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| | LULLY : Oeuvre religieuse | |
| Auteur | Message |
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Hidraot Mélomane chevronné

Nombre de messages : 12971 Localisation : Paris Date d'inscription : 27/12/2008
 | Sujet: LULLY : Oeuvre religieuse Mer 28 Déc 2011 - 23:55 | |
| LULLY est surtout connu pour ses divertissements et sa musique de scène, mais la musique religieuse occupe une part non négligeable de son œuvre. Il est en partie responsable de l’élaboration de la forme du grand motet qui restera si chère à la France. Dans son œuvre religieuse point de messe mais uniquement des grands motets, dont des grands motets à double chœurs dont il est l’instigateur, et des petits motets. Voici une liste non exhaustive des motets de LULLY : Les grands motets : 1664 LWV. 25 : Miserere 1664 LWV. 26 : O Lachrymae 1668 LWV. 37 : Plaude Laetare 1677 LWV. 55 : Te Deum 1683 LWV. 62 : De profundis 1683 LWV. 64/1 : Dies Irae 1684 LWV. 64/2 : Benedictus 1685 LWV. 67 : Quare fremuerunt LWV. 77/14 : Domine salvum fac regem LWV. 77/15 : Exaudiat te Dominus LWV. 77/16 : Jubilate Deo omnis terra LWV. 77/17 : Notus in judae Deus Les petits motets : LWV. 77/1 : Anima Christi LWV. 77/2 : Ave coeli munus supernum LWV. 77/3 : Dixit Dominus LWV. 77/4 : Domine salvum fac regem LWV. 77/5 : Exaudi Deus deprecationem LWV. 77/6 : Iste sanctus LWV. 77/7 : Laudate pueri Dominum LWV. 77/8 : Magnificat anima mea LWV. 77/9 : O Dulcissime LWV. 77/10 : Omnes gentes LWV. 77/11 : O Sapientia LWV. 77/12 : Regina coeli LWV. 77/13 : Salve regina LWV. 77/18 : « il faut périr, pécheur » musique perdue Une discographie : La discographie n'est pas très abondante mais est dans l'ensemble de très bonne qualité. La quasi intégralité des motets cités ci-dessus a été enregistrée. Les grands motets :  Dies Irae et Te Deum Fallait bien la citer voilà c'est fait  Paillard dans LULLY, ça se passe de commentaire.   Dies Irae, Miserere et un motet de Du Mont Un Dies Irae que j'aime particulièrement ... Herreweghe y est parfait.    Ce CD comprend le O Dulcissime et le laudate pueri dominum considérés comme des petits motets.  Coffret édité récemment qui comprend les 3 CDs enregistrés par Niquet. Les petits motets : 
Dernière édition par Hidraot le Jeu 29 Déc 2011 - 0:28, édité 1 fois |
|  | | Hidraot Mélomane chevronné

Nombre de messages : 12971 Localisation : Paris Date d'inscription : 27/12/2008
 | Sujet: Re: LULLY : Oeuvre religieuse Jeu 29 Déc 2011 - 0:26 | |
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|  | | Guillaume lapineau huguenot

Nombre de messages : 17530 Age : 27 Localisation : Paris Date d'inscription : 27/06/2006
 | Sujet: Re: LULLY : Oeuvre religieuse Jeu 29 Déc 2011 - 9:21 | |
| Merci pour le point discographique, donc en fait il n'y a que Niquet et Schneebeli à avoir enregistré plusieurs CDs de Grands motets. Pour les Petits, effectivement, j'ai Christie. |
|  | | Mariefran Mélomane nécrophile

Nombre de messages : 14259 Age : 59 Localisation : Lille Date d'inscription : 25/02/2008
 | Sujet: Re: LULLY : Oeuvre religieuse Dim 18 Nov 2012 - 0:41 | |
| Il faut que j'achète le Cd de Christie des Petits Motets : j'ai été bouleversée aujourd'hui par le Ô dulcissime Domine. Moins par le Dixit Dominus, mais c'était bien quand même.
EDIt : je vois qu'il existe ça aussi : http://www.amazon.fr/Petits-Motets-Jean-Baptiste-Lully/dp/B000027NVW Lequel me conseillez-vous ? |
|  | | Mélomaniac Mélomane chevronné

Nombre de messages : 28619 Date d'inscription : 21/09/2012
 | Sujet: Re: LULLY : Oeuvre religieuse Dim 18 Nov 2012 - 1:29 | |
|  Merci beaucoup Hydraot pour cet état des lieux de la discographie lullyste ! Je rêverais que tu puisses réaliser un similaire panorama, plus large, au sujet de la musique religieuse sous Louis XIII - Louis XIV ! |
|  | | Hidraot Mélomane chevronné

Nombre de messages : 12971 Localisation : Paris Date d'inscription : 27/12/2008
 | Sujet: Re: LULLY : Oeuvre religieuse Dim 18 Nov 2012 - 2:44 | |
| - Mariefran a écrit:
- Il faut que j'achète le Cd de Christie des Petits Motets : j'ai été bouleversée aujourd'hui par le Ô dulcissime Domine. Moins par le Dixit Dominus, mais c'était bien quand même.
EDIt : je vois qu'il existe ça aussi : http://www.amazon.fr/Petits-Motets-Jean-Baptiste-Lully/dp/B000027NVW Lequel me conseillez-vous ? En fait, c'est le même que celui que j'ai mis - Mélomaniac a écrit:
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Merci beaucoup Hydraot pour cet état des lieux de la discographie lullyste !
Je rêverais que tu puisses réaliser un similaire panorama, plus large, au sujet de la musique religieuse sous Louis XIII - Louis XIV ! Sous Louis XIII je ne connais pas grand chose à part Du Mont et Lambert ... sous Louis XIV c'est énorme mais on peut faire une discographie non exhaustive tout de même. |
|  | | Mélomaniac Mélomane chevronné

Nombre de messages : 28619 Date d'inscription : 21/09/2012
 | Sujet: Re: LULLY : Oeuvre religieuse Dim 18 Nov 2012 - 3:15 | |
| - Hidraot a écrit:
Sous Louis XIII je ne connais pas grand chose à part Du Mont et Lambert ... sous Louis XIV c'est énorme mais on peut faire une discographie non exhaustive tout de même. Certes sous Louis XIII y a pas grand chose. Je te vois bien te lancer dans un panorama du Motet, de Du Mont à Rameau ! Je serai ton plus fervent lecteur ! Une discographie exhaustive serait fastidieuse, mais une anthologie représentative et avec ton avis serait super ! On t'encourage ! ! ! ! !  |
|  | | Hidraot Mélomane chevronné

Nombre de messages : 12971 Localisation : Paris Date d'inscription : 27/12/2008
 | Sujet: Re: LULLY : Oeuvre religieuse Dim 18 Nov 2012 - 3:37 | |
| En effet c'est encourageant Je vais essayer de réfléchir à ça ... sans que ça fasse doublon avec les fils sur les compositeurs baroques qui sont souvent généraux et discographiques. |
|  | | Mariefran Mélomane nécrophile

Nombre de messages : 14259 Age : 59 Localisation : Lille Date d'inscription : 25/02/2008
 | |  | | Mélomaniac Mélomane chevronné

Nombre de messages : 28619 Date d'inscription : 21/09/2012
 | Sujet: Re: LULLY : Oeuvre religieuse Dim 18 Nov 2012 - 12:44 | |
| - Hidraot a écrit:
- En effet c'est encourageant
Je vais essayer de réfléchir à ça ... sans que ça fasse doublon avec les fils sur les compositeurs baroques qui sont souvent généraux et discographiques. Oui, diverses informations sont certainement déjà éparpillées sur le Forum. L'enjeu est de rassembler et fédérer tout ça sous forme d'un dossier qui dégage les grands axes (chronologiques, thématiques... ?) et structure une présentation critique d'une discographie essentielle. Je suis assez intéressé à l'affaire car je dispose de quelques points de repères mais pas de vision d'ensemble. Dans ce répertoire, je n'ai que quelques CDs et j'aimerais bien étoffer méthodiquement ma discographie de musique religieuse sous l'Ancien Régime. C'est dire si on compte sur toi ! ! |
|  | | Polyeucte Mélomane chevronné

Nombre de messages : 20502 Age : 38 Date d'inscription : 03/07/2009
 | Sujet: Re: LULLY : Oeuvre religieuse Lun 15 Juil 2019 - 13:04 | |
| Parution début aout d'un disque de grands motets de LULLY :   _________________ Les Carnets d'Erik, le retour!
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|  | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 12295 Age : 46 Date d'inscription : 02/03/2014
 | Sujet: Re: LULLY : Oeuvre religieuse Lun 15 Juil 2019 - 13:14 | |
| Vidal + Auvity et le Chœur de Chambre de Namur, ça fait envie... En revanche, ce qui me fait un peu peur, c'est que Leonardo García rajoute dans LULLY des parties de zarb et de rebâb en quarts de ton et autres ornements Alarcón. |
|  | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable

Nombre de messages : 91202 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
 | Sujet: Re: LULLY : Oeuvre religieuse Lun 15 Juil 2019 - 16:10 | |
| Oh mon Dieu, ces six solistes !! Non, pas de risque, Alarcón peut être d'un goût parfait – son Dido & Æneas en témoigne, tellement vivant dans le verbe, et si peu tourné vers l'effet d'orchestre… Ça promet pas mal (mais je ne connais pas son orchestre). |
|  | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 12295 Age : 46 Date d'inscription : 02/03/2014
 | Sujet: Re: LULLY : Oeuvre religieuse Lun 15 Juil 2019 - 16:38 | |
| «Millenium Orchestra», en effet, ça ne me dit rien. Peut-être que l'orchestre s'appelle comme ça parce que leurs continuistes ressemblent à... - ceci:
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|  | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 12295 Age : 46 Date d'inscription : 02/03/2014
 | Sujet: Re: LULLY : Oeuvre religieuse Dim 15 Sep 2019 - 21:24 | |
| • Dies iræ. De profundis. Te DeumSophie Junker, Judith Van Wanroij (dessus), Matthias Vidal, Cyril Auvity (hautes-contre), Thibaut Lenaerts (taille), Alain Buet (basse-taille), Leonardo García Alarcón / Chœur de Chambre de Namur, Millenium Orchestra Versailles, II.2018 AlphaTout d’abord, me voici rassuré: le «Millenium Orchestra» (qui donc n’a rien à voir avec Mikaël Blomkvist et Lisbeth Salander) est un ensemble idéalement calibré pour ce répertoire (Patrick Cohën-Akenine comme premier violon!), et sans les ajouts d’instruments exotiques dont Alarcón gratifie parfois Monteverdi ou Falvetti. Ce qu’on entend ici est franchement exaltant, d’abord, justement, en raison de l’orchestre: par rapport au Te Deum de Dumestre (déjà capté par Alpha dans la Chapelle Royale du Château de Versailles, en 2013), le spectre orchestral est plus plein et plus coloré - l’éclat des cuivres, les timbres sombres et grenus des anches et des basses, la densité des violons, tout cela absolument somptueux (cela dit, l’aération, la clarté et la finesse des textures du Poème Harmonique avaient leur charme.) Le Chœur de Chambre de Namur est, comme à son habitude, parfait - lui aussi coloré et charnu, mais toujours admirablement net et détaillé. Et puis, on s’en doute, le plateau de solistes vocaux est ici extraordinaire - en particulier chez les haute-contres: Matthias Vidal semble une fois encore se surpasser dans cette éloquence presque douloureuse à force d’intensité - mais à vrai dire, les six chanteurs sont extraordinaires (alors que chez Dumestre, Reinoud van Mechelen et Jeffrey Thompson, bon...) J’ai parlé de l’éloquence intense de Matthias Vidal: celle-ci répond en fait assez étroitement aux conceptions d’Alarcón qui introduit ici une variété d’accents, souligne les inégalités, détaille les phrasés de manière imaginative et expressive. Et de fait, on pourrait légitimement trouver cette façon extravertie et dramatique de travailler la déclamation trop «mondaine» (proche d’un style de tragédie lyrique) si ce n’est légèrement anachronique (plus proche de la rhétorique des Grands Motets d’un Delalande ou d’un Desmarest que du hiératisme LULLYste.) De fait non seulement Herreweghe (dans le Dies iræ) mais même Dumestre (dans le Te Deum, donc) proposent des rythmes plus carrés, du phrasés plus droits; et dans le cas d’Herreweghe, une atmosphère globalement plus recueillie. (Je n’ai en revanche pas réécouté Niquet pour comparer.) Il n’empêche: cet enregistrement est absolument superbe. Ceux qui aiment déjà les Grands Motets de LULLY y trouveront une lecture électrisante et somptueuse de ces œuvres, et ceux qui n’en raffollent pas pourront découvrir qu’en fait ces Motets ne le cèdent en rien en substance musicale aux réussites plus sophistiquées de la «Deuxième École.» |
|  | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable

Nombre de messages : 91202 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
 | Sujet: Re: LULLY : Oeuvre religieuse Lun 16 Sep 2019 - 0:06 | |
| Oui, c'est incroyable. J'avais toujours trouvé les grands motets de LULLY, quoique fort beaux, inférieurs au reste de sa production ou à ceux de Lalande, Desmarest ou Campra. Alarcón révèle qu'il n'en est rien – avec Herreweghe, j'avais trouvé le Dies iræ assez terne, presque un petit moment de chapelle latérale.
Ces couleurs de terre et d'or, ce relief, ces solistes : la fraîcheur de Junker (que j'ai trouvée extraordinaire aussi dans de l'oratorio dano-allemand), la sophistication de Wanroij, et ce plateau d'hommes absolument dingue (Vidal à qui reviennent la plupart des solos, Auvity, Lenaerts, Buet, c'est l'extase !).
Très grand disque, même LE disque de grands moments LULLYstes à acquérir. |
|  | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 12295 Age : 46 Date d'inscription : 02/03/2014
 | Sujet: Re: LULLY : Oeuvre religieuse Ven 12 Mar 2021 - 19:52 | |
| • Dies Iræ. O Lachrymæ. De profundisStéphane Fuget / Les Epopées Versailles, VII.2020 Château de VersaillesUn disque assez surprenant - surtout en ayant encore dans l’oreille le disque d’Alarcón (ou on trouvait déjà le Dies Iræ et le De profundis - avec le Te Deum, d’une toute autre inspiration, il est vrai.) J’ai l’impression que Fuget veut donner à entendre autre chose. L’orchestre sonne avec une opulence, une profondeur et un fondu auxquels je ne m’attendais pas vraiment dans ce répertoire XVIIᵉ - et même une légère opacité. Et ce qui vaut pour le spectre sonore vaut aussi pour la conduite du discours: celui-ci est très intégré, avec une façon assez surprenante de réduire les discontinuités par une sorte de «tuilage dans l’écho» (j’ai du mal à mieux le formuler: on dirait que chaque section commence de façon un peu étouffée dans la réverbération de celle qui précède.) Et cela vaut encore pour le traitement des voix solistes: alors même qu’on a ici une line-up démentielle (Ambroisine Bré, Claire Lefilliâtre, Cyril Auvity, Serge Goubioud, Marc Mauillon, Benoît Arnould…), on a l’impression que leurs interventions ne se détachent jamais complètement de leur contexte sonore, qu’elles constituent davantage comme de brusques nervures déclamatoires faisant brièvement saillie au sein de la masse chorale que de véritables parties indépendantes - comme si le flumen orationis l’emportait sur les contrastes de la rhétorique. Par ailleurs, il m’a semblé que l’expression même de ce grand flux musical est aussi comme concentrée dans un dolorisme assez impressionnant (qu’on chercherait en vain à ce degré, et avec cette constance chez Alarcón.) Je ne sais si c’est là surinterpréter ses intentions, mais j’ai eu l’impression que Fuget avait en fait chercher à déployer, dans cette sorte de grand drapé mortuaire, tout l’imaginaire d’un certain baroque funèbre - et peut-être cette atmosphère pénitentielle qu’on prête aux dernières années du règne de Louis XIV. (Et en cela, il faut reconnaître qu’en dépit de son relatif anachronisme, le choix du Transi de René de Chalon de Ligier Richier pour la couverture est en parfaite adéquation avec son projet.) Cela correspond-il réellement à l’esthétique (et à l’époque) des Grands Motets de L ULLY? Est-ce servir au mieux les potentialités de leur langage? Je n’en suis vraiment pas sûr. Mais force est de constater que ce disque donne à entendre autre chose dans ces pages, et avec une vraie cohérence esthétique.
Dernière édition par Benedictus le Sam 13 Mar 2021 - 14:39, édité 1 fois |
|  | | arnaud bellemontagne Gourou-leader

Nombre de messages : 21395 Date d'inscription : 22/01/2010
 | Sujet: Re: LULLY : Oeuvre religieuse Ven 12 Mar 2021 - 23:39 | |
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|  | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 12295 Age : 46 Date d'inscription : 02/03/2014
 | Sujet: Re: LULLY : Oeuvre religieuse Sam 13 Mar 2021 - 1:19 | |
| Arnaud qui poste dans un fil L ULLY! (Mais que ne m'a-t-il pas fallu faire pour y parvenir...) |
|  | | arnaud bellemontagne Gourou-leader

Nombre de messages : 21395 Date d'inscription : 22/01/2010
 | Sujet: Re: LULLY : Oeuvre religieuse Sam 13 Mar 2021 - 11:18 | |
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|  | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable

Nombre de messages : 91202 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
 | Sujet: Re: LULLY : Oeuvre religieuse Sam 13 Mar 2021 - 14:29 | |
| - Benedictus a écrit:
- J’ai l’impression que Fuget veut donner à entendre autre chose. L’orchestre sonne avec une opulence, une profondeur et un fondu auxquels je ne m’attendais pas vraiment dans ce répertoire XVIIᵉ - et même une légère opacité. Et ce qui vaut pour le spectre sonore vaut aussi pour la conduite du discours: celui-ci est très intégré, avec une façon assez surprenante de réduire les discontinuités par une sorte de «tuilage dans l’écho» (j’ai du mal à mieux le formuler: on dirait que chaque section commence de façon un peu étouffée dans la réverbération de celle qui précède.) Et cela vaut encore pour le traitement des voix solistes: alors même qu’on a ici une line-up démentielle (Ambroisine Bré, Claire Lefilliâtre, Cyril Auvity, Serge Goubioud, Marc Mauillon, Benoît Arnould…), on a l’impression que leurs interventions ne se détachent jamais complètement de leur contexte sonore, qu’elles constituent davantage comme de brusques nervures déclamatoires faisant brièvement saillie au sein de la masse chorale que de véritables parties indépendantes - comme si le flumen orationis l’emportait sur les contrastes de la rhétorique. Par ailleurs, il m’a semblé que l’expression même de ce grand flux musical est aussi comme concentrée dans un dolorisme assez impressionnant (qu’on chercherait en vain à ce degré, et avec cette constance chez Alarcón.)
Je ne sais si c’est là surinterpréter ses intentions, mais j’ai eu l’impression que Fuget avait en fait chercher à déployer, dans cette sorte de grand drapé mortuaire, tout l’imaginaire d’un certain baroque funèbre - et peut-être cette atmosphère pénitentielle qu’on prête aux dernières années du règne de Louis XIV. (Et en cela, il faut reconnaître qu’en dépit de son relatif anachronisme, le choix du Transi de René de Chalon de Ligier Richier pour la couverture est en parfaite adéquation avec son projet.)
Cela correspond-il réellement à l’esthétique (et à l’époque) des Grands Motets de LULLY? Est-ce servir au mieux les potentialités de leur langage? Je n’en suis vraiment pas sûr. Mais force est de constater que ce disque donne à entendre autre chose dans ces pages, et avec une vraie cohérence esthétique. Je partage ta surprise / tes impressions. Il faut considérer d'une part l'acoustique de la Chapelle Royale, très audible sur l'enregistrement, d'où le brouillage des sons. Hors orgue solo, du fond, on n'entend pas grand'chose de distinct. Fuget intègre clairement cette donnée dans sa conception. Il y a aussi l'emploi de l'instrumentarium authentique (avec toute la famille de violons qui ne correspond plus aux nôtres : dessus plus petit ; haute-contre, taille, quinte plus grands), auquel sont formés les jeunes instrumentistes qui interviennent dans ce disque (issus du CRR de Paris, du Pôle Supérieur de Boulogne, et quelques membres des conservatoires de l'Ouest francilien, Versailles, Cergy…), plus difficilement maniable, plus progressif aussi, qui crée cette impression de plein, contrairement à l'instrumentarium à l'italienne où les cordes aiguës sont plus agiles et déconnectées de basses. À cela s'ajoute cette conception continue, très fondue, qui me frustre un peu (en réécoutant García Alarcón après, le contraste est vraiment spectaculaire avec l'exaltation rhétorique, la jubilation aussi qui en émane). Je ne suis pas fan, mais ça propose une autre vision, intéressante, et appuyée sur les dernières études en matière d'organologie. |
|  | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 12295 Age : 46 Date d'inscription : 02/03/2014
 | Sujet: Re: LULLY : Oeuvre religieuse Sam 13 Mar 2021 - 21:54 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
- Il y a aussi l'emploi de l'instrumentarium authentique (avec toute la famille de violons qui ne correspond plus aux nôtres : dessus plus petit ; haute-contre, taille, quinte plus grands), auquel sont formés les jeunes instrumentistes qui interviennent dans ce disque (issus du CRR de Paris, du Pôle Supérieur de Boulogne, et quelques membres des conservatoires de l'Ouest francilien, Versailles, Cergy…), plus difficilement maniable, plus progressif aussi, qui crée cette impression de plein, contrairement à l'instrumentarium à l'italienne où les cordes aiguës sont plus agiles et déconnectées de basses.
[...] Je ne suis pas fan, mais ça propose une autre vision, intéressante, et appuyée sur les dernières études en matière d'organologie. Ah, alors ça, je ne savais pas du tout - d'ailleurs, je n'ai pas l'impression qu'il en soit question dans la notice (dans sa note d'intention, parcourue en diagonale, Fuget ne semble parler que de l'ornementation, bizarrement.) Ça ne fait que renforcer l'intérêt de l'exercice, en effet. |
|  | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable

Nombre de messages : 91202 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
 | Sujet: Re: LULLY : Oeuvre religieuse Sam 13 Mar 2021 - 22:04 | |
| C'est maintenant la norme pour les jeunes instrumentistes d'Île-de-France : ils travaillent en partenariat avec le CMBV qui a commandé cette famille française de violons à un luthier, et beaucoup de leurs productions incluent ensuite ces instruments, c'est une partie de leur formation. De même, beaucoup d'expérimentations sur la déclamation (français restitué obligatoire  ), essais de recitar cantando pas vraiment chanté (pas très convaincant, mais intéressant), et dernièrement un très gros continuo qui accompagne tout ensemble et non plus par défaut juste la gambe et le clavecin. Tout ça suit l'évolution de la recherche, qui s'incarne dans les productions des conservatoires et du CMBV. Maintenant en plus, les jeunes générations savent manier ces crincrins et pouêt-pouêts spécifiques. |
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 | Sujet: Re: LULLY : Oeuvre religieuse  | |
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