Je ne savais pas qu'il y avait un sujet "opéras" de Pfitzner.
Je recolle ici
(j'avais pourtant décidé de ne plus poster sur le forum) les commentaires que j'avais fait en "Général" et bien qu'ici ce soit un sujet discographique, discographie dont on a vite fait le tour de toute façon!
Petite présentation de son opéra
PalestrinaPalestrina : opéra en 3 actes. De Hans Pfitzner.
Livret du compositeur.
De 1909 à 1915 : rédaction du livret
De janvier 1912 à juin 1915 : composition musicale.
La première eut lieu le 12 juin 1917 au théâtre du Prince-Régent de Munich, sous la direction de Bruno Walter.
Durée : env. 3h30
L’action se passe à Rome et à Trente, en novembre et décembre 1563, l’année de la fin du concile.
C’est un épisode de la vie du compositeur Giovanni Pierluigi da
Palestrina:
biographie : ICI
Argument.
-Acte I : à Rome
Prélude solennel.
Dans la maison du compositeur, Silla, élève de Palestrina, travaille sur une de ses compositions. Ighino, le fils de Palestrina, est inquiet : son père, désespéré après la mort de sa femme, n’écrit plus. Entrent Palestrina et le cardinal Borromeo. Ce dernier veut convaincre Palestrina d’écrire une messe. En effet, le pape Pie IV a décidé, pour le service religieux, de revenir au chant grégorien, seule une oeuvre d’un compositeur de prestige pourrait l’en dissuader et ainsi, sauver l'écriture polyphonique, mais Palestrina, estime ne pas être à la hauteur. Colère de Borromeo, qui quitte la pièce, furieux.
Resté seul, Palestrina médite. Au cours de cette méditation, des compositeurs du passé lui apparaissent l’encouragent puis disparaissent. Il entend alors des voix d’anges qui lui dictent sa Messe.
A l’aube, les voix d’anges s’évanouissent et Palestrina, épuisé, s’effondre. Le sol est couvert de papiers.
Ighnino et Silla découvrent ces feuilles, et réalisent que c’est une messe qui a été écrite.
-Acte II : à Trente, environ huit jours plus tard.
Prélude.
C’est la grande conférence, dernière session du concile. De nombreux personnages y assistent, cardinaux, évêques, archevêques, ambassadeurs, etc…
C’est très agité. La discussion s’engage sur la musique qui accompagne le service religieux. On crie, on se dispute ; la querelle éclate, les soldats interviennent, et font feu.
-Acte III : à Rome, environ quinze jours plus tard.
Prélude.
La chambre de Palestrina. Il est assis, entouré de cinq chanteurs de la chapelle. Son fils lui annonce que sa messe est chantée en ce moment au palais du pape. Il semble ne pas comprendre. Des cris retentissent dans la rue : « Evviva Palestrina ».
La chambre est vite envahie. Puis arrivent le pape et ses cardinaux. Le pape a été impressionné par sa messe. Borromeo tombe à genoux devant le compositeur, et pleure.
Dehors la foule continue d’acclamer le compositeur.
Resté seul, Palestrina regarde le portrait de sa femme Lucrèce, puis s’asseyant devant son orgue, se met à jouer doucement.
Rideau.
Pfitzner a pris quelques libertés poétiques qui ne correspondent pas aux faits historiques (la date exacte de la composition de la
Missa Papae Marcelli est inconnue).
Il n’y a pas de rôle féminin, excepté l’apparition de Lucrèce, femme du compositeur, cependant ceux de Silla (17 ans) et de Ighino (15 ans) sont chantés par 2 sopranos.
Pitzner est l’un des derniers représentants du romantisme allemand. On peut parfois penser à Wagner, mais à mon avis, moins que dans son autre opéra « Der Arme Heinrich ». L’écriture vocale réserve de belles surprises, tout en restant, dans l’ensemble assez traditionnelle.
L’
acte I est vraiment très beau, avec cette confrontation Borromeo-Palestrina, et surtout dans les 3 scènes suivantes (4 à 6), le long monologue de Palestrina, très poignant, l’apparition des « Maîtres », avec un traitement des voix « fantomatique » puis le chœur des anges qui lui dictent la messe tandis que Lucrèce lui apparaît : pour moi, ce sont les moments forts de l’opéra, du moins les plus émouvants.
L’
acte II contraste avec le précédent ; C’est beaucoup plus animé, avec une multitude de personnages, ce qui rend l’histoire parfois difficile à suivre. Il y a quand même des moments plus calmes, avec ici aussi d’excellentes parties chantées, la tension monte progressivement, l’ambiance devient délétère, jusqu’à l’explosion en fin d’acte, avec ces bruits d’épées qui s’entrechoquent.
Retour au calme dans l’
acte III, à l’image de son prélude. C’est l’acte le plus court de l’opéra. Tout se passe dans une sorte de sérénité retrouvée. Très beau chœur des « chanteurs du pape ». Puis l’orgue de Palestrina (aurait-il retrouvé un semblant de bonheur ?) nous mène doucement vers la fin de cet opéra que j’ai beaucoup aimé.
Concernant la version discographique, il s’agit de celle de Rafael Kubelik dirigeant l’orchestre symphonique de la radiodiffusion Bavaroise. Chœur de la radiodiffusion Bavaroise.1973
Nicolai Gedda
Dietrich Fischer Dieskau (qui m’a impressionné dans le rôle de Borromeo)
Bernd Weikl
Karl Ridderbusch
Helen Donath
Brigitte Fassbaender
Hermann Prey………
Un enregistrement de premier ordre, qu’il faut avoir pour la découverte de cette oeuvre remarquable.
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Dans la série "les opéras de Hans Pfitzner"
Der Arme Heinrich. (le pauvre Henri)
Opéra en 3 actes de Hans Pfitzner.
Livret de James Grun. (compagnon d’étude et ami d’enfance de Pfitzner)
Inspiré librement de l’épopée homonyme de Hartmann von Aue.
C’est une légende médiévale.
Durée : 2h10 env.
C’est son premier opéra, et il fut créé le 2 avril 1895 à l’opéra municipal de Mayence. Il connut un succès surprenant.
Heinrich : ténor
Dietrich : baryton
Hilde : soprano
Agnès: soprano
Médecin: basse
Choeurs.
L’argument :
-Acte IPrélude en 3 parties, qui caractérise le rôle titre, avec quatre alto en sourdine qui ouvrent le thème de la souffrance.
Dans une tour de son château, en Souabe, le guerrier Henri se meurt d’une grave maladie.
Hilde et sa fille de 14 ans, Agnès, le veillent. Elles attendent le retour de Dietrich, époux de Hilde, qui est allé à Salerno pour consulter un médecin. Un appel de cor annonce son retour.
Dietrich relate son voyage difficile par-delà les Alpes, jusqu’au couvent de Salerno.
Le médecin lui a fait savoir que seul le sacrifice volontaire d’une vierge pourrait sauver Henri
-Acte IIPrélude qui cerne le thème de la souffrance.
Hilde et Dietrich sont inquiets : ils craignent de voir leur fille Agnès se sacrifier pour son maître.
Celle-ci prie ses parents de consentir. La résistance des ces derniers finit par céder. Agnès doit aussi convaincre Henri de son intention.
-Acte IIIUn long prélude en 3 parties nous transporte dans le cloître du couvent de Salermo, où Agnès, ses parents et Henri se sont rendus.
Les moines entrent en chantant un Kyrie Eleison, tandis que le médecin se rend seul dans la cellule du sacrifice. Il veut d’abord soumettre Agnès à une épreuve. De l’église monte le Dies irae des moines. Il lui explique qu’il va l’attacher nue sur la table, et lui arracher le cœur. Agnès qui ne montre aucune crainte, calme avec douceur un accès de folie d’Henri.
La porte de la cellule est refermée et Henri, qui revient à la raison, veut empêcher le sacrifice. Sa décision de renoncer à la guérison lui fait retrouver ses forces : Il fracture la porte et arrache le couteau des mains du médecin. Ce dernier loue le miracle : le ciel a reconnu la volonté de l’acte en tant que tel et libéré Henri de ses maux.
Au son de la louange des moines envers Agnès et le Sauveur, Henri décide à vivre désormais dans l'humilité.
-Rideau.-Pfitzner, conservateur dans sa maturité, fait encore figure d’avant-gardiste pour cette première oeuvre scénique, avec des sonorités nouvelles. La composition des chants de prière en latin des moines, ne repose sur aucun modèle historique.
Dans quelques passages, le compositeur a refondu d’anciens lieder, ainsi que son concerto pour violoncelle en la min.
On reconnaît dans cette oeuvre son héritage wagnérien ; le thème de la chevauchée de la walkyrie dans l’acte I, le voyage sur le Rhin de Siegfried, et le long récit de Dietrich sur son voyage en Italie fait penser à celui de Tannhauser à Rome. On pense parfois aussi, à Parsifal. Les parties vocales sont richement orchestrées.
Piftzner utilise la technique des leitmotiv de Wagner, mais de façon moins rigoureuse.
La tonalité mineure est dominante dans cette oeuvre. A la fin de l’opéra, l’atmosphère s’éclaircit en évoluant vers le mode majeur.
Très belle oeuvre dont la découverte fut un réel plaisir.
Sources: le livret Capriccio