Autour de la musique classique

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 Edmund Rubbra (1901 - 1986)

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MessageSujet: Re: Edmund Rubbra (1901 - 1986)   Edmund Rubbra (1901 - 1986) - Page 2 EmptySam 16 Nov 2019 - 1:10

J'appréhendais un peu la Neuvième – qui a tout d'un oratorio, et donc m'attire a priori moins que ses consœurs (bien qu'elle ait le bon goût de ne pas être trois fois plus longue que les autres, comme on pourrait le redouter); j'avais tort bien sûr car c'est une merveille de plus, qui plus est particulièrement émouvante (je ne suis pas sûr de pouvoir réécouter la Sea Symphony de RVW après ça)...

Malgré mes recherche (rien moins qu'acharnées) sur le web, je ne suis pas parvenu à glaner quoi que ce soit sur la nature du texte – à l'exception de son sujet, assez facile à dépister, et à vrai dire plutôt rebattu. Mr.Red
Je me concentre donc sur la musique – splendide une fois de plus, logiquement plus "vitrail" que jamais, oscillant entre modalité néo-élisabéthaine (les sections a capella), mysticisme « parsifalien » et post-impressionnisme élargi flirtant par intermittence avec l'atonalité (malgré une prédilection plus marquée pour les longues pédales harmoniques).
Précisons que l'ensemble de l'œuvre (en un bloc) se déroule dans un tempo modéré ou lent, avec une impression générale de douceur très prégnante (là encore, le rapprochement avec les actes extrêmes de Parsifal me vient spontanément).

Je plébiscite tout particulièrement la longue et très émouvante section centrale "Peter went forth", d'une intensité expressive et d'une richesse / sensualité harmonique assez renversantes; la fin de l'avant-dernière section est également extraordinaire... Curieusement, la couleur et l'ambiance sont parfois franchement debussystes (le Debussy de Pelléas plutôt que celui du Martyre auquel on aurait pu s'attendre), ce que je n'avais guère remarqué chez Rubbra jusqu'à présent...
Autant dire que je commence à devenir sérieusement mordu de ce compositeur... I love you

Je n'ai strictement rien à redire à l'interprétation (Hickox), absolument remarquable tant du côté de l'orchestre que du chœur et des solistes...


Dernière édition par Golisande le Sam 16 Nov 2019 - 1:18, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Edmund Rubbra (1901 - 1986)   Edmund Rubbra (1901 - 1986) - Page 2 EmptySam 16 Nov 2019 - 1:14

cheers Magnifique description de cette très belle symphonie-oratorio!

Golisande a écrit:
Malgré mes recherche (rien moins qu'acharnées) sur le web, je ne suis pas parvenu à glaner quoi que ce soit sur la nature du texte – à l'exception de son sujet, assez facile à dépister, et à vrai dire plutôt rebattu.
On trouve pourtant le livret du CD original sur le site de l'éditeur, avec le texte intégral (mais non traduit): https://www.chandos.net/chanimages/Booklets/CH9441.pdf
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MessageSujet: Re: Edmund Rubbra (1901 - 1986)   Edmund Rubbra (1901 - 1986) - Page 2 EmptySam 16 Nov 2019 - 1:16

Merci ! Very Happy (J'ai bien dit que mes recherches n'ont pas été très insistantes hehe )
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MessageSujet: Re: Edmund Rubbra (1901 - 1986)   Edmund Rubbra (1901 - 1986) - Page 2 EmptyJeu 21 Nov 2019 - 1:12

Je réécoute la Sixième symphonie — oui, je suis monomaniaque (par ailleurs je n'ai pas encore écouté les 5, 10 et 11, mais j'avais envie de me remettre celle-là)...
... Ce qui m'amène d'ailleurs à tempérer quelque peu mon enthousiasme initial sur le premier mouvement : l'introduction et la coda sont magnifiques, en revanche le langage très diatonique des sections Allegretto "franco-mahlériennes" ne me semble pas d'une grande originalité, même sans tenir compte du fait que cette œuvre a tout de même été écrite en 1954.
Le deuxième mouvement intitulé Canto est en revanche un monde en soi, avec son mélange d'archaïsme modal et de minimalisme exténué (parfois proche de l'Adagio de la 9e de Mahler), et son bref sursaut tragique quasi chostakovien ; certaines tournures mélodiques / enchaînements harmoniques, a priori assez simples (quoique singuliers), produisent sur moi un puissant effet d'envoûtement.
Le scherzo est à mon avis bien plus riche et original que le premier mouvement, avec une bigarrure de timbres assez jouissive, même si l'on reste dans un langage plus clairement consonant que dans les premières symphonies (je crois y percevoir une analogie avec la Colour Symphony de Bliss).
Le final a lui aussi un charme indéfinissable; dans la longue introduction (presque la moitié du mouvement), je perçois une ressemblance avec le Brahms le plus serein / pastoral...

Si je devais formuler un reproche à l'endroit de cette symphonie, il concernerait la similitude entre les mouvements rapides, tous à trois temps et difficilement discernables dans leur discours. En revanche, tous les passages lents sont originaux et prenants.
À noter d'autre part qu'aucun des quatre mouvements n'atteint dix minutes (d'ailleurs seuls les finals de la 1ère et de la 7e, ainsi que les premiers mouvements de la 4 et de la 7, les dépassent notablement).
Chef-d'œuvre ? Il ne faut tout de même pas exagérer, mais incontestablement un bel objet aux reflets insaisissables, qui me donne envie d'y revenir assez souvent (ne serait-ce qu'à cause du deuxième mouvement).

J'enchaîne avec la Septième (troisième écoute, sans compter les nombreux doublons au sein d'une même session).
Cette fois-ci, le premier mouvement me parle davantage que celui de la Sixième, par son langage plus fouillé et sa plus grande ampleur expressive (mais je pense qu'il faut "habiter" un certain temps cet univers pour l'apprécier vraiment).
En relisant mon premier commentaire sur ce mouvement, je constate que je n'ai pas grand-chose à y ajouter – sinon qu'on est tout de même bien au-delà d'un univers à la Tolkien, ne serait-ce qu'en raison de la densité du discours plein de chausses-trappes et de strates narratives superposées.
Le scherzo fourmille lui aussi de sonorités bigarrées, et ménage de nombreux apartés d'une douceur veloutée et d'une harmonie étrange, comme si un mystère sourdait en permanence sous les rythmes dansants et les jaillissements joviaux.
Beaucoup plus séduit que précédemment par la Passacaglia, d'une mélancolie prenante et d'un lyrisme plus premier degré que le reste, tout en restant à grande distance des rives du postromantisme "standard" (curieusement, j'y entend des accointances avec le langage d'un Alan Pettersson, pourtant infiniment éloigné de Rubbra...).
Tout cela est vraiment très beau et très singulier, nettement mieux que la 6 tout compte fait (excepté ce joyau qu'est le "Canto"...)... (Il est aussi possible que la direction de Boult y soit pour quelque chose.)
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MessageSujet: Re: Edmund Rubbra (1901 - 1986)   Edmund Rubbra (1901 - 1986) - Page 2 EmptyJeu 21 Nov 2019 - 1:39

Du coup j'ai enchaîné avec la (très brève) 8e, dont le premier mouvement est décidément une tuerie.
Tout en restant globalement tonal, c'est nettement plus complexe et chamarré que les 6 et 7, ce qui ne m'avait pas frappé à première écoute — il faut dire que l'on est douze ans après la 7, le langage de Rubbra a donc eu largement le temps d'évoluer encore (et, mazette, on est carrément en 1968... Shocked ).

Comme pour la 7, je suis bien plus emporté qu'à première écoute par le Poco lento final – peut-être plus statique et classiquement lyrique que les autres mouvements, mais émaillé de tournures harmoniques d'une originalité emballante et de passages tout simplement beaux. Et j'aime la coda...


Dernière édition par Golisande le Jeu 21 Nov 2019 - 12:07, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Edmund Rubbra (1901 - 1986)   Edmund Rubbra (1901 - 1986) - Page 2 EmptyJeu 21 Nov 2019 - 2:09

Votre brillant plaidoyer m'a donné envie de redonner sa chance à cette no6 de Rubbra. De bien belles choses en effet, même si elle ne me séduit pas complètement (j'ai bien préféré les 1, 2 et 4). Le Canto par contre est suffocant de beauté, le temps est suspendu jusqu'aux inquiétantes sonneries de trompe, vite tues pour le retour à cette atmosphère éthérée et douce-amère, que l'on retrouve surprenamment à la fin du scherzo (tempérée par les notes goguenardes de la flûte).

(Je vais remettre sur le métier les 7 et 8, qui m'avaient bien plu en première approche. Je confirme pour la 8 fort complexe, cela m'avait frappé, par contre, je n'avais pas noté la date de composition. Shocked )

Également, quid de versions spécialement convaincantes ? J'ai Hickox à la maison mais je me demandais si Lyrita (Handley, Boult et Del Mar, je crois) ne vaudraient pas le coup d'oreille ?


Dernière édition par Mefistofele le Jeu 21 Nov 2019 - 10:19, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Edmund Rubbra (1901 - 1986)   Edmund Rubbra (1901 - 1986) - Page 2 EmptyJeu 21 Nov 2019 - 9:01

Sympa , cette "réévaluation" du corpus symphonique de Rubbra ,  qu'il mérite tout à fait (j'ai un faible pour la 6ème ) .
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MessageSujet: Re: Edmund Rubbra (1901 - 1986)   Edmund Rubbra (1901 - 1986) - Page 2 EmptyJeu 21 Nov 2019 - 10:06

Mefistofele a écrit:
Également, quid de versions spécialement convaincantes ? J'ai Hickox à la maison mais je me demandais si Lyrita (Handley, Boult et Del Mar, je crois) ne vaudraient pas le coup d'oreille ?

J'ai d'abord écouté Hickox (qui est formidable, notamment dans la 9), mais depuis que j'ai les enregistrements Lyrita pour les 2-3-4-6-7-8 j'avoue que je vais plus spontanément vers ces derniers. La lecture de la 7e par Boult m'a particulièrement emballé, et la prise de son a globalement plus de relief que chez Chandos (il en a été question une page plus haut, mais je ne suis pas frappé par la plus-value de Hickox en terme de couleurs et de confort d'écoute).

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MessageSujet: Re: Edmund Rubbra (1901 - 1986)   Edmund Rubbra (1901 - 1986) - Page 2 EmptyJeu 21 Nov 2019 - 11:09

Du coup je suis en train de réécouter la Première (dès le matin, moi qui voulais passer à autre chose... Mad ).

J'espérais que ma pratique des symphonies plus tardives m'aiderait à appréhender les premières - et c'est en partie le cas -, mais par moments j'ai presque l'impression d'avoir affaire à un autre compositeur : certains traits sont reconnaissables (pédales harmoniques, mode 2, réitération de plusieurs motifs brefs superposés, effets de spatialisation et de distance – comme si le "narrateur" poursuivait son récit en s'éloignant, ou en se tournant vers la direction opposée... –, codas énigmatiques...), mais le langage harmonique est plus gris et flou, d'une « modernité » plus quelconque, ni radicale – c'est le moins que l'on puisse dire – ni vraiment digérée, comme s'il n'avait pas encore réellement trouvé sa voie/x propre.

La coda du Scherzo est assez marquante, avec son "emballement immobile" qui m'évoque (encore) le premier mouvement de la 5e de Sibelius, mais comme recouvert d'une sorte de brouillard harmonique.

Il y a de bien belles choses dans le Lento final (le plus long mouvement de toutes les symphonies, d'assez loin), même si là encore je ne retrouve pas l'univers singulier des symphonies 6 à 9. C'est un peu difficile à expliquer sans se lancer dans une analyse détaillée de la partition; disons que le langage est à la fois moins chatoyant et plus passe-partout (à mes oreilles, ce qui explique que mes premières écoutes de symphonies de Rubbra soient restées sans suite, puisqu'il s'agissait des 1e et 2e), globalement plus chromatique et moins modal / archaïsant — notamment à peu près dépourvu des touches de couleur que constituent les accords parfaits majeurs, là où les symphonies plus tardives en font un usage surprenant et (pour moi) assez addictif. L'impression dominante est bien celle d'un univers plus gris, plus banalement « XXe siècle » – un XXe siècle très soft et purement esthétique, sans tragédie (pas même intime), mais sans non plus les irisations ni les échappées mystérieuses qui caractérisent le Rubbra ultérieur.

Cela étant dit, il y a tout de même (surtout dans la Deuxième que j'écoute à présent) de très beaux moments, et tout cela est aussi largement une question de goûts : excepté pour un certain hédonisme harmonique, l'originalité de Rubbra (orchestration, construction du discours, et par-dessus tout une élégance sans failles) est déjà bien présente. J'aurais donc tendance à conseiller plutôt ce Rubbra-là à ceux qui ne sont pas (comme moi) particulièrement fanatiques de paysages anglais peints sur vitrail Mr.Red ...
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MessageSujet: Re: Edmund Rubbra (1901 - 1986)   Edmund Rubbra (1901 - 1986) - Page 2 EmptyJeu 21 Nov 2019 - 11:55

Mefistofele a écrit:
Le Canto par contre est suffocant de beauté, le temps est suspendu jusqu'aux inquiétantes sonneries de trompe, vite tues pour le retour à cette atmosphère éthérée et douce-amère, que l'on retrouve surprenamment à la fin du scherzo (tempérée par les notes goguenardes de la flûte).
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MessageSujet: Re: Edmund Rubbra (1901 - 1986)   Edmund Rubbra (1901 - 1986) - Page 2 EmptyJeu 21 Nov 2019 - 14:50

Comme je suis éminemment influençable (et je dirai à mon banquier que pour son malheur, je lis des des gens à la prose enchanteresse et au goût impeccable), j'ai décidé d'offrir de la compagnie à Hickox. Quelle heureuse idée ! La 7 par Boult est saisissante, je l'ai encore réévaluée ! De même pour la 8 par Del Mar.

Merci de m'avoir aiguillé vers Rubbra, et plus encore convaincu d'écouter attentivement les susurrations de ces symphonies tardives dont je n'avais su percevoir les délicats charmes !

Je réécoute la 1, et confirme qu'on croirait entendre un autre compositeur. Je comprends mieux pourquoi elle m'a parlé d'emblée : son Allegro initial est martial en diable : la symphonie date de 1935 et a été décrite comme un champ de bataille avec force écho de bombardements, cliquetis de mitraillettes et fracas d'obus. Je ne sais pas si je vois tout cela, mais comme la 3e de Roussel, elle attrape l'auditeur à la gorge dès les premières notes. Le Lento me rappelle Holst dans son introduction, Saturn, The Bringer of Old Age en particulier, avant le retour et les tranformations du thème de l'Allegro.

(Je crains de n'être plus immédiatement réceptif qu'aux musiques désespérées et/ou pompières, heureusement que je vous lis !)
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MessageSujet: Re: Edmund Rubbra (1901 - 1986)   Edmund Rubbra (1901 - 1986) - Page 2 EmptyJeu 21 Nov 2019 - 15:05

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Pour ma part, je rends grâce à Benedictus et DavidLeMarrec de m'avoir aiguillonné non seulement vers les enregistrements Lyrita, mais vers Rubbra lui-même (puisque mes écoutes antérieures n'avaient guère été concluantes).


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MessageSujet: Re: Edmund Rubbra (1901 - 1986)   Edmund Rubbra (1901 - 1986) - Page 2 EmptyJeu 21 Nov 2019 - 15:09

Quant à moi, l'inspiration m'est initialement venue de Mélo !
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MessageSujet: Re: Edmund Rubbra (1901 - 1986)   Edmund Rubbra (1901 - 1986) - Page 2 EmptyJeu 21 Nov 2019 - 15:12

Ah ? Surprised Je n'aurais pas penséMerci à lui !
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MessageSujet: Re: Edmund Rubbra (1901 - 1986)   Edmund Rubbra (1901 - 1986) - Page 2 EmptyJeu 21 Nov 2019 - 16:41

En relisant le fil, ce doit être JerMu pour les œuvres, et Mélo pour le fonds Lyrita, deux choses que je n'aurais possiblement pas connues sans ce forum ! I love you
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MessageSujet: Re: Edmund Rubbra (1901 - 1986)   Edmund Rubbra (1901 - 1986) - Page 2 EmptyJeu 21 Nov 2019 - 17:24

Pour ma part, Lyrita, c'est effectivement David-sur-les-conseils-de-Mélo; pour Rubbra, c'est en fait assez ancien: quand, dans le milieu des années 90, je m'intéressais de très près à Kathleen Ferrier, j'ai voulu savoir qui était ce compositeur dont la contralto avait enregistré les Psaumes 6, 23 et 150 (pas très marquants en eux-mêmes, d'ailleurs), et du coup j'ai écouté ce qui j'avais pu trouver (pas grand-chose: Hickox avait juste commencé son intégrale, je n'avais que le disque avec les 4, 10 et 11) - et je m'étais dit que je creuserai ça un jour... Mais ce n'est qu'une discussion récente de greg skywalker et David sur la Première qui m'a décidé.
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MessageSujet: Re: Edmund Rubbra (1901 - 1986)   Edmund Rubbra (1901 - 1986) - Page 2 EmptyVen 22 Nov 2019 - 13:19

Juste un petit message pour dire que je vais rejoindre la hype Rubbra qui sévit sur le forum en ce moment, puisque je me lance dans l'écoute des symphonies (intégrale Hickox). Je peux d'ores et déjà dire que la Première me séduit beaucoup, et ce de façon très immédiate (alors même qu'il m'a par exemple fallu un petit temps d'adaptation pour les symphonies de Bax, surtout les dernières certes dont le langage est moins direct que dans les trois premières). De belles découvertes en perspective !
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MessageSujet: Re: Edmund Rubbra (1901 - 1986)   Edmund Rubbra (1901 - 1986) - Page 2 EmptyLun 25 Nov 2019 - 20:49

Je reviens un peu plus en détail sur ma découverte des premières symphonies de Rubbra (pas beaucoup pour l'instant, car je les réécoute trop pour avancer plus rapidement ) car je suis vraiment conquis par ce que j'entends !

Comme signalé un peu plus haut dans ce fil, la Première commence de façon pour le moins véhémente et agitée, on entre brutalement dans le vif du sujet et on pourrait craindre une certaine confusions à l'écoute des premières mesures. Il n'en sera rien, ce n'est vraiment pas le genre de la maison, car l'oeuvre de Rubbra se caractérise vraiment pour ce que j'en ai entendu par une grande maîtrise de la forme et une limpidité totale de la progression narrative. C'est très net dans ce premier mouvement où les éléments déchainés de l'introduction vont très vite s'organiser dans un discours palpitant et très ordonné. C'est le cas encore dans le deuxième mouvement, intitué Périgourdine (mais qu'est-ce donc exactement ? Une danse des temps anciens ?), qui joue de fait volontiers la carte de l'archaïsme, mais au sein d'une instrumentation et d'une rhétorique là encore très maitrisées et tout à fait 'modernes' (même si le langage de Rubbra, lui, ne l'est indiscutablement pas vu la date de composition de cette symphonie). C'est encore plus le cas, et de façon nettement plus marquée même, dans le long lento final. Vu l'ampleur de ce mouvement (près de 20 minutes, et un tempo de fait très retenu), on pourrait craindre un certain statisme ou une dégoulinade de lyrisme peu digeste. Ce n'est pas du tout le cas, les grandes mélodies lyriques sont complètement absentes de ce que j'ai entendu de Rubbra pour l'instant, il procède là encore par une sorte d'amplification tout au long du mouvement de cellules (je parle à peine de thèmes, car l'élément mélodique n'est pas forcément très marquant) courtes et simples, mais magnifiées en permanence par cette science du discours qui fait que l'on a l'impression d'un renouvellement et d'un enrichissement constants tout au long du mouvement, jusqu'à une apothéose finale qui laisse franchement pantois. C'est vraiment remarquable de rigueur et en même temps d'élan permanent, comme je le disais dans mon précédent message, ça m'a immédiatement parlé alors même que l'essentiel de l'intérêt semble reposer sur la maîtrise totale de la forme, c'est assez impressionnant. Après ça, il est assez logique de s'arrêter, la symphonie ne comporte pas de quatrième mouvement. Globalement une symphonie que j'apprécie beaucoup !

Je retrouve dans le premier mouvement de la Deuxième symphonie les mêmes qualités que dans le dernier mouvement de la première, mais dans une forme plus resserée qui rend la progression peut-être encore plus forte. Moins convaincu par contre par le 'vrai' mouvement lent de la symphonie (le troisième) qui, au lieu de monter en puissance comme les deux que je viens de citer (qui semblent enrichir en permanence leur contenu), au contraire me semble plus tourner sur lui-même jusqu'à se vider de sa substance dans une coda qui semble illustrer l'essouflement du mouvement qui se termine (comme Golisande l'a déjà souligné) assez mystérieusement, comme s'il fallait bien s'arrêter faute d'avoir encore quelque chose à dire. Il faudra que je me replonge à nouveau dedans pour mieux cerner ce curieux Adagio. Les deux mouvement rapides de cette deuxième, à défaut d'être d'une grande originalité, me plaisent à nouveau par leur simplicité et leur efficacité.

Je suis pour l'instant moins friand de la Troisième symphonie, qui me semble plus que les deux premières, au lieu de magnifier leur forme très rigoureuse, se laisser quelque peu enfermer dedans, notamment dans ce final en thème et variations suivi d'une fugue, dans lequel la progression est (nécessairement ?) plus fragmentée et moins convainquante, même si tout celà reste fort bien réalisé et ne tombe jamais dans le piège du scolaire lourdingue comme on peut avoir dans ce genre de mouvements. Je ressens tout de même globalement moins dans cette symphonie (tous mouvements confondus) le formidable élan qui anime les deux premières, je crois que son côté plus 'germanique carré' relevé par mes camarades me convient simplement un peu moins bien (même si c'est assez paradoxal comme remarque venant de moi hehe ).

Un dernier mot en passant, je trouve globalement l'orchestration de Rubbra tout à fait remarquable, ce n'est jamais lourd, toujours équilibré et lisible malgré un contrepoint souvent assez dense, je pense que ça joue un gros rôle dans la sensation de grande clarté du discours que j'entends dans cette musique pourtant relativement formelle. Ca pourrait vite devenir confus ou pesant, mais ça ne l'est jamais. J'ai vraiment hâte de contibuer mon exploration puisque je m'en suis pour l'instant tenu à ces trois premières symphonies (il faut dire que je les ai écoutées chacune plusieurs fois !).
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MessageSujet: Re: Edmund Rubbra (1901 - 1986)   Edmund Rubbra (1901 - 1986) - Page 2 EmptyMer 27 Nov 2019 - 1:38

Roupoil a écrit:
Un dernier mot en passant, je trouve globalement l'orchestration de Rubbra tout à fait remarquable, ce n'est jamais lourd, toujours équilibré et lisible malgré un contrepoint souvent assez dense, je pense que ça joue un gros rôle dans la sensation de grande clarté du discours que j'entends dans cette musique pourtant relativement formelle. Ca pourrait vite devenir confus ou pesant, mais ça ne l'est jamais.

Tout à fait d'accord, mais plus encore dans les symphonies 6 à 9 (j'attends impatiemment tes commentaires Very Happy ) : la subtilité dans l'utilisation de la palette orchestrale est un des aspects les plus remarquables de Rubbra, bien plus que chez Bax et RVW (sauf peut-être le premier mouvement de la Pastoral, dans un genre très différent).

Je réécoute la Quatrième, qui est peut-être celle qui m'intéresse le moins – avec la précédente – malgré de très beaux moments suspendus dans le premier mouvement (principalement au début et à la fin) et quelques tournures originales par-ci par-là; le reste retient si peu mon attention que je n'aurais sans doute pas réécouté cette œuvre si l'homme à la barbiche n'en était pas l'auteur.

La Cinquième me semble plus consistante, même si l'impressionnisme feutré et captivant des symphonies suivantes est totalement absent; on est plutôt dans une sorte de mini-Mahler en demi-teintes, d'un langage postromantique assez carré et peu sensuel, mais narrativement foisonnant malgré les proportions modestes.
Toutefois, je m'avoue là encore assez peu captivé (c'est paraît-il l'œuvre la plus connue du compositeur, ce qui ne m'étonne qu'à moitié Evil or Very Mad ).


J'enchaîne avec les deux dernières (et plus brèves) symphonies, toutes deux d'un seul tenant (bien que la Dixième soit divisée en quatre sections).
Je ne m'attendais pas à retrouver les sortilèges des deux précédentes, et de fait la Dixième est d'un abord plus austère; néanmoins le langage harmonique est incomparablement plus foisonnant, original et magnétique que celui des 4e et 5e (et des trois premières) : mon impression est un peu analogue à celle éprouvée à l'écoute de la 4e de Schmidt après ses autres symphonies – voire de la 7e de Mahler après Titan...
L'effet "vitrail" est bien présent, même si les tournures modales archaïsantes se font rares.
Il y a en tout cas quelque chose de fascinant dans cette miniature, qui pour le coup me donne très envie d'y revenir.

La Onzième (de 1979) s'apparente à un poème symphonique très narratif, malgré le langage difficile à saisir – harmonies fuyantes qui m'évoquent parfois Koechlin, touches de couleur inopinées... Rien, toutefois, d'évanescent ni d'invertébré (ce n'est d'ailleurs jamais le cas chez Rubbra), le discours me semble plutôt plus charpenté et énergique (mais peut-être moins magnétique) que dans la symphonie précédente.
À noter que le corpus symphonique de Rubbra (qui n'était certes pas envisagé comme tel, la mort ayant interrompu la composition d'une Douzième) s'achève sur une coda parfaitement suspendue et énigmatique.
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MessageSujet: Re: Edmund Rubbra (1901 - 1986)   Edmund Rubbra (1901 - 1986) - Page 2 EmptyMer 27 Nov 2019 - 18:39

Golisande a écrit:
Tout à fait d'accord, mais plus encore dans les symphonies 6 à 9 (j'attends impatiemment tes commentaires Very Happy )

Après une première écoute (trop) rapide (et surtout pas très concentré), j'ai comme toi l'impression que la 4ème marque un certain recul de l'inspiration, ou peut-être une transition vers le style plus personnel des symphonies suivantes. Je ne suis pas surpris que la 5ème puisse être considérée comme la plus connue, elle a probablement une séduction plus immédiate que d'autres, en tout cas moi j'aime bien Mr. Green . J'ai écouté la 6ème de façon vraiment distraite, il faut que je me la remette. La 7ème par contre m'a immédiatement frappé comme l'une des plus réussies du cycle (du coup, il faut que je la réécoute aussi hehe ), j'ai été moins séduit par la 8ème en première approche (et je n'ai pas encore abordé les trois dernières). Je détaillerai probablement plus tout ça quand j'aurais pris le temps de revenir sur ces symphonies pour les digérer un peu plus.
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MessageSujet: Re: Edmund Rubbra (1901 - 1986)   Edmund Rubbra (1901 - 1986) - Page 2 EmptyMer 27 Nov 2019 - 20:26

Roupoil a écrit:
Je ne suis pas surpris que la 5ème puisse être considérée comme la plus connue, elle a probablement une séduction plus immédiate que d'autres

Surprised Séduction, c'est evidemment très subjectif, mais pour ma part je l'ai trouvée relativement aride comparée aux autres (en tout cas aux suivantes)... Immédiate, peut-être, car elle a un côté plus carré, plus lisible orchestralement et formellement - donc plus accessible aux "non-initiés" amateurs de symphonies (post)romantiques.

Citation :
La 7ème par contre m'a immédiatement frappé comme l'une des plus réussies du cycle (du coup, il faut que je la réécoute aussi
Very Happy
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MessageSujet: Re: Edmund Rubbra (1901 - 1986)   Edmund Rubbra (1901 - 1986) - Page 2 EmptyMer 27 Nov 2019 - 20:32

Golisande a écrit:
Roupoil a écrit:
Je ne suis pas surpris que la 5ème puisse être considérée comme la plus connue, elle a probablement une séduction plus immédiate que d'autres
Surprised Séduction, c'est evidemment très subjectif, mais pour ma part je l'ai trouvée relativement aride comparée aux autres (en tout cas aux suivantes)... Immédiate, peut-être, car elle a un côté plus carré, plus lisible orchestralement et formellement - donc plus accessible aux "non-initiés" amateurs de symphonies (post)romantiques.
Oui, je suis assez d'accord avec Golisande sur l'appréciation de la 5.

Golisande a écrit:
Roupoil a écrit:
La 7ème par contre m'a immédiatement frappé comme l'une des plus réussies du cycle (du coup, il faut que je la réécoute aussi
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MessageSujet: Re: Edmund Rubbra (1901 - 1986)   Edmund Rubbra (1901 - 1986) - Page 2 EmptyJeu 28 Nov 2019 - 22:44

Impressions un peu plus détaillées après réécoute des symphonies 4 à 6 (on va y aller petit à petit).

J'ai en fait pas mal réévalué la Quatrième, dont le premier mouvement Con moto (beaucoup plus étendu que les suivants) est tout de même fascinant, avec son côté obsédant (mais, comme souvent chez Rubbra, aucune sensation de statisme malgré une répétition assez forcenée de certains motifs), et surtout une atmosphère sourdement inquiète vraiment réussie. Bon, je reste plus réservé sur les mouvements suivants : le scherzo est assez anecdotique, ça se veut dansant mais ce n'est pas très rythmé, on sent un Rubbra trop appliqué ici (presque scolaire, ce qui ne lui ressemble pas). L'introduction (grave) du troisième et dernier mouvement met bien du temps à se mettre en place, avec tout de même une belle envolée dans sa dernière minute, pour mener jusqu'à un finale cuivré et assez classique (on ne trouve pas tant que ça de "vrais" finales dans les symphonies de Rubbra puisqu'il a souvent recours à des structures en trois mouvements avec un dernier mouvement lent), rien d'inoubliable mais c'est bien fichu, j'aime bien.

La Cinquième revient à une structure très classique en quatre mouvements, je ne la trouve pas plus aride que les autres personnellement, même si son premier mouvement est assez sobre. On reconnait quand même bien son Rubbra à la maitrise de l'équilibre instrumental et à la coda suspendue. Le scherzo est à nouveau assez dansant plus que rythmé, mais avec une très belle orchestration qui fait la part belle aux vents, ce n'est toutefois pas non plus un sommet du genre. Pour une fois, je trouve vraiment le mouvement lent statique et sans grand intérêt (les mélodies au violon étant même assez insipides), ça n'avance pas comme d'habitude, bof. Mais le finale rehausse quand même l'intérêt de cette symphonie, c'est bref mais efficace, on retrouve un très bel élan, du contrepoint hyper maîtrisé, et une fin à nouveau suspendue, on a retrouvé notre Rubbra ! Je trouve quand même cette symphonie moins bonne que la précédente (ou que les deux premières) à la réécoute.

Mais contrairement à certains de mes camarades, je ne suis pas forcément beaucoup plus enthousiaste sur la Sixième (tout est relatif, hein, je n'ai trouvé aucune oeuvre vraiment décevante jusqu'ici dans ce corpus). Le début du premier mouvement affirme une atmosphère mystérieuse colorée par la harpe, puis je sens des relents de Sibelius dans le traitement des cordes, mais un Sibelius qui devient franchement joyeux à mesure que le mouvement progresse. C'est pas mal mais je ne suis pas emballé. C'est surtout dans le Canto que je suis "déçu" dans la mesure où, malgré la belle atmosphère, je ne ressens pas assez de mouvement, ça me passionne beaucoup moins que les grands mouvements lents des premières symphonies. Le scherzo, plus rythmé que ceux des symphonies précédentes, est assez réussi, mais la finale me semble à nouveau s'étirer sans grande inspiration (les fanfares vers la fin étant plus décoratives qu'autre chose).

Bon, je me remets à la 7 demain pour voir si c'est vraiment la 6 que je trouve moins réussie, ou si je commence à saturer côté Rubbra hehe .
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MessageSujet: Re: Edmund Rubbra (1901 - 1986)   Edmund Rubbra (1901 - 1986) - Page 2 EmptyVen 29 Nov 2019 - 9:02

Roupoil a écrit:
Impressions un peu plus détaillées après réécoute des symphonies 4 à 6 (on va y aller petit à petit).

J'ai en
Mais contrairement à certains de mes camarades, je ne suis pas forcément beaucoup plus enthousiaste sur la Sixième (tout est relatif, hein, je n'ai trouvé aucune oeuvre vraiment décevante jusqu'ici dans ce corpus). Le début du premier mouvement affirme une atmosphère mystérieuse colorée par la harpe, puis je sens des relents de Sibelius dans le traitement des cordes, mais un Sibelius qui devient franchement joyeux à mesure que le mouvement progresse. C'est pas mal mais je ne suis pas emballé. C'est surtout dans le Canto que je suis "déçu" dans la mesure où, malgré la belle atmosphère, je ne ressens pas assez de mouvement, ça me passionne beaucoup moins que les grands mouvements lents des premières symphonies. Le scherzo, plus rythmé que ceux des symphonies précédentes, est assez réussi, mais la finale me semble à nouveau s'étirer sans grande inspiration (les fanfares vers la fin étant plus décoratives qu'autre chose).

Bon, je me remets à la 7 demain pour voir si c'est vraiment la 6 que je trouve moins réussie, ou si je commence à saturer côté Rubbra hehe .

Saturation , C'est possible . Le corpus Symphonique de Rubbra est assez (trop ?) homogène , moins varié , comme Bruckner ...  
( tester un écouté de l'integrale de Bruckner est épuisant , non ? )
Donc A consommer avec modération , et varier l'écoute Hickox et les Lyrita .
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MessageSujet: Re: Edmund Rubbra (1901 - 1986)   Edmund Rubbra (1901 - 1986) - Page 2 EmptyVen 29 Nov 2019 - 11:27

Même moi qui suis capable de n'écouter qu'un seul compositeur pendant des mois, je ne crois pas que je pourrais le faire avec Rubbra Mr.Red  - en tout cas pas tout de suite : ce n'est pas une musique qui s'offre d'emblée (Bruckner non plus d'ailleurs), il me semble qu'il faut y aller progressivement, le confronter à d'autres, le laisser un peu de côté puis y revenir à plusieurs reprises avant de le digérer vraiment; en revanche je pense qu'il le mérite, parce que j'y perçois un univers riche et singulier sous ses allures discrètes.

(Bon cela dit, si tu n'aimes pas le "canto" de la 6, qu'est-ce que tu veux que je te dise... Shit)
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MessageSujet: Re: Edmund Rubbra (1901 - 1986)   Edmund Rubbra (1901 - 1986) - Page 2 EmptyVen 29 Nov 2019 - 21:58

Je vous rassure, je ne me contente pas d'écouter du Rubbra depuis une dizaine de jours hein !Mais j'ai comme prévu remis dans mes oreilles les symphonies 7 et 8 ce soir (toujours pas attaqué les trois dernières, j'attendrai d'ailleurs sûrement quelques jours avant de le faire).

Eh bien, pas du tout de saturation après mon déception sur la 6ème, je confirme que la Septième est sans conteste possible une de mes préférées du cycle. Le premier mouvement avec son introduction mystérieuse (une marque de fabrique de Rubbra dans ces symphonies "intermédiaires") puis sa progression magistrale est à nouveau marquée par un élan irrésistible, c'est pour moi quasiment parfat de bout en bout. J'adore aussi le scherzo hyper rythmé, dont l'rchestration chatoyante se colore de l'utilisation de percussions qu'on croisait peu jusque-là dans ce cycle (xylophone notamment), c'est dynamique, inspiré, vraiment un très bon mouvement également. À la limite, je serais un peu plus réservé sur la passacaille et fugue finale (la fugue est beaucoup moins évidente que celle qui clôt la troisième symphonie) même si ce mouvement a quand même une belle ampleur solenelle rythmé par les interventions bien ficelées des cuivres, jusqu'à une fin très apaisée typique de notre bon vieux Rubbra. Non, dans l'ensemble, c'est vraiment une excellente symphonie.

En comparaison, je suis clairement moins enthousiaste pour la Huitième, tout bonnement parce que je comprends assez mal où Rubbra veut en venir dans cette oeuvre pourtant assez ramassée et qui renoue avec une structure en trois mouvements s'achevant sur un mouvement lent que le compositeur affectionne. Le Moderato initial s'ouvre encore une fois sur une atmosphère mystérieuse mais les épisodes qui s'enchainent ensuite (dont une bonne partie sont énergiques, c'est même assez martial par moments) me laissent un peu perdu. Le scherzo est plus classique dans sa construction et reprend le même type d'orchestration chatoyante que celui de la septième, je le trouve toutefois moins enthousiasmant que ce dernier. Pas grand chose à dire sur le Lento final, c'est beau mais ça ne suffit pas à mon sens à remonter cette Huitième au niveau de la précédente, ni même des autres symphonies que j'épprécie le plus dans ce cyle (pour l'instant en gros les 1, 2 et 7, et finalement peut-être aussi la 4).
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MessageSujet: Re: Edmund Rubbra (1901 - 1986)   Edmund Rubbra (1901 - 1986) - Page 2 EmptyDim 1 Déc 2019 - 18:03

Je profite d'être de retour chez moi pour remettre du Rubbra sur les platines, et confirme que la 3e symphonie est décidément bien pâle comparée aux deux précédentes, tandis que la 5e sonne, si pas scolaire, carrée et germanique, nonobstant ses couleurs. Je me demande si sa proximité avec les canons du genre n'expliquerait pas son succès. Je suis toutefois vraiment surprise par le finale, cet Allegro qui s'éteint en catiminie, c'est surprenant.

La 4e symphonie, même si pas la plus inspirée, me plait décidément. Les couleurs inquiètes du Con moto et de l'Introduzione ? Une petite ritournelle qui me rappelle autre chose (j'ai envie de dire Atterberg à brûle-pourpoint, mais sans certitude) ? Ce finale triomphal, chose rare chez Rubbra ?

J'ai aussi refait la 6e, la 7e et la 8e tant que j'y étais. Je ne me lasse pas du Canto de la première, la seconde est meilleure à chaque écoute, et la dernière est vraiment tarabiscotée.

Je pense que ma liste concorde avec celle de Roupoil, en attendant de réécouter les 3 dernières...

Et pour apporter un peu de matière, suite à une remarque de greg skywalker dans Playlist, j'ai essayé la Sinfonia (dé)concertante, dans la version de Shelley et Hickox. Quel étrange concerto (qui n'en pas vraiment un, comme l'indique le titre) ! Si je n'avais pas su que c'était britannique, je n'aurais jamais deviné ! C'est dansant (parfois) et dramatique (souvent : déploratif ou conflictuel) à la fois, pas vraiment virtuose, avec des couleurs orientales (? Une oreille technique avisée serait la bienvenue). J'aime beaucoup les doublures du piano aux bois dans le premier mouvement, et cette étrange péroraison pompière qui s'éteint abruptement. La Saltarella est bien sautillante mais pas vraiment joyeuse (du Stravinsky en plus épique ?), jusqu'à ce très bel interlude suspendu des flûtes. S'ensuit le retour du thème déhanché aux bois bientôt rejoint par tout l'orchestre pour cette espèce de parade de foire inquiétante, qui vire au maelström cuivré avant de s'éteindre abruptement par un rappel à l'ordre aussi bref que péremtoire du piano. Shocked
Le finale a apparemment été dédié à Holst qui venait de mourir, et son atmosphère en est par conséquent particulièrement lugubre. Quelques tuttis puissants au début, mais le cœur du mouvement est franchement à la déploration. Là encore, belles doublures du piano par les vents pendant quelques instants, avant une fin très douce et élégiaque au hautbois et les ultimes pleurs du piano. Sad
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MessageSujet: Re: Edmund Rubbra (1901 - 1986)   Edmund Rubbra (1901 - 1986) - Page 2 EmptyDim 1 Déc 2019 - 20:47

DavidLeMarrec a écrit:

Quant à moi, l'inspiration m'est initialement venue de Mélo !


C'est gentil de m'invoquer comme figure proto-tutélaire sur un topic où je ne suis jamais intervenu hehe
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MessageSujet: Re: Edmund Rubbra (1901 - 1986)   Edmund Rubbra (1901 - 1986) - Page 2 EmptyDim 1 Déc 2019 - 21:05

Ah... Je me disais aussi... Neutral
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MessageSujet: Re: Edmund Rubbra (1901 - 1986)   Edmund Rubbra (1901 - 1986) - Page 2 EmptyDim 1 Déc 2019 - 22:58

Mince alors...

Pour finir, j'ai réécouté les 3 dernières symphonies d'Edmund et ne succombe pas à cette dernière manière (ultra-condensée parfois). La Neuvième est fort belle mais ce type de language me parle hélas peu. La Dixième est notable pour son contrepoint sophistiqué, dont l'élan est coupé net pour une fin en doux-amer, plutôt lumineuse cette fois. La Onzième est bien une sorte de résumé stylistique (la fin !!!) mais le manque de respiration fait que les véhémences des premières symphonies ou les chromo des intermédiaires me manquent...
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MessageSujet: Re: Edmund Rubbra (1901 - 1986)   Edmund Rubbra (1901 - 1986) - Page 2 EmptyDim 1 Déc 2019 - 23:10

Je réécoute la 7e, et ne suis tout compte fait pas certain de préférer Boult à Hickox (en revanche je l'indiquerais prioritairement pour une première approche).
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MessageSujet: Re: Edmund Rubbra (1901 - 1986)   Edmund Rubbra (1901 - 1986) - Page 2 EmptyLun 2 Déc 2019 - 0:48

Il faut que je me remettre à Rubbra : je n'en ai pas de souvenirs assez précis (d'autant que sa veine a quelque chose d'élusif, en tout cas d'assez austère et abstrait) pour entrer dans les débats sur les distinctions entre symphonies, que j'ai toutes appréciées à un degré assez comparable. (Ce qui fait que l'envie de les écouter de façon rapprochée de m'est jamais venue.)


Mélomaniac a écrit:
DavidLeMarrec a écrit:

Quant à moi, l'inspiration m'est initialement venue de Mélo !
C'est gentil de m'invoquer comme figure proto-tutélaire sur un topic où je ne suis jamais intervenu hehe

Tu ne l'as jamais mentionné en Playlist ? Il me semble que c'est comme cela que je l'ai relevé et essayé. Ou alors c'est en farfouillant dans le fonds Lyrita… découvert grâce à toi. phone
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MessageSujet: Re: Edmund Rubbra (1901 - 1986)   Edmund Rubbra (1901 - 1986) - Page 2 EmptyLun 2 Déc 2019 - 1:01

DavidLeMarrec a écrit:

Tu ne l'as jamais mentionné en Playlist ?  Il me semble que c'est comme cela que je l'ai relevé et essayé. Ou alors c'est en farfouillant dans le fonds Lyrita…

Oui, bien sûr j'en ai déjà parlé en playlist, et sur un topic discographique de musique anglaise (bref partout sauf au bon endroit  hehe ) mais je ne sais plus trop où.
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MessageSujet: Re: Edmund Rubbra (1901 - 1986)   Edmund Rubbra (1901 - 1986) - Page 2 EmptyLun 2 Déc 2019 - 9:48

… mais l'occasion était trop bonne de me tourner en ridicule alors que je te disais de gentilles choses. pig Je te revaudrai ça. albino
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MessageSujet: Re: Edmund Rubbra (1901 - 1986)   Edmund Rubbra (1901 - 1986) - Page 2 EmptyLun 2 Déc 2019 - 22:47

Il est fort possible que la Huitième soit une de mes symphonies préférées, non seulement de Rubbra, mais tout court. Razz
(Et peut-être aussi la Neuvième, pour peu que ce soit une symphonie...)
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MessageSujet: Re: Edmund Rubbra (1901 - 1986)   Edmund Rubbra (1901 - 1986) - Page 2 EmptyMer 4 Déc 2019 - 22:15

J'ai réécouté la 8 et la 6 (Philharmonia / Del Mar, chez Lyrita). Moi aussi j'ai totalement succombé au charme suspendu du Canto largo de la 6… mais j'aime beaucoup aussi le Vivace impetuoso (III).

Quel dommage de ne pas faire entendre ça en concert !

Dans mes tablettes, je vois que j'avais particulièrement aimé, outre celles-là, les 1 & 2 (ce qui ne me surprend pas, j'aime souvent les premières symphonies, il y a une vigueur de trait, souvent…).
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MessageSujet: Re: Edmund Rubbra (1901 - 1986)   Edmund Rubbra (1901 - 1986) - Page 2 EmptyMer 4 Déc 2019 - 23:37

DavidLeMarrec a écrit:
J'ai réécouté la 8 et la 6 (Philharmonia / Del Mar, chez Lyrita). Moi aussi j'ai totalement succombé au charme suspendu du Canto largo de la 6… mais j'aime beaucoup aussi le Vivace impetuoso (III).

Very Happy pour le Canto (je ne me souviens plus très bien du III).

Et donc, la 8 ne t'emballe pas plus que ça ?

DavidLeMarrec a écrit:
Quel dommage de ne pas faire entendre ça en concert !

C'est rien de le dire (et si c'était le seul...) Shit
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MessageSujet: Re: Edmund Rubbra (1901 - 1986)   Edmund Rubbra (1901 - 1986) - Page 2 EmptyJeu 5 Déc 2019 - 9:32

Golisande a écrit:
Very Happy pour le Canto (je ne me souviens plus très bien du III).

Sans doute un peu trop straightforward pour toi. (je suis un garçon aux goûts simples)


Citation :
Et donc, la 8 ne t'emballe pas plus que ça ?

Si, j'aime beaucoup, comme tout Rubbra, mais il n'y a pas de moment où je me dise « bon sang, quel chef-d'œuvre vertigineux ». J'aime tout bien.

Alors que les mouvements lents de la 6 ou de la 2 (que je suis en train de réécouter) ont vraiment quelque chose de spécifique, au sein de symphonies tout aussi belles par ailleurs.


Citation :
DavidLeMarrec a écrit:
Quel dommage de ne pas faire entendre ça en concert !

C'est rien de le dire (et si c'était le seul...) Shit

Oui, mais la règle immuable, même avec la taille critique du public parisien et dans des salles qui bénéficient d'un bel engouement pour le remplissage comme pour la Philharmonie, demeure : tube = rempli, star = rempli. Si on joue ça sans faire venir Netrebko pour chanter O mio babbino caro au début, ou sans le coupler aux Quatre Saisons, ce sera vide.

Il n'empêche que s'ils voulaient, les programmateurs pourraient imposer ce type de format de concert : 1 tube + 1 découverte. Le Deuxième Concerto de Rachmaninov avec la Première Symphonie de Kalinnikov, les Pins de Rome avec la 2 d'Alfano, la Symphonie de Requiem avec la Colour Symphony…
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MessageSujet: Re: Edmund Rubbra (1901 - 1986)   Edmund Rubbra (1901 - 1986) - Page 2 EmptyJeu 5 Déc 2019 - 12:28

DavidLeMarrec a écrit:
(je suis un garçon aux goûts simples)

Moi aussi (et j'aime le reggae bedo ).

Citation :
Il n'empêche que s'ils voulaient, les programmateurs pourraient imposer ce type de format de concert : 1 tube + 1 découverte. Le Deuxième Concerto de Rachmaninov avec la Première Symphonie de Kalinnikov, les Pins de Rome avec la 2 d'Alfano, la Symphonie de Requiem avec la Colour Symphony…

Exactement... Alors, pourquoi pas ? bounce (Après je peux comprendre que l'on préfère programmer des créations, tant il importe que la musique savante continue à vivre, mais pourquoi sacrifier une part tellement énorme de la musique du passé, et d'un passé récent – sans même aborder la question inextricable de la qualité musicale...)
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MessageSujet: Re: Edmund Rubbra (1901 - 1986)   Edmund Rubbra (1901 - 1986) - Page 2 EmptyJeu 5 Déc 2019 - 12:32

Golisande a écrit:
Exactement... Alors, pourquoi pas ? bounce (Après je peux comprendre que l'on préfère programmer des créations, tant il importe que la musique savante continue à vivre, mais pourquoi sacrifier une part tellement énorme de la musique du passé, et d'un passé récent – sans même aborder la question inextricable de la qualité musicale...)

Ah mais pourquoi pas de la musique de vivants, j'ai eu de très belles expériences récentes de ce côté (Bates, Adès et Clyne en orchestre, Boutry, Kurtág, Escaich, Dessy, Tian en quatuor). Mais ça se fait déjà.
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MessageSujet: Re: Edmund Rubbra (1901 - 1986)   Edmund Rubbra (1901 - 1986) - Page 2 EmptyJeu 5 Déc 2019 - 12:36

Oui bien sûr, aussi... Smile
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MessageSujet: Re: Edmund Rubbra (1901 - 1986)   Edmund Rubbra (1901 - 1986) - Page 2 EmptyDim 8 Déc 2019 - 14:12

Pour conclure ce (premier) tour d'hirizon personnel des symphonies de Rubbra (je ne dirai rien des courtes symphonies 10 et 11, que j'ai écoutées distraitement avant de passer à autre et qui ne m'ont pas plus marqué que ça, ni en bien ni en mal), quelques mots sur la Neuvième. Comme déjà signalé par Golisande plus haut, il ne s'agit guère d'une symphonie mais bel et bien d'un oratorio style passion (le texte est directement tiré de l'évangile, mais se concentre sur le moment de la découverte de la résurrection du Christ et non pas sur ce qui a précédé), avec récitant et solistes vocaux. Si on ajoute à ça le fait (encore une fois signalé par Golisande) que c'est assez lent sur quasiment toute la durée de l'oeuvre (trois quarts d'heure), ça avait vraiment tout pour me déplaire (pour situer un peu, je trouve par exemple que les oratorios d'Elgar d'Elgar sont des somnifères puissants, je craingnais fort le même genre de réaction ici).

Eh bien en fait, c'est loin d'être déplaisant, il y a même encore une fois beaucoup de belle musique dans cette oeuvre, même si j'avoue que les passages avec récitant ne m'ont pas convaincu (mais bon, déjà, le sujet et le texte sont un obstacle pour moi) et que ce sont plutôt les passages orchestraux qui m'ont séduit, notamment l'introduction et la 'Conversation' orchestrale peu avant la fin de l'oeuvre. Comme toujours, le sens de l'orchestration et l'élan impulsé par Rubbra (c'est infiniment moins statique à mon goût que les oratorios d'Elgar) font mouche, et ça me suffit à considérer cette neuvième comme un complment intéressant à ses symphonies purement orchestrales.
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MessageSujet: Re: Edmund Rubbra (1901 - 1986)   Edmund Rubbra (1901 - 1986) - Page 2 EmptyDim 8 Déc 2019 - 14:33

Roupoil a écrit:
Si on ajoute à ça le fait [...] que c'est assez lent sur quasiment toute la durée de l'oeuvre (trois quarts d'heure), ça avait vraiment tout pour me déplaire

Tout le contraire de moi Laughing (d'ailleurs, en règle générale, Rubbra prise particulièrement les tempi lents ou modérés – ils suffit de voir la proportion de mouvements lents finaux et de codas apaisées)...

Citation :
(pour situer un peu, je trouve par exemple que les oratorios d'Elgar d'Elgar sont des somnifères puissants, je craingnais fort le même genre de réaction ici).

[...]c'est infiniment moins statique à mon goût que les oratorios d'Elgar

C'est surtout que le langage est tellement plus riche (pas la même époque non plus)...
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MessageSujet: Re: Edmund Rubbra (1901 - 1986)   Edmund Rubbra (1901 - 1986) - Page 2 EmptyMar 10 Déc 2019 - 22:11

Le Canto de la Sixième est vraiment d'une beauté renversante... Sad

Pour ceux qui ne connaissent pas Rubbra et ne savent pas par quel bout y entrer, je vous conseille d'écouter ce morceau (mais ce n'est que mon avis, le compositeur a d'autres cordes à son arc Smile ).
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MessageSujet: Re: Edmund Rubbra (1901 - 1986)   Edmund Rubbra (1901 - 1986) - Page 2 EmptySam 25 Juil 2020 - 19:21

Edmund Rubbra (1901 - 1986) - Page 2 The_ro10


Le concerto pour piano de Rubbra n'est pas l'œuvre la plus enregistrée du répertoire, et pour cause ! C'est un anti-concerto au sens commun (virtuosité, déluge de notes, piano luttant avec l'orchestre), un concerto au sens propre (orchestre et piano collaborent, ce dernier étant primus inter pares).

Les versions qui m'étaient passées par les oreilles, à savoir  Matthews/Sargent (anciennement EMI réédité chez Warner) et Binns/Handley (enregistrement BBC), avaient attisé ma curiosité mais sans me convaincre vraiment. Pas d'effets qui titillent les sens, de mélodies ronge-méninges, plutôt du pastoralisme anglais avec des touches typiques de Rubbra. La récente version Lane/Botstein, récemment publiée chez Hyperion, a toutefois changé la donne.

Premièrement, et ce n'est jamais une mauvaise chose, une captation flatteuse et récente. Plus important, une minute de plus dans les deux premiers mouvements. Et cela m'a ouvert des perspectives complètement différentes... Au lieu de l'anti-concerto au pouls plat, voilà un sortilège ennivrant qui révèle un monde au seuil du sommeil et de la conscience... La critique anglo-saxonne a éreinté cet aspect (surtout dans le Bliss qui l'accompagne), ce fut pour ma part la clé de ce coffre, resté inaccessible autrement.

Les bois verts ou criards du premier mouvement sont transformés en effluves stupéfiants. Les notes initiales égrennées par le piano se déplient lentement comme les pétales d'une fleur aux formes tourmentées, arachnéennes... Une langueur faunesque, sans l'énergie latente, ou l'ouverture du Jour d'été à la montagne de d'Indy, avec la promesse fort lointaine du soleil... voire  la fin apaisée de La Nuit sur le Mont Chauve en guise de préambule. Quant à la référence botanique, elle n'est pas dénuée de sens, le I étant titré corymbus, ces inflorescences en bouquet étale...

Le Dialogue central est exactement ce que le nom indique. Son ouverture en catiminie, douce, douloureuse mais presque muette, est tellement plus poignante prise à ce rythme, plus mystérieuse... Lorsque orchestre et piano s'intensifient, l'éclaircie ne dure jamais, l'atmosphère est plutôt celle de la peine contenue, jusqu'à l'apaisement. Cest également le mouvement où la dédicace à Ali Akbar Khan, le virtuose du sarod, est la plus évidente. L'instabilité tonale évoque, même fugacement, l'Inde.

Lorsqu'arrive le dernier mouvement, le plus extraverti (Danza alla rondo) avec ses lointains échos de Prokofiev, ne seraient-ce pas les pattes d'une araigne qui se déploient plutôt que des pétales, et les fils tissés par le piano un piège de soie, dont l'auditeur a été la victime ? La très longue cadence du piano est une récapitulation de tous les thèmes précédents. Aucune forme d'hyperpraxie digitale et de pyrotechnie sonore, uniquement un étrange pot-pourri aux vapeurs intoxicantes. L'engourdissement fait place à une vision éthérée, l'orchestre revient pour déployer quelques zébrures moirées de harpe et de célesta, avant un court trait de piano et de ses accompagnateurs pour signifier la fin de la vision.

Superbe.
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MessageSujet: Re: Edmund Rubbra (1901 - 1986)   Edmund Rubbra (1901 - 1986) - Page 2 EmptyMar 24 Nov 2020 - 0:12

Tiré du fil Musique anglaise du XXème
Eusèbe a écrit:
@Mefistofeles
Au moment de la Rubramania du forum, j'avais écouté ses quatuors, j'ai en particulier un très bau souvenir du 2e (par les Maggini, of course)

Merci bien ! J'ai donc suivi ces sages conseils et été écouter ce quatuor par les incomparables Maggini (puis les Sterling pour voir ce que donnaient d'autres interprètes). Je suis toutefois bien ennuyé car si la facture en est plus que compétente, le résultat m'a laissé bien froid. C'est d'un post-romantisme particulìerement austère, du Beethoven sans les audaces, du moins, audiblement. Le II, enlevé, est polimetrico : oui, poli mais il tricote. Le III est une cavatine très dépouillée. C'est beau, grave, le mouvement qui m'a marqué le plus, mais je m'ennuie un peu. l'Allegro indiqué en conclusion est une indication surprenante eu égard à la lancinante introduction mais l'explication se trouve rapidement après l' accélération. Toutefois, je n'accroche toujours pas : le matériau manque de saillances à mon goût, ou d'une atmosphère unique (autre qu'une réunion de capucins en haire du dimanche). Pas pour moi, je le crains...
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MessageSujet: Re: Edmund Rubbra (1901 - 1986)   Edmund Rubbra (1901 - 1986) - Page 2 EmptyMar 24 Nov 2020 - 10:59

Mefistofele a écrit:
du Beethoven sans les audaces

Ah oui carrément ? Surprised

Bon cela dit, Rubbra sans les sortilèges de l'orchestre, ça ne m'attire pas outre mesure (par ailleurs, si je me décide un jour à me mettre sérieusement au régime quatuors à cordes, mes priorités seront plutôt vers l'est)...
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MessageSujet: Re: Edmund Rubbra (1901 - 1986)   Edmund Rubbra (1901 - 1986) - Page 2 EmptyMar 24 Nov 2020 - 11:28

J'ai trouvé le langage très rétrograde, et si je perçois une certaine beauté formelle, je me suis franchement ennuyé. tongue
Ceci dit, il semblerait que ce quatuor soit un hapax et que le reste soit écrit dans une esthétique fort différente. Dont acte, j'essaierai à l'occasion.

Pareillement, l'idée de Rubbra sans l'orchestre me semblait baroque, mais je raffole bien de Bridge ou Bax chambristes, alors pourquoi pas lui aussi ? Mauvaise pioche pour ce coup-ci.

Quatuors à cordes : je suis venu à la musique de chambre sur le tard, et il y a effectivement bien plus prioritaire à écouter. Maintenant, la diversité du langage est telle, je serais bien embarassé de te donner des conseils pour commencer. Typiquement, Beethoven, Bartók et Shosta étaient en ce qui me concerne trop abrupts (même si j'aime bien les deux derniers et que je vénère le premier aujourd'hui), un parcours intelligent doit permettre d'éviter le découragement et la saturation. Tant de beautés à admirer une fois la porte du cabinet crochetée...
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MessageSujet: Re: Edmund Rubbra (1901 - 1986)   Edmund Rubbra (1901 - 1986) - Page 2 EmptyMar 24 Nov 2020 - 12:11

Mefistofele a écrit:
Quatuors à cordes : je suis venu à la musique de chambre sur le tard, et il y a effectivement bien plus prioritaire à écouter.

Ah non, je ne suis pas du tout d'accord ! tutut La musique de chambre (et le quatuor à cordes en particulier) représente une part essentielle du répertoire – peut-être même plus essentielle que l'orchestre (certains te diront que ce dernier n'est qu'un enrobage fluo destiné au grand public Mr.Red ).
Personnellement j'écoute surtout de l'orchestre en raison de tendances plutôt hédonistes et monomaniaques (et par ailleurs je suis moins boulimique que beaucoup ici, donc mes écoutes sont plus ciblées), mais je ne considère absolument pas que le répertoire symphonique soit objectivement prioritaire.
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MessageSujet: Re: Edmund Rubbra (1901 - 1986)   Edmund Rubbra (1901 - 1986) - Page 2 EmptyMar 24 Nov 2020 - 13:30

Justement, c'est cette austérité et cette pudeur que j'avais appréciées - la cavatine en particulier, peut-être pas étrangère à la musique sacrée de Rubbra. Mais je suis un fan de quatuors, y compris dans ce que le genre peut avoir d'ascétique. Je partage donc ton impression

Golisande: Rubbra n'est certainement pas prioritaire pour une initiation au quatuor (c'est peut-être cela que voulait dire Méfistofeles). Connaissant un peu tes tropismes, les quatuors français, Debussy, Fauré, Ravel, Roussel pourraient être une bonne entrée en matière.
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