Nombre de messages : 818 Date d'inscription : 23/01/2014
Sujet: Re: Compositrices Jeu 15 Jan 2015 - 22:10
j'ai écouté une symphonie de Farrenc, vraiment captivant
Henri Mélomane averti
Nombre de messages : 232 Localisation : Châtillon Date d'inscription : 12/04/2014
Sujet: Re: Compositrices Sam 17 Jan 2015 - 12:08
Pour ma part, j’ai écouté sans déplaisir les trois symphonies et les deux ouvertures d’orchestre de Louise Farrenc, mais même si elle a composé dans la lignée de Beethoven, je n’y ai pas trouvé autant d’émotion qu’à l’écoute de ce dernier. Il est vrai qu’il n’y a guère de compositeurs de la même époque qui puissent supporter la comparaison avec Beethoven. Sans même parler d’émotion, je trouve que ses œuvres symphoniques manquent de caractère. Lorsque vous écoutez les symphonies de Beethoven, vous savez laquelle vous êtes en train d’écouter : la cinquième ne ressemble pas à la sixième, qui ne ressemble pas à la septième, etc. Je ne vais pas dire que les trois symphonies de Louise Farrenc se ressemblent, mais elles n’ont pas chacune un caractère très marquant. Les thèmes ne sont pas remarquables, ils ne font pas une forte impression. Alors la musique de Louise Farrenc a-t-elle été oubliée uniquement à cause de la misogynie de la société ? A mon avis pas seulement. Je pense que le manque d’originalité, de nouveauté est une raison importante dans l’oubli. Et ça concerne aussi beaucoup de compositeurs hommes. Au moins, il existe des enregistrements de la musique de Farrenc, on peut donc se faire une idée. Certains la trouvent captivante, pas moi, l'inverse existe sans doute pour d'autres compositrices, et les mêmes divergences également pour tous les compositeurs, oubliés ou non. Il est toujours possible de réparer des injustices (même si ça fait une belle jambe à ces dames qui ont disparu - ceci dit sans sous-entendu sexiste). Ce qui serait dommage c'est que la même chose se passe avec les compositrices contemporaines, dont beaucoup sont reconnues, ont du succès, sont jouées, mais me semble-t-il plus rarement enregistrées. Qu'en sera-t-il demain de Lera AUERBACH, Rebecca CLARKE, Gloria COATES, Ruth CRAWFORD SEEGER, Kay GARDNER, Peggy GLANVILLE-HICKS, Elena KATS-CHERNIN, Larysa KUZMENKO, Ester MÄGI, Ljubica MARIC, Kelly-Marie MURPHY, Aleksandra PAKHMUTOVA, Alla PAVLOVA, Teresa PROCACCINI, Kaija SAARIAHO, Heather SCHMIDT, Elsbiera SIKORA, Sheila SILVER, Joan TOWER, Nancy VAN DE VATE... et sans doute des dizaines d'autres que je ne connais même pas ?
Oriane Mélomaniaque
Nombre de messages : 1869 Age : 33 Localisation : Orléans-Paris Date d'inscription : 21/07/2013
Sujet: Re: Compositrices Dim 18 Jan 2015 - 16:17
Hildegard von Bingen est pour moi un génie de l'écriture, l'un des plus grands poètes mystiques. J'adore aussi le peu que je connais d'elle en tant que compositrice.
J'aime beaucoup Mel Bonis, surtout Matin et Soir op. 76, deux pièces que j'écoute régulièrement.
J'aime bien Vítězslava Kaprálová! J'ai un CD avec de courtes pièces d'elle, c'est intéressant.
Le peu que je connais de Lili Boulanger me plait bien aussi.
Récemment, j'ai découvert les lieder de Clara Schumann, c'est top !
Sinon, il y a la célèbre Sicilienne de Maria Theresia von Paradis, qui m'émeut beaucoup.
Edit : J'ai aussi appris que Rena Kyriakou composait. Quelqu'un a déjà entendu ses créations?
Iskender Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2680 Age : 57 Localisation : Bretagne Date d'inscription : 11/08/2009
Sujet: Re: Compositrices Lun 19 Jan 2015 - 9:00
De Rebecca Clarke, citée par Henri, la sonate pour alto et piano s'impose petit à petit dans le répertoire des altistes; au moins deux enregistrements existent (un par Tabea Zimmermann et un autre chez naxos). Une oeuvre absolument magnifique dans un esprit debussyste. Il y a aussi un quatuor dont j'ai lu beaucoup de bien mais que je n'ai pas encore écouté.
Chris3 Mélomane chevronné
Nombre de messages : 4542 Date d'inscription : 10/07/2007
Sujet: Re: Compositrices Mar 20 Jan 2015 - 0:11
Pour ceux qui connaissent la vie de Mélanie Bonis (qui signait Mel pour faire plus "viril"), c'est un vrai roman... Et sa musique m'en touche d'autant plus. Le premier morceau de piano que j'ai appris s'appelait Les petits lutins et était l'oeuvre de Marie Jaëll, pédagogue et compositrice célèbre en son temps. Elle a écrit une dizaine d'ouvrages, dont L'art du toucher, régulièrement réédité. Elle était une pianiste excellente (en digne épouse de son mari, le virtuose Alfred Jaëll) et elle interpréta en 3 soirées l'intégrale des sonates de Beethoven. Elle a composé une centaine de pièces, dont certaines furent appréciées de son grand ami Liszt himself, et elle fut en lien avec des gens tels que Koechlin (un compatriote alsacien) ou Saint-Saëns. De nombreux pianistes s'inspirèrent de sa méthode, dont l'un des plus célèbres fut celui que j'appelais le vieux lion (par référence à sa crinière) Eduardo del Pueyo.
Henri Mélomane averti
Nombre de messages : 232 Localisation : Châtillon Date d'inscription : 12/04/2014
Sujet: Re: Compositrices Mar 20 Jan 2015 - 11:16
OK, Mel Bonis, Lili Boulanger, Clara Schuman, von Bingen et von Paradis. Mais tout ça c'est le passé. C'est aux contemporaines qu'il faut s'intéresser. Que dans 50 ans on n'en soit pas encore à les redécouvrir en se lamentant de l'oubli dans lequel elles seront tombées.
Merci Oriane pour Vítězslava Kaprálová que je ne connaissais pas. De très belles musiques de piano. Je ne connaissais pas non plus Rena Kyriakou, ni comme pianiste ni comme compositrice. Mais elle ne semble pas avoir produit beaucoup d'oeuvres, et essentiellement pour le piano. A ce propos, c'est intéressant de voir que ce sont souvent des pianistes qui composent, et en général plutôt pour leur instrument. Comme si la composition venait en plus de leur pratique instrumentale et non pas comme aspiration première. Je n'ai pas l'impression que cela se passe de la même manière pour les hommes, dont la plupart sont d'abord compositeurs, ou en tout cas plus connus en tant que tels qu'en tant qu'instrumentistes.
Oriane Mélomaniaque
Nombre de messages : 1869 Age : 33 Localisation : Orléans-Paris Date d'inscription : 21/07/2013
Sujet: Re: Compositrices Mar 20 Jan 2015 - 17:58
Je crois que le problème de l'absence des femmes n'est pas seulement une question de nombre (il y a une minorité de filles qui font des études de musique, c'est vrai, mais il y a bien quelques compositrices qui tentent leur chance). C'est aussi un problème de reconnaissance.
Je me posais la question concernant les interprètes. Ma passion pour le musique me vient en grande partie de mon intérêt pour certains pianistes, que j'ai "traqués" chez les disquaires d'occasion, sur les marchés aux puces, dans les brocantes ... Parmi eux, un bon tiers étaient des femmes. Curieusement, à virtuosité égale, elles étaient moins rééditées en C.D que les hommes. A la base, je n'étais pas du tout sensibilisée à ces problèmes, mais j'ai quand même fini par me poser des questions ... S'il y a des experts dont il faut "préserver" la mémoire, ce sont en priorité des hommes. Cela va sans dire qu'un nombre important de pianistes mâles talentueux passe aussi à la trappe, mais je ne crois pas que ce soit dans les mêmes proportions.
Au-delà du nombre, il y a la valeur accordée à l'individu, et au genre dans lequel il s'illustre.
Il y a toujours eu des romancières. C'est un genre surtout destiné aux femmes, à la base. Et pour cause, jusqu'au XXe siècle, c'était un genre mineur. Mais combien d'entre elles sont reconnues comme des génies? Et quels types de romans ont-elles la réputation d'écrire?
Autre question : pourquoi y-a-t-il tant de romancières, proportionnellement aux auteures de théâtre et de poésie? N'est-ce pas parce qu'il y a longtemps eu une hiérarchie des genres (littéraires, bien sûr) qui les excluait de ces domaines trop élevés? Le grand paradoxe relevé par Virginia Woolf, c'est qu'un nombre considérable de poèmes et de pièces de théâtre ont une femme pour héroïne ou destinataire. "La femme" est omniprésente en tant que personnage, ou comme instance littéraire. Mais elle ne parle pas en son nom, comme auteur.
C'est une piste de recherche potentielle. Difficile de savoir quelle est la réponse à ces questions. Mais je suis persuadée que ce sont des valeurs profondément ancrées dans les représentations. Éduquer les filles est une chose, leur donner suffisamment de reconnaissance pour parler en leur nom en est une autre.
Et bien entendu, le débat englobe la musique classique : n'est-ce pas un genre particulièrement noble? Qu'il soit démocratisé n'y change rien. Le problème n'est pas tant l'accessibilité d'un domaine, que les valeurs qui lui sont associées.
Chris3 Mélomane chevronné
Nombre de messages : 4542 Date d'inscription : 10/07/2007
Sujet: Re: Compositrices Mar 20 Jan 2015 - 22:58
La Femme comme Muse et non comme créatrice... Celle qui inspire et non celle qui compose. Effectivement, le nombre d'oeuvres littéraires, musicales ou picturales mettant en scène un personnage principal féminin est quasi infini - y compris dans des sociétés où sa place était des plus restreintes !
Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
Sujet: Re: Compositrices Mar 20 Jan 2015 - 23:17
Chris3 a écrit:
Celle qui inspire et non celle qui compose.
Chris, c'est parce que c'est un sujet sur les femmes que tu fais des contrepèteries non salaces?
Pour revenir à la remarque d'Oriane sur les rééditions femmes interprètes, je ne sais pas, je pense que les choses sont plus complexes.
Déjà il y a la question du répertoire. Il me semble que Clara Haskil a toujours été aussi bien rééditée que Wilhelm Kempff (disons), alors que Magda Tagliaferro et Marcelle Meyer beaucoup moins: est-ce que ça ne s'expliquerait pas aussi par le fait que Mozart et Schumann sont plus vendeurs que Milhaud et Couperin, que Reynaldo Hahn et Granados?
DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97897 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
Sujet: Re: Compositrices Mer 21 Jan 2015 - 12:08
En plus des jolies pièces pour piano dont vous parlez, Kaprálová a fait de superbes mélodies tchèques, très accessibles mais très précises dans leur rapport au texte, et personnelles (pas du tout néo non plus). Comme les deux Boulanger, une grande perte pour la musique.
Oriane Mélomaniaque
Nombre de messages : 1869 Age : 33 Localisation : Orléans-Paris Date d'inscription : 21/07/2013
Sujet: Re: Compositrices Mer 21 Jan 2015 - 13:05
[quote="Benedictus"]
Chris3 a écrit:
Pour revenir à la remarque d'Oriane sur les rééditions femmes interprètes, je ne sais pas, je pense que les choses sont plus complexes.
Déjà il y a la question du répertoire. Il me semble que Clara Haskil a toujours été aussi bien rééditée que Wilhelm Kempff (disons), alors que Magda Tagliaferro et Marcelle Meyer beaucoup moins: est-ce que ça ne s'expliquerait pas aussi par le fait que Mozart et Schumann sont plus vendeurs que Milhaud et Couperin, que Reynaldo Hahn et Granados?
Je me suis posé la question aussi. Beaucoup de femmes se sont "spécialisées" dans des répertoires plutôt marginaux, ou du moins, pas trop vendeurs. Iris Loveridge dans l'impressionnisme grand-briton; Sondra Bianca dans le répertoire contemporain, John Field (mais aussi Tchaïkovsky) ...
D'un autre côté, Maria Grinberg et Annie Fischer ont joué Beethoven et Schubert, Gaby Casadesus a joué Ravel et Debussy, Jeanne-Marie Darré a joué Chopin, Livia Rev a joué Mendelssohn et Debussy ... Ce sont des compositeurs vendeurs. Il doit y avoir une question de répertoire, effectivement, mais ça n'explique pas tout.
Concernant Kapralová, il y a quelques oeuvres vraiment belles, dans la continuité de la tradition tchèque, mais aussi influencées par la musique françaises. J'ai un CD qui comprend ses oeuvres de jeunesse (très francisantes) jouées par Virginia Elskin et Stephanie Chase. Je sais qu'il existe un coffret de qualité regroupant divers enregistrements de la radio de Brno. Les oeuvres incluses sont belles, et la plupart des interprétations sont recommandables.
P-S: j'aime aussi beaucoup ses oeuvres vocales.
Henri Mélomane averti
Nombre de messages : 232 Localisation : Châtillon Date d'inscription : 12/04/2014
Sujet: Re: Compositrices Sam 31 Jan 2015 - 1:06
Oriane a écrit:
Il y a toujours eu des romancières. C'est un genre surtout destiné aux femmes, à la base. Et pour cause, jusqu'au XXe siècle, c'était un genre mineur. Mais combien d'entre elles sont reconnues comme des génies?
Il suffit sans doute de regarder le nombre de prix Nobel de littérature, de prix Goncourt, etc. qui sont des femmes.
Sur ce site http://francesginerrios.blogspot.fr/2010/03/les-femmes-et-le-prix-nobel-de.html, je vois que le prix Nobel a été décerné à 12 femmes depuis 1901. ça fait pas beaucoup. Reste à savoir combien il y a de femmes dans le jury. Le Goncourt a été décerné à 10 femmes depuis 1903. Est-ce que recevoir le Nobel ou le Goncourt c'est être considéré comme un (une) génie ? Je ne me prononcerai pas. D'autant que je n'ai jamais lu un seul prix Nobel ni un seul prix Goncourt. Pour être franc je ne lis d'ailleurs jamais de littérature, du moins de littérature romanesque. Autrefois, de la Science-fiction, du fantastique et un peu de polars, mais cela fait des années que je n'en ouvre plus un seul.
Läbip Mélomane averti
Nombre de messages : 344 Date d'inscription : 17/11/2014
Sujet: Re: Compositrices Sam 31 Jan 2015 - 14:25
Elisabeth Claude Jacquet de La Guerre. Il me semble que c'est l'une des plus importantes.
Si un jour j'apprends le clavecin, je voudrais jouer ses suites.
Henri Mélomane averti
Nombre de messages : 232 Localisation : Châtillon Date d'inscription : 12/04/2014
Sujet: Re: Compositrices Sam 31 Jan 2015 - 20:00
Je ne veux pas critiquer les préférences des uns ou des autres, mais quand même, pourquoi faut-il que ce soit toujours dans le passé qu'on aille chercher les "plus importants" ? Pourquoi n'y aurait-il pas de compositrice contemporaine, ou au moins du XXe siècle, aussi importante que l'on trouve importants des Mahler, des Prokoviev, des Ravel, des Shoenberg, des Shostakovich, j'en passe et sans doute encore plus importants.
DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97897 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
Sujet: Re: Compositrices Sam 31 Jan 2015 - 20:49
Personne ne dit que ce n'est pas possible, mais si elle est contemporaine, par définition son œuvre n'est pas encore achevée…
Par ailleurs, un peu de recul ne fait pas de mal. Parmi les vivantes, Gubaidulina, Reverdy, Beamish, Aboulker me paraissent tout particulièrement intéressantes… je ne leur sens tout de même pas le potentiel de La Guerre, Wieck, Schindler ou N. Boulanger, mais elles valent très amplement Bertin, Kinkel, Chaminade, Farrenc, Beach ou Tailleferre.
C'est simplement qu'il faut que le temps passe. Je ne crois pas que la dépréciation d'une femme artiste parce qu'elle est femme soit très en vogue dans la France d'aujourd'hui — ce serait même plutôt le contraire, on aime faire des rétrospective féminines de compositrices qu'on ne jouerait pas, à niveau égal, si elles étaient des hommes (certes parce qu'on manque de bras, je l'admets tout à fait).
Henri Mélomane averti
Nombre de messages : 232 Localisation : Châtillon Date d'inscription : 12/04/2014
Sujet: Re: Compositrices Dim 1 Fév 2015 - 0:37
Pour les contemporaines encore jeunes, certes. Mais il y a en a un certain nombre qui ont déjà la majeure partie de leur vie et de leur carrière derrière elles dont on peut considérer que l'oeuvre est achevée, ou quasiment. Personnellement je n'ai aucun jugement sur la valeur de leurs oeuvres respectives car je n'ai pas la capacité de juger. Je suis juste capable de dire si j'aime ou si je n'aime pas. Je constate qu'il y en a quand même beaucoup dont j'aime la musique, parfois seulement quelques pièces, d'autres fois presque toutes celles que j'ai pu entendre, et comme j'ai plus de goût pour la musique actuelle (je ne dis pas forcément "contemporaine" mais disons des cent dernières années) que pour la musique des siècles passés, j'aimerais entendre dire par ceux qui ont la capacité de juger que telle ou telle autre est une compositrice importante.
DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97897 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
Sujet: Re: Compositrices Dim 1 Fév 2015 - 1:26
Je trouve ça difficile sans un peu de recul, en ce qui me concerne — à la rigueur, je peux avoir le sentiment que je peux en écarter certaines sans trop de précautions, mais dire lesquelles sont importantes, c'est dur.
Les quatre que je citais me paraissent très intéressantes et convaincantes. Beamish ne révolutionne pas l'histoire musicale, Reverdy restera probablement plutôt comme un témoignage de la bonne musique de son temps (et Aboulker est clairement du côté de la niche néo-trèstonale), mais ça fait déjà des gens à entendre. Pour Gubaidulina, elle est déjà une institution depuis longtemps, et il y a beaucoup de bonnes choses à aller chercher dans son catalogue assez divers.
Henri Mélomane averti
Nombre de messages : 232 Localisation : Châtillon Date d'inscription : 12/04/2014
Sujet: Re: Compositrices Dim 1 Fév 2015 - 10:00
En tout cas merci pour ces trois noms (Reverdy, Aboulker et Beamish) que je ne connaissais pas encore et dont je vais écouter dès aujourd'hui les musiques que j'ai pu trouver sur youtube. J'aimerais aussi savoir quelles sont celles que tu penses pouvoir écarter.
Henri Mélomane averti
Nombre de messages : 232 Localisation : Châtillon Date d'inscription : 12/04/2014
Sujet: Re: Compositrices Dim 1 Fév 2015 - 10:58
Voilà.
De Michèle Reverdy j’ai écouté : Dix musiques minutes (1994) pour violon, alto et violoncelle. J’aime pas trop dans l’ensemble. Quelques moments plutôt sympas mais chaque mouvement fait à peu près une minute et j’ai besoin de plus de temps pour apprécier un morceau. Surtout si ça commence bien, j’ai envie que ça dure et que ça se développe.
D’Isabelle Aboulker j’ai écouté : Quasiment rien car il n’y a presque que des choses chantées et je n’ai pas envie d’écouter les choses chantées. C’est comme ça, faut pas chercher à comprendre. Apparemment ce sont surtout des œuvres pour enfants. J’ai quand même écouté « Modulations », transcrit pour orchestre de guitares par Serge Ponomareff. Sympa, mais bon.
De Sally Beamish j’ai écouté : Concerto pour violon. Œuvre de belles dimensions mais ce n’est pas le genre de musique que j’aime. Déjà j’aime moyen les concertos pour violon, instrument qui finit souvent par me hérisser les tympans à la longue (si les tympans peuvent se hérisser, ce qui n’est pas prouvé). Il y a pourtant quelques moments qui me plaisent dans ce concerto, mais c’est quand le violon ne joue pas. Dès qu’il arrive il me… hérisse, donc, les tympans. J’imagine mes tympans transformés en oursins…
Awuya, une très belle pièce pour harpe solo, inspirée de musiques centre-africaines pour harpe et percussions, qui m’a fait penser à certaines pièces d’Alan Stivell. J’espère que la comparaison ne choquera personne.
Day Down, pour orchestre à cordes. Un fragment de cinq minutes qui donne envie d’en entendre plus.
Concerto pour alto n° 1. Juste un extrait du début. L’alto me hérisse moins les tympans que le violon. Ce début me plait bien, mais 4 minutes c’est court pour se faire une idée.
Henri Mélomane averti
Nombre de messages : 232 Localisation : Châtillon Date d'inscription : 12/04/2014
Sujet: Re: Compositrices Lun 2 Fév 2015 - 18:54
Si l’importance peut se mesurer à la quantité d’oeuvres produites, pensez-vous que Nancy Van de Vate puisse être considérée comme une compositrice importante du XXème siècle et du début du XXIème ? Avec plus d’une centaine d’œuvres à son actif dans à peu près tous les genres, dont un grand nombre ont été enregistrées et jouées dans de nombreux festivals de musique dans le monde entier, elle me semble pouvoir figurer parmi les compositeurs majeurs de la musique moderne et contemporaine. Je vais vérifier si elle est citée dans les dictionnaires de musique, et si elle n’y est pas, ça va chier ! Déjà elle n’est pas dans le Dictionnaire de la musique - les compositeurs de l’Encylopædia universalis publié chez Albin Michel (édition de 1998), qui passe de Vanhal Jan Krtitel (1739-1813) — dont tout le monde a entendu parler, bien sûr ! — à Varèse Edgard (1883-1965) qui a droit à cinq colonnes. Je vous propose de faire une pétition auprès de l’éditeur pour y faire entrer Nancy Van de Vate, avec un article d’au moins dix colonnes, à mon avis c’est le minimum. Voilà quand même un ouvrage de 900 pages qui répertorie à peu près 500 compositeurs entre le XIIIe et le XXe siècle et dans lequel on ne trouve que quatre compositrices. Uniquement des françaises (sans doute pour éviter des protestations de lecteurs puisque le livre est publié en France) : Elisabeth Jacquet de la Guerre (article de 1 colonne et demi), Betsy Jolas (2 colonnes), Germaine Tailleferre (3 colonnes) et Nadia Boulanger (1 colonne). On trouve également un article d’une colonne sur Ida Presti, pourtant plus connue comme guitariste et épouse d’Alexandre Lagoya que comme compositrice. Il va falloir mettre de l’ordre là-dedans.
Oriane Mélomaniaque
Nombre de messages : 1869 Age : 33 Localisation : Orléans-Paris Date d'inscription : 21/07/2013
Sujet: Re: Compositrices Mar 3 Fév 2015 - 23:12
Je viens de découvrir Caroline Boissier-Butini (1786-1836), c'est pas mal. Des oeuvres qui sont bien de leur temps, je crois.
Dadamax Mélomane averti
Nombre de messages : 271 Age : 50 Localisation : Provence Date d'inscription : 07/06/2013
Sujet: Re: Compositrices Jeu 5 Fév 2015 - 19:43
Des compositrices que j'aime bien :
Aline Millet-Marteville, préférant composer pour orchestre mais trouvant des compromis avec le piano seul... cf : Aline Millet-Marteville à Saint-André (partie 4) Franghiz Ali-Zadeh Raminta Serksnyte, lituanienne à l'orchestration claire Sofia Goubaïdoulina, Galina Oustvolskaïa. Onuté Narbutaité Barbara Heller Nicola Lefanu Elizabeth Maconchy Ruth Schonthal Ljubica Maric Lily Boulanger, Germaine Tailleferre - une des "six" que je préfère personnellement.
Baroque : Elisabeth Jacquet De La guerre Barbara Strozzi Francesca Caccini
Henri Mélomane averti
Nombre de messages : 232 Localisation : Châtillon Date d'inscription : 12/04/2014
Sujet: Re: Compositrices Mer 18 Fév 2015 - 16:42
Pour déterminer l’importance accordée par l’ « Establishment musical » aux compositrices, j’ai utilisé le dictionnaire biographique des musiciens de Théodore Baker et Nicolas Slonimsky, édition française 1995 du Baker’s Biographical Dictionnary of Musicians (Robert Laffont, collection « Bouquins »).
A partir d’une liste de compositrices récupérée sur le site de Wikipedia (page « compositrices de musique classique »), j’ai recherché les noms de cette liste dans le dictionnaire et estimé l’importance que celui-ci accorde à chacune par rapport à la longueur des articles qui leur sont consacrés. Il faut tout d’abord noter que je n’ai pas retrouvé toute la liste donnée par Wikipedia, loin s’en faut. Sur 1000 noms je n’en ai retrouvé que 211 dans l’édition française du Baker’s, qui a pourtant fait des efforts de ce côté dans sa huitième édition si l’on en croit la préface de Nicolas Slonimsky : « Dès ses débuts, le Baker’s a donné les biographies des grandes chanteuses depuis la naissance de l’opéra mais, dans les éditions précédentes, les femmes compositeurs ne bénéficiaient pas de la place qui leur est due. Et pourtant, il y en avait, dignes de renom, longtemps avant que le Baker’s ne voit le jour. Au XVIIIe siècle, les dames dotées d’un penchant pour la composition confinaient leurs efforts dans le domaine de la mélodie ou dans d’occasionnelles pièces pour harpe, mais au XIXe siècle certaines femmes ont composé de la musique pour orchestre et même des opéras. Leurs noms ont été dûment traités dans les précédentes éditions du Baker’s, mais de nombreuses autres suffragettes de la musique, si je peux me permettre un emprunt au monde de la politique, ont depuis lors fait leur apparition dans les programmes symphoniques. L’une d’entre elles, Ellen Zwillich, a reçu le Prix Pulitzer en musique, événement sans précédent pour une femme compositeur. Thea Musgrave a émergé comme un compositeur important de symphonies et d’opéras. Le compositeur russe Sofia Goubaïdoulina est devenue tout aussi célèbre que ses collègues masculins. » L’édition française ajoute encore quelques noms féminins hexagonaux au dictionnaire qui, selon Alain Paris, le responsable de ladite, privilégiait les compositrices de langue anglaise dans son édition américaine. Donc, 211 sur les 1000 noms de la liste Wikipedia, mais je ne sais pas si cette liste est fiable à 100 %, et du côté du Baker’s il est également possible qu’il comporte des noms qui ne sont pas dans la liste Wikipedia et que je n’ai pas relevés. J’avoue que je n’ai pas lu en détail toutes les entrées des 4728 pages réparties sur 3 tomes de l’ouvrage. Quoi qu’il en soit, c’est à partir de ces 211 noms que j’ai fait une estimation de l’importance accordée par le dictionnaire aux compositrices qu’il accueille dans ses pages. Je peux déjà dire qu’elle est assez faible.
Seuls 9 noms bénéficient d’un article de 2 à 3 colonnes. Il faut comparer cela à la taille des articles consacrés aux compositeurs. Par exemple, l’article sur Beethoven s’étend sur 40 colonnes. Celui sur Jean-Sébastien Bach en compte 44. Celui sur Mozart 32 alors que Wagner et Schubert totalisent 36 colonnes chacun. Mais doit-on en conclure que ces derniers sont considérés comme plus importants que Mozart ? Derrière arrivent Brahms, avec 20 colonnes, Liszt (19), Schumann, Strauss (Richard) et Stravinski (18), Debussy (15), Schoenberg 14, Berlioz, Verdi (13), Weber (12), Tchaïkovski (11), Chopin, Prokofiev et Chostakovitch (10), Vaughan Williams, Bruckner, Dvorak, Elgar, Janacek, Britten, Sibelius, Ravel, Grieg, Mahler ( (enfin, je veux dire 8, pas smiley à lunettes). Certes, il s’agit là de « géants » qui méritent sans aucun doute un traitement de faveur, mais la longueur des articles est dans une grande mesure proportionnelle à la taille de l’œuvre, laquelle est détaillée sinon exhaustivement en tout cas de manière assez complète, plus qu’à la partie purement biographique. Nicolas Slonimsky le souligne dans la préface : « Un dictionnaire biographique doit être une réunion démocratique d’informations factuelles. Les grands maîtres ont droit à un traitement de faveur, mais il faut offrir l’hospitalité, sinon un accueil somptueux aux lumières opaques comme Bibl, Kittl, Lickl ou Titl. Mais voilà le hic ! L’idéal serait de parvenir à une représentation proportionnée [proportionnée à quoi, il ne le précise pas mais on devine que c’est à l’importance supposée du grand maître et de la lumière opaque], mais la disponibilité des informations et la productivité du travail déterminent l’espace accordé. » Cherchons donc les articles de 2 à 3 colonnes consacrés aux compositeurs hommes (considérés comme de moindre importance, donc, selon mon critère qui n’en vaut peut-être pas un autre mais c’est celui que j’ai choisi) — en espérant qu’ils ne soient pas trop opaques... Ça va, on y trouve des noms comme Glinka, Landowski, Borodine, Bizet, Respighi, Suk, Bax, Ibert, Ligetti, Orff, Khatchaturian, Turina, Albeniz, Korngold, Stanford, mais aussi des compositeurs moins célèbres comme Casella, Pizzetti, Svendsen, Tansman, Arnold, Bliss, Bridge, Scott, Coleridge-Taylor, Ghedini, etc., et des contemporains comme Glass, Arnold, Adams, Dutilleux, etc. Les contemporains bénéficient rarement d’articles de plus de 2 colonnes : Glass, Ligeti (2,6), Boulez, Ginastera, Pärt, Reich, Stockhausen (4), Cage (6) figurent parmi ceux qui semblent être considérés par le Baker’s comme des « valeurs sûres », des compositeurs qui ont « fait leur trou ». Beaucoup plus nombreux sont ceux qui doivent se contenter de une ou deux colonnes pour les plus « établis », et de moins d’une colonne pour les autres. Et parmi ces derniers on trouve donc un bon nombre de compositrices dont l’œuvre n’est évidemment pas terminée ou dont la place dans l’« establishment » n’est pas encore assurée, même si elles peuvent connaître une certaine renommée auprès d’un public de connaisseurs.
Voyons donc le « classement » du Baker’s par ordre d’importance en nombre de colonnes. Avec 3 colonnes j’en trouve deux : Elisabeth Lutyens, compositrice anglaise (1906-1983), et Pauline Oliveros, compositrice américaine (1932-). Entre 2 et 3 colonnes j’en ai trouvé 7 : Vivian Fine, Américaine (1913-2000), Thea Musgrave, Écossaise (1928-?), Gloria Coates, Américaine (1938-), Sofia Goubaïdoulina, Russe (1931-), Marta Ptasynska, Polonaise (1943-), Clara Schuman, Allemande (1819-1896), Ellen Zwillich, Américaine (1939-).
Entre 1 et 2 colonnes, j’en ai trouvé 57, parmi lesquelles Elizabeth Maconchy, Anglaise (1907-1994), Nadia Boulanger, Française (1887-1979), Jean Coulthard, Américaine (1908-2000), Jaqueline Fontyn, Belge (1930-), Betsy Jolas, Française (1926-), Ethel Mary Smyth, Anglaise (1858-1944), Germaine Tailleferre, Française (1892-1983), Nancy Van de Vate, Américaine (1930-), Amy Marcy Beach, Américaine (1867-1944), Peggy Glanville-Hicks, Américaine (1912-1990), Michèle Reverdy, Française (1943), Kaija Saariaho, Finlandaise (1952-), Grazyna Bacewicz, polonaise (1909-1969), Joan Tower, Américaine (1938-), Louise Farrenc, Française (1804 - 1875), etc., dont la réputation semble bien établie... ou moins.
Et puis avec moins d’une colonne, plus de cent, dont beaucoup sont relativement reconnues par l’establishment, sinon connues par le public, mais dont l’œuvre n’est peut-être pas assez abondante, ou bien l’information à leur sujet, pour qu’elles bénéficient de plus de place dans le dictionnaire. On y trouve des noms comme Maria Therezia Von Paradis, Augusta Holmès, Florence Price (compositrice qui cumule deux handicaps puisque non contente d’être femme, elle est noire – mais elle n’est pas la seule dans ce cas), Lili Boulanger, Rebecca Clarke, Galina Ustvolskaia, Fanny Mendelssohn, Mana Zucca, Élisabeth Jacquet de La Guerre, Vitezslava Kapralova, Aleksandra Pakhmutova, Cécile Chaminade, Clémence de Grandval, Marie Jaëll, Henriette Renié, Elfrida Andrée, Melanie Bonis, Ester Mägi, Alice Mary Smith, etc. Des noms — ou certains d’entre eux — peut-être connus par un public averti, les œuvres ou les types de musique qui s’y rattachent, pas forcément toujours, et une majorité d’autres noms que je ne cite pas ici qui sont peut-être totalement inconnus même des connaisseurs les plus pointus (et je n’en fais pas partie). Bref ! Au total, si l’on rapporte la surface occupée par les compositrices dans les pages du Baker’s au nombre total de pages qu’il offre à notre connaissance, on obtient le nombre ridicule de 1,7 %. Mais ce chiffre ne veut pas dire grand’ chose car il ne s’agit pas d’un dictionnaire des compositeurs mais des musiciens, ce qui veut dire qu’il recense aussi bien des chefs d’orchestre, des interprètes, des critiques, des musicologues (et –graphes), des mécènes, des écrivains. Il serait donc temps que les auteurs et éditeurs de dictionnaires des compositeurs aillent jeter un oeil dans ce monument pour étoffer les leurs avec quelques noms de compositrices.
Dernière édition par Henri le Mer 18 Fév 2015 - 16:55, édité 2 fois
Cololi chaste Col
Nombre de messages : 33379 Age : 43 Localisation : Bordeaux Date d'inscription : 10/04/2009
Sujet: Re: Compositrices Mer 18 Fév 2015 - 16:46
Si tu veux que ton message soit lu ... à mon avis tu ferais mieux de rajouter des sauts de lignes (et des titres/sous-titres)
_________________ Car l'impuissance aime refléter son néant dans la souffrance d'autrui - Georges Bernanos (Sous le Soleil de Satan)
Chris3 Mélomane chevronné
Nombre de messages : 4542 Date d'inscription : 10/07/2007
Sujet: Re: Compositrices Jeu 19 Fév 2015 - 13:31
Dans mon association, on joue assez souvent du Chaminade et du Mel Bonis (qui se faisait appeler ainsi pour ne pas laisser à penser que c'était une femme... O tempora o mores !!). Et j'ai longtemps appartenu à l'association Marie Jaëll, surtout active en région parisienne e à Strasbourg (une salle de la BNU lui est consacrée). Quelques grands pianistes se sont réclamés de sa méthode, par exemple Eduardo del Pueyo. Mais c'est vrai que dans l'ensemble elles restent dans l'ombre de leurs homologues masculins, même (et surtout ?) quand elles sont liées à un célèbre compositeur (Fanny ou Clara pour ne citer qu'elles...)
Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
Sujet: Re: Compositrices Sam 13 Juin 2020 - 14:46
Deux œuvres vantées naguère par lulu, et que j’ai moi aussi beaucoup aimées:
• Thea MUSGRAVE: Concerto pour cor (1971) Barry Tuckwell (cor), Thea Musgrave / Scottish National Orchestra Glasgow, I.1974 Lyrita
Dans le topic «Cinq œuvres à faire découvrir», lulu a écrit:
Découverte récente, j’ai adoré. Le langage est d’inspiration sérielle, assez relâché, et sert un propos dramatique, presque postromantique. Il y a peut-être bien des éléments spectraux aussi, des suites harmoniques, des instruments qui entrent en résonnance, etc., à vrai dire il y a des choses qui me font penser à GF Haas.
Peu de choses à ajouter, si ce n’est que j’ai été absolument enthousiasmé! J’ai été particulièrement sensible aux superbes couleurs nocturnes de l’orchestre (très postromantiques, en effet), au sentiment de restlessness qui s’en dégage (je veux dire: cette sorte dramatisme inquiet, toujours en mouvement, qui ne se relâche jamais et donne à ce mouvement unique une tension continue) et en effet à ces effets vaguement spectraux (le dispositif spatialisé d’échanges entre le cor soliste, les quatre cors en coulisse et l’orchestre donne à l’œuvre une profondeur tout à fait remarquable.)
• Elisabeth LUTYENS: Trio à cordes, op. 57 (1964) Endymion: Krysia Osostowicz (violon), James Sleigh (alto), Jane Salmon (violoncelle) Londres, V.2006 NMC
D’un accès moins évident, mais pas moins enthousiasmant. On sent dans ces cinq mouvements brefs et denses l’influence de l’op. 20 de Webern (déjà dans le langage), mais ça reste très personnel, et très contrasté: les I, III et IV proposent comme une sorte de kaléidoscope où se recombinent sans cesse les modes de jeu et les gestes expressifs, les miroitements impressionnistes des timbres; le II est une sorte de longue phrase suspendue et un peu mystérieuse, d’une très grande beauté; le V fait enfin entendre une sorte de final formel et déclamatoire, mais passé au filtre d’une écriture pointilliste et disjointe (la notice évoque «a Webernian miniaturization of Beethoven’s Grosse Fuge», et je trouve ça assez bien vu.)
Oriane Mélomaniaque
Nombre de messages : 1869 Age : 33 Localisation : Orléans-Paris Date d'inscription : 21/07/2013
Sujet: Re: Compositrices Sam 13 Juin 2020 - 14:51
Je suis d'accord sur les deux œuvres !
Je me disais que ce serait bien de créer des fils sur des compositrices régulièrement citées dans des fils collectifs, histoire de retrouver plus facilement les discussions les concernant, en les centralisant.
Si je trouve le temps, je me chargerai de certains d'entre eux (et participerai à chacun).
Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
Sujet: Re: Compositrices Sam 13 Juin 2020 - 14:57
Oui: autant il y a encore une certaine pertinence à rapprocher Thea Musgrave et Elisabeth Lutyens (compositrices britanniques, faisant un usage très libre d'un langage hérité des Viennois), autant en parler dans un même fil que Marie Jaëll et Louise Farrenc, ça me paraît plus discutable.
Henri Mélomane averti
Nombre de messages : 232 Localisation : Châtillon Date d'inscription : 12/04/2014
Sujet: Je voudrais que vous écoutiez ça Mar 19 Jan 2021 - 0:43
Je voudrais que vous écoutiez ça.
Camille Pépin - The Sound of Trees
Cette jeune compositrice (née en 1990) est considérée comme « Éclaireur de l'avant-garde française » par le magazine Vanity Fair. Le mot "avant-garde" peut faire peur. La musique contemporaine, souvent plus cérébrale que dansante, nous ayant habitué à des musiques aussi ennuyeuses que prétentieuses (c'est juste mon opinion mais je crois que beaucoup la partagent), on peut se méfier à la lecture d'un tel vocable. Ce n'est pas du tout le cas de celle de Camille Pépin. Le rythme est dans son ADN. La beauté et l'émotion également. Sa préférence va à la musique purement orchestrale.
« Ce fut comme une apparition » écrit Laurent Vilarem dans "Compositrices - L'égalité en acte" (centre de documentation de la musique contemporaine, éditions MF, collection Paroles). En avril 2015, Camille Pépin remportait le prix du Jury et le Coup de cœur du public du concours Île de créations, puis en novembre le Grand Prix de la Sacem pour la musique symphonique dans la catégorie jeune compositeur. Et depuis, ses compositions sont jouées par les orchestres les plus prestigieux, en France comme à l'étranger.
Apparition pour moi aussi car j'ai découvert sa musique il y a juste quelques jours et elle m'a tout de suite enthousiasmé.
Une telle ascension en quelques années peut faire penser qu'elle a bénéficié de nombreuses facilités, mais ce n'est assurément pas le cas. Les barrières qui empêchaient jadis les femmes compositeurs de faire carrière ne sont toujours pas tombées. Dans l'ouvrage Entretiens paru aux éditions de la Nerthe, Camille Pépin évoque les nombreux obstacles qui se sont dressés devant elle, comme ce directeur du conservatoire de son enfance affirmant que « compositeur n'est pas une métier pour une femme », ou ces courriers où l'on s'adresse à elle comme à un homme (à cause de son prénom qui sied aux deux genres), ce professeur de conservatoire n'acceptant pas de femmes dans sa classe, ou encore ces musiciens d'orchestre multipliant les fausses notes pour tester son oreille. On croit être revenu à l'époque des Louise Farrenc, Clara Schumann ou Fanny Mendelssohn, mais en fait le monde musical ne l'a jamais quittée.
Elle revendique comme modèles Debussy, Dutilleux, Williams (lequel, ou laquelle ? ce n'est pas dit), Stravinsky, Tchaïkovski, Bartok ou Reich, rien que des hommes, mais je trouve à sa musique une grande proximité avec celle de l'Australienne Elena Kats-Chernin, contemporaine également mais de trente ans son aînée, qui affectionne également les pièces orchestrales bien colorées et bien rythmées. Les compositrices se reconnaissent rarement influencées par les femmes qui les ont précédées. Celles-ci sont certes beaucoup moins nombreuses que les hommes, mais ne peut-on voir là aussi un effet insidieux de cette domination du masculin sur la musique qui fait que même les compositrices les plus farouchement féministes se plient inconsciemment au mythe du "Génie musical" forcément du sexe fort ? Pour la plupart elles ont aussi eu des professeurs hommes, ce qui ne les aide pas à se forger des modèles féminins. Les choses changeront-elles dans le "monde d'après" ?
Son site personnel
Œuvres
- Vajrayana (2015) pour orchestre. Commande de l'Orchestre national d'Île-de-France, Radio France et Musique nouvelle en liberté. - Luna (2016) pour violon, violoncelle, clarinette, cor et piano. Commande de l'Ensemble Polygones. - Kono-Hana (2016) pour violoncelle. Commande de l'Association Française du violoncelle. - Sonnets (2016) pour soprano, piano, flûte en sol, cor anglais et basson. Commande du Festival Jeunes Talents. - Chamber music (2017) pour mezzo-soprano, piano, violon, violoncelle, cor, clarinette. Commande du Festival Présences féminines. - Indra (2017), pour violon et piano. Hommage à Lili Boulanger (6 min 10 s). Commande du Festival Présences féminines35 (notice BnF no FRBNF45258225). - Lyrae (2017) pour quatuor à cordes, harpe et percussions. Commande du Festival international d'art lyrique d'Aix-en-Provence et de ProQuartet. - Snow, moon & flowers (2018) pour violoncelle, saxophone et piano (12 min). Commande de Michel Supéra et du festival La Grange Aux Pianos. - The Road not taken (2018) pour violon, violoncelle et piano. Commande de Radio France. - La Source d'Yggdrasil (2018) pour orchestre. Aide à l'écriture d'une œuvre musicale originale du Ministère de la Culture. - Autumn rhythm (2018) pour violon et piano. Commande du Concours Long-Thibaud-Crespin (Cycle de musique de chambre "All-over") - Dancing poems (2018) pour mezzo-soprano, violoncelle et piano. Commande du festival Messiaen au pays de la Meije. - Nighthawks (2018) pour harpe. Commande d'ECHO, de la Fondation Calouste-Gulbenkian et de la Philharmonie de Paris. - Early summer rain (2018) pour marimba, piano et violon. Commande du Festival Jeunes Talents. - Laniakea (2019) pour orchestre. Commande de l'Orchestre national de Lyon. - The Sound of trees (2019) concerto pour clarinette, violoncelle et orchestre. Commande de l'Orchestre de Picardie Région Hauts-de-France. - Feuilles d'eau de Silvacane (2019) pour quatuor à cordes. Co-commande du festival de quatuor du Lubéron et du Musiktage Mondsee, Autriche, Auryn Quartet. - Aether (2019) concerto pour harpe, marimba et orchestre. Co-commande de l'Orchestre de l'Opéra de Toulon et de l'Orchestre de Tours région centre Val-de-Loire - Number 1 (2020) pour piano. Commande du festival des Sommets Musicaux de Gstaad. (Cycle de musique de chambre "All-over") - Gris-brume (2020) pour violoncelle et piano. Commande du festival des Arcs (Cycle de musique de chambre "All-over") - Avant les clartés de l'aurore (2020) pour ensemble de 12 musiciens. Commande de Radio-France et l'Orchestre national Bordeaux-Aquitaine. - Aux confins de l'orage (2021) pour orchestre. Commande du festival international de musique Besançon Franche-Comté
Récompenses
- 2015 : prix du jury et coup de coeur du public Île de créations de l'Orchestre national d'Île-de-France, Radio France, Musique nouvelle en liberté, les Éditions Durand et la SACEM. - 2015 : Grand prix Sacem musique symphonique, catégorie jeune compositeur. - 2016 : prix du public au Festival Jeunes Talents. - 2016 : lauréate de la Fondation d'entreprise Banque Populaire. - 2017 : prix d'encouragement Musique de l'Académie des beaux-arts. - 2018 : Trente éclaireurs - 2019 : Choc Classica de l’année pour l’album « Chamber Music » - 2020 : lauréate des Victoires de la musique classique dans la catégorie « Compositeur de l’année » pour The Sound of trees.
Discographie
- Chamber Music : Lyrae pour quatuor à cordes, harpe, percussions ; Chamber Music pour mezzo-soprano, violon, violoncelle, cor, clarinette, piano et chef d’orchestre ; Indra pour violon et piano ; Luna pour violon, violoncelle, clarinette, cor et piano ; Kono-Hana pour violoncelle - Fiona McGown, mezzo-soprano ; Célia Oneto Bensaïd, piano ; Raphaëlle Moreau, violon ; Natacha Colmez-Collard, violoncelle ; Ensemble Polygones, dir. Léo Margue (avril 2018, NoMadMusic). - The Sound of Trees : The Sound of trees, concerto pour violoncelle, clarinette et orchestre de Camille Pépin ; Mouvement et Hommage à Rameau (Images 1è série) de Claude Debussy pour orchestre ; D'un soir triste et D'un matin de printemps de Lili Boulanger pour orchestre ; Yan Levionnois (violoncelle), Julien Hervé (clarinette), Arie van Beek (dir), Orchestre de PIcardie (octobre 2019, NoMadMusic)
DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97897 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
Sujet: Re: Compositrices Mar 19 Jan 2021 - 18:51
Henri a écrit:
Je voudrais que vous écoutiez ça.
Camille Pépin - The Sound of Trees
Je ne suis pas fanatique de ce qu'elle fait – très traditionnel, dans ce genre il y a des gens que j'aime davantage (dans le domaine de la musique de chambre : Dessy, Adès, Carolyn Shaw, etc.) –, mais sur le même thème, Feuilles d'eau à Silvacane, pour quatuor, m'a récemment enchanté !
J'ai seulement regretté la répétition à l'identique plutôt que le développement, mais j'avais été enthousiasmé par la matière musicale, ce qui n'est pas le cas d'ordinaire dans ses compositions que j'ai souvent entendues (très en cour chez les jeunes musiciens issus du CNSM).
Je n'avais pas conscience de toutes ces difficultés, je croyais au contraire qu'elle avait bénéficié de réseaux solides dès le début (ça fait pas mal d'années qu'elle est déjà jouée par les meilleurs et très appréciée par la critique), peut-être d'une bienveillance accrue pour sa jeunesse, sa nationalité, son genre… Manifestement, même si elle est désormais tout sauf rejetée, ce n'était pas évident, même dans les années 2000. Édifiant.
Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
Sujet: Re: Compositrices Ven 2 Avr 2021 - 1:02
En Playlist, Benedictus a écrit:
• Elisabeth LUTYENS: Quincunx, op. 44 (1960) pour baryton, soprano et orchestre John Shirley-Quirk (baryton), Josephine Nendick (soprano), Norman Del Mar / BBC Symphony Orchestra Londres, I.1969 Lyrita
• Thea MUSGRAVE: Concerto pour clarinette et orchestre (1969) Gervase de Peyer (clarinette), Norman Del Mar / London Symphony Orchestra Londres, I.1972 Lyrita
• Nicola LeFANU: The Hidden Landscape (1973) pour orchestre Norman del Mar / BBC Symphony Orchestra En public, Londres, VIII.1973 NMC
Même programme que luluil y a quelques jours: qu’est-ce qu’il y a comme belles choses dans l’atonalisme féminin britannique! Déjà, un remarquable sens de l’orchestration (notamment dans l’écriture pour les vents - et pour les cuivres en particulier - et souvent un bel usage des dispositifs dans l’espace), mais aussi une façon très expressive et presque narrative, de construire un discours qui alterne atmosphères mystérieuses et contrastes dramatiques fébriles. (J’avais déjà écrit tout le bien que je pensais du Quincux d’Elisabeth Lutyens ici; je m’aperçois en revanche que je n’avais encore rien écrit sur le Concerto pour clarinette de Thea Musgrave - seulement sur le Concerto pour cor; et l’œuvre de Nicola LeFanu est une belle découverte qui donne envie d’explorer plus avant.)
Et Norman Del Mar est décidément un chef très intéressant! (cf. aussi ses Rubbra et ses Bax chez Lyrita.)
Bruno Luong Mélomaniaque
Nombre de messages : 1750 Date d'inscription : 07/08/2012
Sujet: Re: Compositrices Ven 2 Avr 2021 - 14:43
[quote="Henri"]Je voudrais que vous écoutiez ça.
Camille Pépin - The Sound of Trees
J'aime bien les oeuvres du disque Chamber Music, moins dans Sound of Trees. Il y un cote minimiliste, ou répétition qui ne me convient pas.Je la trouve pas très abordable et donc pas très innovante, donc la qualificatif avant-gardiste ne la convient tout à fait.
Pour moi le vrai éclaireur est Dusapin, même s'il est de une ou deux génération vant elle.
Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
Sujet: Re: Compositrices Lun 12 Avr 2021 - 23:40
Henri a écrit:
Je voudrais que vous écoutiez ça.
Camille Pépin - The Sound of Trees
J’ai essayé.
• Camille PÉPIN: The Sound of Trees (2019) pour clarinette, violoncelle et orchestre Julien Hervé (clarinette), Yan Levionnois (violoncelle), Arme van Beek / Orchestre de Picardie Amiens, X.2019 NoMadMusic
Pas convaincu du tout. Non pas parce que ce serait néotonal en soi, mais parce que le langage, ici, me semble relever d’une sorte de bizarre hybridation entre, d’une part, une tradition très française de musique tonale post-debussyste (du côté d’un Daniel-Lesur ou du Ibert des Tropismes, par exemple) et les procédés du minimalisme américain. De très beaux chatoiements de couleurs et de textures, dans un langage harmonique très stable (malgré quelques clausules modales tantôt lark-ascendinguisantes, tantôt plus exotiques) et très consonant, et puis ça se met à faire d’agaçantes boucles répétitives, limite glassiennes (tantôt en mode pulsé, tantôt en mode planant.) Du coup, ça ne décolle jamais vraiment - dommage.
Dernière édition par Benedictus le Lun 12 Avr 2021 - 23:55, édité 1 fois
Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
Sujet: Re: Compositrices Lun 12 Avr 2021 - 23:54
Beaucoup plus ma came:
• Nicola LeFANU: The Hidden Landscape (1973) pour orchestre¹. Columbia Falls (1975) pour orchestre². Threnody (2014) pour orchestre³. The Crimson Bird (2017) pour soprano et orchestre⁴ Norman del Mar / BBC Symphony Orchestra¹. Colman Pearce / RTÉ National Symphony Orchestra². Gavin Maloney / RTÉ National Symphony Orchestra³. Rachel Nicholls (soprano), Ilan Volkov / BBC Symphony Orchestra⁴ En public, Londres, VIII.1973¹, II.2017⁴; Dublin, IX.1997², I.2015³ NMC
J’aime décidément énormément aimé les deux œuvres des années 70: langage atonal très libre, magnifique orchestration (des couleurs et des textures riches, et un usage très fin des effets de spatialisation dans The Hidden Landscape), des œuvres très prenantes, plus «atmosphériques» voire «picturales» que discursives ou structurelles - mais animées et contrastées (avec des atmosphères tantôt suspendues et mystérieuses, tantôt tumultueuses et tendues, toujours d’une grande poésie.)
J’ai aussi bien aimé la plus brève Threnody, où le langage se fait plus beaucoup plus polarisé et l’expression hiératique. Je suis moins entré dans The Crimson Bird, à l’esthétique vraiment très mêlée - avec des moments presque néo (l’anglais aidant, on se sent parfois quelque part entre Britten et Adams) et des choses plus «post-avant-garde anglaise» (à la Birtwistle-Knussen.)
(Née en 1947, Nicola LeFanu est la fille de la compositrice Elizabeth Maconchy.)
Mefistofele Mélomaniaque
Nombre de messages : 1459 Localisation : Under a grey, rifted sky Date d'inscription : 17/11/2019
Sujet: Re: Compositrices Lun 12 Avr 2021 - 23:58
Pépin : Et je me porte en faux, j'ai personnellement assez aimé, sans être ébouriffé. J'ai pensé à des choses New Age américaines (versant Theofanidis et pas Hovhaness, heureusement) avec une touche française, effets d'atmosphères plutôt que narratifs. Maintenant, quitte à me resservir, ce ne sera pas l'œuvre vers laquelle je me dirigerais. Si j'ai apprécié ses orchestrations de Boulanger et Debussy (un plaisir rare dans le second cas), c'est plutôt Chamber Music et Luna, assez motoriques et qui m'évoquent Connesson que j'ai notés positivement.
Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
Sujet: Re: Compositrices Mar 13 Avr 2021 - 0:07
Mefistofele a écrit:
J'ai personnellement pensé à des choses New Age américaines [...] avec une touche française
À défaut de porter la même appréciation, nous avons donc bien entendu la même chose (j'ai moi-même failli écrire «New Age» à propos des boucles en mode planant.)
Mefistofele Mélomaniaque
Nombre de messages : 1459 Localisation : Under a grey, rifted sky Date d'inscription : 17/11/2019
Sujet: Re: Compositrices Mar 13 Avr 2021 - 0:13
Je pense que le qualificatif n'est pas usurpé, et que ce n'est clairement pas ce qu'elle a commis de plus intéressant au disque. Après, je crois que David encense une pièce pour quatuor entendue en concert, donc la vérité est encore ailleurs ?
Pour LeFanu, j'avais parcouru rapidement et cela m'avait assez horrifié... Ton commentaire évoque au moins pour une pièce Birtwistle-Knussen, l'image est très parlante et correspond bien à mon ressenti (indice : je n'aime pas tous les compositeurs britanniques au même niveau !).
Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
Sujet: Re: Compositrices Mar 13 Avr 2021 - 0:16
Nicola LeFanu:
Mefistofele a écrit:
cela m'avait assez horrifié...
À ce point-là? Tu me dirais ça de Ferneyhough (voire de Lutyens), je pourrais comprendre, mais là...
Camille Pépin:
Mefistofele a écrit:
assez aimé, sans être ébouriffé. [...] Maintenant, quitte à me resservir, ce ne sera pas l'œuvre vers laquelle je me dirigerais.
Mefistofele a écrit:
ce n'est clairement pas ce qu'elle a commis de plus intéressant au disque. Après, je crois que David encense une pièce pour quatuor entendue en concert, donc la vérité est encore ailleurs ?
Sans doute, mais je dois avouer que, son langage étant ce qu'il est, je n'éprouve pas non plus une curiosité dévorante à l'égard des meilleures œuvres de cette compositrice.
Mefistofele Mélomaniaque
Nombre de messages : 1459 Localisation : Under a grey, rifted sky Date d'inscription : 17/11/2019
Sujet: Re: Compositrices Mar 13 Avr 2021 - 0:30
LeFanu: À la reprise de mes notes, cela concernait The Crimson Bird (choses orchestrales parfois intéressantes, mais ça se rapproche parfois dangereusement de Punch and Judy notamment dans le traitement de la voix, pas vraiment ce que je préfère). Les autres pièces m'ont moins marqué, je retenterai à l'occasion car ta critique donne envie et j'avais lu beaucoup d'éloges sur ce disque.
Pépin : Cela se conçoit bien, surtout que tu n'es pas un zélateur de Connesson, si ma mémoire est bonne. Disons que, pour un lecteur candide qui se demanderait si ce compositeur est intéressant, il y a peut-être plus enrichissant à tenter.
DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97897 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
Sujet: Re: Compositrices Mar 13 Avr 2021 - 10:29
Mefistofele a écrit:
Je pense que le qualificatif n'est pas usurpé, et que ce n'est clairement pas ce qu'elle a commis de plus intéressant au disque. Après, je crois que David encense une pièce pour quatuor entendue en concert, donc la vérité est encore ailleurs ?
Encenser est un très grand mot : j'ai été agréablement surpris (alors que d'ordinaire son langage est vraiment gentil) par la matière musicale des Feuilles d'eau à Silvacane, même si j'avais été un peu déçu par la reprise à l'identique de la première partie (véritable forme ABA très stable).
Mais c'est ce que j'ai entendu de mieux d'elle, oui. En règle général c'est joli, mais il me manque un peu le grand frisson.
frgirard Mélomane averti
Nombre de messages : 318 Localisation : Haut Var Date d'inscription : 18/03/2007
Sujet: Re: Compositrices Mer 14 Avr 2021 - 10:20
Benedictus a écrit:
Henri a écrit:
Je voudrais que vous écoutiez ça.
Camille Pépin - The Sound of Trees
J’ai essayé.
• Camille PÉPIN: The Sound of Trees (2019) pour clarinette, violoncelle et orchestre Julien Hervé (clarinette), Yan Levionnois (violoncelle), Arme van Beek / Orchestre de Picardie Amiens, X.2019 NoMadMusic
Pas convaincu du tout. Non pas parce que ce serait néotonal en soi, mais parce que le langage, ici, me semble relever d’une sorte de bizarre hybridation entre, d’une part, une tradition très française de musique tonale post-debussyste (du côté d’un Daniel-Lesur ou du Ibert des Tropismes, par exemple) et les procédés du minimalisme américain. De très beaux chatoiements de couleurs et de textures, dans un langage harmonique très stable (malgré quelques clausules modales tantôt lark-ascendinguisantes, tantôt plus exotiques) et très consonant, et puis ça se met à faire d’agaçantes boucles répétitives, limite glassiennes (tantôt en mode pulsé, tantôt en mode planant.) Du coup, ça ne décolle jamais vraiment - dommage.
Je n'aurais pas mieux quant à mon ressenti de cette oeuvre.
Oeuvre ressemblant a un catalogue de styles qui pourrait faire croire que la compositrice n'a guère d'inspiration..
frgirard Mélomane averti
Nombre de messages : 318 Localisation : Haut Var Date d'inscription : 18/03/2007
Sujet: Re: Compositrices Mer 14 Avr 2021 - 10:23
J'ai beaucoup aimé B for Betsy monographie de Betsy Jolas chez Hortus.
mabuse a écrit:
10 ans plus tard … Il faudrait admettre que la discussion n'a pas tellement été relancée … Non, Xavier ? ...
Bon, allez, je me dévoue un peu :
B for Betsy Hortus (2012)
Betsy Jolas (1926-) Quatre Duos : L'Ardente, L'Interdite, La Toute-Vive & La Grande Irenée (1979) pour alto et piano Pièce pour (1997) pour piano Quoth the raven (1993) version pour alto et piano Pièce pour Saint-Germain (1981) pour piano Ruth wohl (2011) pour alto et piano Episode sixième (1984) pour alto solo B for Sonata (1973) pour piano
Géraldine Dutroncy, piano & Laurent Camatte, alto
Betsy Jolas, non seulement de par son ancienneté et son rôle d'enseignante, jouit d'un certain statut dans le milieu de la création musicale. Néanmoins je vois que son œuvre n'est pas tellement documentée au disque. Je pense qu'elle correspond bien à ces compositeurs n'étant pas assez radicaux pour l'Avant-Garde et trop difficile pour le grand public, et qui au bout du compte ne passionnent pas grand monde. Parce qu'on ne leur colle pas d'étiquette, ils sont plus difficiles à identifier. Jolas me fait beaucoup penser à Jacqueline Fontyn en Belgique qui a eu un parcours et une œuvre très similaires.
Le disque ici a été une belle découverte pour moi. Les œuvres sont de qualités très homogènes malgré les différentes époques d'écriture sur 40 ans. Si on reconnait bien un certain académisme "post-sériel", elle arrive à chaque fois à transcender cette rigueur formelle par un magnifique savoir-faire. C'est d'autant plus frappant que les formes employées sont très réduites : du piano et/ou de l'alto. Pas de jolies orchestrations qui cacheraient quelques faiblesses. Pas de mode de jeu improbable ou d'électronique non plus. Juste beaucoup de poésie et d'inspiration pour éviter toute sécheresse et créer de belles émotions. On ne s'ennuie pas tout le long de l'écoute.
Ça me donne très envie de découvrir d'autres œuvres de la compositrice. Et il faut aussi que je me renseigne sur les deux musiciens qui sont franchement excellents.
Dans le livret, la notice par Gérard Condé est bien faite. Elle permet de bien situer chaque pièce.
J'ai aussi trouvé cet article intéressant à son sujet : → http://blogsv2.qobuz.com/claude-samuel/2017/10/27/le-blog-notes-de-claude-samuel-lenseignementdemessiaen-larevelation-dantonwebern-deschliemannaeuripide-voterserie/
Sur son site internet, on voit que sa musique est régulièrement jouée. Et même par des interprètes de prestige (Rattle et les Berliner ! Les Arts Florissants !!). J'espère qu'on pourra bientôt entendre son concerto pour violoncelle créé en octobre dernier par Anssi Karttunen et l'Orchestre de Chambre Suédois. → http://www.betsyjolas.com/
Rendez-vous en 2029 pour la suite des merveilleuses aventures de Betsy Jolas sur Classik !
nigelkeay Mélomane du dimanche
Nombre de messages : 80 Localisation : Ile de France Date d'inscription : 15/04/2008
Sujet: Re: Compositrices Dim 2 Mai 2021 - 23:44
Bonjour, voici une œuvre d'Isabelle Fraisse pour alto seul que j'ai enregistré en février;
Mefistofele Mélomaniaque
Nombre de messages : 1459 Localisation : Under a grey, rifted sky Date d'inscription : 17/11/2019
Sujet: Re: Compositrices Lun 8 Nov 2021 - 23:32
Luise Adolpha LE BEAU (1850-1927)
Pianiste professionnelle à l'activité compositionnelle non négligeable (une symphonie, deux pièces concertantes, quantité de pièces vocales, du Lied à l'oratorio et même deux opéras, nombre de miniatures chambristes, du piano et j'en passe), elle sera formée par Rheinberger, croisant parmi tant d'autres figures importantes Franz Lachner (son critique personnel pendant un temps), Clara Schumann (son professeur pour un mois) et Franz Liszt, leur relation ne durant pas pour raison de différends personnels (humeur, aspirations, intérêts). Ses mémoires. écrits au tournant du siècle lorsqu'elle cessera ses activités de composition, feraient état de son amertume pour la condition féminine dans le domaine musical (dont elle aura été la victime, à commencer par postes interdits et tutorat sexué).
Malgré un catalogue étoffé, on ne trouve qu'une poignée de pièces au disque ! À l'orchestre, seul le concerto pour piano est disponible. L'intégrale de la musique pour piano est trouvable sur un disque Genuin par Ana-Marija Markovina, alors que la musique vocale semble la grande absente. Le catalogue chambriste est documenté, avec la réserve que ce sont toujours les mêmes pièces qui sont enregistrées, à commencer pa la Romance pour violon et piano, la sonate pour violoncelle (qui remporta un premier prix) et le trio pour piano. Concentrons-nous sur les disques les plus complets, avec quelques très beaux suppléments à aller pêcher alentour.
Je ne saurais discuter le piano, que j'ai distraité écouté et trouvé assez salonnard. Le disque MDG (Niziol/Severin/Korsunskaya) propose les sonates pour violon, violoncelle et le trio respectivement. Voilà un excellent panorama même si je trouve mon miel chez d'autres interprètes, à une exception notable près : la sonate pour violon, unique enregistrement à ma connaissance, chef d'œuvre ! L'ouverture en est absolument brûlante, et cette intensité romantique se retrouvera tout au long de la pièce.
Le disque SWR (Blees/Koch/Bergmann) offre l'intégrale des pièces pour alto/piano (charmantes) et une quasi-intégrale pour les duos violoncelle/piano (ne manque que l'opus 65). J'avoue préférer l'enregistrement de la sonate pour violoncelle ici, un son plus présent et des affects plus creusés qui siéent mieux à l'idiome ; abus d'effets lacrymaux ou faciles (l'Andante tranquillo), mais quel métier (le III capture l'air du temps avec brio) ! Quant aux pièces de l'opus 24, délicieux effluves de salon plein de vie (élan de la mazurka, élçegance de la gavotte), et une Romanze qui est efficace à défaut d'être digne.
Pour le trio, on trouve pas moins de 3 enregistrements. Celui du disque MDG, la version du Clara Wieck Trio et celle du Galos Piano Trio. C'est un bijou, avec du rythme qui circule tout le long de la partition, et suis-je tenté de dire, de forme cyclique ? La formidable déclamation initiale de l'Allegro con fuoco, le Scherzo perlé en danse ancienne qui se laisserait aller, et la fugue qui ouvre le finale. Je ne m'en lasse pas et l'aime plus à chaque réécoute. Concernant les versions, la première est la plus aristocratique et équilibrée, la seconde la plus vive, la troisième la plus intense ? La prise de son n'est pas flatteuse, mais le violoncelle est plus enveloppant et les détachés du scherzo vraiment marquants.
La Romance pour violon/piano évoquée plus haut est un bonbon à croquer en passant, qui tout à coup prend des airs tziganes. La version Irnberger/Moser est excellente, prise de son Gramola et anthologie de qualité. Mais l'on s'en passe bien, à vrai dire.
Le concerto pour piano (Tchemberdji/Bruns) est une belle œuvre dans la tradition romantique, d'obédience chopino-lisztienne, aux mélodies accrocheuses et gestes amples (ah, les affolements à la fin du I !) qui rentrent facilement dans l'oreille, avec ce qu'il faut de démonstratif pour les amateurs (le torrent de notes avec empilement de trilles qui reprend le thème introductif dans la cadence finale...). Malgré mes réserves sur ce genre de choses, je n'ai pas boudé mon plaisir, cela s'écoute fort bien, sans pour autant faire preuve d'originalité.
Le quatuor, (Puryshinskaja/Cardas/Christa/Lewis) enfin, a été vanté par David ici et là. Une fois encore, le sens de la mélodie et du rythme (ah, le III !) font mouche, tout le bien que j'ai écrit à propos du trio se retrouve dans cette partition.
Un compositeur à ne pas rater, moins connu que Farrenc mais dont l'inspiration me semble supérieure. Le trio et le quatuor avec piano, ainsi que la sonate pour violon, me semblent les trois pièces à connaître. Et le concerto devrait faire des heureux pour les amateurs de l'idiome romantique.
PS : le quatuor de Jaëll évoqué sur Twitter serait-il disponible quelque part ?
Dadamax Mélomane averti
Nombre de messages : 271 Age : 50 Localisation : Provence Date d'inscription : 07/06/2013
Sujet: Re: Compositrices Jeu 11 Nov 2021 - 20:00
Isidora Žebeljan (1967-2020), compositrice serbe. Sarabande pour piano, violon et cor anglais : /watch?v=xr9TSG_sFkY
Dilorom Saidaminova (1943), compositrice ouzbek. Deux pièces pour piano : /watch?v=vZX9uWSqxtg
arnaud bellemontagne Gourou-leader
Nombre de messages : 25915 Date d'inscription : 22/01/2010
Sujet: Re: Compositrices Sam 29 Jan 2022 - 13:47
Florence Price : Symphonies n°1 et 3 (Nézet-Seguin)
La première symphonie fleure bon les accents de la symphonie du nouveau monde de Dvorak. Une oeuvre agréable et intéressante, même si la longueur des mouvements ne se justifie pas toujours...
La troisième symphonie est d'une tout autre ampleur.Plus mature et inspirée que la première symphonie, elle gratifie l'auditeur d'un splendide mouvement lent habité et fervent, d'un scherzo festif et enivrant et d'un final au diapason. Une belle réussite!
Vu que (j'imagine) ça n'est que le premier volet d'une intégrale symphonique, je suis très intéressé par entendre la suite.
Mefistofele Mélomaniaque
Nombre de messages : 1459 Localisation : Under a grey, rifted sky Date d'inscription : 17/11/2019
Sujet: Re: Compositrices Sam 29 Jan 2022 - 14:19
Excellente fréquentation ! Cet album est le meilleur de ce que l'on peut trouver d'elle, à mon avis. J'en avais touché 2 mots en Playlist :
Mefisto a écrit:
Enfin, cycle Florence Price (entre des douzaines et des douzaines d'autres choses), le récent disque DG par Nézet-Séguin constitue vraiment le meilleur de ce qui est disponible : interprétation de la No. 1 qui plante la concurrence en terme de finition sonore et déploiement des couleurs ; programme superlatif, car les deux symphonies sont les plus intéressantes dans ce qui est publié (le quintette et les concertos, c'est juste charmant, et la No. 4 fait vraiment redite pour ses ambiances de cartoon et de Far-West). Grand sens de la danse, on dirait une sorte de Dvořák 9 avec plus de folklore et de mouvement. La No. 3 est moins immédiatement accrocheuse, mais les réécoutes ne cessent de plaider en sa faveur (passé le premier mouvement, assez convenu). Les III et IV, quelle orgie de rythmes et de couleurs !
David a écrit:
Le Quintette n'est vraiment pas mal ! Mais oui, ce disque Nézet change la donne ! La façon dont, malgré l'allure extérieurement rhapsodique, les thèmes transmutent comme des motifs dans la Première Symphonie, je trouve ça très impressionnant.
On trouve les symphonies No. 1, 3 et 4 par Jeter, moins convaincantes que les versions de Nézet Seguin, des concertos parfaitement inoffensifs, des poèmes symphoniques pas inintéressants, et donc le quintette, qui a bien plu à David.
WoO Surintendant
Nombre de messages : 14343 Date d'inscription : 14/04/2007
Sujet: Re: Compositrices Sam 29 Jan 2022 - 14:48
Je suis en train d’écouter la 3 et j’aime beaucoup. Ça me fait penser à la musique de William Grant Still. Ces deux compositeurs ont été en butte à la même société raciste et cette belle musique fend le cœur. Merci pour la découverte.
Abnegor Mélomaniaque
Nombre de messages : 1673 Age : 42 Localisation : Angers Date d'inscription : 19/12/2009
Sujet: Re: Compositrices Sam 29 Jan 2022 - 15:01
Je pense la même chose que vous de la troisième symphonie de Price Ce sont surtout les mouvements II et III qui m'ont le plus marqué. J'ai découvert ça non pas sur l'album de Nézet-Seguin, mais en live sur le site du Detroit Symphony Orchestra.
DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97897 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
Sujet: Re: Compositrices Dim 30 Jan 2022 - 1:56
WoO a écrit:
Je suis en train d’écouter la 3 et j’aime beaucoup. Ça me fait penser à la musique de William Grant Still. Ces deux compositeurs ont été en butte à la même société raciste et cette belle musique fend le cœur. Merci pour la découverte.
Je ne trouve pas que Still soit de la très grande musique à vrai dire : c'est bien (et un exploit de produire ça dans les circonstances d'apprentissage et d'exercices qui étaient celles des afro-américains !), mais pas extrêmement nourrissant.
Les symphonies de Price ont en revanche quelque chose qui échappe à la simple juxtaposition de thèmes : l'orchestration est très réussie, et les transitions thématiques assez subtiles, avec un véritable sens de la structure malgré l'aspect « usine à tubes ». Je trouve ça beaucoup plus intéressant.