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 Moussorgski : Œuvres pour piano

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Анастасия231
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Анастасия231


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MessageSujet: Moussorgski : Œuvres pour piano    Moussorgski : Œuvres pour piano  EmptyMar 3 Jan 2012 - 16:35

Un peu de biographie :

Deuxième fils d'une grande famille - les Moussorgski descendaient en droite ligne, semble-t-il, de Rorik, le roi viking fondateur de l'Empire russe au IXème siècle, à Novgorod - Modeste, né à Karevo, près de Pskov en 1839, suivit la trajectoire familiale en entrant à l'âge de 13 ans à l’École des cadets de la Garde, à Saint-Pétersbourg : Un refuge de "Blousons dorés" se soûlant virilement (au champagne plutôt qu'à la vodka). Discipline de fer et alcoolisme : C'est sans doute, les deux enseignements majeurs que le jeune diplômé de 1856 retiendra de ces quatre années, sombrant dans l'un et rejetant l'autre. La musique n'avait cependant cessé de l'habiter, et il avait tiré grand profit de ses leçons avec Anton Herke, un disciple d'Adolf von Henselt, qui lui avait fait découvrir Beethoven, Hummel, Field, Lizst et Schumann. Par ailleurs, sa passion pour la philosophie allemande et pour l'histoire, combattue par ses premiers maîtres d'études, s'était développé.


C'est sans doute le compositeur Alexandre Dargomyjski, à l'époque très célèbre et considéré comme le maître de l’École russe, qui fixa définitivement la vocation de musicien de Moussorgski. Séduit par ce jeune pianiste très doué, il lui fit rencontré le critique Vladimir Stassov, César Cui et, surtout, Mili Balakirev, chargé, sans en avoir forcément toutes les compétences, de combler ses lacunes et d'initier à l'école moderne. en 1858, Moussorgski se voulut définitivement musicien et démissionna de la Garde impériale. À ces années formatives succédèrent des années de crises - artistique, morale, mystique, financière (l'abolition du servage le 3 mars 1861 appauvrira considérablement sa famille). Attiré par le réalisme, Moussorgski travailla fiévreusement à une Salammbô jusqu'en 1866, tout en faisant tristement le rond-de-cuir à l'administration. Le Groupe des Cinq (que l'appellation russe de "Puissant petit groupe" a le mérite de ne pas figer à ce nombre trop restrictif et peu conforme à la réalité mouvante du terrain) existait déjà, regroupant autour de... Ben vous saurez qui. C'était donc un groupe considéré par les autorités impériales comme "révolutionnaire" et "ultranationaliste"...

Le reste, vous connaissez sûrement déjà : Boris Godounov, Khovanshchina, Les Tableaux d'une Exposition, etc...

En 1880, Moussorgski sera déchu de son poste à l'administration. D'ultimes initiatives de solidarité et de soutien ne feront rien à l'affaire, et en février 1881 il fut hospitalisé après de sévères crises d’épilepsie. Le 2 mars, c'est un mort en sursis qui descendit de sa chambre pour voir Répine installé à son chevalet. 3 semaines plus tard, il expira seul dans sa chambre, entouré de quelques livres dont le Traité d'instrumentation de Berlioz.

Son œuvre pour piano (1858-1880) :

Commençons par l'oméga : Une Larme fut noté quelques mois avant la mort du compositeur, en décembre 1880. Cette plainte crépusculaire à laquelle il ne manque pas la parole, devenue inutile, et d'une sobriété saisissante, le mode majeur venant comme ajouter la consolation d'un ange à la désolation du thème principal. Puis l'alpha : l'Impromptu Passionné, sous-titré Souvenir de Beltov et Liouba, fait lui partie du premier groupe de partitions de Moussorgski, composées de 1857 à 1859. Moussorgski était alors amoureux de Nadège, la jolie sœur de son ami Alexandre Opotchinine ; elle lui accorda son amitié, mais pas son amour...
Le sous-titre, référence à un roman courtois des temps modernes signé Alexandre Herzen, À qui la faute ?, est donc l'écran de fumé qui dissimule la vérité. Cet "Albumblatt" très schumannien, modérément personnel mais sans défaut, existe en deux versions. J'ai en ma possession la seconde version datant du 1er octobre 1859.

La belle Rêverie (Duma en russe) de 1865 est basée sur un thème donné par un des amis de Moussorgski à l'époque, Viaceslav Loginov, membre d'une bohème de six jeunes gens partageant le même appartement et les mêmes rêves révolutionnaires. Mais ici, cette "Douma" en donne l'évidente composante nostalgique.

La Scène de Foire tirée de l'opéra La Foire de Sorotchinsk est une merveilleuse pièce descriptive sauvée par Moussorgski lui-même de son opéra mort-né ; moins populaire que Hopak, une autre pièce sauvée par son auteur, elle fut notée dans sa version pour piano lorsque Moussorgski, privé de ressource, accompagnait en tournée la contralto Daria Leonova qui l'aida beaucoup de 1879 à sa mort (Leonova créa une école de chant à Saint-Pétersbourg et engagea Moussorgski désœuvré comme accompagnateur). Ces pièces de danses et chants populaires se retrouvent dans Au Village, écrit peu avant Une Larme en 1880, comme le prouve l'audition de cette succession de brefs épisodes colorés.

La tournée dans le sud de la Russie eut lieu en été et pendant l'automne de 1879 ; aussi bien l'Ukraine que la Crimée s'avérèrent de puissantes sources d'inspiration pour Moussorgski malgré son état déliquescent. Ainsi, deux scènes Sur les Rivages sud de Crimée également intitulées Gourzouff. Notes de voyage virent le jour, Baïdary et Gourzouff , du nom de deux stations de villégiature sur la Riviera de Crimée. Si le Capriccio Baïdary est une nouvelle manifestation de la vitalité de Moussorgski, modérée par la section centrale, Gourzouff est d'une modernité à couper le souffle, annonçant le Debussy des Préludes et de la Berceuse héroïque, et un XXème siècle déjà bien engagé. Toujours datant de la même période, Hopak (ou Gopak, suivant la transcription) nous transporte en Ukraine et nous fait revenir à La Foire de Sorotchinsk. Il en existe plusieurs versions. C'est une "Joyeuse Gaillarde", que des détails harmoniques et rythmiques hardis viennent sans cesse distraire de la carte postale.

Souvenir d'Enfance date du 16 octobre 1857 ; sa jolie et spirituelle écriture fait penser à un jeune Grieg russe. Mais ce sont les deux Souvenirs d'Enfance de 1865 qui, bien plus, nous annonceront l'extraordinaire évocateur du monde enfantin qu'est Moussorgski (et qui connaîtra son sommet en 1870 avec le cycle de mélodies Enfantines). Le premier de ces deux "souvenirs" Niania et moi, donne de la nurse un visage infiniment tendre, tandis que Première Punition évoque de manière saisissante la panique de l'enfant enfermé dans un cabinet noir.

L'étrange et bougonne La Capricieuse fut composé en même temps que "Duma" et, de même, basé sur un thème donné, ici par le comte Login Geiden, fils du prestigieux vice-amiral de la flotte du tsar. Quant à la Couturière, c'est la seule pièce pour piano écrite entre ses pièces de jeunesses et la dernière floraison de 1879-1880. Nous sommes en 1871, en pleine effervescence de Boris ; virtuose, humoristique, piquant comme une épingle, ce scherzino est une des plus séduisants témoignages de Moussorgski au piano.

Le Scherzo en do dièse mineur lui, remonte à 1858 bien que la deuxième version soit datée de deux ans plus tard, et qu'à la fin de sa vie, Moussorgski en fit une autre version pour piano à quatre mains. En tout cas, l'on comprend l'attachement du compositeur pour ce "péché de jeunesse" : il s'agissait d'un devoir que lui avait imposé son nouveau maître Balakirev, chargé de dégrossir l'incroyable pierre brute qu'il avait découvert dans l'entourage de Dargomyjski. Certes, le langage est encore globalement assez sage, mais déjà s'y retrouve toute l'énergie radicale des Tableaux d'une exposition, adoucie d'un tendre chant populaire dans le trio, quelques mesures de transitions grisantes de nouveauté, sans compter qu'on peut y voir le fantôme du Schubert des Impromptus.

L'expression la plus accomplie du génie chez le jeune Moussorgski se trouve peut-être dans son vaste Intermezzo "in modo classico", dédié à son condisciple Borodine. Écrite en 1861, cette pièce inspirée d'une scène de paysans au soleil d'hiver, fut remaniée en 1867 et orchestrée avec succès, avant que le compositeur ne la retranscrive lui-même pour piano. Tout le fardeau de la vie semble s'incarner ici dans une lourdeur voulue, à peine allégée l'espace d'un instant dans l'étourdissement d'une danse grisante : On n'est pas loin ici des derniers opus de Brahms qui suivront... dans trente ans.

Un retour ultime à l'univers enfantin : Retrouvons le jeune Moussorgski dans ses - bien innocents - Jeux d'enfants en forme de Scherzo (septembre 1959).

Et enfin, Méditation - datant de 1880 - n'est seulement paru qu'en 1888 dans Nuvellist : Muzykalno-Teatralnaïa Gazeta, l'importante revue musicale de Saint-Pétersbourg. Dans cette page d'une grand simplicité, amère et douloureuse à fois, le temps semble s'arrêter.


Dernière édition par Анастасия231 le Jeu 23 Sep 2021 - 23:29, édité 6 fois
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MessageSujet: Re: Moussorgski : Œuvres pour piano    Moussorgski : Œuvres pour piano  EmptyMer 27 Nov 2013 - 23:25

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MessageSujet: Re: Moussorgski : Œuvres pour piano    Moussorgski : Œuvres pour piano  EmptyJeu 28 Nov 2013 - 0:08

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MessageSujet: Re: Moussorgski : Œuvres pour piano    Moussorgski : Œuvres pour piano  Empty

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