brendel est trop sec dans Schumann. Peut-être la prise de son y est-elle pour quelque chose aussi, les micros trop proches. Pour ma part, je pense qu'il faut jouer ces études symphoniques sans ajouter de ci de là les variations posthumes et jouer les variations posthumes à part. Elles sont trop différentes. |
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