Technique pianistique

A-t-il la main flasque?

Je reprendrai quand même peut-être un jour les échanges sur la biomécanique, car je ne crois toujours pas à l'intervention "de la masse", mais bien du niveau de tension (je n'ai pas dit crispation) au niveau des articulations, des phalanges et tous ces petits osselets mignons.

Mais en fait, ça n'a guère d'importance.

Percy Bysshe a écrit:

Les Jeux d'eau de Ravel par Moiseiwitsch, miracle technique mais surtout esthétique: /watch?v=aQK180Ftf-M

Plus juste à partir de la stylistique ravélienne, plus poétique (et donc "techniquement" plus fort...), cette version de Robert Casadesus : la musique de Ravel est toujours apparemment légère comme celle de Mozart/watch?v=kppWgFVR89U

Deux techniques, deux sonorités, deux pianismes extrêmement différents, et pourtant ça marche, très bien même...

https://www.youtube.com/watch?v=URj9NoUDD08&feature=related

Une très belle technique, parfaite d'académisme, Backhaus : watch?v=Kdg965vyJj8

Et jouer comme ça à plus de 80 ans, c'est stupéfiant

Je lis L'art du piano de Neuhaus, c'est très intéressant, beaucoup d'indications globales sur le fond.
Le texte est parsemé du nom de Richter, et quels superlatifs l'accompagnent! Une véritable apologie. Le nom de Gilels apparaît une fois, et pas de mention de ses autres élèves. Il parle aussi de Godowsky (son professeur), qu'il critique et encense à la fois, Cortot...
J'aime beaucoup l'usage qu'il fait de la dialectique.

Percy Bysshe a écrit:

Je lis L'art du piano de Neuhaus, c'est très intéressant, beaucoup d'indications globales sur le fond.
Le texte est parsemé du nom de Richter, et quels superlatifs l'accompagnent! Une véritable apologie. Le nom de Gilels apparaît une fois, et pas de mention de ses autres élèves. Il parle aussi de Godowsky (son professeur), qu'il critique et encense à la fois, Cortot...
J'aime beaucoup l'usage qu'il fait de la dialectique.

J'ai dû lire ce livre il y a bien vingt-cinq ans maintenant. Autant qu'il m'en souvienne, une accumulation de poncifs sur l' "art du piano" et d'idéologie à la gloire du système soviétique. Assez indigeste...

Katchen dans la 2ème sonate de Brahms et la Wanderer-Fantaisie :watch?v=QAllE7GORcc

L'engagement est assez impressionnant visuellement, et pourtant ça ne tape pas du tout.
Dans le Finale de la 2ème sonate, on voit qu'il a une capacité de rebond assez peu commune, avec des doigts qui se mettent autant que possible à plat dès lors qu'il s'agit de timbrer de larges accords.
Dans les nombreux accords enchaînés de la Wanderer-Fantaisie, c'est également impressionnant. Les octaves initiales du IV. sont très timbrés, avec une main qui ressemble à une chiffe molle, les doigts 2-3-4 sont à plat et très relâchés. Les accords à 31' sont également exemplaires, avec à la fois beaucoup de rebond, et très peu de distance par rapport au clavier.

Et malgré une prise de risques évidente, on notera un nombre très restreint de mouvements superflus ou latéraux, le buste et les coudes ne bougent que très peu.

Pollini dans le nocturne op.27 n°2 de Chopin : watch?v=6cxkLZoEFEk
Les mains sont coincées dans le piano, la main gauche comme écartelée pour augmenter le legato et créer une sorte de flou et assurer un soutien harmonique proche d'un ensemble à cordes, la main droite beaucoup plus digitale, beaucoup plus portée vers le chant mais tout aussi collée au clavier. Même dans les passages les plus vifs (2'20), il respecte ces positions, magnifique trait à 2'50. Le forte à 3'22 ne semble se faire que par une augmentation du poids transmis aux doigts, aucun élan.