Salle Pleyel 2010-2011 (Concerts divers)

Barber -TIppett : 01/04/2011

Salle Pleyel, Paris

Samuel Barber:
Concerto pour violon et orchestre, opus 14

Michael Tippett:
A Child of our Time, oratorio en trois parties


Nemanja Radulovic, violon
Indra Thomas, soprano
Nora Gubisch, mezzo-soprano
Kim Begley, ténor
Jonathan Lemalu, basse

Orchestre Philharmonique de Radio-France
Chœur de Radio-France

Chef de chœur : Alan Woodbridge
Direction : Steuart Bedford



Que des découvertes ce soir... et quelles découvertes !


En première partie donc nous avons le concerto pour violon de Barber... Je dois bien dire que je n'ai pas été entièrement passionné... C'est bien agréable à entendre, avec une belle mise en valeur du violon, notamment dans le dernier mouvement... Mais je n'ai pas senti d'émotions ou de grande vision. Est-ce la faute de l'exécution ou de la partition ? Pourtant, le violoniste se donnait... voir même un peu trop à mon goût. En effet, on était vraiment au spectacle ce soir avec jetés de cheveux, pliage de jambes, balancements durant les passages d'orchestre. Radulovic en fait un peu trop à mon goût.
Mis à part cette aspect de cirque par contre, ce qu'il jouait semblait très bien fait, avec vie, virtuosité et belle musicalité. Mais on reste quand même souvent dans une interprétation qui me semble un brun sage...
Au final, grand triomphe bien sûr... et deux bis qui eux sont presque plus intéressants ! Tout d'abord un magnifique thème du film La Liste de Schindler, accompagné par quelques cordes uniquement. Très beau moment, émouvant et musical ! Ensuite un autre bis que je n'ai pas reconnu... cela ressemblait à un éclat de rire... là encore, on trouve le violoniste plus expansif finalement que durant le concerto...


En deuxième partie, A Child of Our Time m'a fait une très forte impression. Je dois dire qu'en lisant les notes du programme, j'ai un peu eu peur de ce mélange entre oratorio et spirituals... mais finalement, ce mélange est un vrai bonheur !
Comment ne pas penser au War Requiem à l'écoute ? Bien sûr les procédés ne sont pas les mêmes, la structure non plus... mais le but et la période sont les mêmes ! Ce sont dans les deux cas des œuvres composées en réaction des atrocités de la seconde guerre mondiale. On retrouve la même charge émotionnelle ici. Le texte est moins littéraire que ne peut l'être la composition de Britten mais possède une force certaine. Je dois dire que j'ai particulièrement été marqué par une phrase de la fin : "Here is no final grieving, but an abiding hope/ Il n'est pas de chagrin définitif, mais un immuable espoir". Cette histoire présentant la "vie" si l'on peut dire et la mort de cet enfant est particulièrement touchante, d'autant plus qu'en prenant cet exemple, Tippett n'en ferme pas pour autant les autres types de personnages.
Musicalement donc, on est dans une vision qui ne dépare pas trop de Barber, une composition certes moderne, mais assez consensuelle à l'orchestre. Se mêlent à cette musique originale les spirituals donc... et ils se mêlent vraiment dans le sens où la musique peut être continue pour faire la transition et les solistes vont reprendre par exemple des lignes chantées avant pour les superposer à la ligne habituelle.

D'un point de vue interprétation, j'ai été très séduit aussi. L'orchestre m'a semble particulièrement à son aise ici, claire et détaillé, ne versant jamais dans l'effet forcé et gratuit.
Le chœur a lui été encore une fois de toute beauté ! A chaque fois que j'entends cette formation, je suis sous le charme et c'est encore le cas ici étant donné la place importante qu'il occupe ici. Homogène, claire, puissant... et précis !
Les solistes rassemblés pour l'occasion sont dans l'ensemble très bons. Le ténor Kim Begley, qu'on a entendu à l'ONP dans Billy Budd ou l'Or du Rhin surprend par la beauté et la fraicheur de la voix. Sa bonne diction nous permet d'assez bien comprendre ce qu'il chante sans pour autant en référer sans cesse au livret. Ce répertoire semble être taillé pour lui tellement la ligne musicale lui va comme un gant, n'imposant aucune tension tout au long de la pièce.
Indra Thomas revient après sa magnifique prestation en ces lieux dans le War Requiem l'année dernière. Et elle confirme l'effet produit, même si la partition est très différente. Elle fait ici valoir son magnifique soprano large, puissant et ambré. Très sensible, elle est la voix de l'amour maternel, de la tristesse... Et ses interventions dans les spirituals sont tout bonnement parfaites. Sa prestation m'a fait rêver à Leontyne Price dans la même partition...
Nora Gubisch a un certain talent de conteuse... et en tant que narrateur elle nous propose une belle déclamation. Sauf que l'accent anglais lui est vraiment mauvais, les mots en devenant très déformés par moments. Par contre, la voix est belle, avec juste ce qu'il faut de puissance et de poids pour que sa partie ait une grande noblesse sans pour autant avoir de lourdeur.
Jonathan Lemalu propose une voix assez étrange, très sèche et handicapée d'un vibrato assez laid. Malgré cela, l'humanité qui se dégage de son interprétation touche directement par la simplicité qu'il propose. Lui aussi souvent récitant, il reste touchant sans en devenir non plus trop lyrique.

Au final, un véritable triomphe grandement mérité pour l’œuvre mais aussi les interprètes ! Je dois dire que comme l'année dernière avec le War Requiem j'ai engrangé beaucoup d'émotions et suis déjà à la recherche d'enregistrements de ce A Child of Our Time !

Merci de ton compte-rendu, Polyeucte. Je regrette bien de n'avoir pas assisté à ce concert, j'aime beaucoup le Child of Our Time qui est si rarement donné.

Polyeucte a écrit:

suis déjà à la recherche d'enregistrements de ce A Child of Our Time !

Il y a un enregistrement de Davis avec Baker, Norman, Cassilly et Shirley-Quirk, on doit pouvoir le trouver :

Montalte Trout a écrit:

Mon classement pour ce cycle Mahler maintenant achevé :
Phénoménale neuvième. Rien de plus à dire.

Je viens de regarder le live de mezzo que j'avais enregistré... je ne l'ai pas trouvé si phénoménale que ça moi... le 3e mouvement en particulier (qui est l'un de mes préférés toutes symphonies confondues) ne m'a pas du tout convaincu.

Demain après-midi, très beau programme romantique par l'ONDIF:
http://www.sallepleyel.fr/francais/evenement.aspx?id=10977

Je raterai pas !

Xavier a écrit:

Demain après-midi, très beau programme romantique par l'ONDIF:
http://www.sallepleyel.fr/francais/evenement.aspx?id=10977

ONDIF, c'est l'acronyme habituel ? Spontanément, je mettrais plutôt ONIF, mais je n'ai pas vérifié sur leur plaquette.

Sinon, sur le programme, il n'y a aucune oeuvre qui me tente particulièrement... comme quoi l'intéressant est toujours relatif.

C'est bien l'ONDIF oui.
Pour ce qui est du programme, la deuxième partie est relativement tentante, mais pas par l'ONDIF.

Seulement, si on attend que le Philharmonique de Vienne joue ça en tournée, on peut moisir sur place.

Je ne vois pas trop ce qui n'appartient pas au répertoire là-dedans, à part l'Ile des morts et encore, alors c'est possible d'entendre ca par des orchestres d'un autre niveau (mes trois derniers Poème de l'extase, c'est Chicago, l'OPRF et le Brussels Philharmonic, et le prochain ca sera avec le LSO). Je ne suis pas contre aller entendre des raretés par des orchestres de seconde zone, mais là on est pas dans cette disposition...
Et le philharmonique de Vienne en tournée, non merci, je préfère nettement les concerts hebdomadaires de l'OPRF.

Oui, enfin là, cet après midi, c'était loin d'être un orchestre de seconde zone. Rien a envier au poème de l'Extase du Brussels Philharmonic à la cité de la musique l'automne dernier.
J'avoue avoir été très agréablement surpris par l'ONDIF dans ce programme. L'Ile des Morts était très réussie aussi.
Je pense que Xavier en dira deux mots. Perso, j'ai passé un excellent moment.

L'unique fois où je les ai entendus, j'ai été très surpris par cet orchestre : c'était beaucoup mieux que de la seconde zone.

J'étais au 1er balcon d'abord puis à l'arrière-scène pour la 2è partie, ça faisait longtemps que je n'y étais pas allé, l'impact physique m'a littérallement donné des frissons, notamment dans l'Ile des morts, superbement construite par le chef (que je ne connaissais pas du tout) malgré un peu de dégoulinage dans les passages lents pris parfois très lents, mais honnêtement, j'ai pris un sacré pied!
Idem pour le Poème de l'extase, remarquablement bien joué malgré les difficultés de la partition (très peu d'imprécisions de cuivres finalement), avec une fin toujours aussi exaltante.
Le jeune pianiste belge a donné un beau 2è concerto de Liszt, et l'ouverture du Vaisseau était également très réussie.
Vraiment, un très beau concert, tant pis pour les pisse-froid!

Sinon, il y a aussi une belle Ariane et Barbe-Bleue avec Jennifer Wilson et le philharmonique de Radio France qui s'annonce cette semaine.
Mais pour ma part, comme je vais déjà à des concerts jeudi, samedi et dimanche, je vais essayer d'éviter l'overdose et vais donc faire une croix sur le Dukas...

Dommage... parce que Ariane quand même... je dois dire qu'entre Ariane et Parsifal, si je devais choisir, ce serait tout fait! Mais pas besoins de choisir, vu que je fais les deux!

Oui mais moi je vais aussi à Schwanewilms le samedi, Pelléas le dimanche...
Et la distribution du Parsifal est quand même super tentante!

Oui mais Ariane ...

Toi qui juges les oeuvres et non les distributions... serais-tu un peu glotto chez Wagner

Polyeucte a écrit:

Oui mais Ariane ...

Toi qui juges les oeuvres et non les distributions... serais-tu un peu glotto chez Wagner

J'avoue que quand j'ai fait mon choix, c'est Uria-Monzon qui était prévue pour Ariane et que ça m'a fait reculer!

Enfin, si on ne parle que des oeuvres, je mets Parsifal bien plus haut qu'Ariane dans mon panthéon personnel.

Xavier a écrit:

J'avoue que quand j'ai fait mon choix, c'est Uria-Monzon qui était prévue pour Ariane et que ça m'a fait reculer!

Oui, je comprends... j'y allais avec la peur au ventre... après Polaski... BUM me faisait un peu peur!

Citation :

Enfin, si on ne parle que des oeuvres, je mets Parsifal bien plus haut qu'Ariane dans mon panthéon personnel.

Rho... oui mais Parsifal, tu peux le voir "quand tu veux" comme dit Xavier!

Comme dit David!

Mais Nagano me fait envie, Denoke me fait envie, Volle me fait envie...

Xavier a écrit:

Comme dit David!

Oui il est trop tard! J'ai été épuisé par Roméo et Juliette de Proko (c'était génial!!!)

Citation :

Mais Nagano me fait envie, Denoke me fait envie, Volle me fait envie...

Oui, mais Ariane quand même... c'est tellement beau... et puis après Cambreling et Polaski, ça sera mieux!!

J'hésites... Mais c'est pareil, je vais déjà à 3 concerts cette semaine : Akhmatova, Parsifal & Pelléas...
Seulement, je risque d'attendre longtemps pour entendre Arianne dans ces conditions...

Ah tu seras à Pelléas aussi ?

Changement de distribution pour Ariane et Barbe-Bleue de Dukas vendredi...
Ariane sera finalement chantée par Katarina Karnéus!!

ça va vraiment être trop bien!

Il reste des places pour ceux qui n'ont pas encore leur précieux sésame (ou pour ceux qui en ont une pour Pelléas et qui viennent de voir la lumière et se disent que Ariane c'est quand même bien mieux!)

Retourne à Pelléas au lieu de raconter des bétises

Tu as vu tout le monde qui y sera ? Et tu crois que je vais me déplacer ?

Cololi a écrit:

Retourne à Pelléas au lieu de raconter des bétises

?? Attends j'irai l'année prochaine à Bastille... faut pas pousser quand même! Pelléas en version de concert, c'est un peu trop pour moi je pense! Déjà qu'avec mise en scène ça va être dur...

Polyeucte a écrit:

Cololi a écrit:

Retourne à Pelléas au lieu de raconter des bétises

?? Attends j'irai l'année prochaine à Bastille... faut pas pousser quand même! Pelléas en version de concert, c'est un peu trop pour moi je pense! Déjà qu'avec mise en scène ça va être dur...

Arkoli :

Il avait pourtant toujours suivi mes conseils jusqu'ici
J'avais cru le rendre heureux en l'envoyant écouter Pelléas
Il ne pouvait pas rester gounolatre
et depuis la démission paternelle
il était triste d'être seul
Et cette écoute aller mettre fin à une longue période de mauvais gout
Il ne l'a pas voulu ainsi ...
Qu'il en soit comme il l'a voulu, je ne me suis jamais mis en travers d'une destinée ...

Je sais mieux que lui son avenir
Il n'arrive p être pas ... de concerts inutiles ...

Cololi a écrit:

Polyeucte a écrit:

Cololi a écrit:

Retourne à Pelléas au lieu de raconter des bétises

?? Attends j'irai l'année prochaine à Bastille... faut pas pousser quand même! Pelléas en version de concert, c'est un peu trop pour moi je pense! Déjà qu'avec mise en scène ça va être dur...

Arkoli :

Il avait pourtant toujours suivi mes conseils jusqu'ici
J'avais cru le rendre heureux en l'envoyant écouter Pelléas
Il ne pouvait pas rester gounolatre
et depuis la démission paternelle
il était triste d'être seul
Et cette écoute aller mettre fin à une longue période de mauvais gout
Il ne l'a pas voulu ainsi ...
Qu'il en soit comme il l'a voulu, je ne me suis jamais mis en travers d'une destinée ...

Je sais mieux que lui son avenir
Il n'arrive p être pas ... de concerts inutiles ...

Si j'étais Dieu, j'aurai pitié des oreilles des hommes.

Bon, j'ai craqué.... J'irais écouter Arianne ! (et Parsifal & Pelléas)

Si tu veux faire le grand chelem, il ne te reste plus qu'à prendre ta place pour Schwanewilms samedi.
http://www.concertclassic.com/festival/concerts_details.asp?p_ag_con_id=11144&p_ag_rep_id=15111&af_title=Op%E9ra+Comique+%2D+M%F6rike+Lieder+%2D+Anne+SCHWANEWILMS (il y a des réducs là aussi)

Et de commencer par Rotterdam/Saraste ce soir pour entendre autre chose que des glottes. Pour ma part, je sais pas si je vais faire Schawenwilms mais les 4 autres oui.

Montalte Trout a écrit:

Et de commencer par Rotterdam/Saraste ce soir.

Ca m'intéressait énormément aussi... Mais je sais qu'un Parsifal par exemple ça me prend pas mal d'énergie et de concentration tout de même, je ne me vois pas enchaîner 4 ou 5 concerts aussi longs d'affilée sans jour de relâche.

Xavier a écrit:

Si tu veux faire le grand chelem, il ne te reste plus qu'à prendre ta place pour Schwanewilms samedi.
http://www.concertclassic.com/festival/concerts_details.asp?p_ag_con_id=11144&p_ag_rep_id=15111&af_title=Op%E9ra+Comique+%2D+M%F6rike+Lieder+%2D+Anne+SCHWANEWILMS (il y a des réducs là aussi)

Non ça ira ! En plus je vais voir Akhmatova ce soir... Avec le concert de Dimanche dernier, je n'ai jamais fait une série comme ça. Heureusement, Samedi, je dors....

*Niko a écrit:

Xavier a écrit:

Si tu veux faire le grand chelem, il ne te reste plus qu'à prendre ta place pour Schwanewilms samedi.
http://www.concertclassic.com/festival/concerts_details.asp?p_ag_con_id=11144&p_ag_rep_id=15111&af_title=Op%E9ra+Comique+%2D+M%F6rike+Lieder+%2D+Anne+SCHWANEWILMS (il y a des réducs là aussi)

Non ça ira ! En plus je vais voir Akhmatova ce soir... Avec le concert de Dimanche dernier, je n'ai jamais fait une série comme ça. Heureusement, Samedi, je dors....

C'est drôle la vie, il y avait potentiellement 4 ou 5 trucs cette semaine qui m'intéressaient au plus haut point... et en fait je n'en verrai aucun !

Est-ce que qqn des forumeurs a ete voir ce concert ?
http://www.sallepleyel.fr/francais/evenement.aspx?id=10952

Pour moi c'etait malheureusement impossible d'y aller meme si j'avais le billet dans l'abonnement. Il y avait Nelson Freire, mais surtout ce tres jeune chef nicois, Lionel Bringuier, qui a tant impressionne le public lors des Proms 2010 a Londres.


Edit: Je viens de "decouvrir" que le concert est disponible sur Arte
http://liveweb.arte.tv/fr/video/L_Orchestre_Philharmonique_de_Radio_France_invite_Lionel_Bringuier_et_Nelson_Freire/

Annulation de Borodina pour Samson à Pleyel le 17... elle est remplacée par Elena Bocharova

J'ai la guigne avec Borodina?? Deux fois que je dois la voir à Paris, deux fois qu'elle annule...

Polyeucte a écrit:

Annulation de Borodina pour Samson à Pleyel le 17... elle est remplacée par Elena Bocharova

J'ai la guigne avec Borodina?? Deux fois que je dois la voir à Paris, deux fois qu'elle annule...

On peut ouvrir un club si tu veux ...

J'espère que la remplaçante sera au niveau... parce que bon, Heppner...

Pour quelle raison ?

Elle est toujours annoncé à Toulouse pour le 13, Samson également...

Raison de santé dixit Pleyel...

C'est confirmé au téléphone et même remplaçante...

Exceptionnel récital Radu Lupu hier soir.

Personne ne joue aussi bien Schumann et Schubert !

De nombreux pianistes dans la salle pour écouter le maître...

Les deux bis Schumann étaient tellement beaux que je ne suis pas certains de les avoir identifiés : op 12 N°3 et dernière Waldszenen ??

Polyeucte a écrit:

Raison de santé dixit Pleyel...

Un peu plus d'info sur Parterre Box : Olga Borodina annule aussi son Eboli pour la tournée du MET au Japon, en juin prochain. Motif : repos vocal de 2 mois imposé par la faculté. A noter qu'elle n'a pas terminé sa série d'Aida au ROH en mars/avril dernier.

Samson et Dalila : 17/05/2011

Salle Pleyel, Paris


Dalila : Elena Bocharova
Samson : Ben Heppner
Le Grand Prêtre : Tomas Tomasson
Abimelech : Nicolas Testé
Un messager philistin : Alain Gabriel
Un Vieillard Hébreu : Guojon Oskarsson
Premier Philistin : Charles Ferré
Deuxième Philistin : Tomislav Lavoie

Choeur du Capitole de Toulouse
Direction : Alfonso Caiani

Orchestre National du Capitole de Toulouse
Direction : Tugan Sokhiev


L'un des grands intérêts de cette soirée était la participation d'Olga Borodina. Ayant malheureusement un soucis de santé, on nous propose Elena Bocharova en Dalila... Bien sûr, on est content que le concert n'ait pas été annulé, mais la déception est tout de même assez importante. Non pas que la mezzo soit mauvaise... mais on sent la voix encore un peu jeune, sans l'ampleur égale sur toute la tessiture. Ainsi les graves vont réussir à sortir de façon ronde et sonore au troisième acte, alors qu'avant, ils sont peu puissants et opaques. De même, les aigus sortent quelque peu comme ils peuvent, souvent très sonores, mais sans une vraie rondeur construite. Du point de vue personnage, on reste dans une Dalila assez traditionnelle mais là encore sans l'approfondissement que peut apporter Borodina après toutes ces années à fréquenter le rôle. Une bonne Dalila remplaçante donc, mais qui n'égale pas l'affiche originale malheureusement...
En Samson, Ben Heppner était une grande crainte pour moi, et la lecture des commentaires suite à ses prestations à Toulouse. Le début présente une voix assez nasale et instable... mais va finir par trouver une assise assez bonne. Les aigus montrent le ténor assez tendu, appréhendant il semble l'arrivée de difficultés. Malgré tout, tout sort plutôt bien, sans grand accident majeur, si ce n'est la dernière note... lancée avec puissance mais craquée. Peut importe au final, ce final étant une bravade, le courage du chanteur est à saluer pour l'avoir tenté ! Tout au long de la soirée, j'ai été assez frappé par la relative fraicheur du timbre, qu'on trouve assez clair et léger, avec assez de métal pour tout de même passer l'orchestre. Question interprétation, on reste dans le minimum requis en cela qu'il ne donne pas tout le charisme attendu pour un tel personnage.
Le trio principal est complété par le Grand Prêtre de Tomas Tomasson. Son entrée m'a fait penser à une sorte de Leiferkus moins tranchant. Mais il va gommer cette aigreur du timbre et donner de la rondeur et de la tenue à sa voix, qui finit par avoir un timbre assez agréable et noble. Du coup, on trouve un Grand Prêtre qui sait s'imposer tout en soignant assez bien la ligne de chant.
Les deux basses sont assez différentes. Testé manque de mordant pour Abimelech, sa voix étant trop "gentille" pour ce prince. Le Vieil Hébreu par contre possède une voix sans grand soin, trop brut et sans noblesse pour le personnage. Dommage.

Mais on ne peut pas passer sous silence le chœur, qui au final sera le grand triomphateur lors des saluts. Il faut bien avouer que ce qui est proposé ici est magistral. D'une cohérence parfaite, de timbre superbe, d'un impact immense, ils savent doser puissance et énergie avec une science impressionnante. Et vue l'importance du chœur dans la partition de Saint-Saëns, on comprend le triomphe final.
L'orchestre est lui aussi magnifique de timbre et de tenue. Et la direction de Sokhiev utilise parfaitement cet instrument très bien réglé. Beaucoup de dynamique, étirant les passages lents, tout en proposant un bacchanale très vive. Du coup, beaucoup d'atmosphère ici, mais qui renforce encore le côté oratorio de l'oeuvres, montrant toute l'importance de l'orchestre et des chœurs.

Du coup, une bonne soirée, avec un chœur et un orchestre toujours aussi magistral. La distribution est globalement assez bonne, avec par contre une diction assez moyenne de tous côté (sauf Testé!).

Quelques mots en vrac :

Découverte pour moi de cet opéra. L'intrigue est dans la bonne nullité moyenne, mais ça s'écoute. Côté musique, j'ai adoré !

J'ai beaucoup aimé la prestation de l'orchestre (j'avais un peu peur, l'an dernier sur un programme symphonique - danses symphoniques de Rachmaninov et je sais plus quoi -, ils étaient vachement raides, pas vraiment de respiration dans la musique). Ça accompagnait bien les chanteurs, ça montait en puissance de façon contrôlée quand il le fallait.

Les choeurs, miam ! Je rejoins Poly .

Les solistes par contre, j'ai un gros bémol général sur la prononciation. J'ai quand même du mal à comprendre qu'en allant dans une grande salle de la capitale de la France, pour un opéra français, il n'y ait pas un seul chanteur qui prononce correctement. Je ne suis pas un connaisseur de voix, donc je ne peux pas me livrer à donner des noms que j'aurais voulu avoir, mais ça doit bien exister des chanteurs français ?

Côté timbre de Heppner, dans mon rang, j'étais le seul à ne pas détester. Du moins quand il chantait en douceur. Par contre, dès qu'il montait en puissance, j'avais vraiment l'impression d'entendre Donald Duck parodier un chanteur lyrique. Le coin couac final était l'apothéose. J'ai vu plusieurs personnes s'aggriper brusquement la machoire pour ne pas laisser exploser leur rire.

Sinon, l'Irrespect du public ne s'arrange pas : pendant le I, une connasse a bouffé son dîner emballé dans du papier d'alu. Je n'ai pas pu l'engueuler moi-même à l'entracte, une de mes connaissances s'en chargeait déjà très bien tout seul. Du coup j'ai été défouler mes nerfs près du staff Pleyel (désolé pour eux) sur la clim encore poussée à fond. En haut du second balcon, on gèle !!! Passe encore en hiver (oui, la clim marche aussi en hiver) car on peut remettre son écharpe et son manteau, mais là, il fait bon dehors et on n'a donc pas de quoi se chauffer sous la main.

Abnegor a écrit:

Sinon, l'Irrespect du public ne s'arrange pas : pendant le I, une connasse a bouffé son dîner emballé dans du papier d'alu. Je n'ai pas pu l'engueuler moi-même à l'entracte, une de mes connaissances s'en chargeait déjà très bien tout seul.

Ah c'était ça! J'étais aussi au deuxième balcon et à l'entracte, j'ai pas compris ce qu'il se passait !

Abnegor a écrit:

Les solistes par contre, j'ai un gros bémol général sur la prononciation. J'ai quand même du mal à comprendre qu'en allant dans une grande salle de la capitale de la France, pour un opéra français, il n'y ait pas un seul chanteur qui prononce correctement. Je ne suis pas un connaisseur de voix, donc je ne peux pas me livrer à donner des noms que j'aurais voulu avoir, mais ça doit bien exister des chanteurs français ?

Oui, il existe des chanteurs français, mais il est de tradition, depuis quarante ans, de ne chanter cette oeuvre qu'en volapük et dans un style braillard international. On distribue Dalila à des ogresses (quand on les écoute, on les imagine avec un ventre qui remplit l'espace du temple entre elle et le Grand Prêtre...), russes si possible (manière que le français soit assez déformé et articulé suffisamment en arrière pour être indécryptable), sous prétexte que le rôle est écrit grave ; on distribue Samson aux pires braillards pour "faire du son".

Et franchement, hier, la distribution, avec le remplacement de Borodina, me faisait plutôt envie (par rapport à la moyenne) : Botcharova, c'est de la bouillie, mais ça a une certaine logique lorsqu'elle gazouille. Et le français de Heppner est bon en principe.

Il suffit de regarder les intégrales au disque à partir de 1970...


C'est pour moi un mystère, alors qu'on arrive quand même à distribuer Carmen à des gens qui la plupart du temps chantent mal le français mais font des efforts... pourquoi non seulement on distribue toujours S&D à des chanteurs sans notion de français mais qui de surcroît semblent s'ingénier à accentuer leurs défauts de prononciation ?

Abnegor a écrit:

Découverte pour moi de cet opéra. L'intrigue est dans la bonne nullité moyenne, mais ça s'écoute. Côté musique, j'ai adoré !

En effet le livret de cet opera est vraiment d'une nulite impressionnante (comme c'est le cas avec une bonne partie des operas du 19e) Du coup c'est tres bien de le donner en VC -- sinon le monter d'une facon moderne et intelligente aurait ete un plaisir a voir aussi.

Tomasson est mon chanteur prefere et hier soir il etait largement le meilleur et parfaitement comprehensible. Je dirais meme plus intelligible que Teste (que j'ai bien aime sinon). OK, etre meilleur dans une telle distribution n'est pas un grand compliment mais...

Heppner est certes une ruine vocale mais je le trouvais hier soir grandement ameliore par rapport a des 4 dernieres fois ou je l'ai ecoute chanter en direct: Tristan (ROH), Siegfried (Aix), Lohengrin (DOB), Tristan (Acte-2, BB).

La dame qui a chante Dalila a un souffle infini ce qui fait plaisir d'entendre; elle pioche joliment dans les gravi et monte vers les aigus quand il le faut, mais son medium reste faible. Cote comprehension c'est comme Dame Sutherland -- sans surtitres on ne comprend rien du tout.

Ce concert confirme un peu la malediction operatique parisienne. Hormis le Ring tout ce qu'on voit ou ecoute c'est soit OK ou franchement mauvais. Meme des excellents chanteurs semblent avoir des mauvais soirs quand ils chantent a Paris. Peut-etre que c'est la malediction du Ring justement ?!

Sinon, si vous voulez ecouter qqchose de decent allez a Versailles : malgre la mise en scene ca-ta-stro-phique, ce Giulio Cesare est magnifiquement joue/orch. et chante.

DavidLeMarrec a écrit:

C'est pour moi un mystère, alors qu'on arrive quand même à distribuer Carmen à des gens qui la plupart du temps chantent mal le français mais font des efforts... pourquoi non seulement on distribue toujours S&D à des chanteurs sans notion de français mais qui de surcroît semblent s'ingénier à accentuer leurs défauts de prononciation ?

Je pense que c'est lie au fait que de nos jours S&D est plutot un opera rare, tandis qu'a l'epoque (70-80) on le jouait a peu pres partout. Du coup il y avait un certain desir de perfectionner le role qui faisait partie du repertoire "pain quotidien" pour des bons mezzos.

C'est un peu ce qui se passe avec Carmen aujourd'hui. Jossie Perez ne parle pas deux mots en francais et apres tant d'exercices sa Carmen est magnifique (celle de Kate Aldrich aussi, ou de Christine Rice...) Elles font vraiment un effort pour perfectionner leur diction et ca s'entend. Si on les demandait de chanter Dalila elles auraient prepare le role correctement mais pas avec autant de soin evidemment et le resultat aurait ete aussi "bon" que ce que Bocharova a fait hier soir...

Sinon parmi des chanteuses francophones qui pourrait chanter ce role correctement? [BUM est incomprehensible meme en Carmen.] MNLemieux ?

fliegender a écrit:

Heppner est certes une ruine vocale mais je le trouvais hier soir grandement ameliore par rapport a des 4 dernieres fois ou je l'ai ecoute chanter en direct: Tristan (ROH), Siegfried (Aix), Lohengrin (DOB), Tristan (Acte-2, BB).

Mon Dieu, qu'est-ce que ça devait être !!!
J'ai souffert pour lui et à cause de lui j'ai passé une inconfortable soirée à craindre constamment l'accident.
Une triste soirée ...