Adam-opéras

Que vaut l'enregistrement de Fulton du Postillon de Lonjumeau? On retrouve une partie des chanteurs de son enregistrement de La Muette de Portici c'est-à-dire John Aler, Jean-Philippe Lafont et June Anderson. Il y a par ailleurs François Le Roux que je connais pour le moment uniquement dans le rôle de Pelléas dans la version de studio d'Abbado.

aurele a écrit:

Que vaut l'enregistrement de Fulton du Postillon de Lonjumeau? On retrouve une partie des chanteurs de son enregistrement de La Muette de Portici c'est-à-dire John Aler, Jean-Philippe Lafont et June Anderson. Il y a par ailleurs François Le Roux que je connais pour le moment uniquement dans le rôle de Pelléas dans la version de studio d'Abbado.

Il est remarquable, et c'est beaucoup plus vivant que la Muette très figée.

John Aler est fabuleux, et comme June Anderson ne chante pas beaucoup, c'est parfait.

Il faudra que je découvre cet opéra donc.

Malibran, dont on peut toujours discuter la qualité des reports et des "coupes", assume quand même une sacrée mission de mise en valeur d'un patrimoine pour le moins... confiné (Madame Chrysanthème de Messager récemment encore). Parution d'un Chalet d'Adam sous la baguette de Jules Gressier : http://www.forumopera.com/cd/le-chalet-avec-vue-sur-vallons .
(Chalet qui sera monté en version de concert à l'opéra de Toulon cette saison, pour mémoire.)

C'est sorti il y a maintenant quelques semaines et c'est assez chouette! Bon, la partition est un peu simplette, mais le ton est le bon tant à l'orchestre qu'au chant. Et trois très bons "petits jeunes" pour défendre ces personnages un peu caricaturaux mais attachants!

Si Timpani pouvait avoir la bonne idée aussi d'aller faire un tour à Tours en février pour Philémon et Baucis...

Je n'ai qu'une vieille bande de la radio, je vais aller écouter ça. Une jolie histoire, où je n'avais été impressionné que par le final (musique très légère et ponctuelle). Tu confirmes ?

DavidLeMarrec a écrit:

Je n'ai qu'une vieille bande de la radio, je vais aller écouter ça. Une jolie histoire, où je n'avais été impressionné que par le final (musique très légère et ponctuelle). Tu confirmes ?

Oui, musique très très légère.
Pour resserrer la musique, ils y a eu un travail pour abréger les dialogues.

Mais c'est agréable et vraiment très bien rendu en terme de style je trouve (et diction impeccable pour les trois chanteurs... avec des R non roulés!! )

• Le Postillon de Lonjumeau
John Aler (Chapelou / Saint-Phar), François Le Roux (Le Marquis), Jean-Philippe Lafont (Biju / Alcindor), June Anderson (Madeleine / Madame de Latour), Daniel Ottevaere (Bourdon), Balvina de Courcelles (Rose), Thomas Fulton / Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, Ensemble Choral Jean Laforge
Monte-Carlo, IX.1985
EMI

Je n’avais jamais écouté cet opéra-comique (je connaissais juste la version allemande de la Ronde du postillon, «Freunde, vernehmet die Geschichte», par Josef Schmidt.)

J’ai trouvé l’œuvre extrêmement sympathique: j’ai vraiment bien aimé le livret (une sorte de mise en abîme de la glottophilie!), et, musicalement, c’est sans prétentions (le langage n’est pas beaucoup plus complexe que dans du belcanto) mais joliment troussé, et, malgré le fameux contre-ré de la Ronde (qui est le pivot dramatique du livret), l’écriture est beaucoup plus tournée vers l’expression théâtrale que vers la pyrotechnie vocale.

Je n’ai pas l’impression qu’il existe d’autres versions intégrales - mais celle-ci est globalement très satisfaisante. On passera sur June Anderson, son volapuk (seulement chanté: elle est très bien dans les scènes parlées) et son timbre (que j’ai toujours trouvé moche): heureusement, le rôle féminin est finalement très peu développé. On regrettera la prise de son opaque (typiquement EMI années 80) qui handicape l’orchestre et les chœurs, par ailleurs un peu épais (j’aimerais bien en entendre une version qui claque un peu plus façon HIP, comme dans le récent Pré-aux-Clercs de McCreesh) - mais ce n’est pas rédhibitoire, d’autant que, l’orchestre est très engagé, et surtout la direction de Fulton très vivante, avec un beau sens des tuilages, des rythmes et des petits effets d’agogique, et sert au mieux la partition.

Et puis surtout la distribution masculine est absolument épatante. D’abord John Aler, qui était décidément irremplaçable dans tout ce répertoire: la voix n’est pas intrinsèquement très belle, mais quelle incomparable intelligence du style de cette musique (tout y est, de l’insolente maîtrise de la voix mixte à la pertinence des petites élisions) et quel esprit (je trouve d’ailleurs absolument irrésistible cette pointe d’accent anglo-saxon, entée sur un sens très fin de la caractérisation langagière.) Ensuite François Le Roux, avec son timbre alors en pleine splendeur, son verbe mordant, son galbe souverain - tellement juste dans la jactance châtiée de son personnage… Et puis Jean-Philippe Lafont, pas la plus distinctives des voix de barytons-basses, mais lui aussi tellement en style dans ce genre d’emploi de demi-caractère, et tellement bon diseur et comédien - savoureux, mais sachant ne pas en faire des tonnes dans la truculence (au point qu’on pourrait presque lui pardonner certains choix de reconversion.)

Pas la révélation un chef-d’œuvre immortel de l’art, mais vraiment un excellent moment!

qu'illl était bEAUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUU et dire que j'ai commis ça ...

Et bien bravo pour l'écoute ... j'avoue que je n'ai jamais osé.

Ça s'écoute très bien, c'est une petite pièce sur les dangers de la ville et la vanité de la gloire. Pas beaucoup de musique marquante à part la ronde, mais c'est délicieux néanmoins.

(Benedictus, puisque tu écoutes des opéras comiques… toi qui aimes les sous-entendus lestes, il faut absolument que tu écoutes / lises Les deux chasseurs et la laitière de Duni paru cet automne, c'est un festival !)

Sinon, complètement d'accord avec ta recension comme d'habitude, œuvre charmante, et Aler irrésistible comme toujours : la voix est assez banale de timbre, mais cette maîtrise technique souveraine, ce sens du phrasé… souvent, quand je le compare à Vanzo, le goût et la pensée musicale sont supérieures, et compensent aisément l'écart de beauté entre les timbres et de présence immédiate dans l'expression.

Pour les œuvres à proprement parler, ce n'est pas celle que j'aime le plus chez Adam (qui n'est pas non plus le plus grand représentant de cette période, Hérold domine tout le monde de la tête et des épaules). J'aime davantage Le Farfadet – et bien sûr la musique de Giselle où il a vraiment mis son meilleur. Sinon, dans le genre « opéra comique sans musique exceptionnelle mais qui fait réfléchir », j'aime assez Si j'étais roi, un joli conte (manifestement inspiré de Jeppe du Mont).

DavidLeMarrec a écrit:

toi qui aimes les sous-entendus lestes

Désolé !

Je passe en me disant "intéressant , un post sur un opéra comique d'Adam" et puis paf, l'habituelle pique condescendante et généralisant à propos du bel canto et je me rappelle pourquoi je ne viens plus trop ici

Francesco a écrit:

l'habituelle pique condescendante et généralisant à propos du bel canto

Excuse-moi, ça ne se voulait vraiment pas une pique condescendante - juste une façon de situer l'œuvre dans les styles et les langages de son temps: l'harmonie (stable et hyper-consonnante), l'orchestration (essentiellement fonctionnelle), le contrepoint (minimal) y posent un langage qu'on peut qualifier de «peu complexe» sans insulter personne; et que tout ceci rapproche le Postillon davantage des Rossini bouffe ou de L'Elixir d'amour (qui constituent au demeurant, avec deux ou trois Bellini sérieux, ce que j'aime sérieusement dans le belcanto) que des expérimentations à la Berlioz ou à la Meyerbeer.

En plus, c'est toujours un vrai plaisir de te lire.

Francesco a écrit:

Je passe en me disant "intéressant , un post sur un opéra comique d'Adam" et puis paf, l'habituelle pique condescendante et généralisant à propos du bel canto et je me rappelle pourquoi je ne viens plus trop ici

Tout pareil en ce qui me concerne ...