TCE Février 2012 : Don Pasquale (Donizetti)

Don Pasquale (Donizetti)

Enrique Mazzola direction
Denis Podalydès (Sociétaire de la Comédie Française) mise en scène
Eric Ruf scénographie
Christian Lacroix costumes
Cécile Bon chorégraphie
Stéphanie Daniel lumières
Emmanuel Bourdieu collaborateur artistique
Alessandro Corbelli (13, 15, 17 et 19 février)
Lorenzo Regazzo (21 et 23 février) Don Pasquale
Désirée Rancatore Norina
Gabriele Viviani Dr Malatesta
Francesco Demuro Ernesto
Richard Tronc Le Notaire

Orchestre National de France
Choeur de Radio France chef de chœur Nathalie Steinberg

Quel triomphe! Le plus beau de cette saison, avec une volée de bravis assourdissante pour Rancatore, totalement méritée ; aucune erreur de placement de ses aigus (un très bon soir, ce n'était pas le cas pour la retransmission Arte), une réussite scénique et un chant incroyable de bout en bout, avec la très grande complicité d'Enrique Mazzola, qui a tout au long de la soirée accompagné, soutenu, mis en valeur les chanteurs comme trop peu de chefs savent le faire. L'ONF sonne assez bien, un peu standard à mon goût, mais sans faute, et avec une flexibilité formidablement utilisée par Mazzola. Je suis soufflé de la puissance de Rancatore, de la beauté de son medium, à côté Machaidze vue récemment est une amatrice, malgré son talent certain.

Demuro est un bel Ernesto, à l'aise sur scène mais un peu moins dans la partition très tendue vers l'aigu ; aucun couac cependant ce soir (à la retransmission, l'aigu final de son air est un supplice), et de belles nuances, au final une très belle prestation et un plaisir de découvrir ce très bon et jeune ténor.

Légère déception du côté de Corbelli, que j'adore, scéniquement fantastique, mais vocalement un peu en retrait, dans cette partition ni rossinienne (il chante avec l'orchestre au complet) ni assez lente pour le laisser bien placer sa voix si belle et bourrée d'harmoniques comme très peu le sont. Au final il fait le spectacle et assure le chant, quand même un bon bilan.

Gabriele Viviani, inconnu au bataillon, réussit très bien en malatesta, sonore, égal dans les registres bien qu'un peu aigu pour le rôle, il récolte une très grande ovation aux saluts, ayant su tirer parti d'une partition très flatteuse pour le personnage du médecin comploteur.

La mes enfin, que j'ai trouvé très très bien, mais que faut-il aux journaleux? Certes, ce n'est pas du Del Monaco ni du regietheater. C'est du bon théâtre, un décors cohérent, une construction excellente des personnages, une gestuelle comique efficace... tout ce qu'il faut pour donner vie à un bon opéra buffa!

Tout était réuni et le public ne s'y est pas trompé, qui a fait un triomphe au cast et à l'orchestre, bien plus fort que tout ce que j'ai pu voir à l'ONP cette saison (hormis tannhauser), et il faut dire qu'une telle réussite fait du bien : mise en scène, direction, chanteurs du plus grand calibre à leur place, le public mérite d'avoir droit à cela de temps à autre...

Je suis quand même un peu dégoutée de ne pas avoir vu ce Don Pasquale en salle d'autant que je voulais absolument voir Corbelli et que je suis loin d'être certaine qu'il reviendra à Paris. Enfin, on va pas refaire l'histoire (vue pas la sncf et rff ); et vu que ce que j'ai vu l'autre jour ne m'a pas emballée plus que ca ... Sinon contente que ca t'ait plu

Pour moi, plus le temps passe (depuis cette fameuse Lucia en Avignon) je suis absolument fondu/fou du medium de Rancatore !

Il me semblait qu'elle avait un topic, ici, dans lequel j'avais posté !

Perso, c'est depuis l'écoute de sa Lucia à Bergame (et y a pas que son medium que j'aime beaucoup... y a aussi sa folie dans les aigus et les ornementations... que certains trouveront ostentatoires mais tant pis! )

Polyeucte a écrit:

Perso, c'est depuis l'écoute de sa Lucia à Bergame (et y a pas que son medium que j'aime beaucoup... y a aussi sa folie dans les aigus et les ornementations... que certains trouveront ostentatoires mais tant pis! )

L'aigu aussi mais peut-être moins ; parce qu'il est, finalement, plus attendu, là où son medium est une surprise de chaque instant (variété des couleurs, volume, etc.). En live, qui plus est, la voix a un impact assez incroyable (voire impitoyable pour ses collègues)... jusque dans des aigus qui paraissent toujours un poil trop haut (mais ce n'est qu'une apparence ; affaire d'émission) mais à la fois bravaches et crânement assumés !

Ah mais je suis assez d'accord, mais en fait, quand j'entend justement ce médium, je n'attends pas forcément ces aigus.
Pour ce qui est de l'impact, je suis tout à fait d'accord. J'ai été totalement conquis en l'écoutant dans L’Élixir d'Amour à Bastille... c'était superbe! (avec un Korchak qui t'aurait peut-être même convenu )

Polyeucte a écrit:

Ah mais je suis assez d'accord, mais en fait, quand j'entend justement ce médium, je n'attends pas forcément ces aigus.
Pour ce qui est de l'impact, je suis tout à fait d'accord. J'ai été totalement conquis en l'écoutant dans L’Élixir d'Amour à Bastille... c'était superbe! (avec un Korchak qui t'aurait peut-être même convenu )

Pas impossible, oui (on ne va pas rouvrir le dossier parce que ce n'est pas le lieu mais je reste persuadé que je l'ai simplement entendu deux fois dans des rôles qui ne lui allaient pas !).

Polyeucte a écrit:

Perso, c'est depuis l'écoute de sa Lucia à Bergame (et y a pas que son medium que j'aime beaucoup... y a aussi sa folie dans les aigus et les ornementations... que certains trouveront ostentatoires mais tant pis! )

Et on peut l'aimer aussi pour autre chose que son medium et son aigu

Cololi a écrit:

Polyeucte a écrit:

Perso, c'est depuis l'écoute de sa Lucia à Bergame (et y a pas que son medium que j'aime beaucoup... y a aussi sa folie dans les aigus et les ornementations... que certains trouveront ostentatoires mais tant pis! )

Et on peut l'aimer aussi pour autre chose que son medium et son aigu

Oui, pour sa jolie présence sur scène ; pour sa fraîcheur et cette espèce de supplément d'âme un peu naïf qu'elle met à ses héroïnes bel cantistes (ça fonctionne très bien avec Lucia et avec Elvira, par exemple).

Cololi a écrit:

Et on peut l'aimer aussi pour autre chose que son medium et son aigu

Oui, pour la sensibilité de ses interprétations, pour sa musicalité si personnelle...

Mais je me demande si à la place de "", tu n'aurais pas du mettre ""

Disons qu'elle a de quoi respirer

Disons que Cololi est un vicieux

Polyeucte a écrit:

Cololi a écrit:

Et on peut l'aimer aussi pour autre chose que son medium et son aigu

Oui, pour la sensibilité de ses interprétations, pour sa musicalité si personnelle...

Mais je me demande si à la place de "", tu n'aurais pas du mettre ""

C'est bien connu : "En chaque homme, il y a un qui sommeille !!"

Sinon, j'ai passé un bon dimanche avec ce Don Pasquale.

Pas grand chose à rajouter au CR d'Ino.

Moi aussi j'ai trouvé Corbelli un peu en retrait vocalement (et pourtant que je l'aime).

J'aime bien Rancatore et son côté un peu "too much". Et pour une fois qu'on nous sert pas un canari en Norina, je n'ai pas boudé mon plaisir.

Francesco Demuro que j'avais déjà entendu en Rinuccio à Londres en septembre dernier, est un bel Ernesto. J'espère qu'il va savoir résister à l'envie d'aller voir un répertoire plus lourd.

Gabriele Viviani en Malatesta était pour moi aussi une découverte. Je pense que c'est un nom à retenir.

J'ai trouvé la MES un peu sage. Cependant il y a une vraie direction d'acteur.