Giovanni Pacini (1796-1867)Il Convitato di pietraFarce ou opérette en 2 actes
Oeuvre un peu à part dans la production lyrique de Pacini et même dans la production lyrique en général puisqu'elle était destinée au départ à des représentations privées et interprétées par les membres de la famille de Pacini.
Le livret s'appuie essentiellement sur celui du
Don Giovanni de Mozart mais en supprimant totalement le personnage de Donna Elvira (ce qui réduit évidemment considérablement la durée de l'oeuvre qui n'est plus que d'1h32) et en rebaptisant Leporello du nom de Ficcanaso.
Si Elvira n'est plus présente, certains aspects de sa psychologie (violence de la passion et de la jalousie notamment) se voient endossés par Zerlina qui y gagne évidemment une étoffe supplémentaire.
Contrairement à Mozart, Pacini ne cherche pas vraiment à donner une dimension, une stature tant au personnage de Don Giovanni qu'à l'ensemble du déroulement de l'intrigue et qu'à la vérité profondément humaine, profondément psychologique des autres personnages. Ce sont les effets musico-théâtraux qui l'intéressent ici davantage et il est animé par la volonté de composer pour les membres de sa famille une musique qu'ils ont plaisir à chanter.
D'ailleurs à aucun moment Pacini n'a prétendu que cette oeuvre pouvait rivaliser avec le monument qu'est le
Don Giovanni de Mozart et on peut préciser tout de suite qu'elle ne peut rivaliser avec aucune autre oeuvre de Pacini lui-même qui a composé des opéras autrement magistraux.
ceci dit, ce
Convitato di Pietra reste intéressant à plus d'un titre:
- il permet de voir comment un compositeur d'une nationalité différente peut traiter un même sujet, à une période différente de l'histoire musicale, et dans un style musical totalement différent.
- il permet de voir comment a évolué la vocalité en général et la perception de la vocalité de mêmes personnages en un peu plus de 40 ans.
- il permet d'avoir un aperçu différent d'un compositeur fertile en opéras dramatiques (75 opéras en tout).
sur le plan vocal, il y a quelques changements de taille:
- Don Giovanni devient ténor virtuose dans la grande tradition du ténor rossinien et se trouve à vocalité égale avec Don Ottavio (lequel perd tous ses airs).
- Donna Anna devient contralto!!!
- Zerlina est la Prima Donna en devenant un lirico coloratura.
sur le plan orchestral, c'est écrit pour un orchestre de chambre de cordes et de flûtes.
Ce qui ressort de l'écoute, c'est qu'on est face à une oeuvre assez ramassée (c'est pas plus mal vu le traitement léger qu'en fait Pacini), brillante, pimpante qui dégage beaucoup de fraîcheur avec quelques effets théâtraux assez réussis et qui est passablement exigeante en matière de chant belcantiste.
Le présent enregistrement a été réalisé live à Wildbad en 2008 lors de la première représentation publique mondiale. Tous les chanteurs y sont excellents et leur enthousiasme est plus que perceptible. Mention particulière pour Géraldine Chauvet, absolument formidable dans les éclats sombres de son timbre corsé et chaud.
Un achat que je conseille d'autant plus qu'il n'est pas cher (11 euros).