[Jazz] Playlist

Cello>
Waves est en quelque sorte le slow de l'album, si tu l'as lancé en premier effectivement tu as dû trouver ça plus doux que je ce que je disais. Le reste de l'album est bien plus à l'image d'Echoes. Quant aux polyrythmies, sont-elles "furieuses" ou pas... vaste question. En tout cas elles me paraissent pertinentes et stimulantes. Assez souvent, il me semble que c'est bêtement à base de suites de noires pointées à 4/4 (ou équivalent) mais les appuis restent très très durs à anticiper la plupart du temps. "Rentre-dedans", c'est pareil, ça dépend du contexte, si tu viens d'écouter Norah Jones, ou le Mahavishnu.
Pour préciser, le Steve Lehman Octet fait penser à du Steve Coleman (64 paths), et le son de groupe rappelle, en plus large, le Quintette de Dave Holland avec Steve Nelson au vibra.

pHax>
Un topic, cool ! Ok pour l'album, je vais écouter ça.

jerome a écrit:

Cello>
Waves est en quelque sorte le slow de l'album, si tu l'as lancé en premier effectivement tu as dû trouver ça plus doux que je ce que je disais. Le reste de l'album est bien plus à l'image d'Echoes. Quant aux polyrythmies, sont-elles "furieuses" ou pas... vaste question. En tout cas elles me paraissent pertinentes et stimulantes. Assez souvent, il me semble que c'est bêtement à base de suites de noires pointées à 4/4 (ou équivalent) mais les appuis restent très très durs à anticiper la plupart du temps. "Rentre-dedans", c'est pareil, ça dépend du contexte, si tu viens d'écouter Norah Jones, ou le Mahavishnu.
Pour préciser, le Steve Lehman Octet fait penser à du Steve Coleman (64 paths), et le son de groupe rappelle, en plus large, le Quintette de Dave Holland avec Steve Nelson au vibra.

Oui, c'est moi qui ai lu en diagonale.

Dans mon esprit, je m'attendais en effet à une fusion type Mahavishnu Orchestra modernisée, un genre d'éruption de décibels et de gros coups décalés. En fait, c'est beaucoup plus subtil plus doux même si, comme tu le dis, le placement est retors.

Pour la référence au Dave Holland Quintet, je me demande si ce n'est pas le son du vibraphone qui fait ça plus qu'une réelle parenté musicale. Il y a sans doute quelque chose mais au delà de la sonorité ce n'est pas flagrant je trouve. Le langage me semble nettement plus moderne chez Lehman.

Un truc qu'on m'impose de force.
Miles Davis: Kind Of Blue Flamenco Sketches

watch?v=qaXnzIastL0

J'avoue, c'est pas mal et très reposant . J'en suis qu'a la minute, attendons.

Edit:
1 tartelette quand même.

Ta bonté te perdra.

Non, je ménage juste la chèvre et le chou.

Je parle de ta note.

Un album très réjouissant :



Das Kapital est un trio composé de trois musiciens : Friedrich Engels, Karl Marx et Vladimir Ilitch Oulianov.

Spoiler:

Guitare, saxophone, batterie.

Sur cet album, ils jouent la musique de Hanns Eisler, que peut-être certains amateurs de musique classique connaissent.

Si le résultat n'a rien de révolutionnaire, il me semble qu'il prouve que le jazz est authentiquement l'avenir d'une illusion (méfiez_vous des imitations).

Stanlea a écrit:

Si le résultat n'a rien de révolutionnaire, il me semble qu'il prouve que le jazz est authentiquement l'avenir d'une illusion (méfiez_vous des imitations).

Tu peux préciser ce propos un peu sybillin ?

oui

Mode Pierre Dac-Francis Blanche on

Votre Sérénité Stanlea, pensez-vous que vous pouvez le faire ?

Mode Pierre Dac-Francis Blanche off

Qu'est-ce que le jazz ? Je ne m'aventurerais pas à répondre à cette question. Par contre, quand je parle d'illusion, j'évoque certains propos émanant souvent de musiciens classiques disant que rien ne distingue le jazz des musiques occidentales : mêmes structures, rythmiques, harmoniques. Le jazz n'a pas d'instruments spécifiques, il y a d'autres musiques improvisées de par le monde, le "swing" est juste une interprétation parmi d'autres... je pourrais continuer assez longtemps je pense.
Ceci posé, et surtout si ces propos visent à minimiser l'importance du jazz dans la musique, il me plaît alors de le considérer comme une illusion musicale et culturelle, illusion in-définissable et qui peut bien se passer de justification, puisqu'il existe.

Je trouve passionnant le travail effectué par les musiciens actuels, qui prouvent la vitalité du jazz et sa capacité à rebondir après l'angoisse profonde suscitée par les indépassables sommets atteints à la fin des années 60 (genre "Après Coltrane et Miles, que peut-on faire de plus ?").

Par exemple, l'assimilation d'un répertoire tel que celui de Hanns Eisler apparaît tellement naturelle et légitime de la part de ces trois musiciens que la question de la rencontre du classique et du jazz apparaît soudain comme largement dépassée. Le jazz est une voix que rien ne fera taire.

Ai-je été moins sybillin ?

Je dirai même plus: clair et concis (même si pour moi les "sommets indépassables" sont antérieurs).

C'est une très jolie réponse, Stanlea... Et je ne change rien au contenu !

Dernière écoute "jazz" : Tim Berne Science Friction. Grace à Jérôme qui m'a fait exhumer quelques disques...



Enorme, bien sûr....

Stanlea a écrit:

. Le jazz n'a pas d'instruments spécifiques

La batterie.

Flash météo : On annonce une tornade de contre-exemples de force 6 sur la tête d'Arnaud.

Plus que les instruments, c'est la manière d'en jouer qui est spécifique au jazz.

C'est le Jazz qui a inventé la batterie.

Ensuite que les rockeurs la reprennent pour faire du raffut, grand bien leur fasse.

Oui, le jazz a inventé la batterie... à partir de ce qui existait déjà. Et puis la batterie est revenue au rock, et même à la musique classique. Le jazz a aussi généralisé le jeu aux doigts pour la contrebasse. Extérat.
Avec un peu de mauvaise foi, on peut argumenter sur tout, mais ne rien prouver.

Après tout, pourquoi prouver ?

Ce que le jazz a de spécifique, c'est qu'il jazze.

John Coltrane - My Favorite Things

quels sont vos 10 disques préférés dans le jazz contemporain (c'est à dire ayant moins de 30 ans puisque j'ai 30 ans )

Ouh la, presque tous les miens sont plus vieux que ça... Quelques trucs qui me passent par la tête:

Bill Frisell: Quartet

Wheeler-Konitz-Frisell-Holland: Angel Song

Barron-Carter: Free Fall

Hall-Metheny: Jim Hall & Pat Metheny

Konitz-Meldhau-Haden: Alone Together

Philip Catherine: Moods I & II

Nathalie Loriers: Silent Spring

Sonny Rollins: Global Warming

Ahmad Jamal: Nature

Cassandra Wilson: Traveling Miles

Belle liste Cello !
30 ans ? 1981 à aujourd'hui ? La période 1950-1970 est plus représentée chez moi aussi. Bon, je me concentre (et je me fais aider de ma liste Itunes...)
Bon, en gras les 10 que je mets encore au dessus :

Jaco Pastorius: Word of Mouth (1981)
Tim Berne: Mutant Variations (1983)
John Zorn: Locus Solus (1984)
David Liebman: The Loneliness Of A Long-Distance Runner (1985)
John Zorn: Cobra (1986)
Last Exit: Last Exit (1986)
Tim Berne: Fulton Street Maul (1986)
Tim Berne: Sanctified Dreams (1987)
Last Exit: Koln (1986)
Bill Frisell: Before We Were Born (1988)
Tim Berne: Fractured Fairy Tales (1989)
John Zorn: Naked City (1989)
Bill Frisell: Is That You (1990)
Tim Berne: Can't Put My Finger On It (1991)
John Scofield: Grace Under Pressure (1991)
Bill Frisell: Have a Little Faith (1992)
Michael Formanek: Loose Cannon (1992)
Steve Coleman: Tao of Mad Phat (1993)
Nels Cline: The Inkling (1999)
Myra Melford: Dance Beyond the Color (2000)
Spring Heel Jack: Amassed (2002)
william parker : o neal's porch (2002)
Dave Douglas: Mountain Passages (2005)
David Torn : Prezens (2007)
Endangered Blood : Endangered Blood (2011) en gras parce que je l'écoute à l'instant : one of the best of the year !
Tim Berne : tous les Science Friction et les Hard Cell trio, les Miniatures, les Caos Totale et les Bloodcount

Une liste qui changera demain matin à 8h... car j'oublie sans doute quelques essentiels...

pour l'instant j'ai écouté ce que Cello conseille et je trouve ça un peu trop sage, un peu trop propre, pas assez fou et virtuose. Il y a bien des timbrés aussi dans le jazz, non ?

Ah si tu veux du truc qui dépote, suis les conseils de pHax, il a ça en rayon . Naked City par exemple fera l'affaire.

Moi, je suis plus mainstream...

Désolé Oyo Toho mais je dois declarer forfait: côté Jazz je me concentre quasi-exclusivement sur la période 1950-1979 (à l'instar de Phax).

OYO TOHO a écrit:

pour l'instant j'ai écouté ce que Cello conseille et je trouve ça un peu trop sage, un peu trop propre, pas assez fou et virtuose. Il y a bien des timbrés aussi dans le jazz, non ?

C'est peut-être davantage du côté de ma liste que tu vas trouver ce que tu cherches. Ce sont quasi que des fous furieux virtuoses qui en veulent à la musique comme s'il s'agissait d'une question de vie ou de mort : tout ce que j'aime également... dans le jazz "trans avangarde" des années 80/90. J'oublie d'ailleurs les "Lounge Lizzards".

Et toi qui écoute Bungle ou FNM ( ) tu DEVRAIS connaître Zorn...

D'après tes critères, penche toi sur (tout mais en particulier):

Jaco Pastorius: Word of Mouth (1981)
Last Exit: Koln (1986)
Bill Frisell: Before We Were Born (1988)
Steve Coleman: Tao of Mad Phat (1993)
Nels Cline: The Inkling (1999)
David Torn : Prezens (2007)
Tim Berne : tous les Science Friction et les Hard Cell trio

et Zorn (Naked City : "Radio" par exemple)

Sinon, les disques des années antérieures de Coltrane (Live in Japan), de Sun Ra, d'Ornette Coleman (Chappaqua Suite) ou de Miles Davis (Miles Smiles, Live Evil...) répondront aussi à tes critères

J'ajouterai un Davis S Ware récent (la maturité) et l'Electric Masada de Zorn

pHax a écrit:

Zorn

Stanlea a écrit:

Zorn

Le peu que j'ai entendu (des titres au hasard) ne m'a jamais vraiment botté, mais il a l'air d'avoir fait beaucoup beaucoup de choses.
Où piocher ?

Stanlea a écrit:

J'ajouterai un Davis S Ware récent (la maturité) et l'Electric Masada de Zorn

Je n'ai pas, volontairement, axé mes recommandations sur le free : mais j'en pense pas moins..

Citation :

Le peu que j'ai entendu (des titres au hasard) ne m'a jamais vraiment botté, mais il a l'air d'avoir fait beaucoup beaucoup de choses.
Où piocher ?

Si tu as aimé Berne, dans les premiers (Cobra, News (et More News) for Lulu, Spy vs Spy...)

Sinon, Masada, son quartet magique :

Alef (1994)
Beit (1994)
Gimel (1994)
Dalet (1995-1997) EP
Hei (1995)
Vav (1995)
Zayin (1996)
Het (1997)
Tet (1998)
Yod (1998)

The Big Gundown (1985)
Spy vs Spy (1989)
Lucifer: Book of Angels Volume 10
Cartoon S/M (2000) 2CD
The Gift (Volume Three, 2001)
Six Litanies for Heliogabalus (2007)
The Dreamers (2008)
Femina (2009)

Et At the Mountains of Madness (2005) 2CD comme le conseille Stanlea

Découverte !

Oui decouvrir Pasto ça fait toujours quelque chose!

Tu peux prolonger l'enchantement avec Black Market de Weather Report.

Je n'ai jamais trop accroché à Pastorius. Comme bassiste et en sideman, j'aime beaucoup mais ses albums en leader m'ont toujours laissé sur ma faim.

Dans le jazz contemporain, l'une des figures marquantes pour moi est le pianiste Brad Mehldau, avec sa série de disques Art of the Trio.















Cette référence à Bach n'est pas purement gratuite lorsqu'on connaît le style d'improvisation de Mehldau, qui aime bien dans ses solos réexposer le thème avec la main gauche par exemple tout en poursuivant ses lancées mélodiques à la main droite. Accompagné par ses complices Larry Grenadier et Jorge Rossy, Mehldau est sans nul doute passé dans le club des grands représentants du trio de jazz.

Je garde un souvenir particulièrement vif du volume 4, qui débute avec une interprétation assez originale de All The Things You Are en 7/8, dont l'introduction en piano solo donne un exemple assez éloquent du style de Mehldau.
Les cinq volumes ont été enregistrés live au Village Vangard.

Bach : Concertos pour piano version Loussier jazz.

Du Jazz comme ça j'en mange tous les jours.

Merci pour l'aiguillage Natrav.

jerome a écrit:

Pour une fois que j'entends un truc "jazzi" qui me plait toi, tu vas te pendre

Je vais voir si je peux pas te dénicher un "Atys is too happy" par Jimmy Cliff pour te convertir au reggae, alors

--------
sinon, ce matin, une bonne rasade de Charlie Parker (sessions Dial, principalement).
J'ai mis quelques années à accrocher vraiment, mais là c'est bon, c'est pour la vie.

et Air above mountains de Cecil Taylor (en solo) : é-pous-touf-lif-fiant !

T'aimes Cecil Taylor à ce point?

Hé bien , je dois avoir Conquistador à la maison et un disque avec Archie Shepp.C'est un peu aride pour moi.

Sinon la je me regale de ce disque:

McCoy Tyner:Song for my Lady(72)



Comme toujours avec Mc Coy beaucoup d'intensité,de souffle,d'emportements et de lyrisme un peu dans la lignée de son travail dans le quartet stellaire de Coltrane.

Disque ecoutable ici:
http://www.musicme.com/#/Mc-Coy-Tyner/albums/Song-For-My-Lady-0025218631327.html

Citation :

T'aimes Cecil Taylor à ce point?

Celui-là particulièrement.

Ça et la vidéo, célèbre me semble-t-il, où on le voit improviser en bonnet dans un décor blanc, c'est ce que j'aime vraiment de lui. C'est épuisant à écouter (3/4 d'heure d'une traite pour la première plage). Il faut parvenir à rester avec lui, l'accompagner dans son effort. Perso j'écoute ça comme "par-dessus son épaule", je suis saisi par l'image du gars face à ses 88 touches plongé dans une concentration surnaturelle. L'émotion vient de la hargne suffocante avec laquelle il s'acharne à la lutte. J'écoutais récemment le concert Miles / Paris où Coltrane se fait huer et continue à envoyer la sauce contre vents et marées, c'est un peu le même type de ressort dramatique, je trouve. Dans le cas de Taylor le public est silencieux et vraisemblablement conquis, mais on sent le même genre de persévérance héroïque contre une force contraire. Pendant de longues périodes on l'entend presque gémir "ne pas s'arrêter, ne pas s'arrêter..." comme si le moindre défaut de volonté allait le faire tomber dans un trou. Il y a un truc très violent qui se joue psychologiquement.
D'un point de vue strictement sonore, j'aime le déhanchement rythmique de ses cascades (jamais carré, mais jamais vide de sens) et surtout la qualité des agrégats qu'il parvient à agripper à une vitesse sidérante.
Sinon j'ai écouté pas mal de disques avec rythmique, mais j'accroche beaucoup moins.

McCoy, c'est dingue tout ce qu'il a pu faire comme albums ! Jamais entendu parler de celui que tu cites. Il faudrait un guide Michelin pour fouiller dans sa discographie ; quand je pioche au hasard, je suis souvent un peu déçu.

Bon concernant McCoy j'imagine que tu possédes déjà toutes les perles qu'il a enregistré avec Coltrane(My Favourite Things, Olé, Love Supreme,Africa/Brass, Crescent,Transition...).
Pour ce qu'il en est de sa (comme tu le soulignes) prolifique carrière solo j'aime Sahara, Atlantis, Infinity(un plutôt recent avec Michael Brecker) et aussi Fly of the Wind(avec Cobham aux fûts ).

Merci pour tes suggestions, je n'ai pas tout réécouté mais ça m'a lancé dans une phase Herbie-McCoy-Chick-Keith bien sympa.
McCoy.
J'ai réécouté Infinity, je n'accroche pas tellement, j'y entends peu de vie (Brecker y est donc parfait).
Côté classiques, The Real McCoy est toujours aussi solide et prenant. Elvin Jones et les cascades de quartes, c'est un sacré mélange. Super aussi sur Juju de Wayne Shorter.
Les premiers albums sont assez sympa (Inception et Night of Ballads and Blues) ; intéressants pour leur côté sage, retenu, encore presque "étudiant". Le mélange entre le langage du passé et l'effort progressif (je dirais même prudent, consciencieux) pour dégager une technique personnelle. Ce qui me surprend, c'est qu'il a enregistré ça après bon nombre de Coltrane, on dirait presque un retour en arrière.
Les trucs des années 70, ça me demande vraiment un effort d'adaptation, j'y entends surtout des illusions du passé qu'on sait aujourd'hui inopérantes (je ne fais que décrire une impression, ce n'est pas une thèse), j'y vais vraiment à petites gorgées, brrrr...
Herbie.
Out of this world, 1961, avec Pepper Adams (que je connais mal, mais qui a vraiment le don de faire tourner des clichés bop en boucle, ça a un côté pantouflard très irritant). On entend mal Herbie, pas grand chose de notable. Quelqu'un connaît des sessions antérieures, pour l'entendre vraiment jeunot ?
The all-seeing-eye de Wayne Shorter, je le redécouvre et, Ô surprise ! j'adore L'effort d'Herbie pour dégager son jeu du cadre hard-bop est désormais complètement abouti (1965). Les frontières du piano jazz ont pris pas mal de claques, mine de rien, dans cette période. On sent énormément l'attraction du classique.
Par contre au niveau du mauvais goût Herbie mérite une palme spéciale pour certains machins ultérieurs que j'ai parcourus avec horreur (ambiance boîtes à rythmes moisies). Ce qu'il fait actuellement a quelque chose de pathétique (perte complète de pulsion ?) mais, pris sous l'angle du papy illustre qui profite doucement de la retraite, c'est quand même attachant.
Dommage, quand même, qu'il n'ait pas un peu plus enregistré en trio (10 albums dans la veine d'Inventions & dimensions, je dirais pas non). On dirait que, depuis pas mal de temps, il a adopté une ligne de conduite consistant à ne pas se mettre en avant en tant que pianiste et à privilégier l'emballage. Un peu dommage, quand même (vu le résultat).
Chick Corea.
D'un point de vue pianistique c'est celui qui me régale le plus. C'est idiot mais j'adore le voir jouer en vidéo, sa décontraction physique face au clavier, la posture de ses mains. Une aisance rythmique énorme. Les productions actuelles m'intéressent peu (Ultimate adventure, ses concerts récents, les extraits de ses pièces "classiques", ou plutôt mollement cross-over) mais réécouter Now he sings... (plutôt 10 fois qu'une) m'a fait dresser les cheveux sur la tête. Sa période free avec Holland me laisse assez dubitatif (sauf le titre "Converge", assez lisible et stimulant) et pour les productions jazz-rock j'y vais à petites doses en tentant de faire abstraction du gros coulis kitsch qui recouvre les compos (le titre Tumba Island me scotche bien). J'ai commandé des disques en piano solo, j'ai hâte d'entendre tout ça - même s'il y a souvent quelque chose d'un peu froid ou vain (a-spirituel ?) dans ses impros, son maniement de l'instrument est bien souvent un spectacle si captivant que je m'en satisfais sans me lasser.
Keith Jarret.
Réécouté Still live et Out-of-towners, ainsi qu'une longue vidéo sur YT ; tout ça avec, à l'esprit, les avis lus dans le fil concerné, la réserve de Xavier, l'affection mitigée d'Arnaud, la réticence totale de certains ou au contraire les déclarations d'amour de ceux qui le trouvent génial. Je suis au milieu, sa recherche de rondeur et son influence sentimentalo-new-age-gentil-américain-rêveur me glace et me repousse vite. J'aime sa façon d'harmoniser en solo, ultra-rapide (un accord tendu sous chaque note de la mélodie) et attentif à atténuer considérablement le milieu de l'harmonie pour créer un tapis flou mais confortable. Là-dessous, la basse est souvent bien ronde, un peu plus timbrée que l'intérieur de l'harmonie, quand même, c'est du beau boulot. Par contre dès qu'il se met à "vamp-er", à fouiller dans le répétitif, je décroche et j'ai les sourcils qui froncent de dégoût, comme s'il me bavait dans l'oreille. Je le place clairement en dernier dans le quarté, c'est celui avec lequel j'ai le plus besoin de faire abstraction du négatif pour prendre du plaisir à l'écoute.

Tout-à-fait d'accord sur Keith Jarret.
Herbie, à mon avis c'est surtout avec Miles Davis entre 1963 et 1968 qu'il faut l'écouter (particulièrement en quintet avec Wayne Shorter, Ron Carter et Tony Williams : la conception d'ensemble et les compo de Davis et Shorter le mettent particulièrement en valeur, tous sont géniaux, c'est vraiment unique et superlatif ).

jerome a écrit:

Herbie.
Out of this world, 1961, avec Pepper Adams (que je connais mal, mais qui a vraiment le don de faire tourner des clichés bop en boucle, ça a un côté pantouflard très irritant). On entend mal Herbie, pas grand chose de notable. Quelqu'un connaît des sessions antérieures, pour l'entendre vraiment jeunot ?

A ma connaissance, c'est son tout premier enregistrement sur disque début 61 (il est né en 40). Plus jeunot que 21 ans, tu auras du mal... "Out of the world", s'il ne fait pas trop entendre Hancock, est quand même très chouette ("Curro's"), Pepper Adams est quand même une bonne alternative à Gerry Mulligan question son de baryton (de toute façon quelqu'un qui a pris Harry Carney pour modèle ne peut être mauvais...).
Rien à voir avec "Inventions and dimensions", mais as-tu entendu "Third plane", album en trio de 1976 avec Ron Carter et je sais plus qui ? C'est pas mal du tout. (tu peux jeter une oreille dans ma signature (et "je sais plus qui", c'est Tony Williams))

Non, je ne connais pas.¨Pas mal, ton système de signature !
Par contre, j'ai ce DVD de 1984 avec Carter et Cobham, donc le style m'est quand même à peu près familier, ça m'a l'air assez voisin.

Je trouve - et pardon de râler - qu'il y a quelque chose de tristement poussiéreux et stérile dans ce style de jazz. Et la prise de son clinquante de l'époque (en particulier la batterie), j'ai vraiment ça en horreur. Le DVD avec Holland-DeJohnette-Metheny* est plus agréable à mes oreilles (il est plus tardif) même si j'y trouve aussi peu de magie. Y a pas de style, quoi. C'est une espèce de nouveau mainstream triomphant, certes athlétique et impressionnant mais comme dénué de conscience (ou conviction) esthétique.

*

Merci pour ce topo complet Jerome(comme d'hab passionnant de bout en bout

Côté MacCoy je n'y reviens pas si ce n'est pour dire à quel point ses solos au souffle épique(Ah ces relances à base d'accords grondants ) epousent à merveille les furies coltraniennes.Ses arabesques debussystes sur tempo lent me touchent egalement beaucoup.

Herbie: élegance de grand seigneur dans le jeu de piano, certes beaucoup de feeling et de groove mais avec un côté tres subtil et intellectuel (l'ecole cool et formaliste de Lennie Tristano a eu un impact evident sur lui)
des merveilles comme "Circles" ou "Masqualero" (les 2 chez Miles) sont de ce point de vue assez edifiantes.
On passe rapidement sur les Empyrean Isles,Inventions and Dimensions et autres Maiden Voyage:des classiques de toute discothéque qui se respecte.J'aime egalement sa période electrique post-Bitches Brew de "Mwandishi" ainsi que sa période plus idiomatiquement funk (Headhunters,Thrust,Manchid,Flood,Mr Hands);certes plus de facilités mais ça et la on à droit à quelques textures raffinées.
Le VSOP ne me passionne pas, sorte de revival Davisien en mode Lexomil...
Quant à sa période electro-scratch des 80's, moins on en parle...


Je partage ton appétence pour Corea, c'est egalement mon préféré des quartre à la fois pour son jeu(mélange de lyrisme hispanique rhapsodiant,de stridences bartokiennes et de féerie ravelienne) pour ses compositions(qui aiment corrompre le sempiternel theme/solo/theme par le recours à des extensions,transitions et autres codas).Tout n'est pas parfait dans le monde de Chick, loin de là.. un penchant manifeste pour le kitsch, le clinquant et le mauvais goût, parfois un manque de discernement esthétique voir même de la vulgarité par endroits.Mais il y a tant de choses merveilleuses chez lui (Now He sings, comme tu le rappelles opportunément, ses duos avec Gary Burton, son Three Quartets, ses disques en solo, son Return to Forever...).
Le plus doué des quatre du point de vue de l'ecriture mais aussi le moins clairvoyant.

Je ne reviens pas sur mes reserves concernant Jarrett, je retiens tout de même de grands moments (Survivors Suite, son quartette Americain plus sauvage et moins policé que son quartette européen,le Still Live avec son Trio Standards) et puis faire sonner son piano comme un vibraphone faut le faire.

Citation :

faire sonner son piano comme un vibraphone faut le faire.

Qu'est-ce que tu veux dire ?

Il y a des choses que tu évoques et que je n'ai pas encore écoutées, par exemple Three Quartets de Chick, je vais m'en mettre en queste.

jerome a écrit:

Citation :

faire sonner son piano comme un vibraphone faut le faire.

Qu'est-ce que tu veux dire ?

Ben je veux dire que le piano de Jarrett tintinnabule pas mal.

Attention pour Three Quartets il y a Brecker au sax donc tu risques de trouver ça un peu lisse et propet.
Mais les compositions de Chick sont remarquablement fignolées.

Effectivement, le casting est particulier. Je trouve que ça sonne curieusement "entre-deux" : Gadd et Brecker, je les associe assez naturellement à un son "elektric", or ici Chick est sur piano acoustique exclusivement, et Eddie Gomez à la contrebasse a un son plutôt fin et chantant (comparé à la netteté souvent percutante de Ron Carter ou même Dave Holland). Ce mélange de tempéraments me donne, du point de vue de la pâte sonore, l'impression d'une équipe hybride entre un camp acoustique et un camp électrique.

Gadd, je trouve qu'il y a toujours quelque chose de drôle et sympa dans son jeu, alors le côté funky passe assez bien même si ça fait un peu sec dans ce contexte (vu que Chick a laissé au placard sa collection de synthés et ses arrangements fusion). Brecker, y a pas à faire, je le trouve naturellement voué à sonner dans des contextes un peu plus rock ou groovy, il est tellement pur "jouage" et si peu poète que malgré sa grande maîtrise du timbre il me fait un effet légèrement décalé au milieu d'une lutherie traditionnelle.

Les compositions sont en effet bien fourmillantes (par contre les appellations "Quartet n°..." me semblent un poil ronflantes), et il y a beaucoup d'humour dans les bonus tracks de la réédition. Un disque sur lequel je vais m'attarder avec plaisir.

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@Xavier si tu nous lis : as-tu déjà écouté un peu de Chick Corea ?

Il me semble bien oui, mais je ne sais plus quoi, et je n'en ai pas grand souvenir...

C'est mal de ne pas aimé du tout Weather Report quand on a adoré le solo de Pastorius ?

Je découvre avec "Heavy Weather".
Mis à part "Teen Town" qui m'a assez accroché, je trouve ce son très daté, les compos un peu kitch, voir limite mauvais goût. Bref, ça ne me séduit pas du tout.

Ca m'inquiète un peu parce que j'entends encore Arnaud me présenter ça comme la suite logique de l'album de Jaco, mais je trouve ça sans comparaison avec la finesse de ce dernier. Pourtant il y a que des grands musiciens dans ce groupe. Ou alors je n'y comprends rien, ce qui est tout à fait possible.