Opéra de Lille 2011-2012

Magnifique Pierrot lunaire ! Alda Caeillo est prodigieuse, créant de véritables scènettes à chaque lied, expressive, expressionniste, jouisseuse de mots, un régal de l'écouter et de la regarder. Les accompagnateurs étaient très bons, surtout le flûtiste Vaclav Kunt. Quelle musique !
En revanche, j'étais entourée de personnes insupportables… Calmes pendant le Scherzo et la symphonie de chambre, ils ont montré à quel point l'opus 21 les gonflait… Devant moi, derrière moi, à côté de moi, des couples discutaient, froissaient bruyamment leur programme, toussaient : j'avais envie de les frapper… Des personnes ont quitté le parterre, en prenant la peine de tousser en marchant… Que les gens sont mal élevés !
Le concert avait mal débuté avec un piteux altiste dans le Scherzo et un pianiste assez calamiteux dans la symphonie de chambre, absolument pas en phase avec le quatuor. J'aurais préféré que Schœnberg écrive cette transposition pour quatuor seul… Mais le Pierrot a tout rattrapé et je suis ressortie ravie.

Vous avez déjà lu les textes ? Il y en a de sérieusement décadents…

Messe rouge
Pour la cruelle Eucharistie,
Sous l'éclair des ors aveuglants
Et des cierges aux feux troublants,
Pierrot sort de la sacristie.

Sa main, de la Grâce investie,
Déchire ses ornements blancs,
Pour la cruelle Eucharistie,
Sous l'éclair des ors aveuglants,

Et d'un grand geste d'amnistie
Il montre aux fidèles tremblants
Son cœur entre ses doigts sanglants,
-- Comme une horrible et rouge hostie
Pour la cruelle Eucharistie.

Albert Giraud

Quel public de porcs, le pire c'est qu'en plein spectacle on ne puisse même pas réagir. Par contre, il ne faut pas s'en priver lorsqu'on le peut

Triste en effet; c'est le béotisme arrogant et victorieux.

un peu de Dutroène ou de Cabanbani à la place?
C'est normal que Pierrot Lunaire ne passe pas, c'est de la musique de cabaret, ça n'est pas écrit pour audiences chics avec renard et vison, Bernstein, Sondheim ou Weill ne seraient pas mieux passés et personne ne s'en indignerait. Moi je trouve ça bien qu'on marque ce mépris pour ce Schönberg-là, c'est ce qui est attendu dans une salle d'opéra, non?

sud273 a écrit:

un peu de Dutroène ou de Cabanbani à la place?
C'est normal que Pierrot Lunaire ne passe pas, c'est de la musique de cabaret, ça n'est pas écrit pour audiences chics avec renard et vison, Bernstein, Sondheim ou Weill ne seraient pas mieux passés et personne ne s'en indignerait. Moi je trouve ça bien qu'on marque ce mépris pour ce Schönberg-là, c'est ce qui est attendu dans une salle d'opéra, non?

Et le respect pour ceux qui sont venu écouté ?

(en plus ça fait partie du bon Schoenberg).

Siegmund a écrit:

Quelle public de porcs, le pire c'est qu'en plein spectacle on ne puisse même pas réagir. Par contre, il ne faut pas s'en priver lorsqu'on le peut

Par légions les fâcheux sont hélas au parterre
Bavards impénitents, grossiers retardataires
Biques aux vils parfums, tousseurs formant des choeurs
Baîlleurs ou même ronfleurs, et d'odieux chantonneurs !
Trop las de cotoyer cette rude assemblée
Depuis longtemps j'ai plié, je vais au poulailler.

Spoiler:

Siegmund a écrit:

Quelle public de porcs, le pire c'est qu'en plein spectacle on ne puisse même pas réagir. Par contre, il ne faut pas s'en priver lorsqu'on le peut

Parce que ce triste privilège est réservé à l'opéra de Lille ? Le public poitevin est très doué dans le genre

D'habitude le public est très courtois, c'était vraiment lié à leur détestation de Pierrot Lunaire…

Tonight :

Sandrine Piau soprano

Quatuor Diotima
Yunpeng Zhao violon
Guillaume Latour violon
Franck Chevalier alto
Pierre Morlet violoncelle

Programme
Anton Webern (1883-1945)
Six Bagatelles op. 9 pour quatuor à cordes

Alban Berg (1885-1935)
Suite lyrique pour quatuor à cordes, avec soprano

Anton Webern
Langsamer Satz “Schmerz immer, Blick nach oben”

Arnold Schoenberg (1874-1951)
Quatuor n° 2 en fa # mineur, avec soprano, op. 10

Un beau programme, hein ?

Mariefran a écrit:

Tonight :
Anton Webern (1883-1945)
Six Bagatelles op. 9 pour quatuor à cordes

Alban Berg (1885-1935)
Suite lyrique pour quatuor à cordes, avec soprano

Anton Webern
Langsamer Satz “Schmerz immer, Blick nach oben”

Arnold Schoenberg (1874-1951)
Quatuor n° 2 en fa # mineur, avec soprano, op. 10

Un beau programme, hein ?

Gare aux tousseurs, râleurs et bavardeurs !

Superbe soirée, ils ont reçu un triomphe
Quatuor vraiment magnifique dans ces œuvres, j'ai un gros faible pour l'altiste, qui en plus de jouer remarquablement bien était très souriant. Ils font corps, s'écoutent, ont une belle sonorité. Le seul bémol : Piau. Je crois que je ne la supporte pas. Elle est incapable de mettre un texte en valeur, chante l'allemand comme une vache espagnole, elle m'aurait presque gâché les deux derniers mouvements du 2° quatuor… Heureusement, elle a joué les feignasses et n'a chanté ni le finale de la Suite lyrique ni le Langsamer satz de Webern. J'ai pu me délecter du quatuor. Quelle musique, mes aïeux, c'était magnifique

Cerise sur le gâteau, un public concentré, très peu de toux, et vrai amateur : c'est la Suite lyrique qui a été le plus applaudie, avec bravos et cie

Aldo Ciccolini à l'opéra dimanche 10 juin à 17h, en espérant qu'il n'annulera pas comme il y a deux ans

Marie-Joseph-Alexandre Déodat de Séverac
En Languedoc, Coin de cimetière au printemps
En vacances, Petites pièces romantiques (Premier recueil)
Cerdaña, Les muletiers devant le Christ de Llivia
Pipperment-Get, valse brillante de concert
Claude Debussy
Préludes, Livre I

Beaucoup d'émotions dans ce concert Ciccolini. J'ai beaucoup aimé les Séverac, moins les Debussy, quoique les 3 derniers (La cathédrale engloutie, la Danse de Puck et Minstrels) m'ont fauchée… Le vieux monsieur se débrouille encore sacrément bien !