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| | Écoute comparée : Beethoven, Große Fuge (terminé) | |
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Auteur | Message |
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Anaxagore Mélomane chevronné

Nombre de messages : 3094 Age : 58 Date d'inscription : 06/01/2012
 | Sujet: Re: Écoute comparée : Beethoven, Große Fuge (terminé) Lun 16 Avr 2012 - 3:47 | |
| - Spoiler:
Troisième et quatrième écoutes des extraits du groupe C. Bon sang, ce que le choix est difficile  ! J'hésite désormais entre deux versions pour la première place (entre le choix ... de Mariefran et un autre) et j'ai déterminé quelles seraient l'avant dernière et la dernière. J'ai l'impression de gravir l'Everest  . (Vous me direz sans doute qu'avec la Grande Fugue, c'est normal  ).
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|  | | Mariefran Mélomane nécrophile

Nombre de messages : 14259 Age : 62 Localisation : Lille Date d'inscription : 25/02/2008
 | Sujet: Re: Écoute comparée : Beethoven, Große Fuge (terminé) Lun 16 Avr 2012 - 16:42 | |
| - Spoiler:
Pas étonnée du tout du vote de Resigned : le classicisme de la 2, sa beauté sonore sont unanimement salués par presque tous, diapason et autres en tête, the version of référence… même si c'est un contresens…
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|  | | Resigned Mélomaniaque

Nombre de messages : 1350 Age : 40 Localisation : Lyon Date d'inscription : 27/08/2008
 | Sujet: Re: Écoute comparée : Beethoven, Große Fuge (terminé) Lun 16 Avr 2012 - 16:53 | |
| - Mariefran a écrit:
- Spoiler:
Pas étonnée du tout du vote de Resigned : le classicisme de la 2, sa beauté sonore sont unanimement salués par presque tous, diapason et autres en tête, the version of référence… même si c'est un contresens…
- Spoiler:
Ça me rassure car j'étais un peu affolé à la lecture de vos commentaires à toi et Scherzian. Mon vote n'est pas si incensé... J'ai l'impression que peu de versions "lentes" trouvent grâce à tes yeux Mariefran...
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|  | | Mariefran Mélomane nécrophile

Nombre de messages : 14259 Age : 62 Localisation : Lille Date d'inscription : 25/02/2008
 | Sujet: Re: Écoute comparée : Beethoven, Große Fuge (terminé) Lun 16 Avr 2012 - 17:07 | |
| - Resigned a écrit:
- Spoiler:
Ça me rassure car j'étais un peu affolé à la lecture de vos commentaires à toi et Scherzian. Mon vote n'est pas si incensé... J'ai l'impression que peu de versions "lentes" trouvent grâce à tes yeux Mariefran...
- Spoiler:
Il y en a une car elle est extraordinairement habitée, la 1C. Mais sinon tu as raison, pour moi cela doit être joué vivement pour faire ressortir les dissonances, cela doit te rendre la musique désagréable, te violer les oreilles, tout sauf la complaisance… Mais ça fait 30 ans que je pratique les quatuors de Beethoven et j'en ai écouté, des versions… alors maintenant j'ai besoin d'alcools forts
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|  | | Resigned Mélomaniaque

Nombre de messages : 1350 Age : 40 Localisation : Lyon Date d'inscription : 27/08/2008
 | Sujet: Re: Écoute comparée : Beethoven, Große Fuge (terminé) Lun 16 Avr 2012 - 17:10 | |
| - Mariefran a écrit:
Mais sinon tu as raison, pour moi cela doit être joué vivement pour faire ressortir les dissonances, cela doit te rendre la musique désagréable, te violer les oreilles, tout sauf la complaisance… - Spoiler:
Ben justement dans le genre "viol des oreilles" je trouvais que la E3 en imposait! Alors que la E4, pour moi, c'est la fugue en tutu...
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|  | | Mariefran Mélomane nécrophile

Nombre de messages : 14259 Age : 62 Localisation : Lille Date d'inscription : 25/02/2008
 | Sujet: Re: Écoute comparée : Beethoven, Große Fuge (terminé) Lun 16 Avr 2012 - 17:13 | |
| - Spoiler:
La E3, elle est ultra romantique… Beethoven comme on le jouait dans les années 50… La GF n'est pas une œuvre romantique, elle préfigure Schœnberg…
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|  | | Invité Invité
 | Sujet: Re: Écoute comparée : Beethoven, Große Fuge (terminé) Lun 16 Avr 2012 - 17:32 | |
| - Spoiler:
Toc toc toc...  Ce n'est pas une question d'être lente ou vive ; la version E2 est balourde dans les sections rapides (F1 et F3 dans la nomenclature de l'introduction par Discobole), du coup il n'y a presque aucun contraste entre les deux fugues, d'une part, et le fugato qui est inscrit entre elles, d'autre part. De plus, dans le fugato, avec un tempo certes encore plus lent, mais on ne s'en rend guère compte (et, de toute manière, ce n'est pas un moderato au sens de l'époque classique : c'est joué beaucoup plus lent que ça), leur jeu hyper-appuyé sur les cordes et leur scansion morbide transforment cette page en une marcia funebre qui me semble relever, en effet, du contre-sens le plus complet aussi bien au sens 133 qu'au sens 130 (on n'est pas dans une Cavatina bis à la manière beklemmt). C'est aussi une version qui lorgne carrément vers l'option symphonique : les couleurs instrumentales sont opaques, les textures épaisses comme de lourdes tentures en velours. Que m'importe alors que ce velours soit de qualité suprême (ce qui est le cas ici, on est bien d'accord), lorsque ce jeu instrumental me semble contraire à l'écriture de type quatuor à cordes chez LvB ? Ceci dit, il y a des interprétations lentes qui restent pleinement habitées et propulsées vers l'avant (par exemple le quatuor Alexander dans cette œuvre, dont l'interprétation me semble disponible sur YT s'il n'y a pas d'erreur). Ici, je trouve que c'est trop lent quand le tempo est vif pour être prenant et que c'est trop lourd quand le tempo est plus ample pour être autre chose que larmoyant... En fait, je crois que si on veut être objectif la version E2 est très loin au-dessus de la version E3 du point de vue de la technique instrumentale (la version E3, c'est le naufrage dès l'ouverture, et l'absence de continuité horizontale dans la fugue en si bémol majeur me rend le propos quasi incompréhensible). Pourtant, je vais aussi mettre la version E2 à la dernière place, après avoir beaucoup hésité quand même, parce que cette interprétation, à mon avis, amenuise l'œuvre sur le plan formel dans le même temps et pour les mêmes raisons qu'elle en hypertrophie le matériau. EDIT : Quant à dire que la version E4 propose une Grande Fugue « en tutu », je crois que c'est une affirmation qui ne résiste pas une seule nanoseconde à son écoute : la version E4 est, devant même celle du premier quatuor Juilliard, parmi les plus radicales et modernistes qu'on puisse imaginer. La fugue en si bémol majeur, en particulier, avec son contre-sujet phrasé de manière unique et visionnaire, est un sommet. Pour moi, c'est un véritable crève-cœur que de mettre la version E4 en deuxième position seulement ; ça en dit long de la fascination que j'éprouve pour le miracle de la version E1.
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|  | | Resigned Mélomaniaque

Nombre de messages : 1350 Age : 40 Localisation : Lyon Date d'inscription : 27/08/2008
 | Sujet: Re: Écoute comparée : Beethoven, Große Fuge (terminé) Lun 16 Avr 2012 - 17:43 | |
| - Spoiler:
Je précise que j'ai employé l'expression "en tutu" pour E4 juste pour le côté sautillant, par parce qu'elle est ridicule, bien au contraire; pour moi cela ôte tout enjeu dramatique, et vraiment j'arrive à en être convaincu plus d'une nanoseconde. Je te trouve légèrement excessif à parler de naufrage de la E3 dès les premières mesures, tout ça pour quelques attaques un peu rugueuses. (mais je lis avec beaucoup de plaisir tes analyses par ailleurs).
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|  | | Invité Invité
 | Sujet: Re: Écoute comparée : Beethoven, Große Fuge (terminé) Lun 16 Avr 2012 - 18:20 | |
| - Resigned a écrit:
- Spoiler:
Je précise que j'ai employé l'expression "en tutu" juste pour le côté sautillant; pour moi cela ôte tout enjeu dramatique, et vraiment j'arrive à en être convaincu plus d'une nanoseconde.
- Spoiler:
Oui enfin, le coup de la nanoseconde était à mettre en rapport avec le tutu bleu clair et les pointes de la petite fille qui gesticule gracieusement, une primevère accrochée à ses blonds cheveux, sur une musiquette sautillante et gracile.  Sérieusement, l'attaque (et d'ailleurs la suite) de la fugue en si bémol majeur dans la version E4 est tout sauf sautillante : le sujet est râpeux à un degré inouï, on ressent physiquement sa claustrophobie (cette maudite quinte diminuée, on sent bien qu'il est à l'étroit dans un tel ambitus contraint), les silences qui le lacèrent sont appuyés de manière impitoyable (un sommet parmi les versions que je connais), et le contre-sujet, phrasé comme ils le font, rend encore plus nécessaire son comblement dans la dernière section. Tout ça participe, pour moi, à l'expression d'une première fugue dominatrice, intraitable, formellement écrasante. Je n'y entends rien, mais rien du tout de sautillant... - Citation :
- Spoiler:
Je te trouve légèrement excessif à parler de naufrage de la E3 dès les premières, tout ça pour quelques attaques un peu rugueuses.
- Spoiler:
Ah, mais j'aime bien ici quelque chose de rugueux ! Non, c'est pas ça... La première levée est précautionneuse, timorée (mais on peut encore accepter, à la rigueur, puisque c'est noté forte et non fortissimo comme juste après). Il y a clairement une fausse note de quinze livres sur le sol dièse du sujet de la future fugue en la bémol majeur, note n°2 du thème, mesure M5, à 5,8'' : j'entends une espèce de la bécarre qui suit immédiatement l'attaque du sol dièse à au moins un des quatre pupitres. Comparer avec le sol dièse correct de la mesure M8, à 8,6'', me permet d'y voir clair, en tout cas. Plus loin, dans l'énoncé du contre-sujet de la fugue en si bémol majeur, à l'avant-dernière mesure, M28, de l'ouverture, les deux croches liées du quatrième temps, qui devraient être deux fois le si bécarre, sont jouées si bécarre puis do (do qui est, comme par hasard, la note tenue suivante du contre-sujet, au deuxième temps de la mesure M29...). Pour moi, cette erreur, que je trouve flagrante, oblitère tout l'énoncé du contre-sujet, d'où mon expression de naufrage. Mais tout ça n'est rien devant l'absence de conduite des lignes dans la première fugue, qui me donne l'impression d'écouter un kaléidoscope et de ne rien y comprendre.
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|  | | Resigned Mélomaniaque

Nombre de messages : 1350 Age : 40 Localisation : Lyon Date d'inscription : 27/08/2008
 | Sujet: Re: Écoute comparée : Beethoven, Große Fuge (terminé) Lun 16 Avr 2012 - 18:24 | |
| Scherzian m'a tuer. - Spoiler:
Seigneur, faites que je sois d'accord avec lui sur le groupe D, mon ego ne supportera pas d'être traité à nouveau d' ambitus...
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|  | | Invité Invité
 | Sujet: Re: Écoute comparée : Beethoven, Große Fuge (terminé) Lun 16 Avr 2012 - 18:47 | |
|  - Spoiler:
En fait, je ne sais pas si j'utilise le terme correct en parlant d' ambitus ici : je veux dire que le fait que le sujet de la fugue en si bémol majeur est contraint de se déployer mélodiquement dans une quinte diminuée « étriquée », est contredit par les assauts de son rythme, une double croche suivie d'une croche pour projeter l'intervalle, et aussi par les silences qui le lacèrent en permanence, des quarts de soupirs qu'on entend mieux dans la version E4, parce qu'ils y sont observés et comme « appuyés en creux », que dans les autres. Je trouve que le hiatus entre le matériau mélodique « étriqué » du thème du sujet et son ossature rythmique râpeuse (les doubles croches qui précèdent les intervalles principaux, les quarts de soupirs quasi systématiques) est un puissant vecteur de son énergie potentielle, latente. Un peu comme des cloisons très solides mais encore trop faibles pour la furie qu'elles tentent de maintenir. M'en fiche du groupe D, c'est le E qui importe. 
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|  | | Mariefran Mélomane nécrophile

Nombre de messages : 14259 Age : 62 Localisation : Lille Date d'inscription : 25/02/2008
 | Sujet: Re: Écoute comparée : Beethoven, Große Fuge (terminé) Lun 16 Avr 2012 - 18:50 | |
| Elle ne peut pas gagner, Scherzian, tu DOIS te faire une raison. |
|  | | fcaton Mélomane du dimanche
Nombre de messages : 75 Date d'inscription : 30/11/2011
 | Sujet: Re: Écoute comparée : Beethoven, Große Fuge (terminé) Lun 16 Avr 2012 - 18:58 | |
| Voila mon classement et mes impressions pour le groupe E - Spoiler:
D'abord, je dois dire qu'écouter les deux premières versions a été vraiment désagréable. E3 E4 E2 E1
Version E1: Début OK, son moche, nasillard. Début de la fugue agressif avec des violons qui sifflent, c'est abominable. L'ensemble devient très vite insupportable avec tout cette notes piquées et ces aigus stridents. Très difficile à écouter jusqu'au bout: l'archétype de la caricature du quatuor. C'était tellement horrible que je suis allé voir la part, sur laquelle il doit y avoir tout au plus une grosse dizaine de des notes piquées disséminées ça et là.... Version E2: Prise de son OK, version un peu plus hédoniste avec du son écoutable au début. C'est un peu faux. Fugue joué marcato! No comment.
Version E3: Début intéressant avec des jeux d'écho. Prise de son très réverbérée. Tiens il n'y a pas de piqué ou de marcato: c'est plus intéressant. C'est quand même un peu noyé dans la reverb: ça devient un peu lourd. Mais c'est beaucoup plus intéressant et audible que les deux premières.
Version E4: Prise de son très proche, moderne. Beau début, avec une belle atmosphère. Le début de la fugue m'a fait peur: encore du piqué tout le long?!! Heureusement non, les instrumentistes se rappellent qu'on peut aussi faire d'autres coup d'archet que ça. C'est encore trop aggressif à mes oreilles. On sent bien que les instrumentistes cherchent les ff. Par contre c'est bien en place et assez équilibré entre les pupitres, avec une belle lisibilité.
J'espère que les tours suivants seront moins pénibles...
Dernière édition par fcaton le Lun 16 Avr 2012 - 18:59, édité 1 fois |
|  | | Invité Invité
 | |  | | Resigned Mélomaniaque

Nombre de messages : 1350 Age : 40 Localisation : Lyon Date d'inscription : 27/08/2008
 | Sujet: Re: Écoute comparée : Beethoven, Große Fuge (terminé) Lun 16 Avr 2012 - 19:03 | |
|  fcaton, tu vas te prendre une volée de hiatus et d' ambitus, tu l'auras pas.. volée! |
|  | | Mariefran Mélomane nécrophile

Nombre de messages : 14259 Age : 62 Localisation : Lille Date d'inscription : 25/02/2008
 | Sujet: Re: Écoute comparée : Beethoven, Große Fuge (terminé) Lun 16 Avr 2012 - 19:12 | |
| @ Scherzian - Spoiler:
Il est impossible que ce soit une version que nous aimions qui gagne… Nous sommes des Beethovéniens un peu trop passionnés et fondus…
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|  | | Invité Invité
 | Sujet: Re: Écoute comparée : Beethoven, Große Fuge (terminé) Lun 16 Avr 2012 - 19:18 | |
| Les choses commencent à prendre forme dans le groupe E mais avec 3 votes encore attendus tout peut changer. - Spoiler:
En tout cas la véritable rage anticonformiste, acharnée et aveugle, de Scherzian et Mariefran contre E2 risque d'aller contre leur intention initiale. Car en ce faisant ils ont favorisé E3 dans le match E3/E2, ce qui permet à E3 d'être la seule version supérieure aux trois autres dans les préférences. Alors qu'un rapport inversé rendrait le recours aux classements moyens obligatoire, ce qui pourrait finalement tourner en faveur d'une autre version (sachant que E2 a le plus mauvais classement moyen pour le moment). Encore une fois on ne peut pas calculer dans ce système Condorcet, le mieux est de toujours être objectif Mais j'ai bon espoir, car les choses restent très proches, le seul rapport presque définitif (du moins non inversable) est E2<E3. Personnellement j'aimerais voir E4 en finale. Et c'est tout à fait possible : si le prochain votant la place première elle peut retrouver la tête du classement !
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|  | | Invité Invité
 | Sujet: Re: Écoute comparée : Beethoven, Große Fuge (terminé) Lun 16 Avr 2012 - 19:21 | |
| - Mariefran a écrit:
- @ Scherzian
- Spoiler:
Il est impossible que ce soit une version que nous aimions qui gagne… Nous sommes des Beethovéniens un peu trop passionnés et fondus… 
- Spoiler:
C'est de sagesse que sont saturées les paroles qui viennent de franchir la barrière de tes dents, Ô Grande Prêtresse beethovénienne ! 
Dernière édition par Scherzian le Lun 16 Avr 2012 - 20:15, édité 1 fois |
|  | | Mariefran Mélomane nécrophile

Nombre de messages : 14259 Age : 62 Localisation : Lille Date d'inscription : 25/02/2008
 | Sujet: Re: Écoute comparée : Beethoven, Große Fuge (terminé) Lun 16 Avr 2012 - 19:23 | |
| @ Discobole - Spoiler:
J'ai toujours détesté la E2, d'aussi loin que je me souvienne… Je l'avais en microsillons, j'ai donné les disques, et ne l'ai jamais rachetée en CD Et ce n'est pas de l'aveuglement mais de la lucidité, na !
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|  | | Invité Invité
 | Sujet: Re: Écoute comparée : Beethoven, Große Fuge (terminé) Lun 16 Avr 2012 - 19:24 | |
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Dernière édition par Scherzian le Lun 16 Avr 2012 - 19:42, édité 1 fois |
|  | | Invité Invité
 | Sujet: Re: Écoute comparée : Beethoven, Große Fuge (terminé) Lun 16 Avr 2012 - 19:39 | |
| @ Discobole - Spoiler:
À propos de la E2. Je l'ai achetée en CD vers 1988~1990, en espérant le miracle qui était annoncé partout à l'époque. Je ne l'ai jamais aimée, sans vraiment pouvoir dire pourquoi tant que je n'avais pas écouté les grands ensembles dans les derniers quatuors. Maintenant que c'est chose faite, elle passe encore plus mal qu'avant (ici comme dans les autres derniers quatuors, où je ne la supporte plus du tout). Ceci dit, j'ai longtemps hésité, et je viens d'ailleurs de réécouter la E3 qui, pour le coup, est vraiment inécoutable pour moi, complètement incohérente et désarticulée dans la première fugue, et affectée de problèmes techniques instrumentaux assez ahurissants.
Bon, si Condorcet tue E4, face à E2 ou à E3, à cause de la guéguerre entre E2 et E3 pour la dernière place du groupe, eh bien ! tant pis... La seule chose qui (m')importe, c'est la disparition de E1. D'ailleurs, au sujet de E1, je constate que ton édition, dont tu as tiré cet extrait, est beaucoup plus « claire » que la mienne. Moi qui déteste en général les éditions filtrées dans l'aigu, je trouve que pour cet excellent enregistrement moderne, la balance qui penche vers les aigus dans ton extrait, et je suppose dans tout le reste, n'est pas en sa faveur. En tout cas, la sonorité est beaucoup moins acide et agressive dans mon édition.
Dernière édition par Scherzian le Lun 16 Avr 2012 - 20:16, édité 1 fois |
|  | | Invité Invité
 | Sujet: Re: Écoute comparée : Beethoven, Große Fuge (terminé) Lun 16 Avr 2012 - 19:44 | |
| - Spoiler:
Ou alors ce n'est pas l'enregistrement auquel tu penses et ta version préférée est E2 que tu as aussi pris pour une autre Sinon je me moquais, je ne doute pas de la sincérité de vos classements. De toute façon moi j'attends une qualification de E4... On y croit !
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|  | | Mariefran Mélomane nécrophile

Nombre de messages : 14259 Age : 62 Localisation : Lille Date d'inscription : 25/02/2008
 | Sujet: Re: Écoute comparée : Beethoven, Große Fuge (terminé) Lun 16 Avr 2012 - 19:50 | |
| - Spoiler:
C'est l'encodage mp3 qui bousille tout… Je ne suis vraiment sûre que de très peu de versions à cause de ça… Maintenant si la E1 est bien celle que nous croyons et comme c'est moi qui l'ai envoyée à Discobole, il est fort possible que nous n'ayons pas la même édition… Encore que je suis surprise qu'il y en ait plusieurs…
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|  | | Invité Invité
 | Sujet: Re: Écoute comparée : Beethoven, Große Fuge (terminé) Lun 16 Avr 2012 - 20:02 | |
| - Spoiler:
Pour la E1 : non non, je t'assure, l'analyse en fréquence avec Audacity est éloquente : le contenu dans le haut du spectre est beaucoup plus fourni dans l'extrait de Discobole que sur mon CD. La charcuterie MP3 ne fait jamais ça ; de plus, pour me préparer à l'écoute en aveugle, je me suis fait un petit pool de 21 versions intégrales au format MP3 à 320 kb/s et la E1 complète y est beaucoup plus soyeuse que dans l'extrait de Discobole.
Dernière édition par Scherzian le Lun 16 Avr 2012 - 20:18, édité 1 fois |
|  | | Invité Invité
 | Sujet: Re: Écoute comparée : Beethoven, Große Fuge (terminé) Lun 16 Avr 2012 - 20:07 | |
| Bon, si vous devenez trop précis, et bien que ce soit un vrai plaisir de voir ce fil s'allonger, allez donc en mp quand même  |
|  | | Invité Invité
 | Sujet: Re: Écoute comparée : Beethoven, Große Fuge (terminé) Lun 16 Avr 2012 - 20:19 | |
| Excuse-moi, Discobole ; je viens de virer les détails qui auraient peut-être permis de mettre un nom sur les extraits.  |
|  | | Invité Invité
 | Sujet: Re: Écoute comparée : Beethoven, Große Fuge (terminé) Lun 16 Avr 2012 - 20:20 | |
| Pas de souci c'est juste que, bon, c'est une écoute à l'aveugle normalement  |
|  | | fcaton Mélomane du dimanche
Nombre de messages : 75 Date d'inscription : 30/11/2011
 | Sujet: Re: Écoute comparée : Beethoven, Große Fuge (terminé) Lun 16 Avr 2012 - 21:41 | |
| Il va falloir que je sauvegarde tout le fil pour lire ça à tête reposée pendant les vacances. Je n'imaginais pas que 5 minutes de la grande fugue et en particulier le groupe E déchainent autant de commentaires. Là je dois avouer mes limites! - Spoiler:
J'espère juste ne plus avoir à écouter les E1 et E2 :drapeau
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|  | | Invité Invité
 | Sujet: Re: Écoute comparée : Beethoven, Große Fuge (terminé) Lun 16 Avr 2012 - 22:36 | |
| Groupe E (version E2). - Spoiler:
E2. Une bonne technique instrumentale, mais je n'accroche pas du tout au propos ni surtout, j'ai l'impression, à leur conception du jeu instrumental dans le cadre d'une œuvre de Beethoven pour le quatuor à cordes. Les sonorités sont belles, ou plutôt bien rondes et bien fondues, ce qui n'est pas du tout la même chose, mais les accents sont massifs, larges et appesantis, comme tous les tempos, comme toutes les textures. Le sujet de la fugue en la bémol majeur, dans l'Overtura, est massif et bien planté, mais sans enjeu ni vitalité ; j'ai l'impression d'entendre les accents « en coin » d'une symphonie de Bruckner mal jouée... Aucune différence de masses et de volumes lors des deux premières variantes dansées de ce sujet, jouées de la même façon déclamatoire. Le tempo de base, déjà appesanti au-delà du raisonnable, se transforme, pour le Meno mosso e moderato, en un lugubre chant funèbre, aux sonorités appuyées, vibrato en proue, couronné du monstrueux élargissement de tempo en fin de séquence qu'on retrouvera partout, à la fin de chaque étape de l'œuvre. Contre-sujet de la fugue en si bémol majeur insignifiant : c'est tout juste si on entend les silences (d'un temps entier, pourtant !), alors qu'un silence, en particulier ici, ce n'est pas l'absence de la présence mais bien plutôt la présence de l'absence. Encore un appesantissement du tempo en fin d'Overtura.
Pas grand-chose à dire de la première section (S1) de la fugue en si bémol majeur. Le tempo est alangui, la sonorité massive et très verticale. Les entrées du contre-sujet restent bien audibles, mais pas leur distribution entre les quatre instruments. C'est d'ailleurs un de mes grands reproches : les aspects dialogiques de l'écriture à quatre parties passent à la trappe, avec de telles textures résolument larges, amples et rondes (à visée orchestrale). Il n'y a pas d'arêtes, le discours tend vers l'invertébré figé dans le marbre. Au début de la section S2 (lettre A), on n'entend guère les triolets. Par la suite, au moment de la grande modulation vers ré mineur, qui devrait tout ébranler et faire tressaillir, la chute de tension est palpable (un comble !). C'est au début de la section S3 (lettre C) que je me dis qu'un tel tempo de base est décidément intenable, s'il est associé à un tel jeu appuyé, et qu'il ne se passera rien jusqu'au terme de la première fugue. La nouvelle strate polyrythmique est diffuse, sorte de traînée sonore au second violon puis aux autres instruments, pas très éloignée du glissando. Les choses s'améliorent un peu durant les dix dernières mesures de S3 ; le caractère massif des sonorités sied peut-être mieux aux entrées en quinconce du contre-sujet. Mais la dernière section (S4, lettre D) retombe dans l'ornière. Impossible pour moi de goûter des triolets ânonnés ainsi. Le contre-sujet complété est souvent joué de façon peu lisible, toujours très verticale. La dernière entrée du sujet (six mesures avant la fin) est indifférente ; on est cent milliards de coudées en deçà de la surrection fabuleuse de E1. Comme attendu, énorme rallentendo non prescrit par la partition mais imposé par arbitraire à la (très brève) acmé de la fugue en si bémol majeur...
Ralentir le lourd et on arrive à l'arrêt. Le Meno mosso e moderato n'est pas moderato mais largissimo molto pomposo. On veut faire profond, on rend banal. Le vibrato alourdit et appuie les textures. La scansion (voir en particulier la batterie de doubles croches répétées au second violon dans les quatre dernières mesures de l'extrait) transforme les lignes élégiaques en un pouls de marche funèbre qui me semble hors de propos. Dire qu'il y en a pour dix-neuf minutes comme ça... Un kreutzer pour que ça finisse !
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|  | | fcaton Mélomane du dimanche
Nombre de messages : 75 Date d'inscription : 30/11/2011
 | Sujet: Re: Écoute comparée : Beethoven, Große Fuge (terminé) Lun 16 Avr 2012 - 23:56 | |
| Scherzian, bravo! J'admire là ténacité et l'oeuvre. |
|  | | Invité Invité
 | |  | | fcaton Mélomane du dimanche
Nombre de messages : 75 Date d'inscription : 30/11/2011
 | Sujet: Re: Écoute comparée : Beethoven, Große Fuge (terminé) Mar 17 Avr 2012 - 10:08 | |
| - Citation :
- Spoiler:
C'est gentil, mais maintenant c'est au tour de la E3 et elle aussi va morfler sérieusement... 
- Spoiler:
Tant mieux, il n'y en aucune des 4 qui m'a plu. Dans mon classement, les valeurs était de franchement médiocre à inécoutable. |
|  | | Invité Invité
 | Sujet: Re: Écoute comparée : Beethoven, Große Fuge (terminé) Mar 17 Avr 2012 - 15:12 | |
| Groupe E (version E3). - Spoiler:
E3. Ce qui me surprend surtout, ce sont les failles techniques dès l'Overtura et l'incapacité qui en découle à construire un discours dans la fugue en si bémol majeur. La première levée sur sol est précautionneuse, timorée, mais on peut encore l'accepter étant donné l'économie de l'exposition du sujet de la fugue en la bémol majeur : un forte, puis un fortissimo, enfin les accents. Ce que je ne peux plus accepter, c'est le pain sur le premier sol dièse du sujet de cette seconde fugue, note n°2 du thème, mesure M5, à 5,8'' : j'entends une espèce de la bécarre qui suit de près l'attaque du sol dièse à au moins un des pupitres. Comparer avec le sol dièse correct de la mesure M8, à 8,6'', me permet d'y voir clair, en tout cas. Plus loin, pendant l'énoncé pianissimo du contre-sujet de la fugue en si bémol majeur, à l'avant-dernière mesure (M28) de l'Overtura, les deux croches liées du quatrième temps, qui devraient être deux fois le si bécarre, sont jouées si bécarre puis do (do qui est, comme par hasard, la note tenue suivante du contre-sujet, au deuxième temps de la mesure M29...). Pour moi, cette erreur, que je trouve flagrante, oblitère tout l'énoncé du contre-sujet, parce qu'elle anticipe une transformation thématique.
Sur la fugue elle-même, que dire ? À cause des quarts de soupirs qui ne sont pas respectés et d'un trop faible rapport agogique entre la croche et la double croche, le sujet n'a pas de nerf ; on ne ressent pas son énergie rageuse. Le contre-sujet est gentil tout plein et ses silences d'un temps ne sont pas respectés non plus. La section S1 s'écoule de façon appliquée mais confuse : certaines lignes, surtout au contre-sujet, vont et viennent, tour à tour surexposées puis en retrait, sans guère de continuité. À 1'00'' (M3 de S1), à l'alto, le si bécarre tenu est joué, une fois encore, si bécarre puis do. C'est pourtant simple, nom d'une pipe : cette altération thématique n'intervient qu'à l'entrée suivante du contre-sujet, au seul violoncelle (M7 de S1, mais elle n'y est pas très audible dans E3...). Beaucoup de confusion dans l'entrée en quinconce aux deux violons. Dès les laborieux triolets de la section S2, je ressens qu'ils savent ne pas pouvoir ; pas de transcendance comme dans E1 et dans E4 (on peut être transcendant d'une multitude de manières, il suffit de l'être). Le contre-sujet à l'alto est incohérent puisque seules ses notes aiguës émergent, le sujet au second violon est toujours aussi lisse et les triolets au premier violon, certes dans une tessiture peu flatteuse, forment une nappe sans texture. Beaucoup de confusion à la mesure M4 de S2, juste avant la deuxième entrée du contre-sujet. L'entrée du sujet au premier violon (M10 de S2) est littéralement braillée. À l'entrée correspondant à la lettre B, seconde partie de S2, les dynamiques au premier violon sont inversées : le fa dièse forte (M2 après B) est trois fois plus fort que le fortissimo et le sforzando qui le précèdent. Je ne comprends rien à la deuxième moitié de leur S2, que je trouve illisible. Ça s'améliore un peu au début de la section S3 (lettre C), en grande partie grâce au contre-sujet au premier violon, mais le temps musical est toujours aussi empesé, malgré les doubles croches, et la distribution de fragments du contre-sujet aux quatre instruments demeure peu lisible. La dernière section (lettre D) renoue avec les problèmes de la deuxième : triolets lourds, comme ôtés à grand-peine d'une matière engluée, contre-sujet illisible (c'est dommage : il est désormais complet) et, pour tout dire, bordélique, dernière entrée du sujet audible seulement, au début, avec un stéthoscope.
Je préfère le début de leur Meno mosso e moderato en sol bémol majeur à l'extrait correspondant de la version E2 : pas trop lent, avec un allègement sensible, même si les phrasés n'y sont guère aériens. Mais ce n'est pas assez pour vouloir écouter la suite ; je pleure à la perspective de devoir m'appuyer leur fugue en la bémol majeur.
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|  | | Invité Invité
 | Sujet: Re: Écoute comparée : Beethoven, Große Fuge (terminé) Mar 17 Avr 2012 - 21:15 | |
| Groupe E (version E4 et classement). - Spoiler:
E4. Toute la partie de l'Overtura consacrée au sujet de la fugue en la bémol majeur (M1-M16) a une brutalité somptueuse, une grandeur intraitable, dominatrice. J'admire le gneiss de la première levée, la compression agogique vertigineuse de la cadence à la fin de l'exposition du sujet, jusqu'au trille péremptoire, le sérieux de ses deux variantes dansées, la latence des points d'orgue. L'évocation piano du Meno mosso e moderato dévoile des trésors de phrasés longs et pleins et de chant ; la ligne de violoncelle (M21-M25) est bouleversante. Le jeu de tenue des groupes de deux croches répétées et liées dans l'exposé du contre-sujet de la fugue en si bémol majeur est génial, peut-être même inégalé : tout lacéré encore de silences, le contre-sujet ainsi tenu semble engrossé de son propre complètement futur, sans rien perdre de son mystère ou de sa menace. Aucune tenue n'est identique à la précédente ni à la suivante, tout l'exposé est saturé de sens ; aux confins du silence, le premier violon prend tous les risques, dans un dépouillement cistercien.
La fugue en si bémol majeur jouée par la version E4 me semble, en quelque sorte, l'antithèse de celle jouée par la version E1, tout en étant animée de la même transcendance instrumentale qu'elle. Tandis que la version E1 souligne de préférence la polarité et tension harmonique, le devenir formel et la téléologie propres à la forme sonate ou, à la limite, à la forme variation, la version E4 met plus volontiers en exergue la complexité polyphonique, la satiété et plénitude harmonique et le hiératisme formel propres à la forme fugue ou, à la rigueur, à la forme variation. La version E1 détecte, dans la Grande Fugue, le « prodigieux effet d'irradiation » provenant de la Symphonie héroïque vers l'opus 133 (Kerman, page 353), mais elle le met en œuvre dès la première fugue et étend son emprise à l'œuvre tout entière ; la version E4 tend plutôt à considérer l'œuvre comme un Art de la fugue de Beethoven, mais elle y réussit paradoxalement en présentant de la Grande Fugue un des visages les plus modernistes qu'on puisse imaginer. En fin de compte, bien que ça implique l'élimination d'au moins une des deux, c'était très intéressant d'avoir ici cette dualité.
Le sujet de la fugue en si bémol majeur déchire l'éther, le rapport agogique ou cinétique de la double croche à la croche tend les intervalles trop « étroits » pour leur énergie potentielle jusqu'à les rompre ou presque, les quarts de soupirs sont impitoyables. Cette première section est sans doute la plus abrupte et intraitable que je connaisse ; les accents de chaque entrée du contre-sujet semblent provoquer l'avance inexorable mais asphyxiée du sujet. E1 me fascinait comme l'océan, E4 comme la haute montagne. La transition vers la deuxième section, à la lettre A, introduit les triolets de croches avec un naturel confondant. Le premier violon y trouve une lumière et raucité d'alto. Les triolets émergent de manière progressive de cette texture voilée voire ingrate et, aux mesures M8-M10 après la lettre A, leurs intervalles de plus en plus écartelés sont l'annonce directe de la nouvelle entrée du sujet, fortissimo dans l'aigu du premier violon ; cet aspect est ici mis en valeur avec génie. Les trois entrées du contre-sujet dans la seconde partie de la deuxième section, après la lettre B, gardent le même impact, la même propulsion dépourvue de tout fléchissement, malgré le doublement, la strette et le chavirement harmonique. Après la modulation, je ressens quand même moins ici que dans E1 la dilution thématique du contre-sujet dans la puissance du sujet hégémonique (invasion de sforzando, puis fortissimo dans les cinq dernières mesures avant la lettre C). À nouveau une transition et une complexification polyrythmique confondante de naturel et d'impulsion au début de la troisième section. Bouleversante velléité mélodique aux mesures M9-M12 après la lettre C, perdue aux tréfonds de la trame polyphonique. Les fragments éclatés du contre-sujet virevoltent avec moins d'aisance et de délié ici que dans la version E1 ; en fait, ils sont comme saisis, pétrifiés de plénitude contrapuntique. Comme chaque fois, la transition d'une section à la suivante est sans couture (ici la quatrième section, lettre D). Les triolets sont parfaits, mais moins dévorants que dans la version E1. Le contre-sujet manifeste une joie féroce de se voir ainsi complété (la nature a le vide en horreur), et chacune de ses entrées successives (alto, violoncelle, deuxième violon, premier violon) surenchérit dans cette expression. Les quatre pupitres, très homogènes, sont superbes. Ben marcato, dans la prolifération d'indications d'accentuation, un superbe crescendo des triolets et du contre-sujet syncopé et compressé conduit à la dernière entrée du sujet, porté moins haut pourtant que dans la version E1. Aucun alanguissement à la fin de la fugue, bien sûr. (Pourquoi l'ai-je placée en deuxième position, alors qu'elle est parfaite ? Sans doute pour son aspect minéral : un monolithe de gneiss superbe et rugueux, mais qui ne palpite pas encore. C'est certes une fugue... mais une fugue de Beethoven.)
Le Meno mosso e moderato est joué dans un tempo que je trouve parfait, un vrai moderato très allant. Les textures changent du tout au tout. Les quatre instrumentistes font preuve d'une qualité d'écoute réciproque bouleversante, ce qui permet à la distribution dialogique de l'écriture de s'épanouir en un évanouissement extatique (j'avoue que j'ai tout écouté...).
Mon classement pour ce groupe E : E1 > E4 >> E3 > E2.
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|  | | Invité Invité
 | Sujet: Re: Écoute comparée : Beethoven, Große Fuge (terminé) Mer 18 Avr 2012 - 1:44 | |
| - Scherzian a écrit:
- Spoiler:
E1 me fascinait comme l'océan, E4 comme la haute montagne.
Comme c'est bien dit  - Spoiler:
Moi, c'est la E4 que j'adore, même si je trouve la E1 superbe elle ne me saisit pas, j'admire sans adhérer. Ah là là dans 5 jours nous saurons laquelle vous aurez gardée
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|  | | Lambert Mélomane averti

Nombre de messages : 141 Date d'inscription : 27/08/2009
 | Sujet: Re: Écoute comparée : Beethoven, Große Fuge (terminé) Mer 18 Avr 2012 - 9:48 | |
| Groupe A - Spoiler:
Salve Calbo & Adriatico 1->Une ambiance particulière s'en dégage sombre sans espoir. Des phrasés musicaux collés à la corde. Un bel investissement avec de tout petits moments de baisse de régime impression peut être dû au tempo plus lent. 2>Version qui sonne plus ancienne, on perd en précision par rapport aux autres L'intro est pas hyper piano au début du coup l'effet est moindre. Son un peu sec surtout pour violoncelle et alto. 3>J'ai le sentiment que ce quatuor ne fait qu'un, l'équilibre est très bien avec du caractère pour chaque voix tendues à souhait. Un souci du détail, à chaque entrée les musiciens se jettent à corps perdus dans la mélée. Une ambiance électrique qui ne retombe pas. 4>Le son est feutré, subtil avec de beaux alliages de cordes Cris désespérés du premier violon dans une fourmilière de termites crcrcrcrcrccrcrcrr bel effet. Peut être un poil moins précis au niveau de la justesse. Classement 1er->A3 2eme->A1 3eme->A4 4eme->A2
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|  | | Lambert Mélomane averti

Nombre de messages : 141 Date d'inscription : 27/08/2009
 | Sujet: Re: Écoute comparée : Beethoven, Große Fuge (terminé) Mer 18 Avr 2012 - 10:00 | |
| - Spoiler:
Décidément comptez sur moi pour descendre vos versions référence  (déjà avec Furt dans Schumann) il va être content Adriatico. Mais bon j'assume La prochaine fois je note bien la version avec vieux son
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|  | | Ben. Mélomane chevronné

Nombre de messages : 2074 Age : 35 Localisation : Paris Date d'inscription : 02/10/2010
 | Sujet: Re: Écoute comparée : Beethoven, Große Fuge (terminé) Jeu 19 Avr 2012 - 3:57 | |
| - Spoiler:
Mon avis, rapide, sur cette phase préliminaire et sur le groupe C: Version 1: Ca manque cruellement de tension pour moi. Immédiatement je suis aussi gêné par la prédominance du violon, et je trouve pour ma part le violoncelle un peu en retrait (et de plus en plus à mesure que l'écoute avance). J'ai aussi été dérangé par la sécheresse, voire l'aridité du son. Globalement, la version souffre d'un manque d'amplitude sonore (la prise de son est impeccable et très neutre, pourtant): la fugue a du mal à se déployer, et le mouvement n'est pas tendu. Je me suis assez ennuyé, à vrai dire, même si la fin de l'extrait est de meilleur niveau que les deux premières minutes. Au final, cette version bâtarde, pas vraiment habitée, assez peu passionnelle, pas totalement intellectualisée, est plutôt éloignée de ce que j'attends dans cette oeuvre. Version 2: Je n'aime pas du tout: lecture très classique, très textuelle de l'oeuvre. Assez peu de prise de risque, assez peu d'investissement émotionnel. On dirait plus du Haydn que du Beethoven fin de vie (bon, j'exagère peut-être un peu  ). C'est un peu trop rapide aussi, surtout au vu du désinvestissement émotionnel: très mécanique, assez parfait techniquement, mais cruellement dépourvu d'intérêt à mon sens. On dirait que tout est joué au métronome, sans influx. Le violon est par moment un peu criard aussi. Le violoncelle est toujours trop en retrait à mon goût dans la fugue. Version 3: J'ai eu du mal au début. Et finalement, j'ai un véritable coup de coeur pour cette version. L'entrée est très solennelle, très lente, assez majestueuse. Les silences sont très beaux: on sent le mystère grandir dans l'attente. L'introduction de la fugue est très belle: une sorte d'âpreté toute maîtrisée, une rugosité violente au bord de l'explosion, toujours sur le fil, avec de très intelligents contrastes de nuances. A mesure que la fugue se déploie, l'espace sonore est envahi par un très beau rendu sonore du violoncelle. C'est aussi le violon le moins criard jusqu'ici. C'est parfois techniquement moins maîtrisé que les deux versions précédentes, et surtout que la version n°2, mais l'investissement émotionnel et presque charnel des musiciens compense largement des petites maladresses presque inaudibles. On pourra déplorer une prise de son un peu plus distante que pour les versions 1 et 2, mais au final pas bête: les partis pris sonores très forts, notamment dans les nuances, sont d'autant mieux captés. Après, on reste dans une interprétation à mon sens très romantique de la partition de Beethoven, éloignée des extrémités interprétatives presque Schoenbergiennes qu'on peut trouver ailleurs. C'est un choix, qui ne correspond pas forcément à ce que j'attends de la Große Fuge, mais totalement assumé de part en part. C'est aussi, dans la passion et l'émotion, toujours très intelligent: les tempi sont bons, les nuances toujours justifiées ou pertinentes. Au final, j'ai vraiment beaucoup aimé cette version, son urgence, son surinvestissement émotionnel et physique, et le refus d'une lecture totalement automatisée et mécanique du texte beethovenien. Une très belle écoute. Version 4: C'est plus intéressant, dans la lecture, que la seconde version proposée pour ce groupe. Néanmoins, cette version souffre de très nombreux défauts techniques, sonores. Le violoncelle est assez atroce, et les deux violons délivrent des aigus très désagréables à l'oreille. Les triolets de la fugue sont à ce titre une petite catastrophe sonore. Ca grésille aussi pas mal, c'est souvent brouillon: j'ai l'impression que les interprètes sont sur le fil du rasoir, presque submergés par la maîtrise technique présupposée par l'exécution parfaite de la fugue. C'est très dommage: des approximations gênantes, sur les tempi comme sur la pertinence des nuances et des crescendo, des petites erreurs d'exécution, notamment rythmique, et un son moins maîtrisé, moins pensé et réfléchi de bout en bout, empêchent de ne juger cette version que sur la lecture et la vision de l'oeuvre proposées. Au final, mon classement: 3 (loin devant) 4 1/2 (égalité à la dernière place) Mes avis sont relativement courts, mais mis à part une version 3 qui a su me plaire au fil des écoutes, on reste dans ce groupe assez loin du niveau des interprétations que je peux avoir en tête, et dont il m'aura malheureusement été difficile de m'extraire !
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|  | | Mariefran Mélomane nécrophile

Nombre de messages : 14259 Age : 62 Localisation : Lille Date d'inscription : 25/02/2008
 | Sujet: Re: Écoute comparée : Beethoven, Große Fuge (terminé) Jeu 19 Avr 2012 - 13:09 | |
| Je serais curieuse de connaître le nom de tes versions habituelles… |
|  | | Ben. Mélomane chevronné

Nombre de messages : 2074 Age : 35 Localisation : Paris Date d'inscription : 02/10/2010
 | |  | | Invité Invité
 | Sujet: Re: Écoute comparée : Beethoven, Große Fuge (terminé) Jeu 19 Avr 2012 - 19:11 | |
| Groupe C (version C1). Le groupe C va me donner du mal. Alors, retour de la bonne vieille méthode de procrastination : écoute, réécoute, commentaires, et le classement est remis à plus tard. Jusqu'ici, ça va. Jusqu'ici, ça va. Jusqu'ici, ça va. Jusqu'ici, ça va.- Spoiler:
C1. Une interprétation que j'ai peut-être reconnue, mais sans certitude (au contraire de E1, E4 et E2). Si c'est bien elle, je l'appréciais en général mais l'écoute en aveugle fait pâlir son étoile. Un énoncé assez rude du sujet de la fugue en la bémol majeur, comme il y en a beaucoup, suivi de deux variantes qui le sont presque autant : peu de variation dans le phrasé. En revanche, une splendide déploration du Meno mosso e moderato, avec des phrasés aussi précis que déliés, sur une très belle ligne de violoncelle. Suivre avec la partition les cinq dernières mesures de cet énoncé du Meno mosso e moderato est très émouvant : les phrasés sont respectés avec minutie, mais de telle sorte qu'ils sonnent avec naturel et liberté ; le dialogue entre les musiciens y est aussi d'une qualité exceptionnelle, sans couture. Contre-sujet de la fugue en si bémol majeur assez droit, sans arrière-plan ; nous sommes déjà dans la fugue.
Ce qui me dérange le plus, dans cette interprétation de la première fugue, ce sont certaines décisions de nuances que je ne comprends pas et qui ont tendance à beaucoup infléchir le flux musical, à sonner comme des absences épisodiques. J'ai essayé de les relever. Mesures M18-M19 de la section S1 (1'32''-1'35'') : étrange, ce quasi-piano subito en fin d'entrée du contre-sujet au premier violon, alors que chaque tenue reste pourtant chargée d'un forte jusqu'au terme. Mesures M24-M25 de la section S1, peu avant la lettre A (1'45''-1'47'') : même chose, avec, à 1'47'', ce retour fortissimo abrupt au second violon. Mesures M9-M10 de la section S2, après la lettre A (2'07''-2'08'') : idem. Les sept mesures qui précèdent la lettre B dans cette section S2 (2'19''-2'31''), sauf les deux envolées successives du premier violon dans l'aigu : idem. Durant la seconde moitié de la section S2, entre les lettres B et C, cette manière de concevoir la gradation des nuances, par grandes nappes ou vagues successives, a beaucoup plus de sens, en raison du doublement à la tierce du sujet, de la strette, de la modulation, du chavirement de la pièce vers une dramaturgie de forme sonate. Mais avant ? Il s'agit sans doute de donner plus de relief aux entrées du sujet et du contre-sujet, et c'est vrai que les entrées sont notées d'abord fortissimo, puis sforzando, enfin simple forte, mais de là à plonger si bas en dynamique, de manière presque neutre voire détachée ? Je ne comprends pas et, puisque je ne vois pas que ce soit justifié par la partition... Il y a aussi quelques erreurs factuelles, comme cette tenue si bécarre-do au lieu de si bécarre deux fois, lors de la première entrée du contre-sujet, à l'alto, ce qui anticipe une altération thématique. En dépit d'autres problèmes (une maladresse au moment de l'entrée du sujet au premier violon, mesure M6 de la section S3, après la lettre C, un gros couac au dernier temps de la mesure M13 de la section S3, etc.) et toujours de quelques chutes de tension, la troisième section est mieux réussie, plus cohérente, moins épisodique. De superbes entrées en quinconce du contre-sujet à tous les instruments dans la seconde partie de S3 ! D'une manière générale, je ne suis pas tout à fait convaincu de la façon dont l'accumulation polyrythmique est rendue (les premiers triolets, section S2, lettre A, sont peu audibles), mais la raucité et le caractère presque outré des seconds triolets, au début de la section S4, lettre D, sont très prenants. D'ailleurs, il n'y aura plus aucune chute de tension dans cette dernière section, juste un arc tendu vers la dernière entrée, pleinement écartelée, du sujet. Fin très abrupte de la fugue en si bémol majeur.
L'extrait trop bref du Meno mosso e moderato confirme la splendeur de son exposition dans l'Overtura : un tempo idéal, des phrasés aériens, une écoute dialogique parfaite, des textures raffinées et limpides. Un contraste magnifique avec la première fugue.
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|  | | athos Mélomane averti

Nombre de messages : 222 Age : 60 Localisation : lyon Date d'inscription : 04/10/2009
 | Sujet: Re: Écoute comparée : Beethoven, Große Fuge (terminé) Jeu 19 Avr 2012 - 19:33 | |
| Pfiou, il avait prit quoi quand il a écrit ça, Ludwig ? 2 écoutes pour m'habituer, déjà, puis trois autres pour faire mon choix. Groupe C : - Spoiler:
1 : C3 : belle intro avec des notes accentuées comme il faut (enfin, je suppose). Pour la suite, je trouve que ça tient bien la route, avec une vivacité, des fulgurances sans que ce soit brouillon même dans les passages "cataclysmiques". Son réverbéré.
2 : C2 : Pas mal, intro assez théatrale, des accélérations / ralentissements, mais moins tenu que C1 amha, moins ensemble.
3 : C1 : Là, on suit bien le métronome, c'est implacable, voire austère, avec des notes courtes, on ne fait pas dans le romantisme. Sûrement très bien éxécuté néanmoins. Quand même un peu monotone à mon goût.
4 : C4 : Déjà, je trouve le son des instruments assez moyen; ensuite, l'intro est un peu lourde, et ensuite je ne retrouve pas la vivacité que j'ai trouvée dans C3.
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|  | | athos Mélomane averti

Nombre de messages : 222 Age : 60 Localisation : lyon Date d'inscription : 04/10/2009
 | Sujet: Re: Écoute comparée : Beethoven, Große Fuge (terminé) Jeu 19 Avr 2012 - 20:50 | |
| - Anaxagore a écrit:
- Spoiler:
Troisième et quatrième écoutes des extraits du groupe C. Bon sang, ce que le choix est difficile  ! J'hésite désormais entre deux versions pour la première place (entre le choix ... de Mariefran et un autre) et j'ai déterminé quelles seraient l'avant dernière et la dernière. J'ai l'impression de gravir l'Everest  . (Vous me direz sans doute qu'avec la Grande Fugue, c'est normal  ).
Tu veux dire que tu lis les spoiler des autres avant de donner ton classement ? Personnellement, je ne pourrais pas, je suis certain que ça m'influencerait; même inconsciemment. |
|  | | Invité Invité
 | Sujet: Re: Écoute comparée : Beethoven, Große Fuge (terminé) Ven 20 Avr 2012 - 16:35 | |
| Groupe C (version C2). - Spoiler:
C2. Prodigieux. Une des versions, assez rares en fin de compte, parmi celles que j'ai écoutées jusqu'ici, où il n'y a pas le moindre fléchissement, où tout le discours est tendu et maintenu d'une main d'acier. (Certains aspects me rappellent une version que je connais, d'autres non ; c'est peut-être un autre enregistrement par le même quatuor, ce qui réduit pas mal les possibilités.)
La première levée de l'Overtura, granitique, est aussi solide que celle de E4. On peut peut-être regretter que le sforzando du premier sol dièse de l'énoncé du sujet de la fugue en la bémol majeur soit un peu rentré, par rapport aux autres, mais c'est du pinaillage. La cadence compressée est foudroyante, avec un trille ultracourt. Les instrumentistes parviennent à donner une tout autre texture aux phrasés des deux variantes des mesures M11-M16, la seconde sonnant comme une réponse de la première, par une modération de son forte. Les points d'orgue sont immenses. Meno mosso e moderato moins enthousiasmant, à mon avis : la sonorité reste assez appuyée, avec du vibrato sur les noires au premier violon, et, malgré une belle ligne solide de violoncelle, la fin de l'évocation est altérée d'un rallentendo prononcé. « Selon le caractère d'un récitatif, mais in tempo », bon sang de bois. Les tenues du contre-sujet de la fugue en si bémol majeur sont sans couture, insistantes, très intérieures, accablées.
Une fugue en si bémol majeur qui lacère : le rythme, les quarts de soupirs et les accents sont très précis et méchants, ce qui donne au propos une énergie phénoménale. La logique contrapuntique est suivie avec une rigueur fascinante, mais ce qui fait le sel de la première fugue, la variété de ses accents mordants voire agressifs, exacerbée encore par leur irrégularité et, plus tard, par leurs syncopes, est mis en valeur, dans cette version, mieux que dans la plupart des autres : quelque chose de têtu, de braqué, de forcené presque, qui ne tolère aucun atermoiement. La stratification polyrythmique (section S2, lettre A, puis section S3, lettre C, enfin section S4, lettre D), le décalage des accents, les syncopes (section S3, lettre C), tout ça est superposé en son temps à l'édifice qui ne perd rien de ce qui est déjà acquis. Un trait droit et inflexible, jusqu'à l'implosion. Du côté harmonique, je ne compte plus les versions qui accompagnent le point culminant de la tension harmonique (seconde moitié de la section S2, lettre B, quand le sujet est doublé à la tierce aux deux voix graves, puis resserré en strette et enfin modulé en ré mineur) d'une chute de tension motrice. Rien de ça ici. Une fugue très univoque, sorte de machine de guerre irascible et sans défaut. J'ai dû m'y prendre à plusieurs reprises pour retrouver les bribes d'inspiration mélodique qu'on peut trouver -- oh ! deux ou trois mesures, pas plus, faut pas charrier -- dans la section S3. Pourtant, ce sont les sections S3 et S4 les plus remarquables (S2 aussi, avec des triolets bien rauques) : dans la section S3, Beethoven décale les accents pour syncoper le contre-sujet d'un demi-soupir, et il y a ces doubles croches qui arrivent. Quand Beethoven éclate le contre-sujet entre les différents instruments, ça vire à la tuerie : plus rugueux et tellurique que E1, moins insolent, parfait et fluide aussi. Leur section S4 est assez géniale : ses deux flancs, de la lettre D à ben marcato puis de ben marcato à la fin de la fugue, sont très accusés : rauque et sauvage tant que le contre-sujet connaît ses quatre modifications thématiques quasi anarchiques, puis beaucoup plus organisé pour culminer dans la dernière entrée du sujet. Il n'y a pas de rallentendo avant le début de la dernière mesure, mais les trois dernières mesures donnent une impression d'éreintement assez effrayante.
Comme souvent avec les interprétations très univoques, même magistrales comme c'est le cas ici, je suis quand même moins convaincu par le Meno mosso e moderato. (Discobole, tu nous as laissé une mesure de moins que pour les autres !) Le tempo est très bon, modéré mais toujours allant, mais ce n'est pas vraiment pianissimo et le premier violon adopte à nouveau la sonorité assez vibrée et intense du passage homologue de l'Overtura.
Pour mon classement, ça se décante un peu : C2 aura la première place et C1 sans doute la deuxième.
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|  | | adriaticoboy Mélomane chevronné

Nombre de messages : 7173 Date d'inscription : 17/08/2005
 | Sujet: Re: Écoute comparée : Beethoven, Große Fuge (terminé) Sam 21 Avr 2012 - 1:02 | |
| Groupe A - Spoiler:
A1. Ouverture intéressante, lente, mystérieuse. La sonorité de l'ensemble est vraiment très belle, presque trop. Dans la fugue, on pourrait avoir l'impression qu'ils ont peur de l'abîmer, d'où une certaine retenue dans le tempo. Au final, ça donne une version assez classique qui veut montrer le côté hors norme de la partition sans trop effrayer l'auditeur.
A2. C'est une lecture qui possède incontestablement un souffle irrésistible mais la prise de son mono rend rend la sonorité d'ensemble un peu grise et opaque, et il y a un manque de tranchant à certains endroits qui est un peu gênant comparé à la concurrence qui suit.
A3. Version ultra précise dans les nuances et les phrasés. Les interprètes donnent une lecture aussi foudroyante que haletante, qui ne laisse pratiquement aucune place au questionnement. Le seul regret est peut-être un léger manque d'épaisseur de la pâte sonore, les basses du violoncelle ayant, à cette vitesse, bien du mal à s'épanouir.
A4. Lecture plus souple et rebondie, avec cette fois-ci de belles basses. Dans la fugue, les échanges instrumentaux relèvent ici plus du dialogue que de la mécanique, et certaines dissonances s'en trouvent comme renforcées, mais de façon intelligible, ce qui est peut-être le signe d'une compréhension supérieure de la partition.
Classement:
Premier: A4 Second: A3 Troisième: A2 Quatrième: A1
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|  | | Invité Invité
 | Sujet: Re: Écoute comparée : Beethoven, Große Fuge (terminé) Dim 22 Avr 2012 - 12:25 | |
| Je rappelle que le premier tour s'achève ce soir. Fermeture théorique du bureau de vote à minuit, prolongations possibles mais je n'ai reçu aucune demande jusqu'ici. - Spoiler:
Du côté des tendances à mi-journée, avec au moins 3 votes dans chaque groupe... - Dans le groupe A, A3 mène de peu sur A4, mais tout est encore très compact. - Dans le groupe B il semble que B4 ait pris le dessus, à voir si les 3 votants restants vont confirmer cette tendance. B1 et B2 semblent un peu lâchés. - Dans le groupe C, C3 mène désormais, mais suivi de peu par C1 et C2 (à égalité). - Dans le groupe D, D1 est vraiment très nettement en tête, 1er chez les 3 votants qui se sont exprimés ! Inversement D2 est aux fraises. - Enfin, dans le groupe E, qui rallie pour le moment le plus de votants (5 exprimés), E3 a pris assez nettement la tête et les trois autres versions sont à quasi égalité derrière.
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|  | | Gesualdo Mélomane averti

Nombre de messages : 424 Date d'inscription : 11/10/2007
 | Sujet: Re: Écoute comparée : Beethoven, Große Fuge (terminé) Dim 22 Avr 2012 - 16:37 | |
| Groupe E - Spoiler:
-E2 et E3 ne m'ont pas convaincu.Trop lent,surtout pour E2.Il n’y a pas la tension,la pulsation,la ligne directrice des autres versions.Je pense que les tempi y sont pour beaucoup dans le résultat . -E1 et E4 sont mes favorites.E1 me semble la meilleure pour la section Fugue.La trajectoire est incroyable,d'une rigueur implacable,vertigineuse.Ici,pas de place pour regarder en arrière,sur les côtés,de penser à quoi que ce soit,mais la certitude qu'il est impossible de se soustraire à cette marche en avant inéluctable. Par contre E4 me semble au-dessus dans le tout début.Les silences y sont plus éloquents.Il faut dire que Beethoven a été d'une telle audace pour imaginer ce début...A chaque écoute,j'ai toujours l'impression que j'arrive là,un peu par hasard,en plein milieu d’un concert,et que la musique a en fait commencé depuis bien longtemps.Aussi,en essayant d'anticiper,il y aura peut-être des moments plus forts avec E4 pour le reste de l'écoute. A vrai dire,comment appréhender,avec cohérence,la Grande Fugue sur des extraits?Les musiciens peuvent prendre des options,au début,en intégrant ce qu'ils vont développer par la suite jusqu'à la dernière note.Tout cela,on ne peut le comprendre que dans une écoute intégrale.Il me serait impossible de faire une écoute comparée, avec les cinq premières minutes du Prélude de Parsifal ou de Tristan.Mais,bien sûr,je comprends la nécessité d'un découpage,pour des raisons pratiques.
1)E1 2)E4 3)E3 4)E2
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|  | | Utnapištim Mélomane chevronné

Nombre de messages : 3330 Age : 59 Localisation : Le vendredi soir à Pleyel. Date d'inscription : 13/09/2009
 | Sujet: Re: Écoute comparée : Beethoven, Große Fuge (terminé) Dim 22 Avr 2012 - 17:38 | |
| Groupe B - Spoiler:
B1 : Il manque un truc ici, j’ai l’impression qu’ils font la même chose du début à la fin et du coup je m’ennuie copieusement.
B2 : C’est un peu mieux que la B1, mais je trouve cette version bourrée d’intentions, avec un résultat monotone ! je sature très vite.
B3 : Enfin, il se passe quelque chose ! Ca me plait assez, mais on devrait avoir mieux.
B4 : Ben voilà une version enthousiasmante ! Ce que l'on a de meilleur dans ce groupe : ça rebondit, et jamais ça ne lasse l’auditeur. Vivement la suite !
Donc B4 > B3 > B2 > B1
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|  | | Anaxagore Mélomane chevronné

Nombre de messages : 3094 Age : 58 Date d'inscription : 06/01/2012
 | Sujet: Re: Écoute comparée : Beethoven, Große Fuge (terminé) Dim 22 Avr 2012 - 18:06 | |
| Groupe C - Spoiler:
Les versions du groupe C sont de très haut niveau et j'ai eu le plus grand mal à les départager. Il n'y en a aucune qui m'ait franchement déplu. J'ai vraiment beaucoup hésité entre la C1 et la C3 pour la première place.
C1: J'aime vraiment beaucoup. Version fort introvertie, très habitée, très intense et surtout très douloureuse. Il y a un gros parti pris qu'on peut ne pas aimer, mais il est défendu avec cohérence jusqu'au bout. Tempo fort retenu. Grande lisibilité de la fugue avec individualisation parfaite des quatre voix. L'introduction du Meno mosso en sol bémol est absolument magnifique. C'est une version très aboutie sur le plan plastique. Je regrette peut-être l'absence d'une certaine démesure et une conception un peu monochrome. Mais c'est très beau, très prenant.
C2: Version très engagée, mais plus «objective». Le tempo est beaucoup plus rapide. La fugue est très bien construite, avec des voix bien individualisées et elle n'est pas dépourvue d'une certaine âpreté. Mais le Meno mosso en sol bémol majeur ne contraste absolument pas avec la fugue et le peu qu'on en entende là ne me convainc pas du tout, ce qui est rédhibitoire à mes yeux. Au final, une version peut-être un peu trop univoque et monolithique.
C3: J'ai dans un premier temps été dérangé par la prise de son lointaine et réverbérée qui n'avantage pas cette version. Mais, peu à peu, au fil des écoutes, elle s'est imposée à moi. On y trouve d'abord de la grandeur, voire ce petit brin de démesure dont je regrettais l'absence dans C1. Mais elle est en outre très habitée et intense, et non dénuée de cette expression douloureuse qui caractérisait C1. L'Overtura est grandiose et très différenciée. Les points d'orgue sont habités et les croches liées des mesures 26 à 29 parfaitement rendues. La fugue est engagée avec hargne et elle a beaucoup de grandeur, même si les voix y sont moins clairement individualisées que dans C1 ou C2 (prise de son?). L'introduction du Meno mosso en sol bémol est poignante.
C4: C'est à nouveau une version fort habitée. L'Overtura ne manque pas de grandeur et la fugue d'âpreté. L'introduction du Meno mosso en sol bémol majeur me semble en revanche un peu lisse (mais l'extrait est très court). Les croches liées des mesures 26 à 29 sont jouées comme des noires et l'ensemble est plastiquement moins abouti que C1 ou C3 (timbres acides désagréables). En dépit de ses qualités, cette version souffre de la comparaison avec les précédentes.
1° C3 2° C1 3° C2 4° C4
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|  | | mszczuj Néophyte

Nombre de messages : 5 Date d'inscription : 21/03/2012
 | Sujet: Re: Écoute comparée : Beethoven, Große Fuge (terminé) Dim 22 Avr 2012 - 21:38 | |
| Groupe B - Spoiler:
Pour moi quelle fugue est un final du serenade. Je veux la tarantelle ici, pas la bataille. B1>B4>B3>B2
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|  | | Contenu sponsorisé
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|  | | | Écoute comparée : Beethoven, Große Fuge (terminé) | |
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