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 Kitège à Amsterdam le 17/02/2012

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Toxic
Mélomaniaque
Toxic


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Date d'inscription : 18/03/2008

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MessageSujet: Kitège à Amsterdam le 17/02/2012   Kitège à Amsterdam le 17/02/2012 EmptyLun 20 Fév 2012 - 14:48

Comme je vous l’avais annoncé, je me suis rendu à Amsterdam pour assister à une représentation de Kitège de Rimski-Korsakov.
Pourquoi se déplacer si loin ? Parce que j’adore RK en général et Kitège en particulier que je tiens pour un des dix meilleurs opéras de la planète. Comme il n’est pratiquement jamais représenté sous nos longitudes, je n’ai pas voulu rater cette occasion. Je n’avais évidemment jamais vu cet opéra sur scène, je n’en connais que les deux versions au disque de Gergiev et Svetlanov. Je sais que quelques-uns d’entre vous apprécient également cette œuvre et ce petit compte-rendu leur donnera quelques éléments s’ils veulent assister aux futures représentations qui ne manqueront pas d’’être données à la Bastille, puisque cet opéra est une coproduction de l’Opéra d’Amsterdam, de l’Opéra de Paris et du Liceu de Barcelone. Ce que j’ignorais lorsque j’ai acheté mes billets.
J’étais placé dans les dix premiers rangs, un peu bas sans doute, mais tout près de l’orchestre et de la scène que je voyais très bien.

Distribution
Svetlana IGNATOVICH (Frevonia)
Maxim AKSENOV (Vsevolod)
John DAZSAK (Grischka)
Vladimir VANEEV (Yuri)
Alexei MARKOV (Fiodor Poyarok)
Mayram SOKOLOVA (L’Enfant)
Direction : Marc ALBRECHT
Mise en Scène : Dmitri TCHERNIAKOV

Acte 1
Le rideau s’ouvre sur une clairière très lumineuse, avec une cabane dans laquelle vit Fevronia que l’on voit, au-devant de la scène, allongée sur le sol. Décor un peu kitsch (qui sied parfaitement à cette œuvre), mais ça ne durera pas ! L’orchestre envoie la courte introduction symphonique avec l’envoûtant thème qui servira de leitmotiv à toute l’œuvre. La magie de RK opère déjà. S. Ignatovitch commence à chanter, vraie voix slave qui vient du fond de la gorge, pleine de chair, franchissant aisément et sans effort la fosse. C’est plein de lyrisme, le vibrato est très contrôlé, l’orchestre est très présent, coloré, en équilibre parfait avec la voix.
Entre M. Aksenov ; la voix est belle mais moins assurée, plus fragile. Jusqu’ici, tout va bien, même si la tenue du prince Vsevolod, habillé de chez Décathlon, me met un peu la puce à l’oreille !

Acte 2
La place du marché de Kitège-la-petite est un grand bistrot, entouré de hautes et vilaines maisons, pleines de petites fenêtres. Les « villageois » sont habillés comme vous et moi. Pas vraiment choquant, mais pas vraiment joli… Heureusement, la qualité musicale continue, avec des chœurs superbes (c’est important chez RK), et un Grischka de J. Dazsak ivrogne, habité et crapulard à souhait.
Les « Tatars » entrent dans l’établissement, armés de fusils d’assaut. Tatars si l’on veut, car ils ressemblent plutôt à une bande de mafieux russes. Et ils flinguent à tout va, avec la brutalité la plus violente. Que représentent-ils ? Je dois dire que je me suis posé la question… J’ai pensé à la Russie de Poutine et la mise en coupe réglée de certains pans de l’État par son chef et ses spadassins ; mais sans certitude aucune.
Ces vilains pas beaux mettent le feu à Kitège-la-petite dans un final très spectaculaire, j’en conviens.

Acte 3
À Kitège-la-grande, nous voici maintenant dans une immense salle d’hôpital (?), à la peinture bleue lépreuse. À nouveau de magnifiques ensembles et la voix brûlante de Vaneev dans le solo de Yuri. Magnifique interprétation également de M. Sokolova dans le rôle de l’enfant, ici devenu femme.
L’irruption des « Tatars », après le départ des hommes s’effectue avec la même brutalité qu’à l’acte précédent.
Deux éléments discutables : l’un des chefs tatars (Bedjay, je crois) oblige Fevronia à lui faire une gâterie ! Et l’un des estafiers de Burunday se déshabille complètement et reste debout, nu, les bras ballants (et pas que les bras d’ailleurs !), avant de s’entourer d’une serviette et sortir. Je sais bien qu’il n’y a plus guère de MES d’opéra dans laquelle l’un des protagonistes se retrouve à poil, mais là, faudra qu’on m’explique.

Acte 4
Retour à la forêt de l’acte I, dans la nuit. Grischka s’enfonce dans son délire et frappe violemment Fevronia, mourante. Dans son rêve, Fevronia accompagnée de Sirin et Alkonost, les oiseaux de paradis transformés, pour la circonstance, en vieilles babouchkas russes, rejoint Vsevold dans sa cabane de l’acte I. Ils chantent ensemble, assis face à la scène, se balançant assez niaisement de droite à gauche comme à la fête de la bière !
Ils retrouvent Kitège, ou du moins les personnages principaux, le chœur restant invisible derrière la scène. Ce final est complètement planant, très long, on est réellement transporté dans un autre monde avec cette musique pleine d’humanité.

Alors, quel bilan ?
Musicalement, on est proche de l’excellence, avec un orchestre souple, présent, nuancé, portant toutes les couleurs de ce génie qu’était RK ; des interprètes principaux bien dans leur rôle : S. Ignatovich, inconnue de moi jusqu’alors, très applaudie (une standing ovation immédiate) à juste titre, fragile et forte, un rôle qu’elle maîtrise totalement. M. Aksenov, joli timbre, manque un peu de vaillance, mais le personnage est assez effacé. J. Dazsak, le seul non-russe parmi les rôles principaux (il est anglais), ne démérite pas, allumé, violent. Vaneev, grande basse russe, apporte toute son humanité, en particulier au 3ème acte, le plus violent de l’opéra.

La MES, c’est une autre histoire. Je sais bien que je suis souvent très, très réservé sur les MES transposées. C’est moins la transposition que l’ésotérisme et la vulgarité qui me dérange. Je n’attendais évidemment pas une Fevronia en costume traditionnel, bottes rouges, longue robe blanche fleurie et macarons sur les oreilles ! J’admets que les actes 2 et 3 soient violents : il y a d’ailleurs un contraste entre les actes 1 et 4, plutôt élégiaques, tout entiers soutenus par le lyrisme de Fevronia et les actes centraux, sous « l’emprise » des Tatars. Je regrette simplement qu’on ne retrouve pas le titre intégral de l’opéra dans la MES : « La légende de la ville invisible de Kitège et de la princesse Fevronia ».
Tcherniakov gomme la légende, supprime toute slavitude (je me mets à parler comme Ségolène maintenant !) de l’opéra ; il détruit le merveilleux, le rêve et la mystique tellement présents dans cette musique (et tellement bien mis en valeur par les interprètes), y compris dans les actes centraux, grâce aux chœurs et au personnage de Yuri.

Attendons la venue à Paris de cette production. J’y retournerai peut-être, à la seule condition que le rôle-titre soit chanté par Svetlana Ignatovich. Et sacré challenge pour l’orchestre, le chef et les chœurs pour atteindre le niveau de ce que j’ai entendu à Amsterdam !
Très belle soirée donc, qui n’a pas déboulonné Kitège de mon top ten !
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Xavier
Père fondateur
Xavier


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MessageSujet: Re: Kitège à Amsterdam le 17/02/2012   Kitège à Amsterdam le 17/02/2012 EmptyMer 22 Fév 2012 - 3:20

Toxic a écrit:
Attendons la venue à Paris de cette production. J’y retournerai peut-être, à la seule condition que le rôle-titre soit chanté par Svetlana Ignatovich.

Il paraît que ce sera Guryakova...
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Polyeucte
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MessageSujet: Re: Kitège à Amsterdam le 17/02/2012   Kitège à Amsterdam le 17/02/2012 EmptyMer 22 Fév 2012 - 8:22

Ce n'était pas indiqué dans le programme de la Dame de Pique... donc je pense que la rumeur était soit fausse, soit il y a eu changement... (je ne sais si je dois me réjouir ou pas en fait... Confused)

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