Atys, Christie/Villégier (Opéra-Comique - mai 2011)

DavidLeMarrec a écrit:

Je suis tout à fait convaincu, au vu du tempérament de son Bellérophon, qu'il aurait été encore meilleur que Richter, mais on ne peut pas le mettre en premier rôle partout non plus !

J'ai adoré Richter.

C'est un peu frustrant d'ailleurs : autrefois, quand il chantait du premier XIXe français, personne ne l'écoutait, donc j'avais un peu l'impression que Richter était à moi. Je me délectais, je pouvais citer son nom, personne ne me le volait.

Maintenant qu'il a déclenché l'hystérie collective, qu'il va passer à la télé, qu'il est copain avec Christie, je vais devoir le partager, voire ne plus être son défenseur le plus ardent, puisque d'autres semblent encore plus conquis que moi.

Mais tant mieux tout de même, parce que je l'entendrai plus souvent !!

DAVIDUS
Vous m'ôtez Bernaride, inhumaine Elustaphe !
Est ce le prix du zèle que j'ai fait avec soin éclater à vos yeux ?

Mais non, Lulu, il n'y avait pas d'ambiguïté, on se partagera Yannou demain !

DavidLeMarrec a écrit:

Mais non, Lulu, il n'y avait pas d'ambiguïté, on se partagera Yannou demain !

Comment faut il comprendre cette phrase Je lui donne un sens très clair, mais quelque peu effrayant

Il est temps pour toi de lire Le Moine de Lewis.

Une critique enthousiaste sur le blog de Catherine Kintzler : http://www.mezetulle.net/article-atys-de-quinault-et-lully-l-etouffement-tragique-en-pleine-lumiere-74174620.html

Je n'ai qu'un mot à dire : FORMIDABLE !!!!

Et David a raison, Bernard Richter ne sera plus défendu que par lui.

Que dire après tout ce qui a déjà été dit ici ? C'était évidemment un spectacle inoubliable d'une part à cause du contexte de recréation et de l'autre grâce à la qualité exceptionnelle de l'ensemble.
Pas mal de petits problèmes au départ, une justesse approximative, des difficultés de mise en place et un prologue un peu tiède mais on leur pardonne volontiers. Le tout est interprété avec une spontanéité étonnante et ce dès le prologue.
Je salue la prestation des solistes du jardin des voix qui nous livre un prologue plein de fraicheur.
Christie a apporté un soin particulier au continuo qui est d'une beauté et d'une finesse rarement égalées.
Au niveau des voix une petite déception du côté de Sophie Daneman qui n'est pas mauvaise mais est en retrait et qui fait pâle figure face au reste de la distribution. Paul Agnew est un peu fatigué, on le sent un peu tendu et pas trop sûr de lui mais ce qu'il fait est encore intéressant.
Marc Mauillon, très sonore m'a bien plus, il faut dire qu'il a quand même une voix particulière. Bernard Richter est un excellent Atys, nous autre baroqueux n'avons pas l'habitude de telles voix mais ici c'est parfait ! Beaucoup de puissance ce qui ne l'empêche pas de faire preuve de finesse lorsque c'est nécessaire. Il a, pour moi, totalement cerné le personnage.
J'ai été très convaincue par la Sangaride véhémente de Emmanuelle de Negri que pourtant je craignais un peu. Quand à Stéphanie d'Oustrac ... les mots me manquent pour qualifier sa prestation. Comment peut-on être aussi juste dans le jeu, aussi émouvante et aussi parfaite techniquement ?

Cette reprise était tout à fait bienvenue, et à part quelques esprits chagrins comme Renaud "Vachard" ou de perpétuels ronchons comme Fliegender, elle a été très largement plébiscitée aussi bien par ceux qui avaient vu la création en 1987 que par ceux qui l'ont découverte.
J'avais vu le spectacle en 1987 et j'aurais beaucoup aimé y retourner, mais il s'agissait de places destinés à des lycéens obtenus dans un cadre associatif - le nombre de places finalement disponibles ayant été inférieur aux demandes, je me suis effacé pour laisser la priorité aux élèves : ceux-ci ont, malgré sa longueur beaucoup apprécié le spectacle - il avait été préparé par l'étude d'un dossier fourni par l'Opéra Comique et par une conférence avant le spectacle.

Dans le Financial Times de mercredi dernier, Francis Carlin manifeste un enthousiasme inconditionnel parlant de "shining beacon of superior endeavour" !!

Montfort

Wow!
Quelle émotion, j'ai eu les larmes aux yeux pendant toutes la première partie, je n'ai réussi à me calmer qu'au premier entracte
Vraiment incroyable. Un plateau uniformément magnifique, Richter, quelle puissance ! De Negri magnifique et surtout d'Oustrac... quel trio parfait ! Et cette mise en scène, véritablement intemporelle, c'est fou !
Et quel livret, il faut quand même le redire...

Tout a déjà été dit maintes fois, je ne fais donc que donner quelques impressions fugaces...

Dans l'ensemble un excellent spectacle, un superbe moment, toutefois un peu inégal (mais l'attribuerais-je à Lully, à la mes, au plateau, à la fosse?)
--> non, pas la fosse. Les arts flos étaient SUPERLATIFS (tout doux, tout doux), un rendu d'une élégance sans pareille. (une petite désynchro des cordes dans l'ouverture? dérisoire toutefois) Le (là? je voyais pas) théorbiste, le clavecin, aaahhhHhhHHhhHHHhHHHHH, que du bonheur.

La mise en scène est aussi caractérisée par l'élégance, les décors, les mouvements, les chorégraphies, rien de fou, rien de très inventif, mais une harmonie parfaite et une poésie au-delà des mots de Quinault.

Côté plateau, satisfaction globale. Richter excellent de bout en bout, D'Oustrac un peu en retrait dans son entrée mais bouleversante dans le III et bonne dans le V, De Negri fabuleuse dans son entrée et un peu moins en avant par la suite, Agnew peu présent, Auvity excellent pour le peu qu'on l'entend, le reste pas mal sauf certaines voix du prologue.

Un spectacle magnifique et une scène du sommeil qui restera gravée en moi pour très longtemps. Le baisser du rideau sur le lamento de Cybèle au III est un des moments les plus magiques que j'aie vécu en salle.

Et j'y étais le soir de la retransmission, vais pouvoir tout revoir pareiiiiiil

La chute du décor à la fin du prologue m'a fait un effet fou...
Tiens, c'est drôle j'ai trouvé D'Oustrac d'une présence incroyable à son entrée, j'étais pétrifié. (mais bon je ne suis pas objectif, je crois qu'il n'y a aucune chanteuse que j'aime plus qu'elle...)

Je n'ai pas eu le temps de le dire, mais j'étais à la première représentation et j'ai passé une merveilleuse soirée. Quand je pense que, lors de la diffusion à la télé en 1987, j'ai coupé au bout de vingt minutes Les goûts changent, heureusement. La distribution était de très haut niveau, spécialement Richter et d'Oustrac, magnifiques, Christie bien à son affaire, et une mise en scène à la fois esthétique, intelligente et sensible (peut-être vintage faute de lavabos ou de poubelles authentiquement fabriquées en RDA, mais du vintage comme ça, j'en reveux), bref un spectacle splendide à tous points de vue. J'espère qu'on aura un DVD cette fois-ci (je n'ai pas vu de caméras...).

Oui, on aura un DVD, c'est sûr et certain, la soirée du 21 a été filmée et diffusée en direct sur mezzo. Ce DVD sera publié par l'excellent label FRA musica.

Guillaume a écrit:

Oui, on aura un DVD, c'est sûr et certain, la soirée du 21 a été filmée et diffusée en direct sur mezzo. Ce DVD sera publié par l'excellent label FRA musica.

Un DVD ... beh tu vois il n'y avait pas de quoi se précipiter et faire tout un patte à caisse

Cololi a écrit:

Un DVD ... beh tu vois il n'y avait pas de quoi se précipiter et faire tout un patte à caisse

Je te vois bien si tu avais vu un Crépuscule des Dieux avec genre Domingo et Meier (oui, ça n'existe pas, je sais) et que c'était diffusé à la télé... Tu ne chercherais pas à tous prix à l'avoir même avant une publication en DVD (qui peut mettre plusieurs années, comme ce fut le cas d'Armide...)??

Polyeucte a écrit:

Cololi a écrit:

Un DVD ... beh tu vois il n'y avait pas de quoi se précipiter et faire tout un patte à caisse

Je te vois bien si tu avais vu un Crépuscule des Dieux avec genre Domingo et Meier (oui, ça n'existe pas, je sais) et que c'était diffusé à la télé... Tu ne chercherais pas à tous prix à l'avoir même avant une publication en DVD (qui peut mettre plusieurs années, comme ce fut le cas d'Armide...)??

Bon je sais pas ce que tu as en ce moment ... mais je parle pas de la même chose.

Je disais que Guillaume m'a fait un caca pour prendre les places de concert car plus jamais ça ne passerait ... et qu'on était même pas sur qu'un DVD sorte ...
Hors le DVD va sortir ...

Par contre un DVD du Crépuscule avec Domingo et Meier, je pense que je serais capable du pire pour avoir un truc pareil

Cololi a écrit:

Bon je sais pas ce que tu as en ce moment ... mais je parle pas de la même chose.

Rien de particulier...

Il y a un article dans L'Express de cette semaine (version papier, du moins) sur le retour en grâce du baroque, à travers Atys...

Kilban a écrit:

Il y a un article dans L'Express de cette semaine (version papier, du moins) sur le retour en grâce du baroque, à travers Atys...

Curieux, je n'avais réalisé que le baroque était "out" - si j'en juge par la foule l'autre soir au TCE pour Ariodante, il y a encore quelques amateurs...

Montfort

En effet n'importe quoi, le Baroque ne s'est jamais aussi bien porté, et c'est bien...

Pelléas a écrit:

En effet n'importe quoi, le Baroque ne s'est jamais aussi bien porté, et c'est bien...

C'est précisément la thèse de l'article. Je me suis mal exprimé: le "à travers Atys" ne veut pas dire que c'est Atys qui l'a remis au goût du jour, mais que le succès d'Atys est emblématique de ce retour en grâce.

Kilban a écrit:

Pelléas a écrit:

En effet n'importe quoi, le Baroque ne s'est jamais aussi bien porté, et c'est bien...

C'est précisément la thèse de l'article. Je me suis mal exprimé: le "à travers Atys" ne veut pas dire que c'est Atys qui l'a remis au goût du jour, mais que le succès d'Atys est emblématique de ce retour en grâce.

Mais pourquoi parler de "retour en grace", alors que, comme le dit justement Pelléas, le baroque n'a jamais cessé d'avoir du succès !!??

Montfort

je te rejoins Ino pour "Le baisser du rideau sur le lamento de Cybèle au III est un des moments les plus magiques que j'aie vécu en salle."

Un superbe moment plein d'émotion et le 19, c'est à ce moment, dans les ultimes notes, à peu près à 3 secondes de la fin qu'un portable a sonné dans la salle!!!! ce qui a rendu Christie fou en enjoignant le fautif à quitter la salle et à ne plus revenir.

bien sûr, ça nous a aussi gâché cette toute fin à nous aussi. Il y avait les caméras aussi ce soir-là, mais on le verra pas au dvd je pense!!!!

mozarteum a écrit:

Un superbe moment plein d'émotion et le 19, c'est à ce moment, dans les ultimes notes, à peu près à 3 secondes de la fin qu'un portable a sonné dans la salle!!!! ce qui a rendu Christie fou en enjoignant le fautif à quitter la salle et à ne plus revenir.

Ça, c'est du Christie tout craché ! Il avait fait de même lors du premier Atys, il y a 24 ans, à l'opéra royal du Chateau de Versailles, parce que quelqu'un avait osé ... tousser. Inutile de dire qu'ensuite, la tension était grande et j'étais pris d'une envie de tousser nerveuse difficile à contenir.
Je me rappelle aussi un récital de Kiri Te Kanawa au théâtre des Champs-Elysées, au début des téléphones portables. Sonnerie, quelqu'un répond : elle s'interrompt, le fixe et lui dit en anglais : allez-y, ça doit être beaucoup plus important que moi !

mozarteum a écrit:

je te rejoins Ino pour "Le baisser du rideau sur le lamento de Cybèle au III est un des moments les plus magiques que j'aie vécu en salle."

Un superbe moment plein d'émotion et le 19, c'est à ce moment, dans les ultimes notes, à peu près à 3 secondes de la fin qu'un portable a sonné dans la salle!!!! ce qui a rendu Christie fou en enjoignant le fautif à quitter la salle et à ne plus revenir.

bien sûr, ça nous a aussi gâché cette toute fin à nous aussi. Il y avait les caméras aussi ce soir-là, mais on le verra pas au dvd je pense!!!!

Ce sera peut-être dans les bonus !

Sinon ça me rappelle une fois à Garnier. Un portable sonne et mon voisin invective le fautif d'un : à la sortie je vous casse la gueule ! Cedernier a eu peur et a pris ses jambes à son cou !

mozarteum a écrit:

je te rejoins Ino pour "Le baisser du rideau sur le lamento de Cybèle au III est un des moments les plus magiques que j'aie vécu en salle."

Un superbe moment plein d'émotion et le 19, c'est à ce moment, dans les ultimes notes, à peu près à 3 secondes de la fin qu'un portable a sonné dans la salle!!!! ce qui a rendu Christie fou en enjoignant le fautif à quitter la salle et à ne plus revenir.

bien sûr, ça nous a aussi gâché cette toute fin à nous aussi. Il y avait les caméras aussi ce soir-là, mais on le verra pas au dvd je pense!!!!

Je ne l'ai pas entendu du 2nd balcon, mais heureusement, j'aurais été aussi féroce que Bill C. à mon avis, parce que les moments de cette intensité ne souffrent aucune interférence.

Oui ! Ça a vraiment gâché toute la tension dramatique du moment, qui un des moments les plus intenses de l'opéra juste parce que monsieur voulait être joignable, à ce moment la si on est pas capable de se couper pour de son téléphone pour un moment on ne va pas à l'opéra.

Faut-y être *** pour oublier d'éteindre son portable . Christie a eu raison de réagir comme il l'a fait.

A mon avis, le type (on en a eu un aussi le 15, pendant le Sommeil !) n'a pas oublié, simplement il n'en avait rien à faire d'Atys. On devrait empêcher les gens qui s'ennuient au point de trouver leur portable plus intéressant de prendre les places des pauvres passionnés qui doivent occuper le paradis alors que M. le cadre pressé et son blackberry occupent une magnifique place de catégorie 1.

Montfort a écrit:

Kilban a écrit:

Pelléas a écrit:

En effet n'importe quoi, le Baroque ne s'est jamais aussi bien porté, et c'est bien...

C'est précisément la thèse de l'article. Je me suis mal exprimé: le "à travers Atys" ne veut pas dire que c'est Atys qui l'a remis au goût du jour, mais que le succès d'Atys est emblématique de ce retour en grâce.

Mais pourquoi parler de "retour en grace", alors que, comme le dit justement Pelléas, le baroque n'a jamais cessé d'avoir du succès !!??

Montfort

Ca peut se compter en nombre d'ensemble baroques constitués en France, notamment. Et puis il n'est pas question de dire que le baroque a été mis aux oubliettes, mais qu'il est maintenant plébiscité plus largement par le grand public, que les chefs s'y sont penchés avec un regard neuf... Bref, lisez l'article, après tout.

Ah mais les portables, c'est de pire en pire. J'ai une connaissance qui a compté 17 bruits de portables à Bastille, pendant le Hollandais en début de saison.

Depuis quelques semaines, je ne vois plus un seul concert sans voir au moins quelqu'un faire joujou avec son hochet pendant le spectacle : ils les laissent allumés, surfent un peu sur Internet, s'envoient des textos d'un bout à l'autre de la salle quand ils n'ont pas réussi à être côte à côte.

Il faut absolument que les salles s'équipent de brouilleurs, sinon je crois qu'un jour je vais mettre un pain à quelqu'un

Abnegor a écrit:

Ah mais les portables, c'est de pire en pire. J'ai une connaissance qui a compté 17 bruits de portables à Bastille, pendant le Hollandais en début de saison.

Depuis quelques semaines, je ne vois plus un seul concert sans voir au moins quelqu'un faire joujou avec son hochet pendant le spectacle : ils les laissent allumés, surfent un peu sur Internet, s'envoient des textos d'un bout à l'autre de la salle quand ils n'ont pas réussi à être côte à côte.

Il faut absolument que les salles s'équipent de brouilleurs, sinon je crois qu'un jour je vais mettre un pain à quelqu'un

Ca serait une excellente idée. Encore que je n'ai jamais eu ce problème, mais ca reste exceptionnel

Depuis qu'une annonce est faite systématiquement avant chaque spectacle, on a beaucoup moins de sonneries. Dans les premières années des portables, c'était infernal. En revanche, ce qui me frappe, c'est effectivement les gens qui mettent leur ustensile en mode silencieux et consultent leurs mails pendant le concert (rare, tout de même), ou alors se précipitent dessus sitôt l'entracte commencé (fréquent). Il y a chez certains un besoin d'être connecté en permanence qui me laisse sans voix (je suis sans doute en train de tourner vieux con).

Stolzing a écrit:

Depuis qu'une annonce est faite systématiquement avant chaque spectacle, on a beaucoup moins de sonneries. Dans les premières années des portables, c'était infernal. En revanche, ce qui me frappe, c'est effectivement les gens qui mettent leur ustensile en mode silencieux et consultent leurs mails pendant le concert (rare, tout de même), ou alors se précipitent dessus sitôt l'entracte commencé (fréquent). Il y a chez certains un besoin d'être connecté en permanence qui me laisse sans voix (je suis sans doute en train de tourner vieux con).

Non, je ne pense pas. Quand je vais au concert je peux très bien me passer de mon portable pendant deux ou trois heures

Récemment j'ai moi aussi utilisé mon portable pendant un concert, une bonne demi-heure
Je ne lisais pas mon facebook ou des mails, je suivais le livret de Samson et Dalila ! Heppner, Bocharova et les autres avaient une très mauvaise diction et la Halle aux Grains ne fournissaient ni livret, ni sous-titres. Je ne connaissais pas l'opéra... Bref, les gens ne sont pas toujours aussi bêtes qu'on le croit

Stolzing a écrit:

se précipitent dessus sitôt l'entracte commencé (fréquent). Il y a chez certains un besoin d'être connecté en permanence qui me laisse sans voix (je suis sans doute en train de tourner vieux con).

C'est pour programmer la suite de la soirée... Plus facile de joindre des amis à 21h-21h30 qu'à 23h00 (lesdits amis sont plus éméchés ou coincés dans une salle où l'on ne capte pas). Nous ne sommes pas tous des accrocs.

Un article intéressant et argumenté, et évidemment contestable, sur cet Atys :

http://www.classiqueinfo.com/Atys-l-auberge-espagnole.html

Hippolyte a écrit:

Un article intéressant et argumenté, et évidemment contestable, sur cet Atys :

http://www.classiqueinfo.com/Atys-l-auberge-espagnole.html

L'article est au contraire complètement grotesque et nostalgique. Il ne se démarque pas du lot : il y a une quasi-absence d'argumentation et l'auteur est bloqué dans ce passéisme ambiant.

De manière générale, les critiques pour Atys (qui sont très nombreuses étant donnée l'ampleur de l'événement) ressemblent à des pizzas faites sur commande : on parle ou on parle pas de l'importance historique ? en focalisant sur l'histoire émouvante du mécène ? on évoque la position fondatrice d'Atys pour le renouveau baroque, ou on refute au contraire cette thèse pour paraître rebel et au courant (en oubliant que Malgoire, McGegan, et compagnie on toujours servi des interprétations molles que du Viagra n'aurait pas su redresser) ? on loue le triomphe de William Christie (parce que ça fait bien de louer les Arts Flo), ou on le décrit au contraire comme un Gardiner decadent surcôtés par les bien-pensants (parce que ça fait bien de se démarquer et d'avoir l'air indépendant) ? ...

Le grand triomphe de Christie, ce n'est pas simplement la recréation d'Atys, c'est de constater que 25 ans après, la quasi-totalité des musiciens de son ensemble, des chanteurs de son casting, ont été formé par lui, et figurent parmi les plus éminents chanteurs de la musique baroque. Plus d'un tiers des chanteurs proviennent des Jardin des Voix, les autres ont été recrutés en tout début de carrière par Les Arts Florissants, et sont devenus ce qu'ils sont grâce à eux.

Ensuite, c'est la reprise d'une production, mais avec *tout* le monde de changé : les chanteurs ne sont plus les mêmes (oui, oui, sauf Délétré et Rivenq), les musiciens ne sont plus les mêmes. Les danseurs non plus. Villégier est essentiellement absent de la production, puisque c'est son assistant qui se charge de tout (un incompétent qui après des dizaines de représentations n'a toujours pas eu l'idée d'agencer la processions des nonnes sur la musique — ce qui produit régulièrement des carambolages et la panique complète de ces pauvres dames). Les passéistes, outre leurs attentes invraisemblables, s'attendent d'une part à réentendre exactement la même chose qu'en 1987 (aux fausses notes de Laurens près) et s'attendent aussi à entendre un spectacle parfait qui aurait été stocker cryogéniquement, et qu'on ressortirait indemne. La réalité est qu'Atys est une œuvre casse-gueule, qui a mis des mois à être répétée, et qui s'améliore au fil des représentations, même depuis la fin de sa tournée parisienne.

Et puis aucune des critiques ne parle d'Atys l'œuvre elle-même. Comme si l'œuvre ne méritait aucun commentaire — comme si le fait d'avoir été produite une fois il y a plus de deux décennies l'élevait au rang des incontournables, qu'on ne présente plus, comme les opéras de Mozart. Pas un mot donc, sur la musique elle même. Oui, sauf bien sûr la fameuse Scène du Sommeil, mentionnée par tout le monde car elle est la seule à posséder une désignation, un nom officiel — et qui est pourtant le moment le plus emmerdant de l'œuvre, avec des danses hideuses, et la fameuse sarabande qui tourne en rond pour aller nulle part. Ah, et puis j'ai beaucoup rigolé de l'article qui faisait l'éloge de ce danseur médiocre qui n'arrête pas de trembler sur scène (Hidraot ??!)... Et puis pas un mot sur le drame. (Et rarement un mot sur l'engagement époustouflant des chanteurs — avez-vous vu Atys qui menace de gerber quand Cybèle lui avoue son amour, elle jubilante.)

Bon et puis si je devais vraiment pousser la gueulante jusqu'au bout, je dirais que tout le monde néglige les incroyables avancées qui ont été faites sur la réalisation du continuo, et la présence dans la fosse de Béatrice Martin : sans aucun doute la continuiste-claveciniste la plus brillante actuelle !

Tiens salut Froberger ! Contente de te revoir parmi nous !
Je suis tout à fait d'accord avec toi et en tout points jusqu'au danseur qui a la tremblotte

Hidraot a écrit:

Je suis tout à fait d'accord avec toi et en tout points jusqu'au danseur qui a la tremblotte

(Figure toi qu'il continue de trembloter, malheureusement, et qu'il semble pourtant s'entraîner à chaque fois qu'il le peut !)

Pourquoi ils l'ont choisi comme soliste ? (ça se dit pour la danse ? )

Froberger a écrit:

Oui, sauf bien sûr la fameuse Scène du Sommeil, mentionnée par tout le monde car elle est la seule à posséder une désignation, un nom officiel — et qui est pourtant le moment le plus emmerdant de l'œuvre, avec des danses hideuses, et la fameuse sarabande qui tourne en rond pour aller nulle part. Ah, et puis j'ai beaucoup rigolé de l'article qui faisait l'éloge de ce danseur médiocre qui n'arrête pas de trembler sur scène (Hidraot ??!)... Et puis pas un mot sur le drame. (Et rarement un mot sur l'engagement époustouflant des chanteurs — avez-vous vu Atys qui menace de gerber quand Cybèle lui avoue son amour, elle jubilante.)

N'avons-nous pas tous la même façon d'attaquer ce que nous n'aimons pas?
Sache, grossier personnage (vous ici?!), que j'ai cité cette scène (ainsi que la fin de l'acte, comprenant la déclaration que tu cites) parce qu'elle m'a bouleversé, et non emmerdé le moins du monde. Et je ne l'ai appelée comme cela qu'à cause de la présence dudit sommeil. Je ne connaissais pas du tout Atys avant d'y aller. Grmblblbl

Et, en effet, la critique postée là est d'une indigence rare.

Pardon Ino, je trouve des parties de cette scène du sommeil vraiment très belles. La plupart de ce qui est chanté essentiellement (même si l'un des chanteurs ne me semble pas complètement au niveau du reste de la distribution), et particulièrement l'avertissement :

Citation :

Mais souviens-toi que la beauté,
Quand elle est immortelle,
Demande la fidélité
D'une amour éternelle.

Mais il y a par ailleurs quelques divertissements qui s'éternisent, surtout comme je l'ai dit la sarabande, d'autant plus que c'est l'un des passages où j'ai trouvé la chorégraphie la plus pauvre (c.f. danseur tremblant).

Et je disais surtout que l'œuvre regorge de beauté et que la raison pour laquelle toutes les critiques parlent de la scène du sommeil plutôt que d'autre chose — ça me semble avoir affaire au nom.

Je n'ai absolument pas remarqué le fameux "danseur tremblant" aussi bien en salle que sur la vidéo...

Enfin je ne partage pas les réserves formulées ici et là, je n'ai aucune réserve à exprimer, j'ai trouve ça exceptionnel, totalement abouti dans toutes ses dimensions (c'est quoi cette histoire d'incompétence de l'assistant et de carambolages de nonnes, Froberger ?), même si je comprends parfaitement qu'on préfère 87 (pour Crook, pour Mellon, pour l'orchestre...).

Ah si, il m'a vraiment marqué moi aussi! Il avait la cheville qui tremblait tout le temps, à se demander si elle n'allait pas se plier!

On voit ça à quel moment ???

Guillaume a écrit:

Je n'ai absolument pas remarqué le fameux "danseur tremblant" aussi bien en salle que sur la vidéo...

Tu n'étais pas en première catégorie, tout simplement

Guillaume a écrit:

Enfin je ne partage pas les réserves formulées ici et là, je n'ai aucune réserve à exprimer, j'ai trouve ça exceptionnel, totalement abouti dans toutes ses dimensions

Je pense que dire qu'Hidraot et moi avons eu des réserves, c'est un peu fort.

Guillaume a écrit:

même si je comprends parfaitement qu'on préfère 87 (pour Crook, pour Mellon, pour l'orchestre...).

Mais les critiques qui préfèrent la musique de 87 n'expliquent pas pourquoi (sauf à dire que Christie est décati). Le plus piteux c'est quand j'ai lu la critique qui dit que quand même, en 87 on avait des musiciens autrement plus impressionnants comme Christophe Rousset au clavecin — alors que Béatrice Martin est proprement éblouissante. Et de manière générale, beaucoup de gens évaluent les musiciens d'alors (Minko, Reyne, Niquet, Stubbs, etc.) avec leur renommée d'aujourd'hui, ce qui est une erreur. Les vents des Arts Florissants étaient éblouissants avant-hier à la générale de Caen, lorsqu'ils n'étaient plus prisonniers, comme à l'OC, des loges de côtés (d'ailleurs on pouvait déjà s'en rendre compte à l'OC quand les flutes viennent sur scène). Je peux te garantir que les luthistes de la première production ne pouvaient pas avoir le talent, l'intelligence et la volupté de Thomas Dunford.