Salle Pleyel - L'Enfance du Christ - 28/09/2010

L'Enfance du Christ par Equilbey/EOP/Accentus... ca m'apprendra à aller voir tout et n'importe quoi... Il est où le smiley qui baille?

C'était GENIAL !

Ca ne m'étonne pas .

De quoi donc ?

Hum, bon, si vous développiez un peu plus ? J'aurais bien aimé pouvoir l'écouter ce concert...

Hidraot a écrit:

De quoi donc ?

Rien, il y a toujours des gens pour trouver GENIAL ce que je trouve raté.

Et sinon, c'est quoi que tu as trouvé GENIAL ou même bien dernièrement?

Sur une durée d'un mois : Järvi avec l'OP, un concert de l'ensemble TM+ fin août (avec les poèmes de Mallarmé de Ravel et le conte fantastique de Caplet ), le récital de la semaine dernière de Berezovsky m'a déçu subjectivement mais ca reste du très haut niveau : ca ca rentrait dans la catégorie "génial". Faut pas croire que j'aime rien... et puis en l’occurrence, le début de la saison est assez faible, ca devrait s'améliorer dans les prochains mois.

Montalte Trout a écrit:

L'Enfance du Christ par Equilbey/EOP/Accentus... ca m'apprendra à aller voir tout et n'importe quoi... Il est où le smiley qui baille?

Ça ne m'étonne pas, à chaque fois que j'ai vu Equilbey diriger un orchestre j'ai trouvé ça assez mauvais (lourd, pas de travail sur les plans et avec des retards).

J'y suis pas allé, déjà six spectacles en trois semaines, même invité ou à tarif ordres mendiants, c'était pas raisonnable.

Et puis à part l'oeuvre que j'adore et Groves qui est toujours passionnant, rien ne me faisait très envie. On peut faire le difficile quand on a l'offre parisienne, au moins pour le choix de ses oeuvres.

Montalte Trout, c'est l'oeuvre qui te déplaît ou l'interprétation qui était un peu pataude ?

L'Enfance du Christ : 28/09/2010

Salle Pleyel, Paris

Le Récitant : Paul Groves
Marie : Vesselina Kasarova
Joseph : Matthew Brook
Hérode : Laurent Naouri

Ensemble Orchestral de Paris
Accentus
Maîtrise de Paris
Direction : Laurence Equilbey



Quelle belle soirée! Du Berlioz de ce niveau, c'est vraiment un grand bonheur! Déjà, l'œuvre est vraiment magnifique d'un point de vue musical. Intercalant beaucoup de chœurs et des passages musicaux, on est promené dans une atmosphère de recueillement antique, et non dans une messe. Car cet Oratorio se distingue un peu de ceux, plus arides, composés en latin et ne racontant au final aucune histoire. Ici on a des vrais personnages qui souffrent, croient et espèrent!

La direction de XXXXXX met très bien en relief les beautés de la partition : légère tout en possédant assez de force évocatrice, cette optique nous emporte et trouve en l'Ensemble Orchestral de Paris un partenaire de choix puisque jamais on entendra une lourdeur que ce soit dans les choix de direction ou dans l'exécution en elle-même. Un grand triomphe aussi suite au passage dédié à la Harpe et aux deux Flûtes : le temps s'est arrêté et tout le monde, à l'image de la chef d'orchestre assise dos au public face aux instrumentistes, retenait son souffle.
Une autre grande force de la soirée venait du chœur. On connait Accentus sur Paris… Mais à chaque fois le miracle opère! Une homogénéité telle est vraiment un frappante. Aucune voix ne dépasse d'un ensemble qui semble un seul tout : il est assez rare tout de même de pouvoir comprendre toutes les paroles d'un chœur et ce soir, c'était le cas! Et puis d'un point de vue son et nuances, on est devant un "instrument" parfait, sachant doser, mélanger et magnifier ce qu'ils touchent. En renfort se trouvait la Maîtrise de Paris et plus particulièrement le chœur des jeunes filles. Et on touche ici au même niveau de perfection et de beauté que pour Accentus. Dirigés de mains de maître par la chef d'orchestre, ces deux chœurs nous font vibrer tout au long de la soirée, notamment lors de la magnifique prière finale à cappella.

En plus de ces deux points forts, il y a aussi la distribution qu'il faut saluer, et même plus!
Matthew Brook est peut-être le point faible des chanteurs réunis… mais c'est uniquement en comparaison avec les autres car sa prestation est très bonne. Disons juste qu'il semble moins impliqué et la voix n'est pas aussi personnelle et émouvante que celle de ses collègues. Et puis le rôle de Joseph n'est pas aussi développé et personnel que le sont les trois autres parties solistes. Il faut dire aussi que les trois autres solistes font montre d'une personnalité et d'un sens des nuances bluffant et totalement magnifique!
Laurent Naouri tout d'abord en Hérode… Diction parfaite et incisive, il se trouve ici particulièrement marquant. Son roi n'est ni braillard ni ronchon : il est humain, passant par toutes ses émotions avec facilité et une voix très expressive. Souvent un peu raide (tant scéniquement que vocalement), il trouve ici des subtilités particulièrement réussies, osant des piani mixtes magnifique et montrant des graves abyssaux. S'il semble quelque peu tendu par moments, c'est aussi que la partition est exigeante pour lui. Mais il va chanter toute sa scène de la première partie avec conviction, musicalité et émotions. Son Hérode est vraiment passionnant. Moins marquant sera son vieil homme de la troisième partie, mais cela vient aussi de la partition. Disons qu'il montre qu'il peut aussi se montrer paternel et bon, tout autant que torturé et autoritaire!
En Marie, c'était Vesselina Kasarova qui nous revenait. Certains détracteurs trouvent sa voix maintenant inécoutable. Et bien qu'ils ne l'écoutent plus! Car des voix comme ça, je veux bien les écouter seul tellement elle reste magique! Le timbre tout d'abord est toujours aussi émouvant : un bronze aux multiples reflets qui fascine. Sa première intervention la trouve élégiaque et ravie, offrant une ligne de chant souveraine, un souffle inépuisable et un chant mezzo-forte d'une grande subtilité. Les aigus sortent avec bonheur, clairs et hauts, tandis que les graves sont ronds et chauds sans être poitrinés. On retrouve ici la grande Kasarova des premiers enregistrements tellement la voix est jeune et belle! Dans la suite, on ne notera qu'un passage où les graves se font plus gras et rauques, mais cela ne durera pas et rapidement, elle retrouve cette simplicité qui fait tout le bonheur du personnage. Émouvante et digne, elle illumine la soirée de sa présence. Le seul point noir est que la diction reste mauvaise : difficile de comprendre ce qu'elle chante, mais les surtitres nous renseignent en compensation!
Enfin, pour finir, c'est vers Paul Groves que l'on se tourne. Après la forte impression faite l'année dernière dans le War Requiem, il renouvelle l'exploit dans un style différent, mais toujours avec cette aisance et cette musicalité qui est la sienne. Son Récitant est pétri de nuances, mixant avec bonheur certains passages, sachant se faire plus violent à d'autres. Jamais un effet n'est gratuit : tout est pensé et réfléchit pour donner vie et couleurs à son texte. Le timbre est toujours aussi beau et la diction quasi parfaite. Ses interventions, qui pourraient être ennuyeuse, sont des moments magnifiques avec le sommet atteint lors de la fin avec cette prière uniquement accompagnée par les chœurs. Comment rester insensible à cette voix, cette intelligence et ce talent?

A noter une bonne connivence entre les chanteurs, se félicitant du regard et semblant assez proches.
Au final, une soirée magnifique car rassemblant de grands solistes, un orchestre de très bon niveau, des chœurs splendides et un chef qui mène chacun de main de maître. Du coup, la partition s'envole et prend une dimension rare. C'était un début de saison pour moi à Pleyel, et si elle continue sur la même lancée ce sera une saison anthologique!

DavidLeMarrec a écrit:

Montalte Trout, c'est l'oeuvre qui te déplaît ou l'interprétation qui était un peu pataude ?

D'une manière générale, je ne comprends pas grand chose à Berlioz, mais là c'était l'interprétation. C'est un bon exemple de concert où les ingrédients sont là mais où le résultat est, comment dire... La faute à une direction incompréhensible : pourquoi TOUT prendre 10-20 pulsations en-dessous des temps écrits, pourquoi transformer tous les allegro et les allegreto en andante, pourquoi tout jouer {p} ou {mp}, même quand il est écrit {ff}? Exemple type de la fausse légèreté, de la subtilité pour la subtilité, qui fait qu'il n'y a plus aucune subtilité du tout mais une léthargie générale et un orchestre rachitique (déjà que l'EOP c'est pas ca...). C'était lent, mou, lent, mou, je crois n'avoir jamais entendu une interprétation aussi amorphe et ennuyeuse, même pas ennuyeuse à cause de défauts d'exécution, mais juste parce que les choix de direction font tout pour ennuyer. J'ai trouvé ca mortifère, de la musique pour vieux mourant, comme il ne faudrait jamais jouer cela. La troisième partie rattrapait un peu (encore que le choeur final s'éternisait grotesquement), mais la première moitié était insupportable.

Eh bien, entre vos deux messages, pour se faire une idée.

Merci en tout cas de nous faire partager vos impressions de façon aussi détaillée.

Eschenbach dans la Symphonie Fantastique l'année dernière, voilà ce qui pour moi est du Berlioz affreux : lent, mou et lourd!
Là, j'ai pas trouvé ça mollasson du tout, et globalement, cette douceur me convient très bien dans ce genre d'oeuvre!

Après, désolé que tu ais passé une mauvaise soirée... Même les chanteurs ne t'ont pas passionnés?

En tout cas, ce qui est sur, c'est que c'est un bijou cette oeuvre. Et vous avez de la chance de l'avoir au programme ...

Ah sinon, y avait tout plein de micros partout...

Diffusion radio prochaine? Commercialisation ultérieure?


Par contre, même pas un petit CD de Kasarova dans la boutique de Pleyel... y en avait que pour Accentus.

Polyeucte a écrit:

Même les chanteurs ne t'ont pas passionnés?

Mais si les chanteurs c'était très bien... mais quand la direction suit pas, moi je m'ennuie. Un peu de douceur, d'accord, mais ce n'est pas écrit comme 1h40 de douceur. Après, j'imagine bien qu'Eschenbach ca puisse être pire. C'était pas affreux, j'ai juste trouvé qu'Equilbey était en train d'objectiver l'ennui.

Ah ben comme quoi. Moi j'ai au contraire trouvé ça super... comme quoi!

Cololi a écrit:

En tout cas, ce qui est sur, c'est que c'est un bijou cette oeuvre. Et vous avez de la chance de l'avoir au programme ...

Et encore plus d'avoir le luxe de ne pas y aller parce qu'on est sûr qu'elle sera prochainement reprise par encore plus prestigieux.

Montalte peut-etre tu n'aimes pas l'oeuvre independamment de l'orchestre/chef ?!

Cette oeuvre est tres lente et douce, les cuivres inexistents (sauf dans une fraction de la premiere partie)... et c'est tres different par rapport a ce qu'on entend d'habitude de Berlioz. Ca parait meme dingue qu'une personne qui a ecrit L'enfance du Christ tout en douceur, a pu egalement composer Dies Irae/Tuba Mirum 'orgasmique'.

Je ne pensais pas y aller car j'ai vu trop-trop-trop de concerts et de spectacles recemment, mais puisque j'avais promis accompagner 2 vieilles connaissances qui decouvraient la Salle Pleyel... J'ai donc vu 2 premieres parties (parti a l'entracte) et c'etait tres bien.

fliegender a écrit:

Je ne pensais pas y aller car j'ai vu trop-trop-trop de concerts et de spectacles recemment, mais puisque j'avais promis accompagner 2 vieilles connaissances qui decouvraient la Salle Pleyel... J'ai donc vu 2 premieres parties (parti a l'entracte) et c'etait tres bien.

Mais pourquoi avoir quitté la salle alors que c'était bien
T'as loupé une superbe troisième partie!

DavidLeMarrec a écrit:

Cololi a écrit:

En tout cas, ce qui est sur, c'est que c'est un bijou cette oeuvre. Et vous avez de la chance de l'avoir au programme ...

Et encore plus d'avoir le luxe de ne pas y aller parce qu'on est sûr qu'elle sera prochainement reprise par encore plus prestigieux.

T'es devenu comme eux

Mais Berlioz a écrit beaucoup de choses douces : le Te Deum, Harold en Italie... Le Dies Irae/Tuba Mirum est plus l'exception que la règle. D'ailleurs, Berlioz se plaint régulièrement dans ses mémoires du fait qu'on ne le connaît (et le déteste) que pour cet aspect de son oeuvre qu'il ne considère pas comme représentatif...

fliegender a écrit:

Cette oeuvre est tres lente et douce, les cuivres inexistents (sauf dans une fraction de la premiere partie)... et c'est tres different par rapport a ce qu'on entend d'habitude de Berlioz. Ca parait meme dingue qu'une personne qui a ecrit L'enfance du Christ tout en douceur, a pu egalement composer Dies Irae/Tuba Mirum 'orgasmique'.

C'était volontairement un pastiche d'une oeuvre archaïque (moi je trouve ça assez moderne en fait dans les harmonies), c'est pourquoi ça ne ressemble pas au reste. Et puis dans Herminie et la Mort de Cléopâtre non plus ça ne pétarade pas.

Cololi a écrit:

DavidLeMarrec a écrit:

Cololi a écrit:

En tout cas, ce qui est sur, c'est que c'est un bijou cette oeuvre. Et vous avez de la chance de l'avoir au programme ...

Et encore plus d'avoir le luxe de ne pas y aller parce qu'on est sûr qu'elle sera prochainement reprise par encore plus prestigieux.

T'es devenu comme eux

Oui.

Surtout, on est obligé de faire des choix. A Bordeaux je décidais d'aller voir quelque chose dès qu'il y avait une oeuvre ou un interprète qui me motivait. Voire quand ce devait simplement être au-dessus de la moyenne locale. Là, ce n'est plus possible, c'est superlatif tout le temps, avec des raretés partout et d'immenses interprètes en permanence...

Alors je choisis. Mais crois bien que j'en rougis.

Le pastiche porte surtout sur les pages écrites et exécutées en premier, notamment l'Adieu des Bergers à la Sainte Famille, censées écrites par Pierre Ducré.
Pour ceux que ça intéresse, les notes de programme de Pleyel sont disponibles :
www.sallepleyel.fr/pdf/note_programme/np_11075.pdf

Michel Desrousseaux a écrit:

Le pastiche porte surtout sur les pages écrites et exécutées en premier,

Exécutées en premier, mais c'est en réalité la Seconde Partie. Il est vrai que c'est plus crédible que la première avec son récitant, son orchestration, l'entrée d'Hérode !

fliegender a écrit:

Je ne pensais pas y aller car j'ai vu trop-trop-trop de concerts et de spectacles recemment, mais puisque j'avais promis accompagner 2 vieilles connaissances qui decouvraient la Salle Pleyel... J'ai donc vu 2 premieres parties (parti a l'entracte) et c'etait tres bien.

Je pensais aussi y aller, ne serait-ce que parce que je trouve cela rare de voir une chef diriger (et ça m'excite beaucoup je dois dire...), mais finalement, moi aussi, trop-trop-trop de concerts et surtout beaucoup de boulot, donc j'ai fait un choix entre ça et Cosi le jour d'avant (dont personne n'a parlé !!).

Bah, là tu n'aurais eu d'yeux que pour Kasarova et sa robe fendue...

Polyeucte a écrit:

Bah, là tu n'aurais eu d'yeux que pour Kasarova et sa robe fendue...

Ouais donc en fait tu n'as regardé QUE Kasarova et sa robe fendue

On ne voyait sa jambe que quand elle sortait de scène... voyons, elle sait se tenir Vesselina!

Tu dis ce que tu veux de toute façon , je n'ai pas la chance d'être parisienne pour cette saison du moins

Je peux présenter un témoin (anonyme bien sûr!) qui pourra confirmer mes dires :


Je confirme les dires de Polyeucte



Alors?

Alors ? T'es pas crédible

calbo a écrit:

Alors ? T'es pas crédible

Et ben alors je m'en vais! Na!

C'est ça je vais te croire

L'art de remonter un sujet de concert 4 ans et demi après...

Donc l'explication des micros, c'était l'enregistrement pour le fond de la Cité de la Musique...
Du coup, j'ai me le suis re-écouté!
Et c'est toujours aussi chouette...

http://media.citedelamusique.fr/medias/doc/EXTRANET/CIMU/0956979/

Disponible en entier pour ceux qui disposent d'un abonnement dans une médiathèque...
Pour s'inscrire : http://media.citedelamusique.fr/cda/administration/directory/createuser.aspx?instance=EXTRANET
(ou via votre espace abonné de la médiathèque de Paris, directement sous l'endroit où ça vous récapitule vos emprunts...)

Bonne qualité de son en plus!

Super !
J'avais adoré ce concert, ça va être chouette de pouvoir le réécouter.

C'est le premier que j'ai écouté en entier depuis que j'ai réussi à me connecter...