Tito Schipa

J'avais souvent lu que Tito Schipa était une des plus grandes voix de ténor du siècle mais n'avais rien entendu de lui. En achetant un CD américain " Verdi the suprême operatic recordings ", je l'entends enfin après l'avoir cherché et voudrais dire ma stupéfaction devant le style de Schipa. Rien entendu de tel. Une voix élégante, pleine d'intelligence artistique, une manière délicieuse de chanter dans la lumière avec une grace infinie.
Surnommé en son temps, " le prince des chanteurs ", Tito Schippa, né en 1888 à Lecce dans les Pouilles, a chanté 55 ans d'affilé, un record je crois, entre 1908 et 1963. Son gout raffiné, sa musicalité sont hors du commun et sans équivallent . Sa diction est invraisemblable dans le si beau " Quando le sere al placido " de Luisa Miller de Verdi, , enregistré en 1926 et remarquablement venu jusqu'à nous, ce qui est étonnant tout de même.

Y a toute une série de disques chez Naxos. Je connais peu, j'en ai pris parce que j'ai pas mal entendu parler de lui. Après, ça fait longtemps que je n'ai pas écouté.

frere elustaphe a écrit:

Y a toute une série de disques chez Naxos. Je connais peu, j'en ai pris parce que j'ai pas mal entendu parler de lui. Après, ça fait longtemps que je n'ai pas écouté.

Pourtant, c'est assez ton (notre) genre de ténor, non ?

Oui, je vais m'y remettre. Mais j'ai une nouvelle lubie, et elle me prend du temps.

Je saisis cette occasion pour dire que certains chanteurs semblent réinventer les arias, les travaillent pour en tirer plus de sens, n'hésitent pas à jouer avec la partition pour plaire. Schipa est de cette catégorie, comme Tibett ou Tagliavini, Del Monaco aussi je crois. J'aime cette personnalisation.
D'autres semblent en chantant mettre un disque préparé lors des répétitions, on reconnait leur style presqu' impersonnel. Tout est lisse. Sutherland me fait cet effet comme beaucoup de chanteurs actuels. Pas de risque, on redonne ce que les gens attendent et qu'on a préparé pour eux.
Mais c'est une impression d'amateur, peut-être injustifiée ?

Si, si, effectivement certains chantent proprement et d'autres, par leur timbre spécial et leur maîtrise technique, ou bien par leur imagination expressive, se les réapproprient.

Néanmoins, la dichotomie hier / aujourd'hui n'a pas de sens, on trouve les deux à toutes les époques. Et le chant étant plus théâtral aujourd'hui, on trouve même sans doute plus d'originalité chez les chanteurs récents (pas forcément dans les airs, pour des raisons de maîtrise technique, mais vraiment dans l'ensemble du rôle, de façon frappante).

OK, merci. Ce qui est justement passionnant dans l'opéra, c'est de voir ce que chaque chanteur fait du personnage qu'il interprète. Plutot dans le chant que par des mimiques et des attitudes sur la scène.

Alain92 a écrit:

Plutot dans le chant que par des mimiques et des attitudes sur la scène.

Les deux sont importants. Mais ceux qui m'impressionnent le plus sont ceux qui parviennent, au disque, sans aucun support visuel, à créer toute une gamme d'affects complets. Ca c'est grand.

Le choc éprouvé par l'écoute de Tito Schipa se poursuit avec ses j'ai perdu mon Eurydice et una furtiva lagrima. Superbes interprétations, on retrouve l'élégance raffinée de Schipa et son timbre de voix, mais aussi sa manière de donner du sens à ses arias. Le chant d' Orphée fait presque pleurer. Le chanteur s'identifie à son héros. Il souffre!
J'ai hate de découvrir d' autres arias de Schipa.