2011.11.07 Ludovic Tézier et Joseph Calleja à la salle Pleye

ONdIF, direction Frédéric Chaslin
Ludovic Tézier, baryton
Joseph Calleja, Ténor


RhhhaaaAAAaaaaaaaaAAAAaghhaaaAAAAaaAAAaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaq




Argumentation à venir

Giuseppe Verdi :

- La Forza del destino / Ouverture
- Un ballo in maschera / Acte III scène 1 : "Alzati, là tuo figlio... Eri tu che macchiavi quell'anima" (*)
- Un ballo in maschera / Acte III scène 2 : "Forse la soglia attinse... Ma se m'è forza perderti" (**)
- Rigoletto / Acte II scène 4 : "Cortigiani, vil razza dannata..." (*)
- Luisa Miller / Acte II : "Oh ! Fede negar potessi... Quando le sere al placido" (**)
- Don Carlo / Acte IV : "O Carlo, ascolta" (*)

Entracte

Giacomo Puccini :
- La Bohème / Acte IV scène 1 : "O Mimi, tu più non torni" (*/**)
- Tosca / Acte III : "E lucevan le stelle" (**)
- BIS
- Manon Lescaut / Intermezzo

Charles Gounod, Roméo et Juliette / Acte II : "Ah, lève-toi soleil" (**)

Jules Massenet, Werther / Acte III : "Pourquoi me réveiller..." (*) (version Baryton)
BIS

Georges Bizet :
- Djamileh / Ouverture
- Les pêcheurs de perles / Acte III : "L'orage s'est calmé" (*)
- Les pêcheurs de perles / Acte I : "Au fond du temple saint..."

Rappels :
- Oh sole mio
- Finch' han dal vino (Don Giovanni)
- Pourquoi me réveiller, en duo alterné puis ensemble

Le programme est quand même dingue, pour tout glotto qui se respecte, avec les grands airs du Bal, la mort de Rodrigue, les duos des Pêcheurs... et il paraît, au vu des critiques de journalistes que Calleja s'est bonifié dans son dernier disque.

Ino a écrit:

ONdIF, direction Frédéric Chaslin
Ludovic Tézier, baryton
Joseph Calleja, Ténor


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Argumentation à venir

Oh non tu me fais trop mal ! J'avais une place mais je ne pouvais pas y aller !

Deux immenses artistes à leur sommet!
Tézier annoncé "légèrement souffrant", entendu pleinement éclatant, et Calleja... sensationnel.

Il est criminel d'avoir raté ça! ça n'affichait même pas complet, et j'ai eu pour 20€ une place au premier rang surélevé rhaaaaaa

Qui ose dire que Tézier est un piètre acteur quand il nous fait ressentir chaque émotion de ses personnages? La misère de Rigoletto était foudroyante, comme l'était le désespoir de Werther (je ne connaissais pas la version baryton qu'il a chantée à Bastille, mais les premières phrases sont d'une beauté!...), et l'abandon de Rodrigo. Vocalement, une légère fragilité sur les premiers aigus piano du Eri tu, mais vite balayée (et, au vu de sa générosité en rappels, une assurance inchangée), et toujours cette présence unique, cette emprunte vocale, cette force du medium, cette clarté des aigus, cette assurance dans le grave, et ce petit plus d'audace (par rapport à ce que j'en entendais il y a 4 ou 5 ans) qui lui permet de surfer sur des partitions flamboyantes (comme l'a dit Guillaume, un programme idéal) et soulever l'enthousiasme d'un public entièrement conquis.

Dans les duos, ils sont parfaits pour faire passer la tension d'un personnage à l'autre, le son des graves aux aigus si bien que par moments on se demande qui chante quelle ligne, le duo de la Bohème nous a montré que cette oeuvre peut être sublime si elle est bien castée (car trop souvent on tombe dans du broadway, cf au Met en février dernier), et surtout ce duo des pêcheurs, qui est tellement beau! Quand je les entendais chanter "C'est la déesse", je me disais que j'avais moi-même un beau morceau de panthéon sous les yeux.

Enfin, un Calleja plus souverain que jamais, quelle voix! Dès la première note, Pleyel est envahie par un son tellement rond et projeté qu'il peut se permettre des pp tendus à souhait. Tout y est : la ligne de chant, la longueur de souffle, les aigus parfaits, l'intonation, la diction (un peu moins bonne en français, mais honorable)... De surcroît le ténor semble presque surpris par la réaction du public, pourtant largement justifiée. A la fin de son E lucevan le stelle (le meilleur que j'aie entendu en live, et je ne suis pas sûr d'en connaître un meilleur dans le paysage contemporain), c'est le délire, et après un moment de hurlements divers et variés, il fait un signe au chef, nous dit "vous êtes vraiment un public formidable, merci", et paf le bis. haha. bonheur. (et juste après est venu le double Werther de L.Tézier, là mes pieds ne touchaient plus le sol) Sans vouloir faire mon Jérôme ( ), quel bonheur d'entendre un ténor à la voix aussi ample et bien soutenue, égale dans les registres et pouvant moduler dans les émotions sans aucun souci!

Au global une soirée fantastique (l'ONdIF tout à fait correct, très bons alti et violoncelles, dans l'ensemble au niveau), des artistes ovationnés par un public debout qui leur a hurlé son amour à l'unisson, probablement le meilleur récital auquel j'aie assisté. Un programme sans aucune pièce chiante qui servirait à justifier de faire un récital, finissant sur les pêcheurs, que demander de plus à part d'autres dates?

Joseph Calleja-Ludvic Tézier : 07/11/2011

Salle Pleyel, Paris


Giuseppe Verdi :
La Forza del destino / Ouverture
Un Ballo in Maschera, Acte III scène 1 : "Alzati, là tuo figlio... Eri tu che macchiavi quell'anima" (Tézier)
Un Ballo in Maschera, Acte III scène 2 : "Forse la soglia attinse... Ma se m'è forza perderti" (Joseph Calleja)
Rigoletto, Acte II scène 4 : "Cortigiani, vil razza dannata..." (Ludovic Tézier)
Luisa Miller, Acte II : "Oh ! Fede negar potessi... Quando le sere al placido" (Joseph Calleja)
Don Carlo, Acte IV : "O Carlo, ascolta" (Ludovic Tézier)

Entracte
Giacomo Puccini:
La Bohème, Acte IV scène 1 : "O Mimi, tu più non torni" (Joseph Calleja, Ludovic Tézier)
Tosca, Acte III : "E lucevan le stelle" (Joseph Calleja)
Manon Lescaut : Intermezzo
Charles Gounod :
Roméo et Juliette, Acte II : "Ah, lève-toi soleil" (Joseph Calleja)
Jules Massenet:
Werther, Acte III : "Pourquoi me réveiller..." (Ludovic Tézier)
Georges Bizet:
Djamileh : Ouverture
Les pêcheurs de perles, Acte III : "L'orage s'est calmé" (Ludovic Tézier)
Les pêcheurs de perles, Acte I : "Au fond du temple saint..." (Joseph Calleja, Ludovic Tézier)

BIS :
O Sole Mio (Joseph Calleja)
Don Giovanni : Air du Champagne (Ludovic Tézier)
Werther : Lied d'Ossian (Joseph Calleja, Ludovic Tézier)

Ludovic Tézier : baryton
Joseph Calleja : ténor
Orchestre National d'Île-de-France
Frédéric Chaslin : direction


Prévu à l'origine avec Marina Poplavskaya, c'est avec Joseph Calleja que Ludovic Tézier nous propose un récital à Pleyel. Et au final, pour notre plus grand plaisir !

La soirée commence par une ouverture des La Forza del Destino dirigée avec beaucoup d'énergie une belle gestion du drame. Du coup, on entre bien dans la soirée... malgré l'annonce d'un Tézier légèrement souffrant.
Arrivée de notre baryton... malgré un aigu un peu instable, on entend peu cette fameuse maladie qui pourrait lui poser soucis. En l'écoutant, on ne peut pas ne pas penser à Ernest Blanc ! La voix est ferme, plutôt claire et l'interprète possède cette noblesse et cette dignité qu'on cherche souvent. Du coup, premier air vraiment impressionnant tout autant pour le chanteur que pour le chef d'ailleurs !
Arrive alors Joseph Calleja. Et là, c'est une grande claque. Dès qu'il ouvre la bouche, la salle se remplit totalement de ce timbre si clair, de ce chant avec un petit vibrato séré... On est vraiment devant une grande voix ici. Il interprète cet air avec une telle aisance, le tout magnifiquement phrasé et ciselé.
Retour de Tézier pour Rigoletto... Encore une fois, l'ombre de Blanc revient ici, assister à une prestation en tout point magnifique. Pleine de délicatesse et de tendresse, Rigoletto est ici dans toute sa complexité et je dois dire que j'ai hâte qu'il puisse nous rechanter ce rôle en entier.
Luisa Miller ensuite avec le grand air chanté par Calleja. Que dire de plus par rapport à ce qui a été dit lors de l'air du Bal ? Bonne question... ça reste tout autant magnifique et génial, avec une gestion de la dynamique tout bonnement phénoménale, une aisance et une voix splendide. Encore une fois, je suis sous le charme.
Pour conclure cette première partie verdienne, Tézier nous propose la mort de Posa. Contrôle exemplaire du souffle, nuances délicates et non excessives comme parfois. Celui qui avait triomphé dans le rôle à Bastille il y a quelques années est toujours splendide.

Pour le début de la deuxième partie, un premier duo dans La Bohème. Si les deux chanteurs étaient particulièrement bons séparés, je dois dire que le duo ne fonctionne pas totalement ici... question de volume et de personnage. Là où Calleja est très expansif et libre, Tézier reste trop sur la réserve tant vocalement que du point de vue interprétation. Mais bon, on est quand même devant un beau duo. Sauf que l'alchimie ne prend pas vraiment.
Vient ensuite un air de Cavaradossi d'une rare splendeur. Le phrasé fait ici merveille et franchement j'ai rarement entendu un air si bien chanté. L'alliance de cette voix si particulière avec son petit vibrato serré, et ces nuances... le passage de l'aigu de poitrine en voix de tête totalement lié, sans changement de registre abrupt... D'ailleurs, le public ne s'y trompe pas puisqu'il ne laisse pas le ténor partir et lui demande un bis... chose qui va être faite. Et si cette deuxième prestation est un peu moins propre, elle est par contre encore plus touchante par les nuances magistrale qui sont appliquées.
L'intermezzo qui suit est bien mené, mais un peu bruyant par moments (comme un peu toute la direction en fait...
Roméo... comment ne pas rêver de Calleja dans le rôle tellement c'est limpide, simple et en même temps hyper contrôlé et bien fait? La poésie est là dès le début et si on aurait peu espérer une reprise encore plus délicate (mais le chef n'aide pas trop à la délicatesse quand même), il est impressionnant de voir combien la technique est exemple nous montrant que cet air, finalement, n'est pas si difficile que ça! Enfin quand on a les moyens et la technique de Calleja!
Puis le Lied d'Ossian dans la version baryton. Cet air est déjà bouleversant dans sa version ténor, mais là c'est encore pire ! La facette désespérée du poète est rendue tel un abysse... Si il y a un baryton qui mérite les honneurs de cette version de Werther, c'est bien Tézier ! Malgré un petit trou de mémoire, lui aussi va avoir droit à un bis. Bis merveilleusement mené, mais on a comme l'impression d'entendre quelques traces de fatigues dans la voix.
LA rareté de la soirée avec l'ouverture de Djamileh. Menée avec vie et nervosité, une belle découverte.
Revient Tézier dans un air demandant moins de tension que Werther et du coup, le chanteur y est royal. Là encore, phrasé et nuances sont parfaitement justes. Et cette diction ravageuse !
Enfin, le duo de ces mêmes Pêcheurs de Perles. Là encore, Tézier se fait manger par Calleja, qui flotte au dessus de manière totalement irréelle. On est emporté par ce bijou de duo !

Après une ovation bien méritée, Calleja revient pour chanter "O Sole Mio"... Quel générosité dans sa prestation. Mais si la direction vise l'effet facile avec les grands traits de violons, le chanteur lui se fait nuancé et aucune manière démonstratif.
Tézier nous propose l'air du Champagne de Don Giovanni et on y entend clairement les limites de la soirée pour lui. Seules quelques notes passent bien malgré l'évidente énergie qu'il déploie.
Enfin, devant la salle debout, tout le monde revient pour un bis improvisé qui sera le Lied d'Ossian en duo. Tézier prend le début, puis quand le chant s'élève, laisse Calleja seul. Puis pour le deuxième couplet, il l'accompagne dans sa ligne de chant. Là encore l'équilibre n'est pas très bon, mais l'harmonie fort intéressante.

Au final, un vrai moment de bonheur, légèrement modéré par la fatigue trop rapide de Tézier, mais on lui pardonne. Le programme n'avait rien de bien extraordinaire, mais chanté tel que ça l'a été, j'ai été totalement embarqué. Et puis si je connaissais l'impact de la voix de Tézier, Calleja démontre bien que ce qu'on entend en studio est le reflet réel de ce qu'il fait sur scène ! C'est bluffant !

Guillaume a écrit:

Le programme est quand même dingue, pour tout glotto qui se respecte, avec les grands airs du Bal, la mort de Rodrigue, les duos des Pêcheurs... et il paraît, au vu des critiques de journalistes que Calleja s'est bonifié dans son dernier disque.

Bonifié??? Mais ses autres disques étaient déjà tout bonnement sublimes. Et son dernier tient toutes ses promesses!

Polyeucte écrit :

"Le programme n'avait rien de bien extraordinaire, mais chanté tel que ça l'a été, j'ai été totalement embarqué."

+ 1 Quant à moi, ... je vogue encore....

addiodelpassato a écrit:

Polyeucte écrit :

"Le programme n'avait rien de bien extraordinaire, mais chanté tel que ça l'a été, j'ai été totalement embarqué."

+ 1 Quant à moi, ... je vogue encore....

Ce programme était extraordinaire, justement parce qu'ils n'ont pas jugé nécessaire de faire retomber l'ambiance avec des airs intégralement écrits dans le medium sans challenge

Tézier j'adore. Et Calleja ... seulement vu en Hoffmann et Edgardo dans les directs du MET, j'avoue qu'il m'avait emballé. Timbre de toute beauté.

Le programme ...
Mais j'y serais quand même aller rien que pour les timbres

Cololi a écrit:

Le programme ...

Ben quoi? Au moins, ils étaient tous les deux totalement à l'aise dans ce qu'ils chantaient... j'aurais juste bien aimé un ou deux duos en plus... mais bon...
En tout cas, j'ai rarement vu la salle de Pleyel aussi énergique à la fin!

Je suis parti pendant l'entracte. J'avais tres mal a la tete et j'ai realise que ce genre de soirees qui ne convergent pas, mais sont fondees sur une serie des airs, ca ne m'emballe plus du tout.
Une soiree thematique des chansons-chansons our des Lieder -- j'aime toujours autant, mais une chaine des airs de Verdi (surtout de Luisa Miller), ca ne me plait plus.
OK, au moins j'ai echappe a la partie Puccini.

Sinon Calleja a en effet fait des tres gros progres pendant ces derniers 4-5 ans et il n'y a plus aucun moment ou il grelotte comme c'etait le cas avant. Un chanteur superbe ! Tezier a la cote en France, et meme si c'est un excellent chanteur aussi, hier soir il n'etait pas a la hauteur de son partenaire qui le dominait largement par la sonorite vocale et pas la clarte du timbre, de prononciation... Peut-etre que ce rapport a ete change dans la 2e partie ?!

En tout cas, content que le public etait satisfait et j'espere qu'on verra Calleja a Paris dans un opera.

fliegender a écrit:

En tout cas, content que le public etait satisfait et j'espere qu'on verra Calleja a Paris dans un opera.

Je lui ai demandé. Si sa mémoire est bonne, pas avant 2014 mais ensuite régulièrement.

EN voilà une bonne nouvelle!

Polyeucte a écrit:

EN voilà une bonne nouvelle!

+1

Je réécoute très souvent la bande de la première de Lucia, et sa performance dans la fin du 2e acte est tout simplement magistrale, rhaaaa

Ino a écrit:

Qui ose dire que Tézier est un piètre acteur quand il nous fait ressentir chaque émotion de ses personnages? La misère de Rigoletto était foudroyante,

Polyeucte a écrit:

Retour de Tézier pour Rigoletto... Encore une fois, l'ombre de Blanc revient ici, assister à une prestation en tout point magnifique. Pleine de délicatesse et de tendresse, Rigoletto est ici dans toute sa complexité et je dois dire que j'ai hâte qu'il puisse nous rechanter ce rôle en entier.

Je n'ai pas assisté à ce récital mais il m'est agréable de vous lire car j'avais moi aussi été enthousiasmé par le Rigoletto de Tézier lors de sa prise de rôle au printemps dernier à Besançon (cf le fil consacré à Ludovic TEZIER en rubrique interprètes).