Favart 06/12 Bizet LES PÊCHEURS DE PERLES

Bizet : LES PÊCHEURS DE PERLES

Direction musicale, Leo Hussain
Mise en scène, Yoshi Oida
Chorégraphie et mise en scène, Daniela Kurz
Décors, Tom Schenk
Costumes, Richard Hudson
Lumières, Fabrice Kebour
Assistant musical, Robert Houssart
Assistant mise en scène, Rob Kearley
Assistante chorégraphie, Katharina Bader
Assistante costumes, Kumi Sakurai
Chef de chœur, Christophe Grapperon

Leïla, Sonya Yoncheva
Nadir, Dmitry Korchak
Zurga, André Heyboer
Nourabad, Nicolas Testé
Danseurs, Yoomi Ahn, Martin Blazek, Samuel Delvaux, Benjamin Duluc, Lola Kervroedan, Véronique Laugier, Ludovic Lezin, Emily Mezières, Leonardo Rodrigues, Fabienne Vegt
accentus
Orchestre Philharmonique de Radio France
Production, Opéra Comique
Coproducteurs, Opéra Royal de Wallonie, Liège
Coproducteur associé, Palazzetto Bru Zane – Centre de musique romantique française

Le lundi 18 juin 2012 à 20:00
Le mercredi 20 juin 2012 à 20:00
Le vendredi 22 juin 2012 à 20:00
Le dimanche 24 juin 2012 à 15:00
Le mardi 26 juin 2012 à 20:00
Le jeudi 28 juin 2012 à 20:00


J'ai assisté à la répétition générale hier soir.
A part la mise en scène qui ne m'a pas franchement convaincu (on a vu bien pire tout de même) j'ai trouvé ce spectacle formidable.
Les chanteurs sont excellents et j'ai particulièrement apprécié qu'ils soient intelligibles ; Sonya Yoncheva l'était un peu moins, mais par contre elle a su rester crédible an chantant toutes ces vocalises à la con ce qui n'est pas une mince affaire.
J'ai beaucoup apprécié le choeur accentus, impeccable de justesse et impressionnant dans les passages dramatiques.
Le Philhar est égal à lui même, c'est à dire excellent et très impliqué.
Je décernerais la palme au chef d'orchestre, qui a su donner une réelle impulsion, une grande cohésion et surtout mettre en place une progression dramatique sans faille.
Ceux qui possèdent une place (car c'est complet pour toutes les représentations) ne seront pas déçus à mon avis.

Merci!

Pour les vocalises de Leïla, elle en a quand même pas beaucoup... mis à part dans la prière à Brahma... A moins qu'elle en ajoute un peu dans tous les coins (après, si c'est fait avec musicalité et intelligence, ça peut le faire aussi!)

Bonjour, j'étais également à la générale et ne partage pas du tout le même avis.
La mise en scène et la scénographie tiennent toutes leurs promesses durant 5 minutes, on se dit que cela va être chouette et puis non : direction d'acteur inexistante, aucune vraie idées marquantes si ce n'est quelques beaux mouvements de temps en temps.

Comme vous, je suis d'accord pour dire que le Choeur et l'Orchestre ont été brillant, emmené par un Leo Hussain qui maitrise son élément et la musique de Bizet.

Vocalement c'est décevant. Prudence, ce n'est qu'une générale mais :
- Nicolas Testé semblait bien fatigué et à la peine dans la tessiture haute du rôle de Nourabad.
- Dimitry Korchak négocie correctement son rôle mais ne nous épargne pas de problème de justesse et d'un timbre un peu serré qui s'épanouit bien davantage dans Rossini ou Bellini.
- Sonya Yoncheva n'est pas toujours compréhensible et alterne le bon comme le moins bon
- Enfin, André Heyboer a une voix bien placée mais qui ne propose aucune coloration. Il a chanté tout de la même manière et très scolairement (ou est l'élégance du chant français?). Pas de brillant dans la voix, des graves qui ne sonnent pas et un jeu d'acteur gauche.

Comme tu le rappelles, c'est une générale, donc attendons de voir (et surtout d'écouter!)

Est-il intéressant d'assister à "l'introduction à l'oeuvre" proposée 40 mn avant le début de chaque représentation ?
Cette introduction se résume-t-elle à un récit de l'intrigue + quelques repères chronologiques et biographiques ?

Ah a écrit:

Est-il intéressant d'assister à "l'introduction à l'oeuvre" proposée 40 mn avant le début de chaque représentation ?
Cette introduction se résume-t-elle à un récit de l'intrigue + quelques repères chronologiques et biographiques ?

C'est en général assez intéressant... Tu as droit un peu à tout le contexte de la création, un mot sur le style de l'opéra, sur la composition...
Pour la Muette de Portici, je me demande d'ailleurs sur l'introduction n'était pas plus intéressante que l'oeuvre en elle-même!

Ah a écrit:

Est-il intéressant d'assister à "l'introduction à l'oeuvre" proposée 40 mn avant le début de chaque représentation ?
Cette introduction se résume-t-elle à un récit de l'intrigue + quelques repères chronologiques et biographiques ?

Il y a beaucoup de vieux pendant ces presentations mais la dame qui fait l'intro, Agnes Terrier, est invariablement excellente. L'intrigue est racontee vite-fait mais c'est plutot le contexte historique et musical sur ce qu'elle insiste. Parfois elle donne quelques elements pour souligner l'intentions du chef ou du metteur en scene.

On apprend toujours qqchose. Si tu peux y aller...

Alors Les Pecheurs de Perles...

On entend ces episodes orchestrales de Bizet toujours aussi magnifiques. Ici on n'atteint pas vraiment le niveau de Carmen (que je personnellement trouve un chef d'oeuvre) mais il y a un sens dramatique dans l'ecriture indeniable. Bizet etait vraiment un fantastique compositeur -- injustement moins apprecie que Gounod ou Thomas, bien que...

Le livret de cet opera est faible que les vocalises de Leila rendent par moments assez cucu. Dans ces conditions l'idee de donner un coup de pouce a l'action par un peu de chorographies etait tres bonne et le resultat est plutot reussi. Ca casse la monotonie, et permet que meme pendant les airs quelque chose se passe sur scene.

Somme tout c'est plutot beau, c'est sympa. J'aurais voulu voir les choristes plus desordonnes sur scene (ca fait plus Coree du Nord que l'Inde) mais ca ne fait rien...

On savait que Leo Hussain etait un chef fantastique, mais la ce qu'il fait c'est vraiment fabuleux. J'aimais bien les chanteurs. Korchak reussi ses airs mais c'est tout de meme un peu decevant (air de Nadir par moment carrement faux). Nicolas Teste et Andre Heyboer (qui est ce mec?) tous les deux excellents, mais Sonya Yoncheva survole : tant par sa voix riche, flexible, et tres belle, que par sa presence de reves. Bravissima ! Quelle belle fille !

Au total c'est un spectacle qui merite d'etre vu. Je m'attendais peut-etre a quelque chose de moins complaisant, un peu plus inventif, un peu plus... et du coup je ne suis pas vraiment tres enthousiasme, mais il n'y a rien de mauvais non plus.

En tout cas c'est un spectacle 1000 fois meilleur que le "Hyppolite et Aricie" (surtout sa 1ere partie) meme si l'opera de Rameau est un regal en soi -- une place sans visibilite pour HetA est tres recommendable.

fliegender a écrit:

Il y a beaucoup de vieux pendant ces presentations mais ...

C'est désagréable ? Ils sentent mauvais ? À partir de quel âge c'est des vieux ?
Qu'est-ce que c'est que cette stigmatisation des vieux, qui apparemment polluent le paysage ?

Michel Desrousseaux a écrit:

fliegender a écrit:

Il y a beaucoup de vieux pendant ces presentations mais ...

C'est désagréable ? Ils sentent mauvais ? À partir de quel âge c'est des vieux ?
Qu'est-ce que c'est que cette stigmatisation des vieux, qui apparemment polluent le paysage ?

Ne te fatigues pas, c'est un propos tellement débile !!
Quand à aller prendre une place pour H & A sans visibilité : autre bêtise : ce spectacle est aussi un régal visuel dont il ne faut pas se priver.

Montfort

Michel Desrousseaux a écrit:

fliegender a écrit:

Il y a beaucoup de vieux pendant ces presentations mais ...

C'est désagréable ? Ils sentent mauvais ? À partir de quel âge c'est des vieux ?
Qu'est-ce que c'est que cette stigmatisation des vieux, qui apparemment polluent le paysage ?

Je vois pas ça comme de la stigmatisation, en fait.
Il m'est souvent arrivé de constater que je ne vois pas ou peu, dans ces conférences (toutes institutions confondues), les personnes de mon âge qu'on retrouve, par ailleurs, dans la salle. Manque de curiosité ? Caractère peu attractif ? Je l'ignore ; et sans en tirer aucune conclusion, je remarque la limite de l'exercice ce qui est toujours dommage.

bAlexb, tu présentes un constat objectif irréprochable. Mais Fliegander manie suffisamment bien la langue française pour savoir qu'en disant "il y a beaucoup de vieux MAIS c'est excellent", la connotation est toute différente.

Michel Desrousseaux a écrit:

bAlexb, tu présentes un constat objectif irréprochable. Mais Fliegander manie suffisamment bien la langue française pour savoir qu'en disant "il y a beaucoup de vieux MAIS c'est excellent", la connotation est toute différente.

Je suis peut-être (ici au moins ; ça change !) un indécrottable optimiste/naïf !

Michel, tu cherches une bete la ou il y en a pas
Quand on vient a une de ces presentations pour la 1ere fois, la 1ere image est assez surprenante -- on se demande si on s'est trompe de la salle !
La moyenne d'age est bieeeen au dela de 60. L'impression aurait ete equivalente si on entrait et on voyait que tout le monde etait en deca de 13 ans.

Ce que je disais donc, c'etait un avertissement et que derriere cette impression visuelle il y a le contenu de ce que presente Mme Terrier -- toujours tres interessant.

Il n'y a donc pas de stigmatisation de quiconque et surtout pas des gens ages : ce serait meme ridicule vu qu'a Paris la programmation lyrique est organisee pour faire plaisir surtout a cette tranche d'age.

Je ne doute pas de ta bonne foi ! Seule l'expression est malheureuse. Le français permettait de dire la même avec une connotation différente, moins offensante. Je pense que tu sens la différence entre :
"il y a beaucoup de vieux MAIS c'est excellent" et
"C'est excellent. Le public est majoritairement âgé."
Fin du hors-sujet pour moi. L'essentiel est que tu aies apprécié ce spectacle.

Oui, les introductions faites par Agnès Terrier sont en général recommandable ; elles sont d'autant plus utiles que le répertoire de Favart sort souvent des sentiers battus, donc il est intéressant d'avoir un éclairage.

Montfort

fliegender a écrit:

Alors Les Pecheurs de Perles...

[...]

Somme tout c'est plutot beau, c'est sympa. J'aurais voulu voir les choristes plus desordonnes sur scene (ca fait plus Coree du Nord que l'Inde) mais ca ne fait rien...

On savait que Leo Hussain etait un chef fantastique, mais la ce qu'il fait c'est vraiment fabuleux. J'aimais bien les chanteurs. Korchak reussi ses airs mais c'est tout de meme un peu decevant (air de Nadir par moment carrement faux). Nicolas Teste et Andre Heyboer (qui est ce mec?) tous les deux excellents, mais Sonya Yoncheva survole : tant par sa voix riche, flexible, et tres belle, que par sa presence de reves. Bravissima ! Quelle belle fille !

Au total c'est un spectacle qui merite d'etre vu. Je m'attendais peut-etre a quelque chose de moins complaisant, un peu plus inventif, un peu plus... et du coup je ne suis pas vraiment tres enthousiasme, mais il n'y a rien de mauvais non plus.

En tout cas c'est un spectacle 1000 fois meilleur que le "Hyppolite et Aricie" (surtout sa 1ere partie) meme si l'opera de Rameau est un regal en soi -- une place sans visibilite pour HetA est tres recommendable.

Bon. Alors finalement je n'ai pas pu assister à l'introduction.
J'ai passé une bonne soirée, le spectacle a su capter toute mon attention de bout en bout, notamment grâce aux danseurs dont les mouvements sont très gracieux. Visuellement c'est un régal pour les yeux. Mais passons aux oreilles parce que c'est quand même le plus important.

Pour le coup, je ne serai pas aussi clément que fliegander. Ok, Sonya Yoncheva c'était très propre. Zurga (je ne me souviens plus du nom du chanteur ) je ne sais que dire; acte I : bonne surprise ! j'aimais beaucoup son timbre et j'admirais sa projection, sa présence. Et puis hop, acte II et III je ne l'entendais plus aussi clairement qu'au début et je trouvais ça un peu plat. Mais c'est surtout Nadir qui m'a déplu. Déjà parce que rater l'air "je crois entendre encore" je trouve ça rédhibitoire (d'aucuns contesteront, mais bon quand on va voir Il Trovatore et que le di quella pira est raté c'est quand même frustrant!). Mais il n'y a pas eu que ça, je lui reproche surtout d'avoir été dominé dans tous ses duos. De toute façon je n'apprécie pas vraiment son timbre de voix.

Bref, moi qui vais à l'opéra surtout pour le chant, ce fut finalement avant tout un coup de coeur pour l'orchestre, le choeur et la mise en scène.

Assez bonne production, Yoncheva et Heyboer sont vraiment magnétiques (surtout la première), le Philar et Accentus sont très bons. Le bât blesse du côté de Korchak, qui possède une voix ample et une diction plutôt bonne, mais qui n'est à mon sens pas vraiment adapté au rôle de Nadir qui exige une voix mixte mieux assurée. La mise en scène, épurée et belle à regarder, n'évite pas le statisme de beaucoup d'airs et la disposition symétrique des choeurs : un peu plus de directions d'acteurs eût été appréciable.
Quant au choix de l'édition, j'aime beaucoup la cabalette "Amitié sainte..." par contre la fin semble un peu expédiée. Tout comme mon avis lapidaire, mais je pense que je m'en sors en disant que j'ai passé une très belle après-midi avec ce chef-d'oeuvre de Bizet et comme à mon habitude je suggère aux décideurs opératiques qui nous liraient de monter maintenant Noé du même Bizet, qui est encore meilleur que les Pêcheurs à mon sens.

Pour Noé, oui c'est plus "dramatique" et grand-opéra... mais d'un point de vue mélodique, c'est quand même largement en dessous des immenses mélodies déployées dans les Pêcheurs

*snip*

Les Pêcheurs de Perles : 26/06/2012

Opéra-Comique, Paris


Leïla : Sondra Yoncheva
Nadir : Dmitry Korchak
Zurga : André Heyboer
Nourabad : Nicolas Testé

Chœur Accentus
Orchestre Philharmonique de Radio France

Direction musicale : Leo Hussain

Mise en scène : Yoshi Oida


C'était le grand événement de la saison 2011-2012 à l'Opéra-Comique, au même titre que Atys, Pelléas ou Carmen les années précédentes... et du coup, on pouvait en attendre beaucoup. Au final, un résultat un peu mitigé.

Question mise en scène, les images sont très belles, mais par contre il ne se passe strictement rien sur scène ou presque. Et quand il se passe quelque chose (les danseurs), on préfèrerait ne rien voir tant ça ne sert à rien si ce n'est nous détourner de la musique ! Les décors et costumes sont vraiment très beaux, dans des nuances de bleu uniquement, avec des belles lumières qui donnent de très belles atmosphères et des images magnifiques. Mais bon, voir les pêcheurs plonger pendant l'air de Nadir, ou alors les danseurs se jeter sur la pente du décor pour glisser pendant les périodes un peu plus dramatiques... je ne vois vraiment pas l'intérêt. Question direction d'acteur, ça reste minimal, avec des gestes répétés plus qu'autre chose. Et quand en plus on a un acteur du niveau de Heyboer, ça fait mal : le secouage de l'espèce de poche qu'ils ont échangés au début est un grand moment de "je-fais-ce-que-le-metteur-en-scène-m'a-dit-de-faire-mais-je-n'y-crois-pas" ! En gros, une mise en scène qui flatte l'oeil par les couleurs et images, mais qui dramatiquement n'apporte strictement rien ! Par contre, si on se réfère à la vidéo qui se trouve sur le site de l'Opéra-Comique, ça doit bien passer à l'enregistrement vidéo (d'ailleurs, il y avait des caméras ce soir!).

Autre sujet de déception, la direction d'orchestre... J'ai lu énormément de bons commentaires sur ce qui a été fait par Leo Hussain et je n'arrive pas à les comprendre. Déjà, il y a un énorme problème d'équilibre entre les pupitres puisque cuivres et percutions écrasent allègrement les cordes dans les moments tempétueux ! Il n'est quand même pas difficile de faire jouer les instrumentistes moins fort, surtout dans une petite salle comme l'Opéra-Comique non ? Parce que du coup on se retrouve perpétuellement agressés par l'orchestre alors qu'il doit au contraire être plus délicat et brillant ! Et puis même dans d'autres passages, il se dégage une certaine mollesse qui ne rend pas vraiment justice à la partition de Bizet. C'est un petit joyaux qu'on a là, brillant et délicat : il faut donc le traiter comme tel et ne pas chercher à le forcer dans les situations dramatiques ! Vraiment un déception de ma part pour cette partie orchestrale.

Par contre, question chanteurs, on est plutôt bien servi. Le chœur Accentus est assez bon (même si j'ai noté quelques décalages par moments... dommage!). Nicolas Testé impressionne par une voix de basse profonde et noire, qui donne vraiment du relief à Nourabad. Par contre, alors qu'à la première il avait donné des aigus très tendus, il opte ce soir pour esquiver ses aigus... dommage mais il reste quand même très bon avec une diction nette et franche.
André Heyboer s'impose facilement avec une diction impeccable et une belle aisance dans la tessiture. Le seul reproche qu'on peut lui faire est ce léger engorgement qui enlève une partie de la noblesse du personnage pour lui donner un caractère un peu rugueux. Du coup, son Zurga fait un peu rustre par moments. Après, le chant est plutôt bien négocier, sans forcer et en ayant soin de la ligne de chant. Après, les ombres de Dens, Blanc ou Bianco planent au dessus de lui et du coup... il n'est que très bon là où les autres sont à un niveau au dessus (surtout les deux premiers!).
Grosse attente de ma part pour Dmitri Korchak que j'avais adoré en Nemorino à Bastille il y a quelques années... Son retour dans le rôle de Nadir n'est pas totalement concluante. La voix est assurée et presque trop. Habitué à des rôles plus démonstratifs dans la bel canto, il doit ici beaucoup plus nuancer et alléger. Il le fait, tente beaucoup de nuances et du coup se met un peu en danger dans certains attaques ou diminuendo. Pas à l'aise avec la voix mixte, il la tente à la fin de son air, avec un certain succès, mais sans l'aisance que peuvent donner d'autres ténors (Calleja actuellement est bluffant là-dedans!). Si on passe donc sur ces petits accros et un timbre peut-être un peu trop métallique, la chanteur propose un beau Nadir, plus volontaire que souvent. Le personnage vit facilement et le texte est assez bien dit. Donc pas le Nadir du siècle, mais une belle prestation tout de même !
Enfin Leïla... Sondra Yoncheva est vraiment la révélation de cette soirée. Elle aussi n'est pas une spécialiste du répertoire français, mais elle arrive à en rendre le style de manière saisissante. Très assurée techniquement, elle impressionne par la gestion de la dynamique et par les décorations dont elle pare sa prière. Mais loin de ne jouer que sur la virtuosité, elle impose aussi un personnage de jeune fille vivante et fière. Avec un timbre un peu corsé et un beau petit vibrato, elle donne vie au personnage sans l'enfermer dans la vestale qu'elle pourrait rester. Sa confrontation avec Zurga par exemple la montre très assurée et vivante, loin de la jeune fille fragile. Très à l'aise scéniquement, elle propose une Leïla splendide !

Voilà, une soirée en demi-teintes donc, avec une partie vocale de très bon niveau, un visuel très beau... mais un orchestre qui n'a pas tout compris sur le style requis (voulant faire trop pour amener un drame qui n'est qu'un prétexte ici...) et des mouvements scéniques absents ou gênants.


Pour l'édition, coupure de la reprise du duo Nadir/Zurga pour remettre le serment d'amitié (d'une qualité musicale par des plus passionnantes, mais qui renforce le lien entre les deux personnages). On retrouve après quelques petits changements, mais le plus important pour l'équilibre et le drame reste l'affrontement Leïla et Zurga qui se trouve renforcé par la réhabilitation de toute une partie du dialogue ! Et puis le final gagne en simplicité en revenant à une fuite des amants le trio "Ô lumière sainte" et où Zurga reste seul sur scène, sans son assassinat par les autres pêcheurs. Un beau retour aux sources !

Polyeucte a écrit:

Grosse attente de ma part pour Dmitri Korchak que j'avais adoré en Nemorino à Bastille il y a quelques années... Son retour dans le rôle de Nadir n'est pas totalement concluante. La voix est assurée et presque trop. Habitué à des rôles plus démonstratifs dans la bel canto, il doit ici beaucoup plus nuancer et alléger.

Je sais qu'on n'est pas forcément d'accord sur ce point mais, si j'en juge par ce dans quoi je l'ai entendu (live ou autre), il en est parfaitement incapable. Son chant ne s'exprime que dans la force, pour ne pas dire le forçage ; Nadir c'était la fausse bonne idée. Bien sûr je dis ça à l'aune de ce que je connais de lui et de ce que j'ai lu de cette production ... donc, je !

Ah ben je ne suis pas d'accord!
Oui, il a un timbre assez métallique et plutôt claquant. Après, il a vraiment faire des efforts de nuances et d'allègements ici... tu pourras en juger le 4 septembre sur France-Musique!

Polyeucte a écrit:

Ah ben je ne suis pas d'accord!
Oui, il a un timbre assez métallique et plutôt claquant. Après, il a vraiment faire des efforts de nuances et d'allègements ici... tu pourras en juger le 4 septembre sur France-Musique!

Avec plaisir ; parce que j'attends toujours la "rencontre" avec un type dont tout le monde dit du bien et que je pense, du coup, avoir entendu systématiquement à son désavantage (métallique, poussé/poussif et pas du meilleur goût). Peut-être dans I Puritani à Lyon, la saison prochaine ?

Globalement d'accord avec le commentaire de Polyeucte (même si, pour moi, l'événement de la saison était l'Egisto). Une petite précision sur l'orchestre. J'étais placé au-dessus de la fosse, ce qui m'a permis de voir que le nombre de cordes était absolument ridicule : 8/6/5/4/3? (pas vu les contrebasses, mais enfin, au mieux trois), soit 26, confrontées à 4 cors, trois trombones, deux trompettes et (je suppose, ils étaient planqués), les bois par deux, soit 17 vents. Il est bien évident que les tutti était déséquilibrés. Je ne sais pas si la raison de cet effectif bancal est à chercher dans la petite taille de la fosse ou dans un souci de peudo-authenticité, mais, quoi qu'il en soit, le résultat était raté. Sinon, j'ai assez aimé la direction de Hussain, tout de même, le côté dramatique était plutôt agréable (hors les tutti forte transformés en pouets géants) et soutenait l'intérêt. Rien à rajouter sur les chanteurs ou la mes.

J'avoue que j'ai été un peu déçue. Je rêvais de voir cet opéra sur scène mais j'ai trouvé qu'il n'y se passait pas grand chose.
Ah si, la représentation des pêcheurs était sympa.
Sinon, ça n'empêche pas d'avoir passé une bonne soirée niveau musique.