Il n'y a pas de sujet sur ce formidable musicien, Israélien natif d'Israël (ça existe, même en 1922) et très marqué par l'école française puisqu'il étudia à Paris auprès de Carl Flesch, George Enescu, et Jacques Thibaud. Il vit d'ailleurs en France de façon constante depuis les années 60.
La base à connaître de sa discographie ce sont les enregistrements concertants chez Vox (1953-1962) réunis dans ce coffret Brilliant :

Pour moi son jeu extraverti, brillant, charnu, fonctionne à chaque fois que je l'entends. Ce n'est pas forcément le premier auquel je vais penser dans telle ou telle partition et pourtant à chaque fois j'ai l'impression qu'il balaie tout, avec son efficacité terrible...
Après, il faut aussi absolument l'entendre dans les sonates de Franck et Debussy. J'ai beau adorer Ferras, Francescatti, Neveu, eh bien Gitlis fait mouche là aussi, avec Argerich. On peut les entendre sur ce double CD très avantageux (avec les fameux op. 12 et 17 de Schumann par Argerich) :

Très impressionnant à voir jouer (je veux dire à l'époque, je n'ai pas eu cette chance), ou à entendre en live aussi. En termes de naturel du jeu, c'est dingue, quand on voit la torture que s'infligent certains autres (Menuhin exemple d'école), Gitlis se donne un tel confort que la puissance sonore est déconcertante de facilité, et qu'il n'est pas étonnant qu'il joue encore (parfois) à 88 ans...

Et puis des choses un peu plus banales qui datent de la deuxième partie de sa longue carrière (soit après son 60e anniversaire), quand on ne l'entend plus dans Berg et Stravinsky (ou Maderna qui lui a dédié une pièce), mais qu'il s'essaie volontiers au crossover et parle autant qu'il joue dans ses concerts :

D'ailleurs malgré sa technique je l'aime moins là-dedans. Là où sa pâte sonore magnifie le répertoire du XXe ou les grands romantiques, ça a tendance à appesantir les choses plus légères à la Paganini, ou Bruch (l'un des moins bons de ses enregistrements Vox).