Ecouté le disque de Jocelyne Cuiller : quel bon conseil
C’est vraiment un disque épatant,
Le chainon manquant entre
CPE Bach et les
Diabelli.
On connaît l’admiration de
Beethoven pour
CPE Bach (et
JS dont il connaissait le Clavier Bien Tempéré par cœur, à onze ans) ; on connaît l’amour de CPE pour le clavicorde.
Moins directes sont sans doute :
- Que ces œuvres de jeunesse d’un Beethoven âgé de moins de quinze ans (guère plus vieux pour l’Op. 49 n°2 – 26 ans) aient parfois une telle densité : la sonate à l’électeur n°2, les variations
Dressler- L’usage des variations chez ce jeune Beethoven (variations Dressler, le second mouvement de la sonate à l’Électeur n°3) amené à connaître les développements que l’on sait jusqu’aux Diabelli conclusives de l’œuvre piano**.
Le choix du clavicorde (CPE Bach meurt en 1788, Beethoven a 18 ans) est judicieux, mais surtout, sous les doigts de Jocelyne
Cuiller, d’une « folle » intensité (parfois presque cinglante : le premier mouvement de la Sonate à l’Électeur n°2), et doué de registres affectifs multiples (les variations Dressler). On y entend tout ce qui relie ce jeune Beethoven aux
tempêtes et passions.
4 sublimes disques CPE par Jocelyne Cuiller, puis celui-ci après de trop longues années sans enregistrer* qui offre un magnifique portrait du jeune Beethoven. Formidable !
* « Depuis plusieurs années, je cherchais de nouvelles partitions à jouer sur le clavicorde, qui répondent à mon désir d'émotion, après la découverte de Carl Philipp Emanuel Bach.
Dans ces pièces de jeunesse, Beethoven m’a apporté la réponse par la recherche d’expression que son écriture impose, et qui convient parfaitement au jeu du clavicorde »
Jocelyne
Cuiller dans la pochette
** « Les variations constituent ainsi l’alpha et l’oméga de la musique pour piano de Beethoven, qui s’ouvre avec les neuf Variations sur une marche de Dressler , WoO 63, composées lorsque le compositeur avait douze ans – première œuvre de lui, aussi bien connue que publiée – et se refermant par les Variations Diabelli de 1823. » Jean-Philippe
Guye in http://www.cnsmd-lyon.fr/wp-content/uploads/2016/01/abecedaire.pdf
Ludwig van
Beethoven (1770-1827)
Le jeune BeethovenJocelyne
Cuiller,
clavicorde Jean Tournay, 2005 (d’après Christian Gottfried Friederici)- Programme:
• Sonate en fa mineur "à l'Électeur" WoO 47/2 (1782-83)
- Larghetto maestoso - Allegro assai
- Andante
- Presto
• Sonate en ré majeur "à l'Électeur" WoO 47/3 (1782-83)
- Allegro
- Menuetto sostenuto - Var. I-VI
- Scherzando. Allegro ma non troppo
• Sonate en sol majeur Op. 49 n°2 (1796)
- Allegro ma non troppo
- Tempo di menuetto
• Neuf variations sur une marche de Dressler en ut mineur WoO 63 (1782)
EDIT Très bonne critique de Loïc
Chahine (cinq diapasons) dans le
diapason de septembre, à propos du disque
Jocelyne Cuiller / Beethoven.
"L'instrument, on le sait, était chéri de Carl Philipp Emanuel Bach, que le jeune Ludwig admirait : il joua les œuvres, copia, paraît-il, son traité. […] "
"Jocelyne Cuiller souligne éloquemment la filiation avec I'
Empfindsamkeit à fleur de peau de
C.P.E. Bach - écoutez le premier mouvement de la Fa mineur, ses sautes d'humeur, ses suspensions et ses bourrasques, écoutez l'Andante au lyrisme délicat et policé ... Partout, la musicienne sculpte les phrasés, galbe l'agogique, pose les silences avec art. On n'entend plus ici les œuvres d'un compositeur de douze ans, mais des pages à la rhétorique et à la sensibilité fulgurante. […]"
"Les amoureux du clavicorde ne voudront manquer cet album étonnant sous aucun prétexte, et les curieux, pour peu qu'ils ne soient pas allergiques à l'instrument auraient tort de passer à côté."
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