| Gustav Mahler (1860-1911) (2) | |
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Percy Bysshe Mélomane chevronné
Nombre de messages : 9940 Date d'inscription : 06/04/2009
| Sujet: Re: Gustav Mahler (1860-1911) (2) Lun 19 Déc 2011 - 20:16 | |
| - Rach-phaël06 a écrit:
- ainsi que celles encore plus passionnantes, à mon gout bien sûr, de Mahler et Strauss.
Donc la correspondance de Mahler est encore plus passionnante que la correspondance de Mahler? J'ai lu celle de Liszt, très intéressante aussi. |
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Rav–phaël Mélomane chevronné
Nombre de messages : 6516 Age : 31 Localisation : Nice/Paris Date d'inscription : 17/07/2011
| Sujet: Re: Gustav Mahler (1860-1911) (2) Lun 19 Déc 2011 - 20:22 | |
| - Percy Bysshe a écrit:
- Rach-phaël06 a écrit:
- ainsi que celles encore plus passionnantes, à mon gout bien sûr, de Mahler et Strauss.
Donc la correspondance de Mahler est encore plus passionnantes que la correspondance de Mahler?
J'ai lu celle de Liszt, très intéressante aussi. Celle où le destinataire est Strauss l'est plus que celle où il s'adresse à sa femme (encore une fois pour moi bien sûr). La différence pour moi c'est que j'ai appris bien plus de choses sur Mahler dans les premières alors que j'ai appris bien plus de choses sur son travail et sa vie/ses relations musicales dans l'autre. Tout ça est passionnant, et tu me donnes bien envi en en parlant de me plonger dans celles de Liszt. |
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Percy Bysshe Mélomane chevronné
Nombre de messages : 9940 Date d'inscription : 06/04/2009
| Sujet: Re: Gustav Mahler (1860-1911) (2) Lun 19 Déc 2011 - 21:05 | |
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Rav–phaël Mélomane chevronné
Nombre de messages : 6516 Age : 31 Localisation : Nice/Paris Date d'inscription : 17/07/2011
| Sujet: Re: Gustav Mahler (1860-1911) (2) Lun 19 Déc 2011 - 22:42 | |
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Kilban Mélomane averti
Nombre de messages : 485 Age : 36 Date d'inscription : 30/05/2008
| Sujet: Re: Gustav Mahler (1860-1911) (2) Mar 20 Déc 2011 - 1:48 | |
| - Golisande a écrit:
- @Siegmund
Ton interprétation correspond bien à ce que je ressens ; pour moi le problème réside justement dans le fait que les quatre mouvements précédents sont très peu "humains" (même le quatrième, que je perçois plus comme une stylisation, un rêve de sérénade), et la chute brutale dans le monde des hommes - la civilisation ? - est extrêmement radicale dans son prosaïsme, sa violence, l'évacuation brutale de tout onirisme, et une sorte d'objectivité "primaire" (dans les couleurs aussi) assez différente du Mahler habituel.
Alors bien sûr tout ça se tient, mais il n'empêche que je le ressens presque comme une trahison par rapport à ce qui précède, qui est peut-être ce que Mahler a écrit de plus féerique, de plus cosmique (la Nuit...). Peut-être éprouvait-il le besoin d'un "rééquilibrage" ?... Je pense surtout qu'il s'agit du retour à la vie, qui apparaît si absurde et futile par rapport à la nuit... Et puis à mesure que le mouvement progresse, on accède à un certain état d'euphorie, il y a de la danse, on se croirait presque dans la 7ème de Beethoven. Mais au moment d'un triomphe, inhibition puis pan! Le jour éclate. Comme un ballon de baudruche. |
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Golisande Mélomane chevronné
Nombre de messages : 7865 Age : 49 Localisation : jeudi Date d'inscription : 03/03/2011
| Sujet: Re: Gustav Mahler (1860-1911) (2) Mar 20 Déc 2011 - 2:57 | |
| Oui, ton interprétation se tient parfaitement, mais quel que soit sa signification ce mouvement demeure pour moi une énigme... musicale... En fait je ne saisis pas ce que ce prosaïsme et cette espèce d'ironie un peu bouffonne viennent faire dans cette œuvre -là. Ce n'est pas une question de sens ou de programme sous-jacent, mais bien de style, d'esprit : autant les autres mouvement tiennent ensemble, aussi différents soient-ils les uns des autres, autant celui-là... J'aimerais bien l'aimer, mais je n'y arrive pas. |
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Kilban Mélomane averti
Nombre de messages : 485 Age : 36 Date d'inscription : 30/05/2008
| Sujet: Re: Gustav Mahler (1860-1911) (2) Jeu 29 Déc 2011 - 13:17 | |
| La Neuvième Deuxième symphonie de Mahler que j'ai découverte à l'époque. J'avais été relativement déçu par rapport à la 5ème. Et je n'ai jamais vraiment eu de "période 9ème", vous savez ces périodes où vous êtes obsédé par une œuvre et en faites l'alpha et l'oméga de votre vie musicale. J'y reviens cependant régulièrement, sous forme d'écoute "one shot", et je dois dire que l'écoute hier, des seuls deux premiers mouvements, m'a émerveillé. Le premier mouvement on croit le connaître assez rapidement, alors qu'au final il faut avoir une hauteur de vue énorme pour absorber toute sa force, et comprendre là où il nous emmène réellement. On n'est plus dans le lyrique, ni dans l'épuisement en nous des forces de la nature comme peuvent l'être la Troisième ou la Quatrième... On est réellement dans un autre monde, ni tout à fait un enfer, ni tout à fait un paradis. C'est très déroutant, et impossible à expliquer, mais ça doit être un des mouvements de l'histoire de la musique qui m'impressionne le plus. Une seule certitude: il faut l'écouter, et le réécouter encore. Mais après ça, hier, c'est dingue la nécessité que j'ai eu, absolue, d'enchaîner avec le second mouvement. Et de découvrir, enfin, la grande complémentarité des deux mouvements, qui jusque-là m'apparaissaient quand même collés un peu à l'emporte-pièce, une de ces fameuses ruptures malhérienne difficiles à légitimer, à l'image du dernier mouvement de la 7ème (qui est en fait incroyable). Après la longue introspection, certes cosmique dans ses écarts et son ambiance, mais avant tout intérieure et temporelle du I, le II vient extérioriser toute la vitalité renfermée, déroule ses variations en une fête orchestrale jouissive, explorant cette fois-ci l'espace bien plus que le temps. Un vrai miracle que l'enchaînement de ces deux mouvements. J'écoute la suite cet après-midi. |
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Siegmund Garde rouge du Domaine Musical
Nombre de messages : 6534 Age : 35 Localisation : Paris, rive gauche Date d'inscription : 19/05/2010
| Sujet: Re: Gustav Mahler (1860-1911) (2) Jeu 29 Déc 2011 - 13:19 | |
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Francoistit Mélomaniaque
Nombre de messages : 917 Age : 31 Date d'inscription : 28/01/2010
| Sujet: Re: Gustav Mahler (1860-1911) (2) Sam 4 Aoû 2012 - 21:21 | |
| Je suis en train de lire le livre de Natalie Bauer-Lechner. C'est passionnant pour connaitre la deuxième et troisième symphonie (je n'en suis qu'à la moitié). Par ailleurs, je viens d'écouter l'adagio de la 10 symphonie et ca me donne l'impression que Mahler, que les gens qualifient parfois de triste (sa musique entre autre) avait une soif de vie sans faille... Ca me rend triste qu'il n'ait pas pu achever cette symphonie qui aurait sûrement été une des meilleurs... |
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kegue Mélomane chevronné
Nombre de messages : 4936 Age : 54 Localisation : Là où repose Cocteau Date d'inscription : 27/10/2008
| Sujet: Re: Gustav Mahler (1860-1911) (2) Mar 4 Sep 2012 - 19:05 | |
| - Cololi a écrit:
- Tu trouves la 6° la plus accessible ?
C'est la moins accessible après la 7° je trouve. C'est quand même une oeuvre dont la forme se repère assez facilement, pourvu qu'on connaisse un peu les tics de construction chez Mahler. Cela dit, les motifs principaux sont assez faciles à repérer et les association assez claires. La 3 en revanche peut poser quelques problèmes (c'est une noix dure à craquer, comme disait l'autre). Personnelement, je trouve la 7 plus compliquée à apréhender (surtout le rondo final) |
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arnaud bellemontagne Gourou-leader
Nombre de messages : 25834 Date d'inscription : 22/01/2010
| Sujet: Re: Gustav Mahler (1860-1911) (2) Lun 24 Sep 2012 - 13:58 | |
| Kegue, (et les autres fadas de Mahler) une petite question. As-tu décélé des recurrences thématiques au sein du Chant de la Terre , ou bien les lieder sont strictement indépendants les uns des autres ? |
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kegue Mélomane chevronné
Nombre de messages : 4936 Age : 54 Localisation : Là où repose Cocteau Date d'inscription : 27/10/2008
| Sujet: Re: Gustav Mahler (1860-1911) (2) Lun 24 Sep 2012 - 14:44 | |
| Alors, il y a effectivement un groupe motivique qui régit les thèmes de chaque mouvement du chant de la terre. On l'entend dés le début sur l'appel des cors (motif pentatonique rappelant la musique chinoise). Maintenant, il ne s'entend pas toujours complètement dans les autres mouvements car il est sujet à des variations (comme souvent chez Mahler), et il ne se trouve pas forcément au début de chaque thème. |
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arnaud bellemontagne Gourou-leader
Nombre de messages : 25834 Date d'inscription : 22/01/2010
| Sujet: Re: Gustav Mahler (1860-1911) (2) Lun 24 Sep 2012 - 15:59 | |
| Merci Kegue! |
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kegue Mélomane chevronné
Nombre de messages : 4936 Age : 54 Localisation : Là où repose Cocteau Date d'inscription : 27/10/2008
| Sujet: Re: Gustav Mahler (1860-1911) (2) Lun 24 Sep 2012 - 16:33 | |
| Je t'en prie J'ai repris mes quelques notes pour affiner Le groupe motivique est un motif de 3 notes (la sol mi dans le premier lied) Je t'ai préparé un petit minutage (version Karajan, Ludwig, Kollo, Berliner), juste pour voir si on parle de la même chose. Mouvement 1 : premiers violons à 00.06 Mouvement 2 : hautbois à 00.07 Mouvement 3 : flûte et hautbois à 00.03 (motif inversé, ascendant) Mouvement 4 : Flûte, hautbois, clarinette à 00.23 Mouvement 5 : cor à 00.00 Mouvement 6 : flûte à 11.39 (motif inversé) D'un autre côté, on peut trouver des affinités de caractères (voire thèmatiques) dans les mouvements 3 4 et 5. Ce qui peut sembler logique car si on considère le cycle comme une symphonie (et c'est mon cas), ces 3 lieder intermédiaires peuvent alors faire office de scherzo. On retrouve alors une coupe "classique" Das trinklied : mouvement rapide de forme sonate Der einsame : mouvement lent Von der jugend / Von der Schönheit / Der trunkerne : 3 scherzi Dar abschied : final |
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arnaud bellemontagne Gourou-leader
Nombre de messages : 25834 Date d'inscription : 22/01/2010
| Sujet: Re: Gustav Mahler (1860-1911) (2) Lun 24 Sep 2012 - 21:30 | |
| Idéal Je vais regarder tout ça! |
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arnaud bellemontagne Gourou-leader
Nombre de messages : 25834 Date d'inscription : 22/01/2010
| Sujet: Re: Gustav Mahler (1860-1911) (2) Mar 25 Sep 2012 - 20:46 | |
| Je viens d'ecouter Bon, le motif est vraiment fugace, presque imperceptible sans information préalable, je ne sais pas si ça fait vraiment "sens"(mais c'est peut être ma perception qui manque d'acuité).Ca n'est pas une "carte de visite" wagnerienne c'est très clair! Par contre la tri-partition 3,4,5 est totalement opérante, la parenté d'allure et de carrure entre les 3 pièces est évidente.Pas de doute, nous sommes en présence d'une entité insécable.Un scherzo construit comme une fusée à 3 étages, encadré par un mouvement lent et un final aux allures d'immense adagio nostalgique. Bien joué Sherlock! |
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Golisande Mélomane chevronné
Nombre de messages : 7865 Age : 49 Localisation : jeudi Date d'inscription : 03/03/2011
| Sujet: Re: Gustav Mahler (1860-1911) (2) Mar 25 Sep 2012 - 21:53 | |
| C'est vrai que ce petit motif de trois notes issu de la gamme pentatonique ("chinoise") ne contribue pas peu à unifier l'œuvre, même si à vrai dire je n'avais jamais prêté beaucoup d'attention à sa récurrence... (Et pourtant, ses occurrences dans l' Abschied sous forme rétrograde (ré-fa-sol, puis mi-sol-la) appartiennent à des pages que je considère comme un des deux ou trois sommets absolus de toute la musique.) |
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kegue Mélomane chevronné
Nombre de messages : 4936 Age : 54 Localisation : Là où repose Cocteau Date d'inscription : 27/10/2008
| Sujet: Re: Gustav Mahler (1860-1911) (2) Mar 25 Sep 2012 - 22:01 | |
| - arnaud bellemontagne a écrit:
- Je viens d'ecouter
Bon, le motif est vraiment fugace, presque imperceptible sans information préalable, je ne sais pas si ça fait vraiment "sens"(mais c'est peut être ma perception qui manque d'acuité).Ca n'est pas une "carte de visite" wagnerienne c'est très clair!
Par contre la tri-partition 3,4,5 est totalement opérante, la parenté d'allure et de carrure entre les 3 pièces est évidente.Pas de doute, nous sommes en présence d'une entité insécable.Un scherzo construit comme une fusée à 3 étages, encadré par un mouvement lent et un final aux allures d'immense adagio nostalgique.
Bien joué Sherlock! Ce n'est pas mon idée seulement. Mahler lui-même disait avoir composé une symphonie de lieder. C'était aussi sa manière d'occulter sa hantise du chiffre 9 (ayant été fatal chez de nombreux symphonistes...). Pour en revenir au motif de trois notes, je pense que tu peux les entendre plus facilement sur certains mouvements. Si tu écoutes uniquement des trois premières notes notes des extraits 1 (violons) et 2 (hautbois), tu devrais entendre le lien. Dans le 3, c'est un peu plus tordu car inséré dans le flot des croches de la flûte. Mais comme je l'ai écrit plus haut, Mahler soumet ce motif à la "variante", ce qui induit des différences de rythme, de mouvement mélodique (miroirs, renversements, etc...) et de tonalité. Mais à chaque fois, tu as un motif basé sur l'enchainement d'une seconde et d'une tierce. C'est vrai que cela est plus rapidement visible sur la partition. |
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kegue Mélomane chevronné
Nombre de messages : 4936 Age : 54 Localisation : Là où repose Cocteau Date d'inscription : 27/10/2008
| Sujet: Re: Gustav Mahler (1860-1911) (2) Mar 25 Sep 2012 - 22:10 | |
| - Golisande a écrit:
- C'est vrai que ce petit motif de trois notes issu de la gamme pentatonique ("chinoise") ne contribue pas peu à unifier l'œuvre, même si à vrai dire je n'avais jamais prêté beaucoup d'attention à sa récurrence... (Et pourtant, ses occurrences dans l'Abschied sous forme rétrograde (ré-fa-sol, puis mi-sol-la) appartiennent à des pages que je considère comme un des deux ou trois sommets absolus de toute la musique.)
Et il n'était pas à son premier essai , la Première symphonie expérimente déjà ce genre de choses C'est effectivement un des aspects principaux des développements chez Mahler, on voit aussi par là une de ces influences sur l'école de Vienne. Dans le même genre d'influence, il y a aussi cet eclatement de l'orchestre (surtout dans l'Abschied) qui donne à la musique un côté transparent. A la coda, on en a un exemple térrifiant : toutes ces voix qui se mêlent au dessus de la dernière strophe du lied et qui se résolvent sur l'évocation de éternité (ewig), c'est un passage gigantesque. |
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arnaud bellemontagne Gourou-leader
Nombre de messages : 25834 Date d'inscription : 22/01/2010
| Sujet: Re: Gustav Mahler (1860-1911) (2) Mar 25 Sep 2012 - 22:39 | |
| Ce gus c'est un foutu sujet d'étude à vie. |
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kegue Mélomane chevronné
Nombre de messages : 4936 Age : 54 Localisation : Là où repose Cocteau Date d'inscription : 27/10/2008
| Sujet: Re: Gustav Mahler (1860-1911) (2) Sam 29 Sep 2012 - 15:51 | |
| Je me suis commandé Marcel Proust et Gustav Mahler : deux créateurs parallèles, d'Eve-Norah Pauset. Quelqu'un connait ?
Le bouquin semble traiter de l'évocation du "moi" dans la littérature et la musique du début du 20ème siècle. Autant dire que c'est un sujet qui m'intéresse grandement.
Il va peut être falloir que je me remette à Proust.
Dernière édition par kegue le Sam 29 Sep 2012 - 15:53, édité 1 fois |
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arnaud bellemontagne Gourou-leader
Nombre de messages : 25834 Date d'inscription : 22/01/2010
| Sujet: Re: Gustav Mahler (1860-1911) (2) Sam 29 Sep 2012 - 15:52 | |
| Oui il est plus que temps! |
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kegue Mélomane chevronné
Nombre de messages : 4936 Age : 54 Localisation : Là où repose Cocteau Date d'inscription : 27/10/2008
| Sujet: Re: Gustav Mahler (1860-1911) (2) Mar 16 Oct 2012 - 18:36 | |
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Siegmund Garde rouge du Domaine Musical
Nombre de messages : 6534 Age : 35 Localisation : Paris, rive gauche Date d'inscription : 19/05/2010
| Sujet: Re: Gustav Mahler (1860-1911) (2) Mer 9 Jan 2013 - 22:06 | |
| Je découvre (enfin !) les orchestrations Stein / Schoenberg des S4, Lied von Erde / Lieder Eines Fahrenden Gesellen. Et je suis bien forcé d'avouer que David nous avait bien là trouvé des choses fantastiques. A écouter d'urgence si ce n'est déjà fais, c'est bluffant ; et bizarrement particulièrement redoutable concernant les adagios, là où j'en attendais le moins, c'est d'une clarté et d'une franchise absolument remarquable.
J'écoute le Linos Ensemble & Herreweghe (Lied von Erde). |
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Cololi chaste Col
Nombre de messages : 33304 Age : 43 Localisation : Bordeaux Date d'inscription : 10/04/2009
| Sujet: Re: Gustav Mahler (1860-1911) (2) Mer 9 Jan 2013 - 22:10 | |
| Dans le même genre tu as la 7° de Bruckner. Schoenberg organisé des concerts pour un cercle privé, et donc ils étaient obligé de réduire les oeuvres orchestrales. _________________ Car l'impuissance aime refléter son néant dans la souffrance d'autrui - Georges Bernanos (Sous le Soleil de Satan)
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Asinius Pollion Mélomaniaque
Nombre de messages : 953 Age : 29 Localisation : Bordeaux Date d'inscription : 03/01/2013
| Sujet: Re: Gustav Mahler (1860-1911) (2) Jeu 10 Jan 2013 - 22:08 | |
| J'ai joué cet été les Lieder Eines Fahrenden Gesellen dans sa transcription pour orchestre de chambre par Schoenberg. C'est fou à quel point il dégraisse la partition tout en conservant l'essence de la musique du jeune Mahler de ce cycle de lieder. Il conserve le foisonnement symphonique mais avec le huitième de l'effectif. L'oeuvre en gagne en clarté en fluidité en transparence, même si à l'origine l'orchestration de Mahler était elle aussi très épurée et limpide |
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Rav–phaël Mélomane chevronné
Nombre de messages : 6516 Age : 31 Localisation : Nice/Paris Date d'inscription : 17/07/2011
| Sujet: Re: Gustav Mahler (1860-1911) (2) Dim 13 Jan 2013 - 22:35 | |
| Oui c'est remarquable, sans aller jusqu'à dire que je préfère catégoriquement la transcription de Schoenberg à l'original de Mahler, je trouve que le Chant de la Terre en ressort merveilleusement, surtout du côté de tout le travail harmonique et toute les couleurs qui en ressortent. C'est peu être dans mon caractère, d'ailleurs j'ai aussi écouté carrément la réduction pour piano seul et là encore, peu être même plus, j'avoue que j'adore ça. J'ai redécouvert le second chant notamment comme je ne l'imaginais pas. |
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Asinius Pollion Mélomaniaque
Nombre de messages : 953 Age : 29 Localisation : Bordeaux Date d'inscription : 03/01/2013
| Sujet: Re: Gustav Mahler (1860-1911) (2) Sam 19 Jan 2013 - 22:08 | |
| Disons que le grand avantage d'une transcription est de nous faire découvrir des choses que l'on n'attendait plus, entendait plus ou même que l'on avait jamais entendu... Car la transcription (et c'est bien le but) est propre à l'approche de l'oeuvre par celui qui l'opère. Chacun interprète selon ses affinités. Retourner ensuite aux originaux est juste immense : on a le plaisir d'entendre ce que l'on aimais dans l'oeuvre tel que l'on a l'habitude de l'écouter mais en plus on a dans la tête les choses que la transcription nous avais fait découvrir et nous permet de mieux comprendre la partition telle que nous l'a laissé le compositeur... |
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vinclec Mélomaniaque
Nombre de messages : 628 Age : 42 Localisation : Amiens Date d'inscription : 14/10/2012
| Sujet: Re: Gustav Mahler (1860-1911) (2) Dim 27 Jan 2013 - 16:33 | |
| - Rav-phaël a écrit:
- .....la transcription de Schoenberg [du] Chant de la Terre en ressort merveilleusement, surtout du côté de tout le travail harmonique et toute les couleurs qui en ressortent
Salut les mahlériens, A propos des transcriptions par Schoenberg, un "mythe" s'est glissé dans la discographie et dans certains bouquins. Si Schoenberg a bel et bien réalisé la transcription intégrale d'autres œuvres de Mahler, il n'a qu'esquissé la transcription du Chant de la Terre. La transcription n'a été effectuée (ou "complétée") d'après les indications de Schoenberg que bien plus tard, par un musicologue du nom de Rainer Riehn, en 1983. Elle est d'ailleurs souvent appelée transcription "Schoenberg-Riehn" mais les éditeurs semblent préférer l’appellation "transcription Schoenberg", plus vendeuse. Je me suis fais avoir et j'ai été très déçu : la transcription du Chant de la Terre pour ensemble instrumentale (pas si) réduit n'apporte pas grand chose, au contraire elle appauvrit l’œuvre et anéantit certains effets de timbres. Son seul intérêt est historique, ou plutôt, eût été historique si elle avait été achevée par Schoenberg lui-même : celui de contribuer à faire connaître cette œuvre en la faisant exécuter par de petits ensembles. Ce qui n'a jamais été le cas pour cause de faillite financière de la "société" qui s'était confié un tel projet ! Je pense donc qu' il ne faut pas voir dans les transcriptions de Schoenberg une pure volonté de transcrire et d'en tirer des "effets" intéressants : cela procédait avant tout un projet collectif et conjectural, projet de faire connaître et exécuter des œuvres peu jouées (notamment celles de Mahler) dans les années 1910... Une époque ou la transcription avait un rôle bien moins "créatif" que de nos jours...
Quelques détails si ça vous intéresse (source : Renaud Machart, dans une jaquette de CD) : |
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vinclec Mélomaniaque
Nombre de messages : 628 Age : 42 Localisation : Amiens Date d'inscription : 14/10/2012
| Sujet: Re: Gustav Mahler (1860-1911) (2) Dim 27 Jan 2013 - 16:36 | |
| - Asinius Pollion a écrit:
- Disons que le grand avantage d'une transcription est de nous faire découvrir des choses que l'on n'attendait plus, entendait plus ou même que l'on avait jamais entendu...
Retourner ensuite aux originaux est juste immense Tout à fait d'accord de manière générale, mais pas dans le cas qui nous préoccupe (Mahler par Schoenberg) : à l'époque c'était bien pour faire connaître des oeuvres JAMAIS jouées à un plus grand public, sans avoir à recruter tout un orchestre... La transcription était donc purement un outil de com ! ) Voir mon message précédent |
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Asinius Pollion Mélomaniaque
Nombre de messages : 953 Age : 29 Localisation : Bordeaux Date d'inscription : 03/01/2013
| Sujet: Re: Gustav Mahler (1860-1911) (2) Dim 27 Jan 2013 - 16:55 | |
| - vinclec a écrit:
- à l'époque c'était bien pour faire connaître des oeuvres JAMAIS jouées à un plus grand public, sans avoir à recruter tout un orchestre
Tout à fait d'accord. C'est pareil avec les symphonies de Brahms ou les opéras : c'était un moyen génial pour les faire écouter en province. A l'époque, on allait en librairie musicale et achetait les transcriptions pour piano à quatre mains comme maintenant on achète un disque, il faut s'imaginer une famille de musicien autour du piano avec madame jouant en quatre main avec monsieur le professeur du village... |
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Asinius Pollion Mélomaniaque
Nombre de messages : 953 Age : 29 Localisation : Bordeaux Date d'inscription : 03/01/2013
| Sujet: Re: Gustav Mahler (1860-1911) (2) Dim 27 Jan 2013 - 16:57 | |
| C'est d'ailleurs pour ça que des compositeurs comme Liszt ou d'autres complètement inconnus ce sont lancés dans de tels nombres de transcriptions : c'était une bonne source de revenus |
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Golisande Mélomane chevronné
Nombre de messages : 7865 Age : 49 Localisation : jeudi Date d'inscription : 03/03/2011
| Sujet: Re: Gustav Mahler (1860-1911) (2) Sam 2 Fév 2013 - 18:55 | |
| - Golisande, à propos de la Cinquième Symphonie, a écrit:
Si je poste ici, ce n'est pas pour parler interprétation mais pour souligner le fait que j'ai eu un grand bonheur à entendre cette œuvre : non seulement parce que cet univers musical est d'une hauteur et d'une richesse d'inspiration qui me terrassent à chaque fois que je le redécouvre après quelques mois, mais parce que jusqu'à récemment cette symphonie était celle que j'aimais le moins avec la Première - peut-être en raison de son optimisme, de son côté nettement italianisant, plus bigarré et moins unitaire que la Quatrième ou la Sixième et moins profondément original et fascinant que la Septième, de l'absence d'un immense mouvement, du Scherzo et du Rondo final trop joyeux à mon goût, de l'Adagietto trop célèbre... Toujours est-il que je suis en train de revenir sur cette opinion : cette œuvre est une merveille totale (un condensé de Mahler d'un certain point de vue : on y trouve des ressemblance avec quasiment toutes ses autres œuvres jusqu'aux Neuvième et Dixième), avec mention spéciale pour le Scherzo qui contient des moment d'une poésie ineffable, unique dans son œuvre... Et ce côté un peu "italien" et solaire, cette expressivité plus franche et directe, il se trouve qu'à présent je l'aime énormément (rendez-vous dans un an pour voir si je me serai mis à écouter du Verdi )... - Horatio a écrit:
- Je ne vois pas très bien ce que tu trouves d'italien dans cette symphonie ...
- Citation :
- (...) avec mention spéciale pour le Scherzo qui contient des moment d'une poésie ineffable, unique dans son œuvre (...)
Tout-à-fait d'accord . Dans une bonne interprétation, ce mouvement est constamment sur le fil qui sépare l'abîme de la joie la plus lumineuse. - Golisande a écrit:
- Horatio a écrit:
- Je ne vois pas très bien ce que tu trouves d'italien dans cette symphonie ...
Bah, ne serait-ce que le grand thème lyrique du 2e mouvement (esquissé dans le premier) qui me fait penser à la Forza del destino, et beaucoup de choses dans les trois derniers mvts : le thème central de l'Adagietto repris dans le Rondo, par exemple, l'adagietto tout entier mais c'est sûrement à cause de Visconti, plusieurs moments du Scherzo et particulièrement les passages lents dont l'harmonie a pour moi quelque chose d'italien (mais là je ne saurais pas dire pourquoi : peut-être un genre de mélancolie très simple, qu'on ne trouve chez Mahler que dans cette œuvre) qui me touche par ailleurs énormément ... Et, plus basiquement, le côté très animé et lumineux de cette symphonie... |
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vinclec Mélomaniaque
Nombre de messages : 628 Age : 42 Localisation : Amiens Date d'inscription : 14/10/2012
| Sujet: Re: Gustav Mahler (1860-1911) (2) Sam 2 Fév 2013 - 21:11 | |
| - Golisande a écrit:
- je suis en train de revenir sur cette opinion : cette œuvre [la cinquième de Mahler] est une merveille totale
Deux manières de transcender encore cette œuvre phare : - l'écouter en concert, en live : face à l'orchestre , tout ce que l'on a cru entendre et assimiler grâce au CD disparaît, la symphonie se transcende, devient organique, ses "effets instrumentaux" et ses bizarreries éclatent au grand jour, c'est un kaléidoscope sensoriel en quatre dimensions... On ne s'en remet pas facilement... Et l'on comprend à quel point elle a pu dérouter jusqu'à Bruno Walter, fidèle disciple de Mahler, qui a écrit dans ses mémoires que la cinquième était la seule qu'il n'avait pas apprécié dès la première écoute. - écoutez-là en éliminant l’adagietto, comme une symphonie en quatre mouvements, ce qui était l'intention initiale de Mahler : la symphonie a d'ailleurs été créée au piano par Mahler dans cette première mouture. Cela donne une symphonie extrêmement équilibrée (quatre mouvements), cuivrée de bout en bout, animée par une logique intérieure éclatante (I : ombre, II : combat tourmenté, III : éclaircies, IV : pure lumière), logique à mon goût quelque peu "rompue" par l'interruption d'un mouvement lent écrit entièrement pour cordes sur commande d'Alma.... Alma a en effet suggéré à Mahler d'insérer ce "charmant petit mouvement lent" dans cette symphonie qui en était initialement dépourvue... J'ai fait cette expérience de l'écouter sans l’adagietto et j'en suis sorti abasourdi : essayez ! |
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Mariefran Mélomane nécrophile
Nombre de messages : 14259 Age : 63 Localisation : Lille Date d'inscription : 25/02/2008
| Sujet: Re: Gustav Mahler (1860-1911) (2) Sam 2 Fév 2013 - 21:13 | |
| Mais qu'est-ce que vous avez tous contre l'adagietto ? |
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Siegmund Garde rouge du Domaine Musical
Nombre de messages : 6534 Age : 35 Localisation : Paris, rive gauche Date d'inscription : 19/05/2010
| Sujet: Re: Gustav Mahler (1860-1911) (2) Sam 2 Fév 2013 - 21:38 | |
| - Mariefran a écrit:
- Mais qu'est-ce que vous avez tous contre l'adagietto ?
En fait, c'est le seul mouvement convainquant d'une symphonie assez ratée. |
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vinclec Mélomaniaque
Nombre de messages : 628 Age : 42 Localisation : Amiens Date d'inscription : 14/10/2012
| Sujet: Re: Gustav Mahler (1860-1911) (2) Sam 2 Fév 2013 - 21:44 | |
| - Mariefran a écrit:
- Mais qu'est-ce que vous avez tous contre l'adagietto ?
C'est le plus parfait adagietto de toute l'Histoire !!! C'est un miracle... Je n'ai rien contre lui, je suggérais juste qu'écouter la 5ème en "V.O." (c'est à dire sans l'adagietto) était une expérience intéressante, pour prendre conscience de l'impulsion originale de Mahler : "Chaque note est remplie de la plus grande vitalité et tourne dans un tourbillon de danse", "[c'est] Rien que l'expression d'une force inouïe", a-t-il dit à sa confindente Natalie Bauer-Lechner au moment où il la concevait... A mon sens l'Adadietto est plus intéressant comme mouvement isolé, à la façon de l'Adadio symphonique de Barber |
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Invité Invité
| Sujet: Re: Gustav Mahler (1860-1911) (2) Sam 2 Fév 2013 - 21:46 | |
| - vinclec a écrit:
- C'est le plus parfait adagietto de toute l'Histoire !!!
Il y a celui de l'Arlésienne tout de même ! |
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Golisande Mélomane chevronné
Nombre de messages : 7865 Age : 49 Localisation : jeudi Date d'inscription : 03/03/2011
| Sujet: Re: Gustav Mahler (1860-1911) (2) Sam 2 Fév 2013 - 21:51 | |
| - vinclec a écrit:
- Deux manières de transcender encore cette œuvre phare :
- l'écouter en concert, en live : face à l'orchestre , tout ce que l'on a cru entendre et assimiler grâce au CD disparaît, la symphonie se transcende, devient organique, ses "effets instrumentaux" et ses bizarreries éclatent au grand jour, c'est un kaléidoscope sensoriel en quatre dimensions... On ne s'en remet pas facilement... Et l'on comprend à quel point elle a pu dérouter jusqu'à Bruno Walter, fidèle disciple de Mahler, qui a écrit dans ses mémoires que la cinquième était la seule qu'il n'avait pas apprécié dès la première écoute. Justement : j'ai d'abord écrit sur le fil "Mahler- 5e Symphonie" (avant de me rendre compte que c'était un fil discographique), et mon post commençait par : - Citation :
- Hier j'ai entendu cette symphonie par l'orchestre Radio France dirigé par un certain Markus Stenz (qui remplaçait à Pleyel Myung-whun Chung - que j'étais curieux d'entendre dans ce répertoire), et figurez-vous que c'était vraiment très bien...
Je ne connaissais absolument pas ce chef, mais je confirme. - Citation :
- - écoutez-là en éliminant l’adagietto, comme une symphonie en quatre mouvements, ce qui était l'intention initiale de Mahler : la symphonie a d'ailleurs été créée au piano par Mahler dans cette première mouture. Cela donne une symphonie extrêmement équilibrée (quatre mouvements), cuivrée de bout en bout, animée par une logique intérieure éclatante (I : ombre, II : combat tourmenté, III : éclaircies, IV : pure lumière), logique à mon goût quelque peu "rompue" par l'interruption d'un mouvement lent écrit entièrement pour cordes sur commande d'Alma.... Alma a en effet suggéré à Mahler d'insérer ce "charmant petit mouvement lent" dans cette symphonie qui en était initialement dépourvue... J'ai fait cette expérience de l'écouter sans l’adagietto et j'en suis sorti abasourdi : essayez !
J'essaierai, mais j'ai un peu peur car 1) j'ai généralement du mal avec les œuvres sans mouvement lent, 2) le Scherzo et le Rondo sont dans la même tonalité et baignent globalement dans une atmosphère de joie et de danse assez analogue (pour en prendre le négatif quasi parfait, j'ai beaucoup du mal avec les interprétation de la Sixième où le Scherzo est placé en 3e position). |
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Horatio Mélomane chevronné
Nombre de messages : 4135 Age : 30 Localisation : Très loin de la plage ! Date d'inscription : 04/07/2011
| Sujet: Re: Gustav Mahler (1860-1911) (2) Sam 2 Fév 2013 - 21:58 | |
| - vinclec a écrit:
- - écoutez-là en éliminant l’adagietto, comme une symphonie en quatre mouvements, ce qui était l'intention initiale de Mahler : la symphonie a d'ailleurs été créée au piano par Mahler dans cette première mouture. Cela donne une symphonie extrêmement équilibrée (quatre mouvements), cuivrée de bout en bout, animée par une logique intérieure éclatante (I : ombre, II : combat tourmenté, III : éclaircies, IV : pure lumière), logique à mon goût quelque peu "rompue" par l'interruption d'un mouvement lent écrit entièrement pour cordes sur commande d'Alma.... Alma a en effet suggéré à Mahler d'insérer ce "charmant petit mouvement lent" dans cette symphonie qui en était initialement dépourvue... J'ai fait cette expérience de l'écouter sans l’adagietto et j'en suis sorti abasourdi : essayez !
Quelle était exactement cette intention initiale ? Quand l' Adagietto a-t-il été écrit ? Après les quatre autres mouvements ? De quand date la demande d'Alma, par rapport à l'écriture de la symphonie ? Mahler - un mari plutôt tyrannique si l'on en croit ta signature - aurait-il vraiment inséré ce mouvement dans l'ensemble sur une simple idée de sa femme ? Ou en était leur relation à cette époque ? De quelle manière le compositeur s'est-il exprimé sur cette Cinquième par après ? Sur l' Adagietto, plus précisément ? Aimait-il cette œuvre ? Aurait-il pu se satisfaire d'une symphonie patchwork, sans tenter de donner une place à cet Adagietto ? Bref, beaucoup de questions auxquelles il faudrait répondre avant d'éditer la prochaine version critique de cette symphonie ... Quant à moi, même si je ne suis pas très friand des mouvements lents de Mahler, ce je ne trouve pas que cet Adagietto déstabilise sensiblement l'architecture ou la logique d'une œuvre déjà boursouflée et déséquilibrée en elle-même. La Cinquième regarde dans tant de directions différentes, mélange tant de sentiments et d'atmosphères qu'un tel intermède ne risque pas de nuire à une œuvre d'une si cosmique envergure. Je pense même que couper cet Adagietto déséquilibrerait la symphonie, en renforçant la première partie et en ne faisant suivre à la clé de voûte de l'œuvre - le Scherzo - qu'un Final franchement plus faiblard et surtout moins concentré que les trois premiers mouvements ; le Scherzo transcende dans un travail d'orfèvre les remous guerriers des deux premiers mouvements, se penchant plusieurs fois sur l'abîme, se concluant dans un clair-obscur irrésolu - et l'on le ferait suivre par les grandes déclarations d'optimismes du Final ? Non - car, dans ton plan de l'œuvre, il faut rajouter une pénultième étape, l' apaisement et le retour sur soi. |
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Golisande Mélomane chevronné
Nombre de messages : 7865 Age : 49 Localisation : jeudi Date d'inscription : 03/03/2011
| Sujet: Re: Gustav Mahler (1860-1911) (2) Sam 2 Fév 2013 - 23:02 | |
| Oui, effectivement, en plus le rondo est beaucoup moins bien que le scherzo (mais je l'aime quand même, va). Pour ce qui est des mouvements lents de Mahler, entre celui de la 4e et celui de la 6e il y a tout de même de quoi faire, sans parler du final de la 9e et encore moins (mais est-ce vraiment un mouvement lent ?) de l' Abschied. (Et il y a aussi la seconde Nachtmusik qui est une sublime petite merveille. ) L'Adagietto n'est pas mon préféré en effet : j'ai toujours trouvé qu'il manquait quelque chose, comme s'il y avait dans ce mouvement un potentiel insuffisamment et imparfaitement exploité par Mahler... ou plus exactement, en y repensant, exploité dans le mouvement suivant (avec la double réapparition amplement développée de la magnifique idée centrale) dont l'Adagietto ne serait en fait qu'une vaste introduction - ce qui en ferait une sorte de final bipartite bien plus intéressant que ses deux parties prises séparément ! D'où ma perplexité, vinclec, à l'idée amputer ce double mouvement - d'autant que sans sa première occurrence le thème auquel j'ai fait allusion n'aurait plus du tout le même impact. |
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kegue Mélomane chevronné
Nombre de messages : 4936 Age : 54 Localisation : Là où repose Cocteau Date d'inscription : 27/10/2008
| Sujet: Re: Gustav Mahler (1860-1911) (2) Sam 2 Fév 2013 - 23:12 | |
| D'autant plus que l'adagietto partage, avec le rondo final, la dernière partie de l'oeuvre. Je n'ai jamais rien lu de tel concernant cette "commande "d'Alma. Ce mouvement est vraiment indispensable dans le déroulement de l'oeuvre pour toutes les raisons que Golisande a exploité précédemment (lien avec le final, de la même manière que les deux premiers mouvements ; et besoin d'apaisement entre le scherzo infernal et la percée finale) @ Siegmund : 'faudra m'expliquer ce que tu trouves raté dans la cinquième |
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Golisande Mélomane chevronné
Nombre de messages : 7865 Age : 49 Localisation : jeudi Date d'inscription : 03/03/2011
| Sujet: Re: Gustav Mahler (1860-1911) (2) Sam 2 Fév 2013 - 23:59 | |
| - kegue a écrit:
- le scherzo infernal
Pas totalement joyeux, oui, mais infernal... C'est certainement le plus lumineux des scherzi de Mahler. |
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kegue Mélomane chevronné
Nombre de messages : 4936 Age : 54 Localisation : Là où repose Cocteau Date d'inscription : 27/10/2008
| Sujet: Re: Gustav Mahler (1860-1911) (2) Dim 3 Fév 2013 - 0:11 | |
| Oui, infernal n'est pas le terme le plus juste; bien que certains passages soient quand même assez destroy |
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Asinius Pollion Mélomaniaque
Nombre de messages : 953 Age : 29 Localisation : Bordeaux Date d'inscription : 03/01/2013
| Sujet: Re: Gustav Mahler (1860-1911) (2) Dim 3 Fév 2013 - 10:33 | |
| Etrange, la cinquième est la symphonie qui m'a posé et qui me pose le plus de problèmes. Je dois dire que j'admire sa forme, sa conception, son inspiration ses contrastes... Mais quand on passe à l'écoute, je dois dire qu'après un premier mouvement que j'adore, le 2ème me laisse de marbre. Pareil pour le scherzo génial mais que je ne comprend pas. Ensuite ça vas mieux mais tout de même : Qu'est ce que je n'ai pas compris ?? Pour revenir au vieux débat de l'ordre des mouvements de la sixième symphonie de notre cher Gustav, je dois dire que le deux propositions sont toutes les deux fondées, que la succession Allegro - Scherzo est pour moi plus gênante que Scherzo - Finale (ce n'est que mon humble avis ). Je dirai que la première proposition (Allergo-Scherzo) laisse place à un sentiment de redondance dans cet enchaînement alors qu'il y a une accalmie à la fin du Scherzo qui fait qu'on a pas cette sensation gênante que peut donner l’enchaînement de deux mouvements rapides tel Scherzo-Finale. Ensuite tout dépend de son goût personnel : je ne vais jamais écarteler quelqu'un qui préfère Allegro - Scherzo - Andante - Finale |
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kegue Mélomane chevronné
Nombre de messages : 4936 Age : 54 Localisation : Là où repose Cocteau Date d'inscription : 27/10/2008
| Sujet: Re: Gustav Mahler (1860-1911) (2) Dim 3 Fév 2013 - 10:58 | |
| Le scherzo de la cinquième pose un double problème quant à sa forme. On peut dire déjà qu'il possède deux trios et qu'il laisse aussi une grande place au développement (un peu à l'image de celui de la 2è), ce qui donne le plus long scherzo mahlérien existant. J'ai aussi essayé la 6è avec le scherzo en 3ème place (Mahler a lui-même hésité jusqu'au dernier moment) et je n'y arrive pas (merci de ne pas m'écarteler ). Je trouve un meilleur équilibre avec un scherzo en deuxième position comme un prolongement du premier mouvement, avec ce fameux motto (accord Majeur / mineur) qui commence réellement à agir sur les thèmes (alors qu'ilétait simplement exposé au premier mouvement), et ce petit motif de levée ( qui prendra tout son sens au final. D'un autre côté, je trouve le mouvement lent nécéssaire afin de mieux se préparer au déchaînement du final. |
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Golisande Mélomane chevronné
Nombre de messages : 7865 Age : 49 Localisation : jeudi Date d'inscription : 03/03/2011
| Sujet: Re: Gustav Mahler (1860-1911) (2) Dim 3 Fév 2013 - 12:26 | |
| - Asinius Pollion a écrit:
Pour revenir au vieux débat de l'ordre des mouvements de la sixième symphonie de notre cher Gustav, je dois dire que le deux propositions sont toutes les deux fondées, que la succession Allegro - Scherzo est pour moi plus gênante que Scherzo - Finale (ce n'est que mon humble avis ). Je dirai que la première proposition (Allergo-Scherzo) laisse place à un sentiment de redondance dans cet enchaînement alors qu'il y a une accalmie à la fin du Scherzo qui fait qu'on a pas cette sensation gênante que peut donner l’enchaînement de deux mouvements rapides tel Scherzo-Finale. Ensuite tout dépend de son goût personnel : je ne vais jamais écarteler quelqu'un qui préfère Allegro - Scherzo - Andante - Finale Ouf, je respire. Ma préférence tient à plusieurs facteurs. D'abord le Finale est nettement plus long que l'Allegro, ce qui donne un équilibre bien plus satisfaisant avec le Scherzo en 2 : 30 / 35 minutes de rouleau compresseur en la mineur de chaque côté, et l'Andante au milieu comme l'œil d'un cyclone (au lieu d'être perdu dans la première moitié de la symphonie, ce qui lui donne une importance bien moindre alors que ce mouvement est le ballon d'oxygène essentiel). Ensuite et surtout, la chute dans le gouffre du début du Finale perd l'essentiel de son impact lorsqu'elle succède à la fin du Scherzo qui est elle-même le fond d'un gouffre, non seulement en raison de l'atmosphère des mouvements mais à cause de l'enchaînement des tonalités (l'ut mineur de l'intro du Finale me semble clairement fait pour s'enchaîner au mi b majeur de l'Andante) ; en outre le fait que le début du Scherzo ressemble à celui du 1er mvt fait plus que me convenir : le Scherzo sonne comme un rappel à l'"ordre" après l'"égarement" de la coda de l'Allegro - il prolonge la marche implacable en y ajoutant un côté grinçant et démoniaque qui creuse considérablement le tragique -, et la propulsion sur orbite de l'Andante est infiniment plus puissante après le Scherzo spéléologique qu'après l'explosion de joie de ladite coda. En fait je ne comprends pas du tout l'autre ordre, qui est totalement déséquilibré : les deux premiers mouvements semblent presque ceux d'une symphonie "normale", avec autant de lumière que d'ombre, puis on est définitivement largué dans un maelström infernal de trois quart d'heure sans la moindre clarté... |
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vinclec Mélomaniaque
Nombre de messages : 628 Age : 42 Localisation : Amiens Date d'inscription : 14/10/2012
| Sujet: Re: Gustav Mahler (1860-1911) (2) Dim 3 Fév 2013 - 12:32 | |
| - Horatio a écrit:
- [la cinquième symphonie de Mahler], une œuvre déjà boursouflée et déséquilibrée en elle-même
Quelque chose me dit qu'on ne va pas s'entendre... Il faut que tu remplaces les adjectifs "boursoulfée" et "déséquilibrée" par "extrêmement inventive" et "multipolaire" !!! Il y a un côté "bipolaire" dans cette oeuvre monde, un côté "superpositions" proche de l'art abstrait qui commençait à naître en Europe au moment de sa composition. - Horatio a écrit:
- Quand l'Adagietto a-t-il été écrit ? Après les quatre autres mouvements ?
Oui ! - Horatio a écrit:
- De quand date la demande d'Alma, par rapport à l'écriture de la symphonie ?
Juste après la fin de la composition en quatre mouvements, la même année cependant. - Horatio a écrit:
- Mahler aurait-il vraiment inséré ce mouvement dans l'ensemble sur une simple idée de sa femme ?
Quand on sait ce qu'il a fait pour lui par la suite, c'est tout à fait plausible Tyrannique, mais très amoureux ! - Horatio a écrit:
- De quelle manière le compositeur s'est-il exprimé sur cette Cinquième par après ? Sur l'Adagietto, plus précisément ?
Je crois qu'on en a pas de traces (il s'était éloigné de sa confidente qui notait tout, Natalie Bauere-Lechner), il faudrait que je relise le Lagrange et les autres biographies concurrentes. - Horatio a écrit:
- Aurait-il pu se satisfaire d'une symphonie patchwork, sans tenter de donner une place à cet Adagietto ?
C'est comme ça qu'il l'a créée, au piano. - Horatio a écrit:
- Bref, beaucoup de questions auxquelles il faudrait répondre avant d'éditer la prochaine version critique de cette symphonie ...
Hors de question bien entendu d'éliminer l'Adagietto, puisqu'il a laissé dans la partition définitive. Je suggérais simplement que c'est une expérience intéressante du point de vue historique, similaire à l'écoute des versions originales des symphonies de Bruckner (par exemple la Huitième avant tous les bidouillages exigés par l'éditeur), ou, pour revenir à Mahler, une expérience similaire à l'écoute de la Première Symphonie dans la première mouture avec orchestre réduit et 5 mouvements au lieu de 4... Et puis je trouve l'idée originale d' une grande symphonie romantique sans mouvement lent parfaitement jouissive ! Tout à fait d'accord avec ta proposition d'ajouter un "retour au calme" à la fin du cinquième mouvement ! Et si on inversait le finale et l'adagietto ?? |
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vinclec Mélomaniaque
Nombre de messages : 628 Age : 42 Localisation : Amiens Date d'inscription : 14/10/2012
| Sujet: Re: Gustav Mahler (1860-1911) (2) Dim 3 Fév 2013 - 12:38 | |
| Vous êtes plusieurs à suggérer que le Finale de la cinquième "prolonge" l'Adagietto en reprenant son thème central, or, historiquement, c'est l'inverse : l'adagietto aurait été écrit d'après l'un des thèmes du final.
Concernant la 6ème, Mahler a bien choisi, finalement, de mettre le mouvement lent en deuxième (et non troisième) position, ce que les chefs de font pratiquement jamais. De même que l'interruption / entracte de plus de 5 minutes entre les deux premiers mouvements de la Deuxième symphonie n'est jamais respectée. Ce qui laisse à réfléchir sur les usages et les traditions. |
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Golisande Mélomane chevronné
Nombre de messages : 7865 Age : 49 Localisation : jeudi Date d'inscription : 03/03/2011
| Sujet: Re: Gustav Mahler (1860-1911) (2) Dim 3 Fév 2013 - 12:39 | |
| - kegue a écrit:
J'ai aussi essayé la 6è avec le scherzo en 3ème place (Mahler a lui-même hésité jusqu'au dernier moment) et je n'y arrive pas (merci de ne pas m'écarteler ). Je trouve un meilleur équilibre avec un scherzo en deuxième position comme un prolongement du premier mouvement, avec ce fameux motto (accord Majeur / mineur) qui commence réellement à agir sur les thèmes (alors qu'ilétait simplement exposé au premier mouvement), et ce petit motif de levée ( qui prendra tout son sens au final. D'un autre côté, je trouve le mouvement lent nécéssaire afin de mieux se préparer au déchaînement du final. Je n'avais pas vu ton post, mais je suis absolument d'accord évidemment. |
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| Gustav Mahler (1860-1911) (2) | |
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