Wagner-Ring des Nibelungen-Rudolf Kempe, Covent Garden 1957

Je n'ai pas trouvé trace de commentaires détaillés du Ring de Kempe à Covent garden, en 1957, republié l y a quelques années par Testament (13 CD), bien supérieur aux éditions assez rédhibitoires qui en existaient auparavant. Je viens de le découvrir, et je le trouve assez formidable, réelle alternative aux versions bien connues et régulièrement citées des productions de Bayreuth qui lui sont contemporaines.
Le son, tout d'abord, est relativement correct, une mono bien nettoyée et audible, la couleur étant par ailleurs très différente de celle de Bayreuth. On oublie vite le souffle, bien présent, et quelques changements de perspectives sonores par instant.

La direction de Kempe est magnifique, attentive aux timbres des instruments et à leur équilibre, aux chanteurs et aux mots. Beaucoup de fluidité et de vigueur, un sens du drame très présent quand c'est nécessaire.
La vraie surprise, c'est la Brünnhilde de Nilsson, très supérieure à ses prestations ultérieures à mon avis, et magnifiquement soutenue par l'orchestre. Hotter est un magnifique Wotan, et prodigieux dans le monologue de Walküre II (sa meilleure prestation dans ce passage à ma connaissance). Windgassen est égal à lui-même, et nettement plus à l'aise qu'avec Knappetsbusch à Bayreuth, dans les tempo choisis par Kempe. Vinay reste un Siegmund attachant, très mâle et toujours barytonnant.
Les nouveautés, ce sont l'Alberich d'Otakar Kraus, très bon dans Siegfried et dans Götterdämmerung, plus inégal dans Rheingold, une Sieglinde jeune et engagée de Sylvia Fischer, que je ne connaissais pas et qui ne dépare pas dans cet entourage prestigieux, ainsi qu'un Mime assez histrionique de Peter Klein et le très bon Fafner de Friedrich Dalberg. Joan Sutherland incarne une excellente et inattendue Woglinde.
On retrouve par ailleurs des interprètes bien connus par d'autres versions (Von Ilovsay, Von Milinkovicz, Witte…).

Bref, une bien belle surprise pour passer l'été, pluvieux cette année et propice aux écoutes au coin du feu !

Diablotin !

C'est l'une des intégrales anciennes que j'aime le plus, et peut-être le Ring le plus subtilement dirigé de toute la discographie. Certes, il y a Nilsson (effectivement assez acceptable), mais surtout, la finesse de la direction, et le plaisir de la distribution masculine. Mais ma version avec moi avait justement l'intérêt d'être avec Uhde et Hines (Walküre) en Wotan.

DavidLeMarrec a écrit:

Diablotin !

C'est l'une des intégrales anciennes que j'aime le plus, et peut-être le Ring le plus subtilement dirigé de toute la discographie. Certes, il y a Nilsson (effectivement assez acceptable), mais surtout, la finesse de la direction, et le plaisir de la distribution masculine. Mais ma version avec moi avait justement l'intérêt d'être avec Uhde et Hines (Walküre) en Wotan.

Il y a une vraie plus-value par rapport au cycle de Bayreuth, en 60 ?

Pourquoi un fil spécifique pour cette version ?
Il y en a déjà un dédié au Ring. Si on ouvre un fil pour chaque version de son oeuvre préférée, on risque de ne plus s'y retrouver ...

J'ai ouvert ce fil car à l'instar d'autres versions possédant leur discussion en propre (Böhm, Karajan, Solti, Krauss, Knappertsbusch, Haitink, Furtwängler... cf. index discographique), celle-ci me parait digne d'intérêt et risquait de se retrouver perdue dans le grand fourre-tout des discussions plus générales de la discographie du Ring.

Figaro a écrit:

Pourquoi un fil spécifique pour cette version ?
Il y en a déjà un dédié au Ring. Si on ouvre un fil pour chaque version de son oeuvre préférée, on risque de ne plus s'y retrouver ...

C'est l'inverse, le sujet sur le Ring en CD fait déjà plus de 80 pages à peu près... comment s'y retrouver??

Je me permets de copier-coller ce post qui n'a reçu aucune réponse :

bAlexb a écrit:

Il y a une vraie plus-value par rapport au cycle de Bayreuth, en 60 ?

(Car malgré mes efforts répétés je n'ai pas réussi à dénicher le moindre commentaire mettant en parallèle ces deux versions : selon les sources, Kempe c'est soit 57 soit 60, mais jamais les deux, comme si Kempe et Nilsson étaient des êtres transdimensionnels évoluant dans deux ou plusieurs univers parallèles — et si personne ne répond il faudra bien que je m'y colle moi-même, mais je ne suis pas sûr de maîtriser parfaitement le truc donc gare au shunt spatio-temporel, voilà vous êtes prévenus.)

Golisande a écrit:

Je me permets de copier-coller ce post qui n'a reçu aucune réponse :

bAlexb a écrit:

Il y a une vraie plus-value par rapport au cycle de Bayreuth, en 60 ?

(Car malgré mes efforts répétés je n'ai pas réussi à dénicher le moindre commentaire mettant en parallèle ces deux versions : selon les sources, Kempe c'est soit 57 soit 60, mais jamais les deux, comme si Kempe et Nilsson étaient des êtres transdimensionnels évoluant dans deux ou plusieurs univers parallèles — et si personne ne répond il faudra bien que je m'y colle moi-même, mais je ne suis pas sûr de maîtriser parfaitement le truc donc gare au shunt spatio-temporel, voilà vous êtes prévenus.)

Moi ça ne ma paraît pas complètement inconcevable, en fait. Je ne sais pas s'il faut parler d'évolutions parallèles, concurrentes ; de points de jonction ou de divergence (plus ou moins franche, d'ailleurs) mais je pense qu'un artiste, et a fortiori plusieurs, et notamment un chef moyennant l'orchestre qu'il a en main, peut produire des interprétations très différentes d'une même oeuvre (investissement, choix de l'éclairage, effets d'échos avec le plateau, etc.). Et puis, pour une "oeuvre-monde" comme le Ring, il peut y avoir Kempe et Nilsson, certes... mais aussi tout l'entourage (Nordmo-Lovberg en 60 ou Crespin en 61, dans Sieglinde, ça n'est pas la même chose ; c'est un truisme) pour ne pas dire la qualité d'ensemble. D'où ma question.

bAlexb a écrit:

je pense qu'un artiste, et a fortiori plusieurs, et notamment un chef moyennant l'orchestre qu'il a en main, peut produire des interprétations très différentes d'une même oeuvre (investissement, choix de l'éclairage, effets d'échos avec le plateau, etc.). Et puis, pour une "oeuvre-monde" comme le Ring, il peut y avoir Kempe et Nilsson, certes... mais aussi tout l'entourage (Nordmo-Lovberg en 60 ou Crespin en 61, dans Sieglinde, ça n'est pas la même chose ; c'est un truisme) pour ne pas dire la qualité d'ensemble. D'où ma question.

... Et d'où le grand intérêt que pourrait receler une éventuelle réponse  , si tant est qu'il existe en ce bas monde quelqu'un ayant écouté les deux versions... (Kempe et Nilsson, c'est parce qu'il me semble que ce sont les deux seuls noms qu'elles ont en commun ; quant à Nordmo-Løvberg / Crespin, j'avoue que je n'écoute plus jamais la Walküre de 1960 depuis que j'ai celle de 61...)

Golisande a écrit:

j'avoue que je n'écoute plus jamais la Walküre de 1960 depuis que j'ai celle de 61...

Ah ça ! Comme je te comprends  !
(Et moyennant Crespin toujours, en 3e Norne de luxe pour le Crépuscule cette fois, la même année...)

Celle de 1960 est vraiment ce qu'il y a de mieux en « vieille cire », pour moi. Surtout parce que Kempe y est passionnant de bout en bout. Et puis il y a Uhde. Le reste de la distribution est plus banal, pas forcément très frémissant.

Je n'ai écouté que des extraits de 57, où l'on semble retrouver sensiblement les mêmes qualités. D'où mon silence.  

... C'est parce que Diablotin disait que 57 et 60 sont très différents (à cause du lieu et de l'orchestre, je suppose)...

Bon de toute façon je ferai le boulot moi-même  , puisque décidément personne n'a l'air d'avoir écouté les deux cycles (ni même un volet en commun) intégralement...

http://www.forumopera.com/cd/der-ring-des-nibelungen-entre-deux-chaises

Recension du Ring de 1961 de Bayreuth édité pour la première fois intégralement visiblement.

Sur spotify, on pouvait trouver Die Walküre.

Pour le Ring de 1960, il manque Götterdämmerung sur spotify.

Le Ring de 1962 est en revanche disponible intégralement sur spotify.

Pour les deux derniers Rings cités, Myto les avait réédité. Pour 1962, ce serait notamment grâce à Grace Hoffman.

En 1962, il y a une Woglinde de luxe, la toute jeune Janowitz.