Anton BRUCKNER - Musique chorale

Le sujet Bruckner général parvenant à ses quarante pages, et causant essentiellement des symphonies, on peut faire un petit sujet pour l'autre pan de l'oeuvre de Bruckner, l'oeuvre (essentiellement sacrée) pour choeur.

On y trouve :

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1) Des oeuvres sacrées pour choeur et orchestre.
- Cinq messes (trois numérotées),
- un Requiem (l'autre, pour orgue et choeur, est réputé perdu),
- un Te Deum,
- deux Psaumes (CXII et CL).

Le Te Deum se trouve vraiment dans l'esprit des Symphonies, assez monumental et spectaculaire, mais le ton est réellement différent dans les messes, et varie de l'une à l'autre. La Deuxième est particulièrement intense, avec son double choeur seulement accompagné de vents, et très souvent a cappella - l'hommage au grégorien et à Palestrina va jusqu'à la citation (dans le Sanctus).

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2) Des motets a cappella.

Quelquefois des ponctuations d'orgue, mais il s'agit généralement d'un renfort pour un effet de masse, et pas d'accompagnement à proprement parler (Tota pulchra est, par exemple)
D'un langage plus simple que les symphonies ou même les messes, ils filent une filiation manifeste avec la tradition chorale mendelssohnienne, avec des archaïsmes également, mais qui sont davantages fondés sur le grégorien que sur Bach.

Son corpus le plus passionnant, pour moi.

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3) Des oeuvres profanes.

Choeurs profanes sur des poèmes allemands, a cappella - sans intérêt pour la plupart.

La plupart sont passablement introuvables, accompagnées ou non par le piano.

Sinon il y a Germanenzug et surtout Helgoland (poème symphonique avec choeur).

J'ai justement ouvert ce fil parce que Cololi s'interrogeait sur cette dernière oeuvre.

Il s'agit d'une cantate (patriotique) pour choeur masculin et orchestre, sur un poème d'August Silberstein. C'est quasiment l'oeuvre la plus pompière de Bruckner, mais aussi l'une de ses meilleures pour moi, ces vagues chorales et orchestrales disposent d'un sacré panache.
En plus le texte est assez sympathique - pas par sa portée philosophique (Dieu confond sans coup férir les méchants assaillants de la Patrie), mais sa structure est vraiment propice à la mise en musique. Des épisodes, des climats, du contraste.

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Le reste

Après ça, il reste peu de choses de Bruckner : une Ouverture orchestrale, des miettes à l'orgue, les Aequales pour trio de trombones, et puis la musique de chambre (le Quatuor, le Rondo & l'Intermezzo pour la même formation, le Quintette à cordes, et puis l'Abendklänge pour violon et piano).

Il suffira donc d'ouvrir au besoin un fil sur la musique de chambre (surtout qu'on ne joue guère que le Quatuor et le Quintette, et de temps en temps).

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(J'ai laissé un choix multiple pour le questionnaire,de manière à ce que tout le monde puisse se faire plaisir. )

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Je viens d'écouter le Psaume 150 qui m'a agréablement surpris, malgré un ensemble un peu massif voire lourdingue par moments, car on y trouve aussi un ou deux passages très beaux et très fins, notamment ceux avec le violon solo, et finalement quelque chose d'assez proche de Franck dans certaines modulations.
En route pour les messes!

2è Messe en mi mineur, pour choeur et instruments à vents: j'ai vraiment bien aimé le Kyrie, puis ensuite j'ai peu à peu décroché, et j'ai même trouvé le temps long...
C'est pas si mal, mais c'est quand même bien monotone. (peu de contrastes, tempo lent tout le temps, quasiment pas de mélodie...)

J'écoute en ce moment un album consacré à la musique chorale profane de Bruckner, avec piano ou a cappella. Indépendamment de l'interprétation limitée du Männerchor Bruckner 08 (!), ces oeuvres sont d'une assez grande platitude, en fait. Lorsqu'on a entendu Helgoland, ses Psaumes avec orchestre ou ses Motets a cappella, il y a de quoi être sidéré.

Xavier a écrit:

Je viens d'écouter le Psaume 150 qui m'a agréablement surpris, malgré un ensemble un peu massif voire lourdingue par moments, car on y trouve aussi un ou deux passages très beaux et très fins, notamment ceux avec le violon solo, et finalement quelque chose d'assez proche de Franck dans certaines modulations.
En route pour les messes!

Oui, c'est assez guerrier comme façon (pareil pour le 112), mais ça porte fort. Dans ce genre, Helgoland me paraît cependant plus réussi.

Xavier a écrit:

C'est pas si mal, mais c'est quand même bien monotone. (peu de contrastes, tempo lent tout le temps, quasiment pas de mélodie...)

Ca s'appelle du contrepoint, Xavier.

C'est sûr que là on n'est pas chez Verdi.

David dans ton premier message, j'ai l'impression qu'une partie de ta dernière phrase sur les motets est passée à la trappe.

Glocktahr a écrit:

David dans ton premier message, j'ai l'impression qu'une partie de ta dernière phrase sur les motets est passée à la trappe.

Très juste, j'ai complété, merci.

Hier soir j'ai réécouté avec plaisir quatre des motets a cappella du monsieur par le Collegium Vocale Gent; je me suis régalé alors que ma mère n'a pas totalement adhéré. Ces motets étaient "séparés" par des aequales pour trois trombones, lesquels trombones donnaient le la aux chanteurs

calbo a écrit:

Hier soir j'ai réécouté avec plaisir quatre des motets a cappella du monsieur par le Collegium Vocale Gent; je me suis régalé alors que ma mère n'a pas totalement adhéré. Ces motets étaient "séparés" par des aequales pour trois trombones, lesquels trombones donnaient le la aux chanteurs

Je les ai vus justement à Saintes dans ce programme, il y a quelques années (plus la Messe en mi mineur). Merveilleux, une des plus belles choses que j'aie entendues.

Hier ils étaient couplé avec la messe D950 de Schubert que j'ai trouvé un peu longuette et tonitruante après la musique si recueillie de Bruckner

Oui, les motets de Bruckner c'est nettement mieux, c'est sûr !

 Ils en méritent 6 voire plus  

Impossible. 5, c'est Pelléas, c'est Via Crucis… on ne peut pas excéder cela.

 

Trovatore aussi (même si ce sont de plus petites tartelettes). Alors ?

Je n'ai jamais pu accrocher à Trovatore  . Alors comparer ces motets à Trovatore bof

Moi qui essayais de te dissimuler diplomatiquement que tu avais mauvais goût.

Tant pis, on ne peut plus le cacher au monde : Calbo aime Donizetti.

S'il vous plaît, ne la bannissez pas !

DavidLeMarrec a écrit:

Le Te Deum se trouve vraiment dans l'esprit des Symphonies, assez monumental et spectaculaire, mais le ton est réellement différent dans les messes, et varie de l'une à l'autre. La Deuxième est particulièrement intense, avec son double choeur seulement accompagné de vents, et très souvent a cappella - l'hommage au grégorien et à Palestrina va jusqu'à la citation (dans le Sanctus).

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2) Des motets a cappella.

Quelquefois des ponctuations d'orgue, mais il s'agit généralement d'un renfort pour un effet de masse, et pas d'accompagnement à proprement parler (Tota pulchra est, par exemple)

Ou accompagnement à trois trombones, comme les Aequale, pour certains d’entre eux - Afferentur regi à 4 voix et Ecce sacerdos magnus à 8 voix, ce dernier requérant également une ponctuation d’orgue.

DavidLeMarrec a écrit:

D'un langage plus simple que les symphonies ou même les messes, ils filent une filiation manifeste avec la tradition chorale mendelssohnienne, avec des archaïsmes également, mais qui sont davantages fondés sur le grégorien que sur Bach.

Son corpus le plus passionnant, pour moi.

Moi qui suis réellement un inconditionnel des Symphonies, je dois dire que je partagerais pourtant ce dernier avis. A mes yeux, ces Motets constituent, avec la Messe en mi mineur, le sommet de la musique sacrée du XIXe s. - tant en termes de composition (je n’ai jamais entendu au XIXe une telle transparence et une telle euphonie au sein d’un contrepoint aussi rigoureux) qu’en termes de «ferveur» (par comparaison, Brahms paraît terriblement formel et compassé).

Si la filiation mendelssohnienne et l’intériorisation du grégorien sont évidentes, il faut aussi noter que Bruckner semble avoir eu une connaissance, assez rare à l’époque, des polyphonistes de la Renaissance: non pas seulement du modèle palestrinien (tel du moins que le pratiquaient les «cécilianistes»), mais aussi des maîtres des écoles du Nord; il existe dans la bibliothèque de Saint-Florian des manuscrits de Bruckner où l’on découvre que celui-ci a recopié, sans doute comme exercices, des compositions de Isaac et de Lassus.

DavidLeMarrec a écrit:

3) Des oeuvres profanes.

(...)

Sinon il y a (...) surtout Helgoland (poème symphonique avec choeur).

J'ai justement ouvert ce fil parce que Cololi s'interrogeait sur cette dernière oeuvre.

Il s'agit d'une cantate (patriotique) pour choeur masculin et orchestre, sur un poème d'August Silberstein. C'est quasiment l'oeuvre la plus pompière de Bruckner, mais aussi l'une de ses meilleures pour moi, ces vagues chorales et orchestrales disposent d'un sacré panache.
En plus le texte est assez sympathique - pas par sa portée philosophique (Dieu confond sans coup férir les méchants assaillants de la Patrie), mais sa structure est vraiment propice à la mise en musique. Des épisodes, des climats, du contraste.

En effet: une œuvre vraiment enthousiasmante. Cela dit, autant les motets me semblent objectivement (en termes de qualité d’écriture) très supérieurs à leurs équivalents chez Brahms, on est ici moins loin des Begräbnisgesang, Schicksalslied, Gesang der Parzen ou Nänie. Disons que dans le cas présent, si je préfère Helgoland à ces dernières œuvres, c’est parce que je préfère l’orchestre brucknérien à l’orchestre brahmsien (je pense que cela doit énormément au rôle structurel dévolu aux cuivres) et parce que le contrepoint choral y est malgré tout moins opaque. Et puis, effectivement, à l’efficacité du texte.

J'imagine que ce n'est pas l'intégrale des motets.
Question essentielle : j'ai l'impression que les motets de ce disque se suivent avec des liens thématiques ... et qu'ils sont en fait  une même oeuvre. Vrai ?

Il y en a beaucoup, beaucoup d'autres… et dans des versions beaucoup plus vivantes et subtiles. On peut te conseiller si tu veux.

Mais non, ce sont des œuves isolées ; les parentés (grégorio-mendelssohniennes) sont évidentes, ce qui te donne peut-être l'impression d'une progression, ou alors le choix d'enchaînement des tonalités et caractères et particulièrement judicieux, mais ils ne sont pas censés être groupés.